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Un empire désigne une forme de communauté politique1 unissant des peuples différents autour d'un pouvoir central unique et ne

dépendant d'aucun autre pouvoir, temporel et spirituel.


La notion d'empire implique, jusqu'à la fin du XIX siècle, l'idée d'une structure fédérale couvrant l'ensemble du monde connu, sur le
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modèle de l'Empire romain et de la Pax Romana. Elle est aussi très prégnante dans la philosophie politique où, de Dante à Kant en
passant par Vico et Machiavel, la notion d'empire est vue comme la façon d'assurer la paix2. Au contraire, à la fin du XIX siècle, on
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assistera à une lutte entre empires concurrents : Empire allemand, Empire britannique, Empire du Japon (Sphère de coprospérité de la
grande Asie orientale ; expansionnisme du Japon, Russie impériale, etc.). Pour Hobson3, le lien qu'il y avait entre empire et
internationalisme va être rompu.
Les empires fondés sur la terre, comme l'Empire romain ou la Russie impériale, ont tendance à être monolithiques ; les empires
maritimes, comme l'empire de Crète incarné par le Minos qui précède l'empire athénien et celui de Carthage, ou l'Empire britannique, ont
des structures plus lâches et des territoires éparpillés. Généralement, la création d'un empire implique une ou plusieurs conquêtes
militaires considérées dans les meilleurs des cas comme une unification et un destin (Haute et Basse Égypte, sept royaumes de Chine).
En fait, la notion d'empire est assez floue, car elle ne renvoie pas à une organisation politique précise. On emploie ce terme pour
désigner autant des républiques (Athènes au V siècle av. J.-C.) que des monarchies (l'Autriche au XIX siècle), ou
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des confédérations (le Saint-Empire romain germanique au Moyen Âge). De même, ce vocable désigne tantôt des démocraties (la France
de la Troisième République), tantôt des dictatures (l'Empire russe au XIX siècle), ou encore des oligarchies (l'Empire romain).
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Les historiens sont d'ailleurs divisés sur le sujet. Selon Moses Finley4, est empire tout « exercice durable par un État d'une autorité, d'un
pouvoir, ou d'un contrôle sur un ou plusieurs États, communautés ou peuples » ; à cette conception très large s'oppose celle de Jean
Tulard5, pour lequel n'est empire que ce qui possède les cinq traits suivants :

 une volonté expansionniste ;


 une organisation centralisée ;
 des peuples encadrés par une armature politique et fiscale commune ;
 la croyance en une supériorité d'essence ;
 un début et une fin clairement identifiés.
La découverte du Nouveau Monde fut l'occasion pour de nombreux États d'Europe de s'embarquer dans un programme impérialiste d'un
type nouveau, la colonisation. Avec ce nouveau modèle, précédemment testé dans l'Ancien Monde aux Îles Canaries et en Irlande, les
territoires conquis devenaient de droit subordonnés à l'État impérial, plutôt que de facto comme dans les premiers empires. Ce qui
conduisit à de forts ressentiments dans les colonies, et par conséquent au déclin de ce système dès le XVIII siècle pour les États-Unis et
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jusqu'à la fin du XX siècle pour les autres pays.


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Le modèle impérialiste européen a aussi provoqué des découpages géographiques arbitraires. La puissance impérialiste ayant tendance
à découper les territoires suivant ses convenances, plutôt qu'en fonction des populations. Par exemple le découpage Irak/Koweït semble
plus correspondre aux intérêts pétroliers, qu'à des raisons historiques ou ethniques. De façon générale, l'Afrique souffre encore du
décalage entre les frontières étatiques héritées de la période coloniale et les frontières ethniques, généralement beaucoup plus
anciennes. Ce décalage a eu différents effets pervers :

 clanisme : un clan ou une ethnie s'arroge le pouvoir étatique ;


 sécessions : des ethnies, parfois soutenues par l'ancienne puissance coloniale ou par un pays impérialiste, entendent créer leur
propre État (guerre du Biafra, du Katanga, etc.) ;
 expansionnisme : certains dirigeants justifient leur expansionnisme au nom de l'artificialité des frontières.
Egypte :

