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RÉPUBLIQUE DU CAMEROUN REPUBLIC OF CAMEROON

Paix – Travail – Patrie Peace – Work – Fatherland


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UNIVERSITÉ DE GAROUA UNIVERSITY OF GAROUA
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FACULTÉ DES SCIENCES FACULTY OF LAW AND
JURIDIQUES ET POLITIQUES POLITICAL SCIENCE
Discipline, Rigueur, Équité Discipline, Rigour, Equity
B.P. 346 PO Box 346

HISTOIRE DES RELATIONS INTERNATIONALES

Capacité 1èreannée

Enseignement dispensé par :

Dr. ALIOU GARGA,

Ph. D. en Science politique,


Moniteur

2022-2023

1
INTRODUCTION GÉNÉRALE
À la suite d’Antoine GAZANO, l’on peut définir les relations internationales comme :
« Tous rapports ou flux transfrontaliers, matériels ou immatériels, qui peuvent s’établir
entre deux ou plusieurs individus, groupes ou collectivités ». Elles englobent les relations
entre États (interétatiques), les relations transnationales par le biais des entreprises
multinationales et les organisations non gouvernementales, ainsi que les échanges de biens et
d’informations « extra-étatiques ».
Si les préoccupations de la politique internationale ont un long passé que l’on se plait
généralement à remonter jusqu’à THUCYDIDE (471-400, avant J.-C.) l’étude des relations
internationales au sein des Universités comme un savoir progressivement indépendant du
droit et de l’histoire, apparaît pour la première fois au cours de l’entre deux guerres, en
Grande Bretagne et aux États-Unis d’Amérique, comme produit de la première guerre
mondiale et de la Conférence de Versailles.En effet, c’est en 1919, au sortir de la 1ère guerre
mondiale, qu’est créée àl’UniversityCollege ofWales à Aberystwyth la première chaire de «
politique internationale », intitulée « ChaireWoodrow Wilson », grâce à un don de David
Davies, un mécène Gallois. Elle fut confiée à SirAlfred Zimmern. Elle est suivie par la
création d’autres chaires à Harvard, Princeton, Colombia, surtout après la 2ème guerre
mondiale.Bien qu’il soit illusoire de penser qu’il ne s’est rien passé en matière de Relations
internationales entre l’antiquité (3000 avant J.-C. à 476 après J.-C.) et le moyen âge (5ème au
15ème siècle) d’une part, le moyen âge et la période moderne (15ème au 18ème siècle) d’autre
part, ce cours d’histoire des relations internationales fixe sa borne inférieure à partir de 1945,
date qui marque la fin de la 2ème guerre mondiale, ainsi que les fondements d’un nouvel ordre
mondial contemporain.
Le monde contemporain dans lequel nous vivons est issu de la Seconde Guerre mondiale,
caractérisé par la mise en place d’un monde bipolaire et de sa disparition (1945-1991)
(Chapitre 1), en passant par un monde unipolaire après la dislocation de l’URSS (1991-2001)
(Chapitre 2). Il est aujourd’hui en recomposition et en voie de multi-polarisation (2001 à nos
jours) (Chapitre 3). Conscient de ce que l’Histoire internationale a laissé des marqueurs
profonds chez les différents peuples et dans les différentes nations, il ne serait pas
superfétatoire dans le cadre de ce cours de s’interroger sur la place de l’Afrique dans les
relations internationales (Chapitre 4).

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CHAPITRE 1 : NAISSANCE ET CONFRONTATION D’UN MONDE
BIPOLAIRE(1945-1991)

L’ère bipolaire du système international correspond à la période de la guerre froide. Forgé


par Bernard Baruch et H.B. Swopeavant d’être popularisé par Walter Lippmann, le terme
« guerre froide » désigne la période d’affrontement entre les USA et l’URSS depuis la fin de
la seconde guerre mondiale jusqu’à la chute du mur de Berlin. Au lendemain de la Seconde
Guerre mondiale, l'alliance entre les vainqueurs est rompue et les deux blocs militaires et
idéologiques se constituent autour d'une part des États-Unis et d'autre part de l'Union
soviétique. Dorénavant, les relations internationales vont se concevoir dans une logique
bipolaire, c'est-à-dire, un conflit permanent sur le plan idéologique, politique, économique,
culturel, mais qui ne conduit pas pour autant à un affrontement armé direct. Les autres pays
devant choisir un camp de 1947 à 1991. L’enjeu de la guerre froide n’est donc pas
uniquement, et même principalement, la domination idéologique du monde, mais bien sa
transformation en une zone d’influence exclusive.

L'alliance américano-soviétique ne survit que peu de temps à la fin du nazisme. Deux blocs
antagonistes se constituent autour des États-Unis, d'une part, et de l'URSS, d'autre part.
Plusieurs éléments permettent d’établir les prémices de la guerre froide :

A- Origines de la guerre froide


1- La doctrine Truman

C’est une doctrine géopolitique selon laquelle les États-Unis se doivent de soutenir les
régimes démocratiques face aux régimes autoritaires dans le cadre de la guerre froide.
Présenté le 12 mars 1947 au Congrès des États-Unis par le Président Harry Truman, cette
doctrine a cimenté la politique interventionniste américaine.

2- Le plan Marshall ou Programme de rétablissement européen

Dans son discours prononcé le 05 juin 1947 à l’Université de Harvard, le secrétaire d’État
américain, le général Georges Marshall expose la volonté du gouvernement fédéral des États-
Unis de contribuer à la reconstruction des pays européens en ruine, afin qu’ils ne basculent
pas dans le communisme.

