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Un exemple de
développement technique où l’étroite coopération entre
métallurgistes, constructeurs et exploitants ont été
d’une grande fécondité
Jean Saleil, Jean Le Coze
REGULAR ARTICLE
Résumé. Cet article est composé de quatre parties complémentaires l’une de l’autre mais publiées séparément.
Dans la partie I, se trouve une description du fonctionnement des machines de coulée continue et l’historique du
remarquable développement de cette technique de coulée appliquée aux aciers. La partie II présente les multiples
problèmes qui furent résolus pour arriver à faire correctement fonctionner ces machines et leur permettre de
délivrer des produits de qualité. Dans la partie III, sont développées les questions métallurgiques posées par la
solidification des produits en continu et la complexité inhérente à chaque famille d’acier (bas carbone,
inoxydables, alliés). La partie IV décrit quelques types particuliers de machines et notamment celles destinées à
la production de bandes, avec l’ensemble des problèmes spécifiques posés par ces techniques.
Mots clés : historique du procédé / problèmes techniques de fonctionnement / problèmes métallurgiques /
qualité des produits / aciers bas carbone / inoxydables / alliés / coulées de brames minces / coulée de bandes
Abstract. Continuous casting of steels. Part I: major steps of steels conti-casting development.
This survey of continuous casting in steelmaking is divided in four parts. The first one contains the history of the
development of the process technology. The second one is a description of the numerous problems, which were to
be solved in order that the casting machines should be able to deliver high quality products. The third part deals
with metallurgy and solidification problems, taking into account the great diversity of solidification patterns of
various steel grades (low carbon steels, stainless steels, high carbon steels…). The fourth part describes some
specific machines with the problems related to their operation, and particularly the technology of strip casting.
Keywords: process history / technical problems / metallurgical problems / products quality / low carbon steels
/ stainless steels / alloyed steels / thin slab casting / strip casting
La contribution de Jacques Barbé au présent article nous nous proposons d’exposer dans les diverses parties du
a été essentielle : par la mise à disposition de son présent article. Cette pression économique stimulante se
abondante documentation et par ses nombreuses manifesta à la fois par le développement de nouveaux
remarques et rectifications. Par sa carrière d’ingénieur marchés, l’apparition de nouvelles exigences qualitatives,
dans la société d’engineering sidérurgique CLECIM, l’apparition de nouveaux acteurs sidérurgiques. La consé-
J. Barbé est une des rares personnes en France qui a quence fut qu’en cinquante ans le paysage sidérurgique
participé, presque de bout en bout, à l’essor du procédé mondial fut radicalement changé et dans ses techniques et
de coulée continue, depuis les premières machines dans ses acteurs.
installées en France, jusqu’au développement du projet Bien entendu cette apparition de la coulée continue
Myosotis de la coulée de bandes. En avril 1992, au n’était pas sans conséquences sur la conception des usines
Congrès de Toronto (75th steel making conference), le sidérurgiques puisqu’elle visait à supprimer une étape
Dr Wolf publiait un premier bilan historique de la coulée jusqu’alors incontournable de la mise en forme à chaud tant
continue et son article se concluait par les photos de qu’on restait en voie lingots : celui du dégrossissage de ces
treize personnalités internationales qui avaient contri- lingots par un train spécifique de laminoir à chaud : le
bué de manière décisive aux progrès de la coulée blooming (produits longs) ou le slabbing (produits plats). À
continue des aciers. Déjà J. Barbé y figurait aux côtés de partir des années 1960, pour chaque conception d’usine
S. Junghans et I. Rossi. nouvelle ou pour toute modernisation d’une aciérie
existante, se posait donc le dilemme du maintien de la
voie lingots ou du passage en coulée continue. La réponse
1 Introduction apportée dépendait en grande partie du carnet de nuances
élaborées par l’aciérie considérée, car les technologies
La coulée continue de l’acier, un vieux rêve des sidérur- disponibles en coulée continue ne permettaient pas
gistes poursuivi depuis qu’ils ont appris à la fin du 19e siècle toujours de garantir les qualités requises par les nuances
à élaborer le métal par une voie en phase totalement les plus pointues du carnet de commande, même si la
liquide, s’est imposée progressivement au cours de la diversité croissante des options technologiques disponibles
seconde moitié du 20e siècle dans tous les secteurs de permettait d’adapter de mieux en mieux la coulée continue
l’activité sidérurgique : produits longs, produits plats, aux cas particuliers. Le dilemme du passage ou non en CC,
aciers courants, aciers spéciaux de construction, aciers était d’autant plus crucial que l’option coulée continue
inoxydables, au point que la coulée discontinue en lingots était pratiquement irréversible puisqu’elle impliquait le
ne subsiste plus guère que pour des besoins très spécifiques : plus souvent l’arrêt du train dégrossisseur des lingots.
