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N° SPÉCIAL B/1958 LA HOUILLE BLANCHE 750

Le fonctionnement en déchargeur
des turbines Kaplan de l'usine de Palaminy
Using the Kaplan turbines
ln the Palaminy powerhouse as wasteways

PAR R. MONTEIL ET J. ABBû


CHEF IlU SEnYICE I~LEcrnO~IÉCANIQUE INGÉNIEUR AU SEHVICE ÉLECTHOMÉCANIQUE
{.;LECTIWCITÉ IlE FHANCE, HÉGION Il'I~QUIPIDlENT HYDRAULIQUE GARONNE

A.fin de limiter les intuIllescences dans le canal ln arder ta reduce waves in the head-l'ace
d'amenée de l'usinc de Palaminy sur la canal of the Palaminy pozuerllOuse, thus reduc-
(;ar!inne et réduire di, ce fait les frais de pre- ing construction costs, provision was made ta
nlier établissement, il est prévu, en cas de un couple the blades and distrilmtors of each
déclenchement, la déconjugaison automalique turbine automatically in sucll a manner as la
des pales et du distributeur de chaque turbine, main tain the no la ad discharge at 50 % uf thc
de manière ri maintenir un débit ri vide de rated disclwrge when load is shed. This
l'ordre de 50 % du débit nominal. Ce mode de met/lOd of operation, [;nown as wasleway
fonctionnement, dit « en déclwrgeur », a tait ,)peration, was the subject of scale model lesls
l'objet, chez le constructeur, d'essais sur undertaken by the turbine manufaclurers. 1'0
modèle réduil. Il néeessile, pour être indus- make il possible ta operate the protolype in
triellement réalisable, une injection d'air au- lliis way, air has la be injecled abou:' Ilie
dessus' de la roue, qui a pour effet de reporter, l'llIlner sa as la mOlJe Ihe encrgy dissipation
(Ill-dessous de celle-ci, la .zone de dissipation region 1'0 a point belozu the l'llIlner. These
d'énergie. Ce procédé n'est pas de conception met/lOds are not entirely nCIW" bllt the Pala-
entièrement nouvelle; i! comportera cependant, millY project incorporates certain special
ri Palaminy, certaines dispositions particu- devices sueh as a "elosllre limiter" zuhich pre-
lières" notamment llfl « limiteur de ferme- uents flow from being cut off completely, even
ture » qui évite une coupllre totale, même pas- for a very short period. A.n attempt lws been
Mlgère, du débit. L'automatisme de fonctionne- made to salue the problem raised by aIllomatic
ment pose enfin un problème que l'on a tenté operation in a simple and reliable manner.
de résoudre d'une manière ri la fois simple et
sare.

I. - DESCRIPTION SOMMAIRE DE L'AMÉNAGEMENT

L'aménagement de Palaminy, en cours de réali- timent d'usine comportant deux turbines


sation sur la moyenne Garonne, est constitué Kaplan, reliées chacune à l'ouvrage de mise en
par une dérivation du cours de ce fleuve sur charge par une conduite forcée de 5 m de dia-
7 km environ, entre les bourgs de Martres- mètre (fig. 2). Un canal de fuite, relativement
Tolosane et Cazères. Le canal d'amenée, long court (0,5 km) rejoint le lit de la Garonne.
de 5,7 km, présente une section trapézoïdale La chute brute maximum est de 28,90 m et
classique (fig. 1). Il se termine par un ouvrage la chute nette nominale, pour le débit maxi-
de mise en charge, en bordure d'une terrasse mum de 135 m 3 /s, de 26,30 ID.
naturelle, au pied de laquelle se trouve le bâ-

Article published by SHF and available at http://www.shf-lhb.org or http://dx.doi.org/10.1051/lhb/1958015


