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Chapitre 2- Transitoires électromagnétiques dans le réseau électrique

(Connaissances préalables : ¨surtensions¨ chapitre III de la matière QEE)

I. Quelques rappels sur les transitoires électromagnétiques


Un certain nombre de phénomènes électriques correspondant à des variations brutales des
grandeurs électriques d’un système ou d’un réseau peuvent être regroupés sous l’appellation «
transitoires électromagnétique». On peut y trouver les phénomènes de résonnance, de
ferrorésonnance, de surtensions à front plus ou moins rapide telles que la tension transitoire de
rétablissement aux bornes d’un disjoncteur ou celle suivant un impact de foudre, ou encore
l’impact du courant d’enclenchement des transformateurs.
Ces phénomènes peuvent être non linéaires comme la ferrorésonance, phénomène
électromagnétique pouvant apparaitre dans certaines conditions sur les réseaux électriques
comportant des transformateurs saturables (transformateurs de potentiel notamment) et des
capacités (capacité parasite sur les câbles, bancs de compensation de réactif…).
I.1. Catégories des phénomè nes transitoires

Les transitoires électromagnétiques peuvent causer des surtensions. On peut regrouper


les surtensions dans les catégories suivantes:
– temporaires (longue durée) ;
– à front lent (manœuvre) ;
– à front rapide (foudre) ;
– à front très rapide.

Dans chacune de ces catégories, on trouve différentes causes à l’origine des


surtensions. Pour les surtensions à front lent, on peut distinguer l’enclenchement d’une
ligne de transport à vide, l’élimination d’un défaut ou le débranchement d’une charge
inductive. Pour les surtensions à front rapide, il faut distinguer les coups de foudre
frappant directement un conducteur de phase d’une ligne et les coups de foudre frappant
un câble de garde ou un pylône et provoquant l’amorçage en retour d’une chaîne
d’isolateurs. Les surtensions temporaires peuvent, par exemple, être issues d’un défaut
phase-terre ou d’une perte de charge.

Le contenu fréquentiel des transitoires de réseau peut varier du courant continu (0 Hz) à
50 MHz. Les fréquences au-dessus de la fréquence fondamentale impliquent en général
des phénomènes transitoires électromagnétiques, tandis que les fréquences inférieures à
la fréquence nominale (industrielle) peuvent aussi inclure des modes électro mécaniques.
I.2 Notions de surtensions
Les surtensions sont des perturbations qui se superposent à la tension nominale d’un circuit.
Elles peuvent apparaître:
- entre phases ou entre circuits différents, et sont dites de mode différentiel,
- entre les conducteurs actifs et la masse ou la terre et sont dites de mode commun.
Leur caractère varié et aléatoire les rend difficiles à caractériser et n’autorise qu’une approche
statistique en ce qui concerne leur durée, leurs amplitudes et leurs effets.
Dans les réseaux de transport THT, les coups de foudre sont amortis en quelques
microsecondes et les surtensions de manœuvre en quelques millisecondes. Par contre, les
surtensions temporaires ont des durées relativement importantes avec différentes amplitudes
et atténuations.
Les surtensions peuvent être classées selon la durée (ou la gamme de fréquence) ou en
fonction de la nature du phénomène comme indiqué sur la figure 1.

Notre intérêt

Notre intérêt

Figure 1. Classification et origines des surtensions.


Essai Postes
normalisé blindés

Tableau 1. Les différentes formes de surtensions.

Ces phénomènes peuvent être la cause de dommages dans les réseaux et les systèmes
électriques par surtension (claquage diélectrique). En fait, les risques se situent
essentiellement au niveau des dysfonctionnements, de la destruction de matériel et, en
conséquence, de la non continuité de service. Ces effets peuvent apparaître sur les
installations des distributeurs d’énergie ou sur les installations des utilisateurs. Les
perturbations peuvent conduire à :
- des interruptions courtes (réenclenchements automatiques sur les réseaux de distribution
publique MT par lignes aériennes),
- des interruptions longues (intervention pour changement d’isolants détruits, voire
remplacement de matériel).

