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Sophie Richardot
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”
les enfants : revue de la littérature et
perspective psycho-sociale
Sophie RICHARDOT
CURAPP-ESS UMR 7319, CNRS, Université de Picardie Jules
Verne, Amiens, France
Le(s) sens de la justice distributive chez les enfants : revue de la littérature et perspective
psycho-sociale
L’article propose une revue critique de la littérature sur le développement de la justice
distributive chez les enfants. Il 1) présente les courants théoriques classiques et plus
récents sur cette question ; 2) montre – à partir de l’examen des études empiriques
menées ses vingt dernières années – la précocité des compétences des jeunes enfants en
matière de partage, l’influence du contexte relationnel sur leur générosité et le caractère
socialement et culturellement situé des comportements distributifs ; 3) discute la nature
spéculative des hypothèses de la psychologie évolutionniste et montre tout l’intérêt
d’étudier la manière dont se développe les théorisations naïves du juste et de l’injuste des
enfants dans le cadre de la théorie des représentations sociales.
Distributive justice: Its meaning(s) for children. A literature review and a psycho-social
perspective
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Der Sinn für ausgleichende Gerechtigkeit bei Kindern : Eine Übersicht über die
psychosoziale und entwicklungspsychologische Literatur
Wie entwickelt sich der Sinn für eine ausgleichende Gerechtigkeit bei Kindern, das
heißt die „Fertigkeit, Vorteile der sozialen Interaktion in einem beiderseitig vorteilhaften
Sinne zu teilen“ (Baumard, 2012)? Nach Piaget (1932) entwickelt sich der Sinn für
Gerechtigkeit schrittweise, indem sie eine bestimmte Anzahl von Stadien durchschreiten,
die zu Beginn recht einfache Regeln einschließen (Gleichheit: alle erhalten das Gleiche)
und dann zu komplexen Regeln fortschreiten (Gerechtigkeit: die Zuteilung entspricht
dem eigenen Beitrag). Diese Sichtweise hat zu zahlreichen Forschungsarbeiten geführt,
die wir rezensieren möchten. Wir zeigen im Besonderen, dass hinausgehend über die
Robustheit bestimmter Forschungsbefunde das Urteil des Kindes in diesem Bereich
sensibel gegenüber den kontextuellen Parametern der gestellten Probleme (insbesondere
die Beschaffenheit der sozialen Beziehungen, Typ des zu teilenden Gutes) ist.
Il senso della giustizia distributiva nei bambini: una rassegna della letteratura in psicologia
sociale in psicologia dello sviluppo
Come si sviluppa il senso della giustizia distributiva nei bambini, ovvero « l’abilità
nel condividere i benefici delle interazioni sociali in un senso di mutuo vantaggio »
(Baumard, 2012) ? Secondo Piaget (1932), i giudizi relativi alla giustizia si sviluppano
progressivamente, seguendo alcuni stadi che implicano in primo luogo regole molto
semplici (uguaglianza : tutti ricevono la stessa cosa) fino a arrivare a regole più complesse
(equità: la distribuzione corrisponde al modo in cui ognuno ha contribuito). Da questa
prospettiva teorica sono scaturiti numerosissimi lavori che vengono passati in rassegna.
In particolar modo, si mette in luce come, al di là della robustezza di alcuni risultati
(avversione per l’iniquità, sviluppo con il tempo del principio del merito), il giudizio del
bambino in questo campo è sensibile ai parametri di contesto dei problemi affrontati
(in particolare: natura delle relazioni sociali considerate, tipo di beni che devono essere
condivisi) e muta in funzione delle caratteristiche del bambino che si impegna nella
soluzione (genere, classe sociale, tipo di relazioni familiari).
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La correspondance pour cet article doit être adressée à Sophie Richardot, Université de
Picardie Jules Verne, Campus - Chemin du Thil, 80025 Amiens cedex 1, France ou par courriel
<sophie.richardot@u-picardie.fr>.
