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Term paper

La démocratisation en Europe : institutionnalisation, participation et


citoyenneté

Résumé
La construction politique de l’Europe est à la fois dotée d’une innovation
spectaculaire et d’une structure classique. La combinaison de ces deux façons de
faire passe inaperçue aux citoyens qui s’y soumettent. Une construction
démocratique pour quelques uns, et déficitaire pour autant d’autres est l’œuvre
de l’élite qu’on appelle européenne. Axée sur un complexe cadre juridique,
l’Union est un objet politique en permanente mutation. En dehors des conceptions
classiques, sauf l’élection pour le parlement, leurs institutions s’appuient sur une
base de confiance et des négociations supranationales qui sont les piliers d’une
machine technocratique caractérisé par une gouvernance multi-niveaux. Le
conseil de ministres est l’organe de décision le plus puissant, en même temps, on
ne le considère pas comme institution de l’Union. D’un autre côté, la Commission
reste un organe perçu comme l’élite d’un cercle très lointain au cœur duquel les
décisions ne correspondent pas qu’aux intérêts des groupes de pression. Le
dénominateur commun rassemble 27 états d’un continent marqué par de petites
souverainetés séculaires. La démocratisation et le procès en absence de
légitimation de cette organisation supranationale fait l’objet de notre papier.
Certains prophétisent un déficit démocratique, nous défendons qu’il s’agit d’un
problème de dissonance cognitive entre deux perceptions de la démocratie. Le
conflit qui oppose une élite orientée vers une démocratie représentative légitime
et un ensemble de citoyens qui ont du mal à s’identifier avec une ‘chose
européenne’ qu’ils veulent comprendre en participant.
Mots-clefs : U.E., démocratisation, élections, référendums, représentation,
participation, citoyens, élite, dissonance cognitive.

1. Introduction
Depuis l’Acte Unique européen, on a vu l’émergence de principes constitutionnels
qui ont l’ambition de régir les affaires de l’Union européenne pour les années à
venir. Maastricht, Amsterdam, Nice, le Traité constitutionnel, Lisbonne. Même si
les traités d’Amsterdam, Nice et le TC[1]ont échoué à modifier la configuration de
l’Union de façon significative, il n’en est pas moins vrai qu’ils ont contribué au
procès de la construction permanente qui symbolise ce bloc régional européen.
Malgré tous les arguments, tous les acteurs et l’ensemble des agents étatiques, le
TC a été abandonné après le ‘non’ français, ce qui représentait probablement un
pas vers les grands changements dont l’Union a besoin. En réalité, cette tentative
de créer une constitution pour l’Europe est la plus ambitieuse que l’Union ait
connue depuis Rome en 1957. Le refus français est le miroir du décalage entre les
architectes de l’Union et les ‘locataires’ de ce territoire. L’ambition
d’approximation des uns et des autres était écrite et programmée dans le traité
proposé. Le peuple ne s’est donné à lui-même sa chance. On ne va pas
décortiquer les raisons de cet échec, simplement mettre en lumière que le TC
était dépositaire des conditions pour une approximation institutionnelle de l’Union
avec les citoyens. Le traité de Lisbonne reprend la même voie, mais les Irlandais
ont fait traîner sa ratification. Ce qu’on veut dire c’est que les tentatives de
‘réconciliation’ de l’Union avec ses concitoyens échouent au cours du processus
de participation qu’eux-mêmes refusent. L’idée est que l’intégration progressera
au fur et à mesure que les grands projets viables s’épuiseront. Les raisons qui
président au sentiment d’un processus démocratique déficitaire ne sont pas
facilement éliminables. Une organisation supranationale à une échelle
continentale est vouée à paraître plutôt distante vis-à-vis chacun de ses citoyens
pris individuellement. L’histoire sans racines communes, la culture et le
symbolisme qui marquent l’appartenance sur laquelle s’appuient la plupart des
identifications individuelles n’aident pas le citoyen à accepter de nouvelles
logiques identitaires. Pourtant, beaucoup d’experts de l’Union pensent voir le
problème plus immédiat par le manque réel de responsabilité et de légitimation
des institutions.