ébauches pour refusion, produits bruts de coulée destinés à Soulignons une nouvelle fois que sans de grands industriels
la grosse forge ou aux tôles de très forte épaisseur. Pour visionnaires qui s’acharnèrent à soutenir le développement
parvenir à cette généralisation du procédé, les ingénieurs du procédé malgré les difficultés technologiques et
ont dû surmonter un grand nombre de problèmes qualitatives considérables qu’il présentait à ses débuts,
techniques et métallurgiques, rendus encore plus complexes et qui assumèrent les risques d’introduction de ces
par leur imbrication. Leur élucidation a bien souvent fait équipements nouveaux dans les filières industrielles, la
appel aux meilleures équipes de chercheurs en métallurgie coulée continue n’aurait pas connu l’essor que nous
des centres de R&D de par le monde et leur résolution doit constatons. Dès que les technologies de base furent
beaucoup à l’imagination créatrice et à l’ingéniosité des assurées, le développement de la coulée continue fut rapide
technologues. La constitution minutieuse d’une vaste pour les nuances les plus courantes (par exemple, le rond à
défectologie et l’analyse très précise des causes métallurgi- béton). Il le fut beaucoup moins pour certains aciers
ques et techniques de ces défauts ont joué un grand rôle spéciaux puisqu’on observe, lors de l’actuelle décennie, la
dans la maîtrise progressive de la coulée continue et dans levée des derniers obstacles à la coulée continue pour des
son extension à l’ensemble du catalogue des aciers. nuances qui longtemps l’exclurent, telles les nuances
Nous avons assisté, essentiellement au cours de la d’aciers pour roulements. Les produits plats occupèrent
seconde moitié du 20e siècle, à un développement une place considérable dans ce développement d’abord
technologique majeur, associant R&D et industrialisation, pour les aciers au carbone, puis pour les aciers inoxydables :
actions qui mobilisèrent des compétences aussi diverses que la pression des exigences en matière de qualité de surface,
celles des métallurgistes, constructeurs/mécaniciens, acié- particulièrement forte pour les produits plats minces, fut à
ristes exploitants, réfractoristes, automaticiens. Ces efforts l’origine des principaux progrès notamment autour du
ont été rendus possibles par une intense activité de fonctionnement de la tête de machine, du contrôle
formation à la métallurgie des acteurs du terrain à tous électromagnétique de la solidification, et du supportage
les niveaux de compétences, avec le concours des des lignes.
organismes de formation académiques et professionnels. Dans les 40 années du développement intensif du
On peut mesurer le foisonnement technologique autour de procédé, environ 1750 machines furent mises en service
la coulée continue au nombre considérable de brevets représentant 5500 lignes de coulées dans 90 pays, alors que
déposés sur le sujet. C’est ce couplage fécond de la réflexion la production mondiale d’acier doublait dans le même
métallurgique et de l’inventivité technologique, soutenu temps. Le taux d’équipement en coulée continue de la
d’abord par le dynamisme et la volonté des derniers maîtres sidérurgie mondiale dépasse désormais 90 %. On a donc
de forge, puis par des dirigeants visionnaires, sous la assisté à une véritable révolution industrielle affectant
pression des exigences qualitatives et de productivité, que toute la profession sidérurgique, développement qui a
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fédéré d’énormes moyens en compétences et mobilisé des parachèvement (voire à chaud sans aucun parachève-
moyens financiers considérables. La coulée continue, au ment), ce qui implique (entre autres exigences) une
moins en ses débuts industriels, est surtout une affaire maîtrise très précise de la formation de la peau solide en
européenne et américaine et très vite japonaise, même si la lingotière ainsi qu’un soutien d’une grande précision du
diffusion vers les autres nations sidérurgiques sera rapide. produit au long de la ligne de coulée ;
La plupart des exemples que nous choisirons pour illustrer – la santé interne du produit. Elle suppose non seulement
les évolutions techniques du procédé seront cependant d’éviter les endommagements internes (criques) résul-
majoritairement puisés dans les sidérurgies européennes (et tant de contraintes excessives appliquées à un produit
plus particulièrement nationale), en raison de la connais- encore mal consolidé (dus, par exemple, à un désali-
sance plus complète que nous avons de leur histoire. gnement de la machine), mais encore de minimiser les
On ne saurait oublier que les développements en hétérogénéités compositionnelles et structurales issues
matière de CC ont été une contribution importante à la du processus même de solidification, ainsi que les
mise en oeuvre d’une « éco-filière de production de l’acier », contaminations inclusionnaires [1]. Ces problèmes
ne serait-ce que par les économies d’énergie résultantes, étaient d’autant plus aigus que le passage du lingot à
même si ces préoccupations ne furent pas majeures dans les la coulée continue diminuait le plus souvent fortement la
phases initiales de développement du procédé. section du produit solidifié ; le travail de corroyage à
L’essentiel des technologies et des développements en chaud lors du laminage ultérieur (qui contribuait à
matière cette coulée continue l’ont été au cours du demi- atténuer les hétérogénéités issues du processus de
siècle précédent (y compris l’avancée la plus innovante que solidification) serait donc bien plus limité sur un produit
fut la coulée de bandes), en conséquence on ne trouvera issu de CC ;
dans cet article à finalité d’histoire des techniques que peu – une productivité et une disponibilité de la machine de
de références postérieures aux années 1990. coulée lui permettant de s’insérer harmonieusement
entre les réacteurs de fusion/affinage et les laminoirs à
chaud.
