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Management des organisations financières et bancaires

La gestion des risques en finance


islamique
Réalisé par : 
 MOUSTARHAM Amine
 SALHI Soukayna
 OUMELLOUCHE Sara
 El GHAILASSI Samya
 EL BACHALI Sara

Demandé par :

 Pr. AZIZ MOUTAHADDIB

Année universitaire 2018/2019


SOMMAIRE

Introduction

I- Les institutions financières islamiques : nature et risque :


1. Risques encourus par les banques islamiques

2. Risques de contrepartie liés aux modes de financement islamiques 


II- Les méthodes de gestion des risques en finance islamique :
1. Gestion de risque de marché
2. Gestion de risque de crédit
3. Gestion de risque de liquidité
III- Réglementation et contrôle des institutions :
1. Les instances de contrôle
2. L’impact des accords de Bâle 3 sur les systèmes bancaires islamiques

Conclusion

Bibliographie

Webographie

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INTRODUCTION

Les institutions financières islamiques ont été créées au cours du dernier quart du

vingtième siècle comme une alternative aux institutions financières conventionnelles pour

offrir des opérations d’investissement, de financement ou de commerce compatibles avec

la Chari’a. Durant cette période relativement très courte, le taux de croissance de cette

industrie bancaire naissante était impressionnant. Une des fonctions principales des

institutions financières est de savoir gérer les risques liés aux transactions financières. Pour

offrir des services financiers avec le minimum de risque possible, les institutions

financières traditionnelles ont développé une multitude de contrats, de processus,

d’instruments et de mécanismes institutionnels afin d’atténuer ces risques. L’avenir de

l’industrie de la finance islamique dépend dans une large mesure de la manière dont ces

institutions vont gérer les différents risques liés aux diverses opérations qu’elles vont

mener.

On peut observer une distinction entre les formulations théoriques et les pratiques actuelles

des banques islamiques. Théoriquement, les économistes musulmans ont eu le

pressentiment que s’agissant du passif, les banques islamiques auront seulement à gérer

des dépôts d’investissement. Pour ce qui est de l’actif, les fonds mobilisés seront utilisés à

travers des contrats de participation aux profits. Dans ce système, tout choc affectant l’actif

sera amorti par les dépôts d’investissement acceptant de partager les risques. De cette

manière, lesbanques islamiques offrent une alternative plus stable comparativement à celle

du système bancaire traditionnel. La nature des risques systématiques de ce nouveau


3
système serait similaire à celle des fonds mutuels.
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I
Le present rapport se focalisera sur la pratique des banques islamiques en matiere de

gestion des risques.

I- Les institutions financières islamiques : nature et


risque :
1. Risques encourus par les banques islamiques :

La banque est généralement présentée comme un portefeuille de risque. Les banques


islamiques ne font pas l’exception, elles se trouvent sujettes aux risques traditionnels à
savoir le risque de crédit, de marche, de liquidité et opérationnels et aussi à une série des
risques spécifiques à leurs activités, à la nature de leurs contrats, au système de
rémunération employé et au système dual de gouvernance.

-
Typologie des risques dans les banques islamiques

a. Risques communs avec les banques conventionnelles :

Risques crédit:

Le risque crédit dans les banques participatives est identique à celui des banques
4
conventionnelles, de fait que dans les deux cas, celui-ci émane de la nature de l’activité
bancaire.
- Risque Marché :

Dans les banques islamiques, et vu l’illicéité d’une grande partie des instruments financiers
utilisés par les banques conventionnelles, les risques marché, tels que pratiqués par les
banques conventionnelles, émanent de deux sources principales: d’un côté, la variation des
taux de changes des devises, ainsi que les prix des actifs financiers et les biens détenus par
les banques, et d’un autre côté, la variation des prix de la marchandise financée

- Risque Opérationnel :

Dans les banques islamiques, Les risques opérationnels sont encore plus amplifiés que dans
les banques conventionnelles, de fait que les banques islamiques supportent les mêmes types
de risques opérationnels des banques conventionnelles, relatifs aux facteurs humains,
procédures, technologies … . Toutefois, le jeune âge du secteur financier islamique, le
manque d’expérience, ainsi d’outils informatiques, sont des facteurs pénalisant, qui
augmentent considérablement les risques opérationnels des banques islamiques. Aussi,
l’impact des risques liés à la Sharia, en comparaison à celui de non-respect des procédures
dans le cas de banques classiques, est beaucoup plus important, qui peut mener les déposant
à retirer en masse leurs dépôts.

