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Transferts thermiques

EXERCICES

Transfert de chaleur par conduction en régime permanent

1. Apport de chaleur dans une pièce climatisée


Les murs d’une pièce climatisée à 25°C sont constitués des différentes couches suivantes de l’extérieur vers
l’intérieur :
- 2 cm d’enduit en ciment
- 20 cm d’agglomérés creux
- 5 cm de polystyrène
- 1 cm de plâtre
La température extérieure est de 35°C, les coefficients de convection externe et interne ont pour valeur
respectives he = 10 W.m-2.°C-1 et hi = 5 W.m-2.°C-1.
1. Calculer la résistance thermique globale du mur.
2. Calculer le flux de chaleur entrant pour une surface de 40 m2.
3. Calculer le coût journalier de la climatisation représenté par les pertes à travers ces murs en considérant
les données suivantes :
- Fonctionnement 8h par jour
- Efficacité de l’installation de climatisation égale à 2
- Prix du kWh électrique égal à 0,13 €
4. Calculer la température de la face intérieure du mur.
5. Reprendre les questions 3 et 4 dans les deux cas suivants : 10 cm de polystyrène et pas de polystyrène.
6. La consommation d’un écran cathodique de PC est de 150W, celle d’un écran plat est de 75W. En
supposant qu’il reste également allumé pendant 8h par jour, comparer l’effet du passage d’une épaisseur
de polystyrène de 5 à 10 cm avec l’effet d’un changement d’écran. Quelle économie annuelle représente
un changement d’écran ?

Données : λ agglomérés creux = 0,5 W.m-1.°C-1 , λ enduit = 0,95 W.m-1.°C-1,


λ plâtre = 1,2 W.m-1.°C-1, λ polystyrène = 0,035 W.m-1.°C-1.

2. Pertes thermiques d’un oléoduc

Un oléoduc de diamètre 100/108 mm est isolé par une couche de laine de verre d’épaisseur e = 50 mm et de
conductivité thermique λ = 0,042 W.m-1.K-1. la température d’entrée de l’huile est Ti = 50°C, la température de
l’air extérieur est T∞ = -15°C et le coefficient d’échange avec l’air extérieur he = 30 Wm-2.K-1 (vent fort). Si le
débit d’huile est m & = 6,4 kg.s −1 , la chaleur massique de l’huile cp = 2100 J.kg-1.K-1, quelle est la température de
l’huile au bout d’une longueur L = 10 km ?

3. Epaisseur critique d’isolation

Soit un tube cylindrique de rayon interne r1 et de rayon externe r2 constitué d’un matériau de conductivité
thermique λ1. Supposons que l’on veuille l’isoler avec un manchon de rayon externe r3 et de conductivité
thermique λ2. Soient hi et he les coefficients de transfert interne et externe.
1. Calculer la résistance thermique du tube seul.
2. Calculer la résistance thermique de l’ensemble tube + manchon.
3. Déterminer les conditions pour lesquelles l’adjonction d’un manchon permet bien de diminuer les pertes
thermiques.
Données : r2 = 1,5 cm ; λ2 = 0,1 W m-1 °C-1 ; he = 6 W m-2 °C-2.

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Exercices

4. Anémométrie à fil chaud

L’expérience montre qu’un conducteur filiforme fin parcouru par un courant électrique et soumis à un
écoulement transversal d’un fluide atteint très rapidement un état d’équilibre thermique sous l’influence d’une
part de l’effet Joule et d’autre part des pertes de chaleur par conduction le long du fil et surtout par convection
sur la surface latérale du fil immergé dans le fluide. Si le fil est chauffé modérément, l’effet du rayonnement
thermique est négligeable par rapport à celui de la convection. Ce principe est utilisé pour mesurer (à partir de la
variation du coefficient d’échange par convection h) la vitesse du fluide à l’aide d’un dispositif appelé
« anémomètre à fil chaud ».
Considérons un fil cylindrique circulaire de diamètre d, de longueur 2ℓ dont le coefficient de conductivité
thermique λ est constant et la résistivité électrique ρ fonction linéaire de la température T de sorte que
ρ = ρ e (1 + β θ ) où θ = T − Te et ρe la résistivité du fil à la température Te de référence. Ce fil est maintenu entre
deux bornes d’amenée du courant, massives et de grandes dimensions, de sorte que la température aux
extrémités du fil puisse être considérée comme égale à la température des bornes, elle-même égale à la
température du fluide incident Te. Le coefficient d’échange par convection h entre le fluide incident à la
température Te et la surface latérale du fil immergé sera supposé constant même au voisinage des extrémités.
1. Si I est l’intensité du courant parcourant le fil en régime de fonctionnement normal, c’est à dire lorsque
l’équilibre thermique du fil est atteint, déterminer l’expression du champ de température le long du fil
(la valeur de h reste supérieure à 4000 W.m-2.K-1).
2. Calculer les pertes par conduction aux extrémités du fil. A partir de quelle longueur 2ℓ0 du fil peut-on
considérer que les pertes de chaleur par les extrémités du fil sont indépendantes de la longueur ?
3. Quand le fil parcouru par un courant d’intensité I est placé dans un écoulement pour lequel le
coefficient d’échange par convection h est connu, calculer l’expression de la résistance électrique R du
fil et en déduire l’expression d’une température moyenne θ telle que R = R e 1 + β θ avec ( )
8 ρe l
Re = .
πd2
4. Dans la pratique, c’est le coefficient d’échange par convection h que l’on désire mesurer. Cela est rendu
possible par la mesure simultanée de l’intensité I et de la résistance R du fil. Déterminer le coefficient
d’échange par convection h à partir des grandeurs caractéristiques du fil à la température Te et des
valeurs à l’équilibre de la résistance électrique R et de l’intensité du courant I.
5. Pour une intensité I = 60 mA, on a mesuré R/Re = 2,004. Que vaut le coefficient d’échange h ? Si l’on
admet que dans ces conditions expérimentales le coefficient d’échange h (en W.m-2.K-1) est donné en
fonction de la vitesse v (en m.s-1) par la relation h = 3945 v 0,33 , quelle est la vitesse de l’air ?
Données numériques :
d = 5.10-6 m ; ℓ = 5.10-4 m ; ρe = 9,8.10-8 Ω.m ; β = 3,8.10-3 K-1 ; λ = 70 W.m-1.°C-1

5. Paroi de conductivité variable

Une paroi plane est constituée d’un matériau homogène dont le coefficient de conductivité thermique peut
être représenté par : λ = λ 0 (1 + a T ) , λ0 étant la conductivité thermique à 0°C. Les faces sont soumises aux
températures T1 et T2.
1. Quelle est la densité de flux traversant le mur d’épaisseur e ?
2. Comment varie la température en fonction de x ?
3. Le flux est-il inférieur ou supérieur à celui calculé avec λ = λ0 ?
4. Données : T1 = 20°C ; T2 = 35°C ; a = 0,005°C-1 ; λ0 = 0,03 kcal.h-1.m-1.°C-1 ; e = 20 cm.

6. Calcul d’une ailette

Une ailette en aluminium de largeur 5 cm, de longueur 10 cm et d’épaisseur 3 mm est encastrée dans un mur.
La base de l’ailette est maintenue à 300°C, la température ambiante est de 30°C et le coefficient de transfert est
de 10 W.m-2 .°C-1.
1. Déterminer la température à l’extrémité de l’ailette et le flux extrait par l’ailette si l’on néglige les
gradients thermiques dans les sens de la largeur et de l’épaisseur.

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Transferts thermiques

2. On appelle efficacité de l’ailette le rapport du flux extrait sur le flux qui serait extrait par l’ailette de
même géométrie dont la température serait uniforme et égale à la température de sa base. Calculer cette
efficacité.
3. Calculer l’erreur relative que l’on aurait commise en considérant que la température de l’extrémité de
l’ailette était égale à la température ambiante.
4. Ecrire les équations à résoudre dans le cas où l’on tient compte d’un gradient thermique dans le sens de
la largeur de l’ailette.

7. Résistance thermique d’un tube aileté

Considérons un tube cylindrique circulaire en acier de conductivité thermique λ = 40 W.m-1.K-1, de longueur


ℓ = 3 m, de rayon intérieur Ri = 70 mm et de rayon extérieur Re = 80 mm. Il est parcouru par un écoulement
d’eau chaude à la température Ti et le coefficient d’échange interfacial intérieur, côté eau, est égal à
hi = 250 W.m-2.K-1. De l’air frais à la température Te circule axialement sur la surface extérieure et le coefficient
d’échange interfacial extérieur, côté air, est égal à he = 40 W.m-2.K-1.
Afin d’accroître le transfert de chaleur entre l’eau et l’air, on décide de disposer des ailettes longitudinales en
acier (λ = 40 W.m-1.K-1).
1. Les ailettes doivent-elles être placées côté eau ou côté air ? Justifier leur implantation. Pour des raisons
aérodynamiques, leur nombre est fixé à 20. Elles sont soudées le long des génératrices du tube sur toute
la longueur l et régulièrement espacées sur le cercle directeur. Soient L leur hauteur et e leur épaisseur
supposée constante (ailette rectangulaire). Afin de minimiser le poids de matière première, on impose le
produit eL = 128 mm2.
2. Déterminer les dimensions géométriques optimales d’une ailette pour évacuer un flux maximum.
3. Quelle est l’efficacité totale ηt de la surface munie d’ailettes ?
Remarque : Dans le calcul de la résistance thermique interfaciale d’une paroi munie d’ailettes, la
surface dont il faut tenir compte est la surface ηt S où ηt est l’efficacité totale et S la surface baignée
par le fluide.
4. Quelle est la résistance thermique totale entre l’eau à la température Ti et l’air extérieur à la température
Te ? Donner le schéma électrique équivalent et discuter.
5. Quel est le flux de chaleur échangé entre l’eau et l’air si Ti – Te = 60°C ? Comparer ce flux à celui qui
serait échangé par le même dispositif non muni d’ailettes.

8. Chambre froide

On considère une chambre froide cubique de côté intérieur l = 3 m à une température intérieure de –18°C. Les
parois sont constituées de 15 cm de polystyrène et de 10 cm de béton. La température extérieure est de 35°C, les
coefficients de transfert interne et externe valent respectivement he = 15 W m-2 °C-1 et hi = 10 m-2 °C-1. En
supposant que le sol est parfaitement isolé, calculer le flux de chaleur entrant dans l’enceinte.

9. Tubes enterrés

Deux tubes sont enterrés dans le sol et maintenus respectivement à 300°C et à 125°C. Leurs diamètres sont de
8 cm et de 16 cm, la distance entre leurs axes est de 40 cm. Calculer le flux échangé par mètre de longueur si la
conductivité thermique de la terre est de 0,7 W.m-1.°C-1.

