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La restauration face à la COVID-19

Les soubresauts d’un secteur jadis prospère

L’avènement de la COVID-19 n’a épargné aucun pays et n’est pas sans séquelles. Au Bénin,
les conséquences de cette pandémie sont multiples et divers selon les secteurs. Celui de la
restauration, pourtant encore florissant il y a quelques mois, paie un lourd tribut.

Par Prisca EDAYE

Il est 12H 30minutes au maquis « Chez Léa », un restaurant situé à Ganhi, en plein cœur de
Cotonou. Travailleurs, riverains et autres se bousculent à la pause-déjeuner. Pour profiter de
son repas en ce lieu si ordinaire, il faut s’y rendre tôt.

En effet, déjà à 12H 30minutes, toutes les tables sont occupées et il faut parfois patienter au
moins quinze minutes ou plus pour qu’une table se libère. Il en est de même pour ceux qui
emportent leur repas dans des emballages. La file d’attente est longue aussi. Les serveurs et
serveuses se démènent tant bien que mal. Ils font au mieux pour satisfaire les clients.
Cependant, certains très mécontents et fatigués d’attendre, abandonnent « la bataille » et
s’en vont quelque peu déçus, déjeuner ailleurs. C’est au même spectacle récurrent qu’on
assiste du lundi au samedi depuis plus de quinze ans.

Samedi 20 Juin 2020, tables dressées, nappes propres, chaises vides. Voilà le décor du maquis
« Chez Léa »ce jour à 14h 35minutes. D’ordinaire grouillant de monde, surtout les samedis, le
calme qui y règne est digne de celui des célébrations religieuses. Néanmoins, on note la
présence de quelques clients qui déjeunent çà et là malgré l’ambiance maussade de ce lieu
autrefois joyeux à vivre. Ce spectacle désolant au maquis « Chez Lea » n’est pas un cas isolé.

Depuis l’apparition du COVID-19 et l’instauration des mesures barrières pour le contrer, le


secteur de la restauration est en grande difficulté. Madame Léa TESSI, directrice de ce
maquis affirme que cette pandémie a d’énormes répercussions sur les restaurateurs. « La
mise en place du dispositif de lavage des mains est une nouvelle charge qui vient se greffer
aux charges fixes existantes : loyer, factures, salaires, etc … et les produits coutent plus chers
depuis l’installation du cordon sanitaire »explique-t-elle. Dans le souci de respecter la
distanciation physique, elle confie être passée de 250couverts à 100 à peine par jour,
subissant ainsi une baisse de chiffre d’affaire de 60% ; soit 300.000F Cfa environ. Le chef
cuisinier rencontré sur les lieux dit s’être vu contraint de réduire l’effectif en cuisine, passant
de dix-huit employés à huit. Nous sommes chanceux ajoute-t-il de conserver nos postes car
certains de nos collègues se sont retrouvés au chômage du jour au lendemain. Les clients se
font rares et nous avons réduit la main d’œuvre, conclut-il. Monsieur Jonas, un habitué des
lieux, affirme que c’est avec une peur au ventre que nostalgique, il vient déjeuner ce jour.

Outre les mesures barrières, la psychose des usagers des maquis et restaurants depuis plus
de deux mois, fait disparaitre cette affluence que connaissent ces lieux.
De la perte de clientèle à la fermeture des portes, les restaurateurs ont payé le prix fort.
Malgré la levée progressive des mesures et la reprise des activités, le secteur de la
restauration peine toujours à sortir de sa morosité.

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