- Risque de liquidité :

Les banques islamiques en ayant les mêmes sources du risque de liquidité que les banques
classiques, doivent faire face à un défi supplémentaire celui de l’illicéité d’une grande partie
des actifs financiers disponibles jugés liquides.

b. Risques spécifiques aux banques participatives :

- Le risque commercial translate :


Il résulte de la concurrence entre banques islamiques et banques conventionnelles. Il
intervient dans le cas ou il n’y a suffisamment pas de rendement pour les comptes PSIA
(Profit Sharing Investment Account). Cela se passe lorsque les banques sont contraintes de
délaisser d’une partie de leurs actifs pour rémunérer les déposants afin de prévenir des
retraits massifs causés par des taux de rendements faibles (OCAIFI, 1999). Les clients 5
auront tendance à retirer leurs fonds au profit des banques classiques. Ainsi les coûts et les
pertes que les titulaires de ces comptes devaient supportés sont maintenant à la charge de la
banque.

- Le risque d’investissement :
Les banques islamiques, offrent un financement sous les principes du partage de profit et
des risques avec ses déposants. A ce titre, Le risque d’investissement dans les banques
islamiques découle des choix de placement de la banque, puisqu’en investissant en capital, la
banque encourt le risque d’une perte de ses apports, perte qu’elle partage, avec ses
déposants.

2.Les Risques de contrepartie liés aux modes de financement islamiques :


a. Le financement Mourabaha :
La Mourabaha est le mode de financement le plus usité par les institutions
financières islamiques. Si le contrat est uniformisé, ses caractéristiques aléatoires sont
comparables à celles du financement à intérêt. La similarité des risques de ces deux modes
de financement a fait que la Mourabaha a été acceptée par plusieurs législations monétaires.
Cependant, un tel contrat uniformisé peut ne pas être accepté par l’ensemble des
jurisconsultes musulmans. En outre, le contrat Mourabaha tel qu’il se présente aujourd’hui
manque d’uniformité sous plusieurs aspects. La divergence de points de vue peut être une
source de risques de contrepartie en l’absence d’un cadre juridique rigoureux.

Le point le plus important à cet égard est le fait que la Mourabaha financière soit un contrat
récent. Il est le produit de la combinaison d’un certain nombre de contrats différents. Il
existe un consensus parmi les fouqahas que ces nouveaux contrats ont été approuvés comme
une forme de transactions commerciales différées. La condition de validité de ce contrat est
basée sur le fait que la banque doit acheter (devenant donc propriétaire) et transférer ensuite
le droit de propriété à son client. L’ordre émanant du client ne constitue pas un contrat de
vente mais une simple promesse d’achat. Par référence à la résolution de l’Académie du fiqh
de l’OCI, une promesse n’est obligatoire que pour une partie seulement. L’Académie du fiqh
de l’OCI, l’OCAIFI ainsi que la plupart des banques islamiques traitent la promesse d’achat
comme une obligation vis- à-vis du client. D’autres jurisconsultes, cependant, sont de l’avis
que l’obligation ne s’applique pas au client. Le client, même après avoir donné ordre et payé
la commission d’engagement peut demander l’annulation du contrat. Le risque de
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contrepartie le plus important lié à la Mourabaha émane de cette diversité d’appréhension de
la nature juridique du contrat en question qui peut d’ailleurs poser des problèmes sérieux en
cas de litiges.
Un autre problème potentiel lié aux contrats de vente comme la Mourabaha se pose
lorsque la contrepartie ne respecte pas les échéances de paiement, car les banques islamiques
ne peuvent, en principe, augmenter le prix convenu d’aucun surplus. Ce retard de paiement
peutcauser des pertes injustifiées aux banques.