I.2.1. Surtensions et coordination des isolements


La coordination de l’isolement a pour rôle de déterminer les caractéristiques d’isolement des
réseaux en vue d’obtenir une tenue homogène aux tensions normales, ainsi qu’aux surtensions
de diverses origines (Figure 2).
C'est difficile pour la conception d'un matériel qui peut supporter tous les types de
surtensions. Les chercheurs et les ingénieurs doivent trouver un compromis entre les
niveaux de protection et le problème économique. La coordination de l’isolement électrique
des ouvrages a pour objet de donner à chaque ouvrage les moyens de supporter sans
dommages les niveaux de tensions ou de surtension auxquels ils peuvent être soumis
pendant leur fonctionnement. Elle comporte deux aspects:
- un aspect passif visant à donner une bonne tenue du matériel aux contraintes électriques en
Tension ;
- un aspect actif visant à diminuer le niveau des surtensions par l’utilisation des dispositifs
de protection comme les parafoudres, les éclateurs, les réactances shunt, les compensateurs
statiques ...

Figure 2. Coefficient de surtension sur les réseaux MT-HT.

II. Transitoires électromagnétiques de manœuvres et de Foudre


En général, une manœuvre (fermeture, ouverture de disjoncteur, etc.) effectuée dans un réseau
d’énergie, modifie l’état du réseau en le faisant passer des conditions existantes avant la
manœuvre celles qui existent après exécution de celle-ci. Il en résulte des phénomènes
transitoires. La tension fréquence industrielle peut avoir, avant et après la manœuvre, des
valeurs différentes par suite de la modification de l’état du réseau. L’amplitude totale de la
surtension due à la manœuvre peut être décomposée en deux parties, à savoir une composante
transitoire superposée à une composante fréquence industrielle.

II.1.Manœuvre d’ouverture : Coupure des courants de charges et de défauts


II.1.1. Principe de la coupure
Un appareil de coupure idéal serait un appareil capable d’interrompre le courant
instantanément, or aucun appareil mécanique n’est capable de couper le courant sans l’aide de
l’arc électrique qui dissipe l’énergie électromagnétique du circuit électrique, limite les
surtensions, mais retarde la coupure totale du courant.
L’interrupteur idéal En théorie, pouvoir interrompre instantanément un courant c’est être
capable de passer directement de l’état conducteur à l’état isolant. La résistance d’un tel
interrupteur « idéal » doit donc passer immédiatement de zéro à l’infini, (figure 3).

Figure 3. Coupure réalisée par un interrupteur idéal.


Cet appareil devrait être capable :
- d’absorber toute l’énergie électromagnétique accumulée dans le circuit avant la coupure,
soit, en cas de court-circuit, ½(Li2 ) du fait de la nature selfique des réseaux ;
- de supporter la surtension (Ldi/dt) qui apparaît à ses bornes et aurait une valeur infinie si le
passage isolant-conducteur se faisait en un temps infiniment petit, ce qui conduirait
inévitablement au claquage diélectrique.
En imaginant que ces difficultés soient éliminées en réalisant une synchronisation parfaite
entre le passage naturel à zéro du courant, et la transition isolant-conducteur de l’appareil un
autre phénomène tout aussi délicat doit être surmonté, celui de la Tension Transitoire de
Rétablissement (TTR).
II.1.2. Notions de TTR et de VATR
- Tension Transitoire de rétablissement (TTR)
La tension transitoire de rétablissement (TTR, ou TRV de l'anglais Transient Recovery
Voltage) est la tension électrique (figure 4) qui se rétablit aux bornes d'un appareillage
électrique lorsqu'il interrompt un courant alternatif. C'est un paramètre qui influe fortement
sur la réussite d'une coupure de courant dans un réseau à haute tension. Lors du
développement d'un disjoncteur ou d'un interrupteur à haute tension, le constructeur doit
démontrer que l'appareil supporte les TTR définies par les normes CEI ou IEEE. Pour leur
part, les utilisateurs de ce matériel doivent définir les valeurs requises dans leurs
spécifications.

