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Élisabeth Guazzelli
version 2003
Table des matières
I Écoulements de Stokes 6
1 Propriétés et théorèmes généraux 7
1.1 Équations de Navier-Stokes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.2 Conditions aux limites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.3 Nombres de Reynolds et de Stokes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.4 Écoulements aux faibles nombres de Reynolds . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.5 Équations de Stokes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.6 Expressions équivalentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.7 Linéarité, réversibilité et instantanéité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.8 Bilan d’énergie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.9 Théorème de minimum de dissipation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.10 Théorème d’unicité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.11 Théorème de réciprocité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1
3.4.1 Sphère dans un champ de cisaillement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
3 Sédimentation 59
3.1 Sédimentation d’une sphère . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
3.2 Sédimentation d’un nuage de particules . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
3.3 Sédimentation de deux sphères . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
3.4 Sédimentation de trois sphères . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
3.5 Sédimentation d’une suspension dans un récipient . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
3.6 Fluctuations de vitesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
3.7 Sédimentation d’une suspension de fibres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
2
Introduction
Les suspensions de particules jouent un rôle important dans une grande variété de phénomènes
naturels et de procédés industriels. On peut citer comme exemples familiers de particules en
suspension : les sédiments dans les rivières ou les estuaires, les gouttes de pluies, les pâtes, les
suspensions biologiques (comme le sang), les peintures, l’encre, les eaux résiduaires charriant des
solides en suspension. Les suspensions sont présentes dans de nombreux procédés technologiques
ou industriels : le traitement et la filtration des eaux, la séparation dans l’élaboration des minerais,
la synthèse de matériaux composites, la fabrication du papier, pour ne citer que quelques exemples.
L’hydrodynamique des suspensions de particules est un sujet relativement ancien datant du
milieu du 19e siècle, avec en particulier les travaux de Stokes, où une activité à peu près constante
a été maintenue avec une augmentation de la littérature sur le sujet et de ses applications depuis
environ 20 ans. Le terme microhydrodynamique a été suggéré par Batchelor[7] en 1976 pour définir
un nouveau domaine de l’hydrodynamique pour lequel l’échelle de longueur caractéristique de
l’écoulement est comprise entre 0,01 et 100 µm et donc pour lequel des effets qui sont ignorés à de
plus grandes échelles deviennent importants. L’écoulement des particules en suspension dans un
fluide visqueux est une partie importante de ce sujet.
La figure 1 présente les tailles typiques L (diamètre ou longueur) de particules (ce terme est
pris au sens large et englobe par exemple des macromolécules) que l’on rencontre soit dans la
nature soit dans des procédés technologiques ou industriels. Sur la figure, on a aussi indiqué la
vitesse de sédimentation U , le nombre de Reynolds Re, le coefficient de diffusion brownienne D
et le nombre de Péclet P e pour des particules de masse volumique 2 gcm−3 sédimentant dans de
l’eau à 20◦ C sous des conditions terrestres de gravité. Par une coı̈ncidence amusante, une particule
de rayon 0,5 µm sédimente à 0,5 µms−1 et a un coefficient de diffusion brownienne (de translation)
de 0,5 µm2 s−1 .
Pour ces particules de tailles L comprises entre 0,01 µm et 100 µm, les forces d’inertie sont
très petites devant les forces visqueuses et le nombre de Reynolds Re = U L/ν (ν est la viscosité
cinématique du fluide) qui donne une estimation du rapport de ces forces est très petit devant
l’unité. Les écoulements sont alors régis par les équations de Stokes qui ont été étudiés en grand
détail et qui ont, du fait de leur linéarité, une classe de problèmes résolubles plus étendue que les
équations de Navier-Stokes.
Lorsque la taille des particules est inférieure à 1 µm, les suspensions sont appelées colloı̈dales.
Le mouvement brownien causé par l’agitation thermique des molécules du fluide peut alors être
important et le mouvement des particules n’est plus déterministe. Le nombre de Péclet qui décrit
le rapport des mouvements convectifs et browniens P e = U L/D est petit devant l’unité. Les
forces d’interaction entre particules comme les forces attractives de van der Waals et les forces
répulsives de double couche électrique peuvent être également importantes. C’est une conséquence
directe du grand rapport surface sur volume pour les petites particules. Ces forces interparticules
peuvent aussi être grandes pour des particules plus grosses lorsqu’elles sont proches l’une de l’autre
ou d’une paroi.
Pour les suspensions non-browniennes (L > 1 µm), la physique est dominée par les effets
réciproques des forces motrices (comme la gravité en sédimentation) et de l’hydrodynamique,
et les fluctuations d’origine thermiques sont négligeables. On n’est plus dans un cas d’équilibre
thermique (ou dans un état proche de l’équilibre thermique) mais en fait dans un état loin de
l’équilibre. La distribution des positions des particules (et aussi des orientations des particules
3
L, taille des particules en µm
10−2 10−1 1 10 102
virus bactéries
- -
flagelles, cils
vaisseaux capillaires
6
libre parcours moyen de la molécule d’oxygène
6 globules rouges
4
dans le cas anisotrope), c’est à dire la microstructure de la suspension, n’est plus une distribution
d’équilibre (ou proche) donnée par les outils de la physique statistique mais est déterminée par
l’écoulement macroscopique et détermine celui-ci à son tour, plaçant les questions dans le domaine
de la physique statistique du non-équilibre.
Ce cours présente principalement les aspects hydrodynamiques du sujet et n’aborde pas du
tout le problème des interactions colloı̈dales. La première partie couvre les principes de base des
écoulements de Stokes allant de la dynamique d’une particule seule, étude préalable à toute la
suite du cours, aux interactions hydrodynamiques entre particules. La seconde partie traite des
propriétés micro et macroscopiques des suspensions comme le mouvement brownien, la rhéologie et
la sédimentation. Je me suis beaucoup inspirée des notes de cours de John Hinch et de John Brady.
Remarques, corrections et suggestions sont les bienvenues à elisabeth.guazzelli@polytech.univ-
mrs.fr.
5
Première partie
Écoulements de Stokes
6
Chapitre 1
div v = 0, (1.1)
ekk = 0. (1.5)
7
1.2 Conditions aux limites
À ces deux équations (1.1) et (1.2), il faut rajouter les conditions aux limites cinématiques sur
la vitesse et dynamiques sur les contraintes.
À l’interface entre un fluide et un autre milieu inerte (solide rigide ou autre fluide immiscible),
la composante normale de la vitesse est conservée. C’est une conséquence directe de l’existence
d’une surface de contact réelle et du fait que le flux de masse à travers cette surface et nul. Pour
les fluides newtoniens, on considère qu’il n’y a pas de glissement de part et d’autre de l’interface
et finalement il y a continuité des vitesses (condition de non-glissement).
À l’interface entre deux fluides immiscibles (1) et (2), le saut de contraintes tangentielles est
nul sauf s’il y a des gradients de tension superficielle donnant lieu à des effets Marangoni. Le saut
de contraintes normales s’exprime par la loi de Laplace. Plus précisément
[σ (1) − σ (2) ] · n = γ C n, (1.6)
où n est la normale à la surface pointant vers le milieu (1), γ le coefficient de tension superficielle
et C = div n la courbure moyenne de l’interface. S’il y a des gradients de tension superficielle, on
soustrait le gradient de tension superficielle projeté sur la surface, −gradS γ, au membre de droite
de l’équation (pour plus de détails voir le livre de Guyon, Hulin et Petit [16]).
8
1.5 Équations de Stokes
Lorsque le nombre de Reynolds est petit devant l’unité (Re 1), le terme convectif peut être
négligé devant le terme visqueux dans l’équation de Navier-Stokes (1.2) et on obtient
∂v
ρ = −grad p + µ∆v. (1.10)
∂t
Si de plus le nombre de Stokes est petit (St 1), le terme instationnaire peut également être
négligé devant le terme visqueux et on obtient l’équation de Stokes (quasi-stationnaire)
v = U. (1.12)
Cette approximation aux faibles nombres de Reynolds est valable jusqu’à Re ∼ 1. Pour une
sphère dans un écoulement, les effets de l’inertie se font sentir à Re > 1 et, lorsqu’il y a plus qu’une
dimension caractéristique, à Re 1 (Re > 70 pour une sphère dans un cylindre et Re > 5 pour
un lit de sphères).
∂σij
div σ = 0 ou = 0. (1.13)
∂xj
On peut écrire également une équation pour la vorticité, ω = rotv, à partir de l’équation
(1.11)
0 = −grad p − µrotω, (1.14)
en utilisant l’équation de continuité (1.1) ainsi que la relation valable pour tout vecteur A
∆ω = 0. (1.17)
9
- - -
m m m
= +
-
Fig. 1.1 – Il n’y a pas de portance à travers les lignes de courant pour une sphère dans un ci-
saillement. Cela peut être déduit du principe de superposition. À faible nombre de Reynolds, le
cisaillement peut être décomposé en un écoulement uniforme et un cisaillement avec la sphère à
l’origine. Aucun de ces écoulements ne donne lieu à une portance.
10
@
@
@
@
@
@
g
@
@ ?
@
@
@
@
@
@
@
@ ?
@
@
Fig. 1.2 – Une sphère qui sédimente le long d’un plan vertical reste à distance constante de ce
plan. Cela peut être déduit de la réversibilité des équations de Stokes. Supposons, en effet, que la
sphère se rapproche du plan. Si on inverse la direction de la gravité, la sphère s’éloigne alors de
celui-ci. Cela viole la symétrie.
D(ρv2 /2)
= f · v + v · div σ. (1.18)
Dt
En intégrant par partie et en utilisant le théorème de la divergence et la condition aux limites
sur la surface pour le deuxième terme du membre de droite de cette équation, la forme intégrale
de ce bilan d’énergie est
dK Dv
Z
= ρ v· dV
dt dt
Z V
∂vi
Z Z
= fj vj dV + Ui σij nj dS − σij dV, (1.19)
V S V ∂xj
où n est la normale unitaire sur la surface S dirigée vers l’extérieur du domaine de fluide V .
Le taux de dissipation de l’énergie par effet visqueux est
∂vi
Z Z Z
Φ= σij dV = eij σij dV = 2µeij eij dV ≥ 0, (1.20)
V ∂xj V V
en utilisant (1.3), (1.4), (1.5) et le fait que le tenseur des contraintes est symétrique.
En écoulement de Stokes, le taux de dissipation de l’énergie par effet visqueux est égal à la
somme de la puissance des forces (f dans le volume et σ · n sur la surface)
Z Z
Φ= f · vdV + U · (σ · n)dS. (1.21)
V S
11
Nous avons alors Z Z
2µ eSij eSij dV ≤ 2µ eij eij dV, (1.22)
V V
avec égalité de l’expression si eij = eSij . Les tenseurs des taux des déformations, eij et eSij sont
donnés par leur définition habituelle (1.4). Les intégrales correspondent au taux de dissipation
d’énergie mécanique sous l’action de la viscosité. Ce théorème exprime donc que l’écoulement
vérifiant l’équation de Stokes correspond à un taux de dissipation d’énergie minimum.