b. Le financement Salam :
Le financement salam comprend au moins deux risques de contrepartie que nous aborderons
brièvement dans ce qui suit :

 Les risques de contrepartie varient du manquement de livraison à temps ou de non-


livraison du tout de la marchandise ne respectant pas les spécifications mentionnées
dans le contrat. Au cas où le salam serait utilisé dans des contrats agricoles, le risque
de contrepartie peut être dû à des facteurs qui dépassent la volonté du client. Les
conditions climatiques peuvent altérer les clauses du contrat. Le fait que les activités
agricoles s’exposent aux risques de catastrophes naturelles, les risques de
contrepartie seront plus accentués dans le cas du salam.

 Les contrats salam ne sont ni échangés ni négociés hors cote. Ce sont des contrats
rédigés par deux parties et se concrétisent par des livraisons de biens ou de
marchandises. Ces marchandises exposent les banques à des coûts de stockage et
autre risque de prix. Ces types de risques et de coûts ne s’appliquent qu’aux banques
islamiques.

c. Le financement Istisnaâ:
En offrant des financements dans le cadre du contrat istisnaâ, les banques s’exposent à un
certain nombre de risques spécifiques de contrepartie, tels que :

 Les risques de contrepartie liés à l’istisnaâ encourus par les banques islamiques
concernant l’approvisionnement en marchandises sont similaires aux risques liés au
salam. Il peut y avoir un manquement aux termes du contrat pour cause de mauvaise
qualité ou le non-respect des délais de paiement. Cependant, l’objet de l’istisnaâ
s’applique beaucoup plus au contrôle de la contrepartie, sans souci vraiment des
calamités naturelles, comme c’est le cas avec le salam. Par conséquent, on peut
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s’attendre à ce que le risque de contrepartie du sous- contractant dans le cadre du
contrat istisnaâ (qui est substantiellement élevé), soit moins intense que celui du
contrat salam.
 Le risque de non-paiement de la part de l’acheteur est un risque général qui se
manifeste en cas de non-respect des échéances.

 Il y a un risque de contrepartie lié au caractère non obligatoire de certaines


conditions selon certaines juridictions fiqhiques, telle que l’option offerte au
fournisseur de réaliser le contrat.

 Considérant que l’istisnaâ s’apparente au contrat murababa où le client peut réaliser


le contrat en refusant de recevoir la marchandise le jour de la livraison, la banque
s’expose à des risques en sus.

Ces risques existent car la banque islamique, dans le cadre d’un contrat istisnaâ,
assume le rôle d’un constructeur, d’un entrepreneur en bâtiments, d’un manufacturier ou
d’un fournisseur. Le fait que la banque ne soit pas un spécialiste dans ces branches
d’activités, elle demeure à la merci des sous- traitants.

d. Les financements Moucharaka-Moudharaba (M-M) :


Les spécialistes en matière de politiques de financement considèrent que l’affectation des
ressources par les banques islamiques sur la base Moucharaka et Moudharaba est préférable
aux autres modes de financement à rémunération fixe tel que la Mourabaha, le leasing ou
l’istisnaâ. Mais dans la pratique, l’usage des modes M-M par les banques islamiques reste
minime. On considère que cela est essentiellement dû au fort taux de risque de crédit lié à
ces modes de financement.

Le risque de crédit des modes M-M est élevé en raison de l’absence de garanties, d’un fort
taux d’aléa moral et de sélection adverse et du manque de personnel qualifié au niveau des
banques en matière d’évaluation technique des projets. Le cadre institutionnel tel que le
traitement fiscal, les systèmes de comptabilité et d’audit, les textes réglementaires ne
favorisent souvent pas l’usage de ces modes de financement par les banques.