760 LA HOUILLE BLANCHE N° spi;crAL B/1958

II. - PROBLÈMES POSÉS PAR LES DÉCLENCHEMENTS

'Pour des usines de ce type, la fermeture reusement un peu silllplifi{~, D'une part, en etTet,
rapide des turbines consécutive à un déclenche- le problème de navigation ne se pose pas, ce qui
ment général pose toujours un délicat problème l'end tolérables certaines perturbations qui ne
d'intumescence. La solution classique consiste à le seraient pas autrement. D'autre part, les ber-
prévoir un ouvrage de décharge capable d'as- ges du canal sont prévues à profîl horizontal,
sUl'er autom,atiquement l'écoulement du débit non parallèle à la pente du radier, ce qui permet,
qui n'est plus absorbé par les turbines (déver- en cas d'interruption brusque du débit turbiné,
soir, vannes de décharge à manœuvre automa- de reporter les déversements à l'origine du canal.
tique). Cette disposition présente d'ailleurs un autre
Dans le cas de Palanüny, compte tenu des avantage très important, qui l'a fait retenir dé-
conditions locales, le coût d'un tel ouvrage au- finitivement dès l'origine des études: c'est celui
rait été prohibitif. Le problème se trouvait heu- de créer entre le plan d'eau statique maximum et

Profil en déblais
dans alluvions
~~~- ~.- - - - - - - - - - - - - - - - ~~ëWi'L
,\ .. ,:- . .
~213- - --- ~---1'60,50- - 2/3- , •
b M
. .' ,
." •• ~ 1)
~
Iii
Nlv. statique 25940
1--- 1
1_~.-. r,
".' 0
J ~ :
..,..
~
ALLUVIONS . ;, " ',' '-: ALLUVIONS
1 Il o. '" ' "', Q .. • 2/3 >J" ~-o-;-;-: ..,,;--:;_--, ~
.0, Na" .. 1'" ,-phréatique. l ": ' . '.
Joints guttatema

'.:~~;;:'::~~~,.~-."s::.
tous les 6m
.Revêtement bajoyers: béton é = 0,15 •. 1 V':' 1:'"
/ Revêtement radier: béton é =0,20
Buse en ciment cp 0,80 ou 0,60--../ -r- 5,50--j4

Profil mixte
dans les alluvions et la marne

Remblai alluvions
ALLUVIONS

Revêtement radier: béton é = 0,20 1

Buse en ciment cp 0,80 ou O,60~


Profil en remblai

Revêtement terre végétale


é = 0,15

Revêtement .radier béton é = 0,20 - - - - ' Revêtement bajoyers béton armé é = 0, 15


ALLUVIONS

o, 5 10
:
15 20m
d 1

FIG. 1
N° SPJ~CIAL B/1958 n. MONTEIL ET .J. A13130 7Gl

o 10 15 20rn
.1

'"
"D

~~~~~~~---:c:--~~-=-c:::=-d
IBASSIN DE MISE EN CHARGEl; 1CONDUITES FORCÉES 1 IUS1NEI

251,20

r~~~

1
Raccordement 1
5 2 , 5 0 - - - - - - - - " 1 ; - :-
- - 2 5 . 6 0 - - - T - - 20,90

FIG. 2

le plan d'eau dynamique mll1I mu m un volume le corps de l'onde principale atteignant au maxi-
utile qui, ajouté il celui de la retenue eréée par le mum 0,80 m. C'est il partir de ces valeurs qu'ont
barra,çte, donne au total une réserve horaire non été déterminées les cotes d'arasement des berges
néglig~able permettant d'exploiter par éclusées, du canal d'amenée.
ct non simplement au fil de l'eau, ce qui valorise En l'absence de tout dispositif limitant le dé-
sensiblement la production de l'am(~nagement. bit coupé, on aurait admis une marge de sécurité
Le problème posé par les déclenchements ne supplémentaire de 0,50 m, ee qui aurait conduit
se trouvait toutefois pas entièrement résolu par il araser les risbermes du canal il la cote 261.
l'adoption d'un eanal d'amenée il risbermes hori- En fait, on a pu renoncer il eette marge de 0,50 m
zontales. Il importait en premier lieu de vérifier et araser les risbermes à la eote 260,50, en adop-
l'importance des intumesccnces, de façon il évi- tant pour les turbines les dispositions faisant
ter tout déversement SUl' les berges du canal. l'objet de la présente communication, qui per-
Par ailleurs, le report, en tête du canal, de la mettent de limiter le débit coupé il la moitié en-
totali té des déversements, se traduirait par une viron du débit maximum. Dans ces conditions,
réduction soudaine du débit du fleuve en aval de si l'on a renoncé il toute revanehe en cas d'intu-
la restitution, ce qui n'est pas sans présenter mescence totale, on conserve la marge de 0,50 m
quelques inconvénients. Il fallait donc, en tout pour l'in tumescence limitée, estimée il 0,60 m,
état de cause, restituer par un moyen quelconque consécutive il une coupure,de la moitié du débit.
un débit raisonnable minimum, qui a ét(~ fixé il Or, dans le cas partleulier du canal d'amenée
1:3 m:: / s. de Palaminy, une réduction de 0,50 m du niveau
La détermination des in tu mescences dans le d'arasement des risbermes eorrespond à une éco-
canal d'amenée a fait l'objet d'études théoriques nomie importante ~ elle a pu être évaluée à
et expérimentales, exécutées par le Laboratoire 50 millions de francs ~ sur les travaux de génie
d'Hydraulique de l'Université de Toulouse, dont civil. Le eanal eomporte en effet une grande lon-
nous nous bornerons il indiquer le résultat prin- gueur de digues et le volume des remblais est sen-
cipal : pour une coupure instantanée du débit siblement supérieur il eelui des déblais, obligeant
total de 135 m::/s, et partant du plan d'cau maxi- il procéder il d'importants emprunts. Etant donné
mum, la cote atteinte par l'intumescence au-des- que le profil des digues est fixé par des raisons
sus du niveau statique maximum 259,40 varie eonstructives, toute surélévation eorrespond il un
entre 1,05 et 1,10 m respectivement aux extrémi- volume Îlnportant de terrassements supplémen-
tés aval et amont du canal d'amenée. Ces valeurs taires à la base.
prennent en compte les oscillations secondaires, Le temps de parcours aller et retour de l'onde
762 ~----------
LA HOUILLE BLANCHE N° SPÉCIAL B/1958