La démonstration de ce théorème est la suivante. Tout d’abord, nous posons δv = v − v S avec
δv = 0 (1.23)
comme condition aux limites. Nous écrivons aussi δeij = eij − eSij . Pour établir l’inégalité (1.22),
nous allons calculer la différence entre les deux intégrales
Z Z
2µ (eij eij − eSij eSij )dV = 2µ δeij (eij + eSij )dV
V
ZV Z
= 2µ δeij δeij dV + 4µ δeij eSij dV
V V
≥ 0. (1.24)
La première intégrale du membre de droite de cette dernière équation est toujours positive avec
égalité seulement si δeij = 0. La deuxième intégrale est nulle. Nous le démontrons de la façon
suivante
Z Z
S S
4µ δeij eij dV = 2 δeij σij dV en utilisant (1.3) et (1.5)
V V
∂δvi S
Z
S S
= 2 σij dV en utilisant (1.4) et σij = σji
V ∂xj
S S
∂σij ∂δvi σij
Z Z
= −2 δvi dV + 2 dV en intégrant par partie
V ∂xj V ∂xj
= 0, (1.25)
12
- -
=⇒
- -
où n est la normale unitaire sur la surface S dirigée vers l’extérieur du domaine de fluide V .
La puissance des forces de l’écoulement (1) (f (1) dans le volume et σ (1) · n sur la surface) par
l’écoulement (2) de vitesse v(2) est la même en interchangeant (1) et (2).
Pour démontrer ce théorème, on applique le théorème de la divergence au membre de gauche
de l’équation (1.26)
(1) (2)
∂(σij vj )
Z Z Z
(1) (2) (1) (2) (1) (2)
fj vj dV + σij Uj ni dS = (fj vj + )dV (1.27)
V S V ∂xi
(1) (2)
∂σij (2) (1) ∂vj
Z
(1) (2)
= (fj vj + vj + σij )dV
V ∂xi ∂xi
(2) (1)
(1) ∂vj ∂σij
Z
= σij )dV car + fj = 0
∂xi ∂xi
ZV
(1) (2) (1) (1)
= σij eij dV en utilisant (1.4) et σij = σji
V
Z
(1) (2)
= 2µ eij eij dV en utilisant (1.4) et (1.5) .
V
Cette expression est symétrique et est donc égale au membre de droite de l’équation (1.26).
Sans forces extérieures, le résultat devient
Z Z
(1) (2) (2) (1)
σij Uj ni dS = σij Uj ni dS. (1.28)
S S
Ce théorème est en fait le théorème de Green pour l’équation de Stokes et servira en particulier
dans le chapitre 2, pour la démonstration de la symétrie des coefficients de la matrice reliant les
forces aux déplacements pour un solide en mouvement. Ce théorème sera également utilisé au
chapitre 5 sous sa forme générale (1.26) en prenant la solution singulière de l’équation de Stokes
comme un des écoulements et permettra de donner la solution des équations de Stokes sous forme
intégrale.
13
Chapitre 2
où Vs est le volume de la particule. Si la particule a une densité uniforme ρs , le centre volumique
est aussi le centre de masse. Sinon, le centre de masse est défini par
Z
M s xG = ρs xdV, (2.2)
Vs
où g est l’accélération de la gravité et −ρVs g la poussée d’Archimède. Le couple agissant sur la
Ω
6
' $
xp P
PP
& %
P
q
P
U
14
particule, par rapport au point xp , est
Z
Ge = ρs (x − xp ) ∧ gdV = Ms (xG − xp ) ∧ g. (2.4)
Vs
Si ρs est uniforme, Ge = 0.
La particule en mouvement subit une force F et un couple G additionnels dus au champ de
contraintes σij établi dans le fluide qui sont donnés par 1
Z Z
F= σ · ndS ou Fi = σij nj dS, (2.5)
Ss Ss
Z Z
G= x ∧ σ · ndS ou Gi = ijk xj σkl nl dS, (2.6)
Ss Ss
où Ss est la surface de la particule et n est la normale unitaire sur la surface Ss dirigée vers
l’extérieur de la particule 2 .
Les équations du mouvement de la particule sont
d
(Ms U) = F + Fe ,
dt
d
(Is · Ω) = G + Ge , (2.7)
dt
où Is est le tenseur d’inertie de la particule au point xp . Si l’inertie de la particule est négligeable,
ces équations deviennent alors
F + Fe = 0,
G + Ge = 0. (2.8)
v = U + Ω ∧ x, (2.9)
L’équation (2.9) établit une relation linéaire entre v et (U,Ω). Puisque l’équation de Stokes
est linéaire, cela établit aussi une relation linéaire entre v et (U,Ω) en tout point du fluide. La
force et le couple (F,G) sont aussi reliés linéairement à v puisque v est lié linéairement à σ ij . On
en déduit donc que (F,G) sont reliés linéairement à (U,Ω). On peut écrire une relation générale
sous la forme
Fi = −µ(aAij Uj + a2 Bij Ωj ),
Gi = −µ(a2 Cij Uj + a3 Dij Ωj ), (2.11)
où a est la taille typique de la particule (dimension d’une longueur) et les tenseurs de résistance
Aij , Bij , Cij et Dij sont sans dimension et ne dépendent que de la forme de la particule.
1. Le symbole de permutation ijk est défini par
(
0 si deux indices sont égaux
ijk = 1 si la permutation i,j,k est paire
−1 si la permutation i,j,k est impaire
.
2. Attention car ici contrairement à ce que nous avons utilisé dans le chapitre 1 pour le théorème de la divergence,
la direction de la normale à la surface est prise intérieure au domaine du fluide
15
2.2 Propriétés de symétrie générales
Le théorème de réciprocité va permettre d’établir les propriétés de symétrie générale des ten-
(1)
seurs Aij , Bij , Cij et Dij . Considérons, par exemple, que Fi est la force exercée sur la particule
(1) (2)
qui se déplace à la vitesse Ui sans rotation et de même la force Fi quand elle se déplace à la
(2)
vitesse Ui . Le théorème de réciprocité (1.28) implique que
(2) (1) (1) (2)
U j Fj = U j Fj , (2.12)
en utilisant l’expression (2.5) et le fait que la vitesse est constante sur la surface du corps (les
intégrales sur la surface à l’infini s’annulent car v → 0). En substituant dans cette expression
(1) (1) (2) (2)
Fj = −µaAji Ui et Fj = −µaAji Ui , (2.13)
nous obtenons
(1) (2) (1) (2) (1) (2)
Aji Ui Uj = Aji Uj Ui = Aij Ui Uj . (2.14)
Cette relation est valable pour tous U(1) et U(2) et donc le tenseur Aij est symétrique
et
Cij = Bji . (2.17)
aA a2 B
F U U
= −µ = −R , (2.18)
G a2 C a3 D Ω Ω
où la matrice de résistance R, appelée aussi grande matrice de résistance pour la distinguer des
sous-matrices, est symétrique. Cette formulation est utile lorsque les vitesses de translation et de
rotation sont spécifiées et que l’on veut calculer la force et le couple agissant sur la particule. Dans
le cas inverse, on peut utiliser la relation inverse
U F
− =M , (2.19)
Ω G
16
x1
x3
x2 Plan de symétrie
Fig. 2.2 – Système de coordonnées utilisé pour une particule solide ayant un plan de symétrie.
et donc que
B11 = B22 = B33 = B32 = B23 = 0. (2.22)
Ainsi, il n’y a apparition d’une force parallèle à l’axe de rotation (effet tire-bouchon) que si le plan
perpendiculaire à l’axe de rotation n’est pas un plan de symétrie du corps. Nous avons de plus
Pour démontrer ces propriétés, nous utilisons un système de coordonnées où deux des axes
(x2 et x3 ) sont contenus dans le plan de symétrie x1 = 0 (voir la figure 2.2). Examinons d’abord
les propriétés de symétrie du tenseur Aij reliant la force F à la vitesse U. Dans l’opération de
symétrie x1 → −x1 , les coefficients Aij restent inchangés, F1 → −F1 , U1 → −U1 et les autres
composantes restent inchangées. La relation (2.11) pour les composantes F 1 et −F1 s’écrit
On en déduit que A12 = A13 = 0. On démontre de la même manière que A21 = A31 = 0 en
utilisant les autres composantes de F. En appliquant le même type de raisonnement, on trouve
les mêmes propriétés de symétrie pour le tenseur Dij reliant le couple G à la vitesse angulaire
Ω car les deux pseudo-vecteurs G et Ω ont les mêmes propriétés de symétrie. Par contre les
résultats sont différents pour le pseudo-tenseur Cij reliant le couple G à la vitesse U. En effet,
G est un pseudo-vecteur (même symétrie que celle d’un vecteur rotation) qui ne change pas de
sens lors d’une symétrie par rapport à un plan perpendiculaire à lui-même mais s’inverse pour
un plan parallèle à sa direction. Dans l’opération de symétrie x1 → −x1 , G1 → G1 , G2 → −G2 ,
G3 → −G3 . En raisonnant comme précédemment, on trouve la relation (2.21).
17
'$
g
&%
?
?
US
Le tenseur Aij peut être diagonalisé lorsqu’on choisit les axes de coordonnées perpendiculaires
aux plans de symétrie du solide. La relation (2.20) montre en effet que tous les coefficients A ij
avec i 6= j sont nuls.
Fi = −µaAij Uj . (2.26)
Grâce à la relation de symétrie (2.15), le tenseur Aij peut être diagonalisé sur ses axes principaux
(au point xp )
(1)
λ . .
(Aij ) = . λ(2) . , (2.27)
(3)
. . λ
où les trois valeurs propres λ(i) sont des nombres sans dimension qui ne dépendent que de la forme
de la particule. Notons que la puissance de la force extérieure est égal au taux de dissipation
visqueuse dans le fluide
Cette expression doit être positive pour tout U et donc les valeurs propres λ (i) sont positives.
Le cas d’une particule sphérique est particulièrement intéressant. Il a été résolu par Stokes en
1851 et sera détaillé dans le chapitre 3. Pour une sphère de rayon a, le tenseur A ij est isotrope
où λ = 6π. La force de traı̂née sur la sphère est donnée par la formule de Stokes
F = −6πµaU. (2.30)
3. Le fait qu’on n’ait pas rotation en présence d’une force suppose qu’on ait certaines relations de symétrie (sur
les Bij ) ou encore qu’on applique un contre-couple.
18
(a) (b)
?
?
?
Si une sphère de masse volumique uniforme ρs > ρ sédimente sous l’effet de la gravité, elle est
soumise à une force extérieure
4
Fe = πa3 (ρs − ρ)g. (2.31)
3
En écrivant F + Fe = 0, on en déduit la vitesse de sédimentation de la sphère ou vitesse de Stokes
(voir la figure 2.3)
2 a2
U = US = (ρs − ρ)g. (2.32)
9 µ
Un cube a également un tenseur Aij isotrope (2.29) lorsque les axes x1 x2 x3 sont choisis pa-
rallèles aux arêtes du cube. Un cube sédimente également avec une vitesse constante indépendante
de son orientation et égale à
Ms − ρVs
U= g, (2.33)
λaµ
où la longueur a est définie comme le rayon de la sphère ayant le même volume a = (3V s /4π)1/3 .