Une manière de réduire les risques liés à ces modes de financement participatifs est de
concevoir les banques islamiques comme des banques universelles. Les banques universelles
offrent les deux types de financement : octroi de crédits et participation en capital. Dans le
cas des banques islamiques, cela implique l’utilisation du mode de financement
Moucharaka. Avant de fournir les fonds selon cette méthode de financement, la banque a
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besoin de faire une bonne étude de faisabilité des projets. En participant au capital des
entreprises financées, les banques universelles participent à la prise de décisions et à la
gestion de l’entreprise. Cela a pour résultat un meilleur contrôle de l’utilisation des fonds et
une réduction de l’aléa moral.

Certains économistes préconisent qu’en refusant de pratiquer ces modes de


financement, les banques ne bénéficient pas en réalité des avantages de la diversification du
portefeuille, ce qui conduit finalement à une aggravation de risques et non à une atténuation
des risques de crédit. En outre, l’utilisation des modes M-M du côté des ressources et du
côté des emplois va certainement renforcer la stabilité du système financier, car les chocs
affectant les emplois seront automatiquement absorbés du côté des ressources. Il y a aussi
l’idée que la formulation des contrats avantageux permettra de réduire les effets de l’aléa
moral et de la sélection adverse. Mais ces arguments oublient qu’en définitive, les banques
sont appelées à se spécialiser dans l’optimisation du portefeuille de crédit, et non pas dans
l’optimisation du portefeuille de crédit et de participation en capital. Par ailleurs, les
comptes courants qui forment une bonne partie des ressources de la banque ne sont pas
habilités à amortir les chocs provenant du secteur réel et affectant les emplois de la banque.
Donc une plus grande utilisation des modes de M-M du côté des emplois peut causer une
instabilité systémique en raison du gros volume des comptes courants au niveau des banques
islamiques.

II- Les méthodes de gestion des risques en finance


islamique

La gestion des risques pour les banques participatives repose sur un système
complet qui comprend la création d’un environnement approprié à la gestion des risques, le
maintien d’une mesure efficace des risques, la surveillance et l’établissement d’un
mécanisme approprié de contrôle. Et ceci s’explique dans la mesure où Les déposants-
investisseurs n’ont aucune certitude quant à l’issue de l’opération et n’ont aucun droit de
regard sur les décisions d’investissement de la banque. Par conséquent, on peut penser que
les déposants (assumant les risques et payant les frais de gestion) sont alors sensibles aux

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signaux de mauvaise gestion de la banque et sont prêts à réagir en retirant leurs fonds. La
banque doit donc gérer ce risque qu’elle subit indirectement.
Cette situation apparait comme favorable pour la banque. Cependant, lorsque la
banque investit dans des entreprises sous forme de partenariat, par des contrats Moudaraba
ou Moucharaka, elle assume un certain risque. Donc si le projet n’est pas rentable c’est le
banquier qui subit les conséquences en premier ressort et l’entrepreneur ne perd que son
temps et son travail.

1-Gestion de risque de marché : 


 La Value At Risk (VAR) :
La Value-At-Risk représente la perte potentielle maximale sur la valeur d’un actif ou
d’un portefeuille d’actifs financiers qui ne devrait être atteinte qu’avec une probabilité
donnée sur un horizon donné. Représente le risque lié aux fluctuations de prix des actifs.

la VaR donne directement au gestionnaire de la banque une indication simple et


compréhensible d’un risque de perte. Ces derniers pourront donc selon leurs aversions aux
risques, prendre une décision quant à la position ou au portefeuille en question.
Les facteurs qui impactent ces variations de prix sont généralement des taux de
change, des taux d’intérêt, des informations macro-économiques, etc.

La Value at Risk est à l’origine un calcul de probabilité. Ces modèles de probabilités


sont des lois mathématiques qui permettent d’attacher des probabilités à des variables
aléatoires. Ces modèles sont compliqués et n’ont pas besoin d’être maîtriser pour
comprendre et calculer une VaR, L’unique chose à retenir est que le modèle usuellement
utilisé est la loi normale (de Gauss) qui possède des distributions se prêtant bien au calcul de
la VaR.