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Transfert de chaleur par conduction en régime transitoire

10. Gel des conduites d’eau dans un sol sec

Dans l’installation des conduites d’eau souterraines, il est important de déterminer la profondeur à laquelle
une variation de température à la surface du sol se fait sentir pendant une période de 12 heures. Sachant que la
température initiale du sol est de 4°C et que la température tombe brutalement à –4°C, déterminer la profondeur
à laquelle pénètre la température du point de congélation. On considérera un sol sec : ρ = 1700 kg.m-3 ;
cp = 840 J.kg-1.K-1 ; λ = 0,4 W.m-1.K-1.

11. Isolation d’une manipulation

On désire réaliser une manipulation légère (faible inertie) de laboratoire devant se dérouler sur une longue
période de temps à une température comprise entre 15 et 25°C. Ces conditions sont aisément remplies dans la
journée où la température se maintient autour de 20°C mais la nuit, du fait de l’arrêt du chauffage pendant 12
heures, la température peut descendre à 10°C. Aussi veut-on réaliser une régulation statique du système en
enfermant la manipulation dans une enceinte. On dispose de deux matériaux : un acier inoxydable et du
polystyrène expansé. Le coefficient d’échange h entre les parois de l’enceinte et l’ambiance est
h = 10 W.m-2.°C-1. Comment dimensionner de manière raisonnable les parois de l’enceinte ?
Données : Acier inoxydable : ρ = 7700 kg.m-3 ; cp = 460 J.kg-1.K-1 ; λ = 25 W.m-1.K-1.
Polystyrène : ρ = 50 kg.m-3 ; cp = 1250 J.kg-1.K-1 ; λ = 0,04 W.m-1.K-1.

12. Gel des conduites d’eau dans un sol humide

On reprend l’exercice 10 dans le cas où le sol est humide (ρ = 1700 kg.m-3 ; cp = 840 J.kg-1.K-1 ;
λ = 0,4 W.m-1.K-1) et contient w = 10% d’eau en masse. La chaleur de fusion de la glace est Lf = 333 kJ.kg-1.
1. Ecrire le problème à résoudre dans les zones gelées (0 < x < X(t)) et non gelée (X(t) < x), les conditions
aux limites en x = 0 et x → ∞ et les conditions à vérifier à l’interface X(t) entre les deux zones.
2. Montrer que l’on peut chercher la solution pour le champ de température sous la forme :
T − T0  x 
= A erf   dans la zone gelée
Tf − T0 2 at 
 
T − T0   x 
= B 1 − erf   dans la zone non gelée
Tf − T0  2 a t 
  
où x est la profondeur calculée à partir de la surface du sol, Ti = 4°C la température initiale du sol,
Tf = 0°C la température de congélation et a la diffusivité thermique de sol. A et B sont des constantes à
déterminer.
3. En considérant les conditions à l’interface X(t), montrer que nécessairement X (t ) = 2 δ a t où δ est une
1 θ
π Sn δ = −
( ) ( )[1 − erf (δ)]
constante vérifiant l’équation transcendante :
exp δ erf (δ)
2
exp δ 2

Ti − Tf w Lf
Où θ = et Sn = est le nombre de Stephan-Neumann.
Tf − T0 c p (Tf − T0 )

4. Résoudre l’équation transcendante précédente en supposant a priori δ petit.


5. Déterminer la profondeur à laquelle pénètre la température du point de congélation.

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13. Paroi coupe-feu

Une paroi coupe-feu doit répondre aux exigences suivantes : à partir de la température ambiante, si du côté
chaud, la température s’accroît soudainement de 700 K, la température du côté froid ne doit pas monter de plus
de 140 K. Quelle doit être l’épaisseur de la paroi (de diffusivité thermique a = 5.10-7 m2.s-1) pour répondre à cette
condition au bout de respectivement 3, 6 ou 12 heures ?

14. Incendie d’une poutre en bois

Pour lutter contre les incendies, il est nécessaire de connaître comment des poutres en bois peuvent supporter
le feu avant de s’enflammer. Les poutres sont longues de section droite 100 x 100 mm2 et initialement à la
température uniforme de 16°C. A l’instant où se déclare le feu, les poutres sont exposées à une température de
650°C et le coefficient de transfert convectif vaut h = 12 W m-2 °C-1. Evaluer le temps avant que le bois
n’atteigne sa température d’inflammation de 427°C. Les propriétés physiques du bois sont les suivantes :
ρ = 800 kg.m-3 ; cp = 2400 J.kg-1.K-1 ; λ = 0,3 W.m-1.K-1.

15. Traitement thermique d’un train d’atterrissage

Le traitement thermique d’un train d’atterrissage consiste à refroidir rapidement la pièce pour obtenir une
structure métallique et des caractéristiques mécaniques satisfaisantes. On sait par ailleurs que la structure
obtenue est satisfaisante pour tout point ayant atteint ou dépassé une vitesse de refroidissement critique de
800 °C.s-1 au voisinage de 250 °C. Quelle est l’épaisseur de la couche traitée thermiquement si l’on admet que le
refroidissement est réalisé en imposant une température constante de 20°C à la surface de la pièce initialement
portée à la température uniforme de 470°C ? La pièce est en aluminium et on l’assimilera à un cylindre de 60
cm de diamètre et de 3 m de haut. On abordera les calculs en supposant l’épaisseur de la couche traitée très petite
devant le rayon du cylindre (on vérifiera cette hypothèse a posteriori).

16. Modélisation du plan chaud

Le but de la méthode du plan chaud est de mesurer l’effusivité thermique d’un matériau. La méthode consiste
à insérer un élément chauffant plan dont on mesure l’évolution de la température entre deux échantillons de
grande épaisseur du matériau à caractériser. On lui envoie un échelon de tension qui provoque le dégagement
d’un flux de chaleur ϕ0. La chaleur produite diffuse dans les échantillons et on enregistre l’évolution de la
température T(t) de l’élément chauffant au cours du temps.
1. Ecrire à l’aide de la méthode des quadripôles l’expression de la transformée de Laplace de cette
température. On considérera que la température est uniforme dans l’élément chauffant de masse 2m et de
capacité calorifique c et que tout le flux est produit sur sa surface médiane ; on notera Rc la résistance
thermique de contact entre l’élément chauffant et la sonde.
2. Etudier en utilisant des développements limités les comportements asymptotiques de cette température.
En déduire une méthode simple de détermination de l’effusivité.
3. Estimer les valeurs de E, Rc et mc à partir du thermogramme ci-dessous (représenté dans plusieurs
systèmes d’axes) obtenu sur du PVC d’épaisseur 1cm.
4. Montrer qu’au bout de 60 s la condition du milieu semi-infini est toujours valable. On supposera que la
face non chauffée de l’échantillon est parfaitement isolée.
5. Ecrire la matrice de sensibilité pour une relation linéaire en τ = t1/2 de la forme T(τ) = k0 +k1 τ et calculer
la matrice de covariance des erreurs d’estimation de k0 et de k1.
6. En déduire l’écart type de l’erreur d’estimation sur E si l’écart type sur les mesures de température est de
0,05°C et en supposant que l’approximation réalisée au temps longs n’induit pas de biais (modèle exact).

Données : Elément chauffant de surface 20,3 cm2, de résistance électrique R = 40,5 Ω alimenté sous une
tension U = 6V. Diffusivité thermique du PVC mesurée par méthode Flash : a = 1,2.10-7 m2.s-1.

154 Cours Transferts thermiques 2ème année Ecole des Mines Nancy
Exercices

5.0

4.0

3.0

∆ T (°C)
2.0

1.0

0.0
0 10 20 30 40 50 60
t (s)

0.25 5.0

0.2 4.0

0.15 3.0

∆ T (°C)
T (°C)

0.1 2.0

0.05 1.0

0 0.0
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0 1 2 3 4 5 6 7 8
t (s) t1/2 (s0.5)

17. Modélisation du fil chaud

Le but de la méthode du fil chaud est de mesurer la conductivité thermique d’un matériau. La méthode
consiste à insérer un fil chauffant dont on mesure l’évolution de la température entre deux échantillons de grande
épaisseur du matériau à caractériser. On lui envoie un échelon de tension qui provoque le dégagement d’un flux
de chaleur ϕ0. La chaleur produite diffuse radialement dans les échantillons et on enregistre l’évolution de la
température Tm(t) de l’élément chauffant au cours du temps.
La modélisation de ce transfert de chaleur permet de calculer l’évolution de la température T(t) au centre de
l’échantillon. On applique une méthode d’estimation de paramètres pour calculer les valeurs de :
- La conductivité thermique λ,
- La capacitance thermique (mc)s du fil chauffant,
- La résistance de contact Rc à l’interface fil/échantillon,
qui minimisent l’écart entre les courbes T (t) théoriques et Tm(t) expérimentales.
1. Ecrire à l’aide de la méthode des quadripôles l’expression de la transformée de Laplace de cette
température. On considérera que la température est uniforme dans l’élément chauffant.
2. Etudier en utilisant des développements limités les comportements asymptotiques de cette température.
En déduire une méthode simple de détermination de la conductivité thermique.

Yves Jannot 155


Transferts thermiques

Transfert de chaleur par rayonnement

18. Eclairement solaire

En supposant que le soleil rayonne comme un corps noir à la température de 5762 K et en ne considérant que
les échanges radiatifs Terre / Soleil :
1. Calculer la fraction de flux émise dans le domaine du rayonnement visible.
2. Calculer l’éclairement solaire sur 1 m2 de la surface de la terre.
3. Calculer la température moyenne de la terre.
Données : Rayon du Soleil : 696 700 km ; Distance Terre / Soleil : 149 637 000 km.

19. Transmission du rayonnement

Une plaque de verre de 100 cm3 est utilisée pour observer le rayonnement provenant d’un four. Le facteur de
transmission du verre est nul excepté dans la bande 0,2 à 3,5 µm où il vaut 0,8. Le facteur d’émission est pris
égal à 0,3 jusqu’à 3,5 µm et 0,9 au-delà. En admettant que le four est un corps noir à 1800°C, calculer l’énergie
totale absorbée par le verre et l’énergie transmise.

20. Rayonnement dans un four


Quel est le flux de chaleur par mètre de longueur que reçoit un tube en métal de 8 cm de diamètre extérieur à
200°C placé dans un tunnel en briques réfractaires à 1200°C, ce tunnel ayant une section
1. Très grande par rapport au diamètre du tube.
2. Carrée de 12 cm de côté.

21. Influence du rayonnement sur les mesures de température

1. Un thermomètre de diamètre dt ayant une émissivité εt = 0,8 est utilisé pour mesurer la température d'un
gaz transparent s'écoulant dans une grande conduite dont les parois sont à 250°C. La température réelle
du gaz est 500°C.
2. Calculer la température indiquée par le thermomètre sachant que le coefficient d'échange convectif est
de 122 W m-2 °C-1.
3. Recalculer cette température si le thermomètre est recouvert de papier d’aluminium d’émissivité 0,1.

