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Les modèles classiques de l’atome

1- Modèle de Rutherford.
Ce chapitre vous présente les différentes particules constitutives de l'atome et les expériences qui ont permis de
les mettre en évidence.

Description du modèle
Au début du vingtième siècle, le modèle de l’atome adopté par tous les scientifiques est un modèle planétaire :
un centre attracteur, le noyau, chargé positivement autour duquel gravitent des électrons, comme des planètes
autour d’une étoile.

Lorsque Rutherford propose son modèle, le système solaire est bien connu des scientifiques. Ils savent que les
planètes sont liées au soleil par des forces de gravitation, ils peuvent prédire leur trajectoire, leur durée de
révolution.

Mise en évidence expérimentale


Deux expériences fondamentales ont permis aux scientifiques de mettre en évidence les différentes particules
de ce modèle planétaire. Jean Perrin, chimiste français, prix Nobel 1926, et le britannique Thomson, prix Nobel
1906, ont démontré l’existence des électrons grâce à l’expérience des rayons cathodiques. Rutherford, quant à
lui, a mis en place une expérience qui porte maintenant son nom et qui a révélé la structure lacunaire de
l’atome et la charge positive du noyau.

• Expérience des rayons cathodiques :


Cette expérience consiste à imposer une différence de potentiel importante entre deux plaques métalliques
contenues dans une ampoule en verre. La pression à l'intérieur de l'ampoule est maintenue très faible. On
observe alors de petites zones pour lesquelles le verre devient fluorescent.
Jean Perrin et Thomson ont montré que la position de ces zones de fluorescence était modifiée si on appliquait
entre les plaques un champ magnétique ou un autre champ électrique. Ils en ont déduit qu'un flux de particules
chargées négativement circulait entre la cathode et l'anode ; ils baptisèrent ce flux : rayons cathodiques.
Ils ont aussi montré la nature universelle de ces particules qui ne dépend ni du gaz contenu dans l’ampoule, ni
du métal constituant la cathode. En 1908, Millikan déterminait la charge de ces particules, désormais baptisées
électrons.
La charge de l’électron est la plus petite charge électrique pouvant exister, on l’appelle charge élémentaire.

• Expérience de Rutherford (1911) :

Dans cette expérience, une feuille d'or très fine est bombardée par un faisceau de particules , He2+. Un
écran placé autour de la feuille d'or permet de mettre en évidence les impacts des rayons de particules .

Les particules , He2+, dans leur grande majorité ne sont pas déviées à la traversée de la feuille d’or. Par contre
on constate que certaines particules sont fortement déviées, quelques-unes vont même jusqu’à rebrousser
chemin.
Les trajectoires en vert et en jaune sont caractéristiques de l'approche de deux particules portant des charges de
même signe. Les particules  sont chargées positivement, on en déduit que certains constituants des atomes de
le feuille d'or sont aussi chargés positivement.
En rouge, on observe un nombre important de particules non déviées, ces particules ne sont donc passées à
proximité d'aucunes particules chargées. On peut penser qu'il existe de grandes zones dans l'atome où on ne
rencontre aucune particule.
Grâce à cette expérience Rutherford a montré que l'atome possédait un noyau chargé positivement et a mis en
évidence la structure lacunaire de la matière

• Aperçu de la structure lacunaire de la matière :

Le rayon du noyau est de l’ordre de 10-15m alors que l’atome a un rayon d’environ 10-10m, soit 100 pm. Pour
donner un ordre d’idée, si le noyau avait la taille d’une balle de ping-pong (r = 1,9 cm) l’électron se trouverait à
1,9. 105 cm de lui, soit 1,9 km.
On comprend mieux la structure lacunaire de la matière à l’aide de l’exemple suivant. Si tous les noyaux des
atomes de fer constitutifs de la tour Eiffel se touchaient, ce monument ne serait pas plus gros qu’une tête
d’épingle qui pèserait tout de même 9000 tonnes.
Caractéristiques des particules de l'atome
Le modèle mis en évidence par les expériences précédentes permet de décomposer l'atome en :
- un noyau
- des électrons qui gravitent autour.
Dans la première moitié du 20° siècle, la structure du noyau a été affinée ;

il est lui-même composé de deux types de particules :


- les protons, qui lui donnent sa charge positive,
- les neutrons.

Le schéma et le tableau suivants vous permettent de récapituler


les différents constituants de l’atome

nucléons
électron proton neutron
Charge (C) -1,6.10-19 1,6.10-19 0
-31 -27
Masse (kg) 9,1.10 1,67.10 1,67.10-27

On remarque que la masse du proton ou du neutron est 1800 fois


plus importante que celle de l’électron.
La masse d’un atome est donc essentiellement concentrée
dans son noyau.

