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QUAND L'INTELLIGENCE ÉLEVÉE FRAGILISE LA CONSTRUCTION

DE L'IDENTITÉ : COMMENT GRANDIT-ON QUAND ON EST


SURDOUÉ ?
Jeanne Siaud-Facchin

De Boeck Supérieur | « Développements »

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2010/3 n° 6 | pages 35 à 42
ISSN 2103-2874
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Jeanne SIAUD-FACCHIN
Quand l’intelligence Psychologue clinicienne

élevée fragilise Fondatrice et Directrice de Cogito’Z


Centre Français de Diagnostic et de Prise en Charge
la construction des Troubles des Apprentissages Scolaires
Marseille, Avignon, Paris
de l’identité :
comment grandit-on
quand on est
surdoué ?

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Résumé Summary
L’adolescence du surdoué présente des particularités High ability adolescents are intellectually
sur les plans intellectuel et psychodynamique and psychodynamically different. This is essential
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essentielles à connaître pour le conduire vers to take into consideration in order to guide them
un parcours de vie équilibré. Le présent article towards a balanced lifestyle. Communication will
a pour objectif de montrer les spécificités de cet illustrate the specificities of these particular
adolescent atypique, les points de fragilité dans adolescents, the fragile areas of their identity
sa construction identitaire, dans ses processus construction, of their identification processes,
d’identification, dans son investissement intellectuel of their intellectual and academic efforts that may lead
et scolaire qui peuvent entraîner des ruptures et des to very specific break-ups and decompensations
décompensations bien spécifiques qu’il faut apprendre that one must learn to identify and accompany.
à repérer et à accompagner. Arrivés à l’âge adulte, Once they are adults, what becomes of these gifted
que deviennent les enfants surdoués ? Qui sont ceux children ? Who are those who can transform their
qui parviennent à transformer leurs singularités singularities into a life force ? Why do certain others
en force de vie ? Pourquoi certains autres restent-ils remain on the side of the road and suffer ?
sur le bord de la route et en souffrance ? Comment How to succeed in life with this « life force » typical
réussir son projet de vie avec cette « force fragile » to this population that must urgently be taken into
caractéristique de cette population dont il devient account in today’s society ? Communication that
urgent de tenir compte dans nos sociétés is clinical and focused on the future of these gifted
d’aujourd’hui ? Nous essaierons de répondre children. An approach base on actual psychological
à ces questions à travers une approche fondée and neuroscientific proof.
sur les connaissances psychologiques
et neuroscientifiques actuelles. Keywords
• Gifted
Mots-clés • High hability
• Occupational therapy • IQ
• Technical helps • Adolescence
• Compensation • Adolescence disorder
• Systemic analysis of needs
• Accompanying

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J. SIAUD-FACCHIN

e sujet des enfants surdoués peut apparaître Une forme d’intelligence


L comme un sujet à la mode. L’effet loupe et par-
différente
fois déformant de la médiatisation peut laisser
croire qu’il s’agit d’une population « champi- Il faut, pour commencer à comprendre, intégrer
gnon », fabriquée par des parents en quête d’au- que l’enfant surdoué n’est pas un enfant sur-intel-
tosatisfaction ou par des psys fascinés par ces ligent, quantitativement plus efficient, mais un
« super-cerveaux ». enfant à l’intelligence qualitativement différente. Et
La réalité est bien différente et paradoxalement c’est cette différence qui permet de donner sens aux
toujours bien méconnue, loin de son image fan- difficultés qu’ils rencontrent. A l’école, la diffé-
tasmée. Les enfants surdoués ont un parcours rence de son mode de pensée, de ses procédures
scolaire souvent très chaotique, sont psycho- de raisonnement, de sa logique mathématique,
logiquement vulnérables, ont des repères nar- de sa structure de pensée décale cet élève de ce qui
cissiques flous, souffrent toujours d’une est attendu par l’enseignant et le pénalise lour-
conscience douloureuse du monde. Selon la dement. Le plus souvent, lui-même ne comprend
personnalité de chacun ils sauront plus ou pas pourquoi il ne réussit pas puisqu’il lui semble
moins développer des défenses et des ressour- bien comprendre le contenu, anticiper le dérou-
ces pour transformer leur particularité en atout, lement, assimiler les subtilités de l’apprentissage.
en projet de vie réussie. Mais pour certains, au Mais il le fait selon d’autres modalités sans en
développement marqué par des difficultés affec- avoir clairement conscience. En tout cas pendant
tives multiples, les troubles psychologiques se une bonne partie de son cursus scolaire. On sait
manifesteront sous des formes plus ou moins en effet que nous avons tous l’illusion que l’autre
sévères. Pour ceux-là, les décompensations psy- pense comme nous et que se représenter une