Figure 4. Illustration d'une TTR après coupure d'un courant alternatif.

- Vitesse d’accroissement de la TTR (VATR)


La VATR est un taux d’accroissement défini par une convention internationale pour
caractériser l’allure de cette tension. Elle s’exprime en volt par micro-secondes. La VATR
s’obtient par le quotient de la valeur maximale Umax de la tension atteinte par la durée tmax
qu’il a fallu pour l’atteindre à partir de la coupure définitive du courant (figure 5).

Tension réseau

Figure 5. Illustration de la VATR.


La Tension de Tenue Diélectrique (TTD) est la tension disruptive du milieu inter-électrode
immédiatement après la coupure.
La TTR dans les normes : Bien que la vitesse de croissance de la TTR à un rôle fondamental
sur les capacités de coupure des appareils, sa valeur ne peut être déterminée précisément pour
toutes les configurations de réseau. Le pouvoir de coupure d’un disjoncteur est alors défini, à
sa tension assignée et avec la TTR
II.1.3. Processus de coupure
Juste après l’interruption du courant, la tension (de rétablissement) aux bornes de
l’interrupteur rejoint la tension du réseau qui est maximale à cet instant là pour les circuits
inductifs (figure 6). Ceci se fait sans discontinuité brutale du fait des capacités parasites du
réseau. Un régime transitoire s’établit alors assurant le raccordement de la tension à celle du
réseau.

Figure 6. Tensions et processus de coupure.

La tension transitoire de rétablissement (TTR) dépend des caractéristiques du réseau et sa


vitesse de croissance (VATR) peut être considérable (de l’ordre du kV/µs). En simplifiant
cela signifie que, pour éviter l’échec de la coupure, l’interrupteur idéal doit pouvoir supporter
plusieurs kV à moins d’une micro seconde après la transition conducteur-isolant.
Pour que la coupure soit réussie, il faut également que la vitesse de régénération diélectrique
soit plus rapide que celle de la TTR sinon un claquage diélectrique apparaît. A l’instant où se
produit la rupture diélectrique, le milieu redevient conducteur, ce qui génère des phénomènes
transitoires. Ces échecs diélectriques post-coupure sont appelés :
- réallumages, s’ils ont lieu dans le quart de période qui suit le zéro de courant,
- réamorçages, s’ils se produisent après.
II.1.4. Critères de bon fonctionnement d’un appareil de coupure
Un appareil susceptible de réaliser une bonne coupure doit remplir les trois conditions
suivantes :
- Il doit pouvoir supporter sans dommage l’énergie dissipée par la coupure,
- Le refroidissement par le milieu ambiant du gaz-ionisé doit être suffisant pour éviter le
maintien de l’ionisation (arc électrique),
- La rigidité diélectrique du gaz dans lequel se produit la coupure doit s’accroître plus
vite que la tension transitoire de rétablissement (i.e. éviter le réamorçage de l’arc
électrique).
II.1.5. La coupure des courants de charge
Pour étudier la TTR u(t) (figure 7), on va imaginer un interrupteur idéal qui lorsqu’il reçoit
l’ordre de déclencher ouvre les contacts.

u(t) R
D Z
u s  U s 2 sin(t   ) C1 C2 L
  2f C12

Figure 7. Coupure d’un courant de charge : D, disjoncteur ; C1 et C2 , capacités en parallèle


équivalentes contre terre respectivement en amont et en aval de D ; C12 , capacité entre les
contacts du disjoncteur.