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3- La doctrine Jdanov

Le 22 septembre 1947, le 3ème secrétaire du Parti communiste de l’Union soviétique


(Kominform), Andrei Jdanov, en riposte à la doctrine Truman, présente son rapport sur la
nouvelle orientation politique soviétique face au camp occidental. Elle affirme la division du
monde en deux camps : les « forces impérialistes », dirigées par les États-Unis, et les
« pacifistes », menées par l’URSS.

B- les règles de fonctionnement du système bipolaire

Les États-Unis et l'URSS, du fait de leur superpuissance, ne peuvent se livrer à un combat


direct. La dissuasion nucléaire apparait, à partir de 1949, comme la principale explication du
fait que les deux puissances ne soient pas entrées en affrontement direct. Ce choix relève
également d’un calcul stratégique dans la mesure où pour les États-Unis, comme pour
l’URSS, la guerre indirecte était la solution à moindre coût. On pouvait ainsi s’affronter dans
un conflit donc l’objectif véritable était de jauger la puissance de l’autre. C’est ce qui explique
que la guerre froide est considérée comme un conflit géostratégique en considérant les
différents théâtres d’opération comme des glacis.

Les États-Unis sont à la tête du bloc occidental : ils sont puissants économiquement et
exercent une influence prépondérante sur les grands organismes économiques internationaux
qu'ils ont contribué à instituer. Ils prônent pour la Démocratie libérale et le pluralisme
politique, le modèle économique est capitaliste et fondé sur la propriété privée et sur le plan
social et culturel, « The American way of life » fondé sur la société de consommation fascine.
C’est la notion de « American dream » qui fait rêver.

Jusqu'en 1949, les États-Unis sont les seuls à disposer de l'arme atomique.

A l’opposé, l’URSS est un régime totalitaire sur fond de parti unique. L’économie est
communiste et fondée sur la propriété collective. L’URSS présente au monde un modèle idéal
d’égalité sociale et la propagande laisse croire au succès de cette société (affiches de
propagande, services secrets du KGB, allant jusqu’aux menaces de mort et les pressions
exercées sur les citoyens).

1- Une guerre d’intimidation

Les deux blocs vont organiser leur camp autour d'organisations. En 1949, le Pacte
atlantique (OTAN, Organisation du Traité de l'Atlantique Nord) est signé le 4 avril 1949 à

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Washington : c'est un pacte militaire regroupant la plupart des pays occidentaux. L'URSS
répond par la création du Pacte de Varsovie en 1955. Les deux blocs se lancent dans une
course à l'armement, dans le but d'intimider l'adversaire.

L'URSS obtient la bombe nucléaire en 1949. Un équilibre de la terreur s'installe entre les
deux grands, sans affrontement direct toutefois.

2- Guerre par belligérants interposés

Ce qui caractérisa la période de la guerre froide ce sont les conflits et crises qui ont éclatés
dans des pays périphériques, cristallisant par le fait même, l’antagonisme entre les deux
grandes puissances de l’époque. Ainsi, la guerre froide a connu comme principales crises le
blocus de Berlin, les crises de Cuba, de Corée et du Vietnam.

a- La première crise de Berlin : 1948-1949

La conférence de Potsdam avait divisé l'Allemagne en quatre zones d'occupation. En juin


1948, les Américains, les Anglais et les Français fusionnent leurs zones d'occupation et créent
une monnaie unique, le Deutschemark.

Le 24 juin 1948, à l’issue d’une longue dégradation des relations entre les quatre pays
occupants de l’Allemagne, l’Union soviétique bloque les voies d’accès terrestre à Berlin-
Ouest. Commence alors le « blocus de Berlin », qui dure jusqu’au 12 mai 1949. C’est l'une
des toutes premières crises de la guerre froide. Berlin est alors au cœur de l’affrontement entre
les États-Unis et l’Union soviétique de Staline. Pour empêcher la ville de tomber sous
contrôle soviétique, les États-Unis et leurs alliés mettent en place un gigantesque pont aérien
qui lui permet de résister et de continuer à vivre.

En levant le blocus, Staline reconnaît sa première défaite face à l’Occident dans la guerre
froide. Pour le camp occidental, la démonstration est faite qu'une résistance prolongée face
aux intimidations soviétiques peut forcer l'URSS à accepter un compromis. Il s'agit pour
l'URSS et l'Allemagne de l'Est d'une humiliation, voire d'une grande défaite, et d'une victoire
pour les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne de l'Ouest.

Cette première crise de Berlin accélère l’organisation de l’Europe en deux camps


antagonistes et la partition de l’Allemagne en deux États indépendants. L'Allemagne est, en
effet, divisée en deux, avec la création de la RFA et de la RDA en 1949.

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b- La guerre de Corée : 1950-1953

L'offensive débute le 25 juin 1950. La Corée est une ex-possession japonaise, occupée en
1945 par les Soviétiques au nord et les Américains au sud, et qui est restée divisée par le 38ème
parallèle. Le 25 juin 1950, les Nord-Coréens lancent une vaste offensive contre la Corée du
Sud. L'ONU vote la condamnation de la Corée du Nord. Ensuite, elle met en place, en Corée,
une armée essentiellement dirigée par le général américain Mac Arthur. En septembre 1950,
les communistes dominent toute la péninsule. Les armées de Corée du Sud reprennent
l'offensive, et la capitale de Corée du Nord tombe entre leurs mains.