C’est pour discuter de ce problème qu’on propose la problématique de la
perception démocratique dans l’Union ; une perception qui n’est pas commune
entre l’élite et les citoyens, et qu’on nomme « dissonance cognitive ». Ce concept
a été élaboré par Léon Festinger[2]. « Selon cette théorie, l'individu en présence
de cognitions (‘connaissances, opinions ou croyances sur l’environnement, sur soi
ou sur son propre comportement’) incompatibles entre elles, éprouve un état de
tension désagréable (appelé l'état de dissonance cognitive). Dès lors cet individu
fera preuve de stratégies visant à restaurer un équilibre cognitif. Ces stratégies
sont appelées « modes de réduction de la dissonance cognitive ». Une de ces
stratégies (inconscientes) de réduire la dissonance cognitive consiste à oublier ce
qui ne cadre pas avec ses références antérieures (processus dit de
rationalisation) »[3]. Donc, d’une façon simple on peut dire que seul un processus
de rationalisation peut aider les citoyens à réduire l’influence ou à oublier ce
cadre préétabli qui régule leurs actions et leurs comportements. Evidement la
construction politique de l’Union est un processus très récent quand on le
compare aux origines des états qui la composent. À mon avis, il fallait donner du
temps et attendre une culture et un raisonnement politique des citoyens pour les
soumettre à la participation dans cette construction. À la différence de Gerstlè[4],
je ne pense pas qu’il s’agisse d’une ‘ignorance pluraliste’ ou d’erreur cognitive,
mais plutôt d’un manque de rationalisation individuelle. Les individus n’ont pas
encore construit ou adapté leur cadre cognitif à une nouvelle réalité qui, parce
qu’elle est trop complexe, leur échappe dans le quotidien. Cette rationalisation ne
veut pas dire non plus qu’il s’agit d’une étape marqué par une faible compétence
politique (Zaller). Je pense que la dissonance cognitive est à mi-chemin entre la
compétence politique et le nouveau cadre institutionnel proposé par l’Union,
impliquant l’apprentissage. L’élite, qui construit cette Union, est porteuse de la
compétence et rationne politiquement le nouveau cadre qu’elle-même a construit,
donc qu’elle comprend au-delà des environnements nationaux. Les nouveaux
clivages socio-économiques ne sont pas suffisants pour expliquer le
comportement des Européens, même si la conception du clivage
gagnants/perdants de la globalisation de H. Kriesi[5] pouvait s’appliquer à
l’Europe.
Comment résoudre le problème de la dissonance cognitive entre les perceptions
que les citoyens et les élites ont de la démocratisation dans l’Union européenne ?
La réponse à cette question n’est pas évidente. Si, théoriquement, on peut dire
qu’il faut inviter les citoyens à participer et à créer des liens[6] démocratiques
participatifs, empiriquement la participation des citoyens dans les actes électifs
auxquels ils sont invités démontre l’éloignement et un faible[7] intérêt. On va
essayer dans ce papier de mettre en évidence les éléments jugés importants pour
comprendre cette défaillance du système politique européen. D’abord, on va
adopter des conceptions de la démocratie et de la démocratisation strictement
liées à la représentation et la participation. Les atouts de l’une et l’autre des
formes démocratiques ; puis leur implication dans le cas d’espèce de l’Union et
les exemples de certains Etats, particulièrement la France, dont est issue le
système de type républicain. La perception que la gauche et la droite ont de cette
construction et la façon dont les institutions agissent et évoluent dans un cadre
voulu légitime et responsable.