dans le canal d'amenée est de 30 minutes environ, tumescence (les essais qui seront faits lors de la
délai maximum pendant lequel doit être main- mise en route permettront probablement de ré-
tenu le débit résiduel pour ne pas aggraver l'in- duire ce temps théorique).

III. SOLUTION ADOPTÉE POUR RÉDUIRE LE DÉBIT COUPÉ


EN CAS DE DÉCLENCHEMENT

Un ouvrage de décharge, même dimensionné en déchargeur. Un tel fonctionnement est tout à


pour la moitié du débit total, aurait absorbé fait semblable à la marche à vide d'une turbine
une partie importante de l'économie brute réa- hélice à pales fixes et pose d'ailleurs les mêmes
lisée par la diminution de 50 cm de la hauteur problèmes.
des digues du canal. Afin de réaliser une éco- La figure 3 donne l'allure de la variation du
nomie nette aussi grande que possible, il a été débit en marche à vide en fonction de la vitesse,
envisagé de recourir à un dispositif permettant pour une turbine dans laquelle la position des
de maintenir, en cas de déclenchement, une pales est maintenue fixe (l). Suivant l'inclinaison
fraction importante du dé1?it au travers des tur- donnée aux pales dans ce dernier cas, le débit en
bines. Deux solutions pouvaient être envisagées: marche à vide et au voisinage de la vitesse no-
minale peut atteindre une valeur importante qui
a) COMMUTATION DE LA CHARGE sUR nÉsIsTANCES peut largement dépasser 50 % du débit nomi-
LIQUIDES: nal. Ce débit peut être sensiblement augmenté
Ce système, souvent envisagé et quelquefois en laissant la vitesse de la turbine dépasser la
vitesse de régime. Malheureusement, les phé-
réalisé (par exemple dans la centrale suisse de
nomènes de cavitation qui prennent naissance
Wildegg-Brugg), permet d'éviter toute variation
brutale du débit, à condition d'effectuer un pré-
o
réglage continu et si possible automatique de la 0;:;
i
/ \
valeur de la résistance hydraulique. Le problème
,. __ .
·
,/
est souvent compliqué du fait que la résistivité 180 '--[ ·
de l'eau circulant dans la résistance n'est pas
,
I~ i
constante. On est alors conduit à fonctionner en 160 ---;._- •.......
i
1 ' \
circuit fermé, l'eau non renouvelée étant refroi- i / \ / \
die dans un échangeur, immergé par exemple ,
1 \ /
140
dans le canal de fuite. La mise en œuvre exige
un appareillage HT de commutation coûteux
Nn !/
i ~
et encombrant. Un problème de stabilité du ré- 120
. 1 / '\
glage de la vitesse des groupes commutés sur · / / !~ / \--CD
1----· ,---
résistance peut enfin se poser et rendre dif-
100
On i - il / \ \
ficile le recouplage sur le réseau, dans le cas où j,
le rapport des temps caractéristiques des iner-
'+
'1 -- ~~~,

ties spécifiques mécanique et hydraulique est / '+10·, / \


-ty 11;"
80
défavorable. , / / /0·

60
/
b) FONCTIONNEMENT, EN DÉCHARGEUH, DES TURBI-
NES KAPLAN:
1Pales fixes_. Il / / J /11 il jN mn

