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Olivier Dehoorne
Édition électronique
URL : http://journals.openedition.org/etudescaribeennes/7250
DOI : 10.4000/etudescaribeennes.7250
ISSN : 1961-859X
Éditeur
Université des Antilles
Référence électronique
Olivier Dehoorne, « Les petits territoires insulaires : positionnement et stratégies de développement »,
Études caribéennes [En ligne], 27-28 | Avril-Août 2014, mis en ligne le 14 août 2014, consulté le 19 avril
2019. URL : http://journals.openedition.org/etudescaribeennes/7250 ; DOI : 10.4000/
etudescaribeennes.7250
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Les petits territoires insulaires : positionnement et stratégies de développe... 1
Olivier Dehoorne
Introduction
1 A l’orée du XXIe siècle, les petites îles font l’objet d’une attention particulière portée par
les préoccupations en matière de changement climatique comme lors du Sommet de la
Terre (Rio de Janeiro, 1992) puis de la Conférence des Nations Unies sur le développement
durable des petits États insulaires en développement (Barbade, 1994). Le monde prend
conscience de la situation singulière des petits Etats insulaires en développement (PEID) 1.
Le contexte est propice à la construction d’un lobbying spécifique, médiatisé à loisir par
quelques interventions politiques spectaculaires2, qui confine l’île dans sa vulnérabilité,
son inéluctable fragilité3 ; ce destin insulaire nourrit d’autant plus notre désarroi qu’il
semble prophétiser le devenir du monde.
2 Les regards portés sur les territoires insulaires sont une suite de projections. Ils furent
longtemps abordés avec la nostalgique qui amalgame des bribes de souvenirs et la
compassion pour les reliquats de communautés insulaires frugales, encore épargnées par
la modernité. Ultimes confins, relativement préservés des stigmates de l’industrialisation
du monde, ces territoires insulaires deviennent de précieux hotspot de la biodiversité qu’il
convient de sanctuariser, de figer tels d’éternels témoins d’une époque révolue.
Prolongeant ces projections, ces territoires sont de fragiles paradis touristiques, eux aussi
promis à une disparition accélérée. Au final, la suite des projections qui s’imposent sur
ces territoires fait abstraction des dynamiques intrinsèques, des ressources humaines
propres à l’île. L’île ne semble avoir d’existence qu’au regard de sa matrice qu’est le
continent. Les capacités et les potentialités des îles sont toujours jaugées à travers un
référentiel extérieur, fruit d’une projection continentale inscrite dans une longue suite de
5 De nombreux travaux ont mis en évidence les limites communes des territoires insulaires
dans leur développement (Doumenge, 1983, 1984, 1985 ; Depraetere, 1990-1991 ; Huetz de
Lemps, 1994 ; Logossah et Maupertuis, 2007) ; des limites et autres contraintes qui
nécessitent des adaptations, des contournements selon les dispositions de chaque
territoire (Poirine, 1993, 1995). Elles contraignent, prédisposent, orientent les
perspectives de développement ; leur prise en compte est essentielle dès la construction
des stratégies (Connell, 1988 ; Baldacchino et Milne, 2000 ; Baldacchino, 2006, 2010 ;
Poirine, 2007).
6 L’aspect le plus commun est l’isolement, le constat d’un éloignement, variable selon la
situation des territoires. La rupture physique nécessite une adaptation de modes de
transport avec des coûts plus onéreux. Subséquemment, l’isolement renvoie à l’image
d’un morceau de terre, plus ou moins étroit, marqué par l’exiguïté qu’il convient de
mettre en corrélation avec sa charge de population pour véritablement prendre la mesure
du poids de l’île –de la petite île urbanisée à l’île « inhabitée ». Il en résulte des
contraintes spatiales, des limites dans les projets d’aménagement. Certes, tous les
contournements sont possibles, des constructions pharaoniques sont toujours
imaginables (de la construction de simples terre-pleins à l’édification d’îles artificielles),
mais il y aura toujours un surcoût qui devra être pris en compte dans le projet.