2 Partie I : les grandes étapes du
développement de la coulée continue (CC) La figure 1 reproduit le schéma d’une coulée continue
verticale pour brames. Le schéma coté permet d’apprécier
2.1 La problématique coulée continue (CC) l’encombrement de la machine.
À l’intention des lecteurs peu familiarisés avec les
Pour planter le décor technique du développement techniques sidérurgiques, l’annexe A regroupe quelques
historique du procédé et situer l’ampleur des problèmes considérations élémentaires sur la conception et le
qu’il convenait de résoudre (sur lesquels nous reviendrons fonctionnement des machines de coulée en usage dans
en détail au cours de l’article), nous résumons ci-après les la sidérurgie. On y trouvera notamment une ébauche de
différentes composantes de la problématique à affronter dimensionnement qui rend compte du grand développe-
par le sidérurgiste qui passe d’une coulée en lingots à ment linéaire des machines conventionnelles de coulée.
l’exploitation d’une machine de coulée continue : On peut s’interroger à propos des différences de
– le maintien en température (dans d’étroites limites au vitesses de développement de la coulée continue dans
voisinage de 1500 °C) pendant toute la durée de l’industrie de l’aluminium (de l’ordre d’une ou deux
l’opération, (qui peut dépasser l’heure pour une seule décennies pour que la quasi-totalité de l’industrie de
poche coulée) pour une masse d’acier liquide (de quelques l’aluminium soit équipée) et dans la sidérurgie : près cent
dizaines de tonnes à quelques centaines de tonnes) ans entre la première machine de B. Atha chez Crucible
contenue dans la poche de coulée. Steel Co., en 1886 aux U.S.A. ans et la fin de la phase
– la tenue, sur le temps de coulée, des matériaux intensive de développement de la CC conventionnelle, et
réfractaires constituant les canaux d’alimentation de un peu plus de trente ans à partir d’une des premières
la tête de machine et les dispositifs d’obturation ; machines réellement industrielles, celle de chez Böhler à
– la régulation de débit de l’acier liquide afin de couler à Kapfenberg en Autriche en 1952.
vitesse constante, de conserver en machine un profil de Le tableau 1 qui regroupe quelques caractéristiques
solidification inchangé pendant la durée de coulée et physiques et enthalpiques des deux matériaux (aciers
surtout un niveau constant d’acier liquide en lingotière et aluminium) rend compte pour partie non seulement des
(forte incidence sur la qualité de peau) ; raisons à l’origine de la différence entre les vitesses de
– l’extraction régulière en continue du produit depuis la développement de la coulée continue respectivement dans
lingotière, sans endommagement de la peau du produit les deux industries mais encore des différences considéra-
(lubrification), ni déchirures conduisants à la percée qui, bles dans la complexité des machines mises en œuvre. Nous
si elle n’est pas toujours catastrophique, reste un incident commentons ci-après ces différences de caractéristiques
sérieux ; entre les deux matériaux :
– l’extraction thermique : évacuer dans les limites géomé-
triques de la machine toute l’enthalpie de solidification de – la solidification de l’acier se produit quelques 850 °C au-
l’acier ; dessus de celle de l’aluminium ce qui n’est pas sans
– la qualité de peau du produit, qui doit être suffisante pour conséquences sur le choix et la tenue des matériaux
que celui-ci puisse être enfourné dans les fours de nécessaires à l’alimentation de la machine de coulée et au
réchauffage du laminoir aval avec un minimum de confinement de la solidification ;
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Table 2. Besoins en énergie (kwh/t de semi-produit) de la coulée continue et de la coulée en lingots [2–5].
Table 2. Energy consumption (kwh/t of semi product) in continuous casting and ingot casting.
des billettes destinées à un train à fil ou pour ronds à béton, La crise pétrolière des années 1973/1974 accéléra de par le
de 250 250 mm2 pour des blooms destinés à la production monde le passage en coulée continue puisque l’élimination
de barres en aciers de construction, et de 250 1800 mm2 d’une chaude de laminage (blooming ou slabbing) entraînait
pour des brames destinées aux produits plats. Bien une économie d’énergie fort significative (Tab. 2). C’est à
entendu, en fonction du carnet de commandes et des partir des années 1970 que la coulée continue prit vraiment
exigences qualitatives qu’il contenait, de la prise de fer du son essor en même temps que la production mondiale d’acier
laminoir aval, les sidérurgistes pouvaient s’écarter nota- croissait fortement (Fig. 2) principalement sous l’impulsion
blement des formats typiques que nous venons d’indiquer. de la Chine qui deviendrait le premier producteur mondial.