40
~ ~- V /_10 i // 0

C'est cette deuxième solution qui a été rete-


nue à Palaminy, bien que ne permettant pas,
Xb< :Y V 7/ i

comme les résistances liquides, le maintien de 20


IllY ' y / .< ,
i
la totalité du débit initial. 0 y/ ..,./ IPa es en

En marche à vide, une turbine Kaplan absorbe


un débit voisin de 10 % de son débit nominal, o
~
20 40 60
+- V-
80
I

100 120 140 160 180 200 220 240


! N
Nn
pour la conjugaison optimum de l'ouverture des CD Courbe enveloppe des vitesses d'emballement

pales et du distributeur. Ce débit peut être nota- ® Variation de vitesse en conjugaison

blement augmenté en éliminant cette conjugai- FIG. 3


son et en donnant aux pales de la roue une incli- (1) D'après H. GEHBER, Bulletin de l'A.S.E., du 31 mai
naison plus grande. La turbine fonctionne alors 1952.
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réduite cn fermant le distributeur. Le fonc-


tionnement est alors stable et exempt de
cavitation (sauf une légère cavitation margi-
nale); l'énergie est entièrement dissipée sous
la roue (fig. 4).
-- Le ressaut formé par la nappe annulaire
quand elle rejoint la surface libre dans l'as-
pirateur, entraîne de l'air qu'il faut renouve-
ler constamment par des orifices largement
dimensionnés.

L'originalité du procédé consiste, d'après le


constructeur, dans le réglage de la pression d'air
dans la poche, pression qui doit être suffisante
pour obtenir une bulle stable avec ressaut en des-
sous de la roue. Suivant les conditions de chute,
de calage de la roue par rapport au niveau aval,
les dimensions de la turbine, etc., cette admis-
sion d'air peut se faire à la pression atmosphé-
FIG. 4
rique, ou nécessiter au contraire l'empIoi de com-
dans la turbine au cours d"lm tel fonctionne- presseurs pour obtenir un débit d'air suffisant.
ment peuvent, dans certains cas, être dangereux Seuls les essais sur modèle réduit permettent de
pour la tenue de la machine, notamment s'il se prédéterminer, dans chaque cas particulier, l'in-
produit des vides locaux. La cavitation qui se clinaison à donner aux pales, ainsi que le mode
manifeste ici est très différente de la ca'vitation d'injection de l'air et la quantité à injecter pour
naissante qui apparaît parfois à certains régi- maintenir le niveau de la surface 'libre au-dessous
mes normaux et engendre. une érosion progres- du bord inférieur des pales de la roue, et, fina-
sive des pales: dans le fonctionnement en dé- lement, le débit d'eau absorbé par la turbine
chargeur, le phénomène peut être très brutal, et dans un tel fonctionnement. Pour Palaminy, ils
s'accompagner de vibrations et de pulsations de ont mis en évidence que l'admission d'air à Ia
pression d'une intensité telle que des dégâts im- pression atmosphérique permettait d'obtenir un
portants soient à craindre pour la machine ou ses résultat satisfaisant. Il n'y a donc pas lieu de
scellements, même si ce régime n'avait qu'une
durée limitée. Débit d'air (pris à la pression otmosphériqye)
m 3/s
Ce problème a été examiné par la Compagnie
Nationale du Rhône et les Etablissements Neyr-
pic, en vue du fonctionnement en déchargeur 1 1 1 ;
des turbines de l'usine de Montélimar. Il a fait
l'objet d'essais sur les turbines de Donzère et
d'études sur modèle réduit pour Montélimar et
un peu plus tard pour Palaminy. Ces essais sur
modèle réduit ont permis les observations sui-
vantes:
Sans entrée d'air, on observe de la cavitation o
dans la partie centrale de la turbine. Si on Débit d'eau
fait entrer progressivement de l'air, on cons- m 3 /s

tate d'abord que l'air est entraîné sous forme ,Hs =- 2,3
de bulles qui se relient à celles de la cavi- t!'-~I" 1

tation. Le désordre de l'écoulement, les se- 31 H,S =-,,' 2 3 ....... , r-:-Hs; -2,; __..j__ ~+._.L, ---+-+-1-t-~I
cousses et vibrations ne sont pas calmés.
En laissant entrer davantage d'air, une poche
apparaît au plafond, la vitesse de la turbine
30
29'
"'1- i
tt, '-Z.JI