7 Outre l’exiguïté (donc les limites physiques), les économies insulaires sont construites sur
des marchés intérieurs réduits qui ne permettent pas d’effectuer les économies d’échelle
du niveau de celles réalisées par les gros producteurs continentaux4. Les économies
insulaires ne sont pas en mesure de supporter la concurrence sur les marchés des
produits courants, indifférenciés, à faible valeur ajoutée. A ce titre, il est intéressant de
regarder l’évolution récente du secteur économique de la banane dans les îles des Antilles
dans un contexte libéralisé qui n’autorise plus le maintien d’accords préférentiels avec
leurs métropoles de prédilection respectives. Les bananes produites et exportées par
quelques gros producteurs américains continentaux s’imposent sans difficulté à l’échelle
mondiale face à la production éclatée des îles antillaises qui doivent individuellement
démultiplier leur logistique pour exporter de faibles quantités de bananes, donc plus
coûteuses. Ce type de combat est perdu d’avance, les soutiens financiers (par des
politiques de subventions renouvelées) ne sont pas en mesure de composer les avantages
comparatifs des gros producteurs ; les quelques alternatives viables pour ces petits
territoires faiblement compétitifs sur des produits courants passent par une montée en
gamme qui autorise de meilleures plus-values. Il est ainsi des survivances d’un modèle
économique révolu qui végètent dans certaines îles françaises des Antilles grâce à des
transferts économiques sans croissance (De Miras, 1986) qui caractérisent ses économies
sous perfusion.
8 Les surcoûts dans le domaine des transports sont incontournables en raison de la
discontinuité physique qui caractérise les îles. Comme le souligne Péraldi (2002), il
convient de distinguer la situation des îles de celle des autres régions périphériques
continentales : dans les îles, « la distance géographique est soumise à la "distance-accès"
d'où la forte dépendance de l'activité productive vis-à-vis du secteur des transports
maritimes ou aériens ». Le coût des transports est un facteur important dans les choix des
spécialisations : le contournement de ce handicap passe par l’exportation de produits
ayant un faible coût de transport ou par l’exportation de biens de valeur qui rendent le
prix du fret négligeable (comme dans l’exemple de l’exportation des perles noires en
Polynésie française) (Poirine, 2007). Outre la valeur des productions exportées qui doit
permettre de dégager des marges suffisantes (pour compenser le surcoût en matière de
transport), il est aussi possible d’imaginer de judicieuses combinaisons entre différentes
spécialisations qui permettent l’utilisation commune d’avions, à la fois pour le transport
des touristes et pour l’exportation de diverses plantes rares (exotiques et biologiques,
médicinales.) –le foyer métropolitain émetteur de touristes étant aussi l’importateur de
ces divers produits.
9 Le rappel des différents aspects limitants est nécessaire pour comprendre les choix de
développement ; certains handicaps s’imposent, des contraintes se précisent et
prédisposent la construction des stratégies territoriales.
10 La permanence d’une relation dominé/dominant avec des puissances métropolitaines
peut procurer certains avantages pour des économies insulaires passives. L’intégration
d’une île, à différents degrés -selon son statut juridique-, dans une logique territoriale
dessinée par une puissance extérieure, s’accompagne de transferts économiques et
financiers divers, sous couvert d’une politique de « continuité territoriale » ou de
« rattrapage économique ». Les diverses aides publiques et autres transferts sociaux
provenant de la puissance métropolitaine peuvent entretenir une économie de rente
administrative à l’image de cette des îles de l’Outre-mer français (Poirine, 1993). Il en
résulte une situation de dépendance -sans doute sécurisante- qui permet atténuer la
vulnérabilité du territoire. La puissance métropolitaine édifie des mécanismes spécifiques
pour protéger l’île du vaste monde et l’isole au profit de sa seule logique, par exemple
avec des taxes exceptionnelles sur les importations, toujours dans les îles de l’Outre-mer
français, connues sous le nom « d’octroi de mer ». Ces taxes, destinées à « compenser les
déséquilibres » et « protéger les productions locales de la concurrence » depuis plus d’un
siècle et demi6 contribuent de fait au maintien de certains monopoles et autres économies
de rente qui sclérosent ces économies insulaires -parfois aux allures anachroniques-, en
15 Ces territoires longtemps négligés par les investissements directs étrangers (Brewer et
Rivoli, 1990 ; Alkan, 1992) deviennent désormais des places attractives (Baldacchino et
Milne, 2000 ; Baldacchino, 2006 ; Hampton et Christensen, 2007). A l’écart des lumières du
monde, ces lieux discrets peuvent être d’avantageux paradis fiscaux tels certaines îles des
Antilles néerlandaises, les archipels des Bahamas et des Bermudes, les îles Caïmans...