En supposant les courants dans les capacités (C 1 , C2 et C12 ) comme négligeables vis à vis du
courant de ligne en charge et que la charge Z est inductive (R, L), analytiquement, en utilisant
les lois KVL et KCL, il est possible de définir l’équation différentielle du second ordre avec
second membre qui décrit le comportement de la tension u(t) ¨TTR¨, qui apparaît entre les
bornes de l’interrupteur au moment de la coupure :
d 2u du d 2u s du s
L(C12  C 2 )  R(C12  C 2 )  u  LC 2  RC 2  us (1)
dt 2 dt dt 2 dt

La résolution de cette équation différentielle permet d’établir les résultats suivants :


- Si la charge est inductive, la TTR une composante transitoire de fréquence f 0 , élevée.
La TTR peut atteindre jusqu’à deux fois la tension de crête du réseau (charge

1 R2
purement inductive) ; la VATRL vaut 4 f 0 2 U s (  0   2 ). Il y a en
L(C12  C 2 ) 4 L

général plusieurs réamorçages jusqu’à ce que les contacts soient suffisamment séparés.
- Lorsque la charge Z est purement résistive, il n’y a pas de grandes difficultés à couper
le courant lors de son premier passage par zéro ; dans ce cas la TTR passe de 0 à
2 U s en un quart de période et la VATRR vaut 4 f 2 U s .
Aussi, on peut montrer que lorsque la charge Z est capacitive, la tension de rétablissement
atteint le double de la tension crête du réseau en une demi-période, ce qui est relativement
lent, la VATRC vaut 4 f 2 U s . Mais il faut éviter qu’il y ait réamorçage sinon des pointes de

courant très importantes risquent de détériorer les contacts du disjoncteur.


Il est donc indispensable de préciser la nature des courants qu’un appareil doit être capable
de couper et de tester l’appareil de coupure avec les types de charges correspondantes.

II.2. Surtensions de manœuvre de fermeture (enclenchement et réenclenchement des


lignes)
Ce type de surtensions apparaît lors de la mise sous tension d’une ligne ou de la remise sous
tension de la ligne à la suite d’une ouverture sur défaut. Dans le premier cas les surtensions de
manœuvre sont essentiellement dues au phénomène de réflexion d’onde. Dans le deuxième
cas, des phénomènes dus aux charges résiduelles de la ligne peuvent amplifier ces
phénomènes de réflexions. Les surtensions dues à l’enclenchement présentent une grande
importance pour le choix de l’isolement du réseau.

Figure 8. Forme normalisée d'un choc de manœuvre.

Le choc de manœuvre normalisé (figure 8) à un temps de montée, noté TP , de 250 μs


(tolérance ±20 %). Il correspond à la durée entre l'origine réelle et la tension de crête. Le
temps de mi-valeur, T2 , vaut quant à lui 2 500 μs (tolérance ±60 %) et correspond à la durée
entre l'origine réelle et le moment où la tension repasse en dessous de 50 % de la valeur crête
de l'onde. La durée pendant laquelle la tension est supérieure à 90 % de la valeur crête est
notée Td.
II.2.1 Phénomène de base
Lorsqu’une ligne ou un câble de transport est mis sous tension par une source de faible
impédance interne, les réflexions d’un saut de tension appliqué l’instant initial créent
l’extrémité ouverte une onde de tension rectangulaire. Si le disjoncteur se ferme au moment
de la crête de tension alternative de l’amplitude des ondes rectangulaires à l’extrémité ouverte
approche le double de l’amplitude de la tension de la source excitatrice.
Remarque : l’étude de ces phénomènes dépend de la configuration du réseau, elle est
complexe et nécessite le recours au calcul, à la simulation ou à la mesure in situ. Une théorie
globale ne peut pas être entreprise, mais la statistique de cas particuliers doit être effectuée.
II.3. Surtensions de Foudre
En injection directe, les coups de foudre se caractérisent par l’écoulement au moment de la
décharge d’un courant impulsionnel, variant alors de 1000 à 200000 ampères en crête avec un
temps de montée de l’ordre de la microseconde. Cette onde de courant, qui peut faire fondre
des conducteurs en se propageant de part et d’autre du point d’impact, provoque de très fortes
surtensions.

Figure 9. Forme normalisée d'un choc de foudre à onde pleine.

