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(1829-1971)
Les concerts n'ont pas été cette année moins nombreux que les années
précédentes. Les artistes, les virtuoses de troisième et de quatrième ordre
s'obstinent toujours à venir dresser leur tente au milieu de cette foule dis-
traite qui traverse Paris, et qui ne se laisse plus prendre ni à la grandeur
matérielle des affiches qu'on lui met sous les yeux, ni aux promesses falla-
cieuses avec lesquelles on s'efforce de piquer sa curiosité. Le public semble
se dire, en voyant tant de folles vanités courir au-devant de la renommée :
Qui trompe-t-on ici et que me veulent ces pauvres gens? Qui a tort et qui a
raison dans cette lutte qui se prolonge depuis quelques années, du public
indifférent ou des artistes qui sollicitent vainement son attention? Sommes-
nous arrivés à cette période de satiété où nos facultés, épuisées par des jouis-
sances trop vives, n'apprécient plus ni le bien ni le mal, ni le beau ni le
laid, ou bien l'éducation musicale de la classe aisée qui fréquente les théâ-
tres et surtout les concerts a-t-elle fait une évolution dont les artistes, et par-
ticulièrement les virtuoses, n'auraient pas conscience?
11 y a un fait incontestable, c'est que le goût et l'enseignement de la mu-
sique ont fait, depuis cinquante ans, de très grands progrès en France. La
création du Conservatoire, celle de l'école Choron, la vulgarisation des élé-
mens de la musique dans les classes ouvrières par la méthode Wilhem et de
ses émules, le grand mouvement de la musique dramatique qui a produit
à l'Opéra Spon tini , Rossini et Meyerbeer, à l'Opéra -Comique Cherubini,
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Mais nous voudrions qu'elle fût plus hardie à fouiller dans les archives du
passé, si riches surtout en chefs-d'œuvre de musique vocale. Au premier con-
cert qu'elle a donné le 21 janvier 1855, nous avons remarqué quelques frag-
mens d'un oratorio de Mendelssohn, Élie, composés d'un air de basse d'un
beau caractère, mais dépourvu d'originalité, d'un récitatif que M. Berlioz a
trouvé de son goût, puisqu'il l'a reproduit dans son Enfance du Christ ,
ainsi qu'il avait pris à Palestrina le petit chœur des anges. Le récitatif de
Mendelssohn a été suivi d'un chœur d'un accent solennel, mais de formes un
peu vagues, comme toute la musique vocale de ce maître ingénieux. Au se-
cond concert, qui a eu lieu le 28 janvier, on a exécuté la neuvième et der-
nière symphonie avec chœurs de Beethoven, dont le premier morceau se
développe péniblement, et dont l'andante reste pour nous la partie saillante.
Cette grande composition dépasse trop les limites de l'attention humaine
pour être complètement belle; c'est une œuvre colossale où il semble que
Beethoven ait voulu donner la mesure de l'envergure de son génie. Un motet
de Bach en double chœur a suivi la symphonie de Beethoven. De quelle
œuvre de Bach provient ce morceau d'une harmonie si puissante et d'un si
grand effet? Les programmes de la société, qui sont rédigés avec si peu de
soin et d'intelligence, se taisent complètement sur ce sujet comme sur beau-
coup d'autres. En général, ces messieurs qui forment le comité de la Société
Il n'est pas inutile de faire remarquer que ce Schütz est un élève de l'école
de Venise et de son illustre chef, Jean Gabrielli. Il faisait partie de ce groupe
P. Scudo.