Le nombre de protons contenu dans le noyau est appelé numéro atomique noté Z. L’atome devant être
électriquement neutre, le nombre d’électrons doit être égale au nombre de protons, Z.
Le nombre total de nucléons, protons et neutrons, est appelé nombre de masse, on le note, A.

Pour désigner un atome on utilisera la notation suivante :

Masse atomique
A l’aide du tableau des masses des particules, calculez la masse en grammes d’un atome de chlore 35 :

Réponse :
Or, expérimentalement, on trouve une masse de 5,8053.10-23 g.
Pour tous les atomes le même problème se reproduit, la masse réelle trouvée expérimentalement est inférieure à
la masse calculée en ajoutant les masses des particules constitutives de l’atome.
Einstein donna la solution de ce problème qu’aucun autre scientifique avant lui n’avait pu résoudre.
Lorsque les particules élémentaires s’assemblent pour former l’atome, le système libère de l’énergie et cette
libération d’énergie est équivalente à un défaut de masse dans l’atome final, ce qu’il a traduit par cette formule :
∆𝐸 = ∆𝑚𝑐²
On peut remarquer que les masses atomiques, comme celle du chlore 35, sont toutes extrêmement petites et
qu’il est peu commode de les manipuler dans les calculs.

On a donc défini l’unité de masse atomique (notée uma ou u) pour faciliter les calculs.

L’uma est le douzième de la masse de l’atome de carbone 12, soit 1,660.10-24 g.

Par définition on a donc : 𝐦 ( 𝟏𝟐𝟔𝐂) = 𝟏𝟐 𝐮𝐦𝐚

L’uma a permis de faciliter les calculs au niveau microscopique, lorsqu’on s’intéresse à quelques atomes
seulement. Au niveau macroscopique, on utilise la mole pour indiquer les quantités de matière que l’on
considère.

La mole est la quantité de matière d’un système contenant autant d’entités élémentaires qu’il y a
d’atomes dans 12 g de carbone 12.

Dans une mole le nombre d'entités élémentaires est le nombre d'Avogadro, Na = 6,02.1023.

Remarques :
On peut noter qu'en valeur numérique l'uma est l'inverse du nombre d'Avogadro.
On peut démontrer que pour donner la masse molaire (en g.mol-1) d’un atome ou sa masse en uma on utilise la
même valeur numérique.
• Prenons, par exemple, l'atome d'oxygène, sa masse molaire est de 16 g.mol-1
• A l'aide de la masse molaire et du nombre d'Avogadro, on peut calculer la masse d'un seul atome
d’oxygène :
𝑀𝑂 1
𝑚𝑂 = = 𝑀𝑂 𝑚𝑂 = 𝑀𝑂 𝑢𝑚𝑎
𝑁𝐴 𝑁𝐴

• Or, nous avons vu que l'inverse du nombre d'Avogadro était égal à l'uma, donc :
• On en déduit donc que la masse d’un atome d’oxygène est de 16 uma.

Isotopes
On appelle isotopes deux atomes possédant le même numéro atomique mais n’ayant pas le même nombre de
masse. Suivant le nombre de neutrons qu’ils possèdent les isotopes peuvent être stables ou se décomposer en
émettant des rayonnements radioactifs.

Exemple :

Le carbone 13 et le carbone 14 sont deux isotopes du carbone 12 ; dans la notation présentée plus haut, seul le
nombre de masse, A, change.

Nom de l’isotope Notation N = nombre de neutrons


Carbone 11 11
6𝐶
Réponse :
Carbone 12 12
6𝐶
Réponse :
Carbone 14 14
6𝐶
Réponse :
Applications

Datation au carbone 14 :
Le noyau du carbone 14 contient toujours six protons mais le nombre de neutrons associés est variable : le
carbone possède deux isotopes stables et cinq radio-isotopes. Seul le radio-isotope de nombre de masse 14
existe dans la couche superficielle de la Terre par suite, d'une part, de sa longue période et, d'autre part, de sa
formation continue dans l'atmosphère par action de la composante neutronique du rayonnement cosmique sur
l'azote. Cet isotope radioactif du carbone a permis de déterminer l'âge de fossiles divers provenant de
substances vivantes. Pour ce faire, on admet que l'intensité du rayonnement cosmique est restée constante du
moins pendant un temps égal à plusieurs périodes  de cet isotope ( = 5700 ans), on admet encore que les êtres
vivants ne réalisent pas une fixation préférentielle de certains isotopes du carbone au cours de leur
métabolisme; aussi la concentration en radiocarbone devrait-elle se retrouver constante au cours des âges chez
tous les êtres vivants. Cette concentration en radiocarbone ne peut se maintenir que si les échanges grâce au
métabolisme avec le gaz carbonique de l'atmosphère ou toute autre source de carbone se poursuivent. Après la
mort de l'animal ou de la plante, la teneur en radiocarbone diminue suivant la loi de désintégration radioactive
du carbone 14.

