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Aristide Briand

Plan d’après celui de C. Bellon , Penser et Construire l’Europe, Ellipses,


2007.

Né à Nantes en 1862. Homme clef de l’entre-deux guerres : 11 fois


président du Conseil et 25 fois ministre…. Prix Nobel de la Paix
avec Stresemann en 1926 (rapprochement avec l’Allemagne). 7 ans
en continu au Quai d’Orsay de 1925 à 1932 : surnommé à l’époque
le « pèlerin de la paix ». Républicain classé au centre même s’il
défend des idées socialistes, très souple, et brillant orateur il est donc
très à l’aise dans les milieux de la IIIe Rep. Souci de convaincre la
majorité, su constamment s’adapter. Au départ il participe en 1919
au Bloc national, très intransigeant sur les réparations allemandes en
1919 puis en 1921 assouplit sa position et désormais milite pour la
paix en Europe.

I. Le pacificateur devenu un chef de guerre.


a) Fondement de sa carrière politique : socialisme et laïcité.

Démarre sa carrière favorable à la grève générale et au syndicalisme révolutionnaire. Avocat et journaliste


(dans l’Humanité notamment), proche de Jaurès, il est finalement élu député en 1902 donc assez tard
finalement (il a déjà la quarantaine) après plusieurs échecs. Il est socialiste indépendant et fait sa carrière
sans jamais adhérer à la SFIO.

Il joue un rôle clef dans la préparation de la loi de séparation de l’Église et de l’État (1905) mais ministre
des Cultes entre 1906 et 1911, il contribue à apaiser les tensions entre les deux institutions.

b) Président du Conseil qui veut apaiser les tensions du monde du travail.

De 1909 à 1911 puis en 1913 président du Conseil. Fait évoluer les institutions : institue la
proportionnelle, les groupes parlementaires. Au pouvoir lors de graves mouvements sociaux, il fait
mobiliser les grévistes : mesure autoritaire, lui aliène les socialistes qui le traitent de « social traître » mais
s’efforce de modifier la législation en proposant une loi sur l’arbitrage obligatoire. Il soutient la « loi des 3
ans » (extension de la durée du service militaire) car convaincu du futur conflit mondial. Donc
progressivement va de la gauche vers le centre gauche.

c) Chef politique durant la guerre.

Soutient logiquement l’Union sacrée et est le Président du Conseil le plus longtemps en place dans la
guerre d’octobre 1915 à mars 1917. Conduit la guerre au niveau politique : décide de l’ouverture du front
d’Orient, participe à la décision de la grande offensive du printemps 1917. Mais devant la durée du
conflit, il tente également en 1917 d’élaborer une paix avec l’Allemagne ce qui le prive de ses soutiens
politiques. Clemenceau qui le déteste déjà profite de l’occasion et le tient résolument à l’écart à la fin du
conflit. Briand reste en périphérie du Bloc national mais prend sa revanche en 1920 en étant l’un des
acteurs de l’élimination politique de Clemenceau.

II. Le tournant de 1921 : retour au pouvoir et ambivalence briandiste.


a) Les causes de son retour aux affaires.

Il comprend rapidement l’usure inévitable du Bloc et réaffirme l’importance que doivent retrouver les
parlementaires notamment dans les affaires économiques et politiques. Il est finalement l’homme de la

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synthèse idéal : indépendant, parlementaire expérimenté et talentueux. Il est donc investi largement en
janvier 1921.

b) Défendre la sécurité de la France (1921-1922)

Insiste sur les réparations, le rapprochement avec les Alliés, le rétablissement des relations avec le Vatican
et le refus de la reconnaissance de l’URSS. Il réagit d’ailleurs avec une grande fermeté devant les retards de
paiement : occupation d’une partie de la Ruhr en 1921 (avec appui des Britanniques). Par contre échec de
la conférence de Cannes (janvier 1922) : allégement des réparations allemandes contre alliance britannique
voulu par Briand. Levée de bouclier dans la classe politique. Briand doit démissionner.

c) L’ambivalence de Briand.