Le coefficient λ reste toutefois à être déterminé.
De la même manière, une particule ayant la symétrie d’un solide régulier (par exemple, un
tétraèdre, un octaèdre) a un tenseur Aij de forme isotrope (2.29). Seul le paramètre λ qui ne
dépend que de la forme de la particule varie d’une particule à une autre. Ce type de particule
sédimente également à vitesse constante et indépendante de son orientation.
Dans le cas d’une particule ellipsoı̈dale, les axes principaux du tenseur Aij coı̈ncident avec ceux
de l’ellipsoı̈de. Si l’ellipsoı̈de est de plus un ellipsoı̈de de révolution ayant un axe de révolution x 3 ,
alors λ(1) = λ(2) . On peut montrer que pour un ellipsoı̈de très allongé (une longue aiguille ou une
fibre très allongée)
λ(1) = λ(2) ≈ 2λ(3) , (2.34)
ce qui veut dire que la résistance au mouvement parallèle à l’ellipsoı̈de est la moitié de celle au
mouvement dans la direction perpendiculaire. Il sédimente donc deux fois plus vite lorsque son
axe est parallèle à la gravité que lorsque son axe est perpendiculaire à celle-ci (voir la figure 2.4).
19
Grâce à la relation de symétrie (2.16), le tenseur Dij peut être diagonalisé sur ses axes principaux
(au point xp ) (1)
ζ . .
(Dij ) = . ζ (2) . , (2.36)
(3)
. . ζ
où les trois valeurs propres ζ (i) sont des nombres sans dimension qui ne dépendent que de la forme
de la particule. Comme précédemment, on peut calculer le taux de dissipation d’énergie
et on en déduit que les valeurs propres ζ (i) sont positives. Il faut remarquer que, sauf cas particulier
de symétrie évidente, il n’est pas garanti que les axes principaux de Dij soient les mêmes que ceux
de Aij .
Pour les particules pour lesquelles le tenseur Aij est isotrope, le tenseur Dij est lui aussi
isotrope
Dij = δij ζ, (2.38)
où ζ est un nombre sans dimension positif ne dépendant que de la forme de la particule. Dans le
cas d’une sphère de rayon a, ζ = 8π (voir le chapitre 3).
2.7 Exercices
2.7.1 Chute d’un bâtonnet cylindrique dans un fluide visqueux
On considère un bâtonnet allongé de section circulaire avec un centre de symétrie en O. On
désigne par Ox3 l’axe de révolution du bâtonnet et par Ox1 et Ox2 les deux axes orthogonaux.
Le bâtonnet est homogène et donc la force de gravité s’exerce au centre de symétrie O. De plus,
aucun couple n’est exercé pour le mettre en rotation. Pour les corps allongées comme le bâtonnet,
la résistance au mouvement parallèlement à la longueur est environ deux fois plus faible que
perpendiculairement à celle-ci. Montrer que le bâtonnet orienté d’un angle α par rapport à la
verticale suit une trajectoire oblique faisant un angle γ avec la verticale. Montrer que l’on a la
relation tan(α−γ) = 21 tan α et discuter suivant les valeurs de α. Quel est l’angle de chute maximal?
20
Chapitre 3
v = U en r = a, (3.2)
v → 0 lorsque r → ∞, (3.3)
où |x| = r. L’écoulement est axisymétrique (invariance par rotation autour de l’axe x parallèle à
la direction du vecteur U).
x(r,θ,ϕ)
'$
θ
- U
&%
21
−xi
, (3.5)
r3
δij 3xi xj
− , (3.6)
r3 r5
Par linéarité des équations de Stokes, la pression p doit être proportionnelle à U. Comme de
plus p est un scalaire, la seule forme possible est le produit scalaire de U par le vecteur (3.5)
U·x 1 U
p = Cµa = −CµaU · grad( ) = −Cµa div( ), (3.8)
r3 r r
où C est une constante sans dimension à déterminer.
La solution homogène vH est une fonction harmonique (∆vH = 0) qui décroı̂t à l’infini et qui
doit être linéaire en U. Comme de plus vH est un vecteur, les formes possibles sont le produit du
scalaire (3.4) par U et le produit contracté du tenseur de second ordre (3.6) par U, ce qui donne
U I 3xx
v H = A0 a + A1 a3 ( 3 − 5 ) · U, (3.11)
r r r
où I est le tenseur identité de second ordre, xx est le produit tensoriel de x par x (le vecteur x
est un tenseur du premier ordre) et A0 et A1 des constantes sans dimension à déterminer.
La solution générale s’écrit donc
Ca (U · x)x U U 3(U · x)x
v= 3
+ A 0 a + A 1 a3 [ 3 − ]. (3.12)
2 r r r r5
Elle satisfait la condition aux limites à l’infini.
22
ce qui donne les deux équations
A0 + A1 = 1, (3.15)
A0 − 3A1 = 0. (3.16)
On trouve finalement A0 = 3/4 et A1 = 1/4.
La vitesse est donc donnée par
3a U (U · x)x a3 U (U · x)x
v= [ + 3
]+ [ 3 −3 ]. (3.17)
4 r r 4 r r5
Ce champ de vitesse décroı̂t très lentement autour de la sphère. Le premier terme décroı̂t en 1/r
tandis que le second en 1/r 3 . La vorticité s’écrit
3a x
ω= U∧ 3, (3.18)
2 r
et la pression
3a U · x
p= µ 3 . (3.19)
2 r
23
5
0
y
−1
−2
−3
−4
−5
−5 0 5
x
Fig. 3.2 – Lignes de courant d’un écoulement dû à une sphère en translation (solution de Stokes).
La contrainte par unité de surface sur la sphère est parallèle à U et s’écrit finalement
3µ
σ·n=− U. (3.28)
2a
Elle ne dépend pas du point choisi sur la sphère.
La force de traı̂née est donc donnée par
3µ
Z
F= σ · ndS = − U4πa2 = −6πµaU. (3.29)
Ss 2a
avec Re = 2aU/ν. La loi de Stokes pour la traı̂née est approximativement correcte pour Re < 1.
24
3.1.6 Stokeslet
Nous pouvons maintenant réécrire le champ de vitesse (3.17) en fonction de la force exercée
par la sphère sur le fluide (Fe = −F = 6πµaU)
1 I xx a2 I xx
v= ( + 3 ) · Fe + ( − 5 ) · Fe . (3.31)
8πµ r r 8πµ 3r3 r
À très grande distance de la sphère, le terme en 1/r du champ de vitesse (3.31) est prépondérant.
Dans la limite où a → 0 (avec Fe constante), il ne reste aussi que ce terme en 1/r. Ce terme est
en fait la solution singulière de l’équation de Stokes appelé stokeslet, comme nous le verrons au
chapitre 5,
1 I xx
vS = ( + 3 ) · Fe . (3.32)
8πµ r r
On peut aller plus loin en ce qui concerne l’expression du champ de vitesse (3.31). Le terme en
1/r3 du champ de vitesse est proportionnel au Laplacien de v S . Le champ de vitesse autour de la
sphère s’écrit
a2
v = vS + ∆vS . (3.33)
6
La vitesse s’exprime directement en fonction de la vitesse due à un stokeslet et de son laplacien.
On peut également réinterpreter le calcul de la force de traı̂née sur la sphère. Grâce à l’utilisa-
tion du théorème de la divergence, la force de traı̂née peut s’écrire 1
∂σij
Z Z Z
Fi = σij nj dS = − dV + σij nj dS, (3.34)
Ss V ∂xj S
où Ss est la surface de la sphère, S toute surface fermée entourant la sphère et V le volume ainsi
défini. Or, puisque ∂σij /∂xj = 0, l’intégrale peut être faite sur toute surface fermée S entourant la
sphère. La force qu’exerce la sphère sur le fluide se manifeste comme le flux du moment à travers
cette surface. Si on prend la surface à l’infini S∞ , on voit que c’est le terme dominant à l’infini,
c’est à dire le stokeslet, qui contribue seul à la force de traı̂née. De façon plus générale, si une
particule de forme quelconque exerce une force Fe = −F sur le fluide, loin de la particule cela
produit un écoulement dû à un stokeslet vS .
25
Ω
6 x(r,θ,ϕ)
'$
θ
&%
ϕ
6
x·Ω
p=C , (3.38)
r3
ce qui donne une contribution à la vitesse
p C (x · Ω)x
x= . (3.39)
2µ 2µ r3
Comme par symétrie v doit être un vecteur perpendiculaire à Ω, ce terme ne peut être que nul,
d’où C = 0 et p = 0.
La vitesse est donc une fonction harmonique. C’est un vecteur perpendiculaire à Ω et propor-
tionnel à |Ω|, ce qui donne une solution de la forme
x
v = AΩ ∧ , (3.40)
r3
où A est une constante à déterminer. Cette solution doit satisfaire à l’équation de continuité
∂vi δik 3xi xk
= Aijk Ωj ( 3 − ) = 0. (3.41)
∂xi r r5
Cela est vérifié compte-tenu de
ijk δik = 0, (3.42)
et de
ijk xi Ωj xk = x(Ω ∧ x) = 0. (3.43)
La constante est déterminée par la condition aux limites sur la sphère, ce qui donne A = a 3 .
Finalement le champ de vitesse est
a3 1
v =Ω∧x = −a3 Ω ∧ grad( ). (3.44)
r3 r
En coordonnées sphériques (r, θ, ϕ), il s’écrit
Ωa3
vϕ = sin θ, (3.45)
r2
avec Ω = |Ω|.
26
3.2.2 Couple exercé sur la sphère
En utilisant les coordonnées sphériques (r, θ, ϕ), la contrainte par unité de surface sur la sphère
est donnée par l’équation (3.24). Il ne reste en fait comme composante non-nulle que
∂ vϕ
σrϕ = µ[r ( )]. (3.46)
∂r r
La contrainte s’écrit donc
0
σ·n= 0 = −3µΩ ∧ n. (3.47)
−3µΩ sin θ
On a dS = 2πa2 sin θdθ. Par symétrie, le couple est porté par l’axe de symétrie parallèle à Ω et
est donné par
Z π
G = −6πµa3 Ω (1 − cos2 θ) sin θdθ, (3.49)
0
= −8πµa3 Ω.
3.2.3 Rotlet
Le champ de vitesse autour d’une sphère en rotation peut s’écrire en fonction du couple exercé
par la sphère sur le fluide (Ge = −G = 8πµa3 Ω)
1 1
v = vR = (−Ge ) ∧ grad( ). (3.50)
8πµ r
Le champ de vitesse induit par le rotlet décroı̂t en 1/r 2 et sa contribution est plus faible que celle
du stokeslet qui est en 1/r (voir le chapitre 5).