La Chine communiste entre dans le conflit au moyen de «volontaires chinois» : c'est ainsi
que l'armée américaine doit se replier. Le monde croit qu'une nouvelle guerre mondiale va
éclater. Mac Arthur souhaite élargir la guerre à la Chine et veut utiliser la bombe atomique.
Truman refuse. Le 27 juillet 1953, un armistice est signé sur le 38ème parallèle à Pan Mun Jon.

c- La crise des missiles de Cuba : 1962

À Cuba, Fidel Castro, après avoir renversé le dictateur Batista, est au pouvoir depuis 1959.
Il a dû repousser, en 1961, une tentative de coup d’État préparée par des exilés cubains avec
l'appui de la CIA. L'URSS décide d'envoyer des fusées sur le territoire américain. Le monde
est au bord du gouffre. Les États-Unis menacent d'attaquer et l'URSS finit par céder.

La crise des missiles de Cuba désigne les événements survenus du 16 octobre au 28


octobre 1962 et qui ont opposé les États-Unis et l'Union soviétique au sujet des missiles
nucléaires soviétiques pointés en direction du territoire des États-Unis depuis l'île de Cuba,
qui ont mené les deux blocs au bord de la guerre nucléaire. Moment paroxystique de la guerre
froide, la crise de Cuba souligna les limites de la coexistence pacifique, et se solda par un
retrait de l'URSS en échange d'une concession publique et de deux promesses confidentielles
accordées par l'administration Kennedy.

Un « téléphone rouge » reliant directement la Maison Blanche au Kremlin fut installé après
la crise afin de pouvoir établir une communication directe entre l'exécutif des deux
superpuissances et éviter qu'une nouvelle crise de ce genre ne débouche sur une impasse
diplomatique. La résolution de cette crise ouvrit la voie à une nouvelle période de la guerre
froide, la Détente.

d- La guerre du Vietnam : 1955-1975

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La guerre du Viêt Nam (également appelée deuxième guerre d'Indochine) est une guerre qui a
opposé, de 1955 à 1975, d'une part la République démocratique du Viêt Nam (ou Nord-Viêt
Nam) avec son armée populaire vietnamienne (soutenue matériellement par le bloc de l'Est et
la Chine) et le Front national de libération du Sud Viêt Nam (dit Viet Cong), et d'autre part la
République du Viêt Nam (ou Sud-Viêt Nam), militairement soutenue par les États-Unis
appuyée par plusieurs alliés (Australie, Corée du Sud, Thaïlande, Philippines).

L'année exacte du début de la guerre du Viêt Nam prête à débat : dès le milieu des années
1950, en effet, le Sud Viêt Nam connaît une situation insurrectionnelle. En 1998, le
gouvernement des États-Unis a déterminé que les militaires américains tombés après le 1er
novembre 1955 (date de la création du premier groupe de conseillers militaires américains au
Sud Viêt Nam) pouvaient être considérés comme morts durant la guerre du Viêt Nam.
Cependant, ce n'est qu'à partir de 1965 que les États-Unis interviennent massivement au Viêt
Nam, après la résolution du golfe du Tonkin d'août 1964. La politique de contre-insurrection
des États-Unis, accompagnée de bombardements massifs (notamment l'opération Rolling
Thunder contre le territoire nord-vietnamien) échoue cependant à faire cesser la guérilla au
Sud : l'offensive duTết de 1968 confirme l'enlisement militaire du conflit vietnamien. Les
opérations américaines contribuent au contraire à étendre les hostilités aux pays voisins : la
guerre civile laotienne et la guerre civile cambodgienne deviennent des conflits annexes à la
guerre du Viêt Nam.

Le conflit étant dans l'impasse et de plus en plus impopulaire dans l'opinion publique
américaine, les accords de paix de Paris décident en 1973 du retrait militaire américain. En
1975, le Nord Viêt Nam réalise une offensive contre le Sud Viêt Nam et remporte la victoire :
le pays, officiellement réunifié l'année suivante, devient la République socialiste du Viêt
Nam. En même temps que le Viêt Nam, le Cambodge et le Laos deviennent eux aussi des
pays communistes.

Coexistence pacifique et nouvelles tensions

L'avènement de Nikita Khrouchtchev à la tête de l'Union soviétique est à l'origine d'un


changement radical en matière de politique. Il prône la coexistence pacifique dans les
relations internationales, soit de s'en tenir aux positions de lutte idéologique, sans recourir aux
armes. Nikita Khrouchtchev rencontre John Fitzgerald Kennedy à Vienne en 1961. Des deux
côtés, un équilibre de la terreur s'installe.

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Or, en 1961, une nouvelle crise éclate à Berlin qui se termine par la construction du mur de
Berlin séparant Berlin Ouest et Berlin Est. Désormais, une période de détente s'amorce. Mais
la chute du mur de Berlin en 1989 annonça une nouvelle ère pour l’histoire des relations
internationales, celle d’un monde unipolaire face à l’hégémonie et la superpuissance des
États-Unis d’Amérique.

CHAPITRE 2 : LES RELATIONS INTERNATIONALES DE L’APRÈS GUERRE


FROIDE (1991-2001) : UN MONDE UNIPOLAIRE

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La dissolution de l’Union Soviétique et la dislocation du bloc de l’Est mettent fin à la
guerre froide et la bipolarisation du monde. Ces évènements consacrent désormais les États-
Unis comme seule superpuissance sur la scène internationale. Les USA vont renforcer ce
statut dans tous les domaines : militaire, économique, technologique, culturelle et politique,
d’où la qualification d’hyperpuissance.

1- Hyperpuissance militaire

Les fondements de la puissance Américaine sont :

 Première puissance nucléaire :

Depuis 1992, les États-Unis sont la seule superpuissance militaire de la planète. Ils sont
l’un des neuf États qui possèdent l’arme nucléaire au début du XXIe siècle. Ils sont le premier
pays à avoir développé des armes nucléaires et le seul à les avoir utilisées en temps de guerre
lors des bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki. En septembre 2020, les États-
Unis possèdent au total environ 3 750 têtes d’ogives nucléaires actives et inactives.

