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4ftimt GalLedion.
1
VOYAGE
N RUSSIE
Paris. — Typ. P.- A BOIRDIER et C'*, rue des Poitevin», 8.
VOYAGE
EN RUSSIE
h st
THÉOPHILE GAUTIER
TOME DEUXIÈME
PARIS
CHARPENTIER, LIBRAIRE -ÉDITEUR
28, quai de l'école
1867
Réserve de tous droits.
/
L'HIVER
EN RUSSIE
ESQUISSES DE VOYAGE
MOSCOU
2
14 L'HIVEH EN RUSSIE.
joindre Tver en traîneau ou en drojky, suivant la
saison.
Les stations bâties sur un plan uniforme sont
magnifiques. Leur architecture mélange agréable
ment pour l'œil les tons rouges de la brique et les
tons blancs de la pierre. Mais qui en a vu une les
a vues toutes; décrivons celle où l'on s'arrêta
pour dîner. Cette station offre cette particularité
d'être placée non sur le bord du chemin, mais au
milieu, comme l'église de Marylebone, dans le
Strand. Le railway l'entoure de ses rubans de
fer, et c'est à ce point que se rencontrent, en s'é-
vitant, les trains partis de Moscou et de Saint-
Pétersbourg. Les deux convois versent sur le trot
toir de gauche et de droite leurs voyageurs, qui
s'assoient à la même table. Le train de Moscou
amène des gens venus d'Archangel, de Tobolsk,
de Kiatka, d'Iakoust, des bords du fleuve Amour,
des rives de la mer Caspienne, de Kasan, de Tif-
flis, du Caucase, de Crimée, du fond de toutes les
Russies européennes et asiatiques, qui, en pas
sant, serrent la main à leurs connaissances occi
dentales apportées par le train de Saint-Péters
bourg. C'est une agape cosmopolite où se parlent
plus d'idiomes qu'à la tour de Babel. De larges
baies en arcades à doubles fenêtres se faisant face
MOSCOU. 13
éclairaient la salle où la table était mise et où ré
gnait une douce température de serre qui permet
tait à des lataniers, à des tulipiers, et autres plan
tes des régions tropicales, d'épanouir leurs larges
feuilles soyeuses. Ce luxe de plantes rares et qu'on
ne s'attend pas à trouver sous un climat si âpre
est presque général en Russie. Il donne un air de
fête aux intérieurs, repose les yeux de l'éclat étin-
celant de la neige, et maintient la tradition de la
verdure. La table était splendidement servie, cou
verte d'argenterie et de cristaux, hérissée de bou
teilles de toutes formes et de toutes provenances.
Les longues quilles de vin du Rhin dépassaient
de la tête les bouteilles de vin de Bordeaux au
long bouchon, coiffées de capsules métalliques,
les bouteilles de vin de Champagne au casque en
papier de plomb; il y avait là tous les grands
crus, les châteaux d'Yquem, les hauts Barsac, les
châteaux Lafntte, les Gruau -Larose, la veuve
Clicquot, le Rœderer, le Moët, les Sternberg-Ca-
binet, et aussi toutes les marques célèbres de
bières anglaises ; un assortiment complet de bois
sons illustres chamarré d'étiquettes dorées, aux
couleurs vives, aux dessins engageants, aux bla
sons authentiques. C'est en Russie que se boivent
les meilleurs vins de France; et le plus pur jus de
16 l'hiver EN RUSSIE.
nos récoltes, la mère-goutte de nos cuvées passe
par ces gosiers septentrionaux qui ne regardent
pas au prix de ce qu'ils avalent. Excepté une soupe
au chtchi, la cuisine, il n'est pas besoin de le dire,
était française et nous gardons souvenir d'un cer
tain chaud-froid de gelinottes que n'eût pas dé
savoué Robert, ce grand officier de bouche dont
Carême disait : « Il est sublime dans le chaud-
froid! » Des garçons en habit noir, cravate blan
che et gants blancs, circulaient autour de la table
et servaient avec un empressement sans bruit.