On peut également réinterpréter le calcul du couple exercé sur la sphère. La force de traı̂née
est donnée par Z
G= x ∧ σ · ndS, (3.51)
Ss
où Ss est la surface de la sphère. Comme dans la section 3.1.6, l’intégrale peut être faite sur la
surface à l’infini S∞ . Cela est dû au fait que (après application du théorème de la divergence)
∂
(ijk xj σkl ) = ijk δjl σkl = ijk σkj = 0, (3.52)
∂xl
car ∂σij /∂xj = 0 et le tenseur σij est symétrique. Cela veut dire que que le couple exercé par la
particule sur le fluide −G est égal au flux du moment angulaire sur toute surface entourant cette
source de moment. De façon plus générale, si une particule de forme quelconque exerce un couple
Ge = −G sur le fluide, loin de la particule cela produit un écoulement dû à un rotlet v R .
27
x
-
-
où []x0 exprime que la quantité entre crochets est calculée au point x0 qui est le centre de la sphère.
La démonstration de cette formule fait intervenir le théorème de réciprocité (voir par exemple les
références [14, 19, 23]). Si v∞ = 0, on retrouve la formule de Stokes. Cette formule peut s’écrire
aussi
Fe a2
U= + [v∞ ]x0 + [∆v∞ ]x0 , (3.54)
6πµa 6
donnant ainsi la vitesse U d’une sphère (en mouvement stationnaire) soumise à une force F e dans
le cas où le fluide ambiant est en mouvement. Nous l’utilisons dans le chapitre 6 dans le cadre de
la méthode des réflexions.
Il existe également une seconde formule de Faxen relative à la rotation d’une sphère. Cette
formule donne le couple G s’exerçant sur une sphère tournant à la vitesse angulaire Ω dans un
fluide dont le champ de vitesse non perturbé v∞ (x) est une fonction non uniforme de la position
x
1
G = 8πµa3 ( [rotv∞ ]x0 − Ω). (3.55)
2
Notons que pour une sphère qui peut tourner librement (G = 0), la vitesse de rotation est alors
donnée par
1
Ω = [rotv∞ ]x0 . (3.56)
2
3.4 Exercice
3.4.1 Sphère dans un champ de cisaillement
On considère une sphère solide de rayon a immobile et placée au centre d’un écoulement non
perturbé de déformation pure (voir la figure 3.4) dont la vitesse v ∞ dépend de la position x par
la relation
v ∞ = E∞ · x (3.57)
où E∞ est le tenseur symétrique des taux de déformation, indépendant de x.
28
On cherche à calculer l’écoulement perturbé autour de la sphère, en supposant que le nombre
de Reynolds est petit et que les équations de Stokes s’appliquent.
∞
1. Montrer que Eij doit satisfaire à Eii∞ = 0.
2. Montrer que la solution pour la pression est
δjk 3xj xk
p = 2µλ1 a3 Ejk
∞
( − ), (3.58)
r3 r5
où µ est la viscosité dynamique du fluide, r = |x|, δjk le symbole de Kronecker, et λ1 une
constante sans dimension qui sera déterminée par la suite.
3. Montrer que la solution pour la vitesse est
p
v= x + vH , (3.59)
2µ
v∞ = grad v∞ · x = Ω∞ ∧ x + E∞ · x (3.63)
où E∞ est le tenseur des taux de déformation (partie symétrique du tenseur des gradients
de vitesse) et Ω∞ est le vecteur vitesse de rotation associé au tenseur des taux de rotation
(partie antisymétrique)?
29
Chapitre 4
Limite de l’approximation de
Stokes
r = aO(Re−1 ). (4.4)
Lorsque r/a Re−1 , on peut négliger les effets d’inertie mais ce n’est plus le cas loin de la sphère
et l’approximation de Stokes n’est plus valable lorsque r/a ≥ Re−1 .
30
5
0
y
−1
−2
−3
−4
−5
−5 0 5
x
Fig. 4.1 – Lignes de courant d’un écoulement dû à une sphère en translation pour Re = 0,5
(solution d’Oseen).
Elle doit aussi se raccorder avec la contribution du Stokeslet dans la région a r a/Re.
Une solution approchée de cette équation a été donné par Oseen en 1910 (voir le paragraphe
342 dans le livre de Lamb [25]). Contrairement à la solution de Stokes, l’écoulement n’est plus
symétrique par rapport au plan diamétral perpendiculaire à l’écoulement (voir la figure 4.1). Une
résolution plus complète de ce problème (deuxième approximation) fait intervenir la méthode des
développements asymptotiques raccordés et a été à l’origine de la formalisation de cette méthode
(voir pour plus de détails les références [22, 31] ainsi que le chapitre 8 du livre de Van Dyke [35]).
Proudman et Pearson [31] ont donné le développement suivant pour la force de traı̂née (Re 1)
3 9
F = −6πµaU[1 + Re + Re2 ln Re + O(Re2 )]. (4.8)
8 40
Le premier terme est bien sûr la traı̂née de Stokes (1851), le deuxième terme est dû à Oseen (1910)
et le troisième terme à Proudman et Pearson (1957). La force de traı̂née croı̂t avec Re à faible
nombre de Re.
On peut remarquer que le taux de dissipation d’énergie est
3 9
−F · U = 6πµaU 2 [1 + Re + Re2 ln Re + O(Re2 )], (4.9)
8 40
ce qui montre que l’écoulement de Stokes est bien celui qui dissipe le moins d’énergie (thèorème
de minimum de dissipation démontré dans le chapitre 1).
31
x(r,θ)
'$
θ
- U
&%
dans le fluide est alors déterminé par les équations de Stokes (3.1) avec comme conditions aux
limites
v = U en r = a, (4.10)
v → 0 lorsque r → ∞, (4.11)
où |x| = r.
ln r, (4.12)
xi
, (4.13)
r2
δij 2xi xj
− , (4.14)
r2 r4
···
Puisque p est un scalaire linéaire en U, la seule forme possible est le produit scalaire de U par
la solution x/r2
U·x
p = Cµ 2 , (4.15)
r
où C est une constante à déterminer.
32
L’équation de continuité (div v = 0) donne une relation entre C et A0 . En effet, on peut écrire
∂vi C ∂ U j xj xi ∂ ∂ Ui 2xi xj Uj
= ( 2
) + A 0 Ui (ln r) + A1 a2 ( 2 − ),
∂xi 2 ∂xi r ∂xi ∂xi r r4
C U j xj
= ( + A0 ) 2 ,
2 r
= 0. (4.18)
A0 2A1
(A00 + A0 ln a + A1 )U − ( + 2 )[(U · x)x] = U, (4.19)
a2 a
ce qui donne les deux équations
A00 + A0 ln a + A1 = 1, (4.20)
A0 + 2A1 = 0. (4.21)
C r a2 C (U · x)x a2
v = U[1 + (−2 ln − 1 + 2 )] + )(1 − ). (4.22)
4 a r 2 r2 r2
Cette solution diverge comme ln r aux grands r et il n’est pas possible de trouver une valeur de la
constante arbitraire C qui satisfasse v → 0 lorsque r → ∞.
Nous pouvons faire le même type de raisonnement que dans le cas de la sphère en translation
(voir la section 4.1.1). Nous utilisons la solution (4.22) en notant que la contribution principale du
Stokeslet est à deux dimensions −Fe ln r/4πµ et nous nous plaçons dans le référentiel se déplaçant
avec le cylindre. Loin du cylindre, le rapport entre les effets d’inertie et les effets visqueux est
|(v · grad)v| U 2 ln r νU ln r Ua r r
∼ / 2
= = Re . (4.23)
|ν∆v| r r ν a a
Comme dans le cas de la sphère, les forces d’inertie deviennent comparables aux forces visqueuses
lorsque
r = aO(Re−1 ). (4.24)
Loin d’être une difficulté, les forces d’inertie vont permettre la résolution du problème dans le
cas du cylindre. On peut suivre le raisonnement de Proudman et Pearson[31] et récrire la solution
(4.22) en introduisant le nombre de Reynolds
C rRe a2 C (U · x)x a2
v = U[1 + (−2 ln + 2 ln Re − 1 + 2 )] + 2
)(1 − 2 ). (4.25)
4 a r 2 r r
Lorsque r/a ∼ Re−1 1, le terme dominant de la solution (4.25) est
C
v ∼ U(1 + ln Re). (4.26)
2
En choisissant C = −2/ ln Re, la solution satisfait la condition aux limites v → 0 justement dans
la région où la solution de Stokes ne devient plus valable.
La force exercé par le cylindre sur le fluide est encore donné par l’intensité du Stokeslet
Fe CU
= . (4.27)
4πµ 2
33
La force de traı̂née, F = −Fe , sur le cylindre par unité de longueur s’écrit finalement
4πµ
F=− U (4.28)
ln(1/Re)
Dans le cas du cylindre, une solution approchée de l’équation d’Oseen a été calculé par Lamb
(voir le paragraphe 343 dans le livre de Lamb [25]). La résolution de ce problème faisant intervenir
la méthode des développements asymptotiques raccordés se trouve dans les références [22, 31] (voir
aussi le chapitre 8 du livre de Van Dyke [35]).
34
Chapitre 5
– La pression dynamique p est une fonction harmonique car elle satisfait l’équation de Laplace
∆p = 0.
– La solution générale de l’équation de Stokes est la somme d’une solution particulière v P et
d’une solution homogène vH .
– La solution particulière est vP = px/2µ, si la pression n’est pas une constante.
– La solution homogène vH est aussi une fonction harmonique qui satisfait ∆vH = 0.
– L’équation de continuité impose une condition supplémentaire sur v H qui s’écrit div vH =
−(3p + x · grad p)/2µ.
qui sont les harmoniques sphériques solides de degrès positifs correspondantes (pour plus de détails
voir le livre de Batchelor[3] à la section 2.10).
Cette méthode générale basée sur les propriétés harmoniques de l’équation de Stokes est très
efficace pour obtenir des solutions analytiques dans le cas de géométries simples comme nous l’avons
vu au chapitre 3. Pour des géométries plus complexes, on a recours à une solution numérique du
problème, par exemple la méthode des différences finies ou des éléments finis et la méthode des
intégrales de frontières que nous allons introduire dans la suite de ce chapitre.
35
5.2 Fonction de Green
La solution singulière des équations de Stokes ou fonction de Green de l’équation de Stokes
est appelé le stokeslet. Cette solution correspond à l’écoulement de Stokes créé par une force
ponctuelle, Fe , à l’origine
div v = 0, (5.3)
e
−grad p + µ∆v + F δ(x) = 0, (5.4)
où δ(x) est la fonction de Dirac.