On considère maintenant que le thermomètre précédent est protégé contre le rayonnement par un écran
cylindrique mince de diamètre de = 4 dt et de facteur d'émission εe = 0,3. En admettant pour Tp, Tg, εt et hc
les mêmes valeurs numériques qu'en a) et pour he (coefficient de transfert par convection sur chaque côté de
l'écran) la valeur 114 W m-2 C-1 , évaluer la nouvelle valeur de la température indiquée par le thermomètre.

22. Echange radiatif dans un local

1. Un local parallélépipédique de dimensions 6 x 4,5 m au sol par 3 m de hauteur est chauffé par son
plancher porté à 35°C. Les murs et le plafond étant à 20°C, évaluer le flux net échangé :
- Entre le plancher et un élément de surface de 1 m2 placé au centre du plafond.
- Entre le plancher et le plafond.
- Entre le plancher et l’ensemble des murs et du plafond.
2. On considère maintenant que le local a des murs parfaitement isolés. Le sol est à 35°C, le plafond à
20°C. Calculer le flux radiatif net échangé entre le plancher et le plafond ainsi que la température,
supposée uniforme, de la surface intérieure des quatre murs verticaux

156 Cours Transferts thermiques 2ème année Ecole des Mines Nancy
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23. Refroidissement d’un théière


Une théière a la forme d’un cylindre de hauteur L = 20 cm et de diamètre D = 10 cm. Elle est posée sur un
support en liège d’épaisseur 2 cm que l’on considérera comme parfaitement isolant. On la remplit avec de l’eau
bouillante à la température T = 100°C. La température des parois de la théière sera supposée égale à 100°C après
remplissage par l’eau. La température du milieu environnant est Tair = 25°C. L’émissivité des parois est égale à
0,8. On considérera que lors du refroidissement les températures de l’eau et de la paroi restent égales et
uniformes.

1. Calculer le flux de chaleur perdu par convection naturelle juste après remplissage.
2. Calculer le coefficient d’échange équivalent par rayonnement et le flux de chaleur perdu par
rayonnement juste après remplissage.
3. En supposant les coefficients de transfert constants, calculer le temps au bout duquel la température de
l’eau sera égale à 50°C.
4. Vérifier la validité des hypothèses :
- Pertes par le fond négligeables,
- Coefficient de rayonnement constant.
5. Reprendre le calcul si la théière est réfléchissante d’émissivité 0,1.
6. Reprendre le calcul des pertes globales si les parois sont constituées de deux cylindres métalliques co-
axiaux d’émissivité 0,1 pour les surfaces intérieures et de 0,8 pour la surface externe et de diamètre
respectifs 0,2m et 0,21m (type vase Dewar). On a réalisé un vide poussé entre les deux cylindres qui
permet d’abaisser le coefficient de convection à 0,5 W.m-2.°C-1. On considérera que la température de la
paroi externe est peu différente de la température du milieu environnant. On justifiera cette hypothèse a
posteriori.
Données : Coefficient d’échange par convection naturelle entre la théière et l’air : hce = 10 W.m-2.°C-1.

24. Rayonnement de gaz

Un mélange de 40% de CO2 et 60% de H2O en volume est contenu dans une enceinte cubique de 1 m de côté,
le mélange est à 1 atm et à 800 K. Les parois de l'enceinte sont à 400 K et ont une émissivité εp = 0,8. Calculer
le flux de refroidissement nécessaire pour maintenir les parois à 400 K.

25. Capteur solaire couvert

Une tôle noircie de dimensions 2 m x 1m, d’épaisseur faible, isolée par 5 cm de polystyrène sur sa face
inférieure est exposée à un ensoleillement de 800 W.m-2. La température extérieure est de 28°C, la vitesse du
vent est de 2 m.s-1. La température de rayonnement du ciel est égale à 16°C.
1. Calculer la température atteinte par la tôle si l’on ne tient pas compte de la convection.
2. La vitesse du vent créé une convection forcée de coefficient donné par : hvent = 5,7 + 3,8 uvent. Calculer
la température de la tôle en prenant en compte les pertes convectives.
3. Calculer les pertes conductives vers le bas et les comparer aux pertes globales vers le haut.
4. Calculer le coefficient global (convection + rayonnement) de pertes vers le haut.
5. On fait circuler dans l’espace de 1cm entre la tôle et le polystyrène un débit d’eau entrant à la
température de 20°C avec une vitesse de 0,5 m.s-1. Calculer le coefficient d’échange par convection
entre l’eau et la tôle.
6. Calculer la température de sortie de l’eau si l’on suppose que le coefficient global de pertes vers le haut
est de 18 W.m-2.°C-1.
7. On réalise un capteur solaire couvert en plaçant une vitre au-dessus de la tôle. On suppose que la vitre
est entièrement opaque vis-à-vis du rayonnement IR (λ > 2,5 µm) et entièrement transparente vis-à-vis
du rayonnement solaire (λ < 2,5 µm). Expliquer en établissant le bilan thermique de la tôle avec et sans
vitre pourquoi le coefficient global de pertes d’un capteur couvert est inférieur à celui d’un capteur non
couvert.
Reprendre la question 6 en considérant un coefficient global de pertes de 8 W.m-2.°C-1.

Yves Jannot 157


Transferts thermiques

Transfert de chaleur par convection

26. Isolation d’une conduite

De l’eau glacée à 8°C circule à la vitesse de 0,5 m.s-1 à l’intérieur d’un tube en acier de diamètres 20/27 mm.
Ce tuyau est isolé par une couche d’isolant de 10 mm d’épaisseur. La température de l’air ambiant est égale à
25°C. La longueur du tuyau est de 30 mètres.
1. Calculer la valeur du coefficient de convection interne hi si la vitesse de l’eau est de 1 m.s-1.
2. Calculer le flux de chaleur gagné par le tube.
3. Calculer la température interne du tube.
4. Calculer l’échauffement de l’eau lors de son passage dans le tube.
Données : Coefficient de convection externe he = 10 W m-2 °C-1 , λisolant = 0,35 W.m-1.°C-2.

27. Ecoulement sur une plaque


Un fluide s’écoule parallèlement à une paroi plane de 0,4 m de long et de 0,1 m de large. Hors de la couche
limite, la vitesse est de 1 m.s-1 et la température du fluide est supérieure de 20°C à la température de la paroi
supposée constante.
1. Calculer et comparer les coefficients de transfert de convection locaux obtenus pour l’air et pour l’eau
en x = 0,1 m .
2. Calculer les coefficients de transfert de convection moyens obtenus pour l’air et pour l’eau entre x = 0
et x = 0,1 m .
3. Calculer les coefficients de transfert de convection (local et moyen) obtenus en x = 0,2 m avec de l’eau
circulant à la vitesse de 10 m.s-1. Comparer avec les coefficients obtenus en x = 0,2 m pour une vitesse
d’écoulement d’eau de 1m.s-1.
4. Calculer la force locale et moyenne exercée par le fluide sur la paroi en x = 0,2 m dans le cas d’un
écoulement d’eau à une vitesse de 1 m.s-1.
5. Quelle devrait-être la vitesse de circulation de l’air pour que le régime devienne turbulent sur la paroi ?

28. Echauffement de l’air dans un capteur solaire

De l'air circule un capteur solaire ayant la forme d’un un conduit rectangulaire de largeur 1 m, de hauteur
10 cm et de longueur 6 m. La vitesse de l'air est de 2 m.s-1, sa température de 30°C.
1. Calculer le coefficient de transfert par convection h entre l'air et la paroi supérieure du conduit.
2. Le conduit est dans un caisson isolé surmonté d’une vitre ce qui permet de maintenir la paroi supérieure
à 50°C en période d’ensoleillement. Calculer le flux échangé avec la paroi supérieure si celle-ci est
maintenue à 50°C et si les autres parois sont parfaitement isolées.
3. Calculer la température de sortie de l’air.
4. Reprendre le calcul si la largeur est de 2m et la longueur de 3m. Quelle est la meilleure géométrie ?

29. Refroidissement d’eau dans un tube


Une conduite en acier inoxydable de diamètre intérieur di = 30 mm et de diamètre extérieur de = 40 mm est
parcourue par un courant d’eau à la vitesse moyenne de 3 m.s-1 et à la température de 80°C. Sa paroi interne est
recouverte d’un mince dépôt conduisant à une résistance thermique de 2.10-3 m2.°C.W-1 appelée résistance
thermique d’encrassement. A l’extérieur du tube d’acier circule normalement à la conduite de l’air à la vitesse de
8 m.s-1 et à la température de 20°C.
1. Calculer les coefficients d’échange par convection intérieur hi et extérieur he.
2. Calculer chaque résistance thermique séparant l’eau et l’air et donner le schéma électrique équivalent.
3. Calculer la température sur la partie externe du dépôt et sur les parois externes et internes du tube
d’acier.
4. Calculer le refroidissement subi par l’eau après un parcours de 10 m dans le tube si la température de
l’air reste constante. Qu’en pensez-vous si le but est de refroidir l’eau ?

158 Cours Transferts thermiques 2ème année Ecole des Mines Nancy
Exercices

30. Convection naturelle sur une plaque


De l'air à 16°C est au contact d'une plaque plane verticale de hauteur L maintenue à 60°C.
1. Tracer la courbe donnant les variations du coefficient de convection naturelle hc avec la hauteur L de
la plaque dans le domaine 0 - 1 m.
2. Comparer les valeurs de h ainsi trouvées avec celles des formules approchées suivantes applicables
pour de l'air à température ordinaire et à la pression atmosphérique normale :
a. laminaire : hc = 1,42 (∆Τ / L)0,25
b. turbulent : hc = 1,31 (∆Τ)0,33
3. Pour les mêmes conditions de température (on suppose les parois de l'enceinte à 16°C), on
déterminera le coefficient superficiel de rayonnement hr en fonction de εp, coefficient total d'émission
de la plaque.
4. Pour une plaque de hauteur L = 0,6 m, on tracera la courbe
hr
hc
( )
= f ε p . Conclusion ?

31. Convection avec condensation


Déterminer le coefficient d'échange vapeur-paroi lors de la condensation de 60 kg h-1 de vapeur d'un
fluide synthétique pour le transfert de chaleur sur un tube de 60 mm de diamètre extérieur et 1,5 m de long. Le
fluide a les caractéristiques suivantes à la température de paroi (264°C) :
λ = 0,15 kcal.h-1.°C-1 ; µ = 0,3.10-3 Pl ; ρ = 850 kg.m-3 ; ∆H = 60 kcal.kg-1
Température de rosée : 320°C.
On déterminera h successivement pour un tube vertical et pour un tube horizontal.