Production d'électricité par les centrales nucléaires :


Les réactions mises en jeu dans les centrales nucléaires sont des réactions de fissions où un noyau lourd se
désintègre en noyaux plus légers. Les fissions libèrent une énergie considérable qui peut servir à la production
d’électricité.
L'isotope 235 de l'atome d'uranium conduit à des réactions de fission qui libèrent de l'énergie. La chaleur ainsi
dégagée permet de vaporiser de l'eau. La vapeur d'eau sous pression permet alors d'entraîner une turbine reliée à
un alternateur qui produit du courant.

Limitations du modèle

Contradiction théorique
Considérons le modèle de Rutherford où les électrons gravitent autour du noyau chargé positivement.
La mécanique montre qu’une particule en mouvement émet un rayonnement et qu’elle perd en même temps de
l’énergie.
Si le système perd progressivement de l’énergie, la distance électron noyau devrait diminuer régulièrement pour
finir par être nulle.
L’électron s’écraserait sur le noyau, tous les atomes seraient instables, ce qui ne correspond pas à la réalité

Contradiction expérimentale

Spectres d’émission :

Le dispositif permettant d’obtenir un spectre de raies d’émission doit être constitué des éléments suivants :
- une source lumineuse (lampe à hydrogène par exemple)
- un système dispersif : prisme ou réseau,
- un écran ou un dispositif capable d’enregistrer l’intensité lumineuse en fonction de la longueur d’onde.

Schéma du dispositif
On peut obtenir deux types de spectres d’émission :
• Des spectres continus pour lesquels on observe une juxtaposition de bandes colorées :

Spectre d'émission continu de la lumière blanche

• Des spectres discontinus pour lesquels on observe de fines raies lumineuses pour quelques longueurs
d’onde bien définies.

Spectre d'émission discontinu de l'atome de sodium

Spectre d'émission discontinu de l'atome de mercure

• Remarque : les raies émises par un atome correspondent aux raies absorbées par ce même atome lorsque
l’on réalise un spectre d’adsorption

Spectre d'absorption discontinu de l'atome de sodium

Cas de l'atome d'hydrogène :

Le modèle de Rutherford prévoyait que l'électron excité ou non pouvait occuper n'importe quelle orbite autour
du noyau.
On pensait donc qu'il existait une infinité de transitions pour lesquelles l'électron passait d'un niveau à un autre.
On attendait donc que les spectres d'émission des atomes soient constitués d'une succession continue de raies.
En réalité, les spectres d'émission des atomes obtenus étaient tous des spectres discontinus.

Le spectre le plus étudié a été celui de l'atome d'hydrogène, dont vous avez une image ci-dessous et sur lequel
vous constatez la présence de seulement quelques raies.

Spectre discontinu de l'hydrogène

On obtient un spectre d’émission discontinu comme si l’électron n’avait la possibilité d’avoir que certains
niveaux d’énergie.

Le modèle planétaire de l'atome ne permet pas d'expliquer le spectre de l'atome d'hydrogène ; cette constatation
nous conduira à étudier un autre modèle : celui de Bohr.
2- Modèle de Bohr
Ce modèle permet de mettre en évidence la quantification de l'énergie lors des transitions électroniques.

Il donne une formule importante permettant de relier la longueur d'onde du photon à la différence d'énergie
entre deux niveaux électroniques

Description du modèle
Les hypothèses du modèle de Bohr :

• L’énergie du système électron-noyau est quantifiée, elle ne peut prendre que certaines valeurs appelées
niveaux d’énergie.
• A chaque niveau d’énergie correspond une distance électron-noyau.
• Pour un niveau d’énergie donné, l’électron décrit une trajectoire circulaire à vitesse constante, il ne rayonne pas
• Quand l’atome ne rayonne pas il est dans son état de plus basse énergie appelé état fondamental.
• Lors du passage d’un niveau d’énergie à un autre, il y a émission ou absorption d’un photon

