Vous êtes sur la page 1sur 54

SOMMAIRE

REMERCIEMENTS …………………………………………………………..3
DEDICACE……………………………………………………………….…….4
INTRODUCTION ……………... ……………………………………..............5

PREMIERE PARTIE : 1979 LA RUPTURE ……………………………....10


CHAPITRE I : LES ETATS-UNIS ET LA REVOLUTION………..…….…..12
I- L’ACCESSION DE CARTER AU POUVOIR……………………………...12
II-LES LIENS AVEC LE SHAH………………………………………………13

CHAPITRE II : LA GESTION DE LA CRISE PAR


L’ADMINISTRATION CARTER………………………..16
I- LE COMPORTEMENT DE L’ADMINISTRATION CARTER FACE
A LA CRISE …………………………………………………………….….16
II-CACOPHONIE AU SEIN DE L’ADMINISTRATION CARTER……..…..18

CHAPITRE III : LA CHUTE DU SHAH ET LA MONTEE DE


L’ANTIAMERICANISME …………………………..…..20
I- LA CHUTE DU SHAH………………………...………………………...….20
II LA MONTEE DE L’ANTI- AMERICANISME……………………….…..22

DEUXIEME PARTIE : LA CONFRONTATION : 1980-1988…………....24

CHAPITRE I : LA CRISE DE L’AMBASSADE DES ETATS-UNIS A


TEHERAN ET SES CONSEQUENCES…………………..26
I- LA PRISE DE L’AMBASSADE DES ETATS-UNIS A TEHERAN………26
II- LES CONSEQUENCES DE LA PRISE DES OTAGES……………….….31

CHAPITRE II : L’EXPORTATION DE LA REVOLUTION AU


MOYEN-ORIENT…………………………………….……33
I- Le concept de l’exportation de la révolution islamique………………….….33

1
II- MENACE DE L’EXPORTATION DE LA REVOLUTION CONTRE
LES ARABES ALLIES DES ETATS-UNIS…………………………..…..35

CHAPITRE III : LA GUERRE IRAN-IRAK 1980-1988……………………..39


I- Les causes de la guerre…………………………………………………..…..39
II- LES MANIFESTATIONS DE LA GUERRE………….…………………..42

CONCLUSION …………….…………………………………………….…...47
BIBLIOGRAPHIE……………………………………………………………50
TABLE DES MATIERES……………………………………………………52

2
REMERCIEMENTS

Ce mini mémoire est un travail de recherche à la fois délicat et


passionnant qui a nécessité le concours d’hommes devoués. Nous ne saurions
commencés ce sans notre reconnaissance au Docteur CAMARA Moritié, notre
encadreur dont la rigueur et la disponibilité nous a été d’un apport capital pour
sa réalisation. C’est donc le lieu pour nous, de lui exprimer nos sincères
remerciements et notre profonde gratitude.
Nos remerciements vont également à l’endroit de tous les enseignants du
Département d’Histoire et Géographie de l’Université de Bouaké.
Enfin, nous disons merci à nos parents, notre père KOUAKOU Django Maurice
qui nous a toujours soutenus, notre mère KOUAME Ahou, sans oublier nos amis
qui nous ont beaucoup aidés dans cette difficile et passionnante entreprise.

3
A mon fils DJANGO Yohan-Ashley Kouassi puisse Dieu dans sa bonté le
protéger.

4
INTRODUCTION

5
Les Etats-Unis et l’Iran ont toujours entretenu des relations politiques
depuis la fin du XIXe siècle, depuis que le Shah d’alors a envoyé son
ambassadeur à Washington. Mais ces relations depuis des décennies ont connu
des tensions, ce qui attire l’attention de bons nombres d’observateurs de divers
domaines de connaissances dans le monde. Notre choix s’est porté sur l’analyse
de ces relations pour deux raisons fondamentales.
La première porte sur l’amour que nous avons pour le monde oriental dont
fait partie l’Iran. En effet, cette partie du monde est secouée par de récurrentes
crises depuis des décennies. Celles-ci souvent dues à la visée impérialiste des
grandes puissances. Notre amour réside dans le fait que cette partie qui regorge
plus de la moitié du pétrole et du gaz naturel mondial a du mal à se stabiliser et
même de rentrer dans le nouvel ordre mondial que ces grandes puissances
imposent au monde. Cette difficulté d’insertion au tissu mondial est dû au fait
que les grandes puissances refusent de traiter d’égal à égal avec les pays
émergeants du tiers-monde.
La seconde porte sur les menaces de guerre que les Etats-Unis profèrent à
l’endroit de l’Iran. Elles n’ont pas manqué de nous interpeller à telle enseigne
que nous avons décidé de mieux comprendre ces relations. Notre choix réside
dans le fait que deux nations longtemps alliés arrivent à éprouver une haine
l’une pour l’autre. Une analyse minutieuse nous permettra de comprendre les
tensions qui existent entre ces deux pays.
Pour mener ce travail, il faut souligner que cela n’a pas été facile à cause
de la rareté d’informations en français et dans la littérature disponible en Côte
d’Ivoire. En effet il y’a peu d’ouvrages qui relatent les relations politiques des
deux nations. Il faut néanmoins reconnaître l’existence du mémoire de Maîtrise
du Docteur CAMARA Moritié intitulé L’évolution des relations entre les Etats-
Unis et l’Iran : 1953-1996 :Du mariage de raison à la haine réciproque , qui nous
donne des informations sur les rapports entre ces deux peuples. En plus de ce
mémoire, il faut ajouter les journaux occidentaux tels que ; Le monde et Le

6
monde diplomatique, qui font les analyses, des critiques et des suggestions sur
les relations entre ces deux pays. La finition de ce travail a été possible grâce à
la fréquentation de la maison des archives d’Abidjan, la bibliothèque de
l’INADES, l’Ambassade des Etats-Unis, le centre culturel français et les
conseils de notre encadreur à l’Ambassade de la République Islamique d’Iran à
Abidjan.
L’Iran est bordé au nord par l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la mer Caspienne
et le Turkménistan, à l’est par l’Afghanistan et le Pakistan, au sud-est par le
golfe d’Oman, au-ouest par le golfe arabo-persique, à l’ouest par l’Irak et le
nord-ouest par la Turquie. L’Iran s’étend sur une superficie de 16.648.000 km 2
sur laquelle vit une population de plus de 70.000.000 habitants. Ce pays
autrefois appelé Perse change d’appellation le jour de Noruz1 ou Reza Shah
Pahlavi publie le 21 Mars 1935 un décret demandant à toutes les relations
étrangères du pays de designer sous le nom d’Iran dans les correspondances en
accord avec le fait que Perse est un terme utilisé pour un pays appelé Iran en
Persan c’est à, dire le pays des aryens. Ce pays qui occupe une position
stratégique dans le Moyen Orient devient un enjeu international après la
découverte du pétrole en 1908.
Quant aux Etats-Unis, ils s’étendent sur une superficie de 9.363.000 Km 2
où vit une population de plus de 260.000.000 habitants. Ils sont situés entre le
Canada, l’Océan atlantique le Mexique et l’Océan pacifique.
Les premiers contacts entre les deux pays datent de la fin du XIX e siècle
par l’envoie d’un ambassadeur en poste à Washington.
Avant la seconde guerre mondiale, ils entretenaient des relations cordiales
et les américains ont même servi de source d’inspiration, voire d’un recours
contre l’ingérence Britannique et Russe. Les Etats-Unis commencent

1
Le mot Noruz qui signifie nouveau jour en Persan est une fête traditionnelle Iranienne célébrant le nouvel an du
calendrier Iranien premier jour du printemps. Elle est célébrée par certaines communautés le 21 Mars et pour
d’autres le jour de l’équinoxe vernale qui a lieu le 20, 21 ou 22 Mars.

7
effectivement à intervenir dans les affaires Iraniennes dans les années 50,
lorsque les intérêts occidentaux et pour pénétrer le pays ont paru menacer.
En effet en 1952 Mossadegh premier ministre Iranien d’alors, élu
démocratiquement décide la nationalisation de la compagnie pétrolière
Britannique (Anglo-iranien Oïl Company) après que ce dernier n’ait pas partagé
ses profits comme prévu. Cette situation va causer l’exil du Roi. Anglais et
Américain fomentent, un coup d’état en aidant à organiser un soulèvement
populaire pour démettre le premier ministre.
Le Shah de retour sur son trône devient le pion essentiel des américains
qui lui offre un soutien sans limite malgré sa dictature. Les investissements
américains sont alors florissants et les intérêts américains sont préservés dans le
pays. Mais le pouvoir dictatorial installé par le roi sera contesté par les différents
groupes d’opposition. Cette situation va entrainer de violentes manifestations et
par la suite la chute de l’allié des américains. Cette chute a été favorable parce
que Jimmy Carter le président des Etats-Unis d’alors était très opposé aux
violations des droits de l’homme dans tout le monde. Cette situation va entrainer
l’installation de la république Islamique d’Iran en 1979 avec à sa tête Khomeyni
qui changera la situation entre ces deux pays.
Pour mieux comprendre les relations politiques entre les Etats-Unis et
l’Iran, nous analyserons de 1979 à 1988.
En effet 1979 marque la fin du régime impérial et la naissance d’une
république après une révolution islamique. C’est à cette période que les
nouveaux dirigeants prennent leurs distances vis-à-vis des Etats-Unis leurs alliés
de tous les jours. Enfin 1988 marque la fin de la guerre Iran-Irak qui a débuté en
1980.
L’intérêt de ce thème est le fait qu’une analyse minutieuse de ces relations
politiques de 1979-1988 permettra à l’opinion de mieux cerner les différents
aspects de leurs relations.

8
Cette analyse permettra aussi de comprendre ou de connaître les relations
qu’existe entre un dominateur et un autre qui refuse de se soumettre. Les
dominateurs cherchent toujours à opprimer les plus petits. A travers la lecture de
ce travail, chacun pourrait trouver une réponse aux nombreuses interrogations
sur les relations de ces deux pays.
Pour la compréhension de ces relations politiques de 1979-1988, l’on doit
se poser deux questions : qu’est ce qui caractérise la rupture entre ces deux
pays ? Et ensuite quelles sont les étapes de leur confrontation ?
Notre analyse de ces relations se fera autour de deux aspects principaux
Le premier sera intituler la rupture de 1979. Cette partie est marquée par la
révolution de 1979 avec l’action des Etats-Unis, la gestion de la crise et enfin la
chute et la montée de l’anti - américanisme.
Le second axe est intitulée la confrontation de 1980-1988, cette deuxième
partie parlera de la crise de l’Ambassade et ses conséquences, de l’exportation
de la révolution au Moyen-Orient et enfin de la guerre Iran-Irak.