L'Ancienne Égypte fut l'une des premières civilisations mondiales, puisant ses sources dans le Croissant fertile, et plus particulièrement
dans la vallée du Nil vers le IIIe millénaire av. J.-C.. Elle atteint le zénith de sa puissance durant le Nouvel Empire égyptien (établi
de 1510 à 1070 av. J.-C. sous le règne des grands pharaons tels que Thoutmôsis III et Ramsès II. Elle s'est étendue à cette époque jusqu'à
la Nubie au sud et en partie au Proche-Orient à l'est. L'Égypte antique est un parfait exemple de nation qui utilisa à son époque le soft
power dans le but de devenir une grande puissance. Elle fut l'une des premières nations à établir un système d'écriture et entreprendre des
constructions d'envergure, à l'image des pyramides de Gizeh. Pourtant, les civilisations aux alentours finirent par développer leur
puissance militaire au point de pouvoir traverser les frontières naturelles de l'Égypte. Celle-ci n'ayant que peu entretenu la sienne, elle ne
fut pas en mesure de les repousser, raison pour laquelle vers le début du Ier millénaire av. J.-C. son influence en tant que civilisation
indépendante s'affaiblit. Le succès de la civilisation égyptienne antique découle en partie de sa capacité à s'adapter aux conditions de la
vallée du Nil. L'inondation prévisible du fleuve et le contrôle de l'irrigation de la vallée produit des récoltes excédentaires qui alimentent
le développement social et culturel du pays. Ce surplus agricole donne à l'administration les moyens de financer l'exploitation minière de
la vallée et des régions voisines du désert. Le développement rapide d'un système d'écriture indépendant, l'organisation de
constructions collectives et de projets agricoles, les relations commerciales avec les pays voisins et une armée solide permettent à
l'Égypte d'affirmer sa domination sur la région. Toutes ces activités sont organisées par une bureaucratie de scribes, de dirigeants
religieux et d'administrateurs sous le contrôle du pharaon qui assure l'unité du peuple égyptien dans le cadre d'un système complexe
de croyances religieuses4,5.
Les nombreuses réalisations des Égyptiens de l'Antiquité comprennent l'extraction minière, l'arpentage et les techniques de
construction qui facilitent la construction de pyramides monumentales, de temples et d'obélisques. On compte également à leur crédit le
développement des mathématiques, de la médecine, de l'irrigation et de la production agricole, la construction des premiers navires
connus, la faïence égyptienne, de nouvelles formes de littérature6. Du rassemblement des tribus primitives qui créent le premier
royaume pharaonique jusqu'à son absorption au ier siècle av. J.-C., l'Égypte antique est le théâtre d'évènements majeurs qui influencent
assurément la culture et l'imaginaire des peuples lui ayant succédé. Son art et son architecture sont largement copiés et ses antiquités
sont disséminées aux quatre coins du monde. Un regain d'intérêt pour la période antique au début de l'époque moderne conduit à de
nombreuses investigations scientifiques de la civilisation égyptienne, notamment par des fouilles, et à une meilleure appréciation de son
héritage culturel, pour l'Égypte et le monde

Empire Perse
L'Empire perse achéménide forme un vaste ensemble de territoires dominés par les Perses, qui s'étend de l'Indus à la mer Méditerranée.
Fondé par le roi Cyrus II pendant la seconde moitié du vie siècle av. J.-C., il est détruit par Alexandre le Grand pendant la seconde moitié
du ive siècle av. J.-C.. Cet empire, basé sur la soumission de peuples très différents versant un tribut au roi perse, pratiquait la tolérance
religieuse et a donné naissance à un art monumental très important. Il a aussi affronté, presque sans succès, les Grecs pendant
les guerres médiques, au début du ve siècle av. J.-C..

L'empire est dirigé par le roi des Perses que l'on surnomme le « Grand Roi ». Il est divisé en grandes régions, entre 25 et 30 satrapies. À
la tête de chaque satrapie, le roi nomme un satrape qui est son représentant ; il dispose des pouvoirs civils et militaires et rend la justice.
Aux côtés des satrapes, existent des conseils où siègent des Perses mais aussi des représentants de la population d'origine de la
région. Les satrapes sont contrôlés par des inspecteurs royaux qui interviennent sans prévenir.
Les peuples conquis doivent montrer leur soumission en versant un tribut annuel au Grand Roi. Ce tribut est en nature (du blé, des
chevaux…) ou en métaux précieux (comme des lingots d'or et d'argent). Cependant, les vaincus conservent leurs langues, leurs
religions, leurs coutumes et même parfois leurs princes (comme à Sidon ou à Chypre). C'est pour marquer cette diversité que le roi des
Perses est aussi appelé le « Roi des Rois ».
La structure impériale achéménide tourne autour du Roi des rois, qui est le centre symbolique de l'empire, où qu'il soit. Du point de vue
géographique, on peut déterminer que le centre de l'empire se trouve dans la Perse (l'actuelle province du Fars), région d'origine de la
dynastie, où il s'incarne dans plusieurs sites palatiaux. Les monuments qu'on y trouve sont les lieux d'expression du pouvoir royal, mais
leur fonction exacte reste indéterminée et ils ne semblent pas exercer un fort pouvoir d'attraction sur le reste de l'empire. Pour dominer
un vaste territoire depuis cette région au départ peu prospère, les rois perses se sont appuyés sur une administration et une armée
dirigées par leurs proches, les membres de l'aristocratie perse qui formaient selon l'expression de P. Briant une « ethno-classe
dominante », soudée notamment par l'appartenance à des tribus et clans liés entre eux et la pratique d'une langue et d'une religion
commune qu'ils n'ont jamais cherché à étendre aux peuples qu'ils dominaient.