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C
Numéro spécial – Le(s) sens de la justice distributive chez les enfants
être relativement passif – a été remis en cause au cours des années 1990 (Grusec,
Goodnow, et Kuczynski, 2000; Kuczynski et Navara, 2006). Les modèles bilatéraux
actuels conçoivent, en effet, davantage la socialisation comme un processus bi-
directionel : du parent à l’enfant ainsi que de l’enfant au parent (Kuczynski, 2003).
Dans cette perspective, l’enfant interprète, évalue, accepte ou rejette les messages
et les injonctions parentales (Laupa, Turiel, et Cowan, 1995; Richardot, 2014),
lesquels doivent ajuster leur communication pour la rendre interprétable et rece-
vable. L’enfant est ainsi conçu comme un agent actif de sa propre socialisation :
il influence les choix parentaux et les stratégies disciplinaires dont il est l’objet.
Cette approche dialectique considère ainsi que parents et enfants ont tous deux
un véritable pouvoir d’action même s’ils entretiennent une relation asymétrique.
Les recherches ne se concentrent ainsi plus seulement sur l’étude des pratiques
disciplinaires parentales mais, plus généralement, sur ce qui se joue au cours des
échanges conversationnels entre parents et enfants.
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2.1. Quelles sont les compétences des jeunes enfants en matière de partage ?
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2.1.1. L’égalité
Les recherches menées ces dernières années ont ainsi démontré que les jeunes
enfants sont loin d’être toujours égocentriques, et qu’ils sont capables de mani-
fester de l’empathie et d’entreprendre des actions prosociales telles que partager,
aider ou manifester de la sollicitude (Zahn-Waxler, Friedman, et Cummings, 1983;
Zahn-Waxler, Radke-Yarrow, Wagner, et Chapman, 1992). En effet, les observa-
tions des enfants montrent que, dès 1 ou 2 ans, ils partagent volontairement de
la nourriture et des jouets (Brownell, Svetlova, et Nichols, 2009; Dunfield et al.,
2011; Hay, Caplan, Castle, et Stimson, 1991). Cette volonté de partage doit-elle
être considérée comme un signe précurseur d’un sens de la justice ? Le fait que les
enfants soient prêts à donner lorsque les autres en expriment le besoin ou l’envie,
suggère en effet que le partage repose sur une préoccupation pour autrui (plutôt
qu’un simple désir, par exemple, d’attirer l’attention) (Brownell, Iesue, Nichols, et
Svetlova, 2013). Les réactions observées par ailleurs auprès des petits enfants face
à une distribution inégalitaire plaident pour un sens précoce de la justice. En effet,
des études récentes utilisant des mesures du temps de regard montrent que les
enfants, dès 15 mois, s’attendent à une distribution égale des ressources lorsque
des biens sont partagés (Schmidt et Sommerville, 2011; Sloane, Baillargeon, et Pre-
mack, 2012) et préfèrent les personnes qui agissent de façon égalitaire (Geraci et
Surian, 2011). En outre, ils manifestent des réactions émotionnelles lorsque les res-
sources sont partagées injustement (LoBue, Nishida, Chiong, DeLoache, et Haidt,
2011; Marek Meristo et Luca Surian, 2013). D’autres travaux montrent même qu’ils
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sont capables, dès 3 ans, de répartir des ressources de manière égale (Baumard et
al., 2012; Olson et Spelke, 2008).
Il n’en demeure pas moins que la préférence pour l’égalité est fragile avant 6 ans,
les enfants choisissant souvent avant cet âge de s’avantager eux-mêmes plutôt que
d’agir de façon égalitaire (Moore, 2009; Rochat et al., 2009). C’est ce que montrent
en particulier les nombreuses études utilisant le paradigme classique du Jeu du
Dictateur (DG) dans lequel les enfants peuvent soit garder un certain nombre d’ob-
jets pour eux-mêmes, soit les donner �������������������������������������������
à un enfant �������������������������������
hypothétique. Les études recou-
rant à ce paradigme montrent que les enfants de 6 ans et moins ont tendance à se
favoriser eux-mêmes (Benenson, Pascoe, et Radmore, 2007; Blake et Rand, 2010).