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chologiques à l’adolescence sont fréquentes forme de pensée différente de la sienne ou de celle
avec des tableaux cliniques atypiques et des consensuellement admise est une entreprise sou-
prises en charge difficiles. vent bien difficile pour l’esprit humain.
Les difficultés seront plus ou moins marquées
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selon que l’enfant a été ou non dépisté, et selon


l’âge auquel a été posé le diagnostic. Lorsque l’en-
fant grandit sans savoir qui il est vraiment les ris- Du cognitif à l’affectif :
ques de troubles psychologiques deviennent comprendre le cerveau
réellement menaçants. du surdoué
Les recherches les plus récentes insistent sur l’hy-
La question diagnostique peractivation cérébrale : les réseaux de neurones
sont activés de façon continue et les phases de
Dans la tradition psychométrique, il est habituel repos sont moins fréquentes et conservent un
de considérer que l’on peut parler de surdoué à niveau d’activation a minima. Pour le surdoué
partir d’un score de 130 sur les échelles d’intel- cela se traduit par cette sensation constante d’en
ligence de type Wechsler. Le score de 130 se avoir « plein la tête ». La vitesse de transmission
situe à 2 écarts-types de la moyenne 100 et cor- accentue la sensation : électriquement les informa-
respond à environ 2.1 % de la population. tions sont transmises plus rapidement et vont être
Cependant, en symétrie de la déficience intel- distribuées dans le cerveau sur un mode multi-
lectuelle, le surdon intellectuel ne peut, lui non spatial. Or, on sait que certaines zones cérébrales
plus, se contenter d’une évaluation quantita- ont été repérées comme responsables d’un type
tive en terme de ressources intellectuelles, mais de fonction. Si, par exemple, une information ver-
doit être considéré comme une entité nosogra- bale doit être comprise, la zone dite du langage,
phique distincte dont les critères diagnostics sera affectée à cette tâche. Il s’agit, bien sûr, d’une
doivent être correctement repérés. Nous ver- explication bien réductrice. Cependant, le trai-
rons qu’il s’agit moins d’intelligence « en plus » tement des informations dans le cerveau du sur-
que de spécificités cognitives et de particula- doué montre cette différence : toutes les aires
rités dans l’organisation affective de la person- cérébrales prennent en charge l’information, quelle
nalité. Le QI n’est pas un diagnostic mais un qu’en soit la nature. Ce qui génère une vision
indice qui oriente le diagnostic. Seul un fais- holistique de toute information mais qui brouille
ceau de signes et une exploration attentive des par ailleurs la possibilité de focaliser l’attention sur
procédures intellectuelles, cognitives et psy- l’information pertinente. Cette difficulté va se tra-
chodynamiques permettront de confirmer le duire par une pensée en arborescence, qui rend dif-
diagnostic. ficile le déroulement séquentiel de la pensée.

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Quand l’intelligence élevée fragilise la construction de l’identité : comment grandit-on quand on est surdoué ?

L’hypothèse d’une plus grande implication de l’hé- être heureux pour quoi faire ? Les grandes cau-
misphère droit dans les processus cognitifs des ses humanitaires, écologiques, ou même les condi-
surdoués a fait l’objet de nombreuses validations tions de vie quotidienne de personnes plus proches
scientifiques. représentent pour cet enfant un sujet permanent
La transcription de la pensée en mots est rendue de préoccupations. Il lui devient vite impossible
plus difficile, la structuration verbale est fragilisée, d’accepter un bonheur égoïste et, devant son
les images deviennent dominantes. impuissance à changer le monde, il en vient à res-
L’activation privilégiée des compétences du cerveau sentir la vacuité de sa propre vie. S’il s’agit de vivre
droit renforce l’intelligence intuitive, fulgurante du dans un monde aussi injuste avec si peu de pos-
surdoué, souvent bien en difficulté pour explici- sibilités de le voir réellement évoluer, pourquoi
ter les étapes de sa pensée. Il n’a pas, lui-même, de vivre ? et ai-je le droit d’être heureux ? Dans l’en-
visibilité sur ses propres mécanismes de résolution fance, les illusions de toute-puissance, l’espoir
de problème ou de réflexion, il ne peut pas, il ne d’être celui qui parviendra à combattre ces iné-
sait pas les justifier. Mécanismes à l’origine de galités humaines sont souvent très actives. Les
bien des incompréhensions réciproques. Dans la moyens de changer le monde occupent une grande
réalité cognitive, les réseaux de neurones se sont part de la pensée effervescente de l’enfant. Il écha-
activés à grande vitesse à l’insu de la conscience, faude des plans, des programmes, des idées nou-
ce qui ne permet pas ni d’en repérer le tracé, ni de velles qu’il pense pouvoir un jour réaliser. « Quand
les contrôler. La puissance de pensée crée une je serai grand » confie Jean-Felix, 8 ans, « j’in-
impuissance métacognitive : le surdoué ne sais venterai un remède contre le sida ». Et parce qu’il
pas pourquoi et comment il sait (ou ne sait pas a lu ou entendu que la sauge avait certaines ver-
d’ailleurs !). Enfin, il a été montré un déficit de tus, il prépare dans sa tête une composition de