2. Démocratie et Démocratisation
La démocratie est un concept qui nous amène non seulement à l’idée de demos,
au peuple, mais surtout à l’idée de gouvernement et de pouvoir. Un peu partout
en Europe on observe, non seulement pour les élections européennes, mais aussi
pour les organes nationaux, la monté de l’abstention, du vote ‘hors système’ qui
témoigne une certaine fatigue de la démocratie. « Notre régime politique traverse
une crise profonde car son fonctionnement repose sur une forme de ruse qui
devient chaque jour moins opérante. »[8]. Guy Hermet considère que la
démocratie est en crise et que la faute repose sur un régime représentatif
trompeur, destiné à convaincre les individus qu’ils sont les auteurs des décisions
qui les concernent, alors qu’ils ne font qu’élire l’élite qui gouverne. Bernard
Manin, à son tour, affirme qu’il s’agit d’un régime oligarchique atténué par
l’élection. On trouve un peu chez tous les auteurs contemporains une méfiance
envers les formes classiques du pouvoir démocratique. Néanmoins, un autre
concept peut devenir la réponse à ce dilemme sur la démocratie postmoderne,
celui de démocratisation. Malgré son usage largement répandu, ce terme
s’applique en science politique dans les travaux sur la transitologie. Si
théoriquement on a des difficultés à restreindre son application conceptuelle,
empiriquement, la démocratisation est un processus d’ouverture qui appelle les
citoyens à participer à un système qui existe pour eux. Dans l’Union européenne,
c’est l’absence de démocratisation qui rend les citoyens sceptiques vis-à-vis des
institutions. Les citoyens ont l’habitude d’agir politiquement en vertu d’un modus
operandi qui s’est formalisé à partir d’un droit d’élire et d’être élu. Avec leurs
habitudes, ils ont adopté consciemment ou inconsciemment certaines attitudes
envers l’idée du politique. En dépit d’une réalité qu’ils ont du mal à comprendre,
naturellement leur comportement ne va pas être autres que la méfiance et à la
limite le mécontentement. Evidement l’information, un constituant déterminant
des attitudes des citoyens européens, n’est pas toujours compréhensible pour la
masse. En plus, des études ont confirmé que les médias jouent un rôle important,
mais ne sont pas les uniques raccourcis que les citoyens prennent pour décider
dans les urnes quand ils ne sont pas dotés d’une political awareness élevée. Alors,
si la démocratie représentative est en déclin, qu’est-ce que la démocratisation
peut apporter de nouveau à ce système hybride en transition qui s’appelle Union
Européenne ? Mais d’abord, qu’est-ce qu’on observe actuellement ?
Aujourd’hui on constate que la démocratie représentative est devenue une
démocratie formelle, dans laquelle le fonctionnement des institutions est respecté
en apparence mais dont l’esprit se trouve en réalité profondément détourné. Le
risque existe d’un fonctionnement oligarchique, dans lequel des minorités
s’approprient le pouvoir sous l’apparence du respect de la souveraineté populaire.
Symétriquement, on observe un désintérêt des citoyens pour la chose publique,
une faible participation au vote, un moindre intérêt pour la lecture de la presse,
une préférence pour consommation et la distraction culturelle. Que la démocratie
soit participative par nature signifie qu’elle peut pénétrer aussi dans les organes
européens. Qu’elle implique une certaine dose d'engagement des citoyens dans la
prise de décisions collectives, c’est une réalité nouvelle pour des citoyens jusqu’à
maintenant endormis à l’ombre d’un processus institutionnel complexe. On voit
aussi que « le participatif est l’élargissement de la discussion à tous ceux qui y
trouvent un intérêt » (Manin), que c’est peut-être à partir du ‘dire, c’est faire’
d’Austin que s’est développée cette idée centrale selon laquelle « … la discussion
n’est pas seulement une description du monde, mais construit elle-même ce
monde dont elle fait son sujet. La discussion participative semble inférieure à la
discussion d’experts tant qu’il s’agit de décrire le monde, elle la dépasse dés qu’il
s’agit de le construire. » (AUSTIN, 1970). Si l’on veut bien considérer que toute
discussion est une construction de points de vue, d’arguments, d’expressions, on
voit que l’ouverture à la multiplicité des contributeurs ne fait que renforcer sa
solidité de la structure. Mais qu’est qui se passe quand les citoyens sont invités à
se prononcer sur la construction de cette structure ? Les résultats sont
surprenants. Dans presque tous les référendums effectués à propos de l’Union,
les électeurs ont dit ‘non’. Est-ce qu’on peut interpréter leurs attitudes par
l’absence de dialogue ou par le manque d’une information construite et engagée?