L’empire Romain

L'Empire romain (en latin : Imperium romanum ; en italien : Impero romano) est le nom donné par les historiens à la période de la Rome
antique s'étendant entre 27 av. J.-C. et 476 apr. J.-C.. Pour la période postérieure, de 476 à 1453 apr. J.-C., qui concerne surtout la partie
orientale de l'Empire, avec Constantinople pour capitale, les historiens modernes parlent aujourd'hui d'Empire byzantin. Ce terme n'est
toutefois apparu qu'au xvie siècle, ses habitants de l'époque l'appelant toujours « empire des Romains ». L'Empire fut fondé par Auguste,
qui mit fin à la Dernière Guerre civile de la République romaine, au cours de la toute fin de la République romaine. Contrairement à la République,
qui était oligarchique, l'Empire fut une autocratie, tout en conservant durant le principat des apparences républicaines : le pouvoir politique
était principalement détenu par un seul homme, l'empereur, qui s'appuyait sur une bureaucratie sans cesse plus développée, sur
une administration territoriale importante et sur une puissante armée. De sa fondation par Auguste jusqu'à la déposition de son dernier
empereur, Romulus Augustule, l'Empire eut une histoire intérieure et extérieure complexe, caractérisée, au départ, par une certaine stabilité
politique (période du principat), puis, à partir du iiie siècle, par une instabilité de plus en plus importante : crise du troisième siècle et dominat.
Les coups d'État et les guerres civiles se multiplièrent, et l'Empire avait à affronter un nombre grandissant d'ennemis extérieurs. Entre les
années 14 et 68, les héritiers d’Auguste se succèdent au pouvoir : Tibère, Caligula, Claude et Néron. Cette succession d’empereur s’est vue interrompue
par la guerre civile en 68 ap. J.-C. Cette première période de crise que vit l’Empire sera surmontée par les Flavii.

Almohades

Le mouvement almohade est fondé, au début du xiie siècle, par Muhammad ibn Tûmart, un réformateur de l’Anti-Atlas d'origine berbère de la
branche des Masmoudas, apparentés aux chleuhs du Maroc moderne6 .. S’opposant au rite malikite pratiqué par les Almoravides, Ibn
Tûmart prêche le retour aux sources religieuses de l’islam ; formé en Orient et influencé par le chiisme et par les idées de Al-Ghazâlî, il
reproche à ceux-ci d’avoir délaissé l’étude du Coran pour un juridisme excessif ; il dénonce également leur conception anthropomorphe de
Dieu, contraire au principe fondamental de l’unité divine (ou tawhid, « unité divine »). Sa véritable originalité fut dans la méthode de
diffusion de sa doctrine plus que dans son contenu lui-même. Son livre "aazou ma youtlab" (le meilleur qu'on puisse chercher), constitua
la référence expliquant sa doctrine. À Mallala, petite localité de la banlieue de Béjaïa, il élabore sa doctrine au contact de ses étudiants,
auxquels il précise le but de sa mission. C'est dans ce village qu'il rencontre un jeune homme de la tribu berbère zénète des
Kuniyas : Abd al-Mumin, le futur calife almohade. La conquête des Almohades désigne la conquête du Pays d'al-Andalûs sous l'égide
des Almohades, qui mènent une poussée irrésistible sur la majeure partie de la péninsule ibérique, balayant les restes de leurs
adversaires battus à Marrakech, les Almoravides, avec pour conséquence la fin de la période dite de la conquête almoravide.

Institution califale :

Le califat est une institution spirituelle et temporelle qui plonge ses racines dans l’origine même de l’Islam et qui a organisé la
communauté musulmane pendant près de treize siècles. Le calife est le successeur du Prophète Muhammad, le « remplaçant de l’Envoyé
de Dieu ». Il symbolise alors l’unité de la communauté, l’Oumma. en ce qui concerne le domaine politique, le calife est chargé
d’administrer l’empire et de nommer des subordonnés dans les différentes provinces. Il est responsable de l’exercice de la justice ainsi
que de la gestion du Trésor public. Le calife est également le chef suprême des forces armées et décide donc des différentes expéditions
militaires.Enfin, le calife représente l’ensemble de l’oumma. Sa portée symbolique est donc très importante. Ainsi se doit-il d’avoir une
attitude morale et spirituelle exemplaire. Il devrait même, en théorie, être dépourvu de toutes imperfections physiques. Cependant, force
est de constater que les prérogatives du calife ont évolué au fil du temps et que son rôle, notamment temporel tend finalement à
s’affaiblir toujours plus. Il s’agit alors du développement du concept califal tout au long de l’histoire. l’histoire du califat regroupe, dans
un premier temps, les quatre premiers califes, Abu Bakr (632-634), Omar (634-644), Othmân (644-656) et Ali (656-661), sous la désignation
de califes « Bien guidés » ou « orthodoxes ». Ils ont été soumis au suffrage des différents compagnons du Prophète et organisent la
communauté depuis Médine. Mais déjà les rivalités entre les différents clans divisent le monde musulman. Les partisans d’Ali, cousin et
gendre de Muhammad, accusent les trois premiers califes d’avoir usurpé le pouvoir en éloignant Ali. Pour eux, il aurait du être le premier
successeur du Prophète et ses fils auraient dû hériter de la fonction. Ils forment alors la branche du chiisme et ne reconnaissent pas le
pouvoir de Mo’awiya en 661. Mo’awiya rend alors le califat héréditaire et forme la dynastie des Omeyyades. Le cœur de l’empire se
déplace alors à Damas. En 750, la califat des Abbassides (750-1258) se met en place et prend pour capitale Bagdad.
Cependant, à partir du IX siècle, le calife abbasside ne dirige plus l’ensemble de l’oumma. Le Maghreb notamment, se scinde en une
multitude de dynasties qui ne dépendent plus de l’autorité du calife. Le califat omeyyade de Cordoue (928-1038), formé par Abderrahman
Ier, refuse également de prêter allégeance à Bagdad. Le pouvoir califal est fortement affaibli et représente alors plus un symbole religieux
que temporel.