9
PREMIERE PARTIE : 1979
LA RUPTURE

10
L’arrivée au pouvoir de Jimmy Carter en fin d’année de 1976 va
provoquer un bouleversement dans les relations politiques de ces deux pays. En
effet le pouvoir impérial avait imposé une dictature en Iran à tel point que les
droits de l’homme n’étaient pas respectés et cela avec la caution tacite des
dirigeants américains d’alors. Carter qui mit les droits de l’homme au centre de
sa politique va critiquer et mettre la pression sur le Shah de les faire respecter
dans son pays. Cette position va coïncider avec les différentes manifestations en
Iran en 1978 et prirent fin avec la chute du Shah pour aboutir à la création de la
République Islamique d’Iran en 1979. Cette année marque la fin de la
collaboration entre l’Iran et les Etats-Unis. Les dirigeants de cette république
feront des Etats-Unis leur plus grand ennemi dans le monde.
Pour l’analyse de cette partie, il sera question de la position et de la
gestion américaine de cette crise et enfin de la chute du Shah et de la montée de
l’anti - américanisme.

11
CHAPITRE I : LES ETATS-UNIS ET LA REVOLUTION

La révolution est un changement de régime politique consécutif à une


action violente. Toutes les révolutions dans le monde sont spontanées et
inattendues. Mais la révolution Iranienne est considérée aujourd’hui par
beaucoup d’observateurs comme un mouvement qui a été organisé et bien ficelé.
Pendant ces troubles, les Etats-Unis alliés incontestés du Shah adoptent une
attitude d’indifférence. Le président Jimmy Carter qui arrive au pouvoir va
mener une politique contraire à celle de ses prédécesseurs.
Ils entretiendront une attitude d’hypocrisie envers le Shah. Pour les
observateurs de ces relations, la chute du Shah est la faute des Etats-Unis qui ont
ignoré toutes les informations qu’on leur donnait.

I- CARTER ET L’IRAN
Arrivée au pouvoir en 1977, Jimmy Carter changera la politique de
l’administration américaine envers les pays qui violent les droits de l’homme en
général et en particulier envers l’Iran.

1- La politique de Carter
Il va axer sa politique sur la condamnation des violations des droits de
l’homme dans le monde pendant sa campagne électorale. Après son élection et
sa prise de pouvoir en Janvier 1977, il ordonna une étude sur la politique
étrangère de son pays dans le monde. Il mettra les droits de l’homme au devant
de toutes les actions.
C’est ainsi que fut crée un commissariat sur les droits de l’homme le 19
Mars 1977 aux nations unies sur sa proposition. De cette façon, il veut mettre au
grand jour les violations des droits de l’homme dans les pays du monde en
général et en particulier dans les pays du tiers monde avec lesquels ils
entretiennent des relations. Cette manière de faire, le différencie de ses
prédécesseurs qui eux considèrent que c’est le reflet de la guerre froide, ou lui

12
voyait plutôt la misère des populations. Cette situation va se voir à travers son
attitude pendant les événements qui ont suivi son arrivée au pouvoir parce qu’il
voit en ces manifestations la misère du peuple Iranien. Au lieu d’apporter son
soutien à leur allié de toujours, il préfère apporter des critiques à l’endroit de ce
dernier qui cessera d’agir de peur, de fâcher ses parrains.

2- Les critiques de l’administration américaine


Cette campagne pour les droits de l’homme de l’Administration
américaine arrive à un moment où l’Iran traverse un bouleversement de sa
structure social, économique et politique. Ainsi pour les américains, le Shah est
le seul responsable de ce qui arrive dans son pays. Les américains qui sortent
traumatiser de la guerre du Viêt-Nam décident de prendre des distances avec des
gouvernements ‘‘dépravés’’, tel que celui du Shah.
Les américains décident dès cet instant de faire respecter les droits de
l’homme dans ce pays qui est un grand expert dans leur violation. Ils vont donc
multiplier les pressions diplomatiques sur le Shah afin qu’il libéralise son
régime et dissoude sa police secrète, la Savak. Face à toutes ces critiques, le
Shah entreprend une légère reforme en freinant les actions de la Savak et
demandent de mettre fin aux tortures et aux exécutions arbitraires et de traiter
les problèmes des prisonniers avec transparence. Cela va aboutir à la libération
des prisonniers qui de 3000 en 1976 seront 1000 en 1978. Cependant, toutes ces
reformes n’ont rien changé dans l’évolution des manifestions déjà déclenchées.
Les groupes d’opposition voyant la position des Etats-Unis, vont
multiplier les manifestations dans tout le pays, car pour eux cette attitude des
américains est un soutien à leurs actions. Quel est donc le lien entre les
Américains et le Shah ?

II- LES LIENS AVEC LE SHAH


Pour essayer de donner sa confiance à un allié qu’il a contribué à affaiblir.
Carter se rend à Téhéran en Décembre 1977.

13
1- Carter à Téhéran pendant la crise
Les relations de Jimmy Carter et du Shah étaient très paradoxales. Le
souverain pensait que la politique de Jimmy Carter était dirigée contre lui.
Cependant Carter lui donnait toujours son soutien qu’il appréciait énormément.
Pour cela il reçu le Shah à Washington après son élection. Au cours de cette
rencontre le président Américain n’a pas tardé à lui dire qu’il n’avait pas
l’intention de lui vendre des armes en quantité illimitée et fermer les yeux sur les
arrestations et les exécutions. Après cela, dans le cadre de sa tournée sur la
préparation des accords de camp David, le président Américain fait une escale à
Téhéran en 1977. Au vue de toutes ces rencontres entre ces deux, on peut parler
d’une relation d’hypocrisie de la part du président Américain. C’est pourquoi la
plupart des observateurs pensent que son arrivée à Téhéran a donné un coup de
pouce aux opposants du Shah pour le destituer. Cela se voit à travers le début de
son discours pendant la réception au palais Niavaran où il dit que « les êtres
humains sont comme les parties d’un corps, ils sont issus de la même essence,
lorsqu’une de ces parties est atteinte et souffre, les autres parties ne peuvent
trouver ni la paix ni le calme. Si la misère des autres vous laissent indifférent et
sans la moindre la peine, alors on ne peut vous appeler un être humain »2. A
travers ces mots, il réconforte tous les opposants qui pensaient qu’ils les
soutenaient dans leur combat contre le Shah. Mais la fin de son discours va
rassurer le Shah.

2- Les assurances de Carter au Shah


Au palais Niavaran, le samedi 31 Décembre 1977, le Shah montra à son
hôte l’importance que cette rencontre comptait pour lui. En effet, depuis
l’arrivée de Carter, le Shah avait des doutes dans son esprit sur la position du
président Américain à son endroit. Très rassuré de la visite du président, le Shah
tient un discours sans se gêner. Dans notre pays, « selon la tradition ancienne la
2
In Camara (M.), L’évolution des relations entre les Etats-Unis et l’Iran 1953-1996 : du mariage de la raison à la
haine réciproque, Mémoire de Maîtrise, p. 103.

14
visite du premier hôte de l’année est un présage pour l’année toute entière. Et si
l’année nouvelle se célèbre habituellement par l’arrivée du printemps, notre hôte
de ce soir, est une personne dont l’activité et la bonne volonté sont telles que
nous considérons sa visite comme un présage tout à fait excellent ».3 Le Shah en
tenant ce discours a la ferme conviction que les Américains allaient l’aider à
combattre les manifestations qui troublent son pays. Pour lui accorder sa
gratitude, le président Américain donne un discours de soutien au plaidoyer du
Shah. Il fait les éloges : « ce grand pays qui est l’Iran dont le Shah préside si
remarquablement la destinée, est une île de stabilité dans l’une des régions les
plus troublées du monde ».4 Il poursuit son discours tout en donnant son soutien
au Shah en lui disant qu’il  éprouve un sentiment pur profond de gratitude et
d’amitié personnelle .5 A travers ces propos le Shah se sentait si fort et fier qu’il
décide d’en finir avec les groupes d’opposition.
Au total, il faut dire que les Etats-Unis ont contribué à affaiblir le Shah à
travers les violentes critiques qu’ils ont prodigué envers le pouvoir impérial en
Iran. Toutes ces critiques vont contribuer à encourager l’évolution des
manifestations. Cela se voit à travers leur attitude dans la gestion de la crise.

3
Le monde 3 Janvier 1978, p. 3.
4
idem
5
idem

15
CHAPITRE II : LA GESTION DE LA CRISE PAR
L’ADMINISTRATION CARTER

Pendant toute l’année 1978, l’Iran a été le théâtre de violentes


manifestations, notamment dans toutes les grandes villes comme Tabriz, Qom,
Mechhed, Téhéran. Ces manifestations sont dues aux griefs que la population
formulent contre la gestion du Shah .Celles-ci reçoivent le soutien des autorités
religieuses chiites, les ayatollahs et surtout du plus célèbre et du populaire
Khomeyni.6 En effet, exilé depuis 1964 Khomeyni appelle le peuple à renverser
le Shah et par la suite installer un pouvoir qui sera basé sur les principes de
l’Islam. Khomeyni et les autres groupes de l’opposition s’unissent pour
renverser le Shah mais ne conçoivent pas l’avenir de l’Iran de la même façon. 7
Face à toutes ces montées des manifestations, les américains adoptent deux
attitudes : une indifférence à la crise et une rivalité au sein de l’administration
américaine elle-même.

I- LE COMPORTEMENT DE L’ADMINISTRATION CARTER FACE A


LA CRISE
L’administration Carter face à la montée de la crise a eu un comportement
de désintéressement d’abord et ensuite une manque de solution pour faire face à
la crise.

1- Désintéressement de Carter à la crise


Ce désintéressement se voit dans l’attitude que les Américains adoptent
quand les Israéliens avertissèrent que les jours du Shah étaient comptés.
L’Amérique a fait la sourde oreille sur cette information. En Avril 1978, Uri
Lubrani, alors chef de la mission Israélienne donna l’information de la chute du
6
Né en 1902, Rouhollah Moussavi Khomeyni est le dernier des sept enfants d’une famille de mollah prétend
descendre en droite ligne du prophète Mahomet. Son père fut tué, lorsqu’il était bébé par un riche propriétaire
terrien .Khomeyni fut élevé par sa mère et une tante, puis par son frère aîné après leur mort Après des études
dans les principes de l’islam, il sera opposé au Shah pendant de longues années ce va valoir son exil à partir de
1964.Il va mener la révolution islamique pour chasser le Shah du pouvoir .Il mourut en 1989.
7
Khomeyni voulait un état fortement islamisé qui aura pour fondement les principes et les de l’Islam tandis que
les autres groupes d’oppositions voulaient un état islamique mais laïc.