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l’inhibition latente : le surdoué capte toutes les plantes « miracles ». Et de sa capacité à sauver
informations au même niveau d’importance, sans les malades du sida, il en est convaincu comme
hiérarchisation. La sélection « automatique » de tout enfant encore soumis au fantasme d’omnipo-
l’information pertinente ne s’active pas. Face au flot tence. Sauf que ses préoccupations le dépassent
des données perçues, le cerveau peine à centrer et bien souvent. Préoccupations bien différentes de
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soutenir son attention. celles des enfants de même âge qui pour la plupart
ignorent les ravages de cette maladie qui les
Sur un plan émotionnel, la réactivité émotion- connaissent mais ne se sentent pas concernés. Et
nelle, liée à une vulnérabilité particulière de l’amyg- comment ne pas rapprocher cette conscience col-
dale, fragilise la personnalité. Avec l’émotion au lective bien particulière de la trop fréquente indif-
bord des lèvres, constamment, le surdoué réagit férence des adultes eux-mêmes trop soucieux de
avec une intensité exacerbée à la moindre vibra- leur propre bien-être et dont les sujets d’inquiétu-
tion émotionnelle de l’environnement. des réels dépassent rarement un cadre affectif res-
L’hyperesthésie (capacité développée de l’ensem- treint. Mais l’enfant surdoué, lui, ne peut oublier,
ble de cinq sens) renforce cette hypersensibilité il ne peut faire abstraction de ce type de préoccu-
affective : toute perception est amplifiée, grossie, pations. Et même s’il vit, aux yeux des autres,
démultipliée. Le surdoué voit ce que les autres comme un enfant banal, une source d’inquiétude
ne voient pas, entend ce que les autres ne perçoi- reste active au fond de lui et des projets s’élaborent
vent pas, ressent fortement et parfois violemment en secret au fond de sa pensée.
ce qui échappe à la plupart d’entre nous. La grande Ne jamais pouvoir s’arrêter de penser est une
susceptibilité, retrouvée dans tous les profils de sur- plainte récurrente dans la population d’enfants
doués, est une des conséquences de ce processus surdoués. Elle se traduit par des suppliques, tou-
neuropsychologique de sensibilité émotionnelle jours les mêmes : « aidez-moi à stopper ma pen-
exacerbée et mal contrôlée. Les débordements sée, enlevez-moi un bout de cerveau, donnez-moi
émotionnels, parfois violents, en sont la pleine les moyens d’une pause, d’un répit ». Une adoles-
expression. cente de 14 ans consulte car, la veille, elle s’est
violemment tapé la tête, et ce à plusieurs reprises,
contre les murs de la salle de bain : « je n’en pou-
Une conscience collective vais plus de penser », avoue-t-elle, confuse, car
très forte consciente de l’inutilité et de la naïveté dange-
reuse de son acte.
De plus, l’enfant surdoué, très jeune, manifeste une A l’adolescence en effet, tout devient plus vio-
conscience collective très forte. Il lui est difficile de lent, plus extrême. Et la confrontation à la réa-
s’abstraire du contexte collectif. Comment être heu- lité devient insupportable. Les rêves d’enfant
reux dans ce monde aux injustices criantes ? Et s’effondrent. Le deuil de sa toute-puissance est

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incontournable. L’absurdité de ses illusions infan- au monde ». Bébé, le regard est scrutateur. Déjà cet
tiles agresse la pensée. L’idéal auquel on croyait enfant pose sur son entourage un questionne-
doit être révisé. L’adolescent surdoué ne peut s’y ment muet mais vite perçu comme un comporte-
résoudre. Il ne parvient pas à accepter les limites du ment différent qui vient déstabiliser la relation
monde qui l’entourent. Celui dont les bases narcis- affective. La Mère (au sens psychologique de la per-
siques sont trop fragiles et qui n’a pas pu, qui n’a pas sonne qui prend soin du bébé), peut alors avoir du
su, qui n’a pas suffisamment été accompagné dans mal à comprendre les attentes et les besoins de
son développement affectif, dont les ressources son enfant et à s’y ajuster. Il peut en résulter le sen-
psychologiques sont affaiblies, la pathologie sur- timent d’être une « mauvaise mère » et une spirale
vient, souvent violente et destructrice. La dépres- de déception réciproque peut se mettre en place :
sion avec idées suicidaires ou même passages à l’enfant se sent mal compris, mal aimé et la mère
l’acte est la décompensation centrale de l’adolescent est frustrée par cet enfant qui lui renvoie une
surdoué en péril psychologique. image négative d’elle-même, loin du bébé fan-
tasmé qui la comblerait d’amour et de gratification.
L’enfant cherche des repères affectifs et ceux qu’il
L’autre face de la quête de sens, trouve correspondent mal à ses attentes : c’est le
premier obstacle dans la construction du Soi du
la quête affective petit surdoué.
Puis vient rapidement, précocement, le temps où
Un enfant surdoué est d’abord et avant tout un
l’enfant pose verbalement ses questions sur le
être affectif. Chez le surdoué, l’ingérence affec-
fonctionnement de ce qui l’entoure. Et ses ques-
tive est constante. Tout est imprégné d’affect,
tions sont incessantes et ne se satisfont jamais
d’émotions, de sensibilité. L’enfant surdoué est