~,.....Jis
i 1 Hs=-2,3~ ----t-- i
=- 2,2 Il
-.....qf;:!
1
i

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281---+--+'-+-'_1---+--+'--i--t1,_
',i 1
Iii
i 1
'

croît. On doit la ramener à sa valeur nor-


male en fermant légèrement le distributeur,
1 ! i i il-NU i
27 : 1 1 Hs =-1,705J:=:=!-W
-l--+-,--l--t-+---l_+!---1:_+-1_1
H - '

et le débit décroît un peu.


261---1--1:-_,,1
l
Si on continue d'augmenter l'entrée d'air, la ,1 , i Chute Hm!
poche centrale se développe jusqu'en dessous 25 26 27

de la roue. La vitesse doit de nouveau être FIG. 5


LA HOUILLE BLANCHE NU SPÉCIAL B/Hl58
ï<i4

recourir à des compresseurs d'air encombrants sitU' approprié, en cas de déclenchement, la fer-
et coÙtetIx. La figure 5 donne les résultats obte- meture complète du distributeur qui est norma-
nus avec l'inclinaison des pales qui a donné lement provoquée par le régulateur de vitesse.
les meilleurs régimes de fonctionnement (2H de- ct qui se prolonge pendant toute la durée de la
grés). On voit que pour la hauteur de chute nor- pointe de survitesse.
male, soit 26,3 m, le débit d'eau est de 2H,2 m 8 /s, b) Nous avons indiqué plus haut que l'on
soit 45 % environ du débit maximum de la tur- doit, après une coupure de la moitié du débit,
bine, c'est-à-dire légèrement inférieur au chifIre laisser s'écouler une durée d'environ 30 minutes,
de 50 % escompté. Les essais ont été ef1'ectués avant de réduire encore ce débit, sous peine d'ag-
en similitude de Froude. graver l'intumescence. Comme il est générale-
ment possible de recoupler les groupes quelques
minutes seulement après un déclenchement, ce
CONDITIONS PAHTlCULIÈIŒS IMPOSÉES AU CON-
recouplage doit être possible en laissant le dis-
STHUCTEUH POUH LE FONCTIONNEMENT EN
tributeur et les pales hors conjugaison. Le groupe
DÉCHAHGEUH DES TUHBINES DE PALAMINY:
doit donc, pendant la marche en déchargeur, res-
a) Les essais sur modèle réduit du canal ter sous la dépendance du régulateur de vitesse
d'amenée ont montré qu'une coupure complète du qui le maintient au voisinage de la vitesse de
débit, même très rapidement suivie d'une réou- régime. Cette condition enlève toute possibilité
verture, engendrerait l'intumescence maximum. d'augmenter un peu le débit restitué en tolérant
Il est donc indispensable d'éviter, par un dispo- une légère survitesse.