2-Gestion de risque de crédit :


 Le RAROC (risque Adjusted Return On Capital) :
le RAROC qui est utilisé à 47,1 % par les banques islamiques constituent une
technique fiable et efficace pour atténuer le risque de crédit et les pertes financières .Le
RAROC est utilisé pour déterminer le capital propre assigné aux différents modes de
financements qui ont des profils de risques différents 

« Le RAROC (risque Adjusted Return On Capital) était considéré comme la 10


principale méthode de mesure de performance et la meilleure pratique standard au niveau
des institutions financières. Il est généralement utilisé comme outil de guidage des fonds
propres économiques. L’analyse RAROC est utilisé pour savoir combien de capital
économique des différentes activités ont besoin et détermine le revenu total des fonds
propres de la firme.

Dans le cadre de l'approche globale, la méthode RAROC constitue à la fois un outil de


gestion Actif-Passif pour gérer le risque et un outil de mesure des performances. Elle peut
être utilisée également par la direction financière comme moyen de mesure de performances.
Cette analyse vise généralement de mesurer le risque afin d’allouer le capital.

Le RAROC est un indicateur synthétique permettant de mettre en relief la rentabilité


réelle d'une opération avec le risque qui lui est associe, c’est donc le rapport entre le résultat
ajuste des provisions correspondant a la perte attendue, et les fonds propres destines a
couvrir les pertes inattendues.

Notons que le RAROC présente plusieurs avantages pour l’institution financière qui l’utilise :

 Il permet de calculer le véritable cout du capital pour les différents risques des
activités de la banque

 Il indique d’une façon plus précise comment la performance des activités se compare
aux objectifs fixés par la banque.

3. Gestion de risque de liquidité :


La liquidité est une question cruciale pour les banques islamiques. L’enjeu de la
liquidité et sa gestion présentent des défis pour ces banques.
Le risque de liquidité est lié à la difficulté de vendre rapidement un placement
financier. Les banques classiques et islamiques reçoivent des dépôts à court terme et
octroient des prêts à moyen ou à long terme. Cet écart de liquidités expose les banques en
cas de retraits massifs est suivi par des méthodes de Gestion Actif-Passif GAP.
Les banques islamiques sont exposées au risque de liquidité dans un contexte de
faiblesses structurelles du système financier qui pèsent sur leur solvabilité et leur liquidité
En fait, la plupart des banques islamiques opèrent dans un environnement où les
marchés interbancaires et monétaires islamiques sont inexistants ou sous-développés
La majorité des emprunts et des facilités de la Banque Centrale ne s’accommodent pas
11
avec la Chari‘ah. Ainsi, en raison de leur accès limité au marché interbancaire islamique et
aux facilités du prêteur en dernier ressort islamique, les banques islamiques doivent «
assurer » elles-mêmes leurs activités et se prémunir contre les imprévus en conservant
d’importantes liquidités.
Comparées aux banques conventionnelles, les banques islamiques gardent 40% plus
de liquidités. Cette détention de liquidités oisives heurte leur objectif de rentabilité et
affecte leur compétitivité. Elle est un témoin d’une « maladie prolongée » qui pourrait
réduire leur potentiel de gains
Dans ce contexte et face à ces différents défis, la banque islamique doit jouir d’une
position optimale de liquidité : se constituer une réserve optimale de liquidité en guise de
protection contre une situation d’illiquidité (pénurie de liquidité) sans toutefois détenir des
liquidités oisives.
A cet effet, dans le cadre d’une gestion ALM l’objectif réside dans la détermination du
montant de trésorerie optimale (les réserves) qui permettra une protection contre des
situations d’illiquidité sans affecter la rentabilité de l’organisation.
En principe, la banque islamique doit effectuer un arbitrage entre la liquidité et la
rentabilité. Elle doit créer un juste équilibre entre les deux objectifs de la sécurité et de la
rentabilité.