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des explications habituelles; il n’est jamais abreuvé.
d’une réactivité émotionnelle excessive. La moin-
Il veut comprendre, encore, encore plus loin.
dre remarque, aussi anodine soit-elle, le blesse,
Ceux qui l’entourent s’épuisent, même les plus
le touche ou même le bouleverse. Les bouffées
proches, et les premières agressions directes ou
d’émotions sont envahissantes et permanentes.
indirectes s’expriment : « Arrête avec tes ques-
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L’enfant cherche à s’en protéger pour ne pas être


tions ! C’est comme ça parce que c’est comme ça !
emporté par des émotions qui souvent le submer-
Laisse-moi deux minutes de tranquillité ! » Et
gent. Pour s’en protéger, il met en place ce que
l’enfant surdoué vit mal cette hostilité face à une
j’appelle la « défense par la cognition » c’est-à-dire
curiosité qu’il perçoit comme naturelle et légi-
qu’il va passer par le filtre de l’intellectuel, de la
time. Il ne sait pas que les autres n’ont pas les
logique, du rationnel, toute émergence émotion-
mêmes centres d’intérêt. Petits ou grands d’ail-
nelle. Il décharge toute émotion pour la neutrali-
leurs ! La frustration est immense mais surtout
ser, pour la maîtriser et la contrôler. Mais ce
l’incompréhension et les premiers sentiments d’in-
mécanisme, malgré son efficacité de mise à distance
justice. L’enfant ressent un rejet de ce qui est
de la charge affective, est coûteux car l’enfant doit
important, vital pour lui : comprendre. Son iden-
y consacrer une énergie importante. Il doit toujours
tité propre est attaquée. Il peut dès lors se refer-
être sur ses gardes. La menace émotionnelle est per-
mer et développer un monde interne qu’il construit
manente et cet état d’hypervigilance crée une ten-
à son image, pour le protéger de l’extérieur. Mais
sion psychique considérable qui vulnérabilise
un monde qui le coupe des autres et du monde et
considérablement l’enfant. L’identité profonde est
qui l’enferme en lui-même.
menacée car la défense par la cognition coupe le
L’entrée à l’école est le grand révélateur de sa dif-
Moi de sa véritable identité. A force de ne plus
férence. L’enfant surdoué va vite y devenir le
rien vouloir ressentir l’enfant ne sait plus bien
« vilain petit canard », rejeté et maltraité par ses
qui il est. Pourtant, la force gronde toujours et
camarades. Mais aussi par les enseignants qui ne
l’idéal de vie de l’enfant surdoué est là encore un
peuvent donner du sens à ses modalités de pen-
idéal d’amour, pour lui mais aussi pour les autres.
sée et d’apprentissage qu’ils considèrent trop vite
Et là encore les désillusions seront douloureuses
comme des difficultés d’apprentissage ; représen-
et jamais totalement acceptées.
tation malheureusement souvent confirmée par
des difficultés scolaires réelles. L’enfant devra aban-
donner son mode de pensée, inhiber son fonc-
La difficile construction tionnement intellectuel personnel, pour tenter
de l’identité d’être conforme à ce que l’on attend de lui. Pour cet
enfant l’inhibition est une stratégie d’adaptation.
Le parcours identitaire de l’enfant surdoué est Souvent il se convaincra qu’il est stupide puis-
d’emblée marqué par sa façon singulière « d’être que ses efforts ne semblent pas récompensés par

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Quand l’intelligence élevée fragilise la construction de l’identité : comment grandit-on quand on est surdoué ?

la réussite tant attendue. Une image très négative L’intelligence excessive est un double mal : elle
de lui-même se développe et peut progressive- fait souffrir et personne ne songe à plaindre celui
ment l’envahir. qui en souffre. Au contraire, elle peut susciter
La relation aux autres enfants va implicitement jalousie et agressivité et amplifier ainsi la souf-
confirmer ce « sentiment d’étrangeté ». france. On ne dira jamais de quelqu’un : « il est
L’identification aux pairs est difficile car l’enfant sympa mais le pauvre il est trop intelligent ». Et
surdoué n’arrive pas à trouver autour de lui un pourtant… comme l’écrit Malraux dans La
effet miroir. C’est-à-dire cette possibilité de se Condition humaine : « L’homme souffre parce qu’il
sentir pareil pour pouvoir assumer sa propre per- pense » et Maurice Blanchot lui aussi le souligne
sonnalité. Cet enfant ne partage pas avec les autres dans Le Livre à venir : « Etranges rapports. Est-ce
les mêmes domaines d’intérêt et les siens n’inté- que l’extrême pensée et l’extrême souffrance ouvri-
ressent personne. Souvent seul, il est fréquem- raient le même horizon ? Est-ce que souffrir serait,
ment agressé verbalement ou même physiquement finalement, penser ? » ([cité dans Zarifian, E.
par les enfants qui acceptent mal la différence, (2000). La force de guérir. Paris : Odile Jacob].
toutes les différences. Et l’enfant surdoué ne com-
prend pas le rejet dont il est l’objet, il souffre ter- Et quand la pathologie survient être surdoué
riblement de ce sentiment d’exclusion qu’il ne donne une coloration spécifique au tableau cli-
peut finalement s’attribuer qu’à lui-même : je suis nique qu’il faut connaître pour éviter les erreurs
nul, je ne vaux rien, personne ne peut m’aimer… diagnostiques. Les dérives diagnostiques sont
A l’adolescence, cette difficulté d’être intégré trop fréquentes. Elles résultent de la conjonc-
au groupe de pairs met sérieusement en péril le tion de plusieurs facteurs : la méconnaissance
processus identitaire, central à cette période de des caractéristiques psychologiques de l’enfant