16
Shah aux Américains mais ceux-ci prirent cette information avec ironie tout en
répondant que ceci n’est que divagation et que le Shah tiendrait encore dix ou
quinze ans8. Les Etats-Unis avaient la ferme conviction que cette situation en
Iran ne pouvait pas emporter le Shah car l’Iran avait une puissance qui lui est
très fidele. Cette armée avait la possibilité de finir les troubles dans ce pays.
Mais ce fut trop tard lorsque les Américains s’en étaient aperçus du danger qui
guettait le Shah, s’était trop tard. Ils manqueront donc de solution pour arrêter
l’avancée de la crise.

2- Le manque de solution de l’administration Carter


Pendant de longues périodes, le Shah a été ébranlé par des manifestations
auxquelles l’administration Carter est restée muette sans même dire un mot.
D’où l’analyse de beaucoup d’observateurs qui disent que si le Shah a chuté,
cela est dû à la négligence de la crise par les Etats-Unis. 9 Quand Carter sentit la
probable chute du Shah, la montée du danger était très avancé, les groupes
d’opposition avaient déjà pris du terrain. Dans une telle situation les Américains
ne savaient quoi faire. C’est ainsi que pour vérifier l’éminence du danger qu’ils
ignoraient avant, Carter demanda à son Ministre des finances déjà au Moyen -
Orient de faire un tour à Téhéran pour juger la situation en Novembre 1978.
Cette visite était trop tard car le Shah avait été déjà isolé par les
manifestants et ne maitrisait plus la situation. Le ministre se rendit compte de la
gravité des évènements mais les Américains ne proposèrent aucune solution
fiable pour sauver leur allié. Cependant cette situation a été le fait qu’au sein de
l’administration, il y aurait des divergences entre les conseillers de Carter
notamment le secrétariat d’Etat et le conseil national de sécurité.

II- CACOPHONIE AU SEIN DE L’ADMINISTRATION CARTER


8
Salinger (P.) otages : les négociations secrètes de Téhéran, p 40.
9
Camara (M.), L’évolution des relations entre les Etats-Unis et l’Iran 1953-1996 Du mariage de raison à la haine
réciproque, Mémoire de Maîtrise, p. 107.

17
Cette rivalité intervient entre le conseil national de sécurité et le
secrétariat d’Etat qui sont tous deux les postes clés de l’administration
américaine.

1- La position du secrétariat d’Etat


Le secrétariat d’Etat est chargé de mener les affaires étrangères des
Américains dans le monde en général, et en particulier veiller sur leurs intérêts
avec ses alliés. A ce titre, Cyrus Vance secrétaire d’Etat d’alors donna
l’information de la probable chute du Shah et demanda un plan d’urgence pour
sauver leur allié et dans le même temps proposa de prendre contact avec
l’opposition qui montait en puissance. Toutes ces propositions ont été rejetées
par Carter parce qu’il était trop influencé par le Conseil National de Sécurité.

2- Position du Conseil National de Sécurité


Zbigniew Brzezinski, conseiller à la sécurité nationale du président Carter
en 1977, exprime sa colère devant l’inefficacité des services de renseignement à
l’avertir des troubles en Iran. Il fait cela pour boycotter le secrétariat d’Etat car
depuis le 29 Janvier 1977, il avait en sa possession les informations nécessaires
pour résoudre la crise ou de pouvoir agir en faveur du Shah. Il met tout en œuvre
pour ne pas réorienter la politique Etatsunienne en Iran. Le ministre des finances
demanda à l’ambassadeur Georges Bal de passer quelques semaines au Conseil
National de Sécurité afin de prodiguer des conseils à Brzezinski pour régler le
problème Iranien. L’ambassadeur proposa comme solution la mise en place d’un
conseil de notable Iraniens afin d’assurer la succession du Shah. Brzezinski pesa
de tout son poids pour encore discréditer les propositions de Bal, il faut dire que
l’échec de l’Amérique dans la résolution de la crise Iranienne a été faite de
l’ignorance de l’administration américaine quant à l’éminence du danger qui
était en Iran. Tout ceci est dû à la rivalité au sein de l’administration américaine
entre le secrétariat d’Etat et le Conseil National de Sécurité. En effet, le Conseil

18
National de Sécurité influençait beaucoup les prises de décisions du président
Carter. A cette divergence il faut noter que les Americains étaient préoccupés
par les préparatifs des accords de camp David et attendent les résolutions des
accords Salt. L’administration Carter est la principale cause de la chute du Shah.

19
CHAPITRE III : LA CHUTE DU SHAH ET LA MONTEE DE
L’ANTIAMERICANISME

Avec la croissance économique forte pendant les années 60 et 70, le Shah


a su faire de l’Iran une puissance régionale, militairement et économiquement.
Mais tous ces progrès n’étaient pas l’assentiment de tous car il avait imposé une
dictature impitoyable à tous. Il réprimait tous ses opposants avec l’aide de sa
police secrète, la Savak. Cette situation va faire naitre une opposition composée
de libéraux, de marxistes, de nationalistes et de religieux qui vont mener une
lutte sans merci pour faire chuter son pouvoir. Mais la décadence de l’empereur
a pu se faire parce qu’il était diminué physiquement à cause d’une maladie qu’il
trainait depuis 1974 et son mental qui était atteint parce que pour lui, il a tout
donné à son peuple. Il se sentait trahir par son peuple. A tout ceci il ya le jeu
flou des Etats-Unis qui ne donnaient aucun signe de soutien.

I- LA CHUTE DU SHAH
Cette chute a été possible grâce à deux facteurs. D’abord il y a la situation
mentale de l’empereur qui était à un bas niveau et enfin le manque de soutien de
l’administration Carter.

1-Etat psychologique du Shah


Pendant les troubles, le moral du Shah avait pris un coup à cause de deux
raisons fondamentales. La trahison de son peuple et sa santé qui se dégradait. En
effet c’est sous son règne que l’Iran devient une puissance, cela à cause d’une
intense collaboration avec les Americains. L’Iran a atteint un niveau de
développement à tel point qu’on pouvait le comparer à celui du Japon, les
Iraniens avaient un niveau de vie très élevé. Il a évité à son pays la guerre avec
ses nombreux ennemis qui le jalousaient beaucoup pendant son règne. Ces
derniers voulaient que son pays tombe dans le chao. Mais dans les années 1977

20
jusqu’en 1979, l’Iran connu de vives manifestations qui décriaient sa gestion du
pouvoir. En effet, les manifestants composées de marxistes, de libéraux, de
nationalistes et de religieux reprochaient au Shah d’avoir profané l’Iran et ses les
valeurs morales, sans oublier les traumatises du peuple par sa police secrète, la
Savak. Face à toutes ces situations, le monarque se sentait trahit parce qu’il
estimait avoir tout donné à son peuple. Il ne comprit pas la cause de cette révolte
contre lui. Il ne savait que faire pour freiner le peuple déchainé. Il resta donc
muet. A cet état de fait il faut ajouter que sa santé était dégradante.
Son mental avait pris un coup aussi à cause de la maladie. Il était atteint
d’un cancer depuis 1974. En effet, cette maladie l’inquiétait beaucoup car le
cancer le rongeait de jour en jour et il était condamné à mourir. Il y a le fait qu’il
n’eut pas le temps de préparer sa succession. Cette maladie qui était un secret
depuis sa découverte a eu un impact sur sa vie et sa manière de gérer le pays.
Son moral fut le plus touché lorsque les manifestants incendièrent le cinéma
d’Abadan qu’ils mirent cela à l’actif des inconditionnels du Shah. Incapable de
réagir il abdiqua, mais cette chute est aussi le fait du manque de soutien de
l’Amérique à leur allié.

2- Le manque de soutien de l’Amérique


Le Shah très affaibli par son cancer et les traitements qu’il tenait cacher
du public fut victime d’une campagne de désinformation orchestrée au niveau
international contre lui. Notamment les Etats-Unis qui lui reprochaient de ne pas
respecter les droits de l’homme. Il avait décidé de ne pas faire recours à la force
pour réprimer les éléments subversifs qui voulaient cout que cout le renverser.
L’Administration Carter fit la pression sur le roi à ne pas recourir à la force et ce
au motif du respect des droits des insurgés.

21
Ce motif est cependant sans fondement légal international conformément
à la convention Européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés
fondamentales du 4 Novembre 1950.10
En effet, cette convention ne considère que le recours à la force est
parfaitement légitime et n’est absolument pas considéré comme contraire aux de
l’homme.Les pressions de l’administration Carter sur le Shah peuvent être
considérées comme un soutien indirect aux fauteurs de troubles. .Cela se voyait
dans le refus de l’administration américaine d’équiper la police Iranienne de
moyens anti-émeutes dont- elle était dépourvue : gaz lacrymogène et balles en
caoutchouc .Au regard du jeu trouble et des pressions incessantes de ces alliés
Occidentaux en général et de l’administration américaine en particulier qui
soutenait ouvertement les éléments subversifs. Le shah décida enfin de compte
de laisser tomber le fardeau de responsabilité et de quitter le pays sans aucune
résistance .Le shah, après la révolution était devenu impopulaire dans beaucoup
de pays, en particulier chez ses vieux alliés notamment les Etats – Unis jusqu’à
ce qu’il meurt le 27 Juillet 1980 en Egypte. Après la mort du shah fut installé un
islamique avec comme motif majeur l’anti – américanisme.