Nous conserverons la classification des machines de coulée La part de la coulée continue dans la production mondiale
en trois grandes catégories : les machines à billettes pour d’acier était de 4 % en 1970, de 25 % en 1980, de 60 % en 1990,
des formats coulés inférieurs à 180 180 mm2, les machines et de plus de 90 % actuellement. Le formidable développe-
à blooms pour des formats en général inférieurs à ment de la Chine en matière de sidérurgie (sa production
400 400 mm2, les machines à brames pour des formats représente désormais 50 % de la production mondiale) s’est
autour de 250 1800 mm2, formats auxquels s’ajoutent les fait essentiellement à partir de coulées continues. Entre
ébauches pour rails et profilés divers. D’une manière temps, certains problèmes majeurs avaient été résolus et la
générale, plus les exigences qualitatives en matière de santé technologie largement fixée (nous y reviendrons en détail
interne étaient sévères plus on avait tendance à faire grossir dans le cours de cet article). L’industrie sidérurgique tirait
le format choisi de manière à ce que le travail de corroyage enfin (à partir des années 1970) le bénéfice des vingt années
en aval, au cours du laminage, reste suffisamment précédentes d’efforts intensifs de développement.
important pour atténuer les hétérogénéités issues du Nombre d’usines sidérurgiques pousseront la recherche
processus de solidification ; mais évidemment plus le des économies d’énergie jusqu’à procéder à l’enfournement
produit grossissait plus la machine de coulée s’alourdissait. chaud, dans les fours de réchauffage des laminoirs, des
Certains sidérurgistes seront amenés à concevoir des produits sortant de la CC. Le procédé n’était cependant pas
machines coulant de quasi-lingots (le japonais Sanyo Steel généralisable à toutes les nuances d’acier notamment parce
Co sera l’un des premiers à couler en continu, au format que la qualité de surface du produit en sortie machine
370 480 mm2, avec plein succès, des aciers à roulements ; imposait parfois un parachèvement avant enfournement
Timken construira dans son usine de Faircrest (USA) une pour laminage à chaud.
machine CC au format 460 610 mm2 pour ces mêmes La simplification des gammes de laminage résultant du
aciers) ; mais avec de tels formats on n’obtenait pas la passage en coulée continue avait aussi des retombées
simplification des gammes de laminage à chaud que des favorables sur les coûts de fabrication, au-delà des
formats notablement plus petits permettaient. économies d’énergie mentionnées ci-dessus :
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– un gain sensible sur les rendements métalliques, en puisque les machines qui s’imposeront dans l’industrie
réduisant les pertes de métal par oxydation (calamine) du seront à lingotière à paroi mince, oscillante, à extraction
fait de la suppression d’une chaude de laminage et continue, et souvent courbes. En attendant les premières
surtout les chutages au cours de la mise en forme. En voie machines se complexifient sur la base de développements
lingot on procédait, après les premières passes de empiriques puisqu’on ne dispose pas des connaissances
laminage, à un double chutage (tête et pieds) du produit suffisamment précises en matière de solidification des aciers
issu de chaque lingot ; en CC on ne procédait à un tel pour orienter rationnellement les développements ; la place
chutage que pour chacune des lignes de coulée démarrées, de la CC dans les aciéries reste confidentielle. La coulée
c’est-à-dire de la coulée sans interruption de l’extraction. continue des métaux non ferreux apparaît, se développe
Ce gain croissait bien évidemment avec la longueur des rapidement, et inspire les développements en matière de
séquences de coulée ; coulée des aciers. C’est au cours de cette période (années
– simplification des manutentions ; 1930) qu’apparaissent les technologies de base pour la
– réduction des délais de fabrication. lingotière de coulée continue : la paroi mince, l’oscillation
verticale, la lubrification. Le nom de S. Junghans (1887–
1954) reste associé à cette période pionnière.
2.3 Les grandes étapes du développement de la coulée
continue 2.3.2 Les années 1940 :« L’acier peut-il vraiment être coulé
Le Dr Wolf distingue six périodes dans le développement de en continu ? »
la coulée continue appliquée aux aciers [2–5]. Pendant la guerre et immédiatement après celle-ci, des
essais sont menés un peu partout dans les pays indus-
2.3.1 « La période préhistorique » trialisés et notamment en Allemagne (toujours par
Junghans), aux USA (Bethleem Steel, Republic Steel,
« La période préhistorique » qui s’étend de 1886 (première Babcock & Wilcox), en URSS, en G.B. Dès 1947, des essais
machine d’Atha chez Crucible Steel U.S.A.) jusqu’au début sont repris par Junghans en Autriche avec une collabora-
des années 1940. La machine d’Atha (Fig. 3) est verticale, à tion des sociétés Böhler, Schöller-Bleckmann et Voest-
lingotière fixe, à paroi épaisse en fonte (donc comparable à Alpine et au Japon. Nous nous arrêterons un court instant
une lingotière classique de la voie lingot) et à extraction sur ce dernier pays : Sumitomo construit en 1947 à
discontinue. On mesure tout le chemin qui reste à parcourir Amagasaki une machine verticale pour couler des ébauches
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Table 3. Principaux constructeurs de machines de coulée continue dans la phase intensive de développement.
Table 3. Main constructors of CC machines during the intensive development period.
DANIELI Italie
KOPPERS U.S.A.
ROKOP U.S.A.