L’empire ottoman

Avec Constantinople comme capitale, et le contrôle des terres autour du bassin méditerranéen, l'Empire ottoman fut au centre des
interactions entre les mondes oriental et occidental pendant six siècles. Alors que l'on croyait autrefois que l'Empire était entré dans une
période de déclin à la suite de la mort de Soliman le Magnifique, cette opinion n'est plus soutenue par la majorité des historiens
universitaires. L'Empire continua à maintenir une économie, une société et une armée puissantes et flexibles tout au long du xviie et
d'une grande partie du xviiie siècle12,13,14. Les Ottomans subirent de graves défaites militaires à la fin du xviiie et au début du xixe siècle,
ce qui les amena à entamer un vaste processus de réforme et de modernisation connu sous le nom de Tanzimat. Ainsi, au cours
du xixe siècle, l'État ottoman était devenu beaucoup plus puissant et organisé malgré de nouvelles pertes territoriales, en particulier
dans les Balkans où de nouveaux États émergèrent15. L'Empire s'allia à l'Allemagne au début du xxe siècle, espérant échapper à
l'isolement diplomatique qui avait contribué à ses récentes pertes territoriales, et s'engagea ainsi dans la Première Guerre mondiale du
côté des puissances centrales16. Tandis que l'Empire était capable de tenir sa place pendant le conflit, il était en lutte avec la dissidence
interne, en particulier dans ses possessions arabes, avec la révolte arabe de 1916 – 1918. Pendant ce temps, des exactions sont
commises par le gouvernement ottoman, dont certaines de nature génocidaire contre les Arméniens17, les Assyriens, et les Grecs18.
La défaite de l'Empire et l'occupation d'une partie de son territoire par les puissances alliées au lendemain de la Première Guerre mondiale
entraînèrent sa partition, et la perte de ses territoires du Moyen-Orient divisés entre le Royaume-Uni et la France. Le succès de la guerre
d'indépendance turque contre les occupants alliés a conduit à l'émergence de la république de Turquie, dans le cœur de l'Anatolie, et à
l'abolition de la monarchie ottomane

L’empire et le pouvoir :

L’Empire, en tant que forme d’organisation de la politique et du politique, manifeste de façon éclatante un système d’institution, de
régulation et d’expression du pouvoir. Pour séduisante qu’elle paraisse a priori, cette affirmation masque la complexité des phénomènes
en jeu. De l’Imperium latin à l’impérialisme, le terme Empire et ses dérivés ont toujours été attachés à cette notion de pouvoir. Or, loin
d’être un et monolithique, le pouvoir est pluriel et revêt une vaste multiplicité de formes et de sens. D’autre part, cette affirmation relève
du discours qui, en tant que tel, est révélateur d’une représentation de ce que peut être l’Empire dans l’imaginaire collectif. L’Empire
pose d’immenses difficultés à qui tente d’en déterminer une définition complète, stable et unanimement admise, à l’aide de critères
fiables. Qu’il s’agisse de caractérisations, de comparaisons entre des exemples historiques ou bien de réflexions in abstracto, la raison
de ces difficultés ne réside peut-être pas dans les réalités et les dynamiques impériales décrites mais dans leurs désignations elles-
mêmes.