II- LA MONTEE DE L’ANTI-AMERICANISME


L’anti – américanisme est né depuis que les Etats – Unis et les anglais ont
le coup d’état contre Mossadegh en 1953. Après ce coup d’etat le shah se
proclame roi des rois, ainsi il organise le développement économique du pays,
suscitant un choc culturel qui est perçu comme une occidentalisation. En effet, il
interdit le port de voile, donne le droit de vote aux femmes ce qui va susciter le
mécontentement des autorités religieuses, orchestré par les hauts dignitaires
chiites, l’ayatollah khomeyni qui est en exil. La révolution blanche du shah
engendre aussi une modernisation pseudo-européenne qui aboutit à la
destruction d’une partie du patrimoine culturelle iranienne. Cet anti –

Jacques(R) et Henri (O), Libertés fondamentales et droits de l’homme édition Montchrestien, 1989, pp 23-24
10

22
américanisme sera plus accentué après la création de la République Islamique
d’Iran avec à sa tête khomeyni .Ce dernier met dans l’esprit des iraniens que les
Américains étaient la cause de leur ruine et qu’ils profanaient les mœurs avec
notamment l’alcool, les jeans, la musique pop, les boîtes de nuit, les cinémas
dancings bains mixtes et pornographie. Il reproche tous ces maux aux
Américains en ajoutant qu’ils ont installé la corruption, l’égoïsme et la vie
privée primait sur la vie en communauté fondement de la société iranienne .Le
premier Novembre 1979, l’ayatollah khomeyni qualifie les Etats-Unis de grand
Satan par décret qui interdit toute négociation directe avec ce pays. Il les
considère comme un pays qui fait beaucoup de mal dans le monde .Cette grande
haine contre ce pays qui va nous amener directement à la confrontation entre ces
deux pays.

23
DEUXIEME PARTIE : LA
CONFRONTATION : 1980-1988

24
Le régime de Mollahs installé depuis la chute du Shah va adopter comme
ligne de conduite l’anti - américanisme. Ce régime révolutionnaire dirigé par
l’Ayatollah Khomeyni qualifie les americains de ‘‘grand Satan’’, interdit toute
négociation directe avec ce pays.
En effet, pour Khomeyni l’Amérique est un pays de corruption et
d’infidèles qui a inculqué une certaine habitude, de manière de faire,
notamment l’alcoolisme, la pornographie, la violation des mœurs des peuples
iraniens.
Dès lors, il réoriente la politique étrangère de son pays envers tous les
pays du monde en général et en particulier avec les Etats-Unis où il radicalise
ces changements. Cette nouvelle orientation va entrainer plusieurs
manifestations antiaméricaines dans tous le pays ce qui va aboutir à la prise
d’otage à l’ambassade des Etats-Unis à Téhéran. Il changera ses rapports avec
ses voisins et qui aboutira à la guerre Iran-Irak.

25
CHAPITRE I : LA CRISE DE L’AMBASSADE DES ETATS-UNIS A
TEHERAN ET SES CONSEQUENCES

Cette envie d’en découdre avec les americains va faire naître une haine
très poussée de ce nouveau régime envers leur allié. Ainsi, des mouvements
populaires s’organisent dans le pays sous l’impulsion de l’Ayatollah qui appelle
à la désobéissance des americains. Toutes ces manifestations vont entrainer la
prise des otages de l’Ambassade des Etats-Unis à Téhéran.
Cette prise d’otage de l’ambassade des Etats-Unis va faire naître un
sentiment de haine réciproque entre ces deux pays.

I- LA PRISE DE L’AMBASSADE DES ETATS-UNIS A TEHERAN


1- Les causes de cette prise et le rôle des étudiants
Depuis son appel à ne pas négocier avec les américains, les manifestations
antiaméricaines se multiplient dans tous le pays. Cette situation n’empêchera pas
les Etats-Unis de maintenir leur représentation diplomatique dans ce pays. Ils le
font en espérant toutefois entretenir de bonnes relations avec le régime des
Mollahs11. C’est ainsi que le 22 Octobre 1979, le jour que le Shah a été
hospitalisé à New-York, cet acte va faire monter le mercure au niveau des
manifestants. Pour eux l’admission du Shah aux Etats-Unis sous prétexte qu’il
est malade est un mauvais signe, car ils se souviennent du coup d’Etat de 1953
organisé par les americains et les anglais qui le ramènent au pouvoir.
C’est pourquoi le 4 Novembre 1979 en fin de matinée quelques centaines
de manifestants islamiques y compris les étudiants prennent d’assaut
l’ambassade américaine à Téhéran. Les quelques soldats des marines présents
sur place les retiennent à peu près deux heures, pendant ce temps le personnel de
l’ambassade détruisaient les documents qui contenaient des informations
sensibles. Lorsque ces derniers voient la fumée s’échapper des bâtiments de
11
Camara (M.), L’évolution des relations entre les Etats-Unis et l’Iran 1953-1996 : Du mariage de raison à la
haine réciproque, Mémoire de Maîtrise, p. 135.

26
l’ambassade, les étudiants forcent le passage et prennent 63 personnes en otage
auxquelles s’ajouteront trois autres capturées au Ministère des affaires
étrangères. Ils réussissent à saisir des documents classifiés des services de
renseignements américains12.
Cette situation va beaucoup perturber l’Administration Carter et la mettre
dans une désolation et un désespoir total. En effet, cette administration était dans
une position délicate car ne savait que faire et ne savait à qui s’adresser13.
Khomeyni soutient cette action des étudiants et considère que c’est une victoire
du bien sur le mal et en même temps, il leur accorde sa bénédiction. Il va utiliser
cette prise d’otage pour atteindre ses buts politiques et régler ses comptes avec
les Etats-Unis.

2- Khomeyni et la prise d’otages


Khomeyni utilise cette prise d’otages pour atteindre ses objectifs
politiques.
En effet, il contraint son premier ministre Barzagan à la démission le 6
Novembre 1979 qu’il considère comme étant trop passif par rapport à ses idées
et ses ambitions qu’il voulait atteindre.
Le gouvernement Iranien était composé de plusieurs groupes
d’oppositions qui n’avaient pas la même vision que Khomeyni qui voulait à lui
un Etat fortement islamisé qui aura pour fondement les principes et les valeurs
de l’Islam. Pendant que les autres voulaient un Etat islamique mais laïc. Ce sont
ces divergences qui ont amené le premier ministre à démissionner.
Après cette victoire, Khomeyni fait voter une nouvelle constitution selon
sa vision politique. La démission lui permet de régler maintenant ses comptes
avec les americains. Il commença par « traiter l’ambassade américaine de nids
d’espions et approuver la prise des otages dans un discours amplement diffusé à

12
Alain (C.), « L’Amérique retient son souffle », in le Monde 5 Décembre 1979.
13
Camara (M.), L’évolution des relations entre les Etats-Unis et l’Iran 1953-1996 : du mariage de raison à la
haine réciproque, Mémoire de Maîtrise, p. 136.

27
la radio et à la télévision »14. Suite à cette déclaration, il contraint les Etats-Unis
à se lancer dans une négociation pour la libération des otages.

3- Les négociations et la libération des otages


a- Le début des négociations
Pour les négociations, les Etats-Unis vont être confrontés à un grave
problème de communication avec les iraniens.
En effet, les Americains comme nous l’avons dit plus haut ne savaient que
faire et savaient à qui s’adresser car ne maitrisant pas les nouvelles autorités
iraniennes d’où la complication des négociations. Elles vont débuter avec
beaucoup de difficultés car les americains ne savaient pas avec quel
interlocuteur ils vont rentrer en contact avec les autorités de Téhéran. C’est ainsi
qu’ils ont pris contact avec le diplomate Tunisien Habib Chatty alors secrétaire
général de la conférence islamique depuis octobre 1979 et ancien ambassadeur
de la Tunisie à Téhéran. Ce dernier réussit à établir la communication entre
américains et iraniens et chacun pu exprimer ses conditions.
Mais avant, il faut souligner que les iraniens ont libéré 13 des 66 otages
dans les deux semaines qui ont suivi la prise d’otages, ainsi qu’un quatorzième
en juillet 1980. Ces otages libérés étaient en majorité des femmes et de quelques
noirs. Khomeyni considère que « l’Islam respecte les femmes et considère les
noirs americains comme des opprimés »15. Le reste des otages fera l’objet de
vives discussions entre iranien et américain.
Après l’établissement du dialogue par Habib Chatty, les americains ont vu
leurs rêves se réaliser car les iraniens leur ont remis les conditions qu’ils
posaient pour la libération des autres otages. Ils réclamaient entre autre que les
Etats-Unis leur livrent le Shah afin que celui-ci soit jugé ainsi que sa fortune. Ils
demandent aussi aux Etats-Unis de présenter des excuses au peuple iranien pour

14
Camara (M.), L’évolution des relations entre les Etats-Unis et l’Iran 1953-1996 : du mariage de raison à la
haine réciproque, Mémoire de Maîtrise, p. 137.
15
Le Monde diplomatique, décembre 1979, p. 3.

28
ce qui leur ont fait subir, ils demandent aux americains de ne plus s’ingérer dans
les affaires internes de l’Iran et enfin il ajoute que si ces conditions ne sont pas
remplies, il n’aura aucune libération16.
Mais les americains après réception de ses revendications vont vouloir
régler cette situation selon le droit international, c’est ainsi qu’ils répondent aux
Iraniens que : « personne aux Etats-Unis n’est sourd aux voix passionnées qui
dénoncent l’injustice et les maux du passé et qui demandent à être entendues. Il
n’y a pas un seul grief prétendu ou reconnu dans cette situation qui ne pourrait
être formulé devant l’audience appropriée »17.
Les positions des deux nations étant données, les négociations vont
tomber dans une rhétorique où chacune des nations campe sur sa position. C’est
à ce moment que Jimmy Carter dans un message le 25 Mars 1980 demande des
excuses au gouvernement Iranien en ces termes : « J’aimerais vous informer que
mon gouvernement a hérité d’une situation internationale très délicate, fruit
d’une politique différente de circonstances autres, qui nous ont tous conduits à
connaître les erreurs du passé »18.
Après réception de ce message, le président d’alors Bani Sadr rentra en contact
avec Washington en leur promettant de mettre tout en œuvre pour libérer les
otages. Mais Bani Sadr et son ministre des affaires étrangères sont
désagréablement surpris par un refus catégorique des étudiants. Car ceux-ci ont
le soutien ferme de l’Ayatollah Khomeyni.
Il faut noter que pendant ces premières négociations, la principale revendication
des Iraniens à eu gain de cause avec la mort du Shah en juillet 1980. Cette mort
et le message du président Carter vont donner une nouvelle tournure pour la
libération des otages

16
Salinger (P.), otages : négociations secrètes de Téhéran, p. 57-58.
17
Salinger (P.), otages : négociations secrètes de Téhéran, p. 104.
18
Salinger (P.), otages : négociations secrètes de Téhéran, p. 207.

