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Le Proche & le Moyen-Orient : Foyers de conflits.

Par Tristan VERDUN

Le Proche et le Moyen-Orient est une zone marquée par de nombreux conflits depuis la fin
de la 1ère Guerre Mondiale. Il y règne une instabilité politique forte et les conflits ne sont
jamais réglés durablement, faisant de cette région-là plus belligène1 au monde.
On peut désigner le Moyen-Orient comme un foyer de conflit ; on y retrouve des conflits
interethniques, interreligieux, énergétiques et territoriaux, et une intervention de puissances
extérieurs.
Les termes de Proche et Moyen-Orient ne sont pas géographiques, mais géopolitiques. Le
Moyen-Orient recouvre la région entre la Méditerranée et le Golfe Persique, entre la
Turquie, l’Afghanistan et le Yémen. Le Proche-Orient quant à lui est une notion française qui
désigne les pays de cette région bordant la mer Méditerranée et dans laquelle la France a
toujours eu des intérêts.

Nous pouvons donc nous demander en quoi le Proche et le Moyen-Orient sont-ils des foyers
de conflits permanent depuis la 1ère Guerre Mondiale ? Quels sont les facteurs de cette
instabilité politique ?

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Où règne un grand nombre de conflits et de crises majeurs.
I. Le bouleversement de la région par les puissances européennes (1918-1948)
1. Le Moyen-Orient, une mosaïque ethnique et culturelle.

Le Moyen-Orient est une des régions du monde où la diversité culturelle est la plus
frappante et où cohabitent et s’entremêlent toute une mosaïque de peuples et de cultures,
ce qui entraine souvent des tensions.
Dans cette région, les Arabes sont majoritaires, mais il existe des peuples anciens qui ne sont
pas de langue Arabe, comme les Perses et les Turcs. Existent également les Kurdes, répartis
en pleins de petits peuples sur différents Etats.

Un autre facteur géoculturel favorisant les conflits dans cette région provient de la Religion.
En effet, le Moyen-Orient est le foyer des trois grandes religions monothéistes révélées : le
Judaïsme, le Christianisme et l’Islam. La ville sainte de Jérusalem est un bonne exemple de
cette cohabitation religieuse : le Temple de Jérusalem, dont seul le Mur des Lamentions est
encore visible, est le seul lieu sacré du Judaïsme2. Le Saint-Sépulcre est le lieu sacré où Jésus
a été enterré, et le Dôme du Rocher, lieu de culte de tous les musulmans.

La religion musulmane domine la région, mais même au sein d’une même religion, il existe
des sources de tensions. L’Islam se divise en deux courants principaux : le courant sunnite et

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Les Synagogues ne sont pas considérées comme sacrées dans la religion juive
le courant chiite. Les sunnites représentent 90% des musulmans et s’opposent aux chiites,
qui ne sont majoritaires qu’en Irak et en Iran. Le désaccord entre ces deux courants porte sur
la succession du Prophète Mahomet. N’ayant eu que des filles, son pouvoir ne pouvait être
donné à sa descendance. Pour les chiites, c’est le gendre de Mahomet, Ali, qui devait lui
succéder. Pour les sunnites, la relève aurait dû être donnée au compagnon de toujours de
Mahomet, Abou Bakr.
Aujourd’hui encore, pour des raisons de querelles religieuses et politiques datant de la
naissance de l’Islam en 632, le monde musulman est divisé entre deux grandes confessions.

Le Moyen-Orient est également une zone où les enjeux stratégiques sont très importants :
elle concentre près de 2⁄3 des réserves mondiales d’hydrocarbures. Cette terre est donc
devenue un lieu de production majeur qui couvre une part essentielle des besoins
énergétiques des pays développés et en développement.
2. Un partage des ruines de l’Empire Ottoman

Jusqu’à la fin de la Première Guerre Mondiale, le Moyen-Orient était dominé par l’Empire
Ottoman, un empire vaste et multiculturel où cohabitaient les 3 grandes religions sous le
contrôle d’un Sultan qui avait également pris le titre de Calife3 car La Mecque était sous
contrôle de son Empire.
Durant la 1ère Guerre Mondiale, l’Empire Ottoman s’engage aux côtés de l’Allemagne mais
doit faire face à des révoltes de sa population soutenue par les Anglais et les Français qui ont
poussé les peuples de l’Empire Ottoman à se venger de cette domination en leur promettant
une indépendance en cas de victoire. Les Britanniques cherchent un soutient arabe pour
ouvrir un nouveau front au sud de l’Empire Ottoman. Ils vont donc faire appel à Fayçal qui va
être chargé de mener à bien la Révolte Arabe en échange du contrôle d’un grand royaume
arabe promis par les britanniques. Or, ces derniers ne peuvent tenir tous leurs engagements.
En effets, les britanniques et les français ont signés les accords de Sykes-Picot en Mai 1916
qui établissent un partage de l’Empire ottoman à la suite de la Guerre.
En 1920, les puissances européennes décident de remodeler le Moyen-Orient en créant de
nouvelles frontières avec le traité de San Remo et son prolongement, le traité de Sèvres.
Avec ces traités, Français et Anglais se partagent le Moyen-Orient en recevant des mandats4
de la Société Des Nations ; la France obtient des mandats sur la Syrie et le Liban et
l’Angleterre sur l’Irak, la Jordanie et la Palestine.