L'onde de choc de foudre normalisée (figure 9) est caractérisée par un front très rapide, le
temps de montée, T1 est égal à 1,2 μs (tolérance ±30 %). Le temps de mi-valeur, T2 , vaut
quant à lui 50 μs (tolérance ±20 %). Afin de permettre une mesure précise du temps de
montée, on fait passer une droite entre le point correspondant à 30 % de la valeur crête de la
tension (A sur la figure 9) et celui correspondant à 90 % (B sur la figure 9). L'intervalle de
temps entre le point A et B est noté T. L'intersection de cette droite avec l'axe des abscisses
est l'origine virtuelle, notée O 1 , qui généralement diffère de l'origine. Les temps T1 et T2 sont
mesurés à partir de cette dernière. L'intersection de cette droite avec la valeur de crête permet
de déterminer T1 . Autrement dit T1 =T/0.6. T1 n'est donc pas le temps de crête. T2 correspond à
la durée entre l'origine virtuelle et le moment où la tension repasse en dessous de 50 % de la
valeur crête de l'onde.
Remarque : la caractérisation et le dimensionnement des moyens de protection du réseau
électrique contre la foudre nécessitent une analyse très fine. A l’état actuel, la modélisation
permet d’étudier la propagation des transitoires de foudre sur les lignes et les réseaux
électriques. Aussi, le phénomène de foudre étant naturel, une théorie globale n’est pas aisée et
une analyse probabiliste est suggérée.

III. Caractérisation des Transitoires Electromagnétiques : surtensions de manœuvre de


fermeture et de foudre
III.1. introduction
Le gestionnaire du réseau électrique doit déterminer le type de contraintes (surtensions)
pouvant apparaître et choisir un niveau d'isolement en fonction. La présence des parafoudres
doit aussi être prise en compte. Par ailleurs, il faut aussi noter que les niveaux d'isolement
pour les différentes formes de tension ne sont pas indépendants.
Caractériser par la mesure les surtensions dans le réseau électrique directement in situ n’est
pas une tâche aisée et s’avère très coûteuse. En effet, les phénomènes transitoires dans les
réseaux électriques sont causés par les manœuvres, les défauts et les autres perturbations
comme le foudre. Ils impliquent une gamme de fréquence de zéro à quelques MHz d’une
part et nécessite des réseaux exclusivement consacrés la mesure.
La solution la plus utilisée est la simulation. La précision des résultats de simulation obtenus
par les analyseurs transitoires de réseaux (Transient Network Analysis) ou par les calculs
informatiques dépend de la représentation des composants du réseau ainsi que des données
d'entrée disponibles. Des représentations valables sur toute la gamme de fréquence de 0
(courant continu) à 50 MHz ou plus sont pratiquement impossibles pour tous les
composants d'un réseau. C'est pourquoi il faut examiner en détail les caractéristiques
physiques d'un élément spécifique d'un réseau qui ont un effet décisif sur la partie du
phénomène transitoire présentant un intérêt.
La simulation par TNA s’est avérée insuffisante sachant les phénomènes non linéaires qui
interviennent lors d’un transitoire électromagnétique ainsi que la dépendance fréquentielle des
paramètres électriques des composants (lignes, câbles,….) du réseau. Par contre le calcul
informatique (modélisation numérique) est devenu un outil incontournable pour l’étude et
l’analyse des transitoires électromagnétiques dans le réseau électrique.