Notre appétit satisfait, pendant que les voya
geurs vidaient des verres de toutes formes, nous
regardâmes les deux salons situés aux extrémités
de la salle et réservés aux personnages illustres,
les élégantes petites boutiques où étaient exposés
des sachets, des bottes et des pantoufles de Toula
en maroquin brodé d'or et d'argent, des tapis cir-
cassiens brodés en soie sur fond écarlate, des
ceintures tressées de fils d'or, des étuis contenant
des couverts en platine niellé d'or d'un goût char
mant, des modèles de la cloche fendue du Krem
lin, des croix russes en bois, sculptées avec une
patience toute chinoise, et historiées d'un nombre
infini de personnages microscopiques, mille riens
amusants faits pour tenter le touriste et alléger
MOSCOU. 17
u. 3
26 l'hiver EN RUSSIE. .
pourraient s'employer dans des frises décoratives,
à l'exemple des caractères cufiques. La traduction
gers,
en était
parfaite,
la représentation
à l'usage des illettrés
naïve desou objets
des étran
que
renfermait la boutique.
Nous arrivâmes bientôt à l'hôtel dont la grande
cour pavée en bois montrait sous des hangars la
carrosserie la plus variée; traîneaux, troïkas, ta-
rentasses, drojkys, kibitkas, chaises de poste, ber
lines, landaux, chars-à-bancs, voitures d'été et
d'hiver, car en Russie personne ne marche, et si
l'on envoie chercher des cigares par un domes
tique, il prend un traîneau pour faire les cent pas
qui séparent la maison du débit de tabac. On nous
donna des chambres ornées de glaces, tapissées
de papiers à grands ramages et garnies de meu
bles somptueux, à l'instar des grands hôtels de
Paris. Pas le plus petit vestige de couleur locale,
mais en revanche tout l'outillage du confort mo
derne. Quelque romantique qu'on soit, on s'y ré
signe facilement, tant la civilisation a de prise sur
les caractères les plus rebelles à ses mollesses; il
n'y avait de russe que le grand canapé de cuir
vert sur lequel il est si doux de dormir roulé dans
sa pelisse.
Nos lourds vêtements de voyage pendus au ves
MOSCOU. 27
LE KREMLIN
TROITZA
h. 7
74 l'hiver EN RUSSIE.
8.
90 L'HIVER EN RUSSIE.
ouvrant sa porte, le saint trouva l'ours debout et
grondant, les pattes ouvertes pour une accolade
qui n'avait rien de fraternel. Serge leva la main et
bénit l'animal qui retomba sur ses quatre pattes,
lui lécha les pieds et se mit à le suivre avec la
docilité du chien le plus soumis. Le saint et l'ours
tirent le meilleur ménage du monde.
Après avoir jeté un coup d'œil à ces peintures
sinon anciennes, du moins renouvelées sur un
poncif antique et d'un aspect suffisamment byzan
tin, nous pénétrâmes dans l'enceinte du couvent,
qui ressemble à l'intérieur d'une place forte et qui
en est une en effet, car Troïtza a soutenu plusieurs
siéges.
Quelques lignes de précis historique sur Troïtza
seraient peut-être nécessaires avant de passer à la
description des monuments et des richesses que
contiennent ses remparts. Saint Serge vivait dans
une cabane au milieu d'une vaste forêt dépendante
de Radonége, aujourd'hui Gorodok, y pratiquant
la prière, le jeûne et toutes les austérités de l'exis
tence érémitique. Auprès de sa cabane, il éleva une
église en l'honneur de la très-sainte Trinité et créa
ainsi un centre religieux où les fidèles accoururent.
Des disciples pleins de ferveur voulurent rester
près du maître. Serge pour les loger bâtit un cou
TROITZA. 91
h. " 9
98 l'hiver EN RUSSIE.
L'ART BYZANTIN
14.
162 l'uiver EN RUSSIE.
d'une perfection classique et d'une grâce toute
nouvelle; en outre, ces petits pieds, dans le délire
de la danse, n'oublient jamais la mesure; ils ont
l'oreille fine et scandent le rhythme à merveille.
Leurs taquetés sont aussi justes que les battements
du métronome de Maëtzel.
Chargée d'un rôle double, madame Ferraris a
pu montrer, comme dans deux ballets joués l'un
après l'autre, son talent sous deux physionomies
diverses ; quand elle représente Éoline, elle joint
l'affabilité gracieuse de la châtelaine à la gaieté
innocente, à la coquetterie naïve de la jeune fille;
quand elle représente la dryade, elle s'idéalise, se
détache, s'enlève, se fait plus transparente et plus
légère encore, et vole à travers les chênes de la
forêt, sur la pointe des herbes, sans faire tomber
une seule goutte de rosée d'une violette. Dans ces
changements brusques de femme en déesse, de
déesse en femme, elle ne se trompe jamais et re
prend toujours tout le personnage.