 Armée la mieux équipée au monde :

Dans une autre mesure, les USA constituent l’armée la mieux équipée au monde, avec un
budget du Pentagone qui s’élève à 270 milliards de dollars en 2000 et 718 milliards de dollars
en 2020.

 Présence militaire globale :

Les USA assurent une présence militaire (maritime, terrestre et aérienne) sur tous les
continents. Leur armée intervient soit sous l'égide des Nations unies, soit afin de préserver les
intérêts américains (le pétrole en Irak). Le pays est aussi fréquemment intervenu en Amérique
latine (Nicaragua, Panamá), qui constitue sa zone d'influence privilégiée. Le complexe
militaro-industriel draine et redistribue 16 % des dépenses fédérales avec de nombreuses
retombées technologiques dans le civil.

 Commandement de l’OTAN :

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Les USA appartiennent également à l’OTAN sur laquelle els pèsent de tout leur poids
économique et diplomatique.

2- Hyperpuissance économique
 Première puissance économique, monétaire et financière :

Le PIB des États-Unis est l'équivalent de celui du Japon, de l'Allemagne, de la France et du


Royaume-Uni additionnés. Les firmes originaires des États-Unis dominent le marché
international et sont érigées en symboles de la mondialisation (Coca-Cola, Microsoft, Mac
Donald's, etc.).

 Le 1er pôle majeur de la mondialisation et des échanges internationaux


 Suprématie du dollar dans l’économie mondiale
 Puissance des places boursières (Wall Street)
 Siège des grandes institutions financières mondiales (FMI, Banque mondiale,
OMC…)
 Domination des Firmes Multinationales du monde numérique à l’échelle
mondiale.
3- Hyperpuissance technologique
 1ère puissance en technologie de pointe (informatique/ télécommunication/
aérospatiale/ biochimie/ robotique …)

Le tiers de la croissance américaine est désormais attribué au high-tech. 9 millions de


personnes en vivent, dont 3,5 millions dans le secteur informatique. On estime à 40 % du total
des investissements des entreprises américaines ceux consacrés à l'informatique et aux
télécommunications, contre 15 % il y a dix ans. Enfin, les États-Unis possèdent 50 % du parc
mondial des ordinateurs et un travailleur sur deux a recours à l'informatique.

 Les USA disposent des services de renseignements les plus puissants au monde
entre autres : la CIA, NSA, la NRO, le FBI, etc.
4- Hyperpuissance culturelle

L'influence exercée par les États-Unis dans le domaine culturel est multiforme. Il en résulte
une extension de la société de consommation (création américaine des années 1920) aux
autres pays capitalistes développés depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. L'adoption
de l'American way of life a transformé les habitudes alimentaires et vestimentaires, de même
que les modes d'expression artistique, par l'introduction de nouveaux produits, services et

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formes musicales tels que le coca-cola et le fast-food, le jean, le jazz ou le rock'n roll, etc.
Même les fêtes populaires comme Halloween sont désormais imposées commercialement en
Europe par Disney, CocaCola ou Mac Donald's. Cette chaîne de restauration rapide gère plus
de 25 000 restaurants aux États-Unis et dans le reste du monde. Tous les pays sont concernés,
y compris ceux de l'ex-URSS et la Chine.

Les vecteurs de la propagation de la culture américaine sont la presse, le livre, le disque et,
surtout, le cinéma et la télévision qui donnent au monde une image fabriquée de la vie
américaine et favorisent la pénétration des produits des multinationales basées aux États-Unis.
Depuis l'entrée en Europe et dans les autres pays du monde des grandes firmes d'Hollywood
(Fox, Warner Bros, Universal Studios, Sony Pictures, Paramount, Walt Disney ou Miramax),
la production cinématographique s'est développée sous la forme d'exportation de films et de
superproductions. Avec la télévision, les séries issues des États-Unis ont contribué à
l'américanisation du monde.

Un autre vecteur essentiel de la prédominance culturelle américaine est la langue anglaise,


parlée dans le cadre des échanges commerciaux et dans les grandes instances internationales.

5- Hyperpuissance politique

Plusieurs vecteurs marquent la prédominance américaine sur le plan international :

 Membre permanent stratégique du Conseil de Sécurité de l’ONU ;


 Suprématie dans la diplomatie internationale ;
 Exercent de très fortes pressions politiques dans les relations internationales ;
 Conduisent et orientent la politique internationale selon leurs intérêts.

CHAPITRE 3 : DE L’UNIPOLARITE DU SYSTÈME INTERNATIONAL A LA


MULTIPOLARITE (2001 A NOS JOURS)

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Érigé en gendarme du monde avec des interventions militaires tantôt unilatérales, tantôt
avec l’accord de l’ONU ou sous la bannière de l’OTAN pour le rétablissement des principes
démocratiques bafoué, pour apporter de l’assistance humanitaire ou pour garantir la stabilité
géopolitique dans certaines régions, un sentiment d’antiaméricanisme va se créer et se
renforcer à travers le monde surtout dans les États arabes du proche et du Moyen-Orient.

1- L’affaiblissement du leadership américain après le 11 septembre 2001

Le 11 septembre 2001, les Etats-Unis subissent des attaques terroristes orchestrés par
Oussama Ben Laden, dirigeant de l’organisation islamique Al-Qaïda. Deux avions détournés
percutent le World Trade Center, et un autre s’abat sur le Pentagone.

