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Les exigences

auxquelles doit
répondre un
bâti
Ce chapitre est tiré des ouvrages de Jean-Pierre Oliva et Samuel Courgey, ce contenu
n’étant pas exhaustif nous vous conseillons de faire acquisition des deux livres suivants afin
approfondir les sujets traités ci-dessous :
 « l’isolation thermique écologique » (nouvelle édition 2010) aux éditions « terre vivante© »
 « la conception bioclimatique » (2006) aux éditions « terre vivante©

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Ce manuel constitue le support d’une formation en éco construction dispensée sur cinq
jours.

Avant de découvrir les différentes techniques de construction bois il nous a semblé


important de permettre à notre public de se familiariser avec le matériau utilisé et
d’appréhender le fonctionnement d’une maison d’habitation.

Le manuel se divise en trois parties comme suit :


 Le bois et ses propriétés techniques appliquées à la construction.
 Les exigences auxquelles doit répondre un bâti.
 Les différents systèmes constructifs bois. (ossature bois, poteau-poutre, charpente)

Sources principales :
 Encyclopédie des métiers, la charpente, Association Ouvrière des Compagnons du
Devoir.
 L’Isolation thermique écologique (2010), Jean-Pierre Oliva et Samuel Courgey, édition
terre vivante
 Maison Bois Outils Concept, CNDB
 La Construction à ossature traditionnelle en chêne, Rupert Newman, édition Eyrolles

Nous apportons l’attention du lecteur sur le fait que ce manuel n’est pas exhaustif et peut
comporter des erreurs. Si vous avez un projet de construction il est à savoir que toute
connaissance théorique doit s’accompagner d’une expérience pratique. Ces fiches
techniques ne permettent pas d’avoir toutes les connaissances nécessaires pour réaliser sa
maison bois.

Ce manuel ayant été conçu comme support à une formation orale, il se peut que certains
points abordés ne soient pas totalement clairs pour le lecteur.

Nous rappelons que ce contenu a été réalisé à l’aide de plusieurs sources dont nous avons
fait une synthèse, il va donc de soi que ce manuel est mis à disposition gratuitement
puisque rien n’a été inventé. Les fiches techniques sont libres de diffusion. Néanmoins,
étant donné qu’il s’agit du résultat de notre travail, nous demandons simplement de mette
notre site en lien, et non pas de mettre les fichiers en téléchargement depuis votre site
internet, d’autant plus que le contenu des fiches sera complété ultérieurement.

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LES EXIGENCES AUXQUELLES DOIT
REPONDRE UN BATI ......................1
I. INTRODUCTION ................................................ 4
II. LE CONFORT THERMIQUE ................................... 6
1. Introduction .................................................................. 6
2. Outil du confort thermique ........................................... 7
III. FONCTIONNEMENT D’UN ISOLANT .................. 11
1. Introduction ................................................................ 11
2. Résistance thermique ................................................. 13
3. Ponts thermiques ........................................................ 14
4. Calcul thermique ......................................................... 16
IV. ETANCHEITE A L’AIR ..................................... 18
V. GESTION DE L’HUMIDITE............................... 21
1. Les différents outils ..................................................... 21
a) Introduction ............................................................................................... 21
b) Comportement des matériaux à l'eau ....................................................... 21
c) Comportement des matériaux à la vapeur d'eau ...................................... 22
d) Humidité relative et point de rosée ........................................................... 23
e) La gestion de l'humidité dans les parois .................................................... 24
2. Bâti conventionnel ...................................................... 24
3. Système constructif dit perspirant .............................. 25
VI. CONCLUSION.............................................. 26

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I. Introduction
Maintenant que nous nous sommes familiarisé avec le matériau bois, nous allons aborder le fonctionnement d’une
maison d’habitation. Le confort, l’économie d’énergie, la salubrité et le coût sont des critères à intégrer dans tous
projet de construction. Il faut donc les connaître avant d’envisager un projet.
Le but de ce chapitre est donc de donner le recul nécessaire avant d’appréhender telle ou telle technique de
construction en bois

On peut représenter tout habitat par un grand cercle délimitant un espace intérieur, dans lequel se trouvent les
habitants (ou les usagers...), et un espace extérieur, qui est son environnement. Mais ces deux milieux ne sont pas
franchement séparés, ni par une frontière spatiale rigide (les murs) ni fonctionnellement : le dedans et le dehors
échangent entre eux, d'abord dans la phase de conception/construction, puis dans celle d'habitation, par cinq pôles
de contact. D'abord le lieu où s'implante la construction et qu'elle modifie, puis la forme, c'est-à-dire l'espace
architecturé vécu de l'intérieur mais aussi vu de l'extérieur, ensuite les matériaux qui concrétisent cette forme et qui
viennent de l'environnement plus ou moins proche. Ces matériaux sont assemblés, mis en œuvre par des acteurs
venant de l'extérieur, au moyen de fluides et d'énergies, venant eux aussi de l’extérieur. (Les fluides et les énergies
désignent dans le vocabulaire du bâtiment tout ce qui le traverse et y produit un effet : l'eau, l'électricité, etc. Nous
y rajoutons l'argent, fluide et énergie par excellence.)

Réduire les besoins en énergie

L’objectif de réduire au maximum les besoins et donc les dépenses énergétiques (pôle 5) ne pourra être atteint que
si tous les autres pôles y contribuent. Certes la qualité des matériaux (pôle 3) et celle de leur mise en œuvre (pôle 4)
sont essentielles. Mais en amont (avant de construire) et en aval (dans la phase d'habitation), le déterminant
central, ce sont les habitants : toute conception écologique, en neuf ou en réhabilitation, tire d'abord sa valeur
d'une programmation adaptée.
Quel projet pour répondre à quels besoins ? Quelle taille juste du bâti pour le budget disponible ? Quelle évolutivité
possible quand la structure familiale évoluera ? La cuisine intégrée est-elle prioritaire sur le surcoût que présente le
devis d'un artisan soignant le choix des isolants et la qualité de mise en œuvre ?...
Et puis dans la phase d'habitation, le comportement des occupants est déterminant : une maison passive dont on
ouvre les fenêtres en hiver devient plus énergivore qu’une autre.

La prise en compte de tous les paramètres du lieu de construction, et de l'état de l'existant dans un projet de
réhabilitation (pôle I) a également une énorme incidence sur les futures consommations : quels déplacements
seront imposés pour la vie quotidienne, le travail ? Quelles caractéristiques climatiques ? Comment tirer le meilleur
parti des apports solaires et se protéger des éléments néfastes du climat local ? Quelles contraintes administratives
pour réaliser une architecture adaptée?