Si on considère le bilan suivant :

Actif Passif
Réserves T
Dépôts D
Financement F

Supposons que les dépôts d’investissement alloués aux financements F de moudaraba ,


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Le risque de liquidité, dans le cadre de ce modèle est le risque d’insuffisance d’actifs
liquides pour couvrir des retraits imprévus. Il s’agit d’un pur risque du passif provenant du
comportement imprévu et déstabilisant des déposants.

Dans un contrat moudaraba La marge bénéficiaire offre un taux de rendement


certain. (Dans un contrat moudaraba la banque achète un bien et le vend à un client à un
prix majoré payé d’une manière différé).

Les réserves constituent une trésorerie T ne produisant pas de rendement. On suppose


une seule période de temps.

Les retraits nets de dépôts sont représentés par une variable aléatoire X distribuée de
façon continue dans un intervalle donné.

Deux situations peuvent être envisagées :

 Si x la valeur réalisée de X est inférieure ou égale à T (T ≥ x), la contrainte de liquidité


est respectée. Dans ce cas, la banque n’a pas besoin de se refinancer et ne subit aucun
coût supplémentaire.

 Si x est supérieure au montant de réserves T, (T < x), la banque aura un besoin de


liquidité à cause des retraits de dépôts non anticipés qui ne sont pas couverts par les
réserves existantes. Dans ce cas, la banque est en situation d’illiquidité et supporte un
coût de besoin de liquidité C(T)= (x-T).

III - Réglementation et contrôle des institutions :


1. Les instances de contrôle :
Tout comme le système bancaire classique, la réglementation dans la finance
islamique est nécessaire pour maintenir la solidité du système financier en entier, la
confiance des investisseurs et la préservation des intérêts des épargnants

En effet, avec la croissance et la sophistication des produits financiers islamiques, l’un


des plus important défis consiste à créer un cadre pour le contrôle et la réglementation des
institutions financières islamiques. La difficulté vient du fait que les pays impliqués n’ont
pas tous la même approche de gestion des risques. Toutefois, les réglementations
conventionnelles peuvent être réformées pour assurer le développement d’une 13
infrastructure du marché financier pour les instruments islamiques et de fournir un
financement alternatif rentable et efficace en conformité avec les meilleurs pratiques
internationales tout en respectant les principes de la Charia

En effet, depuis les années 90, les efforts pour la normalisation, la réglementation et le
contrôle de ces institutions se sont renforcés. D’ailleurs, plusieurs normes et procédures
internationales ont été élaborées grâce à la Banque Islamique de Développement (BID) ce
qui a contribué au renforcement de l’architecture du secteur financier islamique dans
plusieurs pays.

Il existe en effet plusieurs institutions islamiques internationales qui participent à la


définition des normes financières conformes à la Charia et leur harmonisation entre les
différents pays les plus importantes sont :

 Le conseil des services financiers islamiques (IFSB) : c’est une organisation de


standardisation qui compte 191 membres (mars 2011), dont 37 autorités de
réglementation et de supervision, ainsi que le FMI, la Banque mondiale, la Banque
islamique de développement, la Banque asiatique de développement, et 108
entreprises et autres acteurs opérant dans plusieurs pays. Elle produit des normes,
des principes directeurs et des notes techniques touchant à un certain nombre de
domaines ; gestion des risques, adéquation des fonds propres, gouvernance
d'entreprise, processus de surveillance prudentielle, transparence et discipline de
marché, prise en compte des instruments financiers islamiques dans les notations,
développement et conduite du marché monétaire
 L'organisation de comptabilité et d'audit des institutions financières
islamiques (AAOIFI) : fondée à Bahreïn en 1991, a pour mission d’harmoniser
les règles comptables des banques islamiques .
 Le marché financier international islamique (IIFM) : a été créé en 2002 par les
banques centrales et les autorités monétaires de Bahreïn, de Brunei, de l'Indonésie,
de la Malaisie, du Soudan et de la Banque islamique de développement. Cette
instance a pour objectif de concevoir de nouveaux mécanismes et instruments de
marché compatibles avec la Charia et permettant un développement rapide de la
finance islamique. Cette autorité est en charge de la promotion des marchés de
capitaux et monétaires islamiques 14
 L’agence de notation islamique internationale (IIRA) : c'est l’unique agence de
notation qui évalue le secteur bancaire Islamique. Crée en 2002 au Bahreïn, elle
vise à favoriser l'entrée des institutions islamiques aux marchés internationaux. Ses
recherches ont permis d’élaborer plusieurs standards qui concernent le niveau de
transparence des institutions financières islamiques et les méthodes d’identification
des profils de risque.
 Le LMC : Liquidity Management Center, a été créé dans le but de faciliter
l’investissement des excédents des banques et institutions financières islamiques et
de les transformer en des instruments financiers liquides à court et moyen termes
conformes à la Charia