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la vie. surdoué, l’absence de formation dans le milieu
Les adolescents surdoués racontent que même médical et paramédical, les résistances idéologi-
lorsqu’ils tentent de s’intégrer aux autres, même ques – pourquoi aider et comprendre ceux qui ont
avec les autres, ils se sentent terriblement seuls. plus ? –, le caractère souvent atypique du tableau
Certains rapportent qu’ils se sentent « fous », tel- clinique.
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lement la perception de leur différence et l’image Et cela peut aller jusqu’au déni de l’identité de ces
que les autres leur renvoient les décalent de leur enfants et de ces adolescents, de leurs spécifici-
environnement. tés, mais surtout de leur vécu et de leur souf-
france. Il ne faut jamais oublier que tout
Dans le cadre familial, les processus d’identifica- diagnostic est émis par un soignant en regard
tion sont également soumis à rude épreuve. Tout d’une norme et de sa propre capacité à accepter,
enfant, à un certain moment de son développe- à tolérer, des écarts par rapport à cette norme.
ment, a besoin de se représenter ses parents comme L’enfant surdoué est par définition, hors normes.
tout-puissants et de les idéaliser. Il a un fonctionnement, une pensée, une affecti-
L’enfant surdoué perçoit trop tôt, trop vite les vité qui déroutent, qui dérangent. En l’absence
limites voire les failles de ses parents qui ne peu- d’une possibilité de comprendre ce qui fonde ce
vent plus assurer leur rôle rassurant et protecteur décalage, un enfant ou un adolescent surdoué
et servir de modèle. Le jeu des identifications est qui présente des manifestations ou des symptô-
sérieusement perturbé et la construction identi- mes de souffrance psychologique peut être rapi-
taire va se faire sur des repères personnels. L’enfant dement entraîné vers des pathologies qui ne le
va chercher en lui-même les repères et les res- concernent pas. Il a été en particulier montré
sources nécessaires pour grandir. En quelque sorte que les surdoués montrent dans le test de person-
il se fait tout seul. Ce mécanisme conduit à des nalité de Rorschach, des caractéristiques dans
constructions identitaires atypiques et génère de les réponses qui s’apparentent à celles produites
nombreuses angoisses ou manifestations d’anxiété par les patients schizophrènes. La raison tient à
chronique. ce qu’un surdoué produit un grand nombre de
réponses divergentes, différentes de celles atten-
dues. Et ce non pas en raison d’une pathologie
Du normal au pathologique mais parce que la pensée du surdoué est juste-
ment caractérisée par une pensée en arbores-
Etre surdoué n’est pas une pathologie en soi ! Mais cence qui se démultiplie sur plusieurs axes
être surdoué est générateur d’angoisses, de dou- simultanément et qui quitte rapidement les for-
tes, d’incertitudes, crée une fragilité dans la mes plus consensuelles de la pensée et les idées
construction de l’identité qui vulnérabilise consi- courantes. Pourtant, en psychiatrie de l’adoles-
dérablement la structure psychologique. cent les confusions diagnostiques entre mode

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J. SIAUD-FACCHIN

de pensée singulier et mode de pensée patholo- l’accès aux émotions. En consultation, l’adolescent,
gique créent des confusions dramatiques pour inlassablement, répond Je ne sais pas aux ques-
l’avenir psychologique du surdoué qui en est tions qu’on lui pose. Il ne veut pas, il ne peut pas,
l’objet. s’autoriser à activer cette pensée au risque d’être
de nouveau submergé par une souffrance insup-
En témoigne, parmi tant d’autres, l’histoire de portable. Ne plus penser c’est tenter d’oublier les
Jean Rémi (15 ans), déscolarisé à la suite d’une questions sans réponses, questions sur soi, sur
phobie scolaire incoercible et incompréhen- les autres, sur le monde, sur le sens de la vie… et
sible chez un élève jusqu’alors particulière- de la mort. On comprend combien la résistance
ment brillant. Jean Rémi arrive en consultation thérapeutique est difficile à assouplir et la prise en
de psychiatrie de l’adolescent pour des bouf- charge délicate.
fées d’angoisse invalidantes. La particularité
de la pensée de Jean Rémi, qui va exprimer sa
souffrance sous une forme inhabituelle, Inhibition intellectuelle et phobie scolaire
empreinte d’une sensibilité douloureuse et
d’une lucidité inquiétante, conduit à un diag- Pour l’adolescent surdoué l’inhibition est une stra-
nostic de « psychose de l’enfance décompen- tégie d’intégration. Saborder son propre fonction-
sant à l’adolescence ». L’incompréhension dont nement c’est tenter d’être identique aux autres
il est la victime va engendrer une spirale invrai- mais aussi d’arrêter de souffrir. Dans les années 70
semblable, non seulement parce que plus il le psychiatre Gauvrit parlait d’anorexie intellec-
parle plus le diagnostic se durcit, mais aussi tuelle : surtout ne plus se nourrir de pensées et
parce que les soins proposés ne correspondent dénier toute forme d’intelligence. On revient ici à
la notion de deuil d’une part de soi-même : mon