Enfin, l'architecture (pôle 3) (adaptation au terrain, forme, orientation, compacité, matériaux de revêtement
extérieurs, etc.) a une incidence elle aussi capitale sur le confort intérieur et sur les performances thermiques
globales, qu'il est souvent difficile et coûteux de vouloir corriger si ces points essentiels ont été négligés en amont.

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Pour ce qui concerne le surcoût d’une maison réfléchie et bien isolée l’exemple le plus parlant est bien entendu la
hausse du prix de l’énergie :

Valeurs repères du coût cumulé du chauffage sur 10,20,30,40 et 50 ans selon 4


scénarios plausibles d'augmentation annuelle de l'énergie et pour une note de
chauffage originelle de 1000 €/an. (En euros constants. Pour une note de 500€,
multiplier par 0.5, de 1300€ par 1.3 etc...

coût chauffage
10 ans 20 ans 30 ans 40 ans 50ans
cumulé sur
scénario 1
11 169 24 783 41 379 61 610 86 271
+2%/an
scénario 2
12 486 30 969 58 328 98 827 158 774
+4%/an
scénario 3
13 972 38 993 83 802 164 048 307 756
+6%/an
scénario 4
15 645 49 423 122 346 279 781 619 672
+8%/an

Ce rapide calcul montre qu'en divisant les notes de chauffage par 4 à 5 en construction neuve, l'efficacité
énergétique est d'abord synonyme de « bonne gestion financière ».
Exemple pour un logement neuf de 120 m2 juste conforme à la réglementation (RT 2005) avec un coût de
chauffage actuel de 500 €/an : le niveau « basse consommation » entraînera une économie sur les notes de
chauffage oscillant selon l'augmentation à venir de l'énergie de 32 000 à 248 000 € sur 50 ans, alors que le
surinvestissement de départ se situe entre 7 000 € (50 €/m2) et 28 000 € (200 €/m2).

Pour le coût d’entretient d’une maison il est aussi nécessaire de prendre en compte la durée de vie des matériaux
utilisés car celle-ci peut différer de façon très significative.
Exemple : Durée de vie d’une laine minérale : entre 15 et 20 ans
Durée de vie d’une fibre de bois : ≈ 60 ans
(Durée de vie avant que ces isolants commencent à perdre leurs propriétés techniques)

La distance avec le lieu de travail est aussi un élément essentiel à prendre compte.

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II. Le confort thermique
1. Introduction
L'équilibre thermique du corps humain

Le corps humain se maintient à 37 °C environ par un apport de calories provenant des aliments, et par un
ensemble de mécanismes qui régulent ses échanges thermiques avec son environnement. Il rejette de l'énergie sous
forme de chaleur et de vapeur d'eau par sa peau et son appareil respiratoire. On est en situation de confort
thermique quand ces échanges équilibrent les besoins du corps sans créer de gênes particulières, entre autres
sans faire intervenir les mécanismes de lutte contre le froid ou la chaleur que sont le frissonnement et la
transpiration.

Plusieurs facteurs influent donc sur le confort thermique

 Température de l’air
 La température des parois (rayonnement froid d’un mur en pierre)
 Les mouvements de l’air (courant d’air seulement agréable en été)
 L’humidité relative de l’air
 L’utilisation des trois modes de transfert de chaleur.

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L’étude de ces facteurs amène à parler de température ressentie, mais, difficilement mesurable, on utilise la
température résultante sèche qui est la moyenne des deux principaux paramètres (température des parois et
température de l’air)

T° résultante sèche = (t° moyenne air+ t°moyenne parois)


2

À chacun son bien-être thermique

Si des normes permettent d'avoir un avis sur la proportion de personnes qui seront satisfaites de telle ou telle
ambiance thermique, la variabilité des habitudes culturelles et des sensibilités personnelles (selon l'âge, le sexe,
l'acclimatation, les conditions de résidence, etc.) ne doit pas être minimisée dans la conception thermique d'un
habitat. Par exemple, la zone de confort des anglais se situerait entre 14.5°C et 21°C, celle des américains entre 20°C
et 26°C et celle des habitants des régions tropicales entre 23 °C et 29,5 °C. Certaines personnes ne dorment bien
que fenêtres ouvertes, même en plein hiver, ou au contraire s'accommodent d'une transpiration qui serait
insupportable à d’autres... D’autre facteurs encore peuvent avoir un effet sur le ressenti thermique. Des couleurs
chaudes, la lumière, la vue du feu, un environnement sonore évocateur accentuent l'impression de chaleur. À
l'inverse, les couleurs froides, l’ombre ou le bruit de l'eau, accentuent celle de fraîcheur.

Ramener à un projet de construction il faudra adapter la température résultante sèche à nos attente en terme de
confort. Et ainsi déterminer la nature des revêtements des murs, des plafonds et des sols en fonction de l’emploi
des pièces (une chambre ou une salle de vie n’ont par exemple pas les mêmes critères de confort). Tous ceci dans le
but d’optimiser l’isolation (chapitre suivant)

2. Outil du confort thermique


(Apport solaire, inertie, déphasage, effusivité, résistance thermique, humidité, rayonnement, capacité thermique…)

Pour construire ou réhabiliter une habitation il faut donc intégrer tous ces facteurs afin de limiter les dépenses
d’énergie et permettre un bon confort intérieur et une durabilité de l’ouvrage. Nous allons donc maintenant
aborder les propriétés thermiques des matériaux. Celles-ci permettent de définir le rôle de chaque matériau et de
les utiliser à bonne escient.

Là encore il est important, pour bien comprendre le phénomène, de différencier le comportement statique au
comportement dynamique d’un matériau.

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Comportement dynamique d’un matériau

Pour comprendre ce comportement il faut intégrer que les constructions sont soumises de la part du climat à deux
actions différentes :

- Le climat agit sur les températures extérieures des enveloppes. Celles-ci subissent d'abord les variations
journalières des températures extérieures. Pour une enveloppe "correctement" isolée, la température de sa face
extérieure, si elle n'est pas ensoleillée, est très voisine de la température entre le jour et la nuit.

Si la face extérieure est soumise à l'ensoleillement, sa température est influencée par la densité du flux incident et
subit de ce fait, au cours de la journée, des variations encore plus importantes.

- Le climat agit également par apport d'énergie à l'intérieur du bâtiment, apport dû au rayonnement solaire
qui est transmis à travers les vitrages et dont une grande partie est absorbée dans les parois.

Il convient de constater dès maintenant que deux types de paramètres parfois liés entre eux, la température et la
puissance d’un flux thermique, sont à prendre en compte dans la dynamique du bâtiment.

