Vous êtes sur la page 1sur 3

UN PILIER DE L’ÉTAT MONARCHIQUE : LES FINANCES

1 - LES RESSOURCES DE LA MONARCHIE : NATURE ET EVOLUTION

A - L'ordinaire et l'extraordinaire

 L'impôt extraordinaire est devenu au fil du temps le principal.


 Il existe toujours en 1500 une différence entre l'impôt extraordinaire et ordinaire : Les recettes ordinaires
proviennent du domaine corporel, des voies publiques, des extractions minières (1/10e pour le roi), du
domaine incorporel (droits que le roi lève en matière féodale), et de la règle des 4 cas : il marie sa fille, arme
son fils, part en croisade, doit être libéré contre une rançon. Les recettes ordinaires ne représentent que 2 %.
 Les recettes extraordinaires sont réparties entre la taille qui pèse sur les sujets, et des impôts indirects
(sorte de TVA, pourcentage sur la consommation comme la gabelle sur le sel établie au milieu du XIVe
siècle). La taille représente 84 % des recettes totales, les impôts indirects 14 %.
 Après 1439, le roi lève tous les ans ces recettes extraordinaires sans demander l’avis de ses sujets

B - Les autres ressources

 Des traites qui portent aussi bien sur les importations que les exportations (les maltôtes). Il existe des
frontières intérieures : la circulation des marchandises est soumise à des taxes.
 Les décimes sont des prélèvements irréguliers d’1/10e des ressources du clergé, au nom du pape, au
prétexte d’une croisade
 Autre ressource : l’emprunt. Les rois empruntent. Par exemple Louis XI en 1435 pour racheter les villes
de la Somme. En 1512, presque 15 % des fonds empruntés viennent de l’entourage du roi, 30 % des grands
financiers et officiers
 Le roi vend des offices. La vénalité des offices est officiellement reconnue en 1502.

C - L’évolution des prélèvements

 La dernière année du règne de Louis XII, la somme s’élève à 4 millions de livres tournois. La dernière
année de Charles VII, elle était de 1,8 millions
 Sous le règne de Louis XI, l’augmentation est énorme. À sa mort, la somme a atteint 4,6 million de livres.
L’impôt est devenu écrasant. Le roi écrase ainsi la concurrence des nobles
 La principale revendication des députés aux états généraux de 1483 est de diviser par 3 la charge fiscale
qui pèse sur le royaume.

2 - L’ORGANISATION DE L’ÉTAT PERCEPTEUR

Les structures mises en place au XIVe siècle évoluent peu.

A - Fixation, assise et collecte de l’impôt

 Le roi en son Conseil fixe les sommes, avec une proportion variable pour les aides et une gabelle qui n’est
pas partout la même (elle est plus faible dans les régions de marais salants). Un montant global pour la taille
est fixé par lettre patente du roi
 Dans le milieu des grands officiers de finance, on discute ensuite de la répartition par région. Au sein des
régions, on discute de la répartition entre les paroisses, et au sein des paroisses, de la répartition entre
contribuables. Cette répartition fonctionne soit en rapport à la richesse apparente, soit en fonction de la
richesse réelle. La formule « le fort portera le faible » préside normalement à la répartition.
 En cas de problème de collecte, celui qui a réparti l’impôt doit payer sur son denier.
 Le système repose donc sur 4 circonscriptions : langue d’Oc, langue d’Oïl, Normandie et Outre-Seine.
Elles sont divisées en élections dont les élus sont en fait nommés par le roi (le nom date de 1357). Ils
prélèvent l’argent. Il sont secondés par des agents comptables.
 Dans les pays d’état, en langue d’Oc principalement, les agents sont désignés par les états régionaux. Le
roi vend ces charges aux plus offrants. Les collecteurs, qui deviendront les fermiers généraux, lèvent l’impôt
et le gardent pour eux. Le système est donc partiellement privatisé
 Le roi cherche à avoir de l’argent le plus vite possible.