Ces institutions visent à favoriser le développement d'un secteur de services financiers


prudent et transparent et apportent les conseils et l'assistance aux institutions
financières islamiques en matière de réglementation et de contrôle, telle que
l'élaboration de normes relatives aux fonds propres requis, la gestion des risques, les
normes de gouvernance des institutions, etc. Une fois établies et acceptées, ces normes
internationales faciliteraient l’évaluation de la solidité et de la stabilité des institutions
financières islamiques et contribueraient pas conséquent à l’intégration de ces
institutions à l'échelle internationale.

2. L’impact des accords de Bâle 3 sur les systèmes bancaires


islamiques :
Malgré le développement rapide des banques islamiques, la réglementation
internationale n’a pas prévu de traitement particulier pour cette catégorie de
banques. on va aborder par la suite les propositions de l’accord de Bâle III (en matière de
fonds propres, de liquidité et de levier) afin de repérer ce qui devrait être maintenu dans
ces accords étendus aux banques islamiques et ce qui devrait faire l’objet d’une
réglementation particulière au regard de leurs spécificités.
 Composantes des capitaux propres et ratios réglementaires : Nouveautés de Bâle
III
L’objectif du Comité de Bâle 3 étant de renforcer la solidité des banques, en
renforçant leur composition de fonds propres, les accords de Bâle III introduisent une
15
nouvelle sous composante du Tier 1, le CET 1 (Common Equity Tier 1) pour remplacer le
Core Tier 1. Celui-ci regroupe les fonds propres les plus solides et les plus restrictifs,
destinés à absorber les pertes, tout en étant encore plus sélectifs que son prédécesseur le
Core tier 1. Bâle III a aussi élargi la liste des déductions à faire sur le Tier 1 et sur le Tier 2,
et a supprimé le Tier 3.
 Augmentation des niveaux des ratios de fonds propres :
Quelques ratios sont définis par Bâle III pour l’adéquation entre les fonds propres et le
niveau des risques auquel la banque est exposée :
Ratio de solvabilité bancaire : Le ratio minimum total des fonds propres, ou
ratio de solvabilité bancaire définit le seuil minimum de fonds propres de type
Tier 1 et Tier 2 à détenir par la banque selon le niveau des risques auxquels la
banque est confrontée. Le niveau minimum de 8% qui a été établi par Bâle II a
été augmenté par un nouveau volant de conservation par Bâle III, pour
atteindre 10.5%.