IV. - RÉALISATION PRATIQUE DU FONCTIONNEMENT EN DÉCHARGEUR

u) ADMISSION D'AIH : taine ouverture à l'ordre de fermeture donné par


le tachymètre. La mise en action de ce limiteur
L'air sera admis dans la turbine par une série de fermeture est sous la dépendance d'un élec-
d'orifices prévus dans le fond supérieur, et ali- tro-aimant. La valepr de consigne de l'ouverture
mentés par une tuyauterie de 300 mm d.c diamè- minimum ainsi imposée au vannage est ajusta-
tre intérieur qui débouche à l'extérieur de l'usine, ble et sera déterminée aux essais. Elle sera telle
au-dessus de la cote des plus hautes eaux. Un <lu'elle ménage au réglage charge··vitesse une
clapet de non retour, à boule, est prévu sur cha- marge suffisante pour permettre un recouplage
que orifice. du groupe même à une fréquence basse. Toute-
fois, l'électro de sécurité du régulateur de vitesse
b) DÉCON.JUGAISON a priorité sur le limiteur de fermeture et provo-
La mise sous tension d'un électro-aimant pro- que la fermeture complète du vannage en cas
voque, par l'intermédiaire d'un tiroir de distri- d'incident mécanique ou électrique nécessitant
bution à huile, la déconjugaison du mouvement l'arrêt immédiat du groupe. Il n'y a pratiquement
du distributeur et des pales, et amène celles-ci à aucune chanee qu'un tel incident se produise SUI'
l'ouverture choisie (2H degrés eIn'iron). les deux groupes simultanément, ce qui entraîne-
rait la coupure totale du débit, mais il est certain
c) LIMITEUH DE FEHMETUIΠ: que s'il se produisait sur l'un des groupes, au
conrs de la période de :30 minutes suivant un dé-
Au moment d'une décharge brusque de la puis- clenchement général, il s'ensuivrait iUle aggrava-
sance aux bornes de l'alternateur, la 'Ütesse du tion de l'intumescence.
groupe augmente et le régleur de la turbine
donne un ordre de fermeture du distributeur. Si ri) AUTOMATISME DE FONCTIONNEMENT:
on ne prend aucune précaution spéciale, le dis-
tributeur va jusqu'à une fermeture complète puis L'admission d'air dans la roue s'efIectue auto-
s'ouvre lentement jusqu'au débit de marche à matiquement sans aucune intervention extérieure
vide. Dans le cas de Palaminy, on voulait éviter, dès que la dépression dans la turbine atteint une
comme nous l'avons dit plus 'haut, cette coupure certaine valeur. Les deux autres opérations, dé-
totale, même momentanée, du débit. C'est pour- conjugaison et mise en service du limiteur de
quoi les régulateurs seront équipés d'un « limi- fermeture, sont chacune sous la dépendance d'un
teur de fermeture », homologue du « limiteur électro-aimant. La mise sous tension de ces élec-
d'ouverture», qui s'oppose au-dessous d'une cer- tm-aimants doit être provoquée autoniatique-
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ment. On ne peut se contenter de les asservir à --<>--<>-'r------'"?---?"---- +p


+s
l'ouverture des disjoncteurs des groupes. En

l"' '"'., -'"' .


effet, le déclenchement électrique peut se pro-
duire à l'autre extrénlité de la ligne d'évacuation B V'gneMe
de l'énergie de l'usine, sans que les disjoncteurs "Fonctionnement
en déchargeu r
de groupes n'interviennent. D'autre part, la fer- débloqué"
meture rapide des turbines peut être le fait d'une 110 vItesse 1assurant l'ou-
verture des pales l au
fausse manœuvre d'exploitation ou d'un dispo- démarrage
sitif de sécurité ne provoquant pas le déclenche- -s
ment immédiat.
La réalisation d'un dispositif de détection qui
u
réponde il toutes les hypothèses sans risque de
fonctionnements intempestifs, ne peut être ob-
tenue qu'au prix d'une assez grande complexité. _ _6-_ _-J- .!>-_6-- - p
Dans le cas de Palaminy, on a préféré se conten-
ter d'un dispositif très simple lié il la position 5 S'
du vannage, le fonctionnement en déchargeur
étant automatiquement provoqué par toute ma- __ vamage
==T=:::T~=::::---- ouvert

nœuvre de fermeture, quelle qu'en soit la rapi- [Iectro H:


dité, au moment du passage il la demi-ouverture. 5 S' Ouverture des pales de
la rQue
Ce dispositif est volontaire,Jllent verrouillé par ~VQnnage à G/IO e
action sur un bouton poussoir, il la mise en ser- -------
vice et à l'arrêt normal; et, d'une manière géné-
rale, pour tout fonctionnement à une charge in- 5 S' [Iectro U ~

férieure il 50 %, mais il est automatiquement li- y"t Vannage à 5/10' Mise en service du limiteur
de fermeture
béré dès que le vannage franchit une ouverture
supérieure à 5/10". Ces dispositions sont obte- F

nues moyennant un schéma électrique extrême-


FIG. fi
ment simple qui, en réalité, met en œuvre deux
contacts liés à la position~lu vannage et légère-
ment décalés, de manière il écarter tout risque prolongeait au-delà de là durée d'aller et retour
de « pompage » des pales lors des fonctionne- de l'onde d'intuInescence dans le canal, on pour-
ments voisins de la demi-charge (voir fig. 6). rait ne pas prolonger la marche en déchargeur
N. B.-~- Lorsque la turbine fonctionne en
c et rétablir la conjugaison des pales, le débit à
déchargeur, la vitesse peut être réglée de la même vide des deux groupes étant suffisant pour nssurer
manière que si les pales étaient en conjugaison, la restitution minimum de 13 m 3 Is. Tel ne serait
ce qui permet le recouplage sur le réseau, dès que pas le cas avec un seul groupe en service, mais
les conditions de celui-'CÎ le permettent. Si une une légère réouverture des pales permet àlors
situation du réseau interdisant le recouplage se d'obtenir ce. résultat..