Danieli en Italie, Davy en G.B, Koppers et Rokop aux USA. Malcor est aussi à l’origine de la construction en 1955 de la
Bon nombre des constructeurs regroupés au tableau 3 ont machine à billettes d’Allevard coulant des aciers à ressorts
soit disparu, soit ont été incorporés dans des groupes de (aciers au silicium). Cette machine sera suivie en 1963, dans
mécaniciens/engineering plus généralistes. la même aciérie, d’un second équipement, ce qui démontrait
La contribution de l’URSS (non mentionnée au Tab. 3) la pleine adéquation de la coulée continue à la production des
au développement du procédé fut très significative, si l’on en aciers faiblement alliés en produits longs. H. Malcor sera un
juge par les installations construites dans les territoires sous acteur important dans le développement de CONCAST et de
contrôle soviétique, souvent avec des conceptions technolo- CAFL Engineering devenu CLECIM.
giques très originales. Un exemple de cette originalité est Fives-Cail-Babcock (FCB) fait en 1954 ses premiers pas
fourni par la machine de Nijny-Taguil (Oural) démarrée en en matière de CC avec la coulée à blooms à quatre lignes
1968. Il s’agit d’une machine courbe à brames, à refroidisse- verticales chez Usinor/Denain.
ment secondaire par jeux de longerons et walking-beams. La production mondiale d’acier double presque dans
Nous reviendrons sur cette technologie particulière dans la cette décennie pour atteindre 340 Mt en 1960, mais elle est
partie II [15]. encore dépendante à 80 % des fours Martin qui se prêtent
En France en 1953, sous l’impulsion d’H. Malcor, une mal (longueur de l’élaboration, fort tonnages unitaires
machine de coulée démarre à Unieux dans la Loire (future coulés) à la coulée continue, telle qu’elle émerge de ses
usine CAFL) en petits formats, elle coulera, dans des formats premiers pas vraiment industriels. Celle-là se développe
ovales, une grande variété de nuances, y compris des aciers à donc plutôt en aval de fours électriques qui sont loin d’avoir
outils, ce qui était un vrai défi pour l’époque. On notera que le atteint leurs pleines performances [8–10] et restent encore
démarrage de cette machine se place dans la période de le plus souvent de tonnages limités (<30 t). Ce sont donc le
construction des quatre premières machines de Junghans. H. plus souvent des aciéries pour produits longs (souvent en
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Fig. 8. Machine à lingotière courbe pour larges brames à Dillingen (1964) [2–5].
Fig. 8. Curved mold caster for wide slabs at Dillingen (1964).
Dans le secteur des mini-aciéries électriques le Groupe – dans la première, on souhaite conserver une lingotière
Korf développe la coulée à grande vitesse sur des machines droite pour éviter l’impact des jets d’alimentation en
à billettes avec enfournement chaud directement en sortie métal liquide sur la peau en formation dans la lingotière,
des CC par un système entièrement mécanisé (Badische ce qui conduit à ne courber la ligne qu’au-delà d’une
Stahlwerke/Kehl), et alimentation des fours électriques de partie droite de 3 à 4 m à partir du ménisque. Pour
fusion éventuellement en minerais préréduits (Georgetown minimiser les risques d’endommagements du front de
Steel/USA ; Hamburger Stahlwerke/Allemagne). solidification liés au cintrage sur cœur liquide on adopte
un profil de cintrage très progressif ;
2.3.6 La maîtrise métallurgique totale (les années 1980 et – dans la deuxième, afin de poursuivre les gains sur la
1990) hauteur des installations, on met au point une machine
courbe à tête basse qui associe lingotière courbe à faible
Les années 1980 voient la reprise d’une réflexion intense sur rayon et décintrage progressif. Ce seront le cas de la
le profil de la ligne de coulée à propos des machines courbes machine dite SHCCM de Sumitomo/Kashima (1979) et
à brames. Deux pistes seront explorées : de la machine de NSC/Hirohata (partie II, Sect. 2) ;
12 J. Saleil and J. Le Coze: Matériaux & Techniques 106, 503 (2018)
Table 4. Équipement en machines à brames dans la 1955 pour les aciers à ressorts en témoignent ainsi que, sous
sidérurgie française à partir de 1968. son impulsion, la création de l’IRSID, préparée par les
réflexions de Jean Rist (1900–1944) en matière de
Table 4. CC slab machines in France, since 1988.
recherche métallurgique. Cet institut de recherche pro-
fessionnel allait jouer un rôle capital dans le développement
1972 USINOR DK CC21 + CC22 + CC23
de la coulée continue en France en apportant un soutien
1972 CCB Isbergues Aciers inoxydables déterminant aux aciéries qui allaient s’équiper. Il convient
et à grains orientés aussi de souligner le rôle de la CECA finançant des
1975 SOLLAC Fos CC1 recherches coopératives entre sociétés sidérurgiques euro-
1977 USINOR DK CC12 péennes.
1979 SOLLAC Florange CC1 + 2 Le tableau 5 peut donner l’impression au lecteur, par le
1983 Ugine l’Ardoise Aciers inoxydables nombre de sites fermés, d’une régression inéluctable de
l’industrie sidérurgique ; il faut cependant considérer que
1984 SOLLAC Fos CC2 nombre de ces fermetures de sites correspondent à des
1968 USINOR DK CC11 rationalisations inévitables aux bénéfices des sites les
mieux équipés ou les mieux situés, ainsi confortés. Entre
bien d’autres exemples possibles du dynamisme maintenu
de la profession sidérurgique européenne, nous avons
– le savoir-faire des constructeurs permet aussi d’envisager retenu le cas, exposé ci-après, de l’aciérie de Kehl de la
la coulée continue pour les produits de forte épaisseur Badische Stahlwerke (BSW) dont les performances tien-
(brames et blooms de plus de 350 mm d’épaisseur) ; nent beaucoup à l’exploitation exemplaire de machines de
La résolution des ultimes problèmes métallurgiques CC à billettes [12].