Il y a différentes méthodes pour résoudre ces équations (voir par exemple la référence [23]) et
la solution fondamentale s’écrit
1 I xx 1
vS = ( + 3 ) · Fe = G · Fe , (5.5)
8πµ r r 8πµ
1 2µx 1
pS = · Fe = P · Fe , (5.6)
8πµ r3 8πµ
où vS est le stokeslet d’intensité Fe /8πµ avec le tenseur d’Oseen-Burgers
I xx
G= + 3. (5.7)
r r
Le tenseur des contraintes correspondant est
3 xxx · Fe
σS = − = Σ · Fe . (5.8)
4π r5
Nous retrouvons que le champ lointain (vu de l’infini) dû à une sphère qui exerce une force F e
sur le fluide est équivalent au champ dû à une force ponctuelle Fe centrée sur la sphère. Cela se
généralise pour une particule de forme quelconque comme nous allons le voir dans la suite.
36
Cette représentation montre qu’on peut trouver le champ de vitesse d’un écoulement de Stokes
dans un volume de fluide V en utilisant les valeurs de la vitesse et des efforts sur la frontière de
V . C’est à dire que pour une écoulement à trois dimensions, on se ramène à une résolution sur
une surface à deux dimensions. C’est la base d’une méthode numérique puissante, la méthode des
intégrales de frontières, utilisée pour résoudre les équations de Stokes dans le cas de géométries
complexes (pour plus de détails voir le chapitre 4 du livre de Kim et Karilla [23]).
Le premier terme du membre de droite de l’équation est le champ de vitesse créé par une
distribution surfacique de force. Ce terme est appelé potentiel de simple couche par analogie
avec l’électrostratique. La simple couche de charges distribuées sur la surface d’un conducteur
est remplacée, en hydrodynamique, par une simple couche de forces. Le second terme est appelé
potentiel de double couche. En électrostatique, cela correspond à une distribution surfacique de
dipôles électriques. En hydrodynamique, la structure est plus riche et contient une distribution
surfacique de dipôles de forces (pour plus de détails voir encore le livre de Kim et Karilla [23]).
En appliquant la représentation intégrale à l’extérieur ou à l’intérieur de la particule, le champ
de vitesse autour d’une particule solide avec un mouvement de corps solide U + Ω ∧ x dans un
écoulement ambient v∞ (x) prend une forme plus simple ne comprenant que le potentiel de simple
couche
G(x − x0 )
Z
∞
v(x) = v (x) − · [σ(x0 ) · n(x0 )] dS(x0 ), (5.11)
Ss 8πµ
où Ss est la surface de la particule. Cela montre que la perturbation crée par le mouvement de la
particule solide correspond à celle due à une distribution de forces ponctuelles sur la surface de la
particule. Ce résultat simple n’est bien sûr pas valable pour une goutte liquide où on a à la fois le
potentiel de simple couche et le potentiel de double couche.
où F (= −Fe ) est la force exercée par le fluide sur la particule. La particule est vue de l’infini
comme une force ponctuelle. C’est l’analogue hydrodynamique du fait que le potentiel de simple
couche électrostatique se réduise au champ d’une charge ponctuelle loin du conducteur.
Nous pouvons effectuer un développement aux ordres supérieurs avec comme coefficients les
moments de la force par unité de surface, σ(x0 ) · n(x0 ), et obtenir un développement en multipôles
similaire à celui de l’électrostatique
Le terme dominant, appelé monopôle, est le stokeslet avec un coefficient égal à la force qu’exerce
la particule sur le fluide, −F. Ce terme décroı̂t en 1/r et ne sera présent que si la particule et le
fluide exerce une force l’un sur l’autre. Le terme suivant décroı̂t en 1/r 2 car
37
et représente un dipôle de forces, DF .
Nous pouvons soustraire à DF sa partie isotrope car elle n’a pas d’intérêt dynamique puisque
le stokeslet satisfait l’équation de continuité, ∂Gik /∂xk = 0, puis décomposer le reste en une partie
symétrique et une partie antisymétrique
F 1 F
Djk − Dii δjk = Sjk + Tjk , (5.16)
3
où
1 1
Z Z
Sjk = [(σ · n)j x0k + (σ · n)k x0j ] dS − (σ · n) · x0 dS δjk , (5.17)
2 Ss 3 Ss
et
1
Z
Tjk = [(σ · n)j x0k − (σ · n)k x0j ] dS. (5.18)
2 Ss
La partie antisymétrique, appelé aussi couplet, s’identifie avec le couple G qu’exerce le fluide
sur la particule car Tjk = −jkl Gl /2. Le terme correspondant dans le développement en multipôle
s’écrit
1 ∂Gij 1 1 ∂Gij ∂Gik 1 −2xk Tik 1 ikl xk Gl
Tjk = [ ( − )]Tjk = = , (5.19)
8πµ ∂xk 8πµ 2 ∂xk ∂xj 8πµ r3 8πµ r3
en utilisant la relation (5.15) et les propriétés d’antisymétrie de Tjk . Le champ dû à la partie
antisymétrique du dipôle de force s’identifie avec le rotlet, v R , champ de vitesse dû à un couple
ponctuel.
La partie symétrique du dipôle de force est appelé le stresslet et le terme correspondant du
développement en multipôle s’écrit
1 ∂Gij 1 1 ∂Gij ∂Gik 1 −3xi xj xk Sjk
Sjk = [ ( + )]Sjk = , (5.20)
8πµ ∂xk 8πµ 2 ∂xk ∂xj 8πµ r5
en utilisant la relation (5.15) et les propriétés de symétrie de Sjk . Ce champ correspond à un
écoulement élongationnel centré sur l’origine. Nous verrons au chapitre 2 de la seconde partie que
la contribution des particules aux contraintes effectives d’une suspension est directement liée aux
stresslets des particules.
Pour une particule de forme quelconque, le développement en multipôles nécessite une infi-
nité de termes. Si on ne s’interresse qu’au champ lointain, les premiers termes du développement
peuvent suffire pour obtenir le comportement prédominant. Dans le cas des formes simples, comme
la sphère, le développement ne contient qu’un nombre fini de singularités correspondant aux
dérivées du tenseur d’Oseen-Burgers G et du quadrupôle dégénéré ∆G. La sphère en transla-
tion à vitesse U nécessite un monopôle ou stokeslet d’intensité −F = 6πµU et un quadrupôle
dégénéré
−Fj a2
vi = (1 + ∆)Gij . (5.21)
8πµ 6
La sphère en rotation à la vitesse Ω est juste représentée par un rotlet avec un couple exercé par
le fluide sur la sphère G = −8πµa3 Ω
1 ikl xk Gl
vi = . (5.22)
8πµ r3
La sphère immobile dans un écoulement élongationnel v ∞ = E∞ ·x est représentée par un stresslet
d’intensité S = (20/3)πµa3 E∞ et un octopôle dégénéré
38
Chapitre 6
Interactions hydrodynamiques
entre deux sphères solides
Les tenseurs Mmn sont appelés tenseurs de mobilité et représentent la réponse de la vitesse de
la mième sphère (m = 1,2) à la force appliquée sur la nième sphère (n = 1,2). Ces tenseurs ne
39
'$
1
&%
r
x1
2
U1
A
A
x2 U
A U2
0
Fig. 6.1 – Deux sphères en mouvement.
dépendent que de la position relative des deux sphères (r = x2 − x1 ), des rayons des sphères (a1
et a2 ) et de la viscosité du fluide (µ).
Lorsque r → ∞ (avec r = |r|) , chaque sphère se comporte comme si elle était seule et nous
avons U1 = Fe1 /(6πµa1 ) et U2 = Fe2 /(6πµa2 ) et les tenseurs de mobilité s’écrivent
I I
M12 = M21 = 0 , M11 = et M22 = . (6.2)
6πµa1 6πµa2
Si les sphères ont la même taille (a1 = a2 ), nous avons M11 = M22 et M12 = M21 par
symétrie. Si de plus les forces appliquées sont identiques Fe1 = Fe2 (par exemple si les sphères ont
la même masse volumique), nous obtenons U1 = U2 . Deux sphères identiques sédimentent avec la
même vitesse et conservent leurs orientation et séparation (résultat qui a été déduit directement
de la linéarité des équations de Stokes dans le chapitre 1).
Dans la formulation en terme de résistance, les tenseurs de résistance Rmn sont définis par
où les indices k (respectivement ⊥) indiquent les mouvements parallèles (respectivement perpen-
diculaires) à la ligne des centres. Les forces projetées sur ces deux directions s’écrivent
Fe · r r rr
Fek = ( ) = 2 · Fe , (6.5)
r r r
e
F · r r rr
Fe⊥ = Fe − ( ) = (I − 2 ) · Fe , (6.6)
r r r
où I est le tenseur identité du second ordre et rr est le produit tensoriel de r par r.
40
'$ '$ '$
Les tenseurs de mobilité peuvent se décomposer selon ces deux directions en suivant la des-
cription due à Batchelor [10]
1 rr rr
Mmn = [Xmn 2 + Ymn (I − 2 )], (6.7)
3πµ(am + an ) r r
où les coefficients scalaires Xmn et Ymn sont les coefficients de mobilité parallèles et perpendi-
culaires à la ligne des centres. Ces coefficients sont sans dimension et ne dépendent que de la
séparation sans dimension s = 2r/(a1 + a2 ) et du rapport des rayons des sphères l = a2 /a1 .
Les vitesses de translation des deux sphères s’écrivent finalement
1 rr rr
U1 = [X11 2 + Y11 (I − 2 )] · Fe1
6πµa1 r r
1 rr rr
+ [X12 2 + Y12 (I − 2 )] · Fe2 ,
3πµ(a1 + a2 ) r r
1 rr rr
U2 = [X21 2 + Y21 (I − 2 )] · Fe1
3πµ(a1 + a2 ) r r
1 rr rr
+ [X22 2 + Y22 (I − 2 )] · Fe2 . (6.8)
6πµa2 r r
Lorsque les sphères sont très éloignées (s → ∞), chaque sphère se comporte comme si elle était
isolée et les coefficients de mobilité deviennent
41
Le théorème de réciprocité implique que
ek ek
U1 (a) · 0 + U2 (a) · F2 = U1 (b) · F1 + U2 (b) · 0, (6.12)
en notant que les intégrales sur la surface à l’infini s’annulent car les champs de vitesse décroissent
en 1/r et les contraintes en 1/r 3 . En utilisant les formules (6.8), nous obtenons
ek ek ek ek
X21 F1 F2 = X12 F2 F1 , (6.13)
ek ek ek ek ek ek
où F1 = |F1 | et F2 = |F2 |. Cette relation est valable pour tous F1 et F2 et nous trouvons
finalement X12 = X21 . Une démonstration similaire peut être faite pour démontrer que Y12 = Y21 .
En échangeant le rôle des sphères 1 et 2, nous obtenons les relations de symétrie suivantes
X11 (s,l) = X22 (s,l−1 ),
Y11 (s,l) = Y22 (s,l−1 ),
X12 (s,l) = X21 (s,l−1 ),
Y12 (s,l) = Y21 (s,l−1 ). (6.14)
En combinant les relations (6.11) et (6.14), nous obtenons aussi
X12 (s,l) = X21 (s,l) = X12 (s,l−1 ) = X21 (s,l−1 ),
Y12 (s,l) = Y21 (s,l) = Y12 (s,l−1 ) = Y21 (s,l−1 ). (6.15)
42
car on a ∆2 v1S = 0.