En représailles, les USA redéfinissent leur politique internationale de nation-bulding et


s’engagent dans la lutte contre l’Axe du mal (Iran, Irak, Syrie, Corée du Nord…) ou dans la
guerre contre le terrorisme international en déclenchant sans l’aval de l’ONU, une
intervention militaire massive en 2001 contre le régime des Talibans en Afghanistan où serait
réfugié le leader d’Al-Qaïda.

Les attentats du 11 septembre 2001, le contrôle des libertés civiles (fondement même de la
démocratie étasunienne) sous la menace terroriste permanente, l’enlisement des guerres en
Afghanistan et en Irak, les mensonges qui ont justifiés la guerre d’Irak (guerre préventive), les
crises financières récurrentes, le refus de l’unilatéralisme américain par certains de ses alliés,
vont révéler la fragilité des USA et remettre en cause leur suprématie sur la scène
internationale. On assistera dès lors à l’émergence de nouveaux pôles d’influence dans le
monde.

2- Les nouveaux pôles d’influence dans le monde

Avec l’affaiblissement du leadership des USA, on assiste à une recomposition géopolitique


du monde avec l’émergence de nouveaux acteurs sur la scène internationale, favorisant
l’avènement d’un monde multipolaire dont les principaux pôles d’influence sont :

 L’Union Européenne :

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Mise en place en 1992 par le traité de Maastricht, elle comprend aujourd’hui 27 Etats
membres et s’affirme progressivement comme un acteur stratégique autonome et puissant
dans les relations internationales. Premier espace économique mondiale, l’UE dans la
dynamique du Soft Power est une puissance influente à l’échelle internationale sur les
questions économiques, environnementales, sur le respect des droits de l’homme et des
principes démocratiques. Malgré toutefois la mise en place d’une politique européenne de
sécurité et de défense (PESD), la défense extérieure de l’UE est fortement dépendante de
l’OTAN, largement contrôlée par les USA. Les interventions militaires des pays de l’UE sont
dans le sillage des USA et dans le cadre réglementaire de l’OTAN.

Sur le continent africain, les pays de l’UE n’ont pas toujours une approche commune et
concertée dans leurs interventions (lutte antiterroriste, forces d’interposition, opérations
humanitaires, attaques préventives, etc.).

 Les BRICS :

Le Brésil, la Russie, la Chine et l’Inde (plu l’Afrique du Sud) font partie des nouveaux
pays émergents désignés par l’acronyme BRICS. Ils bousculent de nos jours l’ordre des
puissances de par leur dynamisme économique et commercial.

 La Russie :

Elle est l’héritière de la superpuissance que fut l’Union Soviétique. Sa politique extérieure
est dictée par deux priorités : la défense de ses intérêts économiques et le maintien dans son
orbite des Etats issus de l’Union Soviétique (guerre de Géorgie en 2008, conflit Ukrainien en
2014).

Deuxième exportateur mondial d’armement, avec une part de marché globale de 23%,
premier exportateur mondial d’énergie avec environ 30% des réserves mondiales de gaz
naturel, la Russie utilise ses exportations de défense et d’énergie pour développer et renforcer
sa politique d’influence internationale.

Elle est fortement impliquée sur la plupart des grands dossiers internationaux (dans les
Balkans, opposition à l’indépendance du Kosovo, implication politique et militaire dans les
conflits au Proche-Orient).

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Dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et de la sécurité, la Russie et la Chine
coopèrent depuis 2001, avec le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan,
au sein de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS).

Si la Russie à rompu avec le système totalitaire soviétique, il n’existe pas encore de


véritables contre-pouvoir institutionnels, politiques et juridiques face à l’autorité
présidentielle.

 La Chine :

La taille géographique et démographique du pays, sa capacité militaire ainsi que son poids
économique, commercial et financier font de ce pays une puissance. Elle manifeste sa
puissance par le contrôle stratégique des mers proches et par la pénétration de nouveaux
marchés comme le marché africain (Soft Power).

Deuxième puissance économique mondiale, la Chine a contribué en 1997 à la création de


l’ASEAN Plus Trois (ASEAN+la Chine, le Japon et la Corée du Sud), ce qui a permis à ces
pays asiatiques de s’imposer comme des acteurs stratégiques dans les négociations
internationales notamment à l’OMC pour contrebalancer l’influence de l’UE et de l’ALENA.

 La République de l’Inde

Elle fait aussi partie des pays au désir de puissance manifeste. Sa taille démographique, son
dynamisme économique et technologique, ses investissements militaires et spatiaux croissants
font partie des principaux facteurs qui renforcent son statut de puissance émergente.

 Le Brésil :

Il ne peut pas manifester le désir de puissance par des interventions militaires unilatérales à
cause de son voisinage avec la superpuissance américaine qui limite ses prétentions régionales
et mondiale. En revanche, il exprime ce désir sur le plan de la diplomatie (commandement en
2004 de la mission onusienne pour la stabilité d’Haïti : MINUSTAH) et à travers sa
prédominance du MERCOSUR (Marché Commun du Sud) crée en 1991.

 Les puissances émergentes du Moyen-Orient :

Israël, l’Iran, la Turquie, l’Arabie Saoudite, sont les principales forces émergentes au
Proche et Moyen-Orient qui aspirent à un leadership régional. Les oppositions religieuses
(Israël : judaïsme et christianisme ; Palestine : islamisme ; Iran : islam chiite ; Arabie

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Saoudite : islam-sunnite), la montée de l’intégrisme religieux, les enjeux territoriaux,
sécuritaires et même pétroliers font du Moyen-Orient la région la plus instable et la poudrière
de la planète.

