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La pandémie de Covid-19 a provoqué un arrêt brutal de l’activité économique dans un

nombre croissant de pays. Ce coup de frein a eu des répercussions internationales avec la


baisse du commerce extérieur et la hausse de l’aversion au risque des investisseurs.
Celle-ci a déclenché une quête mondiale effrénée de liquidités en dollar ainsi que des
sorties de capitaux dans les pays en développement.

La situation actuelle liée au coronavirus a un impact profond sur tous les types
d’entreprise. Avec l'arrêt temporaire de certaines entreprises et le ralentissement des
activités pour beaucoup, les conséquences de la pandémie sont encore pires pour
l'économie mondiale que celles qui ont suivi la grande crise financière de 2007-2008.

La pandémie du COVID-19 coûtera cher à l'économie mondiale. L'économie


nationale n'échapperait guère à ses répercussions désastreuses tant économiques
que sociales.

À eux seuls, les chiffres du mois de mars avancés par les institutions internationales
révèlent l'acheminement de l'économie mondiale vers une crise sans précédent, en
raison des conséquences néfastes du COVID-19. A quel coût l’économie marocaine
parviendra-t-elle à sortir de cette crise ? Quelles solutions proposées et quels plans à
mettre en place pour remotiver les secteurs sévèrement atteints et redonner un
nouvel essor à notre économie ?

Depuis l'annonce du premier cas du nouveau coronavirus diagnostiqué à Wuhan, en


Chine, l'épidémie de COVID-19, s'est propagée à une vitesse vertigineuse.  En trois
mois seulement, l'épidémie a regagné 210 pays, illustrant ainsi la globalisation dans
sa facette la plus sombre. Ce qui a amené l'OMS à déclarer la pandémie mondiale et
à recommander aux États de prendre des mesures de lutte et de prévention
nécessaires. Or, ces mesures plus au moins drastiques d'un pays à l'autre, et qui
comprennent notamment la fermeture des frontières, le confinement de la population
et la cessation de plusieurs activités industrielles, commerciales ou encore
touristiques, culturelles et sportives, ont porté un coup dur, jamais enregistré, à
l'économie mondiale.

Aussi, sans négliger les milliers de morts déplorés quotidiennement, la pandémie


précipite l'économie mondiale dans une récession inédite. À ce titre, selon les
estimations des experts, le taux de croissance économique mondiale chuterait
jusqu'à 2,3% par mois au cas où ce rythme de propagation persisterait. De même,
les échanges commerciaux baisseraient de 13% à 32%, voire davantage, si les
avions cargos restent cloués à terre, les paquebots amarrés et les transporteurs
routiers à l’arrêt.

Les mesures de confinement et de fermeture prises par la plupart des


gouvernements, dans leurs efforts à juguler ce fléau, ont donné un coup de frein sec
à la production et à la distribution de certains produits et services, excepté quelques
activités jugées indispensables.

Par ailleurs, le flou quant à la possibilité de fabriquer un vaccin efficient, le débat de


la communauté scientifique et la polémique portant sur les spécificités de ce virus et
sur le protocole de traitement mis en place, ne sont pas de nature à rassurer le
marché mondial et les places boursières. Les pronostics quant à une prochaine
embellie s'en trouvent pessimistes. L'économie mondiale doit se résigner à vivre la
pire crise de son histoire. Ce climat d'incertitude a poussé le Fonds Monétaire
International a simulé des scénarios pouvant être cauchemardesques, prévoyant une
chute de la croissance mondiale de 2,4%. Comme les observateurs prévoient des
conséquences désastreuses de cette pandémie sur l'Afrique, où elle sévirait dans les
mois à venir, ils en déduisent que le taux de croissance mondiale, pris dans sa
globalité, sera presque nul au dernier trimestre de cette année. Une perspective que
les instances économiques n'espèrent pas vivre.

L'économie marocaine frappée par le nouveau Coronavirus

Notre économie qui commence à donner des signes de bonne santé et à miser sur le
développement durable, les nouvelles énergies, l'attrait des capitaux étrangers,
l'augmentation des échanges, l'assainissement du climat des affaires résistera
difficilement aux retombées de cette crise sanitaire. En effet, basée sur les secteurs
primaire et tertiaire, sans omettre le textile, l'industrie automobile et les nouvelles
technologies, l'économie marocaine s'attend à vivre sa pire crise depuis trois
décennies.

Les acteurs économiques et le gouvernement marocains doivent revoir leurs


ambitions de croissance à la baisse. Ayant tablé sur un taux de croissance de 3,5 %
en 2020, un rééquilibrage de la balance commerciale, notamment en vertu de la
chute du prix du pétrole, et une réduction de la dette tant intérieure qu'extérieure, ils
doivent se résigner à gérer un ralentissement aux coûts financiers et sociaux élevés.
Selon le HCP, le Maroc est confronté au taux de croissance le plus bas jamais
enregistré depuis 1999. En effet, les prévisions ont été revues à la baisse 2,3%
contre 3,5 initialement prévu.

Ajouté à cela le secteur de l’agriculture qui fait face depuis des semaines à la
sécheresse. Le secteur qui représente 1/3 des actifs accuse un déficit pluviométrique
de 44%. Un autre secteur semble durement pâtir de la pandémie : le tourisme, un
secteur vital de l’économie nationale.

Vu l'acuité du virus et les choix politiques du Maroc, au demeurant louables tant


notre pays a préféré la santé du peuple à celle des affaires, recommandant le
confinement de la population, décrétant l'état d’urgence et mobilisant l'armée pour
contenir l'épidémie, l'activité économique s'en trouve presque à l'arrêt.