Ou simplement parce qu’ils ont refusé un schéma qu’à priori ils savaient construit
par des élites qui se pense comme des rationalisateurs de l’intégration, sans avoir
pris la précaution d’ouvrir un dialogue avec la masse des citoyens de tous les
Etats. Les citoyens souhaiteraient-ils plus de connaissances à propos de ce
système hybride qui les gouvernent ? Ont-ils des attitudes basiques à l’intérieur
qu’ils reproduisent envers l’Union ? Ont-ils besoin d’un système de gouvernement
appuyé sur l’axe gauche/droite, avec des élus dans les principaux organes de
décision européenne, reproduisant les vieux idéaltypes de démocratie républicain,
libéral ou fédéraliste ? Attendent-ils plus de participation, de la démocratie directe
dans les décisions de l’Union ? Les questions sont innombrables, les réponses
difficiles à trouver. Soit normativement, soit empiriquement, ce qu’on peut faire
ne vas pas au-delà de la spéculation théorique. Les données dont nous disposons
confirment les variations d’attitudes entre les pays qu’on va analyser dans ce
travail, elles s’expliquent sans s’engager sur la voie, déjà trop exploitée, des
enjeux domestiques saillants. La perspective d’exploitation est vaste, et la
recherche est pour l’instant insuffisante.
2.1. L’effet public de la dissonance cognitive
Une fois admis que la démocratie représentative est moins cette réalité
constitutive du monde dans lequel nous vivons qu’une figure rationalisatrice qui
sert à justifier dans ce monde l’organisation de la délégation, la ‘crise’ dont nous
avons à nous occuper est moins celle de la démocratie représentative en tant que
telle ,que la ‘crise’ de l’image officielle que peuvent s’en faire ceux[9] qui tiennent
à la politique et ses institutions. Les manifestations de cette crise supposée,
analytiquement considérée, sont redevables d’une explication propre à la faveur
d’une construction pertinente. L’expression globale et globalement dénonciatrice
d’une crise de la démocratie représentative apparaîtra alors peut-être pour ce
qu’elle est : « … la forme nouvelle d’un fantasme socialement et politiquement
situé, aussi ancien que l’État parlementaire. » (LACROIX 2008). Si on élimine la
possibilité de la délégation du pouvoir, les institutions seront-elles par, bien
qu’elles soient démocratisées, capables de prendre en main le rôle des organes
actuellement élus ? Et si on tient compte de cette réalité, n’est-elle pas
symétriquement égale à la conception actuelle de gouvernance proposée et mise
en place par l’Union avec le rôle des experts dans le processus de définition des
problèmes publics ?
On est ainsi de nouveau face à une problématique, elle aussi considérée comme
facteur d’éloignement des citoyens des institutions européennes, c’est-à-dire,
l’excessive technocratie. Les élites, dites rationnelles, doivent proposer une voie
politique pour que l’Union ait la capacité de rassembler les mécontentements du
système actuel. Les traités que les politiciens européens ont mis en place
démontrent qu’il existe une volonté générale de construire un espace européen
capable de faire face aux défis de l’avenir, un bloc régional solide, non seulement
économique, mais aussi politique. Celui-ci semble plus compliqué et plus distant
au fur et à mesure que les tentatives échouent dans les référendums nationaux.
Pourtant, ces échecs ne permettent pas de mettre en cause la légitimité
démocratique des institutions européennes et ils n’empêchent pas l’intégration.
On pourrait même voir ces échecs comme des pas positifs vers l’intégration, une
façon d’inviter le citoyen à se prononcer sur une réalité à laquelle il appartient. On
pense, dans ce cadre normatif, que la meilleure façon de réduire le poids de la
dissonance cognitive dans l’espace politique de l’Union est de mettre en place un
processus de consultation populaire, non seulement pour les traités, mais aussi
pour des enjeux[10] qui représentent des changements significatifs dans la vie des
citoyens européens. Peut-être qu’à force de cette consultation, les citoyens
pourront mieux s’informer sur le fonctionnement de l’Union et auront un
sentiment d’identification à un système qui besoin d’eux et qui existe pour eux.
Les contours de cette pratique devraient aussi être objet de discussion par les
acteurs politiques de gauche et de droite. C’est vrai que dans le spectre
européen, le clivage gauche/droite n’existe qu’à l’intérieur ; c’est-à-dire, qu’il y a
des pour et de contre dans les deux champs. Mais, on sait qu’à la droite certains
trouvent que l’Union empiète sur la liberté individuelle. À gauche, incluant les
altermondialistes, nombreux sont ceux qui jettent un regard méfiant envers
l’Union et qui la voient comme un retour à un état néolibéral et fiscalement
faible - l’Etat providence mis en cause. Dans la ligne de Moravcsik, « Il est injuste
de juger l’Union européenne en fonction des exigences auxquelles aucun
gouvernement moderne peut répondre. »(MORAVCSIK 2003) On ajoute en plus
que dans une expérience politique hybride, cette injustice est encore plus
remarquable.
