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• Culture/Civilisation : ensemble des savoirs et pouvoirs acquis par les humains pour maîtriser les

forces de la nature et conquérir des biens susceptibles de satisfaire aux besoins humains + ensemble
des rapports des humains entre eux (notamment : répartition des biens accessibles)

- La civilisation sert aussi à lutter contre l’individualisme et tous les comportements humains
(notamment instinctifs) qui menacent l’ordre civilisationnel lui-même → l’individu doit
supporter le fardeau qu’est le sacrifice de ses instincts et faire des sacrifices (travailler, ne
pas faire X, etc.) pour le bon fonctionnement de la civilisation
o C’est nécessaire pour 2 raisons : les humains n’aiment pas spontanément travailler +
les arguments ne peuvent rien sur leurs passions
- Les leaders politiques se hissent grâce à leur renoncement à leurs instincts ; ils doivent servir
de modèles à la foule. Mais ils ne doivent pas céder à la volonté de la foule (c’est la foule qui
doit céder à eux).
o On peut théoriquement (mais dans la pratique, cela semble peu faisable) : éduquer
les humains dans le renoncement de leurs instincts et l’amour de leur civilisation
pour empêcher que toute forme de coercition ne soit nécessaire au maintien de la
civilisation et ne plus avoir besoin de leaders

• Instinct non-satisfait = frustration ; moyen pour imposer le renoncement à un instinct (= fait


d’imposer une frustration) = interdiction ; état créé par l’interdiction = privation (privations
universelles & privations envers un groupe défini d’individu)

• Les privations sont le noyau de l’hostilité contre la civilisation

- Parmi les privations des désirs instinctifs : inceste, meurtre, cannibalisme (peut-être dans le
futur il y aura de nouvelles privations de désirs)
- Les individus qui réagissent mal à ces privations sont les névropathes, qui deviennent
asociaux

• Intériorisation de la contrainte externe nécessaire à la civilisation par l’évolution : évolution du


« surmoi »

- Inceste, meurtre et cannibalisme ont fini par être contenus intérieurement par le surmoi
- De nombreux autres désirs comme la cupidité, l’agressivité, la convoitise sexuelle, etc. ne
sont pas (encore) contenus par le surmoi et uniquement contenus par une coercition externe
par la civilisation (ces désirs ont probablement pu librement être satisfaits dans des temps
immémoriaux avant que la civilisation ne se développe ou ne se développe suffisamment)

• Lorsque les privations ne sont pas universelles, on a des classes lésées (privées de pleins de choses)
qui envient les classes plus élevées (privées de moins de choses) = mécontentement, révoltes,
hostilité envers la civilisation : impossibilité d’une intériorisation culturelle de ces privations, les lésés
(opprimés) sont bien plus prêts à renoncer à ces privations pour être à égalité avec les classes plus
élevées → risque de détruire la civilisation

• Juger la valeur d’une civilisation : degré d’intériorisation des privations (= niveau moral) &
patrimoine d’idéals et de créations artistiques (= satisfactions qui émanent de ces idéals et de ces
créations)

- Historiquement : les premières formes d’activités que la coopération des dons innés et des
circonstances extérieures permettent ont fixé les idéals de la civilisation émergente (et non
l’inverse)
- La satisfaction d’un idéal flatte l’orgueil (narcissisme) de ce qui a déjà été accomplir avec
succès.
- Les civilisations ont des idéals différents ce qui leur permet de mépriser les autres : les idéals
culturels sont une cause de discord et d’inimitié
o Flatter l’orgueil et mépriser les autres civilisations permis aux classes lésées
contrebalance l’hostilité qu’elles peuvent avoir pour la civilisation (du fait de leurs
privations)
- L’Art dispense aussi une satisfaction aux participants d’une civilisation ; donne des
satisfactions substitutives, en compensation aux plus anciennes renonciations culturelles, de
celles qui sont ressenties encore le plus profondément (réconcilie l’humain avec les sacrifices
qu’il a fait envers sa civilisation) ; exalte les sentiments d’indentification (permet d’éprouver
en commun de hautes jouissances) ; se met au service d’une satisfaction narcissique quand
elles rappellent les idéals d’une civilisation