En conséquence, les chantiers de travaux immobiliers sont freinés, les manufactures


et les usines désertées, l'activité des ports et aéroports très réduite, les routes et
autoroutes vidées, les écoles, les universités et les mosquées fermées, les cafés,
restaurants et hôtels abandonnés.  Du jamais vu.

Du coup, les rentrées fiscales seront quasiment nulles. Pareillement, les rentrées de
devises générées par le tourisme et les envois des travailleurs marocains à l'étranger
feront défaut.

Tous les acteurs économiques en pâtiront. Si les Multinationales n'ont que les yeux
pour pleurer leurs pertes, qu'en est-il de nos entreprises, notamment PME, souffrant
déjà de problèmes structurels ?
Face à ces défis sans précédent, le pays qui tente de juguler la pandémie, devrait
trouver l'équilibre entre son action pour atténuer les effets sociaux et économiques
de la pandémie tout en veillant à ce que l’économie soit relancée après.

De ce fait, à en croire un scénario de référence, le PIB réel reculerait de 1,5% en


2020. Sur le plan budgétaire, la pandémie aura un impact négatif sur le rythme de
l’assainissement budgétaire et, à son tour, sur les besoins de financement brut et la
dette. Le déficit budgétaire global devrait atteindre plus de 6% du PIB en 2020.
Lequel déficit serait notamment dû à l’augmentation des dépenses sociales et
économiques liées au Covid-19 et à la baisse des recettes fiscales, en particulier de
l’impôt sur les sociétés. La dette de l’administration centrale pourrait, en
conséquence, culminer à 73% du PIB en 2020. Le solde du compte courant devrait
s’élargir à environ 7% du PIB cette année. Un net ralentissement des exportations,
des recettes touristiques et des envois de fonds est prévu, car la pandémie perturbe
le commerce et les chaînes de valeur mondiales.

N'épargnant aucun secteur, cette pandémie risque de reporter la relance


économique sine die. L'ampleur de cette crise aura certainement et subséquemment
des répercussions sociales peu réjouissantes.

Les retombées sociales du coronavirus

Si la première décennie du 21ème siècle a vu le Maroc réduire significativement de


la pauvreté, les prévisions basées sur le PIB par habitant indiquent en revanche que
le taux de pauvreté (en utilisant un seuil de pauvreté de 3,2 USD PPA) augmentera
d’au moins environ 1 point de pourcentage ; autrement dit, environ 300 000
Marocains devraient sombrer dans la pauvreté.

Les centaines de milliers de salariés dont les entreprises mettraient du temps à


redémarrer seront condamnés au chômage. L'informel et les emplois indirects,
estimés à 5 millions de personnes dont l'activité dépend des entreprises structurées
et rentables, désormais en difficulté, augmenteraient au pire les rangs des pauvres et
au mieux affecteraient le bien-être de ceux dont les dépenses de consommation sont
juste au-dessus du seuil de pauvreté. Un petit choc négatif peut ramener ce groupe
dans la pauvreté.

Le pourcentage de la population « vulnérable » à la pauvreté varie en fonction des


dépenses des ménages retenus comme seuil. En utilisant un seuil de dépenses de
5,5 dollars, le nombre de pauvres et de non pauvres mais vulnérables à la pauvreté
est étonnamment élevé : environ 25% en 2019 et devrait augmenter à 27% en 2020.
Par conséquent, en raison de la crise économique, près de 10 millions de Marocains
peuvent devenir pauvres ou risquent de tomber dans la pauvreté.

Sortir de la crise, relancer l'économie et poursuivre le développement durable

Ceci n'est pas une recette mais en guise de conclusion, nous estimons que le
gouvernement marocain se doit d'abord de mettre en place une politique
économique et sociale de cohabitation avec cette épidémie qui risque, à Dieu ne
plaise, de durer et ensuite de prévoir une sortie de crise, et pourquoi pas une
nouvelle relance de l'économie nationale.
À cet égard, comme l'issue de la crise sanitaire n'est pas en vue dans l'immédiat, la
stratégie de lutte contre le coronavirus gagnerait à préconiser un confinement
assoupli, mais appliqué avec rigueur. Tout en multipliant les tests de dépistage et les
rendre obligatoires pour tous les personnels de la santé, pour tous les agents
d'autorité, pour tous les membres des comités de vigilance ainsi que pour tous les
routiers, et autres salariés et commerçants bénéficiant de dérogation, il faudrait
encourager les médecins, pharmacologues et scientifiques qui recherchent un
traitement, comprimés notamment, à même de contenir le COVID_19.

Tout en maintenant, une distance sociale, avec le port obligatoire du masque et les
mesures d'hygiène et stérilisation, certaines activités économiques devraient
reprendre. Un comportement social de cohabitation avec le virus devrait être adopté.

Concernant la relance économique, il faudrait accompagner financièrement,


administrativement et juridiquement les PME, seules garantes de la création des
emplois. Ceci doit se faire loin des mauvais comportements, qui nous ont coûté cher,
comme la bureaucratie, le népotisme, le clientélisme, la gabegie et l'incompétence
ou encore la fraude et l'impunité des fraudeurs. Seule une gestion rationnelle et un
contrôle rigoureux et l'application de la loi, loin de toute malversation, mèneraient
notre économie et partant notre société à bon port. Avec la volonté politique et la
primauté de l'intérêt général, qui rompraient avec les calculs mesquins les
ressources humaines et matérielles dont dispose notre pays, nous permettront
sûrement de sortir du tunnel et de poursuivre notre développement.

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