C’est ce que met clairement en évidence, par exemple, une étude Fehr, Bernhard,
and Rockenbach (2008) dans laquelle il était demandé à des enfants, âgés de 3 à
8 ans, de partager des bonbons entre eux-mêmes et un partenaire anonyme. Les
résultats montrent que la majorité des enfants de moins de 5 ans ne manifeste pas
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tivement, et gardent davantage pour eux-mêmes. Ils pensent également, tous âges
confondus, que l’autre enfant devrait leur donner la moitié des autocollants et
qu’un autre enfant, dans cette situation, a dû donner au moins la moitié de ce qu’il
avait. Ce n’est que vers 7-8 ans que les enfants proposent effectivement un partage
égalitaire et que le décalage entre norme et comportement se réduit. En d’autres
termes, si les jeunes enfants gardent davantage pour eux-mêmes, ce n’est ni parce
qu’ils considèrent que la norme de partage s’appliquent seulement aux autres et
non à eux-mêmes, ni parce qu’ils croient que les autres ne partageraient pas équi-
tablement. Ils ne cèdent pas non plus, sur l’instant, à leur impulsion d’avoir davan-
tage puisque, lorsqu’on leur demande d’anticiper ce qu’ils feront, ils déclarent
qu’ils donneront significativement moins à l’autre que ce qu’ils devraient. Dès lors,
pour les auteurs, ce qui change avec l’âge n’est pas tant le point de vue normatif
de l’enfant à propos du juste partage, que la capacité à faire sienne cette position.
Cette interprétation tend à être confirmée par une autre étude qui montre que
ce n’est que vers 9-10 ans que les enfants se montrent effectivement satisfaits de
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2.1.2. Le mérite
En va-t-il de même pour la norme du mérite ? Les jeunes enfants sont-ils effective-
ment sensibles à une distribution des biens proportionnelle aux contributions de
chacun comme le postule la psychologie évolutionniste ? Les recherches consi-
dèrent classiquement que ce n’est que vers 6 ans, lorsque se développe chez l’en-
fant le sens des proportions, que celui-ci commence à considérer que ceux qui ont
contribué davantage doivent également recevoir davantage, et ceux qui ont moins
contribué doivent recevoir moins (Hook et Cook, 1979; Lerner, 1974). On observe
néanmoins dès 5 ans (mais pas à 4 ans) une sensibilité à cette norme : les enfants
jugeront, par exemple, « plus gentille » une marionnette « pauvre » qui donne le
même nombre de jetons qu’une marionnette « riche » (McCrink, Bloom, et Santos,
2010). Mais certaines études récentes suggèrent que les enfants encore plus jeunes
pourraient être sensibles à cette norme après un travail collaboratif (Baumard et al.,
2012; Ng, Heyman, et Barner, 2011). L’une d’entre elles, révèle, par exemple, que,
dès 3 ans, les enfants trouvent « plus gentil » un enfant qui partage avec un autre
ce qu’il a obtenu (20 pièces) à la suite d’un travail individuel, qu’un enfant qui
partage ce qu’il a gagné à la suite d’un travail collaboratif avec le bénéficiaire. En
d’autres termes, les enfants s’attendent, dans le second cas, à un partage équitable
tandis que, dans le premier, cela ne va pas de soi pour eux. Ils considèrent même,
y compris les plus jeunes, que celui qui donne 50% plutôt que 20% de ce dont il
dispose est « plus gentil ». En d’autres termes, ils parviennent, dans cette situation,
à prendre en compte les proportions allouées dans l’évaluation du partage (Ng et
al., 2011).