Finalement, l’attractivité des lieux et la convergence d’intérêts internationaux sur ces
petits territoires insulaires leur octroient une ultime richesse fondamentale : la terre, la
valeur du foncier. En effet, l’exiguïté qui induit un foncier réduit, limité, donc rare,
alimente une surenchère foncière et immobilière dans le lieu élu. Cette rareté convoitée
devient une source de richesse et en l’espace de deux ou trois décennies, le rude
quotidien d’îlots rocailleux se voit bouleversé par un afflux de capitaux internationaux,
entre plus-values et placements immobiliers9.
16 Les trajectoires de développement des territoires insulaires sont très diverses, allant des
réussites exemplaires aux échecs riches d’enseignements. Outre les contraintes
structurelles communes, plus ou moins pesantes selon les situations, la définition du
positionnement optimal de l’île nécessite de croiser plusieurs variables comme le poids
spécifique du territoire (qui consiste à prendre sa mesure en croisant la superficie, la
charge de population, les niveaux de vie et de consommation –et l’intégration d’autres
indicateurs socio-économiques plus spécifiques permettant d’affiner le profil), son degré
d’isolement et son statut juridique. L’analyse du contexte de développement entrecroise
les aspects d’ordre économique, géographique, socioculturel, politique et historique. Le
poids de l’histoire ne doit pas être sous-estimé ; dans nombre de cas, ses stigmates
permettent d’appréhender la complexité des jeux d’acteurs actuels. Parfois s’opposent
différents groupes de populations, certaines plus natives que d’autres ; les contestations
et la paralysie d’un projet peuvent résulter d’un accaparement historique des terres et
des différents leviers de pouvoir par un clan privilégié ou tout simplement un groupe
d’individus qui s’appuient sur des relais et soutiens extérieurs. Inversement, certains
jeunes territoires indépendants peuvent être portés par une stimulante prise de
18 Les crises cristallisent l’attention. Les économies insulaires peu diversifiées, souvent
dominées, sont particulièrement vulnérables à la conjoncture internationale. La crise
signifie la fin d’une trajectoire, la fin de la projection d’un rythme de croissance
escompté. C’est la rupture brutale, soudaine, d’une séquence temporelle qui signifie la
destruction d’un état. La crise ouvre une nouvelle séquence temporelle qui est une phase
de transition entre deux états (Dubar, 2011). De fait, elle constitue un moment de remise
en cause d’une trajectoire confrontée à des blocages, des limites, des impasses –plus ou
moins faciles à identifier. Cette remise en cause est un moment souvent douloureux sur
les plans social comme économique (avec son lot de faillites, de chômage, de troubles
sociaux, d’instabilités politiques…), mais la crise est aussi un temps transitoire de
recomposition, de redéfinition d’une stratégie -d’une révision des ressources endogènes
au regard de la conjoncture-, d’une adaptation opportune qui ouvre sur une nouvelle
séquence de développement.