29
b- Les nouvelles négociations et la libération des otages
Cette nouvelle tournure des négociations se déroulera sous la tutelle du
gouvernement Algérien.
En effet, cela a été possible à cause de la situation interne même des
algériens et la déclaration du président Carter suite à la déclaration de guerre de
l’Irak contre l’Iran. Il traitait l’Irak de pays envahisseur19.
Concernant la situation qui prévalait à l’intérieur du gouvernement Iranien est
que ce gouvernement a été formé les différents groupes d’opposition qui
n’avaient la même vision pour l’avenir de l’Iran. Khomeyni qui voulait un Etat
fortement islamisé, les autres voulaient un Etat laïc mais islamique. Ce sont ces
divergences qui vont amener le premier ministre Mehdi Barzagan libéral à
démissionner sous la pression des religieux. Khomeyni le traitait trop favorable
avec Washington. Cette démission du premier ministre laissait la route ouverte
aux religieux qui devenaient désormais les seuls maîtres de l’Iran. A tous ces
événements viennent s’ajouter la défaite de Carter aux élections de novembre
1980 et le début de la guerre Iran-Irak. Le décor étant présenté, la voie de la
négociation semble être préférée. C’est à ce moment que les Etats-Unis qui
étaient favorable depuis lors à la discussion vont designer le ministre des affaires
étrangères algériens Mohamed Seddiki Benyahia pour servir d’intermédiaire
entre Washington et Téhéran.
Dès cet instant, les iraniens posent alors de nouvelles conditions pour la
libération des otages en ces termes .Ils demandent la garantie de la non
ingérence, le déblocage des avoirs iraniens bloqués aux Etats-Unis, la restitution
de la fortune du Shah et l’abandon des plaintes judiciaires déposées par les
sociétés américaines contre eux20.
Ces nouvelles revendications surprennent tout le monde entier en général
et en particulier les Etats-Unis. Ils considèrent ces revendications comme une

19
Camara (M.), L’évolution des relations entre les Etats-Unis et l’Iran 1953-1996 : du mariage de raison à la
haine réciproque, Mémoire de Maîtrise, p. 148.
20
Salinger (P.), otages : négociations secrètes à Téhéran.

30
base solide de discussion avec les autorités iraniennes qui ne demandent plus des
excuses publiques de la part des Etats-Unis par rapport à leurs agissements
passés en Iran. Cet étonnement des américains réside dans le fait que les iraniens
résument ces nouvelles revendications en terme monétaire. Les deux délégations
dirigées chacune pour l’Amérique par Warren Christopher sous- secrétaire
d’Etat américain et pour l’Iran par Sadeg Tabatabou gendre de Khomeyni et
secrétaire général du gouvernement iranien, se sont finalement entendus sur la
libération des otages. Les américains ont décidé du dégèle des fonds iraniens et
ont promis qu’aucune poursuite judiciaire ne sera lancée contre les autorités
iraniennes. Les iraniens eux à leur tour libèrent les otages, tels sont les accords
d’Alger signés le 18 janvier 1980. La libération des otages a eu lieu le 20 janvier
1980, trente minutes après l’adresse inaugurale du nouveau président élu Ronald
Reagan des Etats-Unis. Mais les otages ne rejoignent leur pays que le 27 janvier
1980 après un tour à la base aérienne de Wiesbaden en Allemagne.
Cette crise des otages a été l’une des plus humiliantes pour les Etats-Unis,
elle aura plusieurs conséquences sur les relations de ces deux pays

II- LES CONSEQUENCES DE LA PRISE DES OTAGES


La prise des otages a eu des effets tant pour l’Iran que pour les Etats-Unis
d’Amérique.

1- Conséquences sur la vie politique des Etats-Unis


La crise des otages a humilié, discrédité les Etats-Unis au niveau national
et international. Cela a mis en doute tous les pays en relations avec les Etats-
Unis considérés comme étant la première puissance mondiale. Ils ont perdu
toute confiance de leurs alliés au Moyen-Orient.
Au plan interne, cette crise a agit sur l’avenir politique du président
Carter. Il a perdu toute popularité aux yeux de ces compatriotes. Cela lui a valu
son échec aux élections de novembre 1980 au profit Ronald Reagan. Il rencontra

31
des difficultés au sein même de son propre parti politique par rapport à sa
politique qu’il a mené pour les Etats-Unis à l’intérieur qu’à l’extérieur.

2- Conséquences pour la vie politique iranienne


Au plan international, elle a terni l’image de l’Iran dans le monde et a
provoqué une rupture diplomatique avec tous les pays notamment les Etats-
Unis. L’Iran est devenu le pays à craindre dans le monde car considéré comme
un pays terroriste. Les Etats-Unis ont matérialisé cette action par l’expulsion et
le refus à tous les étudiants iraniens dont les visas étaient en règle ou pas.
Au plan interne, cette crise a permis à Khomeyni d’atteindre ses objectifs
politiques notamment la création d’un Etat islamique. Cela lui a permis aussi
d’écarter les autres groupes d’oppositions avec qui il a mené la révolution. Cette
victoire sur les autres va l’amener à vouloir exporter la révolution sur ses voisins
et même dans le monde.

32
CHAPITRE II : L’EXPORTATION DE LA REVOLUTON AU MOYEN-
ORIENT

Depuis l’installation du régime révolutionnaire en Iran, Khomeyni va


initier des changements dans la politique étrangère qui était menée par le Shah
en inversant l’orientation du pays vis-à-vis de ses voisins et dans le monde.
Cette nouvelle orientation de la politique sera dirigée contres les intérêts
américains dans la région, du coût tous les arabes alliés aux americains se
sentent menacer par le concept d’exportation de la révolution. Khomeyni va
donc imposer l’Iran à ses voisins immédiats pour pouvoir jouer le rôle de leader
dans la zone et de pouvoir circonscrire l’influence américaine d’où son idée de
construction d’Etat islamique universel. Un Etat où il n’existera pas de frontières
entre l’Iran et les autres. C’est ainsi que nait l’idée d’exportation de révolution
dans la région. Mais cette idée sera inquiétante pour les arabes alliés des Etats-
Unis.

I- LE CONCEPT DE L’EXPORTATION DE LA REVOLUTION


ISLAMIQUE
1- Objectifs de Khomeyni
Ce concept dérive d’une façon particulière de voir le monde par
Khomeyni. Il pense que toutes les lois qui régissent le monde ont été écrites
pour satisfaire l’appétit impérialiste des européens et des americains. Elles ont
été écrites sans sa participation d’où son refus d’accepter le droit international
pendant les négociations pour la libération des otages americains. Il remet donc
en cause les lois écrites par les americains et les occidentaux. En plus de la
contestation des lois, il va même à ignorer les frontières qui délimitent les Etats
du monde Oriental et qui existent entre eux. Cette manière de voir le monde lui a
permis de mettre en place sa politique non pas au service de l’Iran seul, mais à
tout le monde. Khomeyni considère que le renouvellement à l’attachement à
l’islam permet aux nations opprimées de battre l’impérialisme en formant une

33
unité où les frontières n’existeront pas. Il exhorte tous les pays à suivre
l’exemple de l’Iran pour se libérer de la domination impérialiste. C’est pour cela
qu’il recommande la création d’une communauté des croyants (OUMMA) où les
frontières n’existeront pas et que seul le peuple musulman compterait. Ce qui
signifie qu’il y a un bloc monolithique soumis aux seules lois de l’islam 21. Pour
Khomeyni mettre en place un tel objectif sera bien pour lutter contre le monde
impérialiste. Il sensibilise ses concitoyens et les autres peuples à bannir de leurs
habitudes et de leurs pensées le mode occidental et d’enlever toutes idées de
nationalisme. Le nationalisme lui-même qui est une doctrine politique
revendiquant la primauté de la nation d’où son combat pour ce mode de vie qui
est contraire aux lois islamiques. Ces lois veulent la communauté où le groupe
forme une unité. C’est pourquoi il considère cette manière de faire comme un
malheur pour l’islam et qui ne veut pas l’avancée de cette religion.
Ces objectifs étant bien signifiés, il va donc chercher les moyens
nécessaires pour l’exportation de cette révolution islamique.

2- Les moyens nécessaires pour l’exportation


Pour réussir l’exportation de la révolution islamique, Khomeyni va mettre
au devant de sa lutte, la religion musulmane, car la majorité de la population au
Moyen et Proche Orient étant musulmane. Ensuite il va se baser sur les
différentes tendances de l’Islam pour la progression de son mouvement
notamment sur les Chiites, population majoritaire en Iran (99 %).
En effet, l’influence de l’Iran et de son interprétation révolutionnaire du
Chiisme au sein du monde arabe peut se comprendre par l’histoire de ce courant
au Moyen-Orient. Les descendants de l’imam Ali, gendre de Mahomet ont
toujours été marginalisés et exclus de la succession du prophète. Ainsi, la
domination Sunnite contraignit-elle les sunnites à se soumettre au pouvoir
Kalifal et parfois même à se refugier dans les enclaves montagneuses. Un tel
isolement ne fit que renforcer la doctrine religieuse du chiisme. La théorie de

21
Le Monde diplomatique : février 1980, p. 9.

34
‘‘l’imam caché’’ (imam Zaman), lequel apparaît à la fin des temps afin de
délivrer les déshérités (Mostazafin), agit comme référence symbolique contre le
monde des dominants assimilés au monde sunnite. L’Iran en établissant cette
doctrine religieuse, au moyen de la révolution islamique se présente comme une
alternative. Alors pour l’exportation, Khomeyni va donc utiliser les symboles du
chiisme comme celui des martyres par exemple pour servir sa cause.
En effet, il recrute des jeunes de 12 à 15 ans dans le corps des gardiens de
la révolution avec pour mission de mourir dans la tradition des martyres chiites
car ils les instruits au goût de la mort. A cet effet, il installe des groupes pour
cette cause dans le monde Oriental pour servir sa cause et profiter des
manifestations de déstabilisation de l’ordre en place pour les soutenir. Il leur
inculque la violence, pour lui c’est par cette seule voie que la révolution peut
être exportée. En clair, pour exporter la révolution, Khomeyni se base sur la
religion musulmane la violence et la tendance chiite pour s’exprimer. C’est ce
dernier moyen qui inquiète les voisins abritant des communautés chiites comme
l’Irak, le Liban, le Bahreïn, le Koweït etc.… alliés des americains.

II- MENACE DE L’EXPORTATION DE LA REVOLUTION CONTRE


LES ARABES ALLIES DES ETATS-UNIS

Cette phase de menace de l’exportation contre les arabes alliés des Etats-
Unis commencera par une mise en place de cette conception de l’Etat universel
que recherche Khomeyni et l’inquiétude des autres.