Au-delà des jugements portés sur le donneur, les enfants sont-ils capables de te-
nir compte des contributions respectives des uns et des autres lorsqu’ils doivent
eux-mêmes allouer des ressources ? Une recherche de Baumard (2012) a tenté de
répondre à cette question. Elle a consisté, dans une première expérience, à racon-
Numéro spécial – Le(s) sens de la justice distributive chez les enfants 433
ter aux enfants que deux personnages avaient décidé de fabriquer ensemble des
biscuits mais que, l’un des deux s’était entre-temps lassé, avait arrêté de cuisiner et
avait commencé à jouer tandis que l’autre continuait à cuisiner tout en manifestant
que c’était un dur labeur. A la fin de l’histoire, on demandait à l’enfant de distribuer
les gâteaux ainsi confectionnés. Deux options s’offraient à lui : donner un gros
biscuit à celle qui avait le plus contribué et un plus petit à celle qui avait le moins
contribué (ou l’inverse). Les résultats montrent que les enfants, de 3-4 ans, sont ca-
pables de prendre en compte les contributions de chacun en donnant plus souvent
le plus gros gâteau au personnage qui a le plus cuisiné. Mais cette étude montre
également que, bien que capables de prendre en compte le mérite, ils préfèrent
répartir les biens de façon égalitaire. En effet, dans une seconde expérience dans
laquelle ils devaient cette fois distribuer 3 biscuits de même taille, on remarque
qu’ils optent d’abord pour une distribution égalitaire (1 à chacun) et qu’il n’offre le
dernier gâteau (généralement au plus contributeur) que si on leur demande de le
distribuer. Pourquoi les enfants préfèreraient-ils l’égalité au mérite ? Pressentent-ils
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2.1.3. Le besoin
Dans quelle mesure les jeunes enfants sont-ils capables de prendre en compte les
« besoins » d’autrui lorsqu’ils partagent des ressources ? Les travaux s’inscrivant
dans une perspective évolutionniste se sont peu penchés sur cette question. Une
étude s’est cependant intéressée aux réactions des enfants face à un partenaire
démuni (Vaish, Carpenter, et Tomasello, 2009). Dans cette expérience, on donnait
à un enfant (18 ou 25 mois) deux ballons et à un adulte un seul. Peu de temps
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2.2. Comment les facteurs contextuels influent-ils sur les jugements distributifs ?
Nous avons vu précédemment que certaines situations – notamment collaboratives
–incitaient les jeunes enfants à distribuer des biens de manière équitable. Quels
sont les autres contextes dans lesquels les enfants, quel que soit leur âge, partagent
plus volontiers leurs ressources ? L’examen de la littérature invite à retenir 4 princi-
paux facteurs contextuels : 1) le caractère public ou privé du partage ; 2) le groupe
d’appartenance des partenaires ; 3) la nature des relations entre les partenaires ; 4)
la valeur des bien à partager.
de « �������������������������������������������������������������������������������
gérer��������������������������������������������������������������������������
»������������������������������������������������������������������������
celle-ci de manière stratégique en manifestant plus volontiers des com-
portements moraux dans des contextes publics que privés. Certaines études ont
donc tenté de vérifier l’hypothèse selon laquelle les enfants se révèlent plus géné-
reux lorsqu’ils partagent des ressources sous le regard d’autrui plutôt que soustrait
à ce regard. Les résultats de l’expérience de Leimgruber, Shaw, Santos, et Olson
(2012) vont dans ce sens. Ils montrent que des enfants de 5 ans partagent davan-
tage avec un autre enfant lorsque celui-ci, d’une part, peut les observer et, d’autre
part, peut voir ce qu’ils allouent (dans un récipient transparent vs. opaque). Mais
une autre recherche, recourant au DG, révèle que les enfants dès 4 ans n’ont pas
besoin du regard de l’autre pour se montrer généreux. Les enfants donnaient, en
effet, même lorsque l’expérimentateur se cachait les yeux et que le bénéficiaire res-
tait anonyme. De plus, cette tendance à donner dans l’anonymat augmentait avec
l’âge, les enfants de 9 ans se montrant plus généreux encore que ceux de 6 ans.