19 Il est intéressant d’analyser les positionnements présents des territoires insulaires dans
leur perspective temporelle selon que ce F. Braudel appelle « la décomposition de
l’histoire en plans étagés ». Leur trajectoire peut être décomposée en séquences
temporelles successives permettant d’identifier l’enchainement des différentes phases
avec leurs mécanismes de transformation. Ces pas de temps permettent de contextualiser
leurs évolutions, d’un stade d’un isolement initial -relatif ou réel- à des stades
d’intégration graduelle dans l’économie mondialisée, et de décortiquer « les modes de
constructions des mondes du temps, qu’il s’agisse de mondes façonnés par la dynamique
des interactions ou alors de mondes situés sur des degrés d’échelles fort différents »
(Urry, 1994, cité par Lallement, 2008). L’appréhension des pas de temps n’est pas sans
nous interpeler sur « le principe de pluralité temporelle » (Kayser, 1990 ; Chesneaux,
1996 ; Hartog, 2003 ; Lallement, 2008), avec « l’existence d’étalons de mesure, de
références et de pratiques multiples, aux légitimités variables, et dont l’usage conjoint ne
favorise pas nécessairement la coopération et la cohérence sociales » (Lallement, 2008).
20 En ces « temps de crise (…) frappés d'une crise des temps » (Dubar, 2011), les îles, moins
exposées à la précipitation quotidienne de l’économie mondialisée, peuvent abriter des
espaces privilégiés, relativement préservés, propices pour « prendre son temps » tout en
étant connecté au reste du monde : la lenteur, la nonchalance tant décriées des insulaires,
tant d’aspects qualifiés hier d’archaïsmes dans le tumulte de la course à la modernité,
sont aujourd’hui affichés comme un savoir-vivre, un « art de vivre »11 qui interpelle des
visiteurs habités par les temporalités urbaines, en quête d’une réappropriation de leur vie
personnelle et fraternelle, d’un « temps compagnon » (Chesneaux, 1996). Il s’agit donc de
poser l’idée de temporalités multiples, avec des discontinuités, de prendre la mesure d’un
« temps pluriel », hétérogène, qui ne renvoie plus à aucune « réalité unique » (Dubar,
2011), ce temps produit social (Elias, 1996). Des temps primitifs, ou préindustriels, à des
temporalités post-capitalistes, les communautés insulaires, dans leur lenteur apparente,
construisent consciemment d’autres référentiels.
21 Nauru, située à 420 kilomètres au sud de l’Équateur, est l’exemple même d’une île isolée,
loin de tous les rivages (continentaux et insulaires) : l’île voisine la plus proche, Banaba,
est à 265 kilomètres, l’archipel de Gilbert à 600 kilomètres, les îles Salomon à 1 600
kilomètres et au-delà, la métropole australienne de Sydney à 4 000 kilomètres (cf. Figure
3). Découverte en 1798, l’île de Nauru fut successivement colonie allemande (1888-1914),
puis australienne (1914-1942 et 1945-1968), sans oublier les trois années d’occupation par
l’armée japonaise (1942-1945).
22 L’actuelle République de Nauru est donc un petit Etat insulaire de Micronésie. L’île, d’une
forme plus ou moins circulaire, est un ancien volcan recouvert de calcaire corallien. Son
relief se partage entre une étroite plaine littorale (dont la largeur oscille entre 120 et 300
mètres) et un plateau peu élevé (71 mètres pour le point culminant). C’est sur ce plateau
qui couvre les quatre cinquièmes de la superficie de l’île que se concentrait le minerai de
phosphate, facile à exploiter, considéré comme l’un des plus purs au monde, qui a joué un
rôle déterminant dans l’économie de l’île, entre les succès faciles, puis le temps des
déboires et de son repositionnement12.
27 Marasme économique, faillite d’un petit Etat insulaire, c’est sur le constat de cet état de
crise que se termine le documentaire de J.R. Salgado (2008), Nauru, une île à la dérive. Et
après ? L’instabilité politique s’installe au milieu des désastres économique, écologique,
social, sanitaire. Que dire de plus ? L’exiguïté du territoire, la destruction des ressources
terrestres et dans les lagons ; quelles perspectives reste-t-il à Nauru ? Son état de petite
île, son statut d’Etat indépendant, pour définir un positionnement opportuniste dans
l’économie mondialisée.