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Le terme Calife signifie « Commandant des Croyants »
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Actes de procuration par lesquels les puissances détentrices peuvent agir au nom d’une autre
Ces nouvelles frontières, tracées par les Européens avec le traité de Sèvres, ne respectent
pas les répartitions ethniques et entrainent la monter des revendications et des révoltes
pour l’indépendance, mais ces revendications sont durement réprimées.
Les Turcs de leurs côtés ont toujours dénoncé le Traité de Sèvres, qui imposait la création
d’une Arménie indépendante au Nord-Est de son territoire ainsi que la création d’un
Kurdistan autonome au Sud-Est. Entre 1920 et 1923, on assistera à la formation de la
Turquie moderne et vont chasser français et anglais de leur territoire. Ils obtiendront les
limites de leur territoire actuel lors de la signature du Traite de Lausanne en 1923.

II. Les aléas du conflit Israélo-Arabe


1. Le contexte de la création de l’Etat d’Israël
Depuis la fin du XIXe siècle, le mouvement sioniste5 de Theodor Herzl se répand en Europe
en préconisant un retour en Palestine du peuple juif. En 1917, afin de mieux contrôler cette
zone, les Britanniques proposent aux juifs d’Europe la constitution d’un « foyer national
juif ».
A la fin de la 2nd Guerre Mondiale, de très nombreux juifs fuyant les persécutions de la Shoah
souhaitent s’installer en Palestine et les migrations s’intensifient. Le problème de
l’indépendance de la Palestine est rapidement mis en avant puisqu’Arabes et juifs

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Mouvement né à la fin du XIXe siècle visant à la création d’un Etat Juif indépendant en Palestine
cohabitent très difficilement. Les juifs sont accusés par les Arabes de vouloir conquérir les
lieux saints de Jérusalem, menant au Massacre de 1929 et au massacre d’Hébron.
En 1947, l’ONU propose un plan de partage de la Palestine et prévoit la création d’un Etat
juif et d’un Etat arabe de même superficie. Jérusalem, ville sainte des trois religions
monothéistes, recevrait un statut de ville internationale. Ce plan de partage ne sera pourtant
jamais appliqué : lors du retrait des anglais le 14 Mai 1948, Ben Gourion proclame la création
de l’Etat d’Israël. Le lendemain, on assiste au premier conflit israélo-arabe : les Etats Arabes
voisin déclarent la guerre à Israël mais seront rapidement vaincus et Israël occupe désormais
4⁄ des territoires de la Palestine.
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2. Les conflits de la Guerre Froide
Pendant la Guerre Froide, les Etats-Unis et l’URSS cherchent à contracter des alliances avec
les Etats du Moyen-Orient pour étendre leur influence et contrer celle de leur adversaire. En
1952, le roi d’Egypte est renversé par Nasser qui va mener une politique de nationalisation
de son pays. Il va pour cela construire un grand barrage sur le Nil, financé par l’URSS,
renforçant ainsi les liens entre les deux pays. En 1956, Nasser annonce la nationalisation du
Canal de Suez, entrainant l’hostilité de la France, de la Grande-Bretagne et d’Israël qui
s’allient et attaquent l’Egypte, provoquant la Crise du Canal de Suez d’Octobre 1956. L’URSS
menace d’utiliser l’arme atomique contre les envahisseurs. Pour la première fois, l’ONU
s’implique dans un conflit et envoi les casques bleus pour un retour à la paix.
Du 5 au 10 Juin 1967 a lieu la Guerre des Six Jours : Suite au blocage des navires Israéliens
par l’Egypte, Israël va livrer une guerre éclaire et écraser l’aviation arabe le 5 Juin puis leur
armée le 6. Les Arabes font face à une défaite humiliante et les territoires Palestiniens
deviennent Israéliens. Plus symbolique encore que la défaite Arabe fut la prise de Jérusalem,
qu’Israël considère alors comme sa capitale, sans la reconnaissance de la plus grande partie
de la communauté internationale6
En réponse, les Arabes signent la résolution de Khartoum en Septembre 1967, empêchant
toute négociation ou paix avec l’Etat d’Israël car celui-ci n’est pas officiellement reconnu.