B - Les organes centraux de finance

 Le domaine est aux mains de trésoriers qui centralisent les ressources amenées par les receveurs. Ils sont
au nombre de 4, autant que de circonscriptions. Ils se déplacent à Paris, à la Chambre des comptes,
créée au XIVe siècle.
 Elle reçoit les retraites ordinaires, protège l’intégrité du domaine royal (elle peut s’opposer à des dons de
terres par le roi), et siège sous la forme d’une cour souveraine
 Les ressources extraordinaires sont centralisées et gérées par 4 généraux de finance.
 Les impôts indirects sont administrés par la Cour des aides, créée en 1390. Cette chambre est suspendue
entre 1462 et 1464 par Louis XI. Elle examine les litiges entre contribuables, les exemptions. Elle est
renforcée par la création de cours régionales. Une Cour des aides de Languedoc voit le jour en 1467, La
Chambre des trésors de 1390 gère certains contentieux.
 Il y a beaucoup de plaintes à gérer. Il n’y a pas une administration, mais une forme de nébuleuse de
chambres qui gèrent des secteurs fiscaux particuliers.

3 - LES LIMITES ET LES DEFAUTS DU SYSTEME

Vu de l’extérieur le roi de France est un incroyable collecteur d’impôt. Mais beaucoup de points ne sont pas
satisfaisants. Le système ne convient pas aux sujets, mais aussi au monarque : le rendement de l’impôt est
extrêmement faible (déperdition d’environ 50%).

A - La multiplicité des privilèges et des exemptions

 La fiscalité ordinaire ne touche pas tout le royaume. La fiscalité extraordinaire levée au motif de la
défense du royaume ne touche pas non plus tous les sujets.
 En Bretagne, avant 1488, les sujets ne payent pas non plus d’impôts extraordinaires pour le roi.
 La répartition des tailles est elle aussi inégalitaire. En 1511, Guyenne et Langue d’Oïl contribuent à 41 %,
le Languedoc à 13 %, l’Outre-Seine et la Normandie à 22 % chacune. Ces inégalités soulèvent des
protestations.
 L Le système est socialement inique. Clergé et noblesse sont exemptés de taille. Les 2 % de nobles et
environ 15 % d’hommes d’église ne sont pas les seuls exemptés. Les universitaires le sont également. Il y a
également des exemptions multipliées en faveur des corps urbains. Des villes justifient leur participation à la
défense du royaume pour obtenir des exemptions de tailles. Louis XI exempt Beauvais suite à la guerre
contre les Bourguignons.

B - Un rendement faible et des iniquités fréquentes

 De multiples marchandages
 Des privilèges qui sont dénoncés périodiquement. Les coutumes sont défendues avec beaucoup d’énergie.
Lors des états généraux, chacun défend sa région. Le système repose sur des tractations entre royauté et
communautés. Les favorisés sont les puissants qui ont les moyens de se faire entendre
 Les malversations, détournements et vols sont communs
 Le système est socialement inique. Clergé et noblesse sont exemptés de taille. L es 2 % de nobles et
environ 15 % d’hommes d’église ne sont pas les seuls exemptés. Les universitaires le sont également. Il y a
également des exemptions multipliées en faveur des corps urbains. Des villes justifient leur participation à la
défense du royaume pour obtenir des exemptions de tailles. Louis XI exempt Beauvais suite à la guerre
contre les Bourguignons.

C - Un déséquilibre budgétaire permanent


 Sous Charles VII et Louis XI, les finances ne sont pas brillantes.
 Le déficit est de 1,5 millions en 1484. En 1514, il est de 1,4 millions de livres. Le roi vit à crédit.
 Le déficit demeure, et devient une habitude. Le roi négocie communauté par communauté.

Bilan

Les finances royales sont un des 3 piliers de la monarchie ; elles sont portées à un point sommital sous Louis
XI. Il se trouve des opposants. L’incapacité du système à fonctionner correctement entraîne un recul de
l’impôt en 1484. Un système de bric et de broc qui ne suffit pas, n’est pas satisfaisant socialement et
éthiquement, et perdure pourtant jusqu’en 1789.

Vous aimerez peut-être aussi