Yves Jannot 159


Transferts thermiques

Les échangeurs de chaleur

32. Echangeurs en série


De l’acide sulfurique circule avec un débit de 4500 kg h-1 dans un circuit qui comprend deux réservoirs en
série où il est en contact, par agitation, avec des serpentins à contre-courant de l’acide. Sachant que le 1er
réservoir traversé par l’acide a un coefficient global de transfert h1 = 1000 kcal h-1 m-2 °C-1 et le second un
coefficient h2 = 630 kcal.h-1.m-2.°C-1, calculer la surface totale de refroidissement.
Données :
- Acide sulfurique : cp = 0,36 kcal.kg-1.°C-1
- Les températures aux différents points du circuit sont indiquées dans le schéma ci-après :

Acide à 174°C Eau à 80°C

88°C
Eau à 20°C
Acide à 45°C

33. Association optimale d’échangeurs


Un échangeur tubulaire à contre-courant est utilisé pour chauffer 1,25 kg.s-1 d’eau de 35 à 90°C en
refroidissant une huile (cp = 2,0 kJ.kg-1.°C-1) de 150 à 85°C. Le coefficient global de transfert de l’échangeur est
h = 850 W m-2 °C-1.
On veut comparer les performances de cet échangeur avec celles de deux petits échangeurs à contre-courant,
les circuits d’eau étant placés en série et les circuits d’huile en parallèle :

Huile à 150°C

Echange
Echangeur 1 Echangeur 2 Eau à 80°C
Eau à

Huile à 85°C

Le débit d’huile est le même dans les deux petits échangeurs. Le coefficient global de transfert est également
identique et vaut h = 850 W.m-2.°C-1.
Si le m2 d’un petit échangeur coûte 20% de plus que le m2 du grand échangeur, quelle est la solution la plus
économique : un grand échangeur ou deux petits ?

34. Comparaison de différents types d’échangeurs


Déterminer pour chacun des cas suivants la surface d’échange nécessaire pour refroidir en continu
30000 kg.h-1 d’une solution de 66°C à 39°C en utilisant 29500 kg.h-1 d’eau de refroidissement à une température
de 12°C.

160 Cours Transferts thermiques 2ème année Ecole des Mines Nancy
Exercices

1. Echangeur tubulaire simple à co-courant


2. Echangeur tubulaire simple à contre-courant
3. Echangeur de type 1-2
4. Echangeur de type 2-4
5. Echangeur à courants croisés à 2 fluides non brassés.
Données : cp solution = 0,9 kcal.kg-1.°C-1 ; coefficient global de transfert : h = 2100 kcal.h-1.m-2.°C-1

35. Echangeur récupérateur d’énergie


L’air vicié extrait d’un bâtiment à 20°C à raison de 50 000 kg.h-1 traverse un échangeur économiseur servant
à pré-refroidir l’air neuf admis avec un débit identique. L’échangeur est un appareil à plaques planes et à
courants croisés sans brassage. Sa surface d’échange est de 50 m2 et son coefficient global de transfert est de
20 W.m2.°C-1.
1. Calculer l’efficacité de l’échangeur et la température de sortie de l’air neuf si sa température d’entrée est
de 35°C.
2. Calculer la température de sortie de l’air vicié et la puissance thermique récupérée dans cet échangeur.

36. Encrassement d’un échangeur


Après un essai de fonctionnement fait sur un échangeur à un passage en enveloppe et deux passages en tubes,
on dispose des données suivantes :
- Intérieur des tubes : huile en écoulement turbulent :
débit = 2270 kg.h-1 ; cp = 0,5 kcal.kg-1.°C-1, θentrée = 71°C ; θsortie = 38°C.
- Extérieur des tubes : eau : θentrée = 16°C ; θsortie = 27°C.
On souhaite prédire le fonctionnement de cet échangeur avec un débit d’huile réduit au ¾ du précédent et une
température d’entrée de 98°C. Calculer la température de sortie d’huile pour un débit et une température d’eau
identique. On supposera que le coefficient de transfert côté huile est faible devant celui côté eau.

37. Calcul d’un échangeur à courants croisés


On souhaite dimensionner un échangeur gaz-liquide à courants croisés parcouru par un débit d’eau de
8,33 kg.s-1 que l’on chauffe de 20 à 90°C à partir de 41,67 kg.s-1 d’air à 300°C.
On dispose pour cela de tubes de diamètre extérieur 50 mm et d’épaisseur 5 mm que l’on souhaite monter en
quinconce équilatère avec un entraxe de 75 mm. L’eau circule à l’intérieur des tubes et l’air chaud circule
perpendiculairement aux tubes.
Calculer pour une longueur maximale de tubes de 6 m :
1. Le nombre de nappes de tubes.
2. Le nombre de tubes par nappe.

Yves Jannot 161


1 Séparation des variables
Orientation: Une équation aux dérivées partielles peut admettre des so-
lutions particulières qui sont des produits de fonctions d’une variable. Si
l’équation est linéaire, une somme de telles solutions particulières est en-
core une solution. De cette manière on peut résoudre un certain nombre de
problèmes intéressants mais la vraie portée de la méthode n’est réalisée que
lorsque l’on utilise des sommes infinies des ces solutions particulières. Cet
aspect sera exploré plus tard, notamment dans l’étude des séries de Fourier.
A titre d’exemple, on va traiter un problème concernant l’équation de la
chaleur en détail. D’autres application de la méthode seront présentées plus
brièvement.

1.1 L’équation de la chaleur


Commencons par le cas d’une variable spatiale. L’équation à résoudre est

∂t u(x, t) = c∂x2 u(x, t)

où c > 0 est une constante physique (la conductivité thermique du milieu
divisée par sa chaleur spécifique fois la densité de masse). La variable t
représente le temps et x la position dans un milieu unidimensionelle (une
barre) que nous pouvons identifier avec l’intervalle [0, L]. La température
dans cette barre à l’instant t et à l’endroit x est u(x, t). Un problème typ-
ique est de considérer que la distribution initiale de température sur toute
la longueur de la barre est connue et que le flux de chaleur à travers les
extrémités x = 0 et x = L est contrôlé pendant la duréée de l’expérience.
Dès lors on peut imaginer que la température est déterminée pour x ∈ (0, L)
et t > 0. Les conditions imposées sur les extrémités sont souvent de la forme

u(0, t) = 0 ou bien ∂x u(0, t) = 0 ou encore ∂x u(0, t) = au(0, t),


u(L, t) = 0 ou bien ∂x u(L, t) = 0 ou encore ∂x u(L, t) = −au(L, t),

où a > 0 est aussi une constante physique. Considérons un exemple typique.
Exemple 1 Trouver u telle que

∂t u(x, t) = c∂x2 u(x, t) pour 0 < x < L et t > 0, (1)


u(0, t) = 0 et ∂x u(L, t) = 0 pour t > 0, (2)
u(x, 0) = ϕ(x) pour 0 < x < L, (3)

1
où ϕ : [0, L] → R est la distribution initiale de température, supposée connue.
Il serait raisonable de supposer que ϕ respecte les conditions imposées aux
extrémités de la barre. Elles sont des conditions de compatibilité :

ϕ(0) = (L) = 0. (4)
dx
La méthode peut être présentée en deux étapes:
(1) Séparation des variables, où on cherche des solutions de (1) et (2)
qui sont de la forme

u(x, t) = f (x)g(t) mais u 6≡ 0. (5)

(2) Superposition, où on essaie de trouver une somme de solutions de


la forme (5) que vérifie la condition (3). Noter qu’une telle somme vérifie
encore (1) et (2).

(1) Une fonction de la forme (5) est une solution de l’équation (1) si
f ∈ C 2 ((0, L)), g ∈ C 1 ((0, ∞)) et

f (x)g 0 (t) = cf 00 (x)g(t) pour 0 < x < L et t > 0.

Aux points où u(x, t) = f (x)g(t) 6= 0, ceci s’ecrit comme

g 0 (t) f 00 (x)
=c
g(t) f (x)

et donc il y a une constante λ ∈ R telle que

g 0 (t) f 00 (x)
=c =λ
g(t) f (x)

pour tous les points (x, t) ∈ (0, L) × (0, ∞) tels que u(x, t) 6= 0. Il y a au
moins un point y ∈ (0, L) tel que f (y) 6= 0. Puisque g 6≡ 0, il y a un intervalle
(t1 , t2 ) ⊂ (0, ∞) tel que g(t) 6= 0 pour tout t ∈ (t1 , t2 ) et donc u(y, t) 6= 0
pour ces valeurs de t. En particulier,

g 0 (t) = λg(t) pour tout t ∈ (t1 , t2 ),

ce qui implique qu’il existe une constante A 6= 0 telle que g(t) = Aeλt pour
tout t ∈ (t1 , t2 ).La continuité de g sur (0, ∞) entraine que g(t1 ) = Aeλt1 6= 0

2
et que g(t2 ) = Aeλt2 6= 0. On déduit facilement que g(t) 6= 0 sur tout (0, ∞)
et que
g(t) = Aeλt pour tout t > 0. (6)
D’autre part, la condition (2) devient

f (0)g(t) = f 0 (L)g(t) = 0 pour tout t > 0.

Donc on doit imposer que

f (0) = f 0 (L) = 0

pour satisfaire (2) si u 6≡ 0. On voit ainsi que la fonction f doit être une
solution non triviale, c’est à dire f 6≡ 0, du problème aux limites
λ
f 00 (x) = f (x) pour 0 < x < L, et f (0) = f 0 (L) = 0. (7)
c
On verra ce ceci n’est possible que pour certaines valeurs de la constante λ
bien particulières, appelées valeurs propres du problème aux limites
(7). Calculons toutes les solutions de (7). La solution générale de l’équation
différentielle est
√ √λ
− λc x


 Pe + Qe c x si λ > 0
f (x) = q P + Qx q si λ = 0
P cos |λ| x + Q sin |λ|

x si λ < 0

c c

où P et Q sont des constantes réelles arbitraires qu’il faut choisir àfin que f
vérifie les conditions aux limites.
Cas λ > 0. La condition f (0) = 0 est vérifiée si et seulement si
qP + Q = 0,
ce qui veut dire que f doit être de la forme f (x) = 2Q sinh λc x et donc
q q
f 0 (x) = λc 2Q cosh λc x. Pour assurer que f vérifie la condition f 0 (L) = 0,
q q
λ λ
il faut choisir Q telle que c
2Q cosh c
L = 0 et la seule solution est de
poser Q = 0 car cosh y > 0 pour tout y ∈ R. Mais si P = −Q = 0, f ≡ 0 et
donc le problème (7) n’admet aucune solution non triviale lorsque λ > 0.
Cas λ = 0. Dans ce cas, f (0) = P et f 0 (L) = Q. Donc il n’y a auncune
solution non triviale de (7) dans ce cas non plus.
Cas λ < 0. La condition
q f (0) = 0 équivaut à P = 0 et donc q f doit être
q de la
|λ| |λ| |λ|
forme f (x) = Q sin c
x. La condition f 0 (L) = 0 devient c
Q cos c
L =