Volant de conservation : Une nouvelle réserve que doit constituer les banques
durant les périodes propices, pour faire face aux situations de crise. Il a été établi
à 2.5% des actifs pondérés des risques.
Sur ce point aussi, les banques islamiques doivent être traitées différemment. En
effet, il faut exclure du calcul des actifs pondérés par les risques ceux liés aux
comptes d’investissement. Ceci est justifie par le fait que les détenteurs des
comptes d’investissement supportent eux-mêmes le risque. Ainsi, le profit
dégagé par les opérations financées par les comptes d’investissement ne sera pas
retenu dans la construction de VFP. Toutefois, lorsqu’il s’agit du DCR, une
partie des profits accordés aux détenteurs des comptes d’investissement sera
utilisée pour construire ce volant. En définitive, le calcul de VFP des banques
islamiques devient :
16
Bâle III ajoute un autre ratio, appelé volant contra-cyclique, qu’il laisse le
soin de définir aux autorités locales de réglementation, en tenant compte de la
conjoncture économique. Il est compris entre 0 % et 2,5 % du noyau dur des
fonds propres de la banque. Il est calibré en fonction des conditions
économiques nationales et vise à ce que les exigences en fonds propres soient
renforcées en phase haute du cycle économique, ce qui laisse une marge de
manœuvre à la banque en période basse afin de soutenir la croissance grâce aux
crédits accordés à l’économie. D’une manière générale, les banques islamiques
ne sont pas concernées par ce ratio car peu de leurs opérations conduisent à un
risque de contrepartie et donc à une exigence en capital réglementaire.
Mise en place d’un ratio d’effet de levier :Une autre mesure présente dans
les accords de Bâle III vise à plafonner l’effet de levier (rapport entre le total
des actifs et les fonds propres).
L'objectif du ratio de levier est de compléter les exigences de fonds propres
fondées sur les risques, de prévenir le risque de modèle et de limiter le recours
abusif à l'effet de levier au sein du système bancaire.

L’exigence minimale, qui n’est pas encore officiellement arrêtée, pourrait être fixée à
3 %.

o La mesure de capital correspond au tier 1.Les banques islamiques ne


17
possèdent pas la même structure de capital puisqu’elles appliquent la charia.
Ainsi, le capital de ces banques est principalement constitué du tier 1, ce qui
rend l’impact du ratio de levier beaucoup moins fort sur les banques islamiques
que sur les banques conventionnelles. En effet, ces dernières seront obligées de
réduire leur tier 2 et d’augmenter leur tier 1, contrairement aux banques
islamiques. Cependant, pour calculer le capital réglementaire pour les banques
islamiques, il faut enlever les comptes d’investissement du capital tier 1
additionnel parce qu’un client investisseur peut retirer son argent après
notification à sa banque (préavis moyen d’un mois).
o La mesure d’exposition intègre les éléments d’actif du bilan et du hors-bilan
des banques. D’ailleurs, pour les banques islamiques, les actifs financés par les
comptes d’investissement sont exclus de la mesure d’exposition puisque ces
derniers ne sont pas inclus dans le capital tier 1 additionnel.

Conclusion  :

La finance islamique est devenue une véritable industrie qui repose sur les principes de la

charia et qui répond à certains principes dont le but majeur est d’instaurer la notion d’équité et

de solidarité ainsi que de donner une importance à la notion du travail qui est le déterminant

de la croissance économique dans un pays.

Les modes de financement islamique proposés présentent beaucoup de limites dans leur

exécution, d’où le souci de faire l’inventaire des risques financiers islamiques.

Les produits islamiques, vus leurs caractères spécifiques, présentent des risques spécifiques

c’est-à-dire des risques qu’on ne rencontre pas généralement dans la finance conventionnelle.

A cet effet, la présence ainsi que la survie de la finance islamique dans son environnement

repose principalement sur la bonne gestion et la maitrise de l’ensemble des risques inhérents à

l’activité. 18
Bibliographie :
Lévy, Aldo« Finance islamique : Opérations financières
autorisées et prohibées - Vers une finance humaniste »
Moussa DIOP «L'analyse des produits financiers islamiques et la gestion
des risques. Cas de la Moucharaka et de la Mourabaha» Mémoire de
Master 2 monnaie finance et banque 2013

Webographie :

www.lafinacepourtous.com

www.cairn.info/revue-d-economie-financiere-2013-3-page-293.htm

www.challenge.ma/banques-participatives-comment-vont-elles-gerer-les-
depots-dinvestissement-80631/

http://concept-economique.blogspot.com/2011/07/finance-islamique-
reglementation-et.html?m=1

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