Mais nofre article est déjà bien long, et pour
tant, pour le finir, il nous faudrait encore bien de
la place. Tant d'yeux bleus et de chevelures
blondes, tant de pieds mignons et de jambes
sveltes luisent, flottent, sautillent, se lèvent ou re
tombent dans ce tourbillon de gaze, de paillon,
L'OPÉRA A SAINT-PÉTERSBOURG. 163
RETOUR EN FRANCE
n. 46
182 l'hiver EN RUSSIE.
DE TVER A NIJNI-NOVGOROD
ii. 19
218 L'ÉTÉ EN RUSSIE.
tement. Une obscurité transparente enveloppait
les objets, leur ôtant le modelé sans les effacer
pourtant, comme dans la merveilleuse vignette
des illustrations du Dante, par Gustave Doré, où
l'artiste a si bien rendu la poésie crépusculaire.
Avant de nous coucher, nous allâmes nous
accouder un instant au balcon pour allumer un
cigare — en Russie, il est défendu de fumer dans
la rue — et regarder un instant ce ciel magnifique
dont les scintillations intenses nous rappelaient le
ciel d'Orient.
Jamais nous n'avons dans le bleu nocturne un
tel fourmillement d'étoiles : à d'incommensura
bles profondeurs, l'abîme en était criblé; c'était
comme une poussière de soleils. La voie lactée
dessinait ses méandres d'argent avec une netteté
surprenante. L'œil croyait démêler, dans ce ruis
sellement de matières cosmiques, des élancements
stellaires et des éclosions de mondes nouveaux;
on eût cru que les nébuleuses faisaient effort pour
se résoudre et se condenser en astres.
Ébloui par ce spectacle sublime, que nous
étions peut-être seul à contempler en ce moment,
car l'homme n'use qu'avec beaucoup de modéra
tion du privilège qui, selon Ovide, lui a été donné
« de porter haut la tête et de regarder le ciel, »
LE VOLGA. 219
ii. 50
230 L'ÉTÉ EN RUSSIE.
lettes vous offrent dans des corbeilles cinq ou six
pommes d'un vert acide, ou de petits gâteaux
auxquels on imprime au moyen de moules, comme
chez nous pour le beurre, des figures d'une bar
barie amusante, entre autres des lions chiméri
ques qui, s'ils étaient coulés en bronze et couverts
d'une patine archaïque, pourraient passer pour
des spécimens de l'art ninivite primitif. Des fem
mes, munies d'un seau et d'un verre, vendent du
kwas, espèce de boisson faite de seigle et d'herbes
aromatiques, d'un goût très-agréable lorsqu'on
s'y est accoutumé. Comme le prix en est minime,
les gens comme il faut la dédaignent et le peuple
seul la consomme. Ces femmes présentent une
singularité de costume qu'il est bon de noter. La
mode de l'Empire mettait la ceinture sous la
gorge, et nos yeux, habitués aux tailles longues,
s'étonnent de cette bizarrerie devant les portraits
du temps, même lorsqu'elle est sauvée par l'esprit
de Gérard ou la grâce de Prud'hon. Les paysannes
russes serrent leur jupe au-dessus du sein, de
sorte qu'elles ont l'air d'être enfouies dans un sac
jusqu'aux aisselles. Il est facile d'imaginer les
effets peu gracieux de cette dépression constante
qui finit par fatiguer les plus fermes contours. Le
reste du costume se compose de la chemise dont
LE VOLGA. 231
FIN
TABLE DU TOME SECOND
I. Moscou 1
II. Le Kremtin 43
III. Troïtza 13
IV. L'art byzantin 105
V. L'opéra à Saint-Pétersbourg 141
VI. Retour en Fiance 16*
L'ÉTÉ EN RUSSIE.
Le Volpa ... . 207
HISTOIRE
DES
ÉTATS-UNIS
D'AMÉRIQUE
DEPUIS LES PREMIERS ESSAIS DE COLONISATION JUSQU'A L'ADOPTION
DE LA CONSTITUTION FÉDÉRALE
— 1620-1789 —
3-=«g3-§=6
PROSPECTUS
ŒUVRES
DE
CHANNING
TRADUITES EN FRANÇAIS
BOUS LA DIRECTION ET AVEC UNE ÉTUDE
DE
M. EDOUARD LABOULAYE
MEMBRE DE l'iNSTITUT
Sous presse :