• Si on venait à renoncer aux privations civilisationnelles (revenir à l’état de nature): on pourrait tout
faire (tuer, violer, etc.) mais aussi tout subir (se faire tuer, violer, etc.). In fine, une seule personne
pourra pleinement jouir de cette liberté totale : un tyran ayant monopolisé tous les moyens de
coercition et pouvant imposer sa volonté à tous ; mais à ce moment-là, ce tyran aurait tout intérêt à
ce que les autres observassent du moins ce commandement culturel : tu ne tueras pas, etc.

• La civilisation essaye entre autres de domper la nature

- Elle ne réussit pas encore à dompter les catastrophes naturelles : imprévisibles et


dévastatrices → elles créent une anxiété constante des malheurs pouvant survenir et une
grave humiliation du narcissisme naturel des individus
o Comment l’humain se met-il en défense contre les forces supérieures de la nature,
du destin, qui le menacent ainsi que tous les humains ?

La civilisation « humanise » la nature, ce qui donne l’illusion qu’on comprend la


nature si des êtres surnaturels réfléchissant comme nous, ayant des passions comme
nous, contrôlent la nature. Elle donne l’illusion qu’on peut essayer de conjurer,
d’apaiser, de corrompre les êtres derrière ces forces de la nature. L’humain fait de
ces êtres surnaturels des dieux (tellement ces êtres, jugés comme la cause de ces
forces de la nature, lui inspirent une impression écrasante) et leur donne les
caractères du père (qui représente l’autorité, la force, la crainte, mais aussi la
protection pour l’enfant).
▪ Ces dieux remplissent 3 rôles : exorciser les forces de la nature, nous
réconcilier avec la cruauté du destin (de la nature, de la vie), telle qu’elle se
manifeste en particulier dans la mort, et nous dédommager des souffrances
et des privations que la vie en commun des civilisés impose à l‘humain.
▪ Mais historiquement, l’importance des dieux a peu à peu glisser vers ce
troisième rôle essentiel au fur et à mesure que l’on comprend les forces de la
nature et que l’on comprend que le destin est insondable et au moins en
partie contrôlé par ces forces de la nature : la moralité devient le réel
domaine des dieux.
La tâche des dieux devient de parer aux défauts de la civilisation et aux
dommages qu’elle cause, de s’occuper des souffrances que les humains
s’infligent les uns aux autres de par leur vie en commun, de veiller au
maintien des prescriptions de la civilisation, prescriptions auxquelles les
humains obéissent si mal. Une origine divine est attribuée aux prescriptions
de la civilisation.
Une Providence bienveillante veille sur nous ; la mort n’est plus un
anéantissement ; il existe un grand plan cosmique où l’humain a un rôle à
jouer et qui implique son perfectionnement ; les lois morales d’une
civilisation gouvernent aussi l’univers par une cour de Justice des dieux ; le
bien trouve toujours sa récompense ; le mal trouve toujours son châtiment.
La religion remplit ces désirs essentiels.
• Les dieux ont pu finir par s’amalgamer en un Dieu unique
monothéiste regroupant toutes les qualités paternelles et toutes les
qualités divines. Dès lors, les relations humains-dieux recouvrent
l’intimité des relations de l’enfant au père. La volonté d’être le seul
enfant aimé du père se manifeste dans la religion avec la volonté
d’être le peuple élu de Dieu, d’être le peuple préféré (cf. The United
States = « God’s own country »), etc.

• La religion constitue un patrimoine d’idées transmises par la civilisation au même titre que la
géométrie, le savoir scientifique, etc.

• Les idées religieuses sont des dogmes, des assertions touchant des faits et des rapports de la réalité
externe (ou interne), et ces dogmes nous apprennent des choses que nous n’avons pas découvertes
par nous-mêmes et qui exigent de notre part un acte de foi. Comme ils nous renseignent sur ce qui,
dans la vie, nous semble plus important et plus intéressant, ces dogmes sont estimés
particulièrement haut. Qui les ignore est très ignorant, qui les a incorporés à son savoir peut se
considérer comme possédant une connaissance très enrichie.

