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Ce cours a pour objectif de décrire la fonction “Contreventer”.

La notion n’est
présentée que dans le plan. Après avoir présenté les phénomènes d’instabilité,
l’ensemble des dispositions constructives, du câble au voile, sont présentées. De
nombreux croquis et de très nombreux exemples architecturaux, emblématiques
ou plus usuels illustrent le propos.
A l’issue de ce cours, l’apprenant aura compris la nécessité de la fonction
contreventer (dans le plan) et disposera d’éléments de vocabulaire permettant
de répondre à la problématique de la stabilité (dans le plan).

COURS 3.2 : CONTREVENTER

Cet édifice en béton dont le gros oeuvre, composé d’un système poteau-dalle,
est finalisé semble très solide. Pourtant, du fait du nécessaire assemblage entre
les éléments des fonctions “Porter” et “Franchir”, il est très sensible à un
phénomène qui s'appelle “instabilité”. Sans les dispositifs adaptés mis en oeuvre
ici et que l’oeil averti aura identifié, il pourrait subir la même défaillance que
cette maison mongole qui est menacée de ruine.

Ce cours est consacré aux dispositifs qui empêchent l’instabilité et qu'on appelle
“fonction contreventer”.

Tout comme l’édifice en béton, dans cette maquette, l'assemblage entre le


poteau et la poutre est parfaitement adapté aux charges verticales représentées
par la sphère. Par contre, cet assemblage est très peu résistant à l'effort
horizontal que générerait le vent par exemple. L'effondrement apparaît par
basculement de l’ensemble et, surtout, la ruine est rendue irréversible à cause
de la charge verticale appliquée qui empêche tout retour à la position initiale.

Pour assurer le contreventement, une première idée est de réaliser un ancrage


solide dans le sol (on dit un encastrement) à l'image de cette éolienne au
sommet de sa colline. Mais la taille de la fondation est souvent très grande et
coûteuse à réaliser. Si elle est inévitable pour ce cas, cette solution est parfois
utilisée dans les grands édifices à l’image du terminal T3 de l'aéroport de Pékin,
mais pour les bâtiments courants, les concepteurs essaient d’éviter d’y avoir
recours d’autant que de nombreux autres dispositifs moins coûteux existent.

Les systèmes plus économiques consistent à mettre en oeuvre un élément pour


s'opposer au déplacement ; Le plus simple et intuitif d’entre eux est un câble
diagonal qui se tend sous l'effort . Si l'effort s'inverse, le câble se détend et
devient inefficace. Pour s’opposer à cette deuxième direction d’effort,on doit
mettre en oeuvre un deuxième câble. Le dispositif complet est donc composé de
2 câbles et on l’appelle “Croix de Saint André”.

Souvent utilisées pour les équipements, les croix en câbles sont recherchées
pour leur discrétion, afin de les laisser dans leur seul rôle technologique de
stabilisation. Il en est souvent de même pour les édifices urbains, comme ici au
Bregenz Kunsthaus de Zumthor qui profite du graphisme des rampes d’escalier
vu en transparence pour faire disparaître les stabilités de la façade vitrée.
En opposition, avec une expression démonstrative des croix de câbles sur la
façade principale du centre Pompidou à Paris, les architectes Piano et Rogers
revendiquent la multi-fonctionnalité du musée en s’inspirant du vocabulaire
architectural de la halle industrielle.

Quand les croix pénalisent la circulation des usagers, le concepteur peut faire
évoluer la forme en “Croix de Saint André retroussée” en maintenant le câble
dans l'angle structurel opposé. L’originalité du dispositif est que les trois
éléments restent tendus sous l'effort horizontal et peuvent donc rester en câble ;
à l’image de ces très discrètes stabilités assurant le contreventement du
chapiteau de La Côte Saint André.

Les câbles présentent deux inconvénients majeurs : la singularité de leur


assemblage sur l’ossature et le besoin d’être réglés. Ainsi, le concepteur peut-il
privilégier une solution ne nécessitant pas de réglage avec un seul élément
diagonal. Il est plus massif que le câble car il travaille alternativement en traction
ou en compression pour reprendre les deux directions d’efforts. On appelle cet
élément un contreventement par bielle. Rien n’empêche toutefois de créer une
croix avec ce même élément pour répartir les efforts entre eux ou encore créer
des symétries visuelles.

On connait tous l’exemple de la tour Eiffel qui exploite ce principe sur toute sa
hauteur. Si de loin, les bielles en croix semblent fines, de près, on constate
qu’elles sont plutôt largement dimensionnées pour résister aux fortes
compressions et réalisées en treillis de cornière pour optimiser le poids.

De façon plus contemporaine, la Hearst Tower de Foster ou bien l'aéroport de


Marrakech déclinent ce principe de bielles obliques avec des motifs géométriques
répétitifs. Qu’il soit vertical ou horizontal, le principe de stabilisation reste, quant
à lui, parfaitement identique.

Dans une architecture plus déconstruite, l'immeuble Tod's de Toyo Ito ou encore
le Pavillon Noir de Ricciotti jouent avec cette contrainte en évitant la répétitivité
géométrique et proposent des façades porteuses à la fois structurelles,
stabilisatrices et extrêmement graphiques.

Et si cette approche structurelle qui semble non-conformiste était une façon


contemporaine d'interpréter les façades à pan de bois de nos villages ?

Une autre façon d'assurer la stabilité consiste à empêcher la rotation entre la


poutre et le poteau en y réalisant un assemblage solide ; ici des encastrements.
Ce dispositif de contreventement s’appelle un portique ou un cadre.

C’est ce qui est réalisé sur cette poutre lamellé collé, reprise par ses poteaux
verticaux, et qui trouve sa stabilité dans la présence des 2 jambes de forces
obliques qui bloquent efficacement les rotations en tête de poteau.

Dans le registre de la charpente métallique (ou alors dans le registre de l'habitat


domestique) citons l’élégante Villa Farnworth de Mies Van Der Rohe pour laquelle
chaque assemblage entre poutres et poteaux a été minutieusement soudé sur
site lors du montage pour assurer l’intégralité de la stabilité.
Un élément fréquent de la construction fonctionne parfaitement pour le
contreventement : Il s'agit du mur. En effet, il conduit les efforts horizontaux
jusqu'au sol au travers d'une diagonale fictive que l'on appelle bielle de
compression. Cette zone est très sollicitée et doit être conçue avec précaution
pour les murs maçonnés. On parle d’une stabilité par voile.

Nombreux sont les exemples dans la vie quotidienne où les murs béton assurent
ce rôle. Le matériau bois, avec les panneaux contrecollés commence à être
régulièrement utilisés, y compris pour les immeubles de plusieurs étages.

Soulignons toutefois Alvaro Siza à Lisbonne, qui, en lançant ce grand voile béton
suspendu sur près de 70m sur 50 de large, se devait de reprendre l’effort
horizontal de sa tension. Il le réalise en une admirable évidence, avec le jeu
irrégulier de 9 voiles verticaux, qui, reliés par la poutre de toit, assurent
ensemble la stabilité sous cet effort horizontal de plus de 1500 tonnes.

Les dispositifs que nous avons décrits dans ce cours fonctionnent dans le plan ;
mais on verra que la fonction “contreventer” doit être pensée en volume c'est-à-
dire s'intéresser à chacun des plans verticaux et horizontaux de l'édifice pour
assurer une stabilité inconditionnelle quelle que soit la direction de l'effort
horizontal. On verra que l’expressivité singulière de cet abri bus de Hanovre
repose sur l'exploitation de tous les concepts de stabilité spatiale.

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