En mécanique un seul type de grandeur : les forces, donnent naissance à un phénomène dynamique. Rien
d'étonnant dans ces conditions que la notion d'énergie, simple en mécanique, ne le soit plus en thermique.
En thermique les températures et flux peuvent varier tous deux de manières très différentes :
- les variations de température extérieure peuvent être très lentes et les valeurs de la densité du flux solaire
incident faibles (cas des périodes couvertes),
- les variations de températures extérieures peuvent être au contraire brutale et les densités de flux solaire
important lors de l'ensoleillement (cas des périodes claires).

Ce paragraphe est là pour vous informer de la complexité de la thermique dynamique, et vous inciter si toutefois
vous visez une labellisation pour votre maison à faire appel à un bureau d’étude thermique compétent.

Outils permettant d’utiliser les propriétés dynamiques de manière empirique (utilisation de l’inertie)

La chaleur spécifique (également appelée capacité thermique massique ou chaleur massique) est la quantité de
chaleur nécessaire pour chauffer un kilogramme de matériau de 1 degré. Symbolisée « c », elle s'exprime en joule
par kilogramme kelvin (J/kg.K) ou en wattheure par kilogramme kelvin (Wh/kg.K). Plus C est grand, plus le matériau,
pour un poids donné, peut stocker de calories.

Cette capacité à accumuler la chaleur peut qualifier un volume, c'est la capacité thermique volumique, ou une
surface, c'est la capacité thermique surfacique.

La capacité thermique volumique, symbolisée ρc, prononcé rô -cé (parfois C), est l'aptitude d'un volume de matériau
à stocker de la chaleur. «ρ c » est le produit de la chaleur écifique
sp (c) par la densité du matériauρ)( (=ρ x c). La
capacité thermique s'exprime usuellement en wattheure par mètre cube kelvin (Wh/m3K).
Plus ρc est grand, plus le matériau, pour un volume donné, peut stocker de la chaleur.

La capacité thermique surfacique est souvent utilisée comme indicateur de l'inertie thermique. Parfois symbolisée C
elle exprime l'aptitude d'un mètre carré de matériau ou de paroi à stocker de la chaleur. C'est le produit de la
chaleur spécifique (c) par la densitéρ) (par l'épaisseur du matériau (e) ρ(= x c x e). Pour une paroi compos
ée de
plusieurs matériaux, c'est l'addition des capacités thermiques surfaciques des différents matériaux la composant. La
capacité thermique surfacique s'exprime usuellement en wattheure par mètre carré kelvin (Wh/m2K).
Plus la capacité thermique surfacique est grande, plus le matériau ou la paroi, pour une surface donnée, peut
stocker de chaleur.

La diffusivité thermique, symbolisée « a », exprime la vitesse de déplacement de la chaleur dans un matériau. La


diffusivité se calcule : a =λ/ ρ.c. Elle s'exprime en mètres carrés par seconde (m2/s).
Plus a est important, plus le matériau transmet rapidement la chaleur mais aussi, pour un temps donné, plus la
profondeur de matière dans laquelle la chaleur a un effet est grande.

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L’effusivité thermique
Symbolisée « b », exprime la vitesse avec laquelle un matériau absorbe des calories. L’effusivité se calcule :

b= λ.p.c
Elle s’exprime en racine carré de wattheures par mètre carré Kelvin
Une effusivité élevée signifie que le matériau absorbe rapidement la chaleur : il se comporte comme une « pompe à
calorie », sa surface ne s’échauffe que lentement. Au contraire, si b est faible, le matériau n’absorbe pas rapidement
la chaleur. Elle reste alors en surface et celle-ci se réchauffe rapidement.

Effusivité de quelques matériaux de parement :

Matériaux Effusivité thermique


Marbres 5I
Béton plein 34
Calcaire/ pierres dures 31
Brique de terre cuite (pleines) 21
Calcaire/ pierres très tendres 19
Ponce naturelle 4
Enduits ciment 23
Enduits à la chaux 16
Enduits terre allégé 12
Plâtres courants 10
Enduits chanvre-chaux 8
Cuivre 597
Acier 221
Carrelage, faïence 39
Verre 23
Terre cuite 22
Plastique 13
Feuillus lourds 9
Caoutchouc 9
Linoléum 9
Résineux lourds 7
Résineux légers 5
Dalle de liège 3
Tapis, revêtement textile 2
Laine I

Les matériaux dont l’effusivité est basse ≤2) (bsont dit « subjectivement chaud » : leur température s’adapte
presque instantanément à leur environnement.
Les matériaux dont l’effusivité est comprise entre 2 et 8 sont encore considéré comme chauds car ils s’harmonisent
rapidement avec leur environnement.
Les matériaux compris entre 8 et 15 donnent une impression neutre et fraîche.
Enfin les matériaux dont l’effusivité est élevée (b
≥15) sont perçus comme froid.
(Par exemple habiller systématiquement les salles d’eau de faïence, matériau à forte effusivité, est une aberration
thermique dans les climats froids et tempérés, il en est de même en rénovation « pierre apparente » en intérieur qui
est très à la mode.

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Inertie intérieure d'une pièce
(Cette description est très succincte ce référer aux livres de Jean-Pierre Oliva pour plus de détails)
L'inertie intérieure d'une paroi s'exprime en kilowattheures par mètre carré kelvin (kWh/m2.K). Celle d'une pièce se
calcule en additionnant l'inertie intérieure de toutes les parois de la pièce, elle s'exprime en kilowattheures par
kelvin (kWh/K).
Elle peut également être rapportée au mètre carré de surface habitable, et s'exprime alors en kWh/m2K.

Capacité thermique Capacité thermique


intérieure intérieure
quotidienne séquentielle
Exemple de parois
(kWh/m2K) (kWh/m2K)
et épaisseur et épaisseur
de pénétration de pénétration
Sol. terre cuite sur chape
17 (très forte) / 3 cm 49 (forte)/ 19 cm
de pose* sur isolant

Sol. Plancher bois massif


9 (moyenne) / 2 cm 21 (faible)/ 16 cm
sur isolant

Mur. Brique monomur,


9 (moyenne) / 4 cm 38 (moyenne)/ 18 cm
finition plâtre
Mur. Isolation extérieure sur
mur 16 (forte) / 6 cm 55 (forte) / 22 cm
en aggloméré de ciment
Toiture. Déversement de
chènevotte sur plaques de 5 (faible) / 5 cm 15 (faible) / 19 cm
plâtre
Toiture. Dalle béton isolée
25 (très forte) / 4 cm 128 (très forte) / 20 cm
par l'extérieur

On estime usuellement que, pour des bâtiments régulièrement utilisés tels que les habitations, l'inertie intérieure
quotidienne de chaque pièce devrait être, selon l'utilisation et la région climatique, de l'ordre de 30 à 50 Wh/m2K
minimum.
On recherchera des parois à très forte inertie séquentielle principalement pour les sols recevant le rayonnement
solaire et les régions à risque de surchauffe estivale.