• L’enseignement scolaire repose aussi en partie sur la foi. Si un professeur dit : « Constance se
trouve au bord du Bodensee (Lac Constance) », il faut croire par principe en cette assertion.

• La prétention à une croyance religieuse peut se fonder sur : « ils méritent créance parce que nos
ancêtres y croyaient déjà », « nous en possédons des preuves qui datent justement des temps
primitifs et se sont transmises jusqu’à nous » (nos ancêtres primitifs avaient encore moins les
moyens scientifiques, matériels, intellectuels de répondre à ces questions que nous qui n’arrivont
déjà pas à y répondre), « il est en tout cas défendu de poser la question sur leur authenticité ». Ces
trois arguments sont peu convaincants.

- Deux justifications autres sont avancées : le credo quia absurdum « Les dogmes sont au-
dessus de la raison, il faut en ressentir la vérité » (ce qui est absurde car peut justifier la
croyance en n’importe quelle absurdité, et tout le monde ne ressent pas profondément au
fond de lui-même la vérité de ces dogmes ; alors qu’on lui demande quand même de croire)
& le « comme si » (« als ob ») : il faut se comporter « comme si » ces dogmes étaient vrais
même si on ne peut le prouver, et cela pour le maintien de la société/civilisation.
- Justifier sa croyance sur l’intuition, c’est-à-dire sur son arbitraire, est irrationnel aussi.

• Une illusion est une idée dérivée des désirs humains mais elle n’est pas forcément fausse ; elle est
juste justifiée non pas par le raisonnement mais par des désirs.

- Les idées religions sont des illusions (et pas forcément des erreurs)

• La religion est-elle un fondement indispensable aux civilisations ?


- Elle peut contenir les instincts primaux mais est limitée
- Les doctrines religieuses peuvent toujours être déformés et interprétés comme on le
souhaite ; elles ne sont donc pas une source efficace de règles, d’interdits, etc.
- Historiquement, les dogmes religieux ont concédé beaucoup de choses aux gens
(notamment sur l’accomplissement de leurs instincts)
- Les foules qui ne sont pas porteuses de la culture ne doivent pas accéder aux résultats
scientifiques, à la connaissance que la religion est une illusion car la religion est la seule
chose qui leur interdit une rébellion complète envers la civilisation par ses interdits moraux.
o Cet argument n’est pas valide car les interdits religieux peuvent être justifiés
rationnellement dans l’intérêt de tous sans faire appel à Dieu. Au contraire, faire
dépendre le respect de ces interdits à la croyance en Dieu est dangereux.
o Juger rationnellement les interdits moraux, les institutions, etc. de notre civilisation
permettra d’en juger efficacement l’utilité, de les améliorer, etc. → ce serait utile
pour réconcilier les humains à la civilisation

• L’humanité a évolué en plusieurs étapes :

Aux époques d’ignorance et de faiblesse intellectuelle : l’humanité ne pouvait réaliser les


renoncements aux instincts indispensables à la vie en commun des humains qu’en vertu de
forces purement effectives.
Le résidu de ces démarches analogues au refoulement, qui eurent lieu aux temps
préhistoriques, subsistent longtemps en tant que partie intégrante de la civilisation. La
religion serait la névrose obsessionnelle universelle de l’humanité ; comme celle de l’enfant,
elle dérive du complexe d’Œdipe, des rapports de l’enfant au père.

• La religion limite le développement intellectuel et rationnel des individus ont leur empêchant de
réfléchir librement à toutes les questions et en leur interdisant de remettre en cause certaines
réponses

- Cela peut expliquer pourquoi les instincts dominent sur le rationnel chez l’humain. Ce n’est
pas un fait inné.
- Dépasser la religion pourra permettre un développement civilisationnel plus important : les
humains utilisent systématiquement leur raison dès que possible et concentrant leurs
ressources sur la réalité ici-bas plutôt que sur le travail inutile censé garantir une place à l’au-
delà

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