L’examen des différents critères révèle l’Empire davantage comme une figure discursive que comme un objet matériel. Avoir recours à
ce vocable implique donc un certain nombre de présupposés, de valeurs, de représentations et d’enjeux. De plus, cet ensemble discursif
trouve à s’appliquer en face d’une certaine configuration des relations de pouvoir et des conflits pour la légitimité des prises de parole et
de décision au sein d’un groupe social plus ou moins large (une communauté intellectuelle, un groupe militant, un système politique…).
Il donne lieu, également, à toute une panoplie de productions artistiques accréditant ou dénonçant les acteurs politiques qui s’en
réclament. En mobilisant des mythes, il permet de forger des imaginaires collectifs et d’agréger autour d’un projet des acteurs aux
intérêts distincts, par exemple par la diffusion d’oeuvres, de représentations et de récits qui renforcent son hégémonie. Il constitue par
conséquent une ressource et un élément de légitimation : dans la fabrication des normes juridiques, dans l’imposition de modèles et
d’idéologies, dans l’élaboration et la diffusion d’un cadre normatif.

L’idée d’Empire entre légitimation et critique du pouvoir.

Les discours de toutes formes visant à légitimer un projet impérial fabriquent et/ou instrumentalisent des mythes, créent et manipulent
des imaginaires, notamment afin d’accroître l’acceptation du pouvoir au sein des populations dominées. Au moyen des discours, les
idées et les symboles peuvent être mis au service du pouvoir impérial ou de l’hégémonie (par exemple : la « mission civilisatrice », la
propagande de guerre, les oeuvres d’art ou les édifices architecturaux, etc.). La figure du pouvoir dans l’Empire se personnalise dans
son premier dépositaire : l’Empereur ou l’Impératrice et la mise en scène dont il/elle est objet. De nombreux autres éléments constituent
le centre du pouvoir de l’Empire tels que le modèle social, économique et normatif, ce qui contribue à définir un projet impérial.
Toutefois, à tout discours politique s’oppose un contre-discours. De la même manière, symboles et contre-symboles peuvent être
façonnés par l’expression artistique ou l’imaginaire collectif. Ainsi en est-il de l’Empire et des velléités hégémoniques de la culture
impériale, lesquels suscitent la contradiction. La dénomination-même d’Empire ne recueillant pas l’unanimité, les Empires ont toujours
été contestés : critique de la légitimité et/ou de l’exercice du pouvoir, critique de sa propension à l’expansion...

Les luttes de pouvoir se manifestent par des discours, l’opposition de représentations contradictoires. Au-delà de la contestation, la
négociation des espaces de pouvoir nous amène à envisager plus largement, d’une part, les relations entre administration et administrés
et, d’autre part, les conflits d’autorité dans l’intégration des provinces de « l’Empire ». Par ailleurs, les enjeux liés aux sens du mot «
impérialisme » révèlent des investissements idéologiques forts. De même, les processus identitaires ont joué un rôle non seulement
dans la légitimation coloniale, mais aussi dans les discours anti-coloniaux et indépendantistes. La place faite aux croyances, aux mythes
et aux fictions dans les représentations et discours anti-impériaux mérite également d’être examinée. Les sources de critiques pour le
pouvoir sont également l’objet de représentations et de discours : tel ou tel leader ou penseur politique opposé à l’impérialisme peut être
érigé en figure du pouvoir contestataire ; tel ou tel lieu de la contestation peut faire figure de symbole de résistance.

L’Empire parmi les autres figures de la domination.

La diversité des Empires historiques et la multiplicité des discours, des représentations et des usages conduisent à penser l’Empire
parmi les autres figures de pouvoir. Figure de domination en tant que système de sens et imaginaires dégagés des structures, l’Empire
acquiert en outre une dimension morale dont ne se prévalent pas toujours les autres types d’organisation politique. Si l’Empire est une
figure de domination, il l’est dans les mots et les imaginaires de ceux qui contestent l’action qu’ils lui attribuent, là où d’autres ne
s’accorderont pas nécessairement à cette vision tout en partageant les motifs de contestation. De la part de ceux qui le défendent, la
désignation du système de domination en place et dont ils bénéficient parfois, amène à questionner la signification profondément
politique de la figure de domination mobilisée. En outre, les usages et les enjeux qui sont spécifiquement liés aux pratiques impériales
peuvent provoquer des modifications des représentations, dont rend compte, par exemple, l’histoire des arts libéraux. S’il apparaît
problématique de corréler indistinctement l’Empire à toutes les autres figures de domination, il semble néanmoins pertinent de
questionner les analogies et les liens avec les valeurs d’autres figures comme l’État, la monarchie, les sociétés commerciales, voire le
patriarcat... De surcroit, se pose la question de la spécificité de l’Empire comme figure antique, pré-moderne ou moderne. En tant que
figure de domination véhiculée par les imaginaires, les cultures populaires et les littératures, il appelle donc à s’interroger sur les
valeurs, les connotations et les dénotations auxquelles il renvoie. À titre d’illustration, cette interrogation peut passer par l’étude de la
législation pénale ou du régime des libertés individuelles et la spécificité des interactions répressives sous un régime impérial.