3. Les Institutions et le pouvoir
Les institutions européennes semblent manquer de légitimité démocratique parce
que seul un organisme de l’UE est élu directement - le Parlement[11]. Ce dernier a
beaucoup moins de pouvoir que les parlements nationaux même si le nouveau
traité envisage un changement dans les prérogatives des parlementaires pour
l’élaboration des textes de lois (directives). Les élections ont lieu sur un mode
décentralisé, ne mobilisent que faiblement[12] les électeurs de chaque pays qui
sont choisis parmi les partis nationaux en fonction des questions nationales plutôt
qu’européennes[13]. Les compétences du Parlement sont très strictes. Il ne peut
pas proposer de lois[14], néanmoins il participe à l’élaboration et doit approuver
les textes législatifs proposés par la Commission afin qu’ils entrent en vigueur. Il
contrôle et surveille l’activité des institutions européennes, comme par exemple
la Commission, il supervise et élit le président, ayant aussi la compétence
d’approuver la composition des commissaires. Les deux autres compétences
qu’on juge importantes concernent la motion de censure à la Commission qui
peut forcer sa démission et le vote sur le budget de l’Union. Leurs originalités
résident dans les faits qu’il s’agit de l’unique parlement supranational élu au
monde et le seule à avoir droit de veto sur certaines décisions prises par des états
souverains[15].
La Commission est un organe technocratique par excellence. L’importance de son
rôle varie selon les différents « piliers » de la politique européenne. Elle est
investie du pouvoir de représentation de l’Union, assure les relations avec les
organisations internationales et met en place les délégations auprès des pays
tiers. Ses compétences les plus importantes sont de trois ordres : a) pouvoir
d’initiative législative, b) gardienne des traités et de les faire exécuter, c) pouvoir
d’exécution des politiques et des actes adoptés par le Conseil de Ministres de
l’Union.
Le Conseil de Ministres est le plus puissant organe de l’Union, même si plusieurs
analystes ne le considèrent pas comme une institution de l’UE, en réalité il
rassemble des ministres, des diplomates et des officiels[16] de chaque pays qui
délibèrent[17] sur toutes les matières qui concernent l’Union. C’est à mon avis cet
organisme qui est le plus obscur pour les citoyens ; parce que finalement, c’est
celui qui engage les exécutifs nationaux à se transformer en législatifs
supranationaux. Il arrive, parfois, que le ministre qui vient de négocier une
directive concernant un secteur spécifique accuse l’Union de la législation qui doit
ensuite être adoptée à l’intérieur alors qu’il a été lui-même co-auteur de cette
directive. C’est l’artifice des politiciens nationaux vis-à-vis les jeux nationaux et
les enjeux européens qui créent la confusion dans l’opinion publique. Celle-ci
répond par un sentiment d’éloignement. Pourtant, aucun de ces faits ne permet
de remettre en cause la légitimité démocratique de cette institution. Par contre le
jeu des politiciens peut influer significativement sur le raisonnement des citoyens
à propos des institutions de l’Union. C’est de la responsabilité des élites
nationales de construire un cadre de communication simple et intelligible.
Quant aux institutions de l’Union, les plus importantes sont celles qu’on vient
d’énoncer, à la limite, celles où les citoyens peuvent revendiquer de participer. La
Cour de Justice et Banque centrale ferment le cycle institutionnel de l’Union
européenne.
En limitant les pouvoirs fiscaux, administratifs et coercitifs des institutions
européennes, les Etats membres ont posé des limites à la discussion de toutes les
questions politiques sensibles aux citoyens électeurs européens. La seule
influence visible de l’Union est l’environnement et la macroéconomie, à travers la
Banque centrale. « Les multiples contraintes institutionnelles rendent non
seulement toute action arbitraire impossible, mais elles sont aussi l’assurance que
la législation issue de Bruxelles représente un très large consensus entre
différentes instances à de nombreux niveaux de gouvernement. » (MORAVCSIK,
2003 :7). En réalité, l’Union est pourvue d’un système de responsabilité
démocratique (democratic accountability) à travers deux mécanismes efficaces :
surveillance directe par le Parlement européen et responsabilité indirecte à
travers les représentants nationaux au Conseil de Ministres.