Comportement thermique journalier d'habitations à très forte inertie et à inertie nulle.

L'inertie a deux effets : réduction de l'amplitude des températures et déphasage dans le temps des maximums et
minimums de ces températures.

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III. Fonctionnement
d’un isolant

1. Introduction
Nous avons d’abord vue le fonctionnement dynamique des matériaux à laisser passer plus ou moins la chaleur et
ainsi d’abaisser la température de confort par leur différentes capacités :
 La capacité d’en stocker plus ou moins
 La capacité de la laisser passer plus ou moins rapidement ;
 La capacité d’adapter plus ou moins rapidement sa température de surface à celle de l’air ambiant
Il faut maintenant retenir les calories dans l’habitation pour réaliser des bâtiments économes et
« environnementalement » performant. Pour ce, on parle d’enveloppe thermique.

Celle-ci est définit par différents critères mais tous d’abord intéressons nous au fonctionnement d’un isolant.

Lorsque l'on chauffe l'air d'une habitation non isolée, les parois ne s'échauffent pas. Les calories qui atteignent ces
dernières par convection et rayonnement passent au travers par conduction, et s'en échappent, à nouveau par
convection et rayonnement, avant d'avoir eu le temps de les réchauffer.
Le rôle de l'isolation est d'interposer entre l'intérieur et l'extérieur une barrière au passage des calories au moyen
de matériaux ayant (principalement) une capacité de conduction la plus faible possible.
Le plus mauvais conducteur de la chaleur est le vide, qui ne permet plus que des échanges par rayonnement. C'est
ce qui explique par exemple que dans l'espace, une simple feuille en aluminium suffit à arrêter tout flux thermique.
Mais, sauf exception, sur terre, le « vide » est rempli d'air, et la paroi chaude de la lame d'air échange ses calories
avec la paroi froide par convection (voir schémas confort thermique).
Pour que l'air conserve ses qualités d'isolation, il doit être immobile. Cette immobilité s'obtient en l'enfermant dans
des alvéoles les plus petites possibles afin de le compartimenter et ainsi freiner les mouvements de convection.
L'amincissement des parois entre les alvéoles réduit les transferts par conduction et par rayonnement.
Un isolant est donc un matériau de faible densité avec le moins de contacts possible entre ses particules pour
réduire la conduction, comportant un très grand nombre de cellules les plus petites possible pour réduire la
convection. Les transferts par rayonnement sont réduits par la multiplication des cellules et la faible densité de leurs
parois.
Plus l'isolant est épais, plus il y a de cellules et de parois entre cellules. Cela explique pourquoi l'épaisseur des
matériaux isolants est déterminante pour leur efficacité.

Paroi pleine non isolée : les calories transmises à la paroi par rayonnement et
convection la traverse majoritairement par conduction et sont dissipées à l'extérieur
par rayonnement et
Convection.

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Vide (théorique) : les calories transmises au parement intérieur ne réchauffent le
parement extérieur que par rayonnement. Elles sont ensuite dissipées à l'extérieur.

Lame d'air : la face interne réchauffée transmet à la face externe froide ses calories
par rayonnements et convection de l'air.

Isolant : la petitesse des alvéoles réduit la convection de l'air emprisonné, la légèreté


de leurs parois limite le rayonnement, et la réduction de leurs points de contact
limite les transferts par conduction. Les transferts se font, mais dans des proportions
limitées.

La conductivité thermique : le coefficientλ (lambda)

La conductivité (ou conductibilité) thermique est la propriété qu'ont les corps de transmettre la chaleur par
conduction, rayonnement et convection. Elle s'exprime par le coefficient λ (lambda). Plus λ est grand, plus le
matériau est conducteur, plusλ est petit, plus le matériau est isolant.
λ est exprimé en watts par mètre kelvin (W/mK).

Pour connaître leλ des matériaux, on peut utiliser les données accompagnant
les règles de calcul des réglementations thermiques. Mais ces valeurs données
par défaut étant généralement pénalisantes, les industriels font quantifier eux-
mêmes les performances propres des produits qu'ils mettent sur le marché.
Pour ces produits (tel type d'isolant de telle marque...) on peut alors prendre les
valeurs données par l'industriel à partir du moment où elles sont certifiées par
un organisme tiers.

Par ailleurs, si le λ d'un ériau


mat est peu affecté par les changements de
température, il peut fluctuer en fonction de l'humidité ambiante dans les
matériaux hygroscopiques (capables de contenir de l'eau sous forme liquide).
Pour les isolants, le λ renseign
é (et à utiliser) est λleutile
« »à ( un taux
d'hygrométrie moyen donné, en opposition au «λ sec »).

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2. Résistance thermique
La résistance thermique : R

Plus l'épaisseur « e » d'un matériau est importante, plus le flux de chaleur qui cherche à le traverser rencontre de
résistance. Cette résistance se calcule par l'opération : R= e/λ.
Plus R est grand, plus le matériau est isolant.
e est exprimé en mètre, R en mètre carré kelvin par watt (m2K/W).

En pratique, on utilise :

– le coefficient λ pour exprimer la performance d'un mat


ériau pris en tant que matière (tel type de laine de verre, de
feutre de bois...) ;

– la valeur R pour les matériaux pris en tant que produits (le rouleau de laine de verre de marque X et de Y
centimètres d'épaisseur, telle brique de terre cuite...).

Mais il faut relativiser cette valeur R donnée pour un produit car une mise en
œuvre inadaptée ou un vieillissement prématuré peut la faire chuter. Nous
verrons par exemple plus loin qu'avec les ponts thermiques induits par le type
de mise en œuvre, cette valeur R peut être divisée par plus de 2 et qu'avec une
mauvaise étanchéité à l'air, elle peut l'être par près de 5. De fait, la valeur R
d'un produit n'informe que sur la contribution potentielle maximale de ce
produit (et très rarement atteinte) à la résistance thermique de la paroi.

Définition
Le terme isolant thermique est souvent utilisé de façon générique. Mais une
définition en est proposée par la norme NFP 75-10 :« Est appelé isolant
thermique un matériau dont la résistance R est supérieure ou égale à 0,5
m2K/W et le lambda inférieur ou égal à 0,065 W/mK. »

Le coefficient de transmission thermique : U

En pratique, une paroi est constituée de plusieurs couches de matériaux


d'épaisseurs et de conductivités thermiques différentes.
Dans ce cas, les résistances (R) de chaque couche s'additionnent.
Pour calculer la résistance totale de la paroi, il faut en outre faire intervenir
deux résistances supplémentaires appelées « résistances superficielles ». Ces
grandeurs quantifient les échanges thermiques spécifiques qui se font avec l'air
au niveau des parements intérieurs (Rsi) et extérieurs (Rse). Dans l'approche
simplifiée de la thermique « statique », on estime que ces valeurs ne
dépendent que de l'inclinaison de la paroi et du sens du flux thermique. Elles
sont alors indiquées dans les textes officiels.