L’Empire, comme ensemble de structures, permet d’interroger sur la possibilité de le comparer à tout autre type d’organisation
institutionnelle. Plus précisément, cela amène à analyser tout type de domination et déterminer si l’Empire impacte celle-ci ou lui donne
une forme particulière. En tant que domination par la force et par la parole, l’Empire pourrait notamment impliquer de se demander si
l’influence religieuse de l’Empire tolère les faits minoritaires ou non, comme le montre la lutte contre les païens et les branches du
christianisme hérétique sous l’Empire carolingien. Héritier de la domination et de l’impérialisme, le concept d’hégémonie culturelle
soulève même la question de l’obsolescence de l’Empire comme clé d’analyse pertinente. De façon analogue, se pose la question de
l’autonomie conceptuelle de l’impérialisme comme figure de pouvoir distincte de l’Empire, car il est possible de le penser sans ce
dernier. À l’inverse de l’impérialisme, pensé comme processus, l’Empire apparait comme une institution.
Empires coloniales

Espagne au XVIe siècle et la Hollande au XVIIe constituèrent de puissants empires. Mais la Grande-Bretagne, du XVIIIe jusqu’au milieu du
XXe siècle, et les Etats-Unis, depuis lors, sont les seuls exemples d’empires globalisés, forts de ressources réparties dans le monde
entier et pouvant afficher des ambitions internationales en s’appuyant sur un vaste réseau de bases militaires. La suprématie navale fit la
puissance de la Grande-Bretagne, la capacité de destruction par bombardement assure celle des Etats-Unis.
Cependant, les victoires militaires n’ont jamais suffi à assurer la pérennité des empires (...) La Grande-Bretagne et les Etats-Unis ont
bénéficié d’un atout supplémentaire qui ne pouvait exister que dans le cadre d’une économie globalisée : tous deux ont dominé
l’industrie mondiale. Par l’importance de leur appareil de production tout d’abord, qui faisait d’eux les « ateliers du monde ». Ainsi,
pendant les années 1920, puis après la seconde guerre mondiale, les Etats-Unis représentaient environ 40 % de la production industrielle
de la planète. Aujourd’hui encore, ce chiffre oscille entre 22 % et 25 %. Les deux empires étaient également devenus des modèles que les
autres pays cherchaient à copier. Situés au carrefour des flux d’échanges internationaux, leurs décisions budgétaires, financières et
commerciales conditionnaient le contenu, le volume et la destination de ces flux. Enfin, les deux pays ont exercé une influence culturelle
disproportionnée, notamment à travers l’extension formidable de l’usage de l’anglais. (...)

Au-delà de ces points communs, il existe de nombreuses différences entre les deux pays. La plus évidente porte sur leur taille. La
Grande-Bretagne est une île, pas un continent, et n’a jamais eu de frontière au sens américain. Elle a fait partie de différents empires
européens : à l’époque romaine, après la conquête normande et, pendant une courte période, lorsque Marie Tudor épousa Philippe II
d’Espagne, en 1554. Elle n’a jamais été le centre de ces empires. Lorsque le pays produisait un surplus de population, celui-ci émigrait
ou fondait des colonies, faisant des îles Britanniques une source importante d’émigration. Au contraire, les Etats-Unis sont
essentiellement une terre d’accueil, qui a rempli ses immenses espaces grâce à l’accroissement de sa population et à d’importantes
vagues d’immigration, principalement issues d’Europe occidentale jusque dans les années 1880. Avec la Russie, c’est le seul empire à
n’avoir jamais constitué de diaspora.