Cette expression permet d’obtenir les termes du développement de la vitesse jusqu’à l’ordre
(1/r3 ) inclus
1 1 I rr
U2 (1) = Fe2 + ( + 3 ) · Fe1
6πµa2 8πµ r r
(a21 + a22 ) I rr 1
+ ( 3 − 5 ) · Fe1 + O( 4 ),
8πµ 3r r r
2 2
1 1 rr 3 a 1 + a2
= Fe2 + · F e
1 ( − )
6πµa2 3πµ r2 4r 4r3
1 rr 3 a2 + a 2 1
+ (I − 2 ) · Fe1 ( + 1 3 2 ) + O( 4 ). (6.21)
3πµ r 8r 8r r
En identifiant les différents termes avec ceux des équations (6.8), nous obtenons l’expression des
coefficients de mobilité jusqu’à l’ordre (1/r 3 ) inclus
1
X22 = 1 + O( ), (6.22)
r4
1
Y22 = 1 + O( 4 ), (6.23)
r
3(a1 + a2 ) (a1 + a2 )(a21 + a22 ) 1
X21 = − + O( 4 ), (6.24)
4r 4r3 r
3(a1 + a2 ) (a1 + a2 )(a21 + a22 ) 1
Y21 = + 3
+ O( 4 ). (6.25)
8r 8r r
Ces coefficients s’écrivent aussi
rotation pure et un écoulement de déformation pure. Des forces et couples stationnaires agissent
aussi sur les particules et produisent un mouvement de corps solide de la particule de la forme
U + Ω ∧ x. Ces forces et couples compensent les forces hydrodynamiques qui agissent sur les
particules.
43
Dans la formulation en terme de résistance, les quantités connues sont les vitesses des particules
et l’écoulement ambient et on cherche les moments de la distribution des contraintes sur la surface
des particules
−v∞ (x1 ) + U1
F1
F2 −v∞ (x2 ) + U2
∞
= −R −Ω∞ + Ω1 .
G1
G2 −Ω + Ω2 (6.30)
∞
S1 −E
S2 −E∞
Cette formulation peut s’étendre à un système de N particules. Et on peut aussi écrire le problème
en terme de mobilité. Tous les détails peuvent être trouvés dans le livre de Kim et Karilla [23].
Il est important de mentionner, à ce stade, une méthode numérique puissante, la dynamique
stokesienne [11]. Elle simule le comportement de plusieurs particules suspendues ou dispersées
dans un fluide où la dynamique des particules est calculée par une approche de type Langevin
avec un couplage à N particules (nous verrons l’équation de Langevin au chapitre 1 de la partie 2).
Pour décrire les interactions hydrodynamiques entre particules, cette méthode utilise une grande
matrice de résistance à N particules qui tient compte à la fois de la lubrification à courte distance
et des interactions hydrodynamiques multicorps à plus longue distance.
6.7 Exercices
6.7.1 Sédimentation d’un doublet et d’un triplet de particules
On se place dans le cadre de l’approximation point force, stokeslet, et des interactions de paires.
On va utiliser la méthode des réflexions en n’effectuant le calcul que jusqu’à la première réflexion.
Le principe du calcul est d’estimer la vitesse induite sur une sphère par l’écoulement dû à une
autre. Ce calcul n’est fait qu’à l’ordre le plus bas. On utilisera l’expression de la vitesse due à un
stokeslet (c’est à dire une force ponctuelle Fe au centre de la sphère) en coordonnées sphériques
(r, θ, ϕ) telles que l’axe où θ = 0 coı̈ncide avec la direction de Fe
Fe
vS = (2 cos θ, − sin θ,0),
8πµr
où F e = |Fe |.
1. On examine tout d’abord le problème de la sédimentation de deux sphères identiques de
rayon a dont les centres sont séparés par une distance l a.
(a) Montrer que ces sphères sédimentent avec la même vitesse et conservent leurs orientation
et séparation.
(b) Calculer cette vitesse et donner ses composantes verticale et horizontale en fonction de
la vitesse de Stokes (vitesse de sédimentation d’une sphère isolée), le rapport a/l et
l’angle α que fait la droite passant par les centres des sphères avec la verticale orientée
dans le sens de la gravité.
(c) Calculer l’angle de chute du doublet avec la verticale.
(d) Calculer la vitesse dans le cas où les centres sont situés sur une même horizontale et
dans le cas où les centres sont situés sur une même verticale. Comparer ces valeurs entre
elles ainsi qu’avec la vitesse de Stokes et commenter.
2. On considère ensuite le cas de trois sphères identiques de rayon a dont les centres sont
situés sur une même horizontale et équidistants à une longueur l a. Calculer la vitesse de
sédimentation de chaque particule constituant le triplet en fonction de la vitesse de Stokes
et du rapport a/l. Comparer ces valeurs entre elles et commenter les résultats obtenus.
3. Faire les mêmes calculs et comparaisons dans le cas de trois sphères identiques de rayon a
dont les centres sont situés sur une même verticale et équidistants à une longueur l a.
44
z
'$ 6
Sphère 2 z = z2
U2
&%
? Agrandissement 6
h(r) h0 { - r
−→ ?
6
U1
Sphère 1 z = z1
Fig. 6.3 – Deux sphères très proches se déplaçant l’une vers l’autre le long de leur ligne de centres.
1. La première étape consiste à approcher les surfaces sphériques par des paraboloı̈des pour les
petites valeurs de r. Montrer que la distance entre les surfaces des deux sphères s’écrit pour
r a1 et a2 (voir les notations de la figure 6.3)
r2
h(r) = z2 − z1 = h0 + , (6.31)
2a
où a = a1 a2 /(a1 + a2 ).
2. La deuxième étape consiste à considérer que l’écoulement est approximativement unidirec-
tionnel dans le petit espace entre les sphères et qu’on peut utiliser la théorie de la lubrifi-
cation. Déterminer tout d’abord les échelles de longueur et de vitesse du problème. Écrire
l’équation de continuité et les composantes de l’équation de la quantité de mouvement suivant
r et z. Montrer que la composante de vitesse suivant r est
1 dp
u(r,z) = (z − z1 )(z − z2 ), (6.32)
2µ dr
45
Deuxième partie
46
Chapitre 1
Mouvement brownien
1.1 Introduction
De petites particules en suspension dans un fluide ont un mouvement d’agitation thermique
dû au bombardement incessant par les molécules qui constitue le fluide. Ce phénomène a été
découvert au début du 19e siècle par un botaniste écossais, Robert Brown, en examinant des grains
de pollens en suspension dans de l’eau sous microscope. À cause des fluctuations de vitesse d’origine
thermique, V 02 ∼ kT /Ms (où kT est l’énergie de Boltzman et Ms la masse d’une particule), les
particules effectuent une marche aléatoire. Bien que ces fluctuations soient en moyenne nulles, elles
ont une moyenne de carré du déplacement. Ce phénomène est appelé mouvement brownien.
Ce mouvement d’une particule a été dessiné d’après observation par Jean Perrin en 1912. Jean
Perrin a représenté les positions des la particules toute les 30 secondes mais avait noté que de
tels graphiques “ne donnent qu’un faible aperçu de l’extraordinaire discontinuité de la trajectoire
réelle”. Si on agrandit une petite partie de la trajectoire et que la position de la particule est repérée
100 fois plus souvent on retrouve à une autre échelle la complexité de la trajectoire initiale. Le trajet
d’une particule animé d’un mouvement brownien est un des phénomènes dont la caractéristique
est d’être semblable à lui-même à chaque agrandissement, autosimilaire.
Pour une suspension contenant beaucoup de particules, ces marches aléatoires conduisent à
un processus de diffusion de la concentration en particules c(x,t) obéissant à une équation de
convection diffusion de la forme
∂c
+ div vc = div (D0 · grad c), (1.1)
∂t
où D0 est le tenseur de diffusivité. Le mouvement moyen peut être donné par la sédimentation ou
bien un écoulement du fluide.
La quantité importante à mesurer est donc la diffusivité. Nous allons la calculer tout d’abord
en ne tenant pas compte des interactions hydrodynamiques entre particules (cas d’une suspension
très diluée) à l’aide d’une approche macroscopique due à Einstein et puis avec une approche
microscopique due à Langevin (voir les références [13, 19, 33]. Les diffusivités de la marche aléatoire
et du processus de diffusion de gradient sont identiques dans ce cas là.
47
Le flux total est donc la somme d’un flux convectif résultant du champ de force extérieur et
d’un flux diffusif
j = cU − D0 · grad c, (1.2)
où U = R−1 e
F U · F est la vitesse de la particule résultant de la force extérieure en utilisant la
matrice de résistance liant la force à la vitesse présentée au chapitre 2 de la première partie.
À l’équilibre, il n’y a pas de flux de particules j = 0 et donc
D0 · grad c = cU
= cR−1
FU · F
e
= −cR−1
F U · grad V, (1.3)
en utilisant le fait que la force extérieure dérive du potentiel V . De plus, à l’équilibre thermody-
namique, la concentration des particules est donnée par la distribution de Maxwell-Boltzmann
d’où grad c = −cgrad V /kT . En combinant ces résultats, nous trouvons que
Cette équation doit être vrai pour tout potentiel V arbitraire et donc nous trouvons la valeur de
la diffusivité
D0 = kT R−1FU, (1.6)
qui est la relation de Stokes-Einstein.
Pour une particule shérique, le tenseur D0 est isotrope car le tenseur de résistance est isotrope
et nous trouvons que la diffusivité est égale à
kT
D0 = , (1.7)
6πµa
qui a la dimension d’une longueur au carré sur un temps et où a est la rayon de la sphère.
Nous n’avons étudié que la diffusion de translation mais l’approche se généralise à la diffusion
de rotation. Il existe alors un gradient en concentration dans l’espace des orientations et, pour une
sphère, la diffusivité de rotation est
kT
D0r = , (1.8)
8πµa3
qui a la dimension de l’inverse d’un temps.
Un autre manière de voir la relation de Stokes-Einstein est de considerer que la force extérieure
équilibre une force thermodynamique
grad c
F e = R F U · U = R F U · D0 · = kT · grad(ln c), (1.9)
c
avec une force thermodynamique −kT grad ln c.
On peut généraliser cette vision macroscopique en écrivant la loi de conservation du nombre
de particules. Nous allons suivre une approche probabiliste en utilisant la densité de probabilité
P (x,t) pour trouver une particule en x au temps t. Cette densité est conservée et satisfait
∂P
+ div j = 0, (1.10)
∂t
R
avec comme normalisation requise P (x,t)dx = 1.