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jamais à ce dont il a besoin. Jean Rémi verra 27
psys en trois ans, sera hospitalisé deux fois en intelligence ne sert à rien, voire elle est dange-
psychiatrie, dont un service fermé, recevra reuse pour mon intégration et pour ma vie psychi-
plusieurs traitements successifs et souvent que. Seule issue, la saborder.
contradictoires ! Trois ans après le gâchis est Il s’agit réellement d’une attaque de soi, d’un
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total : il a maintenant un retard scolaire impor- retournement agressif contre soi-même.


tant, sa souffrance est intacte et, plus grave, il Et il n’est pas rare que ce processus, poussé à l’ex-
a perdu toute confiance dans la possibilité de trême, parvienne effectivement à attaquer le poten-
sortir de cette impasse et d’être aidé par des tiel intellectuel. L’inhibition intellectuelle permet
adultes compétents ou même tout simplement également à l’adolescent de revêtir un masque de
qui le comprennent. Jean Rémi est profondément pseudo-débilité qui l’aide à passer inaperçu.
désabusé et s’enferme chez lui. Il a perdu toute
dynamique et toute perspective personnelle. La phobie scolaire est la forme la plus sévère du
Les symptômes s’aggravent. Le hasard de la ren- trouble anxieux. Elle est malheureusement signi-
contre d’un dernier psy, ouvrira une brèche ficativement fréquente dans la population des
dans ce désastre : Jean-Rémi est surdoué, un adolescents surdoués. C’est une des pathologies les
début de sens peut être reconstruit. Mais le che- plus difficiles à traiter, et ce traitement est encore
minement sera long et les marques de ces trois plus complexe face à l’adolescent surdoué dont les
années d’errance diagnostique sont profondes. mécanismes d’intellectualisation et la logique
rigide seront bien difficiles à atténuer. Retourner
à l’école, pour quoi faire ? Pour quel avenir ? Pour
Une dépression de l’adolescence atypique quelle vie d’adulte ? Ces adolescents se sentent
dans une impasse insupportable et toute perspec-
A côté de symptômes classiquement associés à tive d’issue est constamment remise en question.
un épisode dépressif, la dépression du surdoué Aucune réponse n’est satisfaisante, aucune piste
peut être qualifiée de dépression sur du vide. ne comporte de certitudes, aucune hypothèse ne
L’objectif : surtout ne plus penser. Surtout ne plus prend un sens acceptable.
activer cette infernale machine à penser qui consti-
tue justement la racine de la souffrance. Ce vide
dépressif est un mécanisme de défense contre les Les rouages
pensées. Il n’est pas un vide structurel comme on d’une prise en charge adaptée
le rencontre dans d’autres tableaux cliniques. Pour
l’adolescent surdoué, penser est un équivalent Commençons par une lapalissade : pour prendre
symbolique de danger, de danger de mort. La efficacement en charge un surdoué encore faut-il
défense par la cognition verrouille de son côté savoir qu’il est surdoué ! L’échec thérapeutique

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Quand l’intelligence élevée fragilise la construction de l’identité : comment grandit-on quand on est surdoué ?

est symétriquement assuré lorsque le diagnostic indispensable à la redynamisation psychologi-


de surdoué n’est pas posé ou pire est dénié, consi- que globale, à la restauration narcissique. La prise
déré comme une donnée sans importance : il est en charge de la part cognitive du Soi suppose la
intelligent, et alors ? capacité d’intégrer une médiation cognitive dans
la relation thérapeutique. C’est un levier théra-
L’histoire de Julie l’illustre. Julie (16 ans) est peutique incontournable.
hospitalisée en unité de soins de l’adolescent Le thérapeute doit également être averti de la
suite à une tentative de suicide particulière- remarquable capacité de manipulation du jeune
ment spectaculaire. On apprend à la faveur de surdoué. C’est d’abord lui qui teste le psy, qui éva-
cette hospitalisation que d’autres passages à lue ses capacités à le comprendre et à l’aider. Il
l’acte suicidaires ont jalonné son développe- ne s’agit pas d’une opposition ou d’un rapport de
ment. Des tests précédemment pratiqués indi- force stérile mais de son incoercible besoin d’ana-
quent un QI homogène de 142 et qu’il s’agit lyse et de compréhension des personnes qui l’en-
d’une adolescente surdouée à la vulnérabilité tourent et de son talent pour y parvenir. Dans
narcissique incontestable. Cette dimension ne certains cas, pour faire plaisir à ses parents ou, à
sera jamais prise en compte dans la prise en l’adolescence, pour éprouver une secrète jubilation
charge psychiatrique de Julie qui sera considé- intellectuelle, le surdoué s’adaptera au style de
rée comme une adolescente dépressive clas- son psy, à ce qu’il a compris qu’il attendait de lui.
sique. En cours d’hospitalisation les symptômes Souvent il anticipe ses questions, ses interpréta-
de Julie vont fréquemment évoluer et le diag- tions, et le psy pris au piège sera conforté dans un
nostic avec. L’équipe est rapidement en diffi- illusoire sentiment de compétence. Mais au final
culté avec cette adolescente qui les met en ce sont souvent des mois ou même des années de