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CHAPITRE 4 : LA PLACE DE L’AFRIQUE DANS LES RELATIONS
INTERNATIONALES

Les puissances européennes coloniales sortent affaiblies au lendemain de la 2ème guerre


mondiale, ce qui va permettre la remise en question des liens coloniaux. D’abord de la part
des peuples colonisés, qui ont réalisé que la puissance militaire des métropoles était moins
grande qu’ils le pensaient et qui reprennent à leur propre compte la notion de « droit des
peuples à disposer d’eux-mêmes ». Ensuite de la part des États-Unis et de l’URSS,
anticolonialistes par conviction politique et par intérêt : ils ont tout à gagner de la dissolution
du lien colonial.

Les partis communistes se font les champions de l’anticolonialisme tant à la tribune de


l’ONU qu’auprès des différentes opinions politiques nationales des pays coloniaux. La lutte
des peuples du tiers-monde contre les colonisateurs est assimilée à celle des prolétaires contre
les capitalistes. L’URSS offre un modèle de développement aux nouveaux pays indépendants.
Et les États-Unis, eux-mêmes créés par la décolonisation, sont philosophiquement favorables
à la décolonisation.

I- La contestation de l’ordre bipolaire et l’émergence du tiers-monde

Une nouvelle catégorie d’acteurs refusant la dichotomie Est-Ouest va apparaître. Les


nations africaines et asiatiques vont refuser de n’être qu’un enjeu dans la compétition Est-
Ouest. Elles vont tenter d’affirmer leur existence face aux deux blocs et d’achever l’œuvre de
décolonisation.

A- La conférence de Bandung

À l’initiative des gouvernements de Birmanie, de Ceylan, d’Inde, d’Indonésie et du


Pakistan, du 17 au 24 avril 1955, 29 pays d’Asie et d’Afrique tiennent une conférence à
Bandung, en Indonésie. S’Y trouve des pays pro-occidentaux (Japon, Vietnam du Nord) :
c’est la naissance de l’afro-asiatisme.

On y adopte le pan Shila (les cinq principes inspirés du bouddhisme) : non-agression et


respect mutuel des souverainetés et de l’intégrité territoriale ; non-ingérence dans les affaires
intérieures ; réciprocité des avantages dans les contrats ; coexistences pacifiques. Le future
président du Sénégalais Léopold Senghor y voit « la mort du complexe d’infériorité [des
peuples africains et asiatiques] face au monde européen ». On y célèbre surtout la

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condamnation du colonialisme, la défense des droits fondamentaux de l’homme, l’égalité des
races, le droit pour chaque nation de se défendre conformément à la charte de l’ONU, le refus
de recourir à des grandes puissances ; le respect de la justice et des obligations internationales
est aussi solennellement proclamé.

C’est la première grande réunion des pays du tiers-monde qui décide de se chercher un
avenir propre, en dehors du clivage Est-Ouest, et qui préfèrent se pencher sur le clivage Nord-
Sud. Qu’ils soient communistes ou capitalistes, les pays de l’hémisphère Nord appartiennent
au monde développé, tandis que les vingt-neuf pays participant à Bandung représentent la
moitié de l’humanité mais seulement 8 % du PNB mondial. La résolution finale affirme le
droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, le refus de l’ingérence, la nécessité du
désarmement nucléaire et que « le colonialisme dans toutes ses manifestations est un mal
auquel il doit être mis fin rapidement ». Elle préconise également la création d’un fonds des
Nations unies pour le développement économique.

B- Le mouvement des pays non alignés

À la suite de la conférence de Brioni (qui réunit l’Égyptien Nasser, l’Indien Nehru et le


Yougoslave Tito en juillet 1956) se tient la conférence de Belgrade, du 1er au 6 septembre
1961. Elle réunit vingt-cinq États : Yougoslavie, Inde, Égypte, Afghanistan, Arabie saoudite,
Birmanie, Cambodge, Ceylan, Chypre, Congo, Cuba, Indonésie, Irak, Éthiopie, Ghana,
Guinée, Liban, Maroc, Tunisie, Algérie, Somalie, Soudan, Yémen, du Sud, Mali, Népal. Les
pays trop liés au États-Unis (Corée du Nord, Vietnam du Nord) ne sont pas invités.

Il s’agit de créer non pas un troisième bloc, mais un espace entre les États-Unis et l’URSS,
pour ne pas enfermer les pays du tiers-monde dans un choix binaire Est-Ouest qui ne
correspond ni à leur histoire ni à leur intérêt. L’objectif est également d’achever une œuvre de
décolonisation.

Un second sommet des pays non alignés se tient en octobre 1964 au Caire. Vingt et un
nouveaux pays rejoignent le mouvement. L’élargissement se fait aux dépens du strict respect
des critères de non-alignement : des pays pro-occidentaux et procommunistes sont présents.
Selon Tito, il s’agit de faire prendre conscience aux grandes puissances qu’« elles ne peuvent
plus tenir entre leurs mains le destin du monde ».

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C- La seconde vague de décolonisation

Dès la fin des années 1950, les pays issus de la décolonisation sont majoritaires à
l’assemblée générale des Nations unies. Ils vont se servir de cette dernière comme d’une
tribune pour enclencher une seconde vague de décolonisation qui va toucher essentiellement
l’Afrique.

Prenant parti des colonies contre les métropoles, l’Assemblée générale adopte en 1960 la
résolution 1541 qui proclame le droit à la décolonisation immédiate et inconditionnelle. La
colonisation, contraire à la charte de l’ONU, compromet la paix mondiale. Le manque de
préparation politique, économique et sociale ne saurait servir de prétexte pour retarder
l’indépendance, toute action pour lutter contre le désir d’indépendance des peuples doit
cesser.