28 A ce stade, il est intéressant de souligner la divergence de trajectoire avec la petite île
voisine de Banaba dont le destin fut assez semblable jusqu’à la fin des années 1990 :
l’extraction des minerais de phosphates y fit la fortune de compagnies internationales et
la fin de son exploitation laissa l’île en ruine, un désastre écologique et des populations
ignorées. Mais l’île de Banaba n’est pas indépendante ; elle fut intégrée à la République de
Kiribati, une périphérie dans un vaste archipel périphérique, oublié du monde, qui
regroupe 110 000 personnes réparties sur une superficie terrestre de 811 km2 au milieu de
3 550 000 km2 de territoire marin, sur trois fuseaux horaires, de la Polynésie à la
Micronésie. Les 2 300 habitants de Banaba des années 1970 ne sont plus que 300 et
s’intègrent tant bien que mal dans la logique de ce vaste Etat archipel.
Source : O Dehoorne
29 Dans le cas de Nauru, son statut juridique est essentiel, c’est même la condition décisive
pour sortir de la crise et devenir un territoire attractif susceptible de développer de
nouvelles rentes. D’ailleurs, dès 1992, la jeune République de Nauru demanda réparation à
l’ancienne puissance coloniale pour la destruction écologique de l’île –déjà très avancée à
l’indépendance. L’affaire se termina par un règlement à l’amiable et le versement d’un
dédommagement conjoint de l’Australie, du Royaume-Uni et de la Nouvelle-Zélande14.
30 Le XXe siècle fut particulièrement bousculé pour cette île qui apparait juste sur la carte du
monde. De la colonisation allemande à la colonisation britannique, de l’attaque par les
sous-marins allemands (1941) en passant par les bombardements de l’armée américaine
(194KK), de la naïve frugalité à l’évangélisation, de l’extraction de minerai au
consumérisme, un siècle précipité, tumultueux, marqué par le chaos de la Seconde Guerre
mondiale, se termine par la faillite dans une souveraineté retrouvée (cf. Figure 4). La
sortie de crise se dessine pour Nauru à travers un « positionnement opportuniste »
(Baldacchino, 2010, 2014) jouant sur des économies de rente (Poirine, 1993).
31 La République de Nauru s’appuie sur des remèdes classiques comme les possibilités de
migration (vers l’Australie voisine), saisonnière ou définitive, peu prisées par la
population et la vente des ultimes ressources avec les droits de pêche. La situation de
crise stimule les solidarités régionales (non dénuées d’intérêts) avec des aides publiques
au développement accordées par les principaux Etats de la région : l’Australie en premier
lieu, Taïwan (le seul « Etat » avec une ambassade à Nauru), le Japon (qui apprécie les
positions de Nauru en faveur de l’abrogation du moratoire sur la chasse à la baleine).
32 De l’économie de transfert à l’économie de rente géostratégique, Nauru saisit les
opportunités de son contexte régional par exemple dans le cadre du partenaire avec
l’Australie dit de la « solution du Pacifique » où l’île accueille un centre de détention
d’immigrants clandestins, indésirables en Australie. Un premier flux d’Afghans arrive
ainsi à Nauru en 2001. Le partenariat évolue avec la création d’un centre de traitement
offshore des migrants15. L’opération financée par l’Australie devient une nouvelle source
de revenus pour Nauru qui lui assure 20% de son budget en échange de la surveillance de
plus de 1000 réfugiés et de l’octroi d’un visa de cinq ans pour rester à Nauru pour 200
autres, reconnus officiellement réfugiés. Enfin au-delà des différentes possibilités de
monnayage de ses votes, de vente de passeports, la diversification économique de Nauru
passe aussi par l’optimisation fiscale internationale (cf. Tableau 1). Nauru joue habilement
des services publics non marchands, géostratégiques, que son statut de petit Etat
insulaire lui permet de négocier auprès des puissances
Vente des droits de pêche à des flottes étrangères dans les eaux
Rente naturelle
territoriales ; vente des ultimes ressources de minerais de phosphates
Sources : Département des affaires étrangères et du commerce de l’Australie, journal The Age,
Wikipédia
33 Il est à noter que l’état de catastrophe écologique et sanitaire demeure, l’île est exiguë et
les écosystèmes ne relèvent pas de l’économie virtuelle. Mais Nauru aborde le XXI e siècle
avec les atouts des paradis fiscaux. Il ne s’agit pas d’un paradis fiscal d’une grande
Source : O. Dehoorne
peu rémunératrices. L’inflation est alors le lot quotidien d’une population dont la
dépendance envers les importations est croissante. Les pressions sur le foncier - la
ressource par excellence dans une île ! - sont exacerbées.