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échec. Les traitements antidépresseurs n’amé- prise en charge inutiles qui laissent l’enfant ou
liorent pas son état et Julie s’enferme dans un l’adolescent surdoué aux prises avec ses difficul-
silence insupportable pour les soignants. Elle tés, inextricables. Car ce dont justement il a besoin
refuse de parler, de répondre aux questions, c’est qu’on le comprenne sincèrement et qu’on
d’être active dans son processus de guérison. l’aide efficacement. Il est avide d’aide mais désabusé
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Le matin elle refuse de se lever « je sens une de ne pas en trouver.


chape de plomb au-dessus de ma tête » ou « à
quoi ça sert ici personne ne me comprend ».
Julie déclenche à l’hôpital une forte agressi- Conclusion
vité de l’équipe. Julie va de plus en plus mal.
Survient alors un grave épisode anorexique Tous les enfants surdoués ne développent pas de
où une hospitalisation en service d’endocri- pathologie. Un grand nombre d’entre eux sont
nologie est inévitable. Julie est sous perfusion heureux, bien dans leur vie, dans leur tête et dans
en continu. Nouvelle hospitalisation en psy- leur peau. Mais en l’absence, sur un plan interna-
chiatrie de l’adolescent. Cette fois-ci, le diag- tional, d’une étude épidémiologique sur cette
nostic diffère : anorexie mentale. Nouvel échec population, nous connaissons mieux la population
thérapeutique. D’autres épisodes suivront et consultante. Le biais de recrutement est réel même
aujourd’hui Julie reste une adolescente en souf- si aujourd’hui de plus en plus de parents, grâce en
france qui n’a pu être correctement aidée et particulier au travail des associations, font prati-
accompagnée. quer des tests préventivement. Et, bien que la
dérive inverse existe, c’est-à-dire des parents en
Prendre en compte les spécificités de fonction- quête d’un diagnostic mythique, il est incontesta-
nement intellectuel et affectif de l’enfant et de ble que le dépistage précoce est une prévention
l’adolescent surdoué comme le nécessaire amé- nécessaire. Le risque pathologique est corrélé à
nagement des tableaux cliniques habituels est l’age du diagnostic : plus le diagnostic est posé
indissociable d’un aménagement thérapeutique. jeune, plus la probabilité de décompensation
En particulier, la part cognitive du Soi doit être pathologique est faible et plus il sera possible
intégrée dans la thérapie. Elle consiste à permet- d’accompagner efficacement l’enfant dans son
tre au patient de réapprivoiser progressivement développement intellectuel comme affectif.
sa pensée en l’accompagnant doucement et Le constat clinique des troubles psychologiques
patiemment dans ce cheminement délicat. Il faut sévères dans lesquels les enfants et adolescents
intégrer d’emblée que le risque de pensée est la surdoués peuvent être précipités ne peut laisser
barrière qui sera la plus difficile à franchir indifférent. Il importe d’en prendre pleinement la
puisqu’elle est synonyme, superposée, à la patho- mesure. Les spécificités de fonctionnement du
logie elle-même. Cette réanimation cognitive est surdoué dans ses modalités affectives et cognitives

Développements / septembre 2010 41


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J. SIAUD-FACCHIN

sont des composantes indispensables à intégrer à ni au niveau de l’Education nationale, négliger


la clinique psychologique. L’enfant surdoué est, par cette population sous des prétextes idéologique-
constitution, fragile et vulnérable. Incapable d’in- ment et politiquement corrects, prétextes qui
souciance, d’indifférence, décalé à l’école et parmi maintiennent le surdoué dans une représenta-
les autres, il connaît très jeune l’inquiétude et tion erronée et dangereuse. La formation est
l’anxiété. La construction de son identité est mar- urgente car le nombre d’enfants et d’adolescents
quée par sa différence. Enfant surdoué, enfant en surdoués en grande souffrance psychologique
danger, pourrait-on presque dire. est inadmissible. On peut prévenir une bonne
Il s’agit d’un problème de santé publique dont le partie de ces troubles. L’intelligence ne doit plus
pourcentage (un peu plus de 2 % de la popula- faire peur à ceux qui l’observent. La différence
tion) correspond à celui de toute population à doit être tolérée quels que soient la nature ou le
risque. On ne peut plus, ni sur un plan médical sens de cette différence.

Références
L'enfant surdoué, l’aider à grandir, l’aider à réussir, Odile Jacob, 2008
Trop intelligent pour être heureux ? L’adulte surdoué, Odile Jacob, 2008.