posés par le passage en CC : maîtrise de la qualité de Cette société livre des nuances pour ronds à béton
surface, de la propreté inclusionnaire, des ségrégations en (nuances banales s’il en est) sous forme de fil machine à
particulier sur les nuances à haut carbone, permettent des tréfileries partout en Europe, dont 10 en Allemagne
d’étendre la coulée continue à la quasi-totalité des nuances appartiennent au groupe. La BSW est issue de l’éclate-
d’aciers et des formats. Dans cette période sont acquises ment en 1983 du groupe Korf, qui avait bâti un empire en
aussi les performances de productivité qui dépendent entre Europe et aux USA sur le concept de mini-usines (four
autres de la vitesse de coulée, de la longueur des séquences, électrique de fusion et CC de billettes) produisant des
de la disponibilité machine (elle-même dépendante de la aciers courants en produits longs, modèle de production
conception modulaire des machines et de la parfaite initiée à la fin des années 1960 par les Bresciani. La
coordination entre les équipes d’exploitation et d’entre- production de l’aciérie BSW repose sur deux fours
tien). Le dialogue technique intense entre constructeurs et électriques à arc et deux coulées continues à billettes
exploitants contribuera grandement au succès du déve- (respectivement à 5 et 6 lignes). L’amélioration constante
loppement. de ces outils a permis en trente ans de porter la
Les sidérurgistes des produits plats minces se donnent production annuelle de l’usine de 850 000 à 2 320 000 t
un nouveau défi : franchir une nouvelle étape dans la et la production journalière de 3000 à près de 8000 t. Au fil
simplification des gammes de laminage en supprimant le du temps, les améliorations les plus significatives sur la
train continu à bandes (TAB producteur des coils), outil chaîne de production et ses performances ont été les
central de toute usine intégrée à produits plats minces. La suivantes :
démarche prendra deux orientations : – au niveau des fours électriques de fusion : le poids unitaire
– la coulée de brames minces d’épaisseurs 70/80 mm, puis des coulées a été porté de 60 à 105 t, la puissance
40/60 mm (alors que les brames livrées au TAB étaient apparente des transformateurs de four a été portée de 36
dans la gamme d’épaisseur 150/250 mm). Cette épaisseur à 90 MVA, et tout un environnement technique a été
réduite permet de concevoir un laminage en ligne avec la développé autour du four pour optimiser au cours de la
machine de coulée (un four d’homogénéisation et 4 ou fusion l’emploi de l’énergie fossile (charbon mis dans la
5 cages de laminage à chaud) ; charge de ferrailles et brûleurs oxy-gaz ou oxy-fuel) avec
– a coulée en bandes de quelques mm d’épaisseur des injections d’oxygène. Le temps de coulée à coulée a
permettant une mise en coils directement en sortie de été ainsi ramené à 40 mn. Ces fours électriques sont parmi
la machine de coulée. Ce sera en France, entre bien les plus performants au monde ;
d’autres équipements pilotes de par le monde, « le projet – au niveau des deux machines de coulée continue (5 lignes
Myosotis » . et 6 lignes), une grande attention a été apportée à tout ce
qui permet de maximiser les temps sous coulée :
Ces deux techniques seront traitées dans la partie IV [17]. organisation du plancher de coulée et des manutentions
À l’issue de ce rapide survol historique, il convient de des poches et des répartiteurs ; tables d’oscillation des
rendre hommage à H. Malcor (1906–1998) qui fut à lingotières rétractables de manière à pouvoir changer les
l’origine non seulement des premières rationalisations lingotières en cours de séquence ; amélioration de la
importantes de la sidérurgie française au sortir de la tenue des réfractaires… Ces améliorations ont permis
guerre, mais qui engagea résolument la profession sidé- d’atteindre un taux de séquence de 115 poches en
rurgique dans la voie de la coulée continue : le démarrage de séquence ;
la coulée continue d’Unieux en 1953, celle d’Allevard en – l’enfournement chaud au laminoir atteint 85 % ;
J. Saleil and J. Le Coze: Matériaux & Techniques 106, 503 (2018) 13
Table 5. Historique de l’équipement en CC des principaux sites sidérurgiques français. Les dates indiquées
correspondent à la mise en service de la première machine sur le site considéré ; mais une machine de coulée est un bien
durable, dont la durée de vie est de quelques dizaines d’année ; il en résulte que la plupart des machines ont subi, au cours
de leur vie, des revamping importants s’apparentant parfois à des reconstructions.
Table 5. CC equipment of the main French steel plants.
Fig. A1. Schéma de principe d’une coulée continue : (a) machine verticale et (b) machine courbe à brames [13].