39 Dans ces petits territoires non industrialisés, toute stratégie d’exportation doit tenir
compte du coût de transport additionnel -qui relève de la distance et impacte
directement les gains de l’échange-, d’où des positionnements qui privilégient les
exportations de produits peu affectés par le coût de transport. Dans ces conditions, la
solution la plus favorable est certainement le déplacement du consommateur vers le lieu
de production. C’est la principale caractéristique de l’économie touristique : outre le fait
de vendre des services et des prestations articulés autour des ressources tangibles et
intangibles -et autant que possible attachés aux caractéristiques singulières d’un
territoire-, la consommation est réalisée directement dans le lieu de production, sans
stockage.
40 Autant d’éléments –parmi d’autres- qui expliquent l’intérêt accru pour le tourisme. Des
éléments jusqu’alors contraignants sont en mesure de constituer « une réponse
appropriée si l’on considère les avantages naturels de ces espaces en la matière : dotation
forte en ressources naturelles touristiques (mer, plages, soleil, montagne, etc.) tandis que
certaines composantes de leurs handicaps naturels (insularité, isolement, éloignement)
font l’objet d’une demande sur le marché touristique » (Poirine, 2007 : 49). Les
investissements requis sont moindres et des singularités (spatiale, physique, paysagère,
environnementale, culturelle), limitantes pour d’autres projets économiques, se révèlent
être de judicieux atouts qui distinguent favorablement la destination insulaire. Tous ces
éléments valorisés dans le cadre d’une spécialisation touristique constituent un avantage
comparatif.
41 Le tourisme devient alors un secteur d’activité essentiel pour le développement de
nombreuses îles qui participent aux « Pleasure Periphery » (Turner & Ash, 1976) de
l'Amérique du Nord, de l'Europe et des métropoles asiatiques. Sur le marché du tourisme
international, ces destinations insulaires sont également en concurrence directe avec les
autres destinations littorales (tropicales et subtropicales) de territoires continentaux plus
accessibles, dotés de plus grandes capacités d’investissements et d’un marché intérieur en
matière touristique (par exemple Cancún et la Riviera mexicaine). Mais ces destinations
insulaires jouent habilement de liens de proximités privilégiées, d’ordre politique
(colonie, ancienne colonie, même nation), culturel (même langue), économique
(appartenance à une même zone de libre-échange, monnaie commune…), pour se
positionner sur leurs marchés métropolitains (les foyers émetteurs de touristes).
42 McElroy (2006) introduit le modèle de SITE (acronyme de Small (warm water) Island Tourist
Economies) pour caractériser ce modèle de développement des petites îles qui tirent ainsi
avantage de leur taille (attraction, facilités d’aménagement, sécurité) et de leurs liens
économiques privilégiés avec des métropoles dominantes pour s’imposer sur le marché
touristique, dans une économie mondialisée16. Ces destinations attirent les
investissements directs étrangers qui se concentrent dans le tourisme et plus
généralement l’immobilier. Nous pouvons considérer le SITE comme étant leur résultat
du processus du TouRAB exposé par Guthunz et von Krosigk (1996).
L’île de Maurice évolue vers le modèle PROFIT, dépassant l’étape « tourisme ». Les données sont
simples : 2 040 km2, 1 259 000 habitants, une dette publique de 50% du PIB, un déficit commercial
récurrent (de l’ordre de 2,5 milliards de dollars américains annuellement sur la période 2011-2013). La
solution ne réside pas dans l’agriculture et la pêche (9% des actifs et 4,5% des revenus). Les secteurs
de l’industrie et du tourisme, pourvoyeurs d’emplois, ne sont pas suffisants sur le plan économique ;
d’où l’évolution de Maurice dans le secteur la finance, de l’optimisation financière avec la mise en
place d’une juridiction offshore attractive (secret bancaire, libre circulation des capitaux, sécurisation
des transactions, absence d’imposition sur la fortune et de droit de succession…) dans un contexte de
stabilité et de sécurité.