Rendre visible (vs. invisible) l’acte d’allocation produit donc des résultats contras-
tés. Piazza et Bering (2008) ont choisi d’opérationnaliser la réputation autrement :
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ment les membres de leur in-groupe minimal (58%). Les enfants se montrent-ils
plus généreux avec les membres de leur groupe parce qu’ils s’attendent à de la
réciprocité de leur part (Yamagishi, Jin, et Kiyonari, 1999)��������������������
? Une
�����������������
seconde expé-
rience montre que les participants espèrent être traités de façon privilégiée par les
membres de leur propre groupe minimal dans 61% des cas (cf. également DeJesus,
Rhodes, et Kinzler, 2014). Selon les auteurs, ce dernier résultat suggère que les
enfants ne se contentent pas de former des attitudes positives envers leur groupe
mais qu’ils développent également de véritables théories à propos des relations
intragroupes (Kalish et Lawson, 2008).
2.3. Les jugements distributifs des enfants sont-ils situés socialement et culturel-
lement ?
Dans quelle mesure les jugements et les pratiques des enfants sur le partage va-
rient-ils selon leur sexe, leur milieu social ou leur culture d’origine ? Ces ques-
tions, explorées depuis longtemps, restent toujours d’actualité tant les résultats sont
riches et parfois contradictoires.
2.3.1. Le sexe
Les filles partagent-elles plus volontiers que les garçons conformément aux attentes
sociales en matière de genre qui associent le féminin à la prosocialité (Eisenberg,
Fabes, et Spinrad, 2007) ? La littérature fournit des résultats relativement contrastés
sur cette question. Certaines études ne montrent pas de différences dans la ten-
dance au partage (Benenson et al., 2007; Pilgrim et Rueda-Riedle, 2002) tandis que
d’autres en observent. En effet, plusieurs études récentes, menées dans le cadre du
DG, enregistrent des allocations de ressources plus élevées chez les filles (Gum-
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montreraient plus généreuses entre elles que les garçons mais également qu’elles
n’interagiraient pas de la même façon qu’eux. C’est, en effet, ce que révèlent les
résultats de cette étude : les filles offrent plus fréquemment que les garçons le troi-
sième autocollant mais, surtout, elles s’engagent davantage dans des rapports de
négociation visant à discuter entre elles de la meilleure répartition. Les garçons, en
revanche, s’inscrivent davantage dans un rapport de confrontation avec leur parte-
naire. Ces différences de styles interactifs ne s’observent néanmoins que dans les
dyades de même sexe. Dans les dyades mixtes, garçons et filles adoptent des styles
interactifs plus neutres mais ne se comportent pas pour autant de la même façon :
les premiers se révèlent moins partageurs que les secondes et les filles semblent
laisser aux garçons le soin de décider du sort du troisième autocollant.
Une étude récente révèle que filles et garçons réagissent également différemment
lorsqu’ils sont placés dans le rôle du bénéficiaire (LoBue et al., 2011). En effet,
face à une répartition inégalitaire en leur défaveur, les garçons se montrent plus
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2.3.3. La culture
Dans quelle mesure l’environnement culturel affecte-t-il le développement du sens
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avoir un partage inégalitaire. En revanche, les recherches menées sur les enfants
des pays asiatiques, dans lesquels la culture communale est très forte, révèlent
qu’ils partagent en effet plus volontiers avec leurs pairs que les enfants des pays
occidentaux (Rao et Stewart, 1999). Mais comment le milieu culturel contribue-t-il
à faire advenir de tels comportements ? Selon Stewart et McBride-Chang (2000),
cette socialisation culturelle s’effectue en grande partie par le biais des pratiques
parentales. Leur enquête, menée dans une école hongkongaise, montre que les
parents asiatiques déclarent plus souvent que les parents occidentaux développer
chez leurs enfants leur conscience d’autrui (prendre soin de sa famille, se préoc-
cuper de l’honneur de celle-ci et plus généralement du regard social sur soi et les
siens) et que cette forme de socialisation est effectivement liée à une plus grande
tendance des enfants à partager avec un autre camarade de classe (non identifié).
Une vaste étude récente montre l’importance d’aller au-delà d’une partition entre
culture collectiviste et culture individualiste pour s’intéresser en particulier à l’envi-
ronnement dans lequel les enfants sont socialisés (Rochat et al., 2009). C’est ainsi
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une répartition des biens au mérite. Or les recherches menées sur la socialisation
morale des enfants vivant dans certaines cultures, en particulier dans de petites
communautés rurales, suggèrent pourtant que l’égalité tend à être préférée dans
des contextes où chacun a pourtant fourni une contribution différente, notamment
parce qu’il s’agit de la norme la mieux à même de préserver l’harmonie du groupe.
