Dans les pays anglo-saxon le vocable anthropologie désigne la
science de l’homme qui se préoccupe dans un sens large d’étudier l’Homme et la vie en société. Mais l’objet privilégier de l’anthropologie a ses débuts fut d’étudier les sociétés dites primitives, pour s’étendre ensuite aujourd’hui aux sociétés modernes. Quant à l’ethnologie, le terme renvoie plutôt à l’étude exclusive des sociétés dites primitives, aux ethnies etc. Ce terme utilisé en France est de plus en plus assimilé à ce que les anglo-saxon appellent anthropologie. Il convient de préciser que le terme anthropologie sociale est plutôt utilisé par les anglais qui ont de fait porté la réflexion sur les dimensions sociales des sociétés extra européennes ( famille, religion ,organisation économique, pouvoir etc. ) Alors que les américains parlent d’anthropologie culturelle, car la culture (les mœurs, personnalité) fut pour eux un objet d’attention anthropologique spécifique. L’utilisation du vocable anthropologie sociale et culturelle vise à unifier une vision de l’Homme en société au lieu de la séparer. L’objectif de ce cours est d’aborder les théories et les concepts fondamentaux de la discipline. Ce qui permettra de discuter sur la nécessite recentrage du projet de l’anthropologie et le réexamen de certains concepts I. L’anthropologie évolutionniste
LE XIX siècle a été l’éclosion en Europe occidentale d’idées
nouvelles et l’émergence des sciences sociales. L’objectif n’est pas d’éclairer l’action humaine de l’extérieur en interrogeant les acteurs et en analysant les mécanismes qui règlent la vie collective. Le but est de ne pas laisser échapper ce qui fait la profondeur du social et son économie. Pendant toute la période du XVIII siècle les préconceptions évolutionnistes vont s’imposer en permettant une spéculation abstraite sur la transformation de l’humanité. Mais l’évolutionnisme proprement dit, qui naît dans la seconde moitié du XIX siècle, propose une philosophie de l’histoire qui se veut une rupture par rapport aux interprétations théoriques. Il devient ainsi la doctrine centrale des sciences naturelles à partir des travaux de LAMARK et DARWIN. Des lors, s’instaure le débat entre les religions réveillées et la science. En effet affirmer l’évolution, c’est refuser la genèse de l’humanité. Anthropologie biblique : création fixiste de l’humanité Anthropologie biologique : évolutionnisme (travaux de Lamark sur la transformation et de Darwin sur l’évolution des espèces) Pour la science l’homme n’est pas le produit d’une création (Adam, Eve) mais le produit d’une longue évolution. L’anthropologie évolutionniste de la moitié du XIX siècle est un prolongement direct de l'histoire universelle des lumières. Elle se fonde d’une part sur la nation de progrès et d’autre part elle postule que le facteur clé de l’explication du progrès se situe sur le plan des facultés mentales et psychologiques de l’être humain. Le processus d'évolution dans une telle conception comporte 3 grandes phases à savoir la sauvagerie, la barbarie et la civilisation. La réflexion anthropologique sur les origines de l’évolution de l'homme en société commence par le 1èr découpage conceptuel de la réalité à partir duquel les principaux théoriciens de l’anthropologie sociale et culturelle se dessinent : religion, parenté, institution politique, droit, domaine économique etc. 1.1. Les champs d’investigation de l’anthropologie évolutionniste
Deux champs d’investigation peuvent être retenus pour
caractériser les aspects fondamentaux de l’anthropologie évolutionniste. Il s’agit de la religion qui pose les problèmes de fondements idées du progrès et de l’organisation sociale dans son ensemble. Les anthropologues du XIX identifient différentes sphères d’expression de l’univers mental dont les arts, les mythes, la technologie et les croyances religieuses. Mais parmi tous ces thèmes, la religion occupe une place centrale. Plusieurs théories se sont intéressées au sujet de l’explication tant des origines que de l’évolution des systèmes religieux. La plus connue est la théorie dite animiste. Elle a été formulée d’abord par Herbert SPENCER et ensuite par l’anthropologie britannique TYLOR. Selon cette théorie la religion prend racine par la prise de conscience vécu par l'homme et sa dualité (âme et corps) engendrée par l’expérience émotionnelle et psychologique liée au phénomène de la mort et actualise dans les rêves bijoux (ouvrage de SPENCER : Principes de sociabilité)
Quant aux bases institutionnelles de l’évolution sociale et
culturelle, elles ont été formulées à partir du constat de l’universalité de l’institution de la famille. Plusieurs théories ont été proposées concernant l’origine de la famille par les anthropologues de la première génération.
1.2. Les principaux théoriciens
Les anthropologues de la première génération
J.J BACHOFEN juriste Suisse (1815-1887), le droit de la mère
(1961)
John FERGUSON juriste ecossaise (1827-1881), primitive
marriage (1865)
Henry Summer MAINE (1822-1883), Ancient Society (1861)
Edward Burnet TYLOR (1832- 1917)
L’œuvre de Bachofen et Mac Lennan
Bachofen et Mac Lennan ont postulés que la filiation était
déterminée au départ par le rapport mère-enfant, qui a produit le matriarcat. Bachofen a également tenté de montré qu’on peut ordonner les formes d’organisation sociale selon deux principes fondamentaux à savoir le féminin et le masculin. Le 1ier s’exprime à travers le matriarcat, il est antérieur à second qui est le patriarcat.