III.2.Modélisation des surtensions transitoires dans le réseau électrique


III.2.1 Qu'est-ce qu'un modèle ?
Le principe d'un modèle est de remplacer un système complexe en un objet ou opérateur
simple reproduisant les aspects ou comportements principaux de l'original (ex : modèle réduit,
maquette, modèle mathématique ou numérique, modèle de pensée ou raisonnement,….).
III.2.2 Pourquoi faut-il modéliser ?
Dans la nature, les systèmes et phénomènes physiques les plus intéressants sont aussi les plus
complexes à étudier. Ils sont souvent régis par un grand nombre de paramètres non-linéaires
interagissant entre eux (électrique, électromagnétique, mécanique, thermique,…).
III.2.3 Quels sont les différents modèles ?
L'une des solutions est de recourir à une série d'expériences pour analyser les paramètres et
grandeurs du système. Mais les essais peuvent s'avérer très coûteux (équipements électriques
THT, matériaux rares, instrumentations très chères...) et ils peuvent être très dangereux (essais
nucléaires, Très Haute Tension,...). Enfin il est peut être difficile de mesurer tous les
paramètres : échelles du problème trop petites ou trop grandes (réseaux électrique).
On peut aussi construire un modèle mathématique permettant la représentation du phénomène
physique. Ces modèles utilisent très souvent des systèmes d'équations aux dérivées partielles
(EDP) linéaires dont on ne connait pas de solutions analytiques en général. Il faut alors
résoudre le problème numériquement en transformant les équations continues de la physique
en un problème discret sur un certain domaine de calcul (le maillage). Dans certains cas il
s'agit de la seule alternative (nucléaire, astrophysique, spatial...). Dans d'autres cas, les
simulations numériques sont menées en parallèle avec des expérimentations.
Le choix du modèle mathématique (modélisation) est un compromis entre le problème posé
(quelles grandeurs veut-on calculer et avec quelle précision) et les moyens disponibles pour y
répondre. En fait, les équations du modèle retenu sont soumises à un certain nombre
d’hypothèses basées sur les sciences de l’ingénieur et il faut connaître leur domaine de
validité pour pouvoir vérifier que la solution obtenue est satisfaisante. Si le modèle
mathématique n’admet pas de solution analytique, il est alors nécessaire de chercher une
solution approchée numérique de ce modèle.
III.2.4 De la modélisation à la simulation numérique
Les différentes étapes pour modéliser un système complexe sont:
- Recherche d'un modèle mathématique représentant la physique. Mise en équation.
- Elaboration d'un maillage. Discrétisation des équations de la physique.
- Résolution des équations discrètes (souvent systèmes linéaires à résoudre).
- Transcription informatique et programmation des relations discrètes.
- Simulation numérique et exploitation des résultats.
L'ingénieur peut être amené à intervenir sur l'une ou plusieurs de ces différentes étapes.
III.2.5. Principes de modélisation dans les réseaux électriques
L’approche de modélisation des régimes transitoires dans les réseaux électriques est fondée
sur l’utilisation des éléments constitutifs de base des circuits électriques. L’analyse des
transitoires dans les réseaux électriques est un processus mathématiquement complexe et
nécessite l’utilisation de logiciels spécialisés.
III.2.5.1 Méthodes classique pour l’analyse des transitoires
Les principales méthodes de calcul des régimes transitoires dans un réseau électrique, les
plus rencontrées dans la littérature, sont regroupées par trois grandes familles:
- Les méthodes basées sur la théorie des ondes mobiles (initialement cette méthode est
développée par Bergeron) ;
- Les méthodes utilisant les transformations de Fourrier ou de Laplace (transformation
dans le domaine fréquentiel utilisant les théorèmes de convolution) ;
- Les méthodes aux différences finies (résolution des équations des lignes de transmission
par la méthode numérique dite FDTD ¨Finite Difference Time Domain¨);
- méthode des ondes mobiles
La méthode de Bergeron est largement utilisée dans les calculs de régime transitoire
électromagnétique, notamment cette méthode a été implantée dans le logiciel de EMTP
(ElectroMagnetic Transients Program) par H.W. Dommel. Cette méthode, associée à la
représentation de chaque ligne par un schéma équivalent sous forme nodale (figure 10) et
l'intégration des équations différentielles par la méthode des trapèzes, est très puissante,
bien adaptée au calcul à l’ordinateur et exprime bien l'aspect physique des phénomènes. La
méthode de trapèzes a été utilisée pour convertir les équations différentielles des
composantes (relation courant-tension sur les circuits localisés) du réseau en équations
algébriques comportant les tensions, les courants et les valeurs à l'état antérieur. La forme
matricielle générale du système d'équation qui décrit le comportement transitoire du réseau
est la suivante:
[Y][V]=[i(t)] - [I(t-τ)] (2)
où :
[Y]: Matrice admittance nodale ;
[V] : Vecteur de tensions nodales (inconnu) ;
[i(t)] : Vecteur de courantes sources injectées ;
[I(t-τ)] : Vecteur de courant des sources fictives.