Nos ancêtres du pléistocène ne vivaient-ils pas en petites communautés ?
Un autre problème de la psychologie évolutionniste réside dans le fait qu’elle rap-
porte nos comportements aux produits de processus biologiques, et ne tient aucu-
nement compte des conditions, historiquement et socialement évolutives, de pro-
duction des normes de justice. Or, comme le soulignait déjà Piaget, des concepts
de justice tels « que l’égalité et la réciprocité sont le produit de la vie en commun :
ce sont des actions et des réactions des individus les uns sur les autres que naisse
la conscience d’un «équilibre nécessaire» » (p. 254). Les comportements pour les-
quels nous disposons soi-disant d’un module cérébral sont normés par les sociétés,
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3.2. Pour une approche du sens de la justice distributive dans le cadre de la théo-
rie des représentations sociales
Comment les enfants se représentent-ils, selon les contextes et leur culture, « l’éga-
lité », le « mérite » et le « besoin » ? L’étude de Nisan (1984) sur les enfants du kib-
boutz et de la ville est une des rares à avoir étudié la manière dont les enfants, selon
leur environnement culturel, investissent l’égalité et le mérite et à avoir montré
que ces concepts sont loin d’être univoques11. Les recherches sur la plus ou moins
grande générosité des enfants pauvres selon leur culture interrogent également la
manière dont ils se représentent les besoins d’autrui – les leurs et ceux des autres –
et les moyens de les satisfaire – en étant solidaires ou en gardant pour soi. D’autres
critères que le mérite, l’égalité ou le besoin interviennent-t-ils dans le jugement des
enfants ? La tendance à penser la justice selon de grands principes définis a priori
permet rarement de faire émerger la diversité des formes de théorisation du juste et
de l’injuste propres aux enfants.
La théorie des représentations sociales (Abric, 1994; Jodelet, 1989; Moscovici,
1961) offre un cadre particulièrement pertinent pour répondre à ces interrogations
et étudier ces représentations du juste et de l’injuste « par le bas » (Lautier et
Richardot, 2004; Richardot et Lautier, 2009). Les représentations sociales y sont
définies comme des « théories naïves », à la fois socialement et cognitivement
élaborées, destinées à l’interprétation et au façonnement du réel. « Elles détermi-
nent le champ des communications possibles, des valeurs ou des idées présentes
dans les visions partagées par les groupes, et règlent, par la suite, les conduites
désirables ou admises » (Moscovici, 1976, p. 49).
444 CIPS n°103 – 2014 – pp. 421-454
L’un des grands apports de la théorie des représentations sociales est d’offrir éga-
lement un cadre conceptuel pour étudier la pluralité des registres de pensée. En
effet, le concept de polyphasie cognitive, proposé par Moscovici, vise à décrire la
co-existence, au sein d’un même individu ou d’un groupe, de différentes « forma-
tions mentales » qui comportent chacune un corpus de représentations et un cor-
pus de pratiques (Moscovici, 1992). Comme le souligne Rouquette (1994, p. 145),
« il s’agit d’une légitimité circonstanciée permettant d’adopter divers processus de
conceptualisation, de représentation et d’expression pour répondre aux nécessités
de l’échange et aux besoins de l’expérience ». Les enfants sont-ils capables, comme
les adultes, de « jouer sur plusieurs claviers de leur organe mental » (Moscovici,
1992, p. 323) ? Une recherche de Sigelman et Waitzman (1991) auprès d’enfants
de 5 à 13 ans montre, en effet, qu’ils mobilisent, à partir de 9 ans, des principes
différents de justice selon les exigences sociales de la situation, se référant au
mérite dans une situation de « récompense pour le travail » mais faisant appel à
l’égalité dans une situation de vote et au le besoin dans une situation de charité.
