Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
siècle.
Présentant la réalité internationale comme un grand jeu d’échecs, ce dernier
émet plusieurs pronostics, que nous pouvons aujourd’hui comparer à la réalité,
étant arrivés à l’issue des phases du calendrier géopolitique.
L’auteur précise toutefois dans son ouvrage que son analyse n’a rien de définitif
et qu’elle est amenée à évoluer selon les circonstances. Il publie ainsi une
version actualisée du Grand Échiquier, à la suite des attentats du 11 septembre
2001. Dans Le Vrai Choix. Les États-Unis et le reste du monde (2004),
Brzezinski se focalise plus particulièrement sur la question du terrorisme et des
évolutions sociétales contemporaines.
Biographie de l’auteur
Zbigniew Brzezinski (1928-2017) est un expert en géopolitique américain
d’origine polonaise. Il est le fils d’un diplomate qui, à la veille de la Seconde
Guerre mondiale, se trouve en poste à Montréal. En 1939, alors que la Pologne
est envahie presque simultanément par l’Allemagne et l’URSS, ce dernier prend
la décision de demeurer au Canada où Zbigniew Brzezinski débutera son cursus
universitaire à l’université McGill avant de rejoindre l’université de Harvard.
Suivant avec intérêt l’évolution de la guerre puis l’actualité de la Pologne au
sein du bloc soviétique, il rédige une thèse sur le totalitarisme soviétique,
publiée en 1953. Son implication politique ainsi que sa position de professeur
spécialisé dans les questions soviétiques à l’université de Harvard (1953-1960),
confèrent progressivement à ses analyses une grande légitimité auprès d’une
large audience d’hommes politiques américains.
Il est, en effet, proche du parti démocrate et entretient d’étroites relations avec
les gouvernements de la plupart des Présidents démocrates, et parfois aussi de
certains candidats républicains comme Ronald Reagan. Il sera, entre autres,
conseiller politique, participant aux campagnes présidentielles, puis conseiller à
la sécurité nationale.
Avertissement : Ce document est une synthèse de l’ouvrage de référence
susvisé, réalisé par les équipes d’Élucid ; il a vocation à retranscrire les
grandes idées de cet ouvrage et n’a pas pour finalité de reproduire son
contenu. Pour approfondir vos connaissances sur ce sujet, nous vous invitons à
acheter l’ouvrage de référence chez votre libraire. La couverture, les images, le
titre et autres informations relatives à l’ouvrage de référence susvisé restent la
propriété de son éditeur.
Plan de l’ouvrage
Préface
Chapitre I. Une hégémonie d’un type nouveau
Chapitre II. L’échiquier eurasien
Chapitre III. La tête de pont de la démocratie
Chapitre IV. Le trou noir
Chapitre V. Les Balkans Eurasiens
Chapitre VI. Un point d’ancrage en Extrême-Orient
Conclusion
Synthèse de l’ouvrage
Préface
Réalisée par Gérard Chaliand, directeur du Centre d’Étude des Conflits, la
préface retrace brièvement l’histoire des États-Unis depuis l’indépendance des
treize colonies américaines en 1783, jusqu’à leur accession au statut de dernier
empire universel depuis 1991.
Malgré la pression exercée par les puissances européennes, les colonies
américaines n’ont cessé de s’étendre jusqu’au XIXe siècle. Le Kentucky est
intégré en 1782 et les derniers États américains (Utah, Nevada et Nouveau-
Mexique) en 1848. L’Alaska rejoint les États-Unis après avoir été acheté à la
Russie en 1867. Ayant peu d’États frontaliers, les États-Unis ne se préoccupent
guère des subtilités des relations interétatiques.
À partir de la seconde moitié du XIXe siècle se développe le concept de «
Manifest Destiny » (1845) selon lequel les États-Unis ont une mission
civilisatrice et doivent servir de modèle au monde. Les premières
manifestations de l’expansionnisme américain hors du continent apparaissent à
cette même époque. Cette politique, sous-tendue par le principe paradoxal de
lutte contre l’impérialisme européen, justifie l’ingérence dans la guerre
d’indépendance de Cuba face au Royaume d’Espagne ainsi que plusieurs
interventions dans les îles de l’océan Pacifique.