Cet ouvrage, produit d’une réalisation commune, a pour objet de donner au


Autisme
N

lecteur une synthèse de différentes pratiques d’intervention proposées


O
U

aujourd’hui pour aider les personnes autistes tout au long de leur vie.
VE

et pratique

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Présenter plusieurs pratiques d’intervention nécessitait de faire des choix
AU

parmi les multiples accompagnements possibles. Ce choix s’est opéré en


d’intervention considérant les interventions pour lesquelles il existe un certain recul,


étayées par des données ou des rapports, et qui peuvent être pratiquées
de façon complémentaire, selon les besoins de la personne et à différents
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Sous la direction de âges de sa vie. Cet ouvrage présente les interventions précoces pour les
jeunes enfants avec autisme ; la thérapie d’échange et de développement
C.TARDIF
29 € ; les pratiques et stratégies psycho-éducatives ; les aides et aménage-
ments possibles face aux particularités sensorielles ; le travail sur la gestion
Un livre de 334 pages. des émotions et des compétences sociales ; les aides à la communication
Format 14,5 x 22, broché. pour les personnes avec et sans langage ; les programmes d’aide à la
2010 - ISBN 978-2-35327-102-3 sexualité ; l’emploi accompagné ou job coaching, pour les adultes. Chaque
chapitre aborde les fondements, concepts, méthodes et outils propres aux
L ’autisme et les troubles du spectre de l’autisme constituent en 2010 une pratiques exposées, en les illustrant avec des exemples concrets.
préoccupation sociétale et un problème de santé publique puisqu’une per- Il s’adresse à un public souhaitant connaître les pratiques d’aide et d’ac-
sonne sur 165 est concernée. Or, bien que des avancées significatives compagnement utiles pour les personnes avec autisme et peut donc
aient pu être réalisées dans la compréhension de ces désordres, la intéresser professionnels, familles et étudiants. Il a été réalisé grâce à la
question cruciale de l’accompagnement des personnes, de leurs famil- contribution de plusieurs auteurs, spécialistes des troubles du spectre de
les, et du choix des pratiques d’intervention, en fonction de chaque situa- l’autisme, en France, en Belgique et au Canada, et tous impliqués au plan
tion, reste compliquée. de la recherche et de la pratique.
Sommaire
INTRODUCTION - CHAPITRE 1: Les interventions précoces pour les enfants avec autisme - Introduction - Les programmes d’intervention précoce - Les
résultats de ces programmes - Facteurs influençant l’évolution de l’enfant - Evolution des enfants ayant bénéficié d’interventions précoces - Interventions pré-
coces : processus en jeu et enjeux - Conclusion - Références bibliographiques - CHAPITRE 2 : Autisme: la thérapie d’échange et de développement - Fondements
et principes de la Thérapie d’Echange et de développement (TED) - Contexte et principes de la TED - La conduite d’une séance : rééducation des fonctions
- Trajectoires développementales de cinq enfants autistes suivis en TED - Illustration clinique : la thérapie de Sylvain - Conclusion - Références bibliographi-
ques - CHAPITRE 3 : L’intervention psycho-éducative : des pratiques pour favoriser le développement des personnes avec autisme - Introduction -
Le contexte historique et international des interventions psycho-éducatives - Les stratégies psycho-éducatives aujourd’hui - Les pratiques psycho-éducatives
en équipe dans la perspective d’individualisation - Conclusion - Références bibliographiques - CHAPITRE 4 : Les particularités sensorielles des person-
nes autistes et leur incidence sur la vie quotidienne : des connaissances aux interventions - Introduction - Importance du développement perceptif - Les
particularités sensorielles dans l’autisme - Des faits aux modèles - Evaluer les sensorialités : utilité du profil sensoriel - Les stratégies d’intervention et d’aide
face aux problèmes sensoriels - Conclusion - Références bibliographiques - CHAPITRE 5 : Le défi des interactions sociales dans l’autisme : intervenir
sur les émotions et les compétences sociales - Introduction - Rendre l’abstrait plus concret : le style d’apprentissage visuel chez la personne autiste -
Compréhension et gestion des émotions - Les habiletés sociales - Conclusion - Références bibliographiques - CHAPITRE 6 : Les aides à la communication
pour les personnes avec autisme - Introduction - L’enfant autiste sans langage et ses particularités de fonctionnement - Evaluation des capacités de com-
munication - Prise en charge de l’enfant autiste sans langage - Communication augmentée ou communication alternative - Prise en charge de l’enfant autiste
avec langage - Conclusion - Références bibliographiques - CHAPITRE 7 : Les programmes d’aide à la sexualité pour les personnes autistes - Introduction
- Le développement sexuel - Le répertoire sexuel - Le profil sexuel - Les comportements problématiques - L’histoire sexuelle - Les relations interpersonnelle
- L’éducation sexuelle - Conclusion - Références bibliographiques - CHAPITRE 8 : L’emploi accompagné en milieu ordinaire pour les personnes avec autisme:
le job coaching - Introduction - L’emploi en milieu ordinaire : comment l’autisme perturbe l’adaptation professionnelle - Stratégies pour résoudre
les problèmes liés à l’autisme - Le recours à un professionnel spécialisé de l’emploi accompagné : le « job coach »Les outils de l’accompagnement
professionnel - Conclusion - Références bibliographiques - CONCLUSION

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