4. Le Parlement et la citoyenneté : étude de cas[18]


On a choisi d’énoncer certaines idées de ce travail à partir de données
statistiques concernant les sondages et la participation électorale des citoyens
européens aux élections au Parlement. En fait, les données démontrent que la
participation des citoyens aux élections européennes a chuté de 17,4 points de
1979 à 2004 (Fig.1). Pour travailler ces données à partir de variables, on a choisi
de prendre un échantillon de 6 pays, ce choix de pays a été aléatoire, on a
seulement pris en compte 3 pays fondateurs, 2 pays entrés dans la Communauté
en 1986 et un dernier en 1995 (Fig.2). Cette atemporalité de la participation
citoyenne peut nous permettre de mettre en évidence certains éléments
rassembleurs, des similitudes ou différences entre les perceptions qu’ont les
citoyens de différents pays et leurs expériences envers l’intégration européenne.
On a décidé de mettre en lumière les taux de participation aux élections
européennes dans les 27 Etats membres(Fig.3). Afin de renforcer l’idée de
l’absence d’une attitude linéaire des électeurs européens ou de nouveaux
clivages qu’on puisse induire comme causes du non intérêt pour les affaires
européens, on utilise des donnés agrégées qui permettent d’arriver à des
conclusions multiples et différenciées selon les pays. Le sondage d’opinion des
citoyens à l’égard du Parlement fait entre le 22 septembre et 3 novembre 2004 à
la suite des élections au Parlement, nous permet de jouer avec des variables
indépendantes qui affectent directement les résultats et sont le miroir des
attitudes des électeurs (Fig. 4).
Les figures 5 et 6 apparemment peuvent nous amener à des interprétations très
opposées et peut-être sans relations causales mais, ces données peuvent être
utiles pour éclaircir certains aspects liés aux variables sexe et âge pour l’Espagne,
et le ‘mis fit’ entre les cognitions et les attitudes des français envers l’intégration.
Les enjeux sont grosso modo les mêmes : les référendums.

4.1. Les variables


Comme variable dépendante, on a retenu la connaissance que les citoyens ont du
Parlement en tant qu’institution de l’Union qui a un rapport direct avec leurs
attitudes en tant qu’électeurs. Une analyse comparative entre ces pays s’impose
en tenant compte des variables indépendantes : la participation électorale,
l’information et les variables classiques de contrôle, comme le sexe et l’éducation
(ceux-ci se présentent sous forme d’échelles à 4 items selon l’âge de fin
d’études).
4.2. L’analyse des données par pays
Parmi les pays choisis dans ce travail, la Belgique est celui qui maintien
l’obligation de vote, à part le Land autrichien du Vorarlberg (celui-ci n’est pas
objet ici d’une approche particulière). Les Belges sont toujours fidèles à cette
obligation et leurs taux de participation aux élections européennes se situent au
dessus de 90% dans tous les scrutins (Fig.2). Mais ces données n’apportent rien
de nouveau à notre recherche. En fait, même si les Belges participent pour ne pas
avoir de grosses amendes, ça ne veut pas dire qu’ils se situent à un niveau
supérieur en ce qui concerne leurs connaissances à propos des activités du
Parlement. Même s’il s’agit d’une des rares institutions qui n’a pas son siège à
Bruxelles, le fait qu’ils votent depuis 1979 et le fait d’appartenir aux groupes de
pays fondateurs de l’Union constituent, en soi, une raison pour mieux connaître
cette institution. En réalité, les chiffres montrent que les Belges ne sont pas
beaucoup plus compétents que leurs partenaires européens, donc l’obligation du
vote ne correspond pas à leur plus grand intérêt ou à une meilleure information,
car seulement 28% des Belges se disent bien informés des activités du parlement.
Les hommes sont ceux qui répondent plus favorablement. Néanmoins, en ce qui
concerne le genre, les femmes belges se disent mieux informées que la moyenne
de leurs concitoyennes européennes (+4% voir Fig.4). L’Homogénéité parmi les
gens qui ont étudié (avec 31%) nous conduit à conjecturer sur l’enseignement des
institutions européennes dans les curricula scolaires belges. Par contre, ceux qui
étudient encore révèlent une certaine méconnaissance par rapport aux
précédents, donc on pourrait dire que le degré de connaissances particulières est
perçu différemment, et même s’ils ont beaucoup d’informations sur l’institution
parlementaire, ça ne leur suffit pas pour qu’ils puissent se sentir bien informés.