𝒉𝒄
𝚫𝑬 = 𝒉𝝂 =
𝝀
• h est la constante de Planck et vaut 6,626x10-34 J.s,
• c est la vitesse de la lumière 3x10 8 m.s-1,
•  est la fréquence en Hertz.(Hz)

Absorption d’un photon : Emission d’un photon :

La variation d’énergie du système électron noyau est égale à l’énergie transportée par le photon absorbé. (ou
émis)
𝒉𝒄
𝚫𝑬 = 𝑬𝟐 − 𝑬𝟏 = 𝒉𝝂 =
𝝀
de longueur d’onde  telle que

Résultats obtenus
Pour des espèces hydrogénoïdes, c’est-à-dire ne possédant qu’un seul électron mais un numéro atomique
quelconque (exemple : He+, Li2+, Be3+ …), l’énergie du système noyau électron est donnée par :

𝒁𝟐
𝑬 = −𝟏𝟑, 𝟔 𝟐 (𝒆𝑽)
𝒏

Cette formule donne l’énergie en électron-volt, un électron-volt étant égal à 1,6.10-19 J.

n est un nombre entier supérieur ou égal à 1, n est appelé nombre quantique principal.

Lorsque n vaut 1, on dit que l’atome est dans son état fondamental, pour n supérieur à 1, l’atome est dans un
état excité, pour n infini, l’énergie tend vers 0, l’électron n’est plus attiré par le noyau, l’atome est ionisé.

Le modèle de Bohr permet de retrouver la formule donnant les longueurs d’onde émises (ou absorbées) lors du
passage de l'électrons entre deux niveaux n1 et n2 de l'atome d’hydrogène.

𝟏 𝟏 𝟏
= 𝑹𝑯 ( 𝟐 − 𝟐 )
𝝀 𝒏𝟏 𝒏𝟐
où RH est la constante de Rydberg égale à 1,097.107 m-1 et n1 et n2 deux entiers avec n1<n2.

En fonction des différentes valeurs de n1, on définit plusieurs séries :


• la série de Lyman pour n1 = 1,
• la série de Balmer pour n1 = 2,
• la série de Paschen pour n1 = 3.

Remarques : cette formule n’est valable que pour l’hydrogène, pour un ion hydrogénoïde on prendrait :

𝟏 𝟏 𝟏
= 𝑹𝑯 𝒁²( 𝟐 − 𝟐 )
𝝀 𝒏𝟏 𝒏𝟐
Confrontation du modèle avec l'expérience
Sur le schéma suivant, les transitions des trois premières séries de l'hydrogène sont représentées. Vous constatez que
pour chacune des trois séries le niveau final est fixé, les niveaux initiaux sont tous des niveaux supérieurs au niveau final.

Intéressons-nous à la série de Balmer (n1 = 2) que l’on peut observer dans le visible.
Le tableau suivant donne les longueurs d'onde expérimentales, les longueurs d'onde calculée à l'aide des formules
précédentes et enfin l'écart entre l'expérience et les prévisions.

(% écart = rapport de valeur absolue de la différence entre les 2 valeurs sur la valeur expérimentale)

Série de Balmer (n1 = 2)

longueur d'onde longueur d'onde écart entre


n2 expérimentale calculée théorie et expérience
en nm en nm (en %)

656,21 656,10 0,0168


3

486,07 486,00 0,0144


4

5 434,01 Valeur ? Valeur ?

410,13 410,06 0,0170


6

L’excellente concordance entre les résultats expérimentaux et le modèle de Bohr est une des plus grandes
réussites de cette vision de l’atome, mais ce modèle ne tiendra pas longtemps face à des phénomènes qu’il ne
peut expliquer
Les limites du modèle de Bohr
Le modèle de Bohr rend très bien compte de ce qui se passe pour les espèces hydrogénoïdes, malheureusement,
il ne peut expliquer certaines observations faites avec des atomes polyélectroniques.

Par exemple, il n’explique pas la raie double observée dans le spectre d’émission de l’atome de sodium. Les
scientifiques ont essayé d’affiner ce modèle, en prenant des trajectoires elliptiques pour l’électron autour du
noyau, mais là encore la théorie ne " collait "plus exactement à l’expérience.

Un changement total d’appréhension de l’infiniment petit apportera quelques années plus tard une nouvelle
vision de l’atome.
Retour cours
Nom de l’isotope Notation N = nombre de neutrons
Carbone 11 11
6𝐶
5
Carbone 12 12
6𝐶
6
Carbone 14 14 8
6𝐶

Retour cours
434 ,08 0,0161
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