Briand estime que la France n’est plus le gendarme de l’Europe. Un moment il espère que les Etats-Unis
puissent appuyer la diplomatie fr en Europe mais ceux –ci sont isolationnistes et s’alignent sur les options
diplomatiques. Par contre, il se rend compte qu’un accord est possible avec les Allemands (un accord
bilatéral franco allemand ayant par exemple abouti en 1921. La diplomatie fr lors du septième cabinet
amorce un virage : les réparations sont voulues mais soucis d’apaisement, volonté de prendre en compte la
SDN…

III. Le ministre des Affaires étrangères, pèlerin de la paix


A. Locarno. Rapprochement franco allemand.

En Suisse en 1925. Herriot souhaite une politique de désarmement générale, Briand recentre la question
sur le rapprochement franco-allemand (par pragmatisme devant l’échec de négociations plus ambitieuses. )
Garantie des frontières occidentales de l’Allemagne, mais rien à l’est. Ce rapprochement est salué par
l’attribution d’un prix Nobel de la paix aux deux ministres des Affaires étrangères (Briand et Stresemann).
Courant pro-européen pro briandiste (soutien de l’Union paneuropéenne de Coudenhove-Kalergi). Mais
en même temps la politique française est défensive et méfiante (ligne Maginot commencée). Les
négociations franco-allemandes ne vont pas tellement plus loin que Locarno.

B. Briand Kellog (1928).

Briand sans illusion sur Locarno, qui est un succès dans l’opinion publique. Espère lancer une politique de
rapprochement bilatéral avec les Etats-Unis (en 1927, 10ème anniversaire de leur entrée en guerre) mais les
Etats-Unis ne souhaitent pas privilégier une alliance uniquement française : finalement un pacte est signé
proposant de mettre « la guerre hors la loi » en 1928 avec le secrétaire d’État américain Kellog. Là encore
grand succès populaire, peu d’effet réel mais utile pour donner une légitimité forte à Briand et lui
permettre d’engager de nouvelles initiatives.

C. Le projet d’Union européenne.

Déception devant le peu d’impact de premières initiatives. Décision de porter l’effort sur un
rapprochement pus général : occasion de la conférence de la Haye (1929, Alliés et Allemands) qui adopte
le plan Young pour rééchelonner la dette et évacue les troupes françaises de la Rhénanie. Briand utilise la
tribune de la SDN pour un vibrant plaidoyer pour une union fédérale à long terme : bien accueillie à la
SDN sauf par Britanniques et Allemands.

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L’idée est de penser à l’échelle européenne en intégrant les pays d’Europe centrale oubliés de Locarno et
de se fonder sur l’économie. Un mémorandum est préparé par Briand et Alexis Léger1.

Cependant une série de difficultés graves (crise boursière de 1929, arrivés de députés nazis au Reichstag
dès 1930 et échec de Briand lui-même à la présidence de la République en 1931) enterrèrent le projet.

CC. essaya d’empêcher conflit entre Chine et Japon déjà porteur de conflits à venir en Extrême Orient…
En vain avant de démissionner quasi septuagénaire (1932). Il mourut peu après.

Très inégalement jugé : « politique de chien crevé au fil de l’eau » (Tardieu), « diplomatie de cinéma »
(Poincaré), « social-traître » pour l’extrême-gauche mais aussi « pèlerin de la paix » …

Sa ligne directrice volonté de défendre une politique parlementaire (débat et négociation) à la recherche
d’un accord international dans le cadre de la SDN qui fut en partie cause de son échec mais aussi idée
porteuse sur le long terme : projets repris après 1945 par R. Schuman et Jean Monnet.

Briand caricaturé en Moïse conduisant le peuple hétéroclite des diplomates européens vers une supposée « Terre promise »
lointaine : les États-Unis d’Europe

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Et oui les khâgneux, Saint-John Perse himself !

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