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Le coefficient de transmission surfacique : U
R exprime la résistance de la paroi au passage de la chaleur
En fait, pour caractériser la performance thermique d'une paroi, on utilise son inverse U, appelé coefficient de
transmission surfacique : U=I /R.
Le coefficient U exprime la conductance de la paroi, c'est-à-dire l'intensité du flux de chaleur qui traverse un mètre
carré de paroi pour une différence de température d'un degré entre les deux ambiances que sépare cette paroi.
Plus U est faible, plus la paroi est isolante.
U est exprimé en watt par mètre carré kelvin (W/m2K).

Si les valeurs λ et R sont importantes pour le choix des matériaux, la grandeur U est celle qui nous intéresse au
final car c'est elle qui exprime la p e r f o r m a n c e d e l a p a r o i e t permet de calculer celle d'un bâtiment.
Il est aussi nécessaire d’intégrer les ponts thermiques afin de savoir si la paroi est réellement pertinente.

3. Ponts thermiques
Les ponts thermiques sont des parties de l’enveloppe du bâtiment dans lesquelles la
résistance thermique est affaiblie de manière sensible.
Ils sont à l’origine de déperditions accrues (ou de surchauffe en été), mais aussi :

-de condensations pouvant dégrader de manière accélérée des parties du bâtit


- de moisissures responsables d’une pollution de l’air intérieur ;
-de salissures ou de fissures en façades ;
-de sources d’inconfort par la présence de points de zones froides.

Les ponts thermiques de liaisons


Les jonctions entre différents éléments de l’enveloppe des bâtiments (Dalle/mur ; mur/fenêtre…) requièrent
souvent des assemblages ou des dispositifs techniques qui affaiblissent ou coupent la couche isolante. Ces
faiblesses, appelées « ponts thermiques de liaison », sont pour chaque jonction plus ou moins importante selon le
système constructif.

En construction neuve, ces ponts thermiques sont très fortement limités en choisissant un système constructif qui
intègre leur réduction (monomurs maçonnés par exemple), qui en comporte peu par nature (ossature bois), ou bien
les supprime grâce à une isolation rapportée par l'extérieur.

En réhabilitation, si l'on ne peut pas opter pour l'isolation par extérieur, de loin le système le plus efficace, plusieurs
choix techniques restent possibles :
- pour limiter les ponts thermiques existants : retour de l'isolant par l'intérieur sur tout ou partie des refends ou des
dalles, incorporation des balcons dans l'espace habité, réalisation d'un enduit extérieur isolant etc...

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Pour ne pas créer de nouveaux ponts à l'occasion d'une rénovation : réaliser des planchers en structure bois (ou
bois/béton) plutôt que des dalles en béton armé.
L'intensité des ponts thermiques de liaison est représentée par : Le coefficient Ψ (prononcé psi), exprimé en watt
par mètre kelvin (W/mK) pour les ponts linéaires (ou linéiques) : liaison mur/dalle, pourtour de fenêtre... ;
Le coefficient χ (prononcé ki), exprimé en watt par k elvin (W/K) pour les ponts ponctuels : poteau traversant une
dalle isolée, poutre métallique traversant un mur... ;
Plus ψ et x sont grands, plus les déperditions sont importantes.

Différent ponts thermique de liaison

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Différent ponts thermique intégré

4. Calcul thermique
Pour calculer le coefficient de déperdition thermique réel d'une paroi (intégrant es ponts thermiques), il faut
rajouter au calcul l'incidence de tel poteau d'ossature, telle suspente métallique, tel coffre de volet roulant, telle
jonction avec la dalle... Le calcul devient vite alors affaire de thermicien, avec des grandeurs à intégrer qui
dépendront de l'outil utilisé (méthodes simplifiées, logiciels plus ou moins élaborés).
Notons néanmoins quelques repères :

 Pour les ponts thermiques intégrés (PTI) ponctuels : on calcule le U de I m2 de paroi sans pont thermique, on
y additionne ensuite le nombre « n » de ponts (par m2) multiplié par leur intensité
χ) (: U=U +n1.χ1+n2.χ2…

 Pour les PTI linéaires, plusieurs solutions, la plus simple étant :


On calcule le U de 1 m2 de paroi sans pont thermique, on y additionne ensuite le nombre de mètres de ponts par
m2 multiplié par leΨ de chacun : U=U +n1.Ψ1+n2.Ψ2…

 Pour les ponts thermiques de liaison (PTL) : on multiplie le U du m2 de paroi (qui comprend déjà l'incidence
des PTI) par sa surface (S) et l'on y additionne :
-Les déperditions des PTL linéaires Ψ)
( multiplié par leur longueur (I) ;
-Les déperditions des PTL ponctuelsχ)( multiplié par leur nombre (n). Cela d onne au final : U=U.S + Ψ1.l1 +Ψ2.l2...
+ n1.χ1 + n2.χ2...

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. Les DJU (degrés jour unifiés) sont des
moyennes d'écart des températures entre
l'extérieur et un intérieur à une
température moyenne de 18 °C lors des
Pour connaître les déperditions sur une année de l'enveloppe du bâtiment, périodes de chauffe (conventionnellement
on additionne les déperditions de l'ensemble des parois que l'on multiplie du I er octobre au 20 mai). Calculés
ensuite par les degrés jours unifiés du lieu, puis par 0,024. généralement sur 30 ans, ils oscillent
pour la France entre 1 200 pour la Corse
et 3 800 pour le Jura. Ils sont fournis par les
règles de calcul de la réglementation

Si le principe est simple, la multiplication du nombre de parois et de leurs ponts thermiques respectifs impose un
calcul assez important. De plus, ce n'est qu'après addition à ce résultat des déperditions dues aux renouvellements
d'air et des pertes du système de chauffage, et déduction des apports solaires et des apports internes que ce calcul
aboutira au « bilan thermique » du bâtiment. C'est ce travail que réalisent, de manière plus ou moins succincte, les
thermiciens lors de l'étude thermique.