V. - CONCLUSION

Le maintien d'un certain débit lors (l'un déclen- positif dont on ne possède pas encore l'expé-
chement des groupes semble pouvoir être résolu, rience, la sécurité des ouvrages d'amenée. On a
dans un certain nombre de cas, par le fonctionne- donc fixé la cote d'arasement des risbermes de
ment en déchargeur des turbines d'une façon facon à être à.l'abri d'un déversement, même en
plus économique que par le recours il des ouvra- caS d y. ëoupure totale du débit. On a toutefois
ges de décharge extérieurs aux turhines qui en- supprimé la revan~he d'une cinquantaine de cen-
traînent en général une complication importante timètres qui a nor'ïualement toujours été prévue
du génie civil. Il a paru intéressant il la Région sur les usines· de lac Garonne, en adoptant ce pro-
d'Equipemelü Garonne de faire l'essai de ce sys- cédé qui permet d'escompter que les coupures
tème à Palaminy, aménagement de moyenne im- totales de .débit seront tout à fait exceptionnelles,
portance où les conditions particulières d'exécu- si elles ne peuvent être totalement supprimées.
tion du canal d'amenée permettent de réaliser à Pour réaliser ce mode de fonctionnement par-
cette occasion une économie appréciable. II va de ticulier des turbinés! qui n'entraîne que des mo-
soi qu'on n'a pas voulu faire dépendre d'un dis- dificatiqns ;InineVTes§lU" ces machines, on a
ï(Hi LA HOUILLE BLANCHE N" S1'I\CIAL BI H)58

choisi des solutions simples, aussi bien pour les pas, du fait que des défaillances ou des fonc-
moyens de détection que pour le schéma. Un au- tionnements intempestifs à caractère épisodique
tomatisme plus poussé, des moyens de détection sont ici sans conséquence grave.
plus « fins » ou plus sélectifs ne s'imposaient