Par contre Henry Maine soutient que l'homme a toujours dominé
la femme (plus ou moins septique a l’évolutionnisme)
Ces anthropologues de la 1ère génération partent de la
promiscuité primitive ou sexuelle pour expliquer l’avancement vers le matriarcat. L’enfant est sur de connaitre sa mère alors que dans la filiation paternelle, l’enfant n’est pas sur de connaitre son père.
C’est l’Américain Morgan qui explique le mieux les thèses
essentielles de l’évolutionnisme unilinéaire. Pour lui là la sauvagerie a précédé la barbarie dans la société humaine et celle-ci a également précédé la civilisation. L'histoire de la race humaine nous dit-il est « une dans sa source, une dans son expérience et une dans son progrès ». Autrement dit les sociétés doivent nécessairement passer par des stades d’avancement comparable entre elles et cette évolution se fait selon une voie unilinéaire. Les anthropologies de la deuxième génération
J. C. FRAZER (1854-1942) Le Rameau d’or (12 vol, 1890)
L. Levy-Bruhl (1817-1939) L’âme primitive (1927)
L'œuvre de James Frazer
Ce qui caractérise l’Europe du XIX siècle et bien plus tard c’est
bien incontestablement l'œuvre de Frazer, l’émergence dune évolution. On tente toujours de dresser des typologies humaines en fonction des modèles occidentaux pour mieux définir les séquences de l’évolution sociale et culturelle de l’humanité. Ainsi les sociétés humaines sont classées s'appuyant sur la présence ou l’absence de trait propre au modèle européen. Dans son œuvre Le rameau d’or, Frazer a tenté à la suite de TAYLOR et de bien d’autres de produire des théories sur l’origine et l’évolution de la religion. C’est ainsi qu’il s’est attaché a prouver que la religion succède à la magie dans laquelle il voit l’expression de croyances et de pratiques fondées sur une pensée rudimentaire alors que la religion exige des considérations plus complexes.
Les travaux de Lucien –Levy- Brühl
L’anthropologie de Lévy-Bruhl se voulait d’anthropologie
exhaustive c’est-à-dire portant sur la totalité des univers non- occidentaux qualifier de » primitive et d’archaïque. Le principe de base de sa réflexion porte sur le contraste qu’il établit entre la mentalité dite primitive et la mentalité dite moderne. Se classant dans la perspective de la loi des trois états d’August COMTE, Lévy-Bruhl essaie de définir le stade théologique ou primitif sa la pensée humaine à ses débuts. Pour se faire il oppose ce stade inferieur ou pensée mythique au stade dit positif ou serait parvenu la conscience modèle occidentale.
Lévy-Bruhl a cherché à étudier dans une perspective génétique
comment se réalise le passage de la mentalité dite archaïque a large positif.
Enfin Lévy-Bruhl tout comme Frazer a voulu opère la destruction
entre l’entendement et l’affectivité. Pour l’un et l’autre les puissances du sentiment sont des puissances obscures er réversible que la raison doit exorciser (chasser). L’imagination disent-ils enfantent des fantômes et des mythes. Le rôle du savant est de montrer le nom fondement et d’ajouter que la dimension affective du surnaturel maintient la raison dans une captivité dont elle ne pourra être libérée que par l’autorité souveraine de l’activité scientifique.
L’apport de DURKHEIM
L'œuvre de Durkheim : De la division du travail social, 1893,
Les formes élémentaires de la vie religieuse s’inscrivent dans la problématique de l’évolutionnisme. Pour Durkheim , le social est soumis à des lois propres et se compose d’unités objectives ou « faits sociaux » c’est-à-dire « toute manière de faire ,fixe ou non susceptible d’exercer sur l’individu une contrainte extérieure.» Il postule également que les structures sociales peuvent être identiques à partir des types cohésion qui leur sont propre. Dans ce sens les faits sociaux qu’ils produisent et les fonctions qu’ils remplissent sont spécifiques à tout groupe. En étudiant le système religieux des aborigène d’Australie ; Durkheim essaie de démontrer que les croyances religieuses ont pour support par la reconnaissance collective d’une façon sacrée qui validée par des symboles et des idées, sous-tendent la solidarité et cohésion du groupe des croyants. A partir d’une analyse des cas compares provenant des sociétés dites primitives et de la société occidentale, il formule l’existence de différence fondamentale au niveau de leur mode d’organisation et de leur cosmologie (représentation du monde). La typologie élaborée pour rendre compte de ces différences, définit les sociétés dites primitives comme étant régie par une solidarité qualifiée de mécanique. Les sociétés occidentales en revanche seraient marquées par une tendance a la division du travail et a là l’individualisme. Elles se distinguent donc de la 1ère par la complémentarité de leurs éléments constitutifs, ce qui engendre un nouveau type de solidarité dite organique.