Quelques valeurs repère

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IV. Etanchéité à l’air
Comme vue plus haut, les parois d’un bâtiment sont soumises à des différences de pression d’air qui, si l’enveloppe
n’est pas étanche, créent des transferts d’air non souhaités entre l’intérieur et l’extérieur.
C’est fuites, responsables de déperditions thermiques accrues en hiver et de surchauffe en été, ont également,
comme les ponts thermiques, de nombreuses autres conséquences :
-Dysfonctionnement du système de ventilation (l’air entre et sort un peu n’importe où au lieu de d’assurer le
balayage complet du logement comme l’ont prévu les concepteurs.
-Dégradations accélérées du bâti par les condensations concentrées aux passages des flux d'air ;
-Dégradation de la qualité de l'air intérieur : apports d'air chargé de polluants présents dans les parois (fibres
d'isolants, poussières, moisissures fixées sur les points de condensation...) ;
-Impossibilité de contrôle des flux de vapeur d'eau dans les parois, interdisant toute gestion cohérente de
l'humidité dans celles-ci

Les fuites ou entrées d'air parasites

La localisation des fuites d'air non désirées peut être très diverse d'un bâtiment à l'autre mais avec tout de même
des points faibles récurrents :

-les menuiseries extérieures : seuils de portes, liaisons murs/baies et


ouvrants/dormants, coffres de volets roulants.
-les liaisons des parois entre elles : sol/murs, murs/plafond... et particulièrement
murs/rampant.
-les équipements électriques : prises, interrupteurs... et tableau ;
-les trappes et autres éléments traversant les parois (plomberie, évacuation,
gaines techniques...).

Étanchéité à l'air et performance des isolants

Les isolants étant généralement des matériaux peu denses, une grande partie
d'entre eux n'opposent que peu de résistance aux flux d'air qui cherchent à les
traverser. Cette faiblesse réduit considérablement leur pouvoir isolant s'ils ne
sont pas mis en œuvre dans des volumes étanches à l'air. D'où l'importance de
leur adjoindre des écrans « pare-air » parfaitement continus sur leurs deux
faces.

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Sur la face interne, la fonction de l'étanchéité est d'empêcher l'air chaud d'entrer
dans l'isolant où il perd ses calories au contact des parties extérieures plus
froides. En outre, ce refroidissement entraîne des condensations dans l'isolant,
qui à. leur tour font chuter les performances et nuisent à la durabilité des
matériaux, et à la qualité de l'air intérieur.
Cette barrière intérieure pourra être, selon les cas, un film « pare-air »
spécifique, un film « frein de vapeur» le parement lui-même (plaque de plâtre,
enduit... à condition qu'il soit continu à 100 %), ou un panneau de
contreventement intérieur.
Une fissure de I mm dans l'étanchéité à l'air peut diviser par 5 la performance
d'un isolant !

Sur la face externe, l'objectif principal est le même : empêcher qu'un flux d'air extérieur ne pénètre l'isolant et
affaiblisse ainsi une grande partie de son potentiel d'isolation. Mais cette barrière, placée côté extérieur, joue
également un rôle déterminant dans la protection de la couche d'isolation contre les intrusions d'insectes ou de
rongeurs. Pour remplir cette fonction, en sous-toiture ou derrière la lame d'air d'un bardage, les membranes pare-
pluie souples sont de peu d'utilité et gagnent à être remplacées systématiquement par des panneaux rigides
bouvetés.

D'après une étude de l'institut de physique du bâtiment de


Stuttgart, la valeur U d'une structure d'isolation thermique se
détériore du facteur 4,8 lorsque l’étanchéité à l’air est mauvaise.
Rapporté à la réalité, cela signifie que pour une maison d'une
surface habitable de 80 m2 qui présente des fuites dans
l'étanchéité à l'air, le chauffage nécessite une quantité d'énergie
aussi grande que pour une maison étanche à l'air d'une surface
habitable d'env. 400 m2.

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Exemples de réalisation pour une étanchéité à l'air effective

La mise en œuvre de l'étanchéité à l'air doit être particulièrement soignée aux raccords entre lés ou panneaux, aux
jonctions de parois, et à tous les passages techniques... Mais une bonne étanchéité à l'air ne s'improvise pas et n'est
effective que si :
-Les détails de réalisation ont été soigneusement prévus en amont ;
-la pose est réalisée avec soin et avec des produits adaptée
-l'intervention des autres corps de métiers ne vient pas endommager le travail précédemment réalisé.

Jonction entre lès ou panneaux assurant l’étanchéité à l’air par du mastic et ou un adhésif

Etanchéité aux angles et raccord des parois avec du mastic et /ou des rubans adhésifs larges, parfois préformés

Quand l'étanchéité à l'air est assurée par un enduit, sa continuité doit être réelle, y compris au droit des boîtiers
électriques (pré enduit sous boîtier électrique), à l'entourage des fenêtres ou dans les angles entre parois (certains
adhésifs se terminent par une trame à inclure dans les enduits contigus).

Jonction au droit des traversées des gaines (aération...)


ou autres réseaux (électricité, plomberie...).

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V. Gestion de l’humidité
1. Les différents outils
a) Introduction
La sensibilité à l'humidité (eau et vapeur d'eau)
Les matériaux de construction ont des comportements divers à l'humidité, qu'elle se présente sous sa forme liquide
(on parlera d'eau ou d'eau liquide) ou sous sa forme gazeuse (on parlera de vapeur d'eau).
S'ils supportent sans dommage la présence d'un air chargé de vapeur d'eau, beaucoup voient leurs performances ou
leur durabilité dégradées en cas de présence trop importante et/ou trop longue d'eau. C'est le cas de la plupart des
isolants mais aussi des structures qui leur sont associées.
Concernant les isolants, la présence d'eau peut dans certains cas engendrer des moisissures si l'humidité persiste.
Quand ils sont trop sensibles à l'eau, les matériaux sont « traités » pour leur apporter une stabilité dans le temps.

b) Comportement des matériaux à l'eau


Avant d'aborder la problématique de la vapeur d'eau dans les parois, examinons comment les matériaux qui
composent celles-ci se comportent en présence d'eau à l'état liquide, car ce fonctionnement interfère avec la
gestion de l'humidité à l'état gazeux.
Plusieurs caractères déterminent le comportement des matériaux à l'eau

 Leur porosité
Un matériau poreux est un matériau qui comporte des pores ou des cavités de plus ou moins grande taille,
pouvant accueillir de l'air (à la différence du verre, de l'acier, qui sont des matériaux non poreux). Ces
pores peuvent être isolés les uns des autres on parle alors de structure fermée, comme certains
polystyrènes ou bien reliés entre eux par des canaux, constituant une structure ouverte. C'est le cas de la
majorité des matériaux de construction : la terre cuite, le béton, le bois, et de la plupart des isolants (laines
minérales ou végétales...).

 Leur hydrophilie ou hydrophobie


La molécule d'eau est polarisée, et fonctionne comme un aimant. La plupart des matériaux l'attirent, ils
sont dits hydrophiles, d'autres la repoussent, comme par exemple les surfaces huilées où les gouttes d'eau
perlent plutôt qu'adhérer ou être aspirées. Ce sont des matériaux hydrophobes (silicone, huile, certains
plastiques... mais également laine minérale et liège).