Avant la Première Guerre mondiale, l’influence américaine est marginale face à
l’hégémonie européenne – malgré le fait qu’ils représentent 32 % du PNB
mondial. Cependant, l’intervention américaine en 1917, aboutissant à une
victoire totale des Alliés, assoit l’idée du rôle messianique des États-Unis. À
l’issue de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis représentent 50 % du
PNB mondial et partagent avec l’URSS l’hégémonie planétaire. Si la paix est
maintenue par la menace nucléaire durant la Guerre froide, les États-Unis se
trouvent cependant confrontés pour la première fois à la nécessité d’établir une
véritable stratégie de politique étrangère.
L’objectif américain était alors de réduire l’influence idéologique communiste
et de limiter son expansion, notamment au Moyen-Orient et en Amérique du
Sud. Le gouvernement Carter (avec l’aide de Brzezinski entre 1977 et 1981)
développe alors une politique de communication fondée sur l’association entre
la doctrine américaine et les Droits de l’homme. Le gouvernement soutient ainsi
des mouvements de déstabilisation, comme au Nicaragua ou en Afghanistan.
Après l’effondrement « soudain » de l’URSS et grâce à cette politique, les
États-Unis se placent à la tête d’un Nouvel Ordre Mondial, en tant qu’unique
puissance globale.
Conclusion
Les États-Unis sont une puissance hégémonique dont l’essentiel des forces se
concentre sur le continent eurasien. La stabilité et la longévité de la suprématie
américaine dépendent de sa faculté à manipuler et satisfaire les acteurs et les
pivots géostratégiques. L’objectif est double et consiste à l’ouest à élargir et
approfondir l’unification européenne, et à l’Est à établir un consensus entre les
États-Unis, la puissance chinoise et la Russie, selon les perspectives
géopolitiques qu’ils auront choisies. En parallèle, il s’agira de créer les
conditions adéquates dans les Balkans eurasiens qui contribueront à orienter la
Russie vers l’Europe.
Cependant, ce processus n’ira pas sans heurts et dépendra de la capacité à
surmonter les facteurs déstabilisateurs que sont les phénomènes migratoires de
masse, vecteurs de conflits ethniques, et le développement du chômage en
Europe. Ces éléments favoriseront l’émergence des nationalismes et de
situations de graves mouvements sociaux.
La puissance américaine allant en se détériorant, il est nécessaire à court terme
de favoriser le pluralisme politique dans les Balkans et en Asie ; à moyen terme
de coopter les puissances montantes ; à long terme de créer une structure de
coopération politique mondiale. L’élargissement de l’UE et de l’OTAN doit
permettre d’étendre la sphère d’influence américaine auprès des Balkans ce qui
leur assurerait à la fois la prospérité économique et la sécurité. Pour ne pas
risquer de concurrencer la puissance américaine, il est bon que l’unification
européenne progresse tout en restant incomplète d’un point de vue politique.
L’objectif demeure d’inclure à terme la Russie dans l’organisme européen sous
l’égide américaine. Elle doit pour cela ouvrir son économie et abandonner ses
visées impérialistes. Dans cette optique, il est nécessaire que les États-Unis
soutiennent les perspectives européennes de la Turquie et améliorent leurs
relations avec l’Iran. En ce qui concerne la Chine, les États-Unis doivent
favoriser la création d’une sphère d’influence régionale de la Chine à
l’exception de certains territoires stratégiques et préserver, en parallèle, une
relation militaire et politique très étroite avec le Japon. Il sera alors possible
d’envisager la création d’un « système de sécurité transeurasien » entre les
États-Unis, l’Europe, la Russie, la Chine, le Japon et l’Inde.
Cependant, le renforcement du multiculturalisme de la société américaine ainsi
que sa tendance à l’hédonisme affaiblissent le consensus autour de l’idée de
Destinée manifeste, laquelle est nécessaire à l’accomplissement de son
hégémonie. Par ailleurs, la diffusion de l’information due à la multiplication des
canaux de communication rend l’exercice d’une domination mondiale de plus
en plus difficile. En outre, l’acceptation de la domination d’une nation sur une
autre qui fut simplifiée par le caractère hétéroclite des États-Unis se
confronterait à une forte opposition en cas de nation américaine homogène.
Dans ces conditions, il est possible que la superpuissance américaine soit la
dernière superpuissance mondiale émanant d’un État-nation. Deux options
s’offrent alors aux États-Unis : soit l’acceptation et la réduction de son
implication politique et militaire au niveau mondial, soit la création d’un
organisme politique multilatéral international au sein duquel ils perdraient une
part de leur souveraineté. En attendant de devoir prendre cette décision, les
États-Unis doivent assurer la stabilité mondiale, rétablir la confiance de
l’Occident en l’avenir et répandre les valeurs occidentales universelles.
*