Declin
L’empire ne se caractérise ni par l’étendue - l’empire napoléonien est petit par rapport à l’empire des steppes fondé par Gengis Khan qui
s’étendait à son apogée de l’Océan Pacifique à l’Europe centrale - ni par la durée - mille an pour l’empire byzantin, sept ans pour le IIIe
Reich, encore moins par le mode de gouvernement qui peut laisser une large autonomie aux peuples soumis ou au contraire être
centralisé.
Sans doute ce qui caractérise l’empire comme organisation humaine est-il, comme le soulignent Patrice Gueniffey et Thierry Lentz, son
universalité et son ancienneté.
Sur les cinq continents, on trouve des organisations politiques qui rassemblent plusieurs peuples, plusieurs langues, plusieurs religions
sous la férule d’un empereur en armes et prétendent peu ou prou à une vocation universelle.
Les empires existent depuis au moins 3000 ans avant notre ère tandis que l’État-Nation connaît ses balbutiements à la Renaissance et ne
devient une forme normale d’organisation politique que dans la seconde moitié du XIXe siècle.
Si l’État-Nation s’est substitué aux empires, le dernier épisode de ce déclin étant la chute de l’Union Soviétique, on comprend l’intérêt de
se pencher sur cette évolution pour éclairer notre présent.
On s’aperçoit vite au fil des pages que, si « tout empire périra » comme l’écrivait l’historien Jean-Baptiste Duroselle cité par les auteurs, il
n’existe pas de cause unique à leur disparition. Sauf peut-être que l’ambition d’être universel finit toujours par se heurter aux résistances
de plus fort que soi.
Pour le reste, les causes du déclin sont multiples : la faiblesse de l’administration, le mécanisme de succession (c’est évident pour
l’empire carolingien comme pour l’empire mongol, qui finissent par éclater en autant de royaumes que d’héritiers), la désagrégation
interne (pour l’empire soviétique), la faiblesse ou la folie de l’empereur (Hitler et son entourage), le manque de ressources financières
pour entretenir un appareil militaire suffisant (le déficit serait la principale menace pour les États-Unis, selon un de ses chefs militaires),
les intrigues pernicieuses du harem et le recours aux troupes mercenaires (Chine) ou simplement, l’inutilité de la structure qui conduit à
la fin du Saint Empire romain germanique.
Bien que les empires soient mortels, ils fascinent : la prétention à l’universalité porte en elle la promesse de la paix, de l’ordre, de la
sécurité même au prix du renoncement à certaines libertés : la paix sur le continent européen organisé autour de l’empire français, la
paix romaine, la paix promise par le IIIe Reich qui devait durer mille ans !
Mais cette paix ne peut s’instaurer qu’au prix d’efforts militaires soutenus au moment de la conquête, puis pour maintenir la cohésion et
la pérennité de l’empire. L’empire, nous disent les auteurs, c’est un peu la tentation de sortir de l’histoire, tentation toujours vouée à
l’échec.
L’empreur :
1. Un pouvoir impérial marqué mais pas tout puissant
a. Les marques du pouvoir impérial : les titres
L'empereur est au sommet de la pyramide sociale romaine. Il détient les pouvoirs :
- législatif : il est consul.
- militaire : il est imperator.
- religieux : il est grand pontife.
L'empereur possède également les titres suivants : auguste, qui signifie « élu des dieux », et princeps, ou prince, qui équivaut aux
termes « premier » ou « meilleur ».
b. Un pouvoir législatif de plus en plus important
Peu à peu, les empereurs imposent leurs décisions aux assemblées du peuple ainsi qu'au Sénat qui perdent tout pouvoir et se
contentent seulement de confirmer les décisions impériales. L'empereur peut légiférer dans tous les domaines et établit des lois, soit par
édits soit par décrets impériaux.
Malgré cette concentration des pouvoirs, l'empereur est considéré comme « le gardien et le tuteur » des citoyens et non comme un tyran.
Il gouverne pour le bien de son peuple et non pour le sien. D'ailleurs, lorsqu'un empereur agit mal en cherchant notamment à avoir de
plus en plus de pouvoir, les Romains trouvent normal de l'écarter y compris en l'assassinant.
2. L'empereur soldat
a. Le camarade
L'empereur est considéré comme un compagnon des soldats romains, parce qu'en dépit de la différence de grades, il se bat à leurs
côtés. En effet, en tant que général des armées, l'empereur, se retrouve sur le même champs de bataille que ses soldats, ce qui crée des
liens très forts avec eux. Et dans la mesure où il leur porte une attention particulière, les militaires font en retour, le serment de servir
l'Empire et le prince.
b. L'importance des victoires militaires
Les victoires confèrent un statut de chef incontestable à l'Empereur. Comme les généraux sous la République, Il est acclamé par ses
troupes. Il peut également entrer en triomphateur à Rome : c'est alors le peuple qui lui rend hommage.
En outre, l'empereur cumule des titres prestigieux tel que maximus qui signifie « le plus grand ». Il est représenté sur des pièces de
monnaie en tenue militaire et par des statues portant la couronne de laurier, symbole de victoire.
c. Un empereur élu par l'armée
Le premier empereur, Octave, acclamé par son armée et soutenu par celle-ci, réussit à se faire investir par le Sénat. Ce sont les
sénateurs qui officialisent donc sa prise de pouvoir, en lui donnant le titre d'Auguste. Le nouvel empereur est ensuite acclamé par le
peuple, qui montre ainsi son attachement au nouveau prince.

Tous les dix ans, l'empereur remet ses pouvoirs au Sénat, afin que ce dernier reconduise sa charge. Cependant, le renouvellement
systématique de l'investiture du prince montre qu'il s'agit là d'un stratagème pour faire croire que celui-ci n'a pas le pouvoir à vie.

À partir du 3e siècle, le futur empereur se contente de l'acclamation par son armée. Il n'attend ni l'accord du Sénat, ni celui du peuple de
Rome. Par ailleurs, c'est l'empereur lui-même et non l'armée qui choisit son successeur. Il peut désigner un de ses fils, ou bien adopter
une personne qu'il juge apte à devenir son héritier.
3. L'empereur sacré
Un empereur protégé des dieux
L'empereur romain est aimé des dieux qui le protègent. D'ailleurs, dans les représentations de l'empereur (pièces de monnaies ou
statues), il est souvent accompagné d'une divinité ou plusieurs comme Jupiter ou Venus.
Certains empereurs se disent même descendant de tel ou tel dieu. C'est notamment le cas d'Octave, fils adoptif de César, qui prétend
descendre de Venus.
b. Le culte impérial
Octave prend le titre de Grand Pontife, devenant ainsi le chef religieux. Il est, dès lors, vénéré comme un dieu vivant. Des autels et des
temples sont érigés en son honneur. Peu à peu, son culte se répand dans tout l'Empire ; il ne cesse de se renforcer.
c. Des empereurs divinisés
De nombreux empereurs sont divinisés à leur mort : ils sont reconnus, par le Sénat, comme des dieux à part entière. Un culte dirigé par
des prêtres et comprenant des prières et des sacrifices, est alors organisé. À la fin de l'Empire, l'empereur peut être divinisé de son
vivant, tel Dioclétien qui affirme être Jupiter sur terre.

