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Idriss Deby, quand il veut impressionner son interlocuteur, ou quand il est dans les vapeurs
des délices des spiritueux, déclare souvent, je cite : «la loi c’est moi» fin de citation. Et
comme ayant fait le vide autour de lui et s’étant entouré des serviles béni oui-oui, il n’y a plus
personne pour lui dire non, Monsieur le Président, la loi ce n’est pas vous, vous êtes assujetti
à la loi et elle s’applique en premier lieu à vous, puisque vous êtes le Président du Conseil
Supérieur de la Magistrature et donc garant de son Application.
Sous le règne d’Idriss Deby, on maltraite tellement les citoyens qu’ils arrivent à penser que
même ce qui est leur normalement dû est une faveur du Prince. En effet, on crée
artificiellement une pénurie de gaz butane, des hydrocarbures, de l’électricité, de l’eau
courante, etc. Les prix grimpent à des sommes astronomiques et le jour où l’essence est
disponible dans les stations, vous avez le sentiment qu’on vous le donne gratuitement et vous
remerciez le seigneur et celui qui prétend être son représentant sur terre. Il en est de même
pour l’électricité, l’eau courante, le gaz butane, etc. Kadhafi, Moubarak, Ben Ali et consorts
pensaient aussi être des demi-dieux, mais aujourd’hui ils rêvent d’être des simples citoyens.
Quand les musulmans répètent à tue-tête «la illah illa Allah» cela veut simplement dire que
celui qui se croit autre qu’un simple mortel se trompe gravement. Les enseignants de
l’Université de N’Djamena étaient sur leur petit nuage, quand tout d’un coup ils voient leur
rêve réel se transformer en cauchemar. Non seulement ils n’iront pas à Toukra mais ils n’ont
même plus le droit de protester car la prochaine étape sera leur expatriation dans les pays
voisins et leur déchéance de la nationalité. N’est ce pas que Deby et Habré, quand ils étaient à
tu et à toi, avaient conçu et appliqué avec maestria le concept d’apatride? Par mépris, les
autorités rectorales de l’Université de N’Djamena n’étaient même pas consultées pour la prise
de cette funeste, illégale et illégitime décision.
Depuis que l’actuel Premier Ministre a voulu obtenir un passe-droit en inscrivant sa fille en
première année de Médecine sans avoir passé le concours et que le Rectorat lui ait refusé cela,
il a gardé une dent acerbe contre les responsables de l’institution qu’il s’est juré de dégager.
Pour y arriver, il s’est fait entouré des conseillers occultes qui lui dictent la démarche à suivre.
Une démarche souvent teintée de considérations tribale et régionale mal dissimulées. Ces
conseillers, à tort ou à raison, considèrent que l’Université de N’Djamena en particulier et
l’enseignement supérieur en général est une chasse-gardée des originaires de la zone
méridionale. C’est ainsi qu’il faut lire et comprendre le lynchage médiatique de certains
responsables de l’enseignement supérieur, sur le net. Le plus étonnant dans cette affaire est
qu’on n’entend à peine la voix des étudiants qui sont les plus concernés par cette affaire.
Certains d’entre eux vivotent et étudient grâce à l’assistance et l’appui de leurs parents et
connaissances vivant à N’Djamena. Qu’adviendraient-ils d’eux quand ils seraient exilés à plus
de 800 km à l’Est? La délocalisation de ces facultés étant un fait de prince, si justice il y a
encore au Tchad, on pourra facilement la faire annuler. A défaut, le printemps arabe nous a
enseigné comment faut-il procéder.
Beremadji Félix
N’djaména - Tchad