DISCUSSION
Président: M. LANGLOIS

M. Il' Présidcnt rcmcrcie MM. MONTEIL et Anno du au lieu de la marche il vide. Les essais effectués à
double exposé qu'ils viennent de faire, et qui traite d'un Bollène ont été assez encourageants, puisqu'on dépassait
'iujet, sinon inédit, du moins relativement récent, ainsi des débits de l'ordre de 70 % du débit nominal de la
que la Région d'Equipement Hydraulique Garonne turbine; il Y avait, certes, un élément favorable: c'est
d'a\'()ir proposé l'expérimentation des dispositifs corres- quc la roue de la turbine était placée il une cote sous
pondants SUI' dcs ouvrages en cours d'exécution. le niveau aval relativement faible.
Dans le cas de Palaminy, M. le Président souligne
M. FONTAINE pense que l'injection d'air sous la roue
que si la suppression de la revanche SUI' la hauteur des
n'est indispensable que si le vide est absolu au plafond
berges du canal, en apportant une économie de 50 mil-
turbine au-dessus de la roue.
lions, n'a pas permis de supprimer entièrement les
I! faudrait donc mesurer les pressions SUI' le fond de
ouvrages de génie civil dçvant permettre d'éliminer les
la turbine avant d'envisager l'injection d'air.
risques de déversement en "C'as de déclenchement il
charge totale, puisqu'on a fait un canal à berges hori- La roue doit être ,~ libre » et fonctionner, autant
que faire se peut, en « moulinet ».
zontales, du moins cctte disposition a l'avantage de per-
mettre une valorisation de la chute, grâce à la réserve M. MONTEIL pense que de tels essais sur modèles
ainsi constituée, ce qui est à mettre au crédit de l'opé- réduits n'ont pas été faits par Neyrpie, mais pourront
ration. l'être lorsque l'installation sera réalisée: on pourrait,
En ce qui concerne les risques de l'opération, M. le en cas de résultats satisfaisants, envisager, pour les ins-
Président pense qu'ils sont très faibles dans le cas de tallations futures, une simplification ct, également un
Palaminy, . puisqu'ils sc limitent au cas de non fonc- léger sUl'débit.
tionnement simultané du dispositif de marche en déehar- M. le Président remarque que les essais sans admis-
geur sur les deux groupes, lors d'un déclenchement à sion d'air seront d'autant plus possibles à Palaminy que
pleine charge de ceux-ci. Par ailleurs, le débit de resti- l'on admettra un débit de restitution faible.
lution de 13 m3/~, à assurer en tout état de cause à M. LIEBIm estime que l'expérience que l'on a sur de
l'aval de l'usine est de l'ordre du débit à vide normal grosses turbines hélice permet d'affirmer qu'il faut injee-
des deux groupes. Il peut être obtenu avec une seule 1er de l'air pour pouvoir fonctionner de façon relative-
lUI'bine par réouverture partielle des pales sans insuffla- mcnt stable il de faibles ouvertures de vannage.
tion d'air, tout en conservant pour la machine un
régime exempt de cavitation. M. FONTAINE indique que G.R.P.H. Rhône a réalisé une
M. le Président confirme, enfin, que l'on ne pourra se marche en svnehrone sur des turbines de 5 000 kW. sans
prononcer SUl' l'utilisation des turbines Kaplan en aucune vibr;tion, il 3/4 du débit, en ouvrant le distri-
déchargeur, pour des débits beaucoup plus importants, buteur il 30° (ouverture maximum possible).
de l'ordre de grandeur du débit normal à pleine charge M. Anno indique que les turbines de Palaminy, en
et à vitesse normale des groupes, qu'à la suite de nou- déehargeur, sont en légère surouverture : 2Ho, contre
veaux essais sur modèle réduit, et également, en gran- 27° pour l'ouverture maximum en charge. Un élément
deur nature sur des turbines existantes; de tels essais favorable au fonctionnement en déehargeur est la vitesse
devraient indiquer la valeur maximum du débit, l'angle de rotation peu élevée des turbines qui est de
des pales correspondant il ce débit, les pressions d'air 187,5 tr/mn, alors qu'à la limite, on aurait pu adopter
il admettre pour les diverses valeurs d'ouverture, tout 214 tr/mn.
ceci avcc une sécurité suffisante et sans cavitation,
M. VAZEILLE demande si le limiteur de fermeture qui,
En réponse à M. CAZENAVE, M. MONTEIl. indique quc le il priori, est un accessoire inquiétant du distributeur,
calage dc la roue par rapport au niveau aval est, à est vraiment nécessaire: ne pourrait-on pas se conten-
Palaminy, de l'ordre de deux mètres. ter de limiter la fermeture à la position de marche à
M, CAZENAVE précise que, d'après les essais qui ont pu vide en agissant sur le dash-pot (dosage aeeéléromé-
être eITectués, la contre-pression de l'aval sur la roue a trique) du régleur?
unc importance considérable. Dans le fonctionnement
M. MONTEIL indique que la marge de sécurité par rap-
désiré, il faut que la colonne d'eau tombant du distri-
port à l'arasement des rishermes est d'autant plus
buteur refoule le plan d'eau par phénomène de ressaut,
grande que le débit maintenu dans les turbines est
cn dcssous du niveau de la roue, ce qui s'obtient plus
lui-même plus important. La valeur exacte de cette
facilcment avec une contre-pression plutôt faible.
marge de sécurité sera déterminée lors des essais, qui
De plus, indique M. CAZENAVE, le fonctiomlement en seront exécutés à la mise en service de l'usine.
déchargeur, qui est diITérent du fonctionnement" à vide,
nécessite une dissipation de l'éncrgie hydraulique dans M. CAZENAVE ajoute que les essais de coupure sont très
un ressaut sous la roue et non au-des'sus ou dans le intéressants parce qu'ils donnent la valeur de l'ouver-
plan de la .roue, cc qui exige un refoulement de l'eau il ture du distributeur pour laquelle on trouve la survi-
une assez grande distance et ne peut se produire que tesse maximum.
pour des débits établis relativement importants. Il est M. le Président remercie les deux conférenciers et tous
donc heureux qu'à Palaminy, le fonctionnement en les auditeurs qui ont bien voulu intervenir dans cette
déchargeur ait été envisagé il partir de la pleine charge, ctiscussion.

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