Source : Capture d’écran, les villas de Maurice
Conclusion
47 Aborder le développement des petites îles ne peut se faire sans commencer par un regard
réaliste sur les défis économiques en prenant la mesure de l’ensemble des surcoûts (liés
aux transports), du manque de compétitivité pour les productions courantes (compte
tenu des limites d’économie d’échelles possibles au regard de la concurrence des gros
producteurs continentaux). Il s’agit de cerner les limites et les handicaps à partir desquels
peut se dessiner le projet de développement.
48 Il est inutile de nier les réalités insulaires avec leur lot de contraintes qui pourront être
plus ou moins allégées selon leur insertion dans l’économie-monde, et, inversement, il est
également inutile d’aborder ces territoires uniquement en termes de vulnérabilité, de
reliquat d’autre chose, de dépendance sans substance. L’île n’est pas uniquement le
prolongement d’une projection continentale.
49 D’où notre volonté d’aborder l’île dans sa dimension territoire, avec ses données
géographiques, économiques, historiques, son peuplement, ses populations -qui peuvent
faire communauté-, sa gouvernance, son statut juridique, les rapports au pouvoir. C’est à
partir du territoire insulaire, de la confrontation de toutes ses composantes et des
possibilités de synergies que se dégagent les perspectives de développement.
50 Des outils méthodologiques permettent de poser le cadre d’analyse qui se concentre sur le
territoire insulaire dans son contexte de développement et sa configuration (cf. Figure 2).
Ils s’attachent à étudier les processus, la succession de séquences, la périodisation de son
histoire rythmée par les moments de crises (cf. Figure 4) pour caractériser les différents
stades de développement et leurs positionnements (qu’ils soient sous domination
extérieure, judicieux, au gré des opportunités de rente) (cf. Figures 5a et 5b).
51 Les territoires insulaires se construisent en toute conscience de leurs contraintes et de
leurs limites, avec une communauté dont la cohésion se forge face aux défis partagés,
jouant opportunément sur leur statut juridique qui autorise de nouvelles modalités de
négociation permettant de tirer avantage de leurs services géostratégiques non-
marchands (Poirine, 1995). Enfin, la construction d’un environnement attractif est
fondamentale pour le territoire insulaire, tant pour le paradis fiscal qui offre des
conditions séduisantes de services financiers et bancaires offshore, que pour le paisible
territoire réputé pour son art de vivre, connecté au reste du monde -mais à son rythme-,
qui joue astucieusement sur les opportunités de la mondialisation à l’ombre du tumulte
de la précipitation quotidienne.
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NOTES
1. Définis sur des critères démographique (moins d’un million d’habitants) et territorial
(superficie inférieure à 30 000 km2).
2. Par exemple la tenue d’un conseil du ministre des Maldives sous l’eau pour interpeller
le monde sur les enjeux du réchauffement climatique (novembre 2011).
3. Par exemple l’île de Guam envahie par les serpents (le serpent brun arboricole, Boiga
irregularis), probablement arrivés par dans un cargo militaire qui compte désormais deux
millions d’individus (pour 165 000 habitants pour 549 km2) qui, en l’absence de prédateur,
détruisent l’avifaune et par voie de conséquence l’écosystème de l’île (Fritts et Dodda,
1998).
4. Cf. les travaux de Renucci sur la Corse (1998).
5. Le centre a connu des évènements violents en janvier 2015, entre amertume des
immigrants, enfermement durable et abus sexuels…, cf. http://www.theguardian.com/
australia-news/2015/mar/20/things-happen-tony-abbott-on-sexual-assault-allegations-
in-offshore-detention
6. L’origine de cette taxe date de 1670, alors dite « droits de poids ». Son nom actuel
remonte à 1866. Cet impôt fut condamné par l’Union européenne en 1992 mais il demeure
en vigueur.