En Afrique noire française, la loi-cadre Defferre adoptée en 1956 prévoit l’octroi


progressif de l’autonomie politique aux colonies. Chaque territoire élit une assemblée qui
investit un gouvernement, dont le président est le représentant de la métropole (le haut-
commissaire). En 1958, après son arrivée au pouvoir, le général de Gaulle propose aux
colonies, par voie de référendum, soit l’indépendance, soit l’appartenance à la Communauté
qui vient d’être créée dans la nouvelle constitution. Seule la Guinée de Sékou Touré choisit la
première solution, rompant tout le lien avec la France.

En 1960, les douze colonies françaises et Madagascar obtiennent l’indépendance et entrent


à l’ONU, tout en établissant des liens étroits de coopération avec la France.

L’Afrique anglophone connait également une décolonisation sans heurts, le Ghana ouvrant
le bal en 1957, suivi du Nigeria (1960), de la Sierra Leone (1961), de l’Ouganda (1962), du
Tanganyika (1961) – qui deviendra la Tanzanie en 1964 après la fusion avec l’île de Zanzibar
– et du Kenya (1963).

La Rhodésie du Nord devient la Zambie en 1964. En Rhodésie du Sud, la minorité blanche


décrète l’indépendance pour établir une politique d’apartheid.

Le Congo belge obtient son indépendance avec plus de difficultés et connait une guerre
civile en 1960, avec le soutien de l’URSS et l’intervention des Casques bleus de l’ONU pour
mettre fin au conflit.

Seul le Portugal maintient ses possessions coloniales en Afrique jusqu’en 1975.

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En Afrique du Nord, si la France réussit une décolonisation négociée en Tunisie et au
Maroc, les revendications nationalistes débouchent sur une longue guerre coloniale en
Algérie, qui ternira son image dans le tiers-monde et précipitera la fin de la IVe République.
Le Général De Gaulle y mettre fin en 1962, les accords d’Évian reconnaissant l’indépendance
de l’Algérie. Contrairement à ce qui s’était passé en Tunisie et au Maroc, la population
d’origine métropolitaine ne peut rester en Algérie.

D- La guerre du Biafra

Le Nigéria, dominé par les musulmans, va connaitre la sécession du Biafra, région


pétrolifère de chrétiens de l’ethnie Ibo. Or l’ONU s’oppose au droit de sécession afin d’éviter
les manœuvres de division des ex-puissances coloniales.

Le 30 mai 1967, l’indépendance du Biafra est proclamée à la suite de massacres d’Ibos. La


guerre est immédiate, le pouvoir central nigérian ne pouvant accepter de voir lui échapper ses
réserves de pétrole. Les dirigeants biafrais sont isolés et dénoncent un génocide. La France
aide le Biafra, le Nigéria étant appuyé par la Grande-Bretagne et l’URSS. Soumise à un
blocus économique, une grande partie de la population meurt. Les images retransmises à la
télévision créent un choc psychologique énorme dans le monde occidental et seront à l’origine
de la création des mouvements humanitaires de type Médecins sans frontières. En janvier
1970, il est mis fin à la sécession.

II- L’Afrique dans la mondialisation


A- L’Afrique du point de vue des afro-pessimistes

L’Afrique, qui représente 16 % de la population mondiale, ne représente que 2 % du PIB


mondial et 3 % du commerce international. Sur 48 pays les moins avancés, 34 sont africains.
Le continent ne reçoit qu’environ 5 % des investissements directs étrangers. Dans 32 des pays
africains, l’espérance de vie est de 40 ans. Plus de 40 % de la population vivent sous le seuil
de pauvreté et plus de 30 % de la population n’ont pas accès à l’eau potable. Le sida s’emble
toucher particulièrement le continent avec 26 millions de personnes séropositives.

Malgré ou à cause de ses matières premières abondantes, l’Afrique est traversée par des
conflits et des guerres civiles particulièrement sanglantes, qui s’accompagnent de tortures, de
violences sexuelles, d’utilisation à grande échelle d’enfants soldats et de mutilations gratuites.
Le contrôle des matières premières suscite des convoitises, permet un enrichissement rapide et
fournit une rente qui permet d’alimenter les groupes armés infraétatiques.

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En 1994, le Rwanda a connu de 100 000 à 200 000 morts entre 1991 et 2002. Au Liberia,
où l’ancien président Charles Taylor est accusé d’être également l’un des principaux
responsables de la guerre en Sierre Leone, les violences ont fait 250 000 victimes.

Au Soudan, le conflit a fait 1,5 millions de morts, à la suite des affrontements opposant le
gouvernement de Khartoum aux rebelles de l’Armée de libération des peuples du Soudan du
Sud. Ce conflit s’est achevé par la signature d’un accord le 9 janvier 2005, qui fut
immédiatement suivi par le début d’une guerre civile au Darfour qui mobilisa les opinions
occidentales. Bien qu’il soit poursuivi par la Cour pénale internationale (CPI), le président
Omar el-Béchir est réélu en 2015 et se rend librement dans la plupart des pays africains.
Devenu indépendant en 2011, le Soudan du Sud a immédiatement plongé dans une guerre
civile.

Même la Côte d’Ivoire qui était le modèle de réussite économique du continent s’est
enfoncé dans une guerre civile qui a opposé les forces gouvernementales à plusieurs groupes
rebelles qui contrôlait le Nord du Pays. L’élément déclencheur a été notamment la position du
président Gbagbo mais reconnue par la communauté internationale. Une intervention militaire
soutenue par l’ONU permettra à Ouattara de s’installer à la présidence. Il y est réélu en 2015
avec 83 % des suffrages. La réconciliation politique reste fragile mais le pays a renoué avec
une forte croissance et redevient le moteur économique de l’Afrique de l’Ouest. Le procès de
Laurent Gbagbo devant la CPI s’est ouvert en 2016.