3
q
0 et on peut choisir Q 6= 0 pour autant que cos |λ| c
L = 0. C’est à dire, le
problème (7) admet
qdes solutions non triviales si et seulement si la constante
|λ|
λ est telle que cos c
L = 0. D’où
r
|λ| 2n + 1
L∈{ π : n ∈ Z} et λ < 0.
c 2
Posant
1 π
λn = −c(n + )2 ( )2 pour n ∈ N, (8)
2 L
on voit que l’on obtient toutes les valeurs propres du problème (7). L’ensemble
de toutes les valeurs propres
σ = {λn : n ∈ N} (9)
est appelé le spectre du problème (7) et la fonction
r
|λn | (n + 12 )π
fn (x) = Q sin x = Q sin x où Q 6= 0 (10)
c L
est une fonction propre associée à la valeur propre λn .
Résumé de la 1ère étape On trouve que les équations (1) et (2) admettent
des solutions non triviale de la forme (5) si et seulement si f est une fonction
propre du problème aux limites (7) et g est de la forme (6) où λ est la valeur
propre associée à f. Donc les solutions du problème (1)(2) de la (5) sont
r
|λn |
un (x, t) = Qn sin( x) eλn t
c
où λn ∈ σ et Qn est une constante réelle arbitraire, non nulle.
(2) Superposition: La forme des équations (1)(2) permet la superposi-
tion de solutions. On voit facilement que
m
r
X |λn |
u(x, t) = Qn sin( x) eλn t
n=0
c
est aussi une solution des équations (1) et (2) quelque soit m ∈ N et les
constantes Qn . On essaie dèsormais de choisir m et Qn de sorte que u vérifie
la condition (3). C’est à dire que
m
r
X |λn |
ϕ(x) = Qn sin x pour tout x ∈ (0, L). (11)
n=0
c

4
Ceci est possible si et seulement si
m
X
ϕ ∈ ev{fn : n ∈ N} = { Qn fn : m ∈ N et Qn ∈ R}
n=0

où fn est une fonction propre donné par (10). Lorsque ϕ ∈ ev{fn : n ∈ N},
les coefficients Qn sont déterminés par le calcul suivant. Notons d’abord que
Z L r r 
|λn | |λk | 0 si n 6= k
sin( x) sin( x)dx = L .
0 c c 2
si n = k

Admettant que ϕ ∈ ev{fn : n q ∈ N} et donc qu’elle peut être exprimée par


(11), on multiplie (11) par sin( |λck | x) et puis on intègre de 0 à L. On trouve
que
m
Z L r Z LX r r
|λk | |λn | |λk |
ϕ(x) sin( x)dx = Qn sin( x) sin( x)dx
0 c 0 n=0 c c
m Z L r r
X |λn | |λk |
= Qn sin( x) sin( x)dx
n=0 0 c c
L
= Qk si 0 ≤ k ≤ m
2
et donc r
L
|λk |
Z
2
Qk = ϕ(x) sin( x)dx si 0 ≤ k ≤ m
L 0 c
tandis que Qk = 0 pour tout k > m. C’est à dire, si ϕ ∈ ev{fn : n ∈ N} alors

r
X |λn |
ϕ(x) = Qn sin x pour tout x ∈ (0, L) où
n=0
c
r
2 L |λn |
Z
Qn = ϕ(x) sin( x)dx pour tout n ∈ N
L 0 c
RL q
car il existe m ∈ N tel que 0 ϕ(x) sin( |λcn | x)dx = 0 pour tout n > m.
Conclusion: La méthode de séparation des variables permet de résoudre le
problème (1),(2) et (3) pour des fonctions ϕ ∈ ev{fn : n ∈ N} où fn est une

5
fonction propre du problème aux limites (7). La solution est
∞ ∞
r
X |λn | X (2n + 1)π (2n+1)π 2
u(x, t) = Qn sin( λn t
x) e = Qn sin( x) e−c[ 2L ] t
n=0
c n=0
2L
(12)
1 2 π 2
car λn = −c(n + 2 ) ( L ) et
r
2 L |λn |
Z
Qn = ϕ(x) sin( x)dx pour tout n ∈ N (13)
L 0 c
2 L
Z
(2n + 1)π
= ϕ(x) sin( x)dx. (14)
L 0 2L

La somme dans (12) est finie pour tout ϕ ∈ ev{fn : n ∈ N}.


Remarque Notons que toutes les fonctions ϕ ∈ ev{fn : n ∈ N} sont in-
finiement dérivables sur [0, L] et vérifient les conditions de compatibilité (4).
La solution (12) est infiniement dérivable sur [0, L]×[0, ∞) car c’est la somme
d’un nombre fini de fonctions de ce genre. Etant donné une fonction ϕ qui est
infiniement dérivable sur [0, L], on peut déterminer si ou non elle appartient
à ev{fn : n ∈ N} en calculant les intégrales (13). Alors ϕ ∈ ev{fn : n ∈ N} si
et seulement si toutes sauf un nombre fini de ces intégrales sont nulles. Ces
mêmes calculs donnent les coefficients dans la solution (12).
Exemples Cherchons la solution de problème (1),(2) et (3) dans les cas
suivants:
5π π
(i) ϕ(x) = sin3 x (ii) ϕ(x) = 1 − cos x.
2L L
(i) Dans ce cas, on voit que ϕ ∈ ev{fn : n ∈ N} grâce à la formule
1
sin3 θ = {3 sin θ − sin 3θ}
4
qui montre que
1 5π 15π
ϕ(x) = {3 sin x − sin x}
4 2L 2L
dans le cas présent. D’où,
3 1
Q2 = , Q7 = − et Qn = 0 pour n ∈ N\{2, 7}.
4 4

6
Bien entendu, on peut aussi obtenir ce résultat en calculant

2 L 3 5π
Z
(2n + 1)π
sin x sin( x)dx pour n ∈ N.
L 0 2L 2L

La solution du problème (1),(2) et (3) est


r r
|λ2 | λ2 t |λ7 |
u(x, t) = Q2 sin( x) e + Q7 sin( x) eλ7 t
c c
3 5π 5π 2 1 15π 15π 2
= sin( x) e−c[ 2L ] t − sin( x) e−c[ 2L ] t .
4 2L 4 2L
(ii) Dans ce cas, ϕ est infiniement dérivable et vérifie les conditions de
compatibilité (4). Cepandant, pour n ∈ N,
L
2 L
Z Z
2 (2n + 1)π π (2n + 1)π
Qn = ϕ(x) sin( x)dx = [1 − cos x] sin( x)dx
L 0 2L L 0 L 2L
16 1
=− 6= 0 pour tout n ∈ N.
π (2n + 3)(2n + 1)(2n − 1)

D’où ϕ ∈
/ ev{fn : n ∈ N} et la méthode, sous sa forme actuelle, échoue.
Noter que la série

X (2n + 1)π
Qn sin x converge normalement sur [0, L] car
n=0
2L
∞ ∞
X (2n + 1)π 16 X 1
Qn sin x ≤ < ∞.
n=0
2L π n=0 (2n + 3)(2n + 1)(2n − 1)

La théorie des problèmes aux limites assure que



π X (2n + 1)π
1 − cos x = Qn sin x
L n=0
2L

et donc même dans le cas (ii) on a obtenu la solution du problème.


Remarque Noter que dans tous les cas, la convergence normale sur [0, L] de
la série ∞
X (2n + 1)π (2n+1)π 2
Qn sin( x) e−c[ 2L ] t
n=0
2L

7
est assurée pour chaque valeur de t > 0 car
Z L r r
|λn | 2 L |λn |
Z
2
|Qn | = ϕ(x) sin( x)dx ≤ ϕ(x) sin( x) dx
L 0 c L 0 c
2 L
Z
≤ |ϕ(x)| dx ≤ 2 max |ϕ(x)| et donc
L 0 0≤x≤L
∞ ∞
X (2n + 1)π (2n+1)π 2 X (2n+1)π 2
Qn sin( x) e−c[ 2L ] t ≤ |Qn | e−c[ 2L ] t
n=0
2L n=0

X (2n+1)π 2
≤ 2 max |ϕ(x)| e−c[ 2L
] t
<∞
0≤x≤L
n=0

1.2 L’équation de Laplace


La méthode de séparation des variables permet de résoudre l’équation de
Laplace dans une région rectangulaire lorsque l’on impose une condition sur
la solution sur chaque coté du rectangle.
Exemple 2 Trouver u telle que
∆u(x, y) = 0 pour 0 < x < L et 0 < y < K, (15)
u(0, y) = u(L, y) = 0 pour 0 < y < K, (16)
u(x, 0) = ϕ(x) et u(x, K) = ψ(x) pour 0 < x < L, (17)
où ϕ, ψ : [0, L] → R sont des fonctions données. Dans ce cas les conditions
de compatibilités sont
ϕ(0) = ϕ(L) = ψ(0) = ψ(L) = 0. (18)
(1) Séparation des variables: Cherchons des solutions de (14) et (15)
de la forme
u(x, y) = f (x)g(y). (19)
L’équation (14) devient
f 00 (x)g(y) + f (x)g 00 (y) = 0 pour 0 < x < L et 0 < y < K,
et donc il y a une constante λ telle que
f 00 (x) − λf (x) = g 00 (y) + λg(y) = 0.

8
La condition (15) devient f (0) = f (L) = 0, sinon g(y) = 0 pour tout 0 <
y < K.
Cherchons les valeurs propres et les fonctions propres du problème aux
limites

f 00 (x) − λf (x) = 0 pour 0 < x < L


f (0) = f (L) = 0.

On trouve que le spectre est


nπ 2
σ = {λn : n ∈ N\{0}} où λn = −( )
L
et une fonction propre associée à λn est

fn (x) = A sin x.
L
Pour λ = λn , la solutionn générale de g 00 (y) + λg(y) = 0 est
nπ nπ
g(y) = P e L y + Qe− L y

où P et Q sont des constantes arbitraires. Les solutions de (14) et (15) ayant
la forme (18) sont
nπ nπ nπ
u(x, y) = sin x{P e L y + Qe− L y }.
L
(2) Superposition: On voit que
m
X nπ nπ nπ
u(x, y) = sin x{Pn e L y + Qn e− L y }
n=1
L

est une solution de (14) et (15), quelque soit m ∈ N et les coefficients Pn et


Qn . On essaie de choisir m, Pn et Qn àfin de satisfaire (16) qui devient
m
X nπ
ϕ(x) = u(x, 0) = sin x{Pn + Qn } et
n=1
L
m
X nπ nπ nπ
ψ(x) = u(x, K) = sin x{Pn e L K + Qn e− L K }.
n=1
L

9
Ceci montre que forcément ϕ, ψ ∈ ev{fn : n ∈ N}. Dans ce cas on peut
déterminer m, Pn et Qn de la manière suivante. Si ϕ, ψ ∈ ev{fn : n ∈ N} on
peut écrire
∞ ∞
X nπ X nπ
ϕ(x) = αn sin x et ψ(x) = βn sin x
n=1
L n=1
L

où tous, sauf un nombre fini, des coefficients αn et βn sont nuls. On les
calcule en multipliant par sin kπ
L
x et intégrant de 0 à L :
Z L Z ∞
LX
kπ nπ kπ
ϕ(x) sin xdx = αn sin x sin xdx
0 L 0 n=1
L L
∞ Z L
X nπ kπ
= αn sin x sin xdx
n=1 0 L L
L
= αk .
2
De la même façon,
Z L Z ∞
LX
kπ nπ kπ
ψ(x) sin xdx = βn sin x sin xdx
0 L 0 n=1
L L
L
= βk ,
2
Donc il suffit de choisir Pn et Qn telles que