1- La mise en œuvre de l’exportation


Dans sa quête d’en découdre avec les americains et de la réalisation de la
communauté des croyants, Khomeyni va envahir le Liban. En effet, le Liban qui
était en guerre civile depuis 1975 regorge une importante population chiite.
Khomeyni voyant la désorganisation du pays et l’envahissement du Liban par
l’Etat Hébreu allié des Etats-Unis. Il envoie des gardiens de la révolution pour
aider les libanais à résister contre l’invasion sunnite. Dès cet instant, les gardiens

35
de la révolution s’installent dans la ville Baalbek où l’on trouve plus de chiites.
Ils initient des cours politico-religieux selon la vision de Khomeyni à travers la
création d’écoles, de camps militaires pouvant leur permettre de combattre
l’ennemi. Dans ces camps, ils forment des jeunes de 12 à 15 dans la tradition
chiite. C’est dans ces camps qu’est né le parti de Dieu (le Hezbollah) 22. Ces
groupes procéderont à des attaques contre les americains ennemi premier de
Khomeyni. Ces attentats avaient pour but de chasser les americains qui étaient
au Liban. Au-delà de ces actes, Khomeyni pousse la population libanaise à
proclamer la République Islamique de Baalbek-Hermel23.
Eu égard à toutes ces actions au Liban, tous les autres pays alliés des
Etats-Unis se sentent menacer par les agissements de Khomeyni.

2- L’inquiétude des alliés arabes des Etats-Unis


Depuis sa révolution islamique contre le Shah en 1979, l’Iran est perçu au
Moyen Orient arabe allié des Etats-Unis comme une menace.
En effet, le régime des Mollahs installés inquiète les monarchies
pétrolières du golf notamment les pays comme l’Arabie-Saoudite, le Koweït, le
Bahreïn, l’Irak etc. Khomeyni qui a pour ambition de déstabiliser ces pays à
cause de leur collaboration avec les Etats-Unis, le fait que ces monarchies soient
dirigées par les sunnites et enfin leur soutien à l’Irak dans la guerre qui les
oppose.
C’est ainsi que les monarchies du golfe consolidé la stabilité de leur
régime sur la base de leur amitié avec les Etats -Unis. Mais il faut remarquer que
le shah leur faisait obstacle pendant son règne .Après sa chute les américains ont
intensifié leurs relations avec ses monarchies car ils ne veulent pas être chassés
de la région. Ils vont donc développer des relations très poussées avec ces
monarchies. Ces monarchies sont victimes de la trop grande haine de Khomeyni
22
Le Hezbollah (parti de Dieu) est fondé en Juin 1982. C’est un mouvement fondamentaliste chiite avec pour
objectif la création d’un Etat islamique sur le modèle Iranien et l’élimination de toute présence non islamique au
Moyen Orient. C’est aussi un mouvement politique chiite libanais possédant une branche armée s’appuyant sur
un financement iranien. Le Hezbollah libanais est différent du Hezbollah turc.
23
Camara (M.), L’évolution des relations entre les Etats-Unis et l’Iran 1953-1996 : du mariage de raison à la
haine réciproque, Mémoire de Maîtrise, p. 178.

36
contre les sunnites. C’est pour toutes ces raisons que ceux-ci soutiennent l’Irak.
Dès cet instant ces monarchies vont subir le courroux de Khomeyni. Il va
menacer tous ces régimes pour exporter sa révolution et même remettre en cause
la monarchie sunnite Saoudienne garante des terres saintes. Ceux-ci pour leur
défense mettront en place le Conseil de Coopération du Golf (CCG), en 1981
pour combattre Téhéran. Khomeyni reprochera aux dirigeants des monarchies
de s’être trop éloignés des préceptes de l’Islam et d’être des alliés des
americains et d’Israël : source de malheur pour le peuple musulman. C’est pour
manifester et décrire toutes ces pratiques que le pèlerinage à la Mecque de 1987
a connu pour sa part un dénouement dramatique. Sous la conduite des gardiens
de la révolution, les pèlerins iraniens organisent une manifestation à Médine le
27 Juillet 1987 et occupent l’une des avenues principales menant à la grande
mosquée de la Mecque 4 jours plus tard. Brandissant des banderoles, criant des
slogans, agitant des portraits de guide de la révolution islamique et dont certains
sont munis de couteaux, les iraniens foncent sur la garde nationale saoudienne
postée aux abords immédiats de la grande mosquée. Celle-ci cède à la panique et
fait usage d’armes anti-émeute pour disperser les manifestants. Cela a été
dramatique. Il y aura 402 morts dont 235 iraniens et les blessés atteignant pour
leur part le nombre de 650. Les autres morts sont les saoudiens 85 et 42 pèlerins
pour d’autres pays. Les iraniens dénotent 600 morts : 350 morts iraniens et 5000
blessés. Suite à tous ces événements, les saoudiens ont rompu toute relation
diplomatique avec l’Iran le 26 Avril 1988.
Le Bahreïn et le Koweït ont échappé à leur tour à un renversement de leur
régime par Khomeyni. Celui du Bahreïn en 1981 et celui du Koweït en 1985.
Khomeyni se déchaine sur ces monarchies par ce qu’elles ont tissé des liens
avec les Occidentaux en général et en particulier avec les Etats-Unis. Pour lui,
les Etats-Unis sont des impérialistes qui profanent les lois musulmanes, qui ne
vivent que pour le profit individuel non pas communautaire. Il fait appel à tous
les musulmans du monde entier de faire en sorte que le pétrole devienne une

37
arme au service des musulmans24. Dès cet instant, les monarchies pétrolières se
méfient et craignent que leurs réserves de pétroles ne deviennent une arme au
service du chiisme25. Cette trop grande peur et de méfiance va pousser l’Irak à
combattre l’avancée de la révolution islamique dans le golfe.

24
Camara (M.), L’évolution des relations entre les Etats-Unis et l’Iran 1953-1996 : du mariage de raison à la
haine réciproque, Mémoire de Maîtrise, p. 181.
25
Le Monde, 20 aout 1987.

38
CHAPITRE III : LA GUERRE IRAN-IRAK 1980-1988
Depuis l’avènement de la République Islamique d’Iran, Khomeyni a fait
comme instrument de lutte pour l’exportation de la révolution
l’antiaméricanisme et l’anti-sunnite. Sa vision pour la création d’une
communauté des croyants l’amène à avoir des comportements indécents envers
ses voisins. Il réoriente la politique interne et externe de son pays.
Dominé par la personnalité de son fondateur, la nouvelle république a
instauré une politique interne et externe menée par une classe politique dirigée
par un seul membre du clergé, à savoir Khomeyni. Il va donc s’ingérer dans les
affaires intérieures de ses voisins jusqu’à même perpétuer des attentats contre
les autorités de ces pays qu’il considère être trop proche des americains. Au vue
de toutes ces actions menées contre ses voisins notamment l’Irak, les autorités
de ce pays vont déclarer la guerre à l’Iran le 22 Septembre 1980. Cette guerre
qui fut la première entre les Etats musulmans eux-mêmes. Ce conflit qui débute
sans la participation des grandes puissances va connaitre l’entrée des americains
aux côtés des irakiens pour combattre le régime de Téhéran. Ceux-ci les
considèrent comme une plaie gênante pour la stabilité de la région.
Pour comprendre cette guerre, l’on doit chercher à connaître les causes et
les manifestations.

I- LES CAUSES DE LA GUERRE


Elles peuvent s’appréhender sur deux étapes : les raisons lointaines et les
raisons immédiates.
1- Les raisons lointaines
Les raisons lointaines de cette guerre prennent leur source dans les tracées
de la frontière entre l’Iran et l’Irak. Cette frontière est le fleuve Chatt-Al-Arab
qui les sépare. Ce fleuve prend sa source en Turquie et borde sur une distance de
90 kilomètres l’Iran. Ce fleuve qui était un lieu d’échanges pendant l’époque

39
islamique est devenue au XXe siècle le grand fleuve pétrolier du monde26. Il
représente pour l’Irak, la seule ouverture sur la mer. C’est pour cela que le
partage de ce fleuve ne satisfait pas les deux pays. Depuis le début du XX e
siècle, plusieurs traités ont été signés entre les deux pays pour leur différent. Au
titre des traités, nous notons celui de Constantinople en 1913 qui avait divisé le
fleuve par les eaux basses de la Perse. Ce traité favorise l’Iran.
Le pacte d’amitié Irako-Iranienne de 1937 envoie la frontière sur la rive
iranienne, laissant ainsi l’entièreté du fleuve à la porté de l’Irak. Dès la moitié du
siècle, les deux pays vont se rapprocher des grandes puissances : l’Iran du côté
des Etats-Unis et l’Irak du côté de l’URSS.
Les enjeux du fleuve deviennent alors plus grands, car cette partie
renferme assez d’hydrocarbures.
Le partenariat du Shah d’Iran avec les Etats-Unis font de lui une personne
très importante au Moyen-Orient. Avec ce soutien des Etats-Unis, il dispose de
la plus puissante de la région. C’est à ce titre qu’en avril 1969, il abroge l’accord
de 1937 en réclamant que la frontière soit remise aux Thalwegs comme le
premier accord de 1913. Pour atteindre cet objectif, le Shah apporte son soutien
aux opposants du pouvoir de Bagdad c'est-à-dire à la rébellion Kurde. Cette
insurrection a été fatale pour l’armée irakienne qui a perdu 60.000 personnes en
1974 et 1975.
Suite à l’intervention du Président Algérien, Houari Boumédien au cours
du premier sommet de l’OPEP à Alger, le Shah rencontra le vice-président
irakien Saddam-Hussein et un accord est conclu le 6 mars 1975 entre les deux
pays. L’accord prévoit que chacun des deux pays payera à éviter toute ingérence
dans les affaires intérieure de l’autre. Ils procéderont au règlement de leur
différent frontalier tant terrestre que fluviaux et mettront fin à toutes les
infiltrations subversives. La période qui suivit l’accord d’Alger jusqu’à la
révolution communiste est un des rares moments où le gouvernement irakien
26
Camara (M.), L’évolution des relations entre les Etats-Unis et l’Iran 1953-1996 : du mariage de raison à la
haine réciproque, Mémoire de Maîtrise, p. 155.

40
entretint de bonnes relations avec l’Iran. C’est ainsi que le Shah demanda aux
autorités irakiennes d’expulser Khomeyni qui était à Nadjaf depuis 1964 en
1973.
L’avènement de la révolution islamique changera les donnes de leur relation.