 Leur capillarité
Lorsqu'un matériau hydrophile est en contact avec l'eau, il a tendance à aspirer cette eau. Cette succion
(ou traction) capillaire, d'autant plus forte que les capillaires sont fins et rectilignes, fait migrer l'eau vers
les parties plus sèches du matériau. C'est ce même phénomène, appelé alors ascension capillaire, qui fait
monter l'eau dans un mur, aspire le pétrole dans la mèche de la lampe, ou fait monter la sève jusqu'en
haut des arbres.
Un comportement capillaire des matériaux permet aussi à l'eau de condensation de se diffuser
(permettant de déconcentrer les problèmes d'humidité) et de migrer jusqu'à la surface des parois pour
s'évaporer au contact de l'air. Dans un matériau peu ou non capillaire, l'eau de condensation se concentre
puis tombe par gravité.
-Le comportement capillaire se mesure en laboratoire. . Il s’exprime généralement par les coefficients
d’absorption liquide et de transport d’eau liquide

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Classement de divers matériaux selon leur activité capillaire
Activité capillaire Exemples
Coefficient d'absorption Coefficient de transport
d'eau liquide (redistribution)
2 1/2
Aw (en kg/m s ) Dww (en m2/s)

11
Nulle à très faible < 0,01 < 10-
Plastiques, quelques enduits « techniques »,
polystyrène, laines
minérales, verre cellulaire, panneaux fibrociment,
matériaux
hydrofugés...
-8 12
De faible à 0,005 à 0, I 10 à 10- Bois perpendiculairement aux fibres, majorité des
significative pierres,
enduits commerciaux contemporains, liège expansé...
6 9
Forte 0,05 à 0,2 10- à 10- Bois dans le sens des fibres, enduits terre ou chaux
traditionnels,
pierres calcaires poreuses, maçonneries en briques,
pisé...
7
Très forte > 0,1 > I 0-
Maçonneries en briques, ouate de cellulose, plâtre,
plaques de plâtre...

 Leur hygroscopicité
Les matériaux poreux, à structure ouverte et hydrophiles, sont également hygroscopiques, c'est-à-dire
qu'ils peuvent fixer sur leurs pores des molécules de vapeur d'eau qui, selon la taille des pores et le taux
d'humidité relative de l'air, condensent plus ou moins rapidement : on parle alors d'humidité
hygroscopique, d'adsorption et de condensation capillaire. Dans une paroi, la présence de matériaux
hygroscopiques permet de stocker et de déstocker une partie de l'humidité de l'air. Une paroi composée
de tels matériaux est donc moins sensible à des teneurs d'humidité fluctuantes et, en abaissant le taux
d'humidité de l'air, repousse le moment (ou l'endroit) où la vapeur d'eau condensera par saturation.

c) Comportement des matériaux à la vapeur d'eau


Indépendamment de son comportement avec l'eau liquide, chaque matériau offre une certaine résistance à la
migration de la vapeur d'eau. Cette résistance s'exprime par le coefficient pi et la valeur Sd.

Définitions

 Le coefficient (ou facteur) de résistance à la diffusion de vapeur d'eau.


Grandeur sans unité, symboliséμ. (prononcé mu), elle indique dans quelle mesure un matériau (pris sous
son aspect « matière » : le béton, le bois...) s'oppose à la migration de la vapeur d'eau. Il est établi par
convention que l'étalon pour exprimer la progression de la vapeur d'eau est l'air immobile μ air = I)
Un matériau ayant unμ. de 30 signifie qu'il résiste 30 fois plus à la diffusion de vapeur d'eau que l'air.

 La résistance à la diffusion de vapeur d'eau.


Symbolisée Sd (prononcé esdé), elle indique dans quelle mesure un matériau (pris sous son aspect produit :
brique de 20 cm, plaque de plâtre de 13 mm...) s'oppose à la migration de la vapeur d'eau. On l'obtient en
multipliant le coefficient μ (du matériau) par l'épaisseur (du produit) en mètre : Sd μ= x e Sd s'exprime en
mètres (m).
Un matériau ayant un Sd de 5,00 m exerce la même résistance à la diffusion de vapeur d'eau qu'une lame
d'air immobile de 5 mètres de largeur.
Plus le μ et le Sd d'un matériau sont grands, plus ce dernier s’oppose à la migration de la vapeur d'eau.

 La perméance et la perméabilité à la vapeur d'eau.


Dans le bâtiment on utilise plus ces termes comme qualificatifs que comme grandeurs physiques. On dira
par exemple qu'une paroi ou un matériau est perméant (ou perspirant) s'il s'oppose peu à la migration de
vapeur d'eau.

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résistance à la vapeur d'eau de divers matériaux
Coefficient de Épaisseur
résistance Résistance à la
à la vapeur vapeur
d'eau (μ) d'eau (Sd en m)
Air (= référence) I Im I
Verre +∞ 4 mm +∞
Béton armé 80 à 130 (1) 12 cm 9,6 à 15,6
Bois tendre (sapin...) 20 à 50(1) 2 cm 0,4 à I
Plâtre (tradi, placo...) 4 à 10 (1) 13 mm 0,05 à 0,I3
Polystyrène expansé 60 20 cm 12
Laine minérale I 20 cm 0.2
Laine végétale Ià2 20 cm 0.2
Film en polyéthylène 0,15 (2)
50
mm
Feuille d'aluminium 0,05 1500
mm (2)
(I) Pour un même matériau, le p, peut évoluer selon sa densité et son taux d'humidité.
(2) Pour les matériaux très fins (films, membrane...), seule la valeur Sd est renseignée.

d) Humidité relative et point de rosée

Définitions

Humidité absolue. Quantité de vapeur d'eau présente dans une masse d'air
donnée. Elle s'exprime en grammes par mètre cube d'air ou par kilogramme
d'air sec.

Humidité saturante. Quantité maximale de vapeur d'eau que l'air peut


contenir à une température donnée (sans que celle-ci se condense). Plus l'air
est chaud, plus il peut contenir d'eau sous forme de vapeur (Exemple : de l'air
à 20 °C peut contenir jusqu'à 14,4 g de vapeur d'eau par mètre cube alors qu'il
ne peut en contenir que 12,5 g à 10 °C.)

Humidité relative (HR). Proportion entre humidité absolue et humidité


saturante pour une température donnée. (Par exemple, à 20 °C, si l'air
contient 7.2 g de vapeur d'eau, son humidité relative est de 7,2 g/ 14,4 g = 0,5
soit 50 %. On appelle aussi ce pourcentage le taux d'hygrométrie.)