2 L
Z

Pn + Qn = αn où αn = ϕ(x) sin xdx
L 0 L
2 L
Z

− nπ nπ
Pn e L K K
+ Qn e L = βn où βn = ψ(x) sin xdx.
L 0 L
La solution de ce système est
nπ nπ
βn − αn e− L K αn e L K − βn
Pn = nπ et Qn = nπ .
2 sinh e L K 2 sinh e L K
Conclusion: La méthode de séparation des variables permet de résoudre le
problème (14) - (16) pour des fonctions ϕ, ψ ∈ ev{fn : n ∈ N}. En ce cas, la

10
solution est

X nπ nπ nπ
u(x, y) = sin x{Pn e L y + Qn e− L y }
n=1
L
∞ nπ nπ
X nπ βn − αn e− L K nπ y αn e L K − βn − nπ y
= sin x{ nπ
K
eL + nπ
K
e L }
n=1
L 2 sinh e L 2 sinh e L


X sin nπ
L
x nπ nπ
= nπ
K
{βn sinh y − αn sinh (y − K)}
n=1
2 sinh e L L L

où ∞ ∞
X nπ X nπ
ϕ(x) = αn sin x et ψ(x) = βn sin x.
n=1
L n=1
L
L’hypothèse que ϕ, ψ ∈ ev{fn : n ∈ N} assure que seulement un nombre fini
des constantes αn et βn sont non nulles et donc il s’agit des sommes finies.
Notons que la solution vérifie les conditions de compatibilité (17) et elle est
infiniement dérivable.
Comme pour l’exemple 1, le généralité de l’approche serait augmentée
d’une manière importante dès que l’on puisse traiter des sommes infinies.

1.3 Quand peut-on utiliser la méthode ?


A travers les exemples ci-dessus, on peut comprendre le cadre dans lequel
cette approche est utile.
(1) L’équation aux dérivées partielles doit être linéaire et homogène. C’est
une somme d’opérateurs différentiels portant sur les variables séparément.
(2) Le domaine dans lequel on cherche la solution de l’équation aux
dérivées partielles doit être un produit d’intervalles.
(3) Sauf pour une des variables, les conditions imposées sur le bord du
domaine doivent être linéaires et homogène.
Parfois on peut se ramèner à cette situation par un travail préparatoire.
Exemple 1(bis) Considérons le problème,

∂t u(x, t) = c∂x2 u(x, t) pour 0 < x < L et t > 0,


u(0, t) = a et ∂x u(L, t) = b pour t > 0,
u(x, 0) = ϕ(x) pour 0 < x < L,

11
où a, b ∈ R et ϕ : [0, L] → R sont donnés. Ce problème n’a pas la propriété
(3). Or, il suffit de chercher u sous la forme u = v + w où
v(x) = a + bx pour 0 ≤ x ≤ L
et w est une solution du problème
∂t w(x, t) = c∂x2 w(x, t) pour 0 < x < L et t > 0,
w(0, t) = 0 et ∂x w(L, t) = 0 pour t > 0,
w(x, 0) = ϕ(x) − v(x) pour 0 < x < L.
Ce problème pour w est du genre traité dans l’exemple 1.
Exemple 2(bis) Considérons le problème,
∆u(x, y) = 0 pour 0 < x < L et 0 < y < K,
u(0, y) = ξ(y) et u(L, y) = η(y) pour 0 < y < K,
u(x, 0) = ϕ(x) et u(x, K) = ψ(x) pour 0 < x < L,
où les fonctions ϕ, ψ : [0, L] → R et ξ, η : [0, K] → R sont données. Encore
une fois ce problème n’a pas la propriété (3), mais il suffit de chercher u sous
la forme u = v + w où
v est une solution du problème
∆v(x, y) = 0 pour 0 < x < L et 0 < y < K,
v(0, y) = 0 et v(L, y) = 0 pour 0 < y < K,
v(x, 0) = ϕ(x) et v(x, K) = ψ(x) pour 0 < x < L,
et w est une solution du problème
∆w(x, y) = 0 pour 0 < x < L et 0 < y < K,
w(0, y) = ξ(y) et w(L, y) = η(y) pour 0 < y < K,
w(x, 0) = 0 et w(x, K) = 0 pour 0 < x < L.
Les problèmes pour v et w ont les propriétés (1) à (3) et peuvent être traiter
comme l’exemple 2.
Parfois la propriété (2) peut être récupérée par un changement de variable.
Exemple 3 Soient R > 0 et Ω = B(0, R) = {(x, y) ∈ R2 : x2 + y 2 < R}.
Trouver une fonction u telle que
∆u(x, y) = 0 pour (x, y) ∈ Ω, (20)
u(x, y) = ϕ(x, y) pour (x, y) ∈ ∂Ω (21)

12
où la fonction ϕ : ∂Ω = {(x, y) ∈ R2 : x2 + y 2 = R} → R est donnée.
Dans ce cas le domaine Ω n’est pas le produit de deux intervalles. Cepen-
dant, en coordonnées polaires (r, θ) il correspond aux points tels que 0 ≤
r ≤ R et 0 ≤ θ < 2π. Donc on peut essayer de chercher u sous la forme
u(x, y) = v(r, θ)
où x = r cos θ et y = r sin θ. Commencons par exprimer (19) utilisant v. En
fait,
1 1
∆u(x, y) = ∂r2 v(r, θ) + ∂r v(r, θ) + 2 ∂θ2 v(r, θ) pour r > 0
r r
et donc (19) devient
r2 ∂r2 v(r, θ) + r∂r v(r, θ) + ∂θ2 v(r, θ) = 0 pour 0 < r < R et 0 ≤ θ < 2π. (22)
mais il faut aussi assurer que u(x, y) = v(r, θ) est régulière au point r = 0.
Posant Φ(θ) = ϕ(R cos θ, R sin θ) on voit que Φ est 2π− périodique et que le
problème (19)(20) équivaut à trouver v : [0, R] × R → R qui satisfait (21) et
v(r, ·) est 2π − périodique pour chaque r ∈ (0, R] et (23)
v(R, θ) = Φ(θ) pour θ ∈ [0, 2π]. (24)
Notons que (22) joue le rôle une condition linéaire et homogène. D’autre part,
pour On peut résoudre le problème (21) à (23) par la méthode de séparation
des variables.
(1) Séparation des variables: Cherchons des solutions de (21) et (22)
de la forme
v(r, θ) = f (r)g(θ). (25)
Remplacant dans (21) on trouve
r2 f 00 (r)g(θ) + rf 0 (r)g(θ) + f (r)g 00 (θ) = 0
et donc il y a une constante λ telle que
r2 f 00 (r) + rf 0 (r) = λf (r) et g 00 (θ) = −λg(θ) (26)
pour 0 < r < R et θ ∈ R. Or la fonction g doit être 2π− périodique et donc
g doit être une solution du problème aux limites
g 00 (θ) = −λg(θ) pour θ ∈ R (27)
g est 2π − périodique.

13
D’autre part, le produit f (r)g(θ) doit définir une fonction u(x, y) qui est
régulière en (0, 0). En particulier, la continuité de u en (0, 0) exige que

lim f (r) soit finie si g est constante et que lim f (r) = 0 si g n’est pas constante.
r→0 r→0
(28)
Le spectre du problème (26) est

σ = {λn : n ∈ N} où λn = n2

et une fonction propre associée à λn est



A si n = 0
gn (θ) =
A cos nθ + B sin nθ si n ∈ N\{0}

où A, B sont des constantes arbitraires et A 6= 0 si n = 0, A2 + B 2 6= 0 si


n 6= 0.
Pour λ = λn , la fonction f doit satisfaire l’équation différentielle

r2 f 00 (r) + rf 0 (r) = −n2 f (r) pour 0 < r < R.

Elle est du type d’Euler et le changement de variable r = es la ramène à une


équation aux coefficients constantes. La solution générale est

P + Q ln r si n = 0
f (r) =
P rn + Q r−n si n ∈ N\{0}

où P, Q sont de constantes arbitraires. Or, d’après (27), on doit poser Q = 0


pour assurer que le produit f (r)g(θ) défini une fonction continue à l’origine
dans R2 .
Donc comme solutions de (21)(22) de la forme (24) on obtient

v(r, θ) = rn (A cos nθ + B sin nθ) où n ∈ N

et A, B sont des constantes arbitraires.


(2) Superposition: Notons que
m
X
v(r, θ) = rn (An cos nθ + Bn sin nθ)
n=0

14
est aussi une solution de (21)(22) qui défini une fonction u(x, y) continue à
l’origine dans R2 . Il reste à choisir les coefficients An et Bn de sorte que v
satisfait (23). C’est à dire,
m
X
Φ(θ) = Rn (An cos nθ + Bn sin nθ) pour θ ∈ R. (29)
n=0

Donc il faut que la fonction donnée ϕ sur ∂Ω soit telle que

Φ ∈ ev{cos nθ, sin nθ : n ∈ N}.

En ce cas, il existe des coefficients αn et βn tels que



X ∞
X
Φ(θ) = αn cos nθ + βn sin nθ
n=0 n=1

où seulement un nombre fini des coefficients sont non nuls. En ce cas ils sont
déterminés par
Z 2π
1 2π 1 2π
Z Z
1
α0 = Φ(θ)dθ, αn = Φ(θ) cos nθdθ βn = Φ(θ) sin nθdθ
2π 0 π 0 π 0
(30)
pour n ∈ N\{0}. Ainsi (28) est vérifié en posant

An = R−n αn et Bn = R−n βn .

Une solution du problème (19)(20) est alors


Z 2π ∞
1 X r
u(x, y) = Φ(θ)dθ + ( )n {αn cos nθ + βn sin nθ}
2π 0 n=1
R

où αn , βn sont définis par (29).


