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traditionnel chaoui
Le noyau de la maison
La polyvalence du lieu s’exprime par une projection au sol de
toutes les activités quotidiennes : la division fonctionnelle
n’est pas liée à l’utilisation de murs, mais à une succession
d’aménagements de dénivelés au sol. Chaque surélévation
correspond à une fonction, à une pratique journalière. La seule
fonction qui n’est pas systématiquement matérialisée est celle
du sommeil. Cette codification du sol intégré au modèle
culturel s’appuie sur une élaboration et une appréhension de
l’espace comme le reflet d’une vie totalement partagée par la
famille. L’espace est attribué à des fonctions et non pas un
individu. La notion de l’espace individuel intime est éclipsée
au profit d’un partage intégral familial.
Des outres d’eau et de lait sont suspendues entre les poteries et
les autres ustensiles. L’aménagement des murs est le
complément de l’aménagement du sol : niches,
décrochements, morceaux de bois fixés entre deux briques de
terre ou entre deux pierres complètent à la verticale
l’utilisation du plan horizontal.
Mobilier
La maison abrite quelques meubles : une claie rectangulaire en
genévrier appuyée contre le mur et un ou deux piliers sert de
lit aux femmes. Les enfants en bas âge dorment dans une
corbeille suspendue aux poutres ; une branche de laurier rose
est glissée dans le plafond au-dessus du berceau pour éloigner
les mauvais esprits.
Le foyer
Le foyer chaouia se compose de trois pierres changées à
chaque nouvelle année. Il est le centre de nombreuses
croyances. Assez souvent un trou dans la terrasse permet
l’évacuation de la fumée. En général cette ‘cheminée’ est
limitée par quatre pierres disposées en croix, mais de
nombreuses autres solutions sont possibles : marmites à fond
cassé, hausses de ruche, etc. une pierre ou un vieux plat sert de
bouchon à la cheminée non utilisée ou lorsqu’il pleut.
Normalement foyer et trou de fumée sont près de la porte. Le
foyer est décalé par rapport au trou de fumée pour éviter que
la pluie éteigne le feu ou que la terre tombe dans la marmite.
Un seul foyer par ménage est consacré à la cuisine. Un feu
supplémentaire peut éclairer le métier à tisser et la tisseuse y
réchauffe ses doigts engourdis.
Annexes
Dans l’écurie ou dans la cour qui sert d’enclos à chèvres et à
mulets, nous pouvons trouver des mangeoires en bois, ou de
simples cercles de pierres où l’on met la paille pour les mulets.
Dans la cour il y a des petits abris en pierre pour les chevreaux
trop jeunes pour suivre leur mère au pâturage. On les y
enferme pendant le jour ; il y a aussi des niches à chiots (les
gros niches sont sur la terrasse). Certains propriétaires plus
industrieux construisent des parcs à chèvres à proximité de la
maison.
Les greniers à paille sont des constructions à plan carré en
pierres séchés, à toit en terrasse, en général de deux mètres sur
deux avec parfois un pilier central, accolées à la maison ou
adjacentes à l’aire à battre ; dans ce cas la porte donne sur
l’aire. Elle est fermée soit provisoirement par des branches
épineuses ou, quand le propriétaire nomadise, par un mur de
pierre scellé par des empreintes digitales sur de l’argile.
Technique et construction
Les Murs
Le mur est constitué d’une double rangée de grosses pierres,
disposées de champ, entre lesquelles est intercalée de la
menue pierraille. Ce mur est divisé en plusieurs assises,
distantes entre elles d’environ un mètre, par des lits de
branchages, les branches de petites dimensions (5 x 50 cm)
sont posées transversalement à intervalles réguliers. Celles de
grandes dimensions (15 x 250 cm) ceinturent le mur. Elles
sont posées longitudinalement au-dessus des premières.
Les Ossatures
Le plancher est soutenu par deux piliers (Harselt), troncs de
genévrier, pin d’Alep, cèdre ou abricotier écorcés et plantés
dans le sol à une distance variant de1,50 à 2,50 m. À leur
extrémité supérieure, est encastrée une semelle de bois d’au
moins 1 m de longueur, taillée en biseau. Deux travées de
branches de genévrier, de cèdre ou de pin d’Alep servant de
solive reposent d’une part sur les murs latéraux, de l’autre sur
la semelle.
Couverture
La terre sèche est répandue en sur face sur une épaisse couche
de mortier de terre longuement battue, après avoir été
mélangée à de la bouse de vache, de la cendre de bois et la
sève de certaines plantes. On procède ensuite au damage
systématique de la couche de terre sèche jusqu’à ce qu’elle
devienne parfaitement compacte. Le toit est ainsi imperméable
à l’eau. La couche de terre sèche parfaitement damée évite
l’apparition d’interstices en surface et assure, en l’occurrence,
l’étanchéité du plancher. Un entourage de lourdes pierres
plates maintient le toit pendant la tempête.
Revêtements de finition
Les murs extérieurs demeurent nus. Le mortier de hourdage
utilisé avec parcimonie vers l’extérieur donne l’apparence
d’un mur élevé uniquement en pierre sèche. À l’intérieur, le
mortier est plus largement employé sur le mur. Il forme avec
l’enduit composé de terre glaise, de bouse de vache et de
paille finement hachée, la protection du mur. Celle-ci est
renforcée en surface par l’application d’un enduit de dressage
en terre blanche (temlilith).
Ouvertures et saillies en façade
Ouvertures petites de formes variables, rectangulaires 30 x50
cm, carrées ou triangulaires 15 x 20à 20 x 30 cm, isolées ou en
série.
Samia ADJALI