2- Les causes immédiates


L’année 1979 marque pour les deux pays un tournant décisif, Khomeyni
prend le pouvoir suite à sa révolution et Saddam-Hussein vice-présidente
succède au Président Bakr en juillet 1979.
En Iran après la proclamation de la république islamique, Khomeyni
change la politique interne et externe du pays. Il a pour objectif de répandre le
mouvement islamiste dans tout le monde oriental. A partir de ce moment, les
relations avec l’Irak se détériorent. L’impact de cette politique commence par
l’attentat de l’Université Al-Moustansiriyya de Bagdad commis le 01 avril 1980
par un étudiant iranien et ciblant Tarek Aziz le premier ministre irakien.
Khomeyni incite les chiites irakiens à se rebeller contre le pouvoir de Saddam-
Hussein. Ces chiites constituent plus de la moitié de la population irakienne (52
%), encourage la création dans les principales villes chiites Nadjaf, Ker bala, un
mouvement intégriste nommé Al-Adoua. Il multiplie des attaques contre le
pouvoir de Bagdad, notamment l’ambassade d’Irak à Téhéran demandant aux
irakiens de se révolter contre leur régime.
La révolution iranienne était une menace pour la souveraineté, à la
sécurité des pays arabes voisins, notamment ceux du golf et plus précisément
l’Irak27.
Quant à Saddam-Hussein, il arrive au pouvoir en 1979 avec pour ambition de
positionner son pays au premier rang dans la région. Il caressait le rêve d’être
une puissance régionale étant donné que ceux qui envisageaient ce rêve étaient
détruits. L’Iran gendarme du golf était déstabilisé par la révolution de Khomeyni
et l’Egypte la mort de Nasser a freiné cette ambition. L’Algérie quant à elle était

27
Firzli (N.), Le conflit Irako-Iranien, édition du monde arabe, Paris, 1982, p. 22.

41
préoccupée par la guerre du Liban. Dès cet instant, Saddam-Hussein se dit que
c’est le moment ou jamais d’intervenir surtout que les Etats-Unis voient en
l’Irak une puissance régionale.
Ainsi qu’en septembre 1980, Saddam-Hussein exige la révision de
l’accord d’Alger de 1975 entre Bagdad et Téhéran mettant fin à leur différent
frontalier et entrainant l’arrêt de toutes aides iraniennes à la rébellion Kurde.
Cela fut refusé par Téhéran. Alors Saddam-Hussein abroge unilatéralement
l’accord et attaque l’Iran en appelant le monde arabe à s’unir pour combattre
l’intention extensionniste de Khomeyni.
La destruction et la décapitation de la hiérarchie militaire de l’armée
impériale après la proclamation de la république islamique, incitèrent Saddam-
Hussein à entrer en guerre contre la nation iranienne. Pays déjà affaibli par les
saignées continues des bourreaux communistes dans l’armée et le peuple. Ces
massacres répétés et sanglant avaient donné à penser au chef de l’Etat irakien
qu’il arriverait rapidement à ses fins. C’est ainsi qu’il déclare la guerre à l’Iran
le 22 septembre 1980. Cette guerre de voisinage va progresser pour devenir
régionale puis finir par s’internationaliser avec l’entrée en liste des grandes
puissances, notamment les Etats-Unis, l’URSS, la France etc.

II- LES MANIFESTATIONS DE LA GUERRE


1- L’implication des Etats-Unis dans la guerre
La guerre qui a débuté le 22 septembre 1980 entre l’Iran et l’Irak était,
une guerre que les deux protagonistes voulaient circonscrire au niveau régional
mais elle a vite progressé compte tenu de l’enjeu que représentait ces deux pays
et leur richesse en matière de ressources pétrolières.
En effet, l’Iran qui depuis l’avènement de la révolution islamique était
hostile aux Etats-Unis les accuse d’apporter leur soutien aux irakiens. Ceux-ci
malgré la crise des otages n’osent pas intervenir. Ils avaient deux objectifs : le
premier est qu’il voit en Iran un frein à l’entrée des soviétiques dans la région.
Le second objectif est que les Etats-Unis pensent qu’une guerre d’usure

42
affaiblissant les deux pays favoriserait leurs intérêts dans la zone. A travers ces
deux objectifs, les Etats-Unis restent observateurs mais très vigilants. Les
américains furent désillusionnés par les agissements du Khomeyni qui avait lui
aussi ses propres ambitions. Il voulait donc exporter sa révolution dans le monde
arabe, tenait des discours à l’encontre des Etats-Unis. Il voulait donc réaliser la
communauté des croyants à travers la chute de l’Irak. Alors, dès cet instant les
Etats-Unis qui pensaient atteindre leurs objectifs voient en l’Iran une menace
pour ses alliés du golf. L’Iran qui au début de la guerre était vu comme un pays
affaibli militairement ne pouvait pas tenir devant l’Irak, va donc multiplier des
victoires dès septembre 1981 sur l’Irak en récupérant ses territoires occupés et
avec notamment l’héroïque bataille de Khorramchahr en mai 1982. Tout ceci
inquiète les Etats-Unis qui pensent qu’une victoire des iraniens sur l’Irak
consoliderait les liens des iraniens avec la Syrie. Cela permettrait une montée de
l’antiaméricanisme et imposerait la Syrie soutenu par les soviétiques comme la
nouvelle puissance régionale28. Ainsi les Etats-Unis dès 1982 vont soutenir
secrètement l’Irak. L’étonnement vient du fait qu’Israël allié incontesté des
americains vende des armes à l’Iran sans que les Etats-Unis ne disent un mot.
Pourtant les americains voulaient que ces deux pays soient très affaiblis pour
mieux défendre leurs intérêts dans la zone. Cette action des israéliens vient du
fait que pour eux se mettre aux côtés de ses ennemis les moins dangereux pour
vaincre ce qui le sont29. C’est ce qui explique leurs ventes d’armes aux iraniens.
Car pour Israël une victoire de l’Irak serait un danger pour la région.
L’Egypte, la France et les monarchies encouragées par les Etats-Unis vont
se ranger aux côtés des irakiens. Pour l’Arabie-Saoudite et les autres monarchies
ont largement financé l’effort de guerre irakienne par crainte d’une contagion
révolutionnaire envers leur propre population chiite. L’Israël, la Syrie et la
Libye se mettent à leur tour aux côtés de l’Iran avec des objectifs différents pour
28
Camara (M.), L’évolution des relations entre les Etats-Unis et l’Iran 1953-1996 : du mariage de raison à la
haine réciproque, Mémoire de Maîtrise, p. 163.
29
Camara (M.), L’évolution des relations entre les Etats-Unis et l’Iran 1953-1996 : du mariage de raison à la
haine réciproque, Mémoire de Maîtrise, p. 163.

43
chacun. Sur le front terrestre, aucun des deux adversaires ne semble devoir
réussir à faire basculer l’équilibre des forces en sa faveur, la guerre s’intensifie
dans la zone maritime, surtout après février 1984. Elle prend principalement la
forme d’attaque des pétroliers. C’est ainsi que l’Irak a détruit plusieurs pétroliers
mouillants du champ pétrolier de Norouz, au Nord-est de l’île de Kharg en Iran.
La riposte iranienne fut fatale pour un pétrolier saoudien allié de l’Irak qui a été
détruit le 16 mai 1984. Cette action provoque l’énervement des americains qui
vont mener des actions diplomatiques et militaires. C’est dans cette veine qu’ils
proposent au conseil de sécurité de l’ONU de condamner les iraniens. Ainsi ils
envoient en Arabie-Saoudite 200 missiles « STINGER » d’une portée de 3,5
miles destinées à défendre ses côtes et ses pétroliers30, le 22 mai 1984. Le 17 mai
1987, deux missiles « ETO » sont lancés par un mirage F1 irakien touchèrent la
Frégate USS Stark tuant 37 marines et blessant 21 autres. Cette action des
irakiens a failli pousser les Etats-Unis à entrer en guerre contre l’Iran suite à
cette manigance irakienne. Les irakiens en posant cet acte voulaient pousser les
americains à faire la guerre contre les iraniens car ceux-ci étaient les ennemis
des americains. Le pilote de chasse dit avoir confondu le navire à un pétrolier
iranien. Les americains sachant bien que se sont les irakiens qui ont fait couler le
pétrolier ne se sont pas fait prier pour réagira défavorablement contre les
iraniens. Ils ont prononcé des menaces à l’encontre de l’Iran et on assisté à un
renforcement du dispositif et de la présence américaine dans le golf31. En
appelant tous les autres pays du golf, notamment le Japon et les pays de l’OTAN
à s’unir pour défendre la circulation dans le golf. Pour les américains, l’ennemi à
abattre est l’Iran pour garantir la sécurité dans la région. Donc il fallait faire en
sorte que ces derniers sortent de la guerre perdant. L’on s’aperçoit ainsi à une
entrée possible des Etats-Unis en guerre contre l’Iran.

30
Berg (E.), La politique internationale depuis 1955, Paris, Economica, 1982, p. 769.
31
Camara (M.), L’évolution des relations entre les Etats-Unis et l’Iran 1953-1996 : du mariage de raison à la
haine réciproque, Mémoire de Maîtrise, p. 165.

44
Mais cette situation de frayeur fut atténuée par les Etats-Unis qui ont
obtenu un cessez-le-feu entre les deux belligérants.