De plus, ce groupe atteint un taux élevé par rapport à la moyenne européenne.
Est-ce que la méconnaissance est un résultat du savoir ou de l’ignorance des
individus ou est-ce produit de la complexité et du décalage entre la technocratie
institutionnelle et l’individu à une échelle macro? La révélation de ces chiffres est
que la connaissance des activités des institutions européennes demeure limitée
pour les individus, même s’ils ont une formation académique. S’il fallait trouver un
groupe d’individus qui soient à un niveau très bas dans l’appréciation et
connaissance des institutions, celui-ci serait constitué par des gens qui ont moins
de formation, leurs chiffres sont toujours bas. Ceux-ci et aussi le genre féminin,
pourraient être nommés les ‘perdants de l’européanisation politique’.
L’Espagne est le deuxième pays choisi pour notre analyse. Avec ces scrutins
depuis 1987 et comme Etat appartenant à la vague d’adhérents de l’Acte Unique,
ce pays révèle une alternance de participation. On commence avec 68.9% l’année
qui suit l’adhésion, 54.6% en 1989, 59.1% en 1994, 63% en 1999 et une chute
énorme en 2004 avec 45.1% de participation. Malgré cette chute, le dernier
résultat espagnol est similaire à la moyenne européenne qui se situe à 45.6%.
L’explication de cette alternance n’est pas évidente et plusieurs facteurs se
croisent ; mais à croire aux explications des experts sur les attitudes des
électeurs, les jeux nationaux entre le fort clivage gauche/droite, appuis sur la
rupture religieuse/athée, et les conjonctures internes sur les droits individuels
(homosexualité, adoption, avortement, etc.) conditionnent les attitudes des
citoyens à l’égard de l’Europe. Pour le dernier scrutin en Espagne, on peut ajouter
l’hypothèse de la méfiance des électeurs envers les instruments que l’Union met
sur place pour faire face à la sécurité des concitoyens européens, en particulier
d’eux-mêmes. Les attentats terroristes de Madrid perpétrés par Al Qaïda
pouvaient jouer un rôle important dans les esprits des citoyens, de la même façon
qu’ils ont été déterminants dans les élections nationales espagnoles. Les opinions
des citoyens espagnoles à l’égard du Parlement révèlent que ceux-ci sont au
dessus de la moyenne européenne en ce qui concerne la perception de
l’information vis-à-vis l’institution : 26% des Espagnols se jugent bien informés
contre 24% de la moyenne européenne. La variable genre démontre que les
hommes se sentent mieux informés que les femmes, toujours au dessus de la
moyenne. Au niveau de l’éducation, les rapports changent en vertu des items
présentés. Les gens qui ont fini l’école à 15 ans ou moins se disent à 84% mal
informés. Les mêmes se disent bien informés à 13%, très en dessous de la
moyenne de 18%. Pour les individus qui ont fini leur scolarité entre 16 et 19 ans,
les données changent significativement. 34% se sentent bien informés contre
24% en moyenne. Les mêmes données s’expriment pour les citoyens qui ont fini à
20 ans ou plus, là où les donnés grimpent à un pourcentage satisfaisant de 44%,
c’est-à-dire 13 points au dessus de la moyenne européenne de 31%. Dans la
catégorie des gens qui sont encore en train d’étudier, les chiffres sont aussi
satisfaisants bien qu’ils soient en dessous du pourcentage précédent, eux aussi
au dessus de la moyenne avec 5 points de différence.
D’une façon générale, on peut dire que les Espagnols ont une connaissance au
dessus de la moyenne européenne. Plus ils ont de l’instruction, meilleur est leur
sentiment de connaissance et d’information envers l’institution parlementaire
européenne. On identifie aussi un important clivage dans ce pays : les citoyens
les moins formés sont ceux qui se sentent le moins bien informés. Ils se situent
même en dessous de la moyenne, donc la variable de la formation académique
joue un rôle très important en Espagne. La conjugaison des dissimilitudes
d’information à l’échelle socio-