Notons que

αn cos nθ + βn sin nθ
1 2π 1 2π
Z Z
= Φ(ξ) cos nξdξ cos nθ + Φ(ξ) sin nξdξ sin θ
π 0 π 0
1 2π
Z Z 2π
1
= Φ(ξ) cos n(ξ − θ)dξ = Φ(ξ){ein(ξ−θ) + e−in(ξ−θ) }dξ
π 0 2π 0

15
et donc
Z 2π ∞ Z 2π
1 X r n 1
u(x, y) = Φ(ξ)dξ + ( ) Φ(ξ){ein(ξ−θ) + e−in(ξ−θ) }dξ
2π 0 n=1
R 2π 0
Z 2π ∞ ∞
1 X r n in(ξ−θ) X r n −in(ξ−θ)
= Φ(ξ){ ( ) e + ( ) e }dξ
2π 0 n=0
R n=1
R
2π ∞ ∞
rei(ξ−θ) n X re−i(ξ−θ) n
Z
1 X
= Φ(ξ){ ( ) + ( ) }dξ
2π 0 n=0
R n=1
R
Z 2π
1 1 1
= Φ(ξ){ rei(ξ−θ)
+ re−i(ξ−θ)
− 1}dξ.
2π 0 1− 1−
R R

Or,

1 1 1 − ( Rr )2
rei(ξ−θ)
+ re−i(ξ−θ)
−1= rei(ξ−θ) −i(ξ−θ)
1− R
1− R
(1 − R
− re R )
)(1
1 − ( Rr )2
=
1 + ( Rr )2 − 2( Rr ) cos(ξ − θ)
R2 − r 2
= 2
R + r2 − 2rR cos(ξ − θ)

et donc
Z 2π
1 R2 − r 2
u(x, y) = Φ(ξ) 2 dξ
2π 0 R + r2 − 2rR cos(ξ − θ)
R2 − r2 2π
Z
1
= ϕ(R cos ξ, R sin ξ) 2 2
dξ.
2π 0 R + r − 2rR cos(ξ − θ)

Enfin on peut exprimer le résultat en coordonnées cartésiennes.


Soient X = (x, y) = (r cos θ, r sin θ) et Y = (R cos ξ, R sin ξ). Alors

R2 − r2 = |Y |2 − |X|2 et R2 + r2 − 2rR cos(ξ − θ) = |Y − X|2

par la formule de cosinus. D’autre part, α(ξ) = (R cos ξ, R sin ξ) est une

16
représentation paramétrique de ∂Ω et |α0 (ξ)| = R. Donc
Z 2π
1
ϕ(R cos ξ, R sin ξ) 2 dξ
0 R + r2 − 2rR cos(ξ − θ)
Z 2π
1 |α0 (ξ)|
= ϕ(α(ξ)) dξ
0 |α(ξ) − X|2 R
Z
1 ϕ(s)
= ds
R ∂Ω |s − X|2

et
R2 − |X|2
Z
ϕ(s)
u(x, y) = u(X) = ds
2πR ∂Ω |s − X|2
Z
= ϕ(s)K(X, s)ds
∂Ω

où
R2 − |X|2
K(X, Y ) =
2πR |Y − X|2
est appelé noyau de Poisson pour le problème de Dirichlet sur la boule
B(0, R). On peut vérifier que la formule () donne une solution du problème
(20)(21) pour toute fonction ϕ ∈ C(∂Ω, R) et pas seulement pour les fonc-
tions ϕ telles que Φ ∈ ev{cos nθ, sin nθ : n ∈ N}. Par ailleurs, le principe du
maximum pour des fonctions harmoniques montre que la solution de (20)(21)
est unique.

17
2 Problèmes de Sturm-Liouville et
Séries de Fourier
But: Le développement d’une fonction comme une somme de fonctions
propres d’un problème aux limites joue un rôle essentiel dans la méthode de
séparation des variables. Pour exploiter au maximum ce procédure, on veut
utiliser des sommes infinies. Dans ce chapitre on présente quelques résultats
concernant la convergence de ces sommes et des les classes de fonctions qui
admettent une telle réprésentation.

Orientation: Considérons un des problèmes fondamentaux d’algèbre linéaire.


Un vecteur f ∈ RN et une matrice N × N qui est réelle et symétrique M ,
sont donnés. On doit trouver toutes les solutions u ∈ RN du système linéaire

M u = f.

Une démarche consiste à calculer d’abord une base orthonormée {ϕn : 1 ≤


n ≤ N } formée de vecteurs propres de M (on sait qu’une telle base existe)
et ensuite de développer f et u selon cette base. Il reste à déterminer les
coefficients de u. En fait,
N
X
f= fn ϕn où fn = hf, ϕn i
n=1

où h·, ·i est le produit scalaire usuel sur RN . Ecrivant


N
X
u= un ϕn ,
n=1

il faut trouver des coefficients un tels que M u = f. Or


N
X N
X
Mu = u n M ϕn = un λn ϕ n
n=1 n=1

où λn est la valeur propre de M associée à ϕn . Donc u est une solution de


l’équation M u = f si et seulement si

un λn = fn pour tout 1 ≤ n ≤ N.

18
Si λn 6= 0 pour tout 1 ≤ n ≤ N, le problème admet une solution unique pour
tout f ∈ RN :
N N
X hf, ϕn i
fn X fn
un = pour tout n = 1, ..., N et u = ϕn = ϕn .
λn λ
n=1 n n=1
λn

Si 0 est une valeur propre de M, le problème n’a aucune solution si fn 6= 0


lorsque λn = 0.
La simplicité de cette approche réside dans le fait que la matrice M agit
d’une manière triviale (multiplication par le nombre λn ) sur les vecteurs ϕn .
La généralité de la méthode est assurée car tout vecteur donné f et toute
solution u admettent un dévelopement selon les ϕn . L’orthonormalité des ϕn
permet de calculer les coefficients de ce dévelopement facilement.
La solution des équations différentielles par la méthode de séparation des
variables suit la même démarche. On cherche d’abord des fonctions qui se
comportent très simplement par rapport à l’opérateur différentiel. Elles sont
des fonctions propres d’un problème aux limites et on les trouve en séparant
les variables. Ensuite, dans l’étape appelée superposition, on développe les
données utilisant les fonctions propres et on détermine les coefficients de la
solution dans un développement analogue. Or, il y a une infinité de fonctions
propres pour de tels problèmes aux limites et pour atteindre une classe im-
portante de données il faut admettre des développements utilisant toutes ces
fonctions propres. Dans ce chapitre on présente des information essentielles
à ce sujet.

2.1 Problèmes réguliers de Sturm-Liouville


Soient a, b ∈ R avec a < b et posons J = [a, b]. Considérons le problème aux
limites
0
− {p(x)u0 (x)} + q(x)u(x) = λu(x) pour < a < x < b (31)
αu(a) + βu0 (a) = 0 et δu(b) + γu0 (b) = 0. (32)

Il s’agit d’un problème régulier de Sturm-Liouville lorsque les conditions


suivantes sont verifiées:
(i) p ∈ C 1 (J, R) et p(x) 6= 0 pour tout x ∈ J
(ii) q ∈ C(J, R)
(iii) α, β, δ, γ ∈ R et α2 + β 2 6= 0 et δ 2 + γ 2 6= 0.

19
Noter que la condition (i) implique qu’il existe une constante P > 0 telle que
un des deux cas suivant se produit:
ou bien p(x) ≥ P > 0 pour tout x ∈ J,
ou bien p(x) ≤ −P < 0 pour tout x ∈ J,
Une fonction propre est une fonction u ∈ C 2 (J, C) qui satisfait les équations
(1)(2) telle que u n’est pas identiquement nulle sur J. Les valeurs de λ telles
que (1)(2) admet une fonction propre sont les valeurs propres et l’ensemble
de toutes les valeurs propres est appelé le spectre de (1)(2), noté σ. Dans
le chapitre concernant la séparation des variables, on a rencontré plusieurs
exemples de ce type de problème.

Théorème 2.1 Soit (1)(2) un problème régulier de Sturm-Liouville. Alors,


(1) σ = {λn : n ∈ N} où

−∞ < λ0 < λ1 ... et lim λn = ∞ si p > 0 sur J, et


n→∞
∞ > λ0 > λ1 ... et lim λn = −∞ si p < 0 sur J.
n→∞

(2) il y a une fonction ϕn ∈ C 2 (J, R) telle que

ev{ϕn } = {u ∈ C 2 (J, C) : u satisfait (1)(2) pour λ = λn },

(3) pour n 6= m,
Z b
ϕn (x)ϕm (x)dx = 0. (33)
a

Remarque Selon la propriété (2), toutes les valeurs propres sont simples
dans le sens qu’elles n’admettent qu’une fonction propre (à un facteur mul-
tiplicatif près). Elles sont orthogonales dans le sens de (3).
Preuve On se limite à montrer que si ϕn est une fonction propre associée
à λn , alors λn est réelle et (3) est vérifié. Multipliant (1) par ϕn et intégrant
sur J, on obtient
Z b Z b
2
0 x=b
−{p(x)ϕn (x)}ϕn (x) |x=a + 0
p(x) |ϕn (x)| dx + q(x) |ϕn (x)|2 dx
a a
Z b
= λn |ϕn (x)|2 dx.
a

Mais
ϕ0n (a)ϕn (a) et ϕ0n (b)ϕn (b) ∈ R

20
par (2), montrant que λn ∈ R. Donc Re ϕn et Im ϕn vérifiées (1)(2) et elles
ne sont pas toutes les deux identiquement nulles, montrant qu’il existe une
fonction propre à valeurs réelles. D’autre part,
Z b
λn ϕn (x)ϕm (x)dx
a
Z b
0
= −{p(x)ϕn (x)}ϕm (x) + p(x)ϕ0n (x)ϕ0m (x) + q(x)ϕn (x)ϕm (x)dx
a
= −{p(x)ϕ0n (x)}ϕm (x) |x=b 0 x=b
x=a +ϕn (x){p(x)ϕm (x)} |x=a
Z b
+ −ϕn (x){p(x)ϕ0m (x)}0 + q(x)ϕn (x)ϕm (x)dx
a
Z b
0 0 x=b
= p(x){ϕn (x)ϕm (x) − ϕn (x)ϕm (x)} |x=a +λm ϕn (x)ϕm (x)dx.
a

D’où
Z b
(λn − λm ) ϕn (x)ϕm (x)dx = p(x){ϕn (x)ϕ0m (x) − ϕ0n (x)ϕm (x)} |x=b
x=a = 0
a

par (2).
Concernant le développement d’une fonction f comme une somme de
fonctions propres, voici un exemple de ce que l’on peut démontrer

Théorème 2.2 Soit {ϕn : n ∈ N} l’ensemble de toutes les fonctions propres


d’un problème régulier de Sturm-Liouville (1)(2), normalisées par
Z b
ϕn (x)2 dx = 1.
a

(1) Soit f ∈ C 2 (J) une fonction qui satisfait les conditions aux limites
(2). Alors

X
f (x) = αn ϕn (x) pour tout x ∈ J
n=0

où Z b
αn = f (x)ϕn (x)dx
a
et la série converge normalement sur J.

21
(2) Si g ∈ C(J) et

X
g(x) = βn ϕn (x) pour tout x ∈ J
n=0

où la série converge uniformément sur J, alors


Z b
βn = g(x)ϕn (x)dx.
a

Notons quelques cas particuliers.