2- La fin de la guerre
La signature du cessez-le-feu a été l’initiative du Secrétaire Général des
Nations-Unis. Elle avait l’entière approbation des Etats-Unis qui voulaient la
paix dans cette zone avant les élections présidentielles américaines de novembre
1988. Pour palier à cette question, le Conseil de Sécurité des Nations-Unies fait
adopter le 20 janvier 1987 une résolution demandant un cessez-le-feu immédiat
entre les deux pays. Cette adoption était la huitième depuis que la guerre a
débuté et les américains la qualifient d’historique. En même temps ils
demandent aux deux belligérants de se retirer sur les frontières internationales et
envisagent même des sanctions contre le pays récalcitrant.
Le texte fut immédiatement rejeté par l’Iran sous prétexte qu’il faut
d’abord situer les responsabilités afin de voir qui est l’agresseur en vue d’une
éventuelle dédommagement d’après guerre. Ce pays pendant qu’il se battait
avec l’Irak était confronté à une situation intérieure. Celle de la lutte entre les
religieux modérés et ceux des religieux radicaux. A cette situation s’ajoute
l’affaiblissement et l’isolement de ce pays.
En effet, en Iran les religieux radicaux voulaient coûte que coûte finir
avec les régimes de Saddam-Hussein qui est vue comme un régime pro-
occidental. Ce groupe est dirigé par l’Ayatollah Montazeri. Leur combat était
discrètement soutenu par l’Ayatollah Khomeyni qui se bornait seulement à dire
que la solution de ce conflit est la disparition du régime irakien.
En ce qui concerne les religieux modérés dirigés par le président du
parlement (Madjlis), Rafsandjani pense que poursuivre la guerre prolongerait
l’Iran dans une situation chaotique, ce qui est ailleurs le cas, d’où pour eux
l’arrêt immédiat de la guerre.
La situation conflictuelle entre les religieux iraniens va perdurer jusqu’à
ce qu’on arrive à la dissolution du parti de la République Islamique fondée en

45
1979 par Khomeyni. Ainsi après la dissolution, certains radicaux ont été
poursuivis, d’autres arrêtés et exécutés pour corruption. Cette dissolution qui a
eu lieu en juin 1987, marque la victoire des modérés. C’est ainsi qu’en avril
1988, l’armée irakienne reprenait le dessus sur les mollahs iraniens. A cette
même période, Rafsandjani est réélu pour la deuxième fois président de la
Madjlis. Il fut nommé chef des armés par Khomeyni. A ce moment, il se rendit
compte que l’armée iranienne est sur la défensive et a même le Kurdistan irakien
qu’elle tenait depuis 1984. Dans sa quête de solutions pour convaincre ses
compatriotes à signer la résolution des nations des unies qu’intervient le
bombardement de l’Airbus A300 d’Iran Air reliant Bandar Abbas à Dubaï par le
croiseur USS Vincienne des Etats-Unis qui a fait 290 morts, le 3 juillet 1988.
Cet évènement va amener Rafsandjani a accepté la résolution 598 du conseil de
sécurité des nations-unies. C’est ainsi que le 18 juillet 1988 il accepte le cessez-
le-feu qui marque la fin définitive de la guerre Iran-Irak.
La guerre Iran-Irak de septembre 1980 à aout 1988 a été très meurtrière. Elle a
vote évolué compte tenu de l’enjeu que représentait ces deux pays pour les
puissances européennes et surtout pour les americains. Elle a vu la participation
des différents pays frontaliers. En effet, les americains en voulaient tant à ces
deux pays pour protéger leurs intérêts dans cette zone. Cependant, Khomeyni
qui voulait exporter sa révolution dans le Moyen-Orient a vu ses ambitions
freinées par l’Irak. Cette guerre n’a profité qu’aux americains qui avaient leurs
objectifs à atteindre.

46
CONCLUSION

47
Les relations politiques Iran-Etats-Unis 1979-1988 ont connu beaucoup de
soubresauts.
En effet, 1979 marque la rupture entre ces deux pays. Cette rupture est
due à la vision impérialiste des Etats-Unis qui ont mal géré la révolution
Iranienne. Elle a été le fait d’une mésentente entre les membres même de
l’administration américaine.
Les Américains en laissant le Shah seul voué à on propre sort, voulaient
s’attirer les faveurs du régime des Mollahs. Mais la chute de leur plus grand allié
au Moyen Orient a fait monter un anti-américanisme. Ceux-ci étaient considérés
par le régime des Mollahs comme étant un peuple sans moral, qui pratiquent
tous les vices connus sur la terre. Ils étaient considérés comme le ‘‘Grand
Satan’’. Cet anti-américanisme va les amener à se confronter entre la période
1980-1988.
Cette confrontation ne fut pas directe, mais elle s’est manifestée par une
prise d’otages de l’Ambassade des Etats-Unis à Téhéran. Elle a été orchestrée
par les étudiants eux-mêmes soutenus par l’Ayatollah Khomeyni suite à
l’admission du Shah aux Etats-Unis pour se faire soigner. Cette prise mettra un
terme à leurs relations diplomatiques.
C’est ce qui va se poursuivre quand Khomeyni va vouloir exporter sa
révolution dans tout le Moyen-Orient. Cette envie d’exportation entraine la peur
de tous les arabes alliés des Américains. Durant toute cette période 1980-1988,
nous aurons la guerre Iran-Irak qui deviendra très vite une guerre sous-régionale
et voire internationale avec l’implication des grandes puissances occidentales et
les Etats-Unis. Ces derniers voulaient voir ces deux pays affaiblis pour mieux
protéger leurs intérêts et freiner l’avancée du communisme.
En effet, toutes ces divergences sont la manifestation d’un peuple
longtemps opprimé et surexploité qui veut se défaire du joug du colonisateur.
Elles sont donc des héritages de politiques menées par des administrations

48
passées. Ces relations entre ces deux peuples étaient du type : puissance
impérialiste-pays du tiers monde.
Pour améliorer les relations de ces deux pays, il faudra que la puissance
impérialiste puisse comprendre que nous sommes dans un monde nouveau où le
plus fort se doit d’écouter le plus faible. Toutefois que cela sera compris, nous
parviendrons à une amélioration des rapports de ces deux peuples. Sinon, sans
l’équilibre des rapports entre eux, les divergences ne finirons pas et cela nous
donnera toujours comme on le voit aujourd’hui la polémique sur le nucléaire.

49
BIBLIOGRAPHI
E

OUVRAGES GENERAUX

- BERG (E), la politique internationale depuis 1955, Paris, economica,


1982, p776
- MIGUEL (P.), Histoire du monde contemporain, 1945-1991, Paris, Fayard,
1991, p. 657.
- PLANTEY (A.), De la politique entre les Etats principe de diplomatie, Paris A.
Pedone, 1987, p. 416.

OUVRAGES SPECIALISES

- SALINGER (P), Otages : les négociations secrètes de Téhéran, Paris, Buchet


Chastel, 1981, 308 p.

-FIRZLI (N), Le conflit irako- iranien, édition du monde arabe, paris 1982

-JACQUES (R) et HENRI (O), libertés fondamentales et droits de l’homme,


édition Montchrestien 1989
- WOODWARD (B.), C.I.A : Guerre secrète 1981-1989, Paris, Buchet-Chastel,
1981, p. 308.

- BANI SADR (A.H), Le complot des Ayatollahs, Paris, Edition, Découverte,


1989, p. 237.

PERIODIQUE
Le Monde

- ALAIN (C.), « L’Amérique retient son souffle », décembre 1979.

- DELARUE (M.), « Création d’un comité pour la défense des libertés et les
droits de l’homme », 4 janvier 1978, p 1

50
 Le Monde diplomatique

CLAUDE (J.), « fanatisme », décembre 1979, p. 1.

FAROUGHY « le pouvoir islamique face aux relations antagonistes en Iran »,


février 1980, p. 9.
LES MEMOIRES
- CAMARA (M.), L’évolution des relations entre les Etats-Unis et l’Iran 1953-
1996 : du mariage de raison à la haine réciproque, Mémoire
de Maîtrise, 240 p.

51
TABLE DES MATIERES

SOMMAIRE ………………………………………………………………..….1
REMERCIEMENTS …………………………………………………………..3
DEDICACE……………………………………………………………….…….4
INTRODUCTION ……………... ……………………………………..............5

PREMIERE PARTIE : 1979 LA RUPTURE ……………………………....10


CHAPITRE I : LES ETATS-UNIS ET LA REVOLUTION………..……..12
I- L’ACCESSION DE CARTER AU POUVOIR…………………………...12
1- La politique de Carter……………………………………………..….12
2- Les critiques de l’administration américaine…………………...…….13
II-LES LIENS AVEC LE SHAH………………………………….…………13
1- Carter à Téhéran pendant la crise…………………………………….14
2- Les assurances de Carter au Shah…………………………………….14

CHAPITRE II : LA GESTION DE LA CRISE PAR


L’ADMINISTRATION CARTER………………………..16
I- LE COMPORTEMENT DE L’ADMINISTRATION CARTER FACE
A LA CRISE ……………………………………………………………….16
1- Désintéressement de Carter à la crise………………………………...16
2- Le manque de solution de l’administration Carter…………………....17
II-CACOPHONIE AU SEIN DE L’ADMINISTRATION CARTER……..18
1- La position du secrétariat d’Etat……………………………………...18
2- Position du conseil national de sécurité…………………………..…..18

CHAPITRE III : LA CHUTE DU SHAH ET LA MONTEE DE


L’ANTIAMERICANISME ………………………….…..20
I- LA CHUTE DU SHAH………………………...……………………….….20
1-Etat psychologique du Shah…………………………………………..20
2- Le manque de soutien de l’Amérique…………………………….…..21

52
II LA MONTEE DE L’ANTI- AMERICANISME………………………..22

DEUXIEME PARTIE : LA CONFRONTATION : 1980-1988…………....24

CHAPITRE I : LA CRISE DE L’AMBASSADE DES ETATS-UNIS A


TEHERAN ET SES CONSEQUENCES…………………..26
I- LA PRISE DE L’AMBASSADE DES ETATS-UNIS A TEHERAN……26
1- Les causes de cette prise et le rôle des étudiants……………………...26
2- Khomeyni et la prise d’otages………………………………………...27
3- Les négociations et la libération des otages…………………………..28
a- Le début des négociations……………………………………...28
b-Les nouvelles négociations et la libération des otages................30
II- LES CONSEQUENCES DE LA PRISE DES OTAGES…………….….31
1- Conséquences sur la vie politique des Etats-Unis…………………….31
2- Conséquences pour la vie politique iranienne………………………...32

CHAPITRE II : L’EXPORTATION DE LA REVOLUTION AU


MOYEN-ORIENT…………………………………………33
I- Le concept de l’exportation de la révolution islamique………………….33
1- Objectifs de Khomeyni……………………………………………….33
2- Les moyens nécessaires pour l’exportation…………………………..34
II- MENACE DE L’EXPORTATION DE LA REVOLUTION CONTRE
LES ARABES ALLIES DES ETATS-UNIS……………………………..35
1- La mise en œuvre de l’exportation …………………………………...35
2- L’inquiétude des alliés arabes des Etats-Unis………………………...36

CHAPITRE III : LA GUERRE IRAN-IRAK 1980-1988…………………..39


I- Les causes de la guerre……………………………………………………..39
1- Les raisons lointaines…………………………………………………39
2- Les causes immédiates………………………………………………..41
II- LES MANIFESTATIONS DE LA GUERRE………….………………..42

53
1- L’implication des Etats-Unis dans la guerre………………………….42
2- La fin de la guerre…………………………………………………….45

CONCLUSION …………….………………………………………………...47
BIBLIOGRAPHIE……………………………………………………………50
TABLE DES MATIERES……………………………………………………52

54

Vous aimerez peut-être aussi