Fig. A1. Principles of continuous casting machines (a) vertical, (b) curved for slabs.
a b c d e
20 m
Fig. A2. Schéma des divers types de machines de coulée [14]. Trait continu : produit solide à cœur ; trait pointillé : produit liquide à
coeur. a : machine verticale ; b : cintrage et décintrage sur coeur solide ; c : cintrage et décintrage sur coeur liquide ; d : machine courbe ;
e : coulée horizontale.
Fig. A2. Various types of continuous casting machines.
l’article que c’est l’invention de ce type de machine qui a contenant 80 t d’acier liquide dans un format bloom de
permis le considérable développement de la coulée continue 240 240 mm2 résultant de l’optimisation des gammes de
pour les produits plats minces (machines à brames). Le fait laminage en aval de la machine.
de solidifier sur un arc de cercle peut avoir des conséquences Il faut qu’en sortie machine, lorsqu’on procède à la
importantes sur la propreté du métal, dans la mesure où les découpe du produit, celui-ci soit solide dans toute sa
inclusions non métalliques qui auraient normalement section. Dans l’exemple choisi, la solidification devra donc
décanté jusqu’au ménisque dans une machine verticale avoir progressé de 120 mm, depuis la peau jusqu’au cœur
vont se trouver piégées au plafond du produit (intrados) [1]. (elle progresse sur les quatre faces). La résolution de
La réponse à ce problème a été la machine verticale-courbe l’équation aux dérivés partiels gouvernant la propagation
avec cintrage puis décintrage (développée particulièrement des isothermes dans le cas d’un plan infini (équation
par la société d’engineering Voest-Alpine), dans laquelle le dite « de la chaleur ») aboutit à la formule suivante qui est
haut de machine (dont la lingotière) reste vertical, et où on une approximation largement suffisante pour nos besoins
procède au cintrage du produit quelques mètres au-dessous d’ordre de grandeur :
de la sortie de la lingotière. Cette machine réalise en X = K t1/2,
quelque sorte la superposition d’une machine droite
verticale et d’une machine courbe, au prix d’une double X épaisseur solidifié est en mm et le temps t en min.
déformation en ligne : le cintrage puis le décintrage. Les Le coefficient K dépend du matériau coulé et des
progrès réalisés en matière de propreté inclusionnaire de politiques de refroidissement appliquées. Il est compris
l’acier liquide ont rendu moins pertinente la technologie de entre 20 et 35 pour le refroidissement global sur une machine
la lingotière droite avec cintrage puis décintrage sur la conventionnelle coulant de l’acier. Dans l’exemple que nous
ligne. Il subsiste cependant un problème sérieux résultant développons ci-après, nous choisissons un refroidissement
de l’emploi de la lingotière courbe : celui de l’impact du jet modéré bien adapté à la nature délicate des produits qui
d’acier sur le front de solidification à l’extrados du produit ; seront coulés : K = 25. Dans ces conditions le puits liquide
sa résolution a imposé un design spécifique des busettes sera fermé en un temps de 23 mn (t = 1202 /252). Si nous
d’alimentation. La figure A2 schématise les divers types de envisageons une vitesse de coulée de 0,8 m/mn (ce qui est une
machines de coulée selon leur géométrie globale. vitesse convenable pour ce type de format), la longueur du
puits liquide sera de l = 0,8 23 = 18,4 m. Si nous voulons
A.3 Éléments pour un dimensionnement rester en machine droite, nous devrons donc hisser la poche
d’acier à plus de 25 m au-dessus du sol de l’aciérie (si on tient
Nous nous proposons dans ce paragraphe de définir compte des équipements de tête de machine et de découpe en
sommairement une machine (type, format coulé, nombre sortie machine). Si nous considérons une telle hauteur
de lignes) pour alimenter de manière optimale le laminoir comme rédhibitoire, nous serons alors conduits à creuser un
aval, avec une productivité convenable et avec un temps de gouffre de Padirac dans le plancher d’aciérie, sauf à passer en
coulée qui soit compatible avec les temps opératoires du machine au moins partiellement courbe.
four électrique ou du convertisseur amont (« tap to tap »), Avec une vitesse de coulée de 0,8 m/min le débit par
et qui ne soit pas excessif pour que la chute de température ligne (au format 240 240 mm2) est :
en poche durant la coulée reste tolérable (nous admettrons 0,8 0,24 0,24 7,3 = 0,34 t/min = 20,4 t/h.
qu’un temps de coulé de l’ordre de l’heure est raisonnable et Si nous souhaitons couler dans l’heure la poche
satisfait à la double exigence que nous venons de formuler). contenant 80 t d’acier liquide, la machine devra donc
Nous prendrons l’exemple suivant : la coulée d’une poche comporter quatre lignes.
16 J. Saleil and J. Le Coze: Matériaux & Techniques 106, 503 (2018)
On désigne par longueur métallurgique d’une machine – les manipulations des répartiteurs sur le plancher de
de coulée, la distance, mesurée au long de la ligne (arc de coulée ;
cercle sur une machine courbe), entre le sommet de la – les interventions manuelles au plus près des lingotières
lingotière et le niveau de la coupe. lors du démarrage d’une séquence de coulées, au
voisinage potentiellement explosif de l’acier liquide et
de l’eau de refroidissement (lingotière, refroidissement
secondaire).