Exemple 1 Considérons le problème:
−u00 (x) = λu(x) pour 0 < x < π
u0 (0) = u0 (π) = 0.
Il s’agit bien d’un problème régulier de Sturm-Liouville. Le spectre est {λn :
n ∈ N} où λn = n2 et la fonction propre normalisée associées à λn est
r
1 2
ϕ0 (x) = √ et ϕn (x) = cos nx pour n ∈ N\{0}.
π π
Un développement de la forme

X
f (x) = fn cos nx où
n=0
Z π Z π
1 2
f0 = f (x)dx et fn = f (x) cos nxdx pour n ≥ 1
π 0 π 0

est appelé série de Fourier de f en cosinus. Noter que les fonctions


cos nx sont orthogonales mais pas normées. Une condition sufficante pour la
validité de ce développement est que f ∈ C 2 ([0, π]) avec f 0 (0) = f 0 (π) = 0.
Exemple 2 Considérons le problème:
−u00 (x) = λu(x) pour 0 < x < π
u(0) = u(π) = 0.
Il s’agit aussi d’un problème régulier de Sturm-Liouville. Le spectre est
{λn : n ∈ N\{0}} où λn = n2 et la fonction propre normalisée associées à λn
est r
2
ϕn (x) = sin nx pour n ∈ N\{0}.
π

22
Un développement de la forme
∞ Z π
X 2
f (x) = fn sin nx où fn = f (x) sin nxdx pour n ∈ N\{0}
n=0
π 0

est appelé série de Fourier de f en sinus. Noter que les fonctions sin nx
sont orthogonales mais pas normées. Une condition sufficante pour la validité
de ce développement est que f ∈ C 2 ([0, π]) avec f (0) = f (π) = 0.

2.2 Séries de Fourier


Une variante de la notion de problème régulier de Strurm-Liouville se présente
lorsque l’on considère le problème aux limites:

u00 (x) + λu(x) = 0 pour x ∈ R


u périodique de période 2π.

Une forme équivalente de ce problème est

−u00 (x) = λu(x) pour 0 < x < 2π


u(0) = u(2π) et u0 (0) = u0 (2π).

On a vu que le spectre de ce problème est {λn : n ∈ N} où λn = n2 . Or, pour


n ≥ 1, les valeurs propres λn ne sont pas simples dans ce cas. En fait, pour
λ = λn et n ≥ 1, l’ensemble de solutions du problème aux limites est

ev{cos nx, sin nx} = {A cos nx + B sin nx : A, B ∈ R}.

Dans ce cas on peut développer une function périodique utilisant les fonctions
{cos nx, sin nx : n ∈ N}. Un développement de la forme

X ∞
X
f (x) = An cos nx + Bn sin nx
n=0 n=1
Z 2π
1
où A0 = f (x)dx
2π 0
1 2π 1 2π
Z Z
An = f (x) cos nxdx et Bn = f (x) sin nxdxpour n ∈ N\{0}
π 0 π 0

23
est appelé série de Fourier (complète) de f . Une condition sufficante pour
la validité de ce développement est que f ∈ C 2 ([0, 2π]) avec f (0) = f (2π) et
f 0 (0) = f 0 (2π).
Il y a plusieures formes alternatives de la série de Fourier.
(i) On peut remplacer l’intervalle [0, 2π] par un autre intervalle de longueur
2π. Le choix [−π, π] est très utile car en ce cas, la série de Fourier complète
se réduit

à la série en cosinus si f est paire, et


à la série en sinus si f est impaire.

(ii) On peut travailler sur un intervalle fermé et borné quelconque, [a, b]. En
ces cas il faut utiliser les fonctions
2nπ 2nπ
cos x, sin x où n ∈ N
(b − a) (b − a)

qui sont périodiques de période (b − a), la longueur de l’intervalle. Pour une


fonction f : [a, b] → R ses coefficients de Fourier sur [a, b] sont
Z b
1
A0 = f (x)dx (la moyenne de f )
b−a a
Z b Z b
2 2nπ 2 2nπ
An = f (x) cos xdx et Bn = f (x) sin xdx
b−a a (b − a) b−a a (b − a)

et la série de Fourier complète de f sur [a, b] est



X 2nπ 2nπ
A0 + {An cos x + Bn sin x}.
n=1
(b − a) (b − a)
2nπ 2nπ
2nπ
(iii) On peut remplacer cos (b−a) 2nπ
x et sin (b−a) x par Re ei (b−a) x = 12 {ei (b−a) x +
2nπ 2nπ 2nπ 2nπ
e−i (b−a) x } et Im ei (b−a) x = 1
2i
{ei (b−a) x − e−i (b−a) x } respectivement. En ce cas,

24
le développement de f devient
∞ ∞
X 2nπ X 2nπ
f (x) = A0 + An cos x+ Bn sin x
n=1
(b − a) n=1
(b − a)
∞ ∞
1 2nπ 2nπ 1 2nπ 2nπ
An {ei (b−a) x + e−i (b−a) x } + Bn {ei (b−a) x − e−i (b−a) x }
X X
= A0 +
n=1
2 n=1
2i
∞ ∞
An − iBn 2nπ An + iBn 2nπ
e−i (b−a) x
X i (b−a) x
X
= A0 + e +
n=1
2 n=1
2

X 2nπ
= Cn ei (b−a) x
n=−∞

où Z b
1 2nπ
Cn = f (x)e−i (b−a) x dx pour tout n ∈ Z
(b − a) a
car
An − iBn
2
Z b Z b
1 2 2nπ 2 2nπ
= { f (x) cos xdx − i f (x) sin xdx}
2 (b − a) a (b − a) (b − a) a (b − a)
Z b
1 2nπ 2nπ
= f (x){cos x − i sin x}dx
(b − a) a (b − a) (b − a)
Z b
1 2nπ
= f (x)e−i (b−a) x dx
(b − a) a

tandis que
An + iBn
2
Z b
1 2nπ 2nπ
= f (x){cos x + i sin x}dx
(b − a) a (b − a) (b − a)
Z b
1 2nπ
= f (x)ei (b−a) x dx.
(b − a) a

Noter que
Cn = C−n pour tout n ∈ Z

25
car f est réelle.
(iv) On peut développer une fonction complexe f : [a, b] → C en traitant
séparément ses parties réelles et complexes. Si f (x) = u(x) + iv(x) où u, v :
[a, b] → R, on obtient
∞ ∞
X 2nπ X 2nπ
f (x) = Pn ei (b−a) nx + i Qn ei (b−a) nx
n=−∞ n=−∞

où
Z b
1 2nπ
Pn = u(x)e−i (b−a) x dx et
b−a a
Z b
1 2nπ
Qn = v(x)e−i (b−a) x dx pour tout n ∈ Z
b−a a
et donc

X 2nπ
f (x) = Cn ei (b−a) nx où
n=−∞
Z b
1 2nπ
Cn = Pn + iQn = f (x)e−i (b−a) x dx
b−a a

Noter que l’on n’a plus la rélation que Cn = C−n si f n’est pas réelle.
Terminons avec un autre résultat concernant la validité d’un développement
en série de Fourier complète sur l’intervalle [a, b].

Définition 2.3 Soit f : [a, b] → C une fonction définie sur un untervalle


compact. On dit que f est de classe C 1 −par morceaux sur [a, b], noté f ∈
CM 1 ([a, b]), lorsqu’il existe une partition {xi : i = 0, ..., k} de [a, b] avec
a = x0 < x1 < ... < xk = b telle que, pour i = 0, ..., k − 1,
(1) la réstriction de f à l’intervalle ouvert (xi , xi+1 ) est continument
dérivable et
(2) les fonctions f et f 0 admettent des prolongements à [xi , xi+1 ] qui sont
continus sur [xi , xi+1 ].

Théorème 2.4 Soient −∞ < a < b < ∞ et f ∈ CM 1 ([a, b]). Pour n ∈ Z,


posons Z b
1 2nπ
Cn = f (x)e−i (b−a) x dx.
b−a a

26
(i) La série

X 2nπ
Cn ei (b−a) x
n=−∞

converge pour tout x ∈ R et la somme est


 1
∗ 2
{f (x+) + f (x−)} si x ∈ (a, b)
f (x) = 1
2
{f (a+) + f (b−)} si x = a ou b.

(ii) Si f ∈ CM 1 ([a, b]) ∩ C([a, b]) et f (a) = f (b), la convergence est normale
sur R et ∞
X 2nπ
f (x) = Cn ei (b−a) x pour tout x ∈ [a, b].
n=−∞

Remarque 1 Si f est réelle, la série de Fourier s’écrit aussi


∞ ∞
2nπ 2nπ 2nπ
{Cn ei (b−a) x + C−n e−i (b−a) x }
X i (b−a) x
X
Cn e = C0 +
n=−∞ n=1

X 2nπ
= C0 + 2 Re{Cn ei (b−a) x }
n=1

X 2nπ 2nπ
= C0 + 2 (Re Cn ) cos x − (Im Cn ) sin x
n=1
(b − a) (b − a)

X 2nπ 2nπ
= C0 + {An cos x − Bn sin x}
n=1
(b − a) (b − a)

où
Z b
2 2nπ
An = 2 Re Cn = f (x) cos xdx
(b − a) a (b − a)
Z b
2 2nπ
Bn = −2 Im Cn = f (x) sin xdx et
(b − a) a (b − a)
Z b
1
C0 = f (x)dx.
(b − a) a
On récoupère ainsi la forme réelle à partir de la forme complexe.
Remarque 2 Les conditions assurant la convergence de la série de Fourier
dans la partie (ii) sont moins contrainantes que celles que l’on a formulé dans

27
le résultat général concernant les développement comme somme de fonctions
propres d’un problème de Sturm-Liouville régulier. En fait ces nouvelles
conditions restent sufficantes même dans le cas général.
Remarque 3 Notons que les conditions imposées pour assurer la convergence
de la série de Fourier de f vers f sont nettement plus fortes que ce qui est
nécessaire pour calculer les coefficients de Fourier Cn d’une fonction f. Si f
est continu par morceaux sur [a, b], on peut définir les tous coefficients de
Fourier de f :
Z b
1 2nπ
Cn = f (x)e−i (b−a) x dx pour tout n ∈ Z.
b−a a
A ce point la question suivante se pose.
(1) Pour quelles valeurs de x ∈ R est-il vrai que la série de Fourier
P∞ 2nπ
i (b−a) x
n=−∞ Cn e converge ?
Voici quelques réponses partielles. Il existe des fonctions f ∈ C([a, b])
2nπ
telles que la série ∞ i (b−a) x
P
n=−∞ Cn e diverge pour un nombre infini de points
dans l’intervalle [a, b].
Par contre, posant
Z b
kuk2 = { |u(x)|2 dx}1/2 ,
a

il est connu que, pour toute fonction f continue par morceaux sur [a, b],

kf − Sj k2 → 0 lorsque j → ∞
2nπ
où Sj (x) = jn=−j Cn ei (b−a) x est une somme partielle de la série de Fourier
P

de f. Ce résultat reste vrai pour des fonctions de classe L2 ([a, b]) dans la
terminologie introduite lors de la discussion des transformées de Fourier.

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