7. Le gouvernement central de Papouasie-Nouvelle-Guinée s’est engagé à renforcer la
spécialisation de l’île de Manus (à 300 kilomètres au nord, dans l’archipel de l'Amirauté)
avec la construction d’une prison de haute sécurité, « l’Alcatraz du Pacifique » (cf. Figure
1).
8. Les Chagossiens furent déportés vers les Seychelles et Maurice ; cf. URL : <http://
www.courrierinternational.com/article/2010/03/31/l-ile-de-la-discorde>
9. Cf. L’étude de S. Theng (2014) sur l’île de Saint-Barthélemy.
10. L’exemple de l’île de la Dominique est particulièrement intéressant à cet égard ; des
premiers balbutiements d’un tourisme de nature à la mise en place d’un tourisme
communautaire avec les populations locales au cœur du projet, se construit un sentiment
de communauté et de fierté nationale (70 000 habitants) qui va au-delà des enjeux
touristiques –qui n’est qu’une étape dans la stratégie de développement- (Dehoorne et al.,
2009).
11. Telle l’île de Saint-Barthélemy avec ses slogans promotionnelles « l’art d’être une
île », « l’art de vivre ».
12. Les principales sources utilisées sont le site du gouvernement de la République de
Nauru, URL : < http://www.naurugov.nr/>, le Département des affaires étrangères et du
commerce de l’Australie, page consacrée à Nauru, URL : <http://www.dfat.gov.au/geo/
nauru/pages/nauru-country-brief.aspx> et le journal The Age, quotidien de Melbourne,
URL : <http://www.theage.com.au>
13. World health Organization, Western Pacific Region (2002). Obesity in the Pacific: too big
to ignore, WHO
14. Cour internationale de Justice (1992). Affaires de certaines terres à phosphates à
Nauru, arrêt du 26 juin 1992, URL < http://www.icj-cij.org/docket/files/80/6795.pdf>
15. Radio Australia (2015). « Nauro : personne ne sera volontaire pour aller au
Cambodge », URL <www.radioaustralia.net.au/french/2014-10-14/nauru-«-personne-ne-
sera-volontaire-pour-aller-au-cambodge-»/1378825>.
16. L’introduction du SITE s’appuie sur les résultats des travaux de McElroy (2006),
McSorley et McElroy (2007) et Oberst et McElory (2007) qui mettent en évidence un
ensemble de trente-six petites îles touristiques dépendantes du tourisme qui constitue un
cluster.
RÉSUMÉS
Le développement des petits territoires insulaires est souvent abordé sous l'angle de la
vulnérabilité, des limites et autres handicaps qui pénalisent inéluctablement leurs perspectives
de croissance. Or force est de constate que quelques îles s’affichent désormais parmi les
économies les plus prospères au monde. L’objet de cette réflexion est de proposer un cadre pour
étudier les petites îles, appréhender l’évolution de leurs positionnements et leurs trajectoires de
développement. Il s’agit de voir dans quelle mesure ces petites îles, aux statuts juridiques
variables et dépendantes sur le plan économique, peuvent opportunément tirer profit de leur
situation – parfois en jouant sur leur singularité- pour se positionner avantageusement dans la
configuration actuelle de l’économie mondialisée.
The development of the small island territories is often approached under the angle of the
vulnerability, the limits and other handicaps which penalize inevitably their growth
perspectives. However, it is noticed that some islands display nowadays among the most
prosperous economies to the world. The object of this reflection is to propose a frame to study
the small islands, the evolution of their positioning and trajectories of development. It’s
interesting to see how small islands, with their different political statuses and economic
dependences, manage their development in the globalized economy by using conveniently their
peculiarity.
INDEX
Keywords : small island, development, insular economy, insular territory, MIRAB, positioning,
PROFIT, SITE, TouRAB
Index géographique : Nauru, Banaba, Maurice, Manus
Mots-clés : petite île, développement, économie insulaire, MIRAB, positionnement, PROFIT,
SITE, territoire insulaire, TouRAB
AUTEUR
OLIVIER DEHOORNE
Université des Antilles et de la Guyane, Martinique FWI - France; Maître de Conférences;
dehoorneo@gmail.com