48
En suivant l’approche précédente d’Einstein nous écrivons le flux total j comme la somme de
deux termes, un flux convectif P U et un flux diffusif −D0 · grad P
j = P U − D0 · grad P
= P R−1 e −1
F U · F − kT RF U · grad P
grad P
= P R−1 e
F U · (F − kT )
P
−1 e
= P RF U · (F − kT grad ln P ). (1.11)
∂P (x,t)
+ div[ R−1 e
F U · (F − kT grad ln P )P ] = 0. (1.12)
∂t
Cette équation d’évolution permet de déterminer la microstructure de la suspension. Elle peut se
généraliser à une équation de Smoluchowski pour un ensemble de N particules interagissant entre
elles à travers des forces hydrodynamiques, extérieures (interactions colloı̈dales par exemple) et
browniennes. Cette équation est à la base de la méthode numérique de dynamique stokesienne [11]
dont nous avons déjà parlé au chapitre 6 de la première partie et est équivalente à la description
en terme d’équation de Langevin avec un couplage à N particules (dans la section suivante nous
présenton l’équation de Langevin pour une particule).
À l’équilibre, ∂P/∂t = 0, le flux est nul j = 0 et la force extérieure équilibre la force thermo-
dynamique
Fe = −grad V = kT grad ln Peq . (1.13)
La densité de probabilité à l’équilibre Peq est donné par la distribution de Maxwell-Boltzmann
où la constante de proportionnalité est donné par la normalisation. Dans ce cas là, la structure de
la suspension est indépendante de l’hydrodynamique.
d
(Ms U) = Fh + Fb + Fe , (1.15)
dt
où la force hydrodynamique est donné par Fh = −RF U · U.
La force brownienne a une moyenne d’ensemble nulle mais a des corrélations temporelles non
nulles qui sont très petites (∼ 10−11 pour de l’eau) par rapport au temps de relaxation correspon-
dant à la relaxation vers zéro de la vitesse d’une particule qui a recu une impulsion = M s / | RF U |
(= Ms /6πµa ∼ 10−7 pour une sphère de 1 µm de masse volumique double de celle de l’eau où
elle est en suspension). On peut donc faire une approximation de bruit blanc. La force brownienne
satisfait les deux équations
hFb (t)i = 0,
hF (0)F (t)i = Fc δ(t),
b b
(1.16)
49
où δ(t) est la fonction de Dirac. Le tenseur constant inconnu Fc qui représente l’amplitude des
corrélations est déterminé par le théorème d’équipartition de l’énergie (thèorème de fluctuation-
dissipation) qui énonce qu’à l’équilibre, l’énergie cinétique est répartie de façon égale selon les trois
modes de translation de la particule
1 1
Ms hUUi = kT I, (1.17)
2 2
où I est le tenseur identité. Cette relation impose une définition de la température.
Nous pouvons intégrer l’équation de Langevin (sans force extérieure) avec comme conditions
initiales
x(0) = 0 et U(0) = 0. (1.18)
La solution, somme d’une solution de l’équation homogène et d’une solution particulière trouvée
par variation de la constante, est
Z t
1 b 0 − | RF U |
U(t) = F (t ) exp[ (t − t0 )]dt0 . (1.19)
0 M s M s
50
1.4 Les différents processus de diffusion
En fait, il y a différentes sortes de coefficients de diffusion ou diffusivités. Il se trouve qu’à
dilution infinie (c → 0), les diffusivités se réduisent toutes à la relation de Stokes-Einstein mais ce
n’est plus le cas à des concentrations plus élévées. En suivant la formulation de l’article de revue
de Brady et Bossis [11] dérivée des travaux de Batchelor [8], on peut définir au moins trois types
de processus de diffusion dans les dispersions colloı̈dales et donc trois diffusivités
1. La self-diffusivité aux temps courts qui mesure la mobilité locale instantanée de la particule
sur une échelle de temps longue devant le temps de relaxation de la particule (= Ms /6πµa)
mais courte devant le temps diffusif (= a2 /D0 , temps que met une particule à diffuser d’une
distance égale à son rayon) est donnée par la moyenne d’ensemble sur toutes les configurations
Ds0 = kT hR−1 F U,ii i où les indices répétés indiquent que seuls les termes diagonaux reliant les
self-vitesses aux self-forces sont à prendre en compte.
2. La self-diffusivité aux temps longs correspond à des déplacements pour des temps bien plus
long que ce temps diffusif si bien que la particule a effectué une marche au hazard loin de sa
position initiale et est définie par la moitié de la pente de la variance du déplacement quand
t → ∞, Ds∞ = limt→∞ (1/2)dh(xi − hxi i)2 i/dt.
3. La diffusivité collective ou de gradient est le coefficient du flux de la loi de diffusion (ou loi
de Fick) j = −Dc · grad c en réponse à un gradient de concentration.
On peut regarder dans le cas le plus simple de la self-diffusion aux temps courts de quelle
manière les interactions entre particules vont influencer le transport. Nous devons calculer la
mobilité, c’est-à-dire la vitesse d’une particule quand une force est appliquée à cette particule au
sein d’une suspension de particules sans force ni couple
Z
(0)
hU1 i = U1 + U12 P (x2 | x1 )dV (x2 ), (1.25)
|x2 −x1 |≥2a
où U12 est la vitesse de la particule 1 due à la particule 2 et P (x2 | x1 ) la densité de probabilité
pour trouver la particule 2 en x2 ayant la particule 1 en x1 , en intégrant sur toutes les particules 2.
Dans le cas de la self-diffusion aux temps courts, la structure est connue ; c’est la distribution
de Maxwell-Boltzmann. Si les seules interactions sont d’origine hydrodynamique, cas de sphères
dures, nous avons besoin de la fonction de distribution de paires pour une suspension de sphères
dures que l’on connait en physique statistique
où c(= n4πa3 /3) est la fraction volumique de la suspension et s = r/a. La self-diffusivité est alors
Z ∞
s kT I
D0 = [1 + c (X11 (s) + 2Y11 (s) − 3)g(s)s2 ds], (1.28)
6πµa 2
51
Fig. 1.1 – Comparaisons entre differents résultats expérimentaux, de dynamique stokesienne et
prédictions théoriques en fonction de la concentration (notée ici φ) pour des sphères dures brow-
niennes compilées par John Brady.
avec X11 = 1 + O(s−4 ) et Y11 = 1 + O(s−4 ) (voir le chapitre 6 de la première partie et les tables
des coefficients de mobilité dans le livre de Kim et Karilla [23]). Dans le cas dilué, la fonction
de distribution de paire pour des sphères dures browniennes vaut g(r) = 1. L’intégrale converge
car X11 (s) + 2Y11 (s) − 3 = O(s−4 ) décroı̂t plus vite que s−3 et vaut ∼ −1,83. Finalement nous
trouvons pour la self-diffusivité aux temps courts
Trouver analytiquement les termes d’ordres supérieurs en c est plus difficile à cause des interactions
hydrodynamiques multicorps mais cela peut se faire numériquement en particulier avec la méthode
de dynamique stokesienne.
Le calcul de la self-diffusivité aux temps longs est plus délicat car la structure de la suspension
change lors du mouvement diffusif de la particule. Dans la limite d’une suspension diluée, on trouve
Les diffusivités peuvent être mesurées par des expériences de diffusion de la lumière (voir pour
plus de détails le livre de Russel, Saville et Schowalter [33]). Les self-diffusivités sont mesurées en
marquant une petite quantité de particules et en suivant leur mouvement. Les self-diffusivités à
temps courts et longs sont respectivement les limites de la diffusion de traceurs aux longues et
courtes longueurs d’ondes. Ce n’est qu’à ces deux extrèmes que le mouvement est diffusif. Pour
les temps intermédiaires, la particule marquée en diffusant perturbe son environement local et la
réaction de la structure perturbée conduit à un mouvement non diffusif. Le mouvement redevient
52
diffusif aux temps long après que la particule traceur a pu rencontrer de nombreux environements
perturbés indépendents et que le théorème de la limite centrale s’applique. Cette succession de
distortion et puis relaxation de la structure locale retarde le mouvement du traceur et fait que la
self diffusivité aux temps longs est plus faible que celle aux temps courts. Le temps de relaxation
de la structure est de l’ordre de a2 /D∞s
car les particules de la structure locale perturbée (appelé
aussi cage) doivent bouger d’une distance de l’ordre de leur taille pour libérer la particule traceur.
Quand on augmente la concentration, il devient de plus en plus difficile de perturber et relaxer
la structure et le mouvement du traceur ralentit pour finalement s’arreter lorsque l’empilement
compact est atteint. Les comportements des differentes diffusivités sont donnés sur la figure 1.1.
53
Chapitre 2
2.1 Introduction
Comme nous l’avons vu aux chapitres 3 et 5 de la première partie, une particule rigide dans
un écoulement ambient peut avoir un mouvement de corps solide de façon à satisfaire les condi-
tions de vitesse et vorticité de l’écoulement ambient tout en étant suspendue librement dans
l’écoulement, c’est-à-dire sans force ni couple extérieur. Par contre une particule rigide ne possède
pas de mécanisme pour répondre au mouvement de déformation local et généralement le stresslet
n’est pas nul. Donc, dans un écoulement ambient, une particule suspendue librement sans force
ni couple produit une perturbation qui décroı̂t en | x−2 | due à la partie symétrique du dipôle de
forces. Cela va produire une augmentation du taux de dissipation visqueuse de l’énergie mécanique.
Une suspension de particules rigides a donc une viscosité effective plus grande que celle du fluide
pur. Nous allons voir dans la section suivante que la contrainte effective d’une suspension est
directement reliée aux stresslets des particules.
en décomposant sur la portion fluide du domaine Vf et sur la portion du volume constituée des
particules Vp avec V = Vf + Vp .
Les contraintes dans les particules rigides sont indéterminées mais on peut écrire
∂(σik xj ) ∂(σik )
Z Z Z
σij dV = dV − xj dV
Vp Vp ∂x k Vp ∂xk
54
∂(σik )
Z Z
= σik xj nk dS − xj dV, (2.2)
Sp Vp ∂xk
en incluant la partie isotrope de la contrainte dans peff et où la contribution des particules au
tenseur des contraintes est donnée par
1 Sij + Tij
Z
p
σij = [(σik nk )xj − µ(vi nj + vj ni )]dS = . (2.5)
V Sp V
1 2
Z
Sij = [(xj σik + xi σjk − δik σll xl )nk − 2µ(vi nj + vj ni )]dS, (2.6)
2 Sp 3
et
1
Z
Tij = [(xj σik − xi σjk ).nk ]dS. (2.7)
2 Sp
Le tenseur des contraintes des particules ne contient une partie antisymétrique que s’il a des
couples exercées sur les particules. D’autre part, pour des particules rigides ayant un mouvement
de corps solide, la partie de l’intégrale du stresslet impliquant la vitesse est nulle (pour le champ de
vitesse associé à la particule, le tenseur des taux de déformation est nul et la pression constante).