Enfin, au Nigéria, qui doit faire face au groupe armé État islamique en Afrique de l’Ouest
(ex-Boko-Haram), le président Buhari, élu en 2015, engage un vaste programme de lutte
contre la corruption.

B- L’Afrique du point de vue des afro-optimistes

En 2001, à l’initiative de l’Afrique du Sud, de l’Algérie, du Nigeria et du Sénégal, le


Népad (Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique) est créé. Il vise à permettre
le développement du continent en faisant appel au secteur privé et au recours aux
investissements en se dégageant de l’aide publique. L’Union africaine (UA) s’est substituée à
l’Organisation de l’unité africaine (OUA) le 9 juillet 2002. Basée sur le modèle de l’Union
européenne, elle est composée de plusieurs institutions, assemblées, commissions, cours de
justice, conseil économique et social, conseil de paix, de sécurité, parlement.

20
L’Afrique, qui était un continent délaissé dans les années 1990, suscite de nouveau les
convoitises concurrentes des puissances extérieures, dont la Chine qui, attirée par les matières
premières, fait une entrée en force. L’Afrique connaît une croissance globale satisfaisante
bien qu’inégalement répartie.

L’organisation de la Coupe du monde de football en 2010 en Afrique du Sud constitue un


succès symbolique pour le continent.

La fin du système d’apartheid en Afrique du Sud s’est réalisée de façon pacifique. Nelson
Mandela, leader de l’ANC (African National Congress), après avoir passé vingt-sept ans en
prison et avoir été considéré comme un terroriste, y compris aux États-Unis, est libéré en 1990
et élu président en 1994. Il prône la réconciliation entre communautés. Mais le
démentiellement de l’apartheid, s’il a permis à certains Noirs de s’enrichir, n’a pas mis fin aux
inégalités sociales. Les successeurs de Nelson Mandela, qui quitte le pouvoir en 1999,
ThaboMbeki et Jacob Zuma, ne bénéficient pas de sa légitimité. De graves problèmes de
corruption ternissent le prestige de l’ANC. La croissance économique chute.

À l’afro-pessimisme succède l’afro-optimisme. Malgré la présence d’États faillis (RDC,


Somalie, Zimbabwe, etc.), le continent connaît une croissance économique de 5 % par an au
global depuis le début du siècle. Les élections deviennent de plus en plus le moyen de
désigner les gouvernements. De 1960 à 1991, un seul gouvernement avait perdu le pouvoir
par des élections. Entre 1991 et 2015, il y en a eu plus de trente, ce qui est bon signe pour la
démocratie. Le Mali, le Sénégal, le Botswana et le Ghana sont de véritables vitrines
démocratiques. Un peu partout sur le continent, les sociétés civiles se développent,
s’organisent et se font entendre. Au Burkina Faso, elles ont par exemple empêché le président
Blaise Compaoré de se maintenir au pouvoir en 2014. Délaissée dans les années 1990,
l’Afrique est de nouveau courtisée par d’anciens partenaires (Europe, États-Unis, Russie) et
par de nouveaux (Japon, Chine, Brésil).

Alors qu’il y avait autant de téléphones en Afrique subsaharienne qu’à Manhattan dans les
années 1980, désormais 600 millions d’Africains sont équipés de téléphones cellulaires.
L’Union africaine voit son poids politique et stratégique se renforcer.

Pour certains, l’Afrique sera le continent futur de la mondialisation, fort de ses matières
premières et d’une gouvernance renouvelée.

21
En 2012, une tentative de coup d’État militaire échoue au Mali sous la pression des voisins
africains. En janvier 2013, la France lance l’opération Serval pour empêcher les djihadistes de
foncer sur Bamako. Le Mali est par ailleurs soumis aux pressions sécessionnistes du Nord. Un
processus de réconciliation nationale a été mis en place. En juillet 2914, c’est une force
franco-africaine qui est instituée afin de lutter contre le djihadisme. La même année, avait été
créée une structure de coordination sur les affaires de sécurité entre cinq États du Sahel :
Mali, Niger, Mauritanie, Burkina Faso, Tchad.

En République centrafricaine (RCA), une guerre civile éclate en 2013 qui aurait pu
déboucher sur un génocide sans l’intervention française, soutenue par la communauté
internationale.

L’Afrique a bénéficié depuis le début du XXIesiècle de l’augmentation des cours de


matières premières, qui s’est ralentie après 2014. Mais la croissance n’est pas assez inclusive.
Peuplé de 1,2 milliard d’habitants en 2015, le continent devrait en compter 2,4 milliards en
2050. Cette augmentation démographique non contrôlée, supérieure à la croissance
économique, pourrait être problématique pour l’Afrique de l’Ouest en termes d’équilibre
sociaux.

L’Afrique est un continent très hétérogène, composé de pays faillis comme de pays
émergents, de pays despotiques comme de pays véritablement démocratique. Mais elle est
désormais plongée dans la mondialisation et les sociétés civiles s’y développent.

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CONCLUSION GÉNÉRALE

Après l’effondrement de l’URSS en 1991, les USA s’affirment comme la puissance


dominante de la scène internationale de 1991 à 2000. Cette unipolarisation du monde avec la
suprématie hégémonique des USA sera remise en cause à partir de 2001 avec la montée du
fondamentalisme religieux, des mouvements terroristes, l’émergence de nouveaux pôles
d’influence et les attentats du 11 septembre. On assiste à une nouvelle configuration
géopolitique du monde qui devient progressivement multipolaire, avec une prise en
considération du continent africain comme un acteur incontournable du système
internationale.

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YEBEGA NDJANA Nicolas Junior,Cours de relations internationales, Université de


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