Empires contemporains
Le concept d'« empire » dans le monde contemporain, même s'il reste présent politiquement, a commencé à perdre de sa cohérence
sémantique. Le seul pays encore gouverné par un empereur est le Japon, dont la monarchie a une population ethniquement homogène (à
99 % de souche japonaise). Comme les monarchies, exceptées les monarchies constitutionnelles, ont en grande partie perdu la faveur, le
terme d'empire est devenu anachronique depuis que les empires coloniaux ont disparu à l'issue du processus de décolonisation.
L'ex-URSS répondait à beaucoup de critères d'un empire, mais elle n'a jamais revendiqué cette appellation, ni n'a été gouverné par un
« empereur » héréditaire (voir Empire soviétique). Néanmoins, les historiens la classent de temps en temps comme un empire, à la fois
pour sa similarité avec les empires du passé et son influence sur un bloc eurasien multi-ethnique.

L’empereur actuel du Japon, Akihito, est le dernier chef d’État au monde à porter un tel titre bien que son père Hirohito ait renoncé
à son statut divin en 1947. Est-il vraiment empereur d’un empire ou est-ce seulement un titre symbolique ? Pour y répondre je voudrais
commencer par cette citation de Napoléon Ier au lendemain de son sacre :

Je suis venu trop tard ; il n’y a plus rien de grand à faire. Oui j’en conviens, ma carrière est belle ; j’ai fait un beau chemin. Mais quelle
différence avec Alexandre. Lorsqu’il s’annonça au peuple comme fils de Jupiter, tout l’Orient le crut. Et moi, si je me déclarais fils du
Père Éternel, il n’y a pas de poissarde qui ne me sifflât sur mon passage. Les peuples sont trop éclairés aujourd’hui[3].

C’est un véritable aveu d’impuissance et de désarroi au moment même où cet homme se trouve au faîte de sa puissance, au moment
même où il vient de se faire sacrer empereur et qu’il domine une grande partie de l’Europe. Il me semble que tout est dit en quelques
mots et que l’« empereur » trahit l’intuition d’un monde qui s’est achevé, un monde passé où les empires existaient pour un monde
nouveau où existent seulement des États ayant des politiques impérialistes. C’est aussi l’époque on l’on a définitivement abandonné le
« jus gentium impérial » pour le « jus publicum europeanum[4] ». Le droit des gens est devenu un droit inter-étatique et non plus le droit
appliqué aux citoyens non romains. Et on ne peut arguer du fait que d’autres avant Napoléon Ier aient dit la même chose ou dans termes
similaires. Même si chaque nouvel empereur s’est toujours comparé à ses prédécesseurs dans une chaîne signifiante que j’expliquerai
ensuite, l’aveu de Napoléon Ier n’est pas le même. Dans ce court passage, il vise avant toute chose à souligner l’absence de justification
divine à son statut impérial, et cela touche également au fondement de son autorité et de sa légitimité politiques en tant qu’empereur.
Les « peuples sont trop éclairés », nous dit Napoléon, après le Siècle des Lumières et c’est ce qui fait ici toute la différence. Napoléon Ier
n’est empereur que parce qu’il s’est proclamé comme tel, il est un « empereur en son royaume » pour reprendre un phrase courante du
XVIIe siècle, c’est-à -dire en réalité un simple chef d’État – comme le sont tous devenus les princes européens de son époque – et non
un Empereur. La réalité politique de l’empire n’existe presque plus à cette époque en Europe et subsistent seulement la pulsion
impériale et l’envie de bâtir un empire fantasmé. Napoléon est sacré empereur au lieu même où le fût Charlemagne, avec tous les
symboles de l’empire. Les images sont fortes, les réminiscences évidentes, mais malgré cela, il a l’intuition que cette fois-ci il ne peut
modifier le cours de l’histoire, il ne peut revenir en arrière et reconstruire une forme politico-juridique qui a disparu et qui est impossible
à réaliser à une époque où l’Europe est devenue une société d’États souverains. Il ne sera pas un véritable empereur, car il n’y a plus de
système politique impérial ayant une rationalité juridico-politique définie comme telle. Il est seulement à la tête d’un État moderne
puissant cherchant à dominer agressivement ses voisins.

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