En intégrant sur la surface de toutes les particules et en les supposant identiques, nous pouvons
remplacer les sommations sur le grand nombre de particules par une moyenne d’ensemble
1 N 1 N
Σ1 S = hSi et Σ T = hTi (2.8)
N N 1
Nous pouvons alors exprimer le tenseur des contraintes des particules par des moyennes d’ensemble
du stresslet et du couplet
σ p = nhSh i + nhTh i, (2.9)
où n est le nombre de particules par unité de volume et où l’exposant indique la nature purement
hydrodynamique de la contribution au tenseur des contraintes des particules.
Si les particules sont soumises à des forces extérieures, par exemple des forces d’interactions
entre particules, le terme que nous avons laissé tomber plus haut n’est plus nul (div σ 6= 0) et nous
devons rajouter à cette équation une contribution élastique directe comme dans un solide
où Fp est la force d’interaction entre particules par unité de volume et x la position des particules.
55
Si le mouvement brownien est important, il y a une contribution directe du même type hxFi
venant de la force thermodynamique −kT grad ln P définie dans l’approche de Smoluchowski au
chapitre 1 de cette partie. Il y a aussi une vitesse des particules due à cette force et donc une contri-
bution au tenseur des contraintes des particules. La somme de ces deux effets est la contribution
brownienne au tenseur des contraintes des particules nhSb i.
Finalement, le tenseur des contraintes effectif est la somme de toutes ces contributions et on
peut écrire de façon générale
µeff 5
= 1 + c. (2.13)
µ 2
Pour calculer la viscosité effective à l’ordre supérieur en concentration, nous devons considerer
les interactions de paires de la même manière que dans l’analyse de la self-diffusion faite au chapitre
1 de cette partie Z
(0)
hS1 i = hS1 i + S12 P (x2 | x1 )dV (x2 ), (2.14)
|x2 −x1 |≥2a
où S12 est le stresslet de la particule 1 due à la particule 2 et P (x2 | x1 ) la densité de probabilité
pour trouver la particule 2 en x2 ayant la particule 1 en x1 , en intégrant sur toutes les particules
(0)
2. La particule 2 se comporte comme un stresslet non perturbé hS2 i qui crée un champ de vitesse
qui décroı̂t en 1/r 2 . Ce champ de vitesse induit un stresslet sur la particule 1 proportionnel à
grad(1/r2 ) ∼ 1/r3 . Pour une suspension diluée de sphères dures, P (x2 | x1 ) = ng(| r |) = n et
l’intégrale est de la forme Z ∞
r−3 r2 dr, (2.15)
2a
et ne converge pas.
La résolution de ce problème a été réalisée par Batchelor [4, 9] et d’autres auteurs par la suite
(voir pour plus de détails le livre de Russel, Saville et Schowalter [33] et celui de Kim et Karilla
[23]). Pour une suspension de sphères dures (état d’équilibre uniforme), la viscosité effective est
µeff 5
= 1 + c + 5.2c2 + O(c3 ), (2.16)
µ 2
à laquelle on peut ajouter une contribution brownienne venant de la fonction de distribution de
paires hors d’équilibre 0.99c2 . En l’absence de mouvement brownien, la détermination de la fonction
de distribution de paires ne peut être effectuée que dans le cas d’un écoulement de déformation
pure et on trouve
µeff 5
= 1 + c + 7.6c2 + O(c3 ). (2.17)
µ 2
56
Fig. 2.1 – Comparaison entre résultats expérimentaux et de simulations de dynamique stokesienne
pour la viscosité en fonction du nombre de Péclet tiré de l’article de Foss et Brady [15].
La fonction de distribution de paire est singulière au contact entres les particules (r/a = 2). Elle
est plus grande que 1 à faible r/a et décroı̂t vers 1 quand r augmente. Cette augmentation en
proches voisins (g(r) > 1 à faible r) induite par les interactions hydrodynamiques conduit à un
coefficient 7.6 1 plus grand que le précédent de 5.2 trouvé pour un distribution uniforme et à un
comportement légèrement rhéoépaississant. Pour un écoulement de cisaillement simple, le calcul
n’a pas encore été possible. La difficulté vient du fait que les sphères forment des doublets dont
on ne peut pas suivre l’histoire par rapport aux conditions à l’infini.
Trouver analytiquement les termes d’ordres supérieurs en c est là aussi plus difficile et nous
allons présenter dans la section suivante quelques comparaisons entre résultats expérimentaux et
simulations numériques montrant le comportement non-newtonien des suspensions de particules.
57
Fig. 2.2 – Comparaison entre résultats expérimentaux et de simulations de dynamique stokesienne
pour la viscosité en fonction de la fraction volumique dans la limite d’un faible nombre de Péclet
tiré de l’article de Foss et Brady [15].
µeff c α
= (1 − ) , (2.20)
µ cmp
où α ∼ 2 et où cmp est la concentration maximale pour des sphères dures empilées aléatoirement.
Une autre manifestation du caractère non-newtonien concerne les phénomènes de migration
de particules dans des suspensions concentrés sous écoulement. Par exemple, dans un écoulement
induit par différence de pression c’est-à-dire de type Poiseuille, les particules peuvent migrer vers
le centre de la conduite. On a décrit tout d’abord ce type de phénomènes par des modèles ad hoc
de diffusion (diffusion due au cisaillement, aux gradients de concentration, par exemple) [1]. Plus
récemment, on a pu montré que la migration pouvait être due aux contraintes normales résultant
de l’anisotropie de la structure des particules [30, 28].
58
Chapitre 3
Sédimentation
F = −6πµaU. (3.1)
Une sphère de masse volumique uniforme ρs > ρ sédimentant sous l’effet de la gravité est soumise
à une force extérieure (poids - poussée d’Archimède)
4 3
Fe = πa (ρs − ρ)g. (3.2)
3
En écrivant F + Fe = 0, on en déduit la vitesse de sédimentation de la sphère ou vitesse de Stokes
(voir la figure 3.1)
2 a2
U = US = (ρs − ρ)g. (3.3)
9 µ
Nous avons aussi étudié le champ de vitesse autour de la sphère dans le chapitre 3 de la première
partie et le point important est qu’il décroı̂t très lentement en O(1/r) autour de la sphère.
g
?
?
US
59
'$
• ••
• • • •• • g
• • ••
&%
•••
?
?
UN
où N est le nombre de particules dans le nuage et R son rayon. Le facteur 4 correspond à la
traı̂née pour une bulle de gaz (= 4πµRU) et fonctionne bien pour un nuage dilué à faible viscosité
intérieure. Lorsque la concentration est plus élevée et que la viscosité intérieure du nuage augmente,
il faut prendre un facteur 6, ce qui correspond à la traı̂née pour une sphère rigide (= 6πµRU). Le
nuage tombe en général plus rapidement qu’une particule isolée. En effet la concentration dans le
nuage vaut
a3
c = N 3, (3.5)
R
ce qui donne
3R2
UN = cUS . (3.6)
2a2
Ces calculs ne sont valables que si le nombre de Reynolds décrivant la dynamique du nuage reste
faible, ce qui n’est pas toujours le cas en pratique. De plus le nuage n’est jamais une sphère parfaite
et il se déstabilise en un tore qui lui-même est instable et se déstabilise par la suite.
60
1
A
A
U
A U r
α
x1
2 g
A
A
x2 U
A U ?
0
Fig. 3.3 – Sédimentation d’un doublet de sphères.
1.8
1.7
1.6
1.5
UD/US
1.4
1.3
1.2
1.1
1
2 3 4 5 6 7 8
r/a
Fig. 3.4 – Vitesse du doublet, UD /US , en fonction de la distance normalisée entre les sphères,
r/a, pour α = π/2 (?) et α = 0 (◦).
1
2 1
1
2
3 g
2
3
?
3
Fig. 3.5 – Sédimentation d’un triplet.
61
Fig. 3.6 – Fonction de freinage obtenu en suivant des sphères marquées au sein d’une suspension
d’après [29]. La courbe en pointillé est la loi de Richardson et Zaki.
où U12 est la vitesse de la particule 1 due à la particule 2 et P (x2 | x1 ) la densité de probabilité
pour trouver la particule 2 en x2 ayant la particule 1 en x1 , en intégrant sur toutes les particules 2.
Pour une suspension diluée de sphères dures, on a encore P (x2 | x1 ) = ng(| r |) = n. Le champ de
vitesse créé par la particule 2 sur la particule 1 décroı̂t en 1/r et donc l’intégrale est de la forme
Z ∞
r−1 r2 dr, (3.10)
2a
et diverge. Cette forte divergence est due à la longue portée des interactions hydrodynamiques.
Nous remarquons que le problème de la divergence qui apparaissait au second ordre en concentra-
tion pour le calcul de la viscosité, intervient ici au premier ordre.
Le problème a été encore résolu par Batchelor [6] (voir pour plus de détails le livre de Russel,
Saville et Schowalter [33]) et la vitesse moyenne de sédimentation est
hU i
= 1 − 6.55c + O(c2 ). (3.11)
US
L’effet physique dominant est le contre-écoulement de fluide. L’existence d’un fond de récipient
contenant la suspension fait que la vitesse moyenne de la suspension (particule + fluide) est
nulle (du moins en première approximation). Si les particules tombent, le fluide en compensation
remonte. Ce contre-écoulement frêne la chute des particules d’autant plus que la concentration est
élevée. La vitesse moyenne de sédimentation est plus faible que la vitesse de Stokes.
62
Fig. 3.7 – Trajectoires de particules dans le référentiel du laboratoire (a) et dans le référentiel de
la vitesse moyenne de sédimentation d’après [29].
L’expression de Batchelor n’étant valable que pour de faible concentrations, on utilise souvent
dans la pratique une loi empirique due à Richardson et Zaki [32]
hU i
= f (c) = (1 − c)5 , (3.12)
US
où la fonction f (c) est appelée fonction de freinage (en anglais “hindered settling”). Nous donnons
un exemple de mesure expérimentale en bon accord avec cette loi empirique sur la figure 3.6.
63
√ √
N/2 + N N/2 − N
Fig. 3.9 – Photographies de la suspension de fibres à différents instants après le mélange initial
montrant la formation de paquets, d’après [18] : t/tSk = 11 ± 2 (a), t/tSk = 21 ± 4 (b),
t/tSk = 78 ± 14 (c),t/tSk = 129 ± 24 (d) où tSk est le temps pour qu’une fibre verticale
isolée se déplace d’une demi longueur. L’échelle est de 1 mm.
64
Les fluctuations à l’échelle de la taille de la boite sont donc dominantes. Expérimentalement, on
observe en effet des fluctuations de cet ordre au début de la sédimentation (juste après l’arrêt
du mélange initial des particules) mais la taille et l’amplitude des fluctuations diminuent avec le
temps. Il semblerait que la taille ultime obtenue soit de l’ordre de 20 distances moyennes entre
particules (la distance moyenne entre particules est la taille ultime en dessous de laquelle on ne
peut avoir de mélange). Les recherches sont très actives dans le domaine à l’heure actuelle et le
problème reste très ouvert.
65
Bibliographie
66
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