ikm(t) Ikm(t-τ) Imk (t-τ) imk (t)

uk (t) 1/Zc 1/Zc um(t)

Figure 10. Schéma équivalent d’une ligne (d’impédance caractéristique Zc et de constante de


temps τ) par les ondes mobiles.
- méthode aux différences finies
Les codes de simulations élaborés en utilisant la méthode numérique dite ¨Finite Difference
Time Domain¨, sont généralement destiné à être utilisé pour prédire la diaphonie entre les
conducteurs dans les lignes de transmissions multiconducteurs ainsi que les courants et
tensions induits dans les terminaisons dues aux champs incidents.
Parmi ces codes nous avons celui dénommé Branched Multi-conductor Transmission Lines
(BMTL) (que nous utiliserons pour réaliser nos TP); il s’agit d’un programme FDTD pour le
calcul des réponses sur les lignes de transmission multiconducteurs interconnectées.
L'excitation des lignes peut être soit un champ électromagnétique incident, soit des sources de
tension placées aux extrémités des lignes. Il est même possible de calculer les réponses
lorsque les deux types d'excitations existent simultanément.
Le programme BMTL peut gérer plusieurs lignes de transmission connectées les unes aux
autres (figure 11).

Figure 11. Exemple de quatre lignes interconnectées.


Une ligne de transmission est décrite pour le programme en définissant plusieurs de ses
propriétés. Parmi les propriétés à définir figurent la longueur de la ligne, le nombre de
conducteurs, les matrices d'inductance et de capacité, les impédances de terminaison et les
paramètres de discrétisation (spatial et temporel). Étant donné que les seules propriétés
décrivant les caractéristiques des lignes sont les matrices d'inductance et de capacité, les
lignes sont supposées sans pertes (pas de résistance et pas de conductance).
Le code BMTL est basé sur une première étape qui consiste à déduire des équations de
récurrence après discrétisation des équations des lignes de transmissions par FDTD.
Afin de traiter également le cas des lignes non uniformes où des lignes interconnectées (figure
11), où nous avons la présence d’une jonction, des équations supplémentaires, établies à partir
des lois de Kirchhof au niveau de la jonction même (nœud d’interconnexion), sont introduites.
Dans le même ordre d’idée, toujours en utilisant les équations des lignes de transmission, il
est aussi possible d’analyser la propagation des signaux électriques dans un réseau radial ou
maillé de conducteurs filiformes en résolvant par FDTD l’équation de propagation en tension
(courant) suivante:

 2U U  2U
 RGU  RC  LG  LC 2  0   x, y ou z (3)
 2 t t
Où : R, L, C et G : paramètres linéiques de la ligne de transmission qui sont définis en annexe
dans le cas d’une électrode filiforme enterrée verticalement o horizontalement.
Remarque : dans la suite du cours nous reviendrons en détails sur les méthodes de
simulation basées sur la théorie des lignes de transmission (ondes mobiles et résolutions
des équations des lignes par FDTD) permettant d’analyser la propagation d’ondes de
surtensions dans le réseau électrique.
III.2.5.2. Méthodes numériques pour l’analyse des transitoires
Pour étudier des structures complexes de phénomènes physiques, on dispose, à l’heure
actuelle, de méthodes d’approximation permettant de résoudre la plupart des problèmes pour
lesquels il n’existe pas de solution analytique formelle. Toutefois, avec l’aide de l’ordinateur
et de moyens mathématiques adéquats, on peut réduire les erreurs introduites par les
approximations et obtenir des valeurs numériques précises. Dès lors, la discrétisation du
problème correspond au choix d’un modèle numérique permettant de traiter les équations
mathématiques. Il est important de savoir distinguer et hiérarchiser les différents niveaux
d’hypothèses utilisés pour modéliser un phénomène physique. En effet, la solution exacte
d’un modèle mathématique qui ne correspond pas à la réalité physique est inutile.
Depuis maintenant presque une décennie pour analyser les transitoires électromagnétiques
dans le réseau électrique, des méthodes numériques sont utilisés pour traiter certains types de
problèmes.

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