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En Mai 2018, Donald Trump souhaitait officialiser l’installation d’une ambassade américaine à Jérusalem,
reconnaissant ainsi Jérusalem comme capitale politique de l’Etat d’Israël
Du 6 au 24 Octobre 1973, l’Egypte et la Syrie, soutenue financièrement par les autres Etats
Arabes, souhaitent prendre leur revanche et mènent une offensive contre Israël le jour de la
fête religieuse juive de Yom Kippour. Bien qu’Israël fut surpris de cette attaque et
numériquement inférieur, l’armée israélienne put arrêter l’offensive et en moins d’une
semaine elle retrouva son potentiel militaire et lança des contre-offensive qui lui permirent
de pénétrer profondément en Syrie et de traverser le Canal de Suez, écrasant ainsi l’armée
égyptienne. Pour le reste du monde, la principale cause de la Guerre du kippour fut le choc
pétrolier de 1973, où l’OPEP décida l’augmentation de 70% du prix du baril.
3. Un processus de paix en demi-teinte
Les Palestiniens en exils créent leur propre résistance ; en 1964, l’Organisation de Libération
de la Palestine voit le jour, dirigé par Yasser Arafat. Cette organisation ne reconnait pas le
partage de l’ONU de 1947 ni l’Etat d’Israël. L’OLP privilégie le terrorisme pour détruire Israël
comme la prise d’otage des athlètes israéliens aux Jeux Olympiques de Munich en 1972.
Des dialogues sont entamés, notamment entre les Egypte et Israël qui vont signer les
accords de Camp David en 1978 : contre l’engagement de ne plus attaquer Israël, l’Egypte
récupéra la péninsule du Sinaï que les Israéliens avaient récupérés lors de la Guerre des Six
Jours, et les frontières entre les deux pays furent ré-ouvertes.
Israéliens et Palestiniens ont essayé de faire la paix. Le 13 Septembre 1993, les accords
d’Oslo sont signés entre les Israéliens et les Palestiniens qui prévoient la création d’une
autorité palestinienne, mais les violences continuent encore aujourd’hui.

III. Une région sous tension


1. Les enjeux identitaires
Beaucoup d’Etats de la région sont très instables du fait de leur division en plusieurs peuples
et religions. L’Islam politique est de plus en plus présente comme en Iran, où la Charia 7 est
strictement appliqué suite à la Révolution Islamique de 1979 avec l’Ayatollah Khomeini au
pouvoir.
2. Les enjeux stratégiques
Le Moyen-Orient est l’une des réserves mondiales les plus importantes en énergie en
concentrant à lui seul 2⁄3 des réserves pétrolières et 40% des réserves en gaz naturel. Cela
fait de cet espace un lieu d’enjeux majeurs pour les grandes puissances, dépendantes de ces
ressources, mais également un moyen de pression pour les pays producteurs. Les Etats-Unis
ont par exemple implanté un réseau de bases pour contrôler les flux de pétroles tout en
maintenant leur alliance avec l’Arabie Saoudite. L’eau est également une source de conflits

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Loi islamique dictée dans le Coran
dans la région puisqu’elle est rare. Certains pays se battent pour le contrôle des eaux de
certains fleuves.

Les interventions internationales sont nombreuses, comme en 1991 pour libérer le Koweït
de l’invasion Irakienne. En 2003, les Etats-Unis attaquent l’Irak sans aucun mandat de l’ONU
sous prétexte que Saddam Hussein se doterait d’armes de destruction massive.

Les divers attentats perpétrés par Al Qaida ou Daech sont la représentation même du
déplacement des conflits du Moyen-Orient. Ils cherchent à déstabiliser l’Occident ou encore
à effacer les frontières créées par les accords de Sykes-Picot. De nombreux pays occidentaux
interviennent militairement contre les différents groupes islamistes afin de détruire leurs
forces.
3. L’enjeu démocratique
En 2011, le mouvement du Printemps Arabe a conduit à la chute des dictatures en Libye et
en Tunisie. Ce mouvement va par la suite avoir des répercussions au Moyen-Orient puisqu’il
se retrouve en Egypte : le Président Hosni Moubarak est chassé du pouvoir et l’armée a pris
sa place.
En Syrie, le Président Bachar El-Assad mène une répression féroce vis-à-vis de ses opposants,
menant son pays dans une guerre civile intense appuyé par la Russie et l’Iran.

Le Moyen-Orient est donc une région où les conflits sont anciens et qui se sont accrus durant
la Guerre Froide car il fût le théâtre de conflits indirects entre les Etats-Unis et la Russie.
C’est la région du monde où les conflits sont les plus violents, posant des problèmes de
gestion des ressources face à la forte croissance démographique dans le reste du monde. Les
conflits semblent aujourd’hui se stabiliser de plus en plus, mais l’omniprésence américaine
sur le globe depuis la fin de la Guerre Froide reste toujours un sujet brûlant dans cette
région du monde.

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