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4. Conclusion
L’ensemble des recherches menées depuis les années 1990 sur le sens de la justice
distributive chez l’enfant montre que celui-ci se développe beaucoup plus préco-
cement qu’on ne le croyait auparavant. En effet, les enfants se révèlent capables,
très jeunes, de partager avec autrui, d’être sensibles à l’inégalité, de prendre en
compte les contributions de chacun pour allouer des biens. Néanmoins, cette
tendance au partage est bien fragile avant 6 ans, les enfants cherchant souvent à
s’avantager eux-mêmes. Les études recensées montrent également que la nature de
la relation entretenue avec le partenaire est un paramètre décisif dans la tendance
des enfants au partage. En effet, ces derniers se montrent d’autant plus généreux
qu’ils éprouvent un devoir de réciprocité ou de responsabilité envers les autres.
Dans les situations où ils interagissent avec des amis, des membres de leur groupe
ou des personnes fragiles����������������������������������������������������
, ils activent manifestement d’autres normes (commu-
nales) ou d’autres formes d’éthique (du care) que celles auxquelles ils ont recours
dans des contextes plus impersonnels. Les recherches révèlent également que les
comportements moraux des enfants varient selon les ancrages culturels, sociaux et
de genre. Les enfants ne font manifestement pas appel au même cadre de référence
446 CIPS n°103 – 2014 – pp. 421-454
pour penser les situations de partage selon les valeurs en vigueur dans leur groupe
et les pratiques habituellement adoptées par celui-ci. Ils ne se positionnent pas non
plus de la même manière dans le jeu distributif selon les rôles sociaux de sexe aux-
quels ils cherchent, très jeunes, à se conformer. Ces variations, à la fois culturelles,
identitaires et contextuelles, ne sont interprétables que dans le cadre d’une théorie
attribuant aux insertions sociales un rôle déterminant. La théorie évolutionniste qui
considère tout au plus les pratiques culturelles comme des modificateurs de gènes
générateurs d’instincts n’est pas à même de proposer une interprétation satisfai-
sante de ces variations représentationnelles du juste et de l’injuste.
Le développement des recherches psychosociales, qui reconnaît aux enfants le sta-
tut « d’acteurs sociaux » à part entière (Duveen et De Rosa, 1992), est nécessaire
pour mieux comprendre comment s’élaborent les normes de justice chez les en-
fants, et comment ils parviennent à jongler avec des registres de pensée différents
selon les situations sociales. Il permettrait, en outre, d’interroger, à nouveau frais, le
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Notes
1.Pour une présentation détaillée des principales théories morales, cf. Bègue, 1998; Lapsley,
2006.
2. L’empathie est l’habileté à comprendre les émotions et points de vue d’autrui et à raisonner à
partir de leur propre état émotionnel. Elle est définie par Hoffman comme « une réponse affective
plus approprié à la situation d’une autre personne qu’à la sienne propre » (2008, p. 17).
3. Hoffman a identifié trois méthodes disciplinaires : 1) l’affirmation de pouvoir, 2) le retrait
d’amour et 3) l’induction (M. L. Hoffman & Saltzstein, 1967).
4. Pour une présentation générale et une discussion de cette approche théorique dans le
champ moral, cf. Charmetant, 2008; De Jong, 2011; Krebs, Duntley, & Shackelford, 2008.
5. Beaucoup sont en fait des philosophes, des économistes ou des anthropologues.
6. Ce n’est que vers 8 ans que les enfants rejettent ces deux forme d’inégalité (Blake &
McAuliffe, 2011).
7. Les « normes communales » impliquent un sens de la responsabilité pour le bien-être
d’autrui tandis que les « normes d’échange » reposent sur l’échange de bénéfices comparables
avec un maximum de retour pour soi (Clark & Jordan, 2002; Clark & Mills, 1979; Clark &
Mils, 1993).
8. Enright, Franklin et Manheim (1980) ont développé, à partir des stades de Damon (1977),
une échelle visant à évaluer de façon standardisée le raisonnement de l’enfant en matière de
justice distributive : le Distributive Justice Scale (DJS).
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