A.4 Considérations générales en matière
d’engineering des machines de coulée
References
Nous avons justifié ci-dessus, par des considérations sur la
solidification, le grand développement linéaire des machines 1. J. Saleil, J. Le Coze, La propreté inclusionnaire des aciers
de coulée et partant leur encombrement, et leur complexité ; (partie I), Matériaux & Techniques 103, 506 (2015)
elles doivent véhiculer des produits dont la densité évolue 2. M. Wolf, History of continuous casting. 75th Steel making
entre 7,0 et 7,7 (entre liquide et solide) ce qui implique des conference, Toronto, proceedings, pp. 83–137 (1992)
structures supports d’autant plus lourdes que le format coulé 3. M.M. Wolf, L’histoire de la coulée continue : Première partie,
est plus important. Ces structures doivent supporter une ou Rev. Métall. 91, 75 (1994), https://doi.org/10.1051/metal/
deux poches d’acier liquide dont le contenu peut atteindre 199491010075
quelques centaines de tonnes. Se posent donc d’évidents 4. M.M. Wolf, L’histoire de la coulée continue : Deuxième
problèmes de sécurité (y compris vis-à-vis de la sismicité), de partie, Rev. Métall. 91, 445 (1994), https://doi.org/10.1051/
manutention, d’accessibilité. Au fil du temps les engineerings metal/199491030445
ont dégagé quelques règles fondamentales de conception afin 5. M.M. Wolf, L’histoire de la coulée continue : Troisième
de satisfaire à ces exigences : partie, Rev. Métall. 91, 589 (1994), https://doi.org/10.1051/
Pour les machines les plus lourdes trois structures metal/199491040589
distinctes portées par trois volumes de béton : 6. Thermophysical properties of materials for nuclear engineer-
ing: Tutorial and collection of data, IAEA, Vienne, 2008
– le premier porte le chariot porte poche ou le pivoteur de
7. WSA (World Steel Association), World Steel in figures 2017,
poche. Cette structure doit être fortement ancrée sous le
https//www.worldsteel.org
sol de l’aciérie ; 8. J. Davené, G. Gay, J. Saleil, Le four électrique à arc – Partie I,
– le second ancre au sol les structures propres à la machine Matériaux & Techniques 101, 205 (2014)
de coulée, c’est-à-dire tout ce qui est relatif à la 9. J. Davené, G. Gay, J. Saleil, Le four électrique à arc – Partie
solidification et au supportage du produit ; II, Matériaux & Techniques 101, 301 (2014)
– le troisième supporte les éléments périphériques et d’habil- 10. J. Davené, G. Gay, J. Saleil, Le four électrique à arc – Partie
lage, sans liaisons avec les deux structures précédentes. III, Matériaux & Techniques 101, 302 (2014)
Avec des machines verticales, on est conduit à installer 11. L. Bäcker, Ph.Gosselin, Quelques aspects de la fabrication
une partie plus ou moins importante de la machine en fosse des billettes en aciers spéciaux à la coulée continue.
Congrès international sur la coulée continue, Biarritz,
et traiter correctement les problèmes d’étanchéité, de
1976, p. 180
rayonnement des produits sur les parois de la fosse,
12. M. Hamy. Des hommes, des outils de production, une volonté
d’accessibilité et de ventilation, d’évacuation des battitu- industrielle, présentation de Badische Stahlwerke – BSW
res, et d’évacuation des produits coulés avec retour de ceux- Kehl, 2017.
ci au niveau du sol de l’aciérie. 13. J.P. Birat, M. Larrecq, La coulée et la solidification ; Le livre
Nous ne saurions trop insister sur les problèmes de sécurité de l’acier, Tec & Doc Lavoisier 1994.
posés par de telles machines et très sérieusement traités par les 14. J. Choné, Coulée continue de l’acier – Aspects métallurgi-
constructeurs, puisqu’on y trouve tous les éléments mettant ques, Tech. Ing. 6, M7810 (2004)
potentiellement en péril, en cas de dysfonctionnement grave, 15. J. Saleil, J. Le Coze, La coulée continue des aciers – Partie II,
non seulement l’intégrité de l’équipement, mais encore la Matériaux & Techniques 106, 504 (2018)
sécurité des personnels travaillant sur le plancher de coulée, à 16. J. Saleil, J. Le Coze, La coulée continue des aciers – Partie III,
proximité des lignes pour : Matériaux & Techniques 106, 505 (2018)
– la manipulation de poches pleines d’acier liquide à grande 17. J. Saleil, J. Le Coze, La coulée continue des aciers – Partie IV,
hauteur ; Matériaux & Techniques 106, 506 (2018)
Citation de l’article : Jean Saleil, Jean Le Coze, La coulée continue des aciers. Un exemple de développement
technique où l’étroite coopération entre métallurgistes, constructeurs et exploitants ont été d’une grande fécondité,
Matériaux & Techniques 106, 503 (2018)