Point de rosée. Lorsque l'humidité relative augmente jusqu'au niveau de


l'humidité saturante (HR = 100 %), on dit qu'elle arrive à saturation ou que la
vapeur =eau devient saturante. Au-delà de ce point, appelé point de rosée, le
surplus de vapeur d'eau se condense en eau.

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e) La gestion de l'humidité dans les parois
Nous avons vu au début de cette partie qu'il était possible de concevoir des parois de telle sorte que les différentes
sources d'humidité n'y pénètrent pas,
Ou que du moins il n'y ait jamais d'excès d'humidité qui serait cause à la fois de chute de performance des isolants,
de détérioration de la qualité de l'air intérieur et de dégâts graves affectant la durabilité du bâti. Pour atteindre ces
objectifs, on distingue historiquement deux stratégies différentes, celle des bâtiments anciens de type préindustriel,
et celle des bâtiments contemporains.

2. Bâti conventionnel
Pare vapeur conventionnel avec paroi externe ne permettant pas l’évaporation

La stratégie conventionnelle consiste à essayer de ne pas permettre à la vapeur


d’eau d’être en contact avec les éléments porteurs ou isolants du bâtiment et ainsi
empêcher tous transfert.
La pose de film étanche coupure de capillarité, étanchéité sous couverture à l’aide
de goudron…

A partir des années 1970 L’isolation par l’intérieur s’impose en France, il faut donc
alors résoudre les problèmes de condensation inhérente à ce système.
Le pare vapeur se démocratise donc, mais l’étanchéité de cette barrière, posée
côté chaud de la paroi n’est que théorique : l’air étant un fluide, la surpression le
fait confluer vers tous les défauts et toutes les discontinuités du pare-vapeur.
Le résultat est donc une concentration de vapeur d’eau et de condensation dans
certaines parties de la paroi:
-pont thermiques
-raccords entre parois (ossatures primaires ou secondaires)
-passage des canalisations électriques
-étanchéité défaillante entre lés de pare-vapeur.

Ils est notamment dangereux de mettre en place des pare-vapeur sans avoir la
capacité réelle d'en assurer la continuité.»
Guide la Thermique du bâtiment, 2007, ISOVER,

Cette phrase écrite en petits caractères au détour d'une page d'un ouvrage qui en
comporte cent quarante et qui se présente comme la référence technique de
l'isolation, est-elle suffisante au regard de l'énorme problème qu’elle évoque ?

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3. Système constructif dit perspirant
Calqué sur le fonctionnement des habitats vernaculaire de nos régions (maison en pierre bâtit à la chaux, à la terre,
pisé, torchis …), Le principe est de réguler le passage de la vapeur d’eau et d’en favoriser le transit pour ce il faut
respecter plusieurs règle :

 Le premier principe est de limiter la pénétration de la vapeur d'eau


dans la paroi. Pour cela il faut d'abord réaliser côté intérieur une très bonne
étanchéité à l'air. Le matériau choisi pour assurer l'étanchéité à l'air doit
opposer une certaine résistance à la migration de vapeur d'eau, mais avec un
Sd limité afin que l'éventuelle humidité présente dans la paroi puisse
s'évaporer vers l'intérieur, si besoin, aussitôt que les conditions le permettent.
On parle alors de « frein de vapeur ». Ce peut être un panneau, un film, un
enduit...

 Le deuxième principe, particulièrement important avec les fortes


épaisseurs d'isolation, est de choisir pour la paroi des matériaux suffisamment
capillaires pour permettre à l'éventuelle eau condensée de se déplacer pour
rejoindre les parements et se ré évaporer

 Le troisième principe est de disposer les matériaux en couches de


perméabilité croissante de l'intérieur vers l'extérieur (les plus fermés côté
intérieur... jusqu'au parement extérieur, toujours très ouvert à la vapeur
d'eau).

Le garde-fou la règle du « 5 pour 1 » et ses applications

En l'absence de prise en compte de cette problématique dans les textes de référence français et vu la difficulté de
faire des études au cas par cas sur de petits projets, de nombreux acteurs de l'éco construction appliquent depuis
une dizaine d'années la règle du 5 pour 1 au dimensionnement des parois perspirantes. Méthode simple de
dimensionnement « par défaut » des résistances à la vapeur d'eau issue de la réglementation britannique, elle
propose une résistance à la vapeur d'eau du parement intérieur 5 fois supérieure à celle du parement extérieur (Sd
int, ≥ 5 x Sd ext.), avec toutefois un Sd minimal de 1 mètre côté intérieur.
Toutefois il est préférable de confirmer la perspirance de la paroi avec un diagramme de glaser. (Voir « exemple de
différents complexe » dans le chapitre ossature bois)

Un frein vapeur est considéré comme tel lorsque sa valeur sd est comprise entre 1 et 5
Les matériaux dont le sd est supérieur 10 seront considéré comme un pare vapeur.

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VI. Conclusion
En conclusion et à notre avis on ne peut concevoir puis construire une habitation sans intégrer tous ces facteurs, qui
comme nous l’avons vue sont déterminants pour le confort intérieur, la consommation d’énergie, le coût
d’entretient, la durabilité du bâtiment……
Les sujets traités ci-dessus ne sont abordés que de manière succincte et demande à être approfondis, rapporter à un
projet de construction on constate qu’il n’y a pas de solution miracle adapté à tous les projets, il est donc nécessaire
de s’entourer de professionnels compétents et minutieux, tant au niveau de la programmation que de la mise en
œuvre.

En effet que ce soit en neuf ou en réhabilitation les phases essentielles de programmation et de conception sont
trop souvent négligées au prétexte que la rémunération de la prestation intellectuelle qu’elle représente serait un
surcoût. Ne pas prendre en compte cette programmation ne mènera qu’à des dépenses inutile car l’habitat ne
répondra pas à nos attentes : un espace de vie adapté à la fois à sont environnement et à nos besoins réels.

Dans la phase de construction il sera aussi nécessaire de faire appel à des artisans compétents car la mise en œuvre
est au moins aussi importante que le choix des matériaux, par exemple mettre 40 cm d’isolant si l’étanchéité à l’air
n’est pas correctement réalisée n’engendrera qu’un surcoût inutile de matériaux, il en est de même pour tous les
postes de construction. Prendre l’artisan le moins cher n’est pas forcement un bon calcul car derrière un faible coût
il peut ce cacher une mise en œuvre douteuse, d’autant plus qu’en France les entreprises n’ont qu’une « obligation
de moyen » et non pas de résultat.

Encore une fois nous conseillons de lire les livres de Jean-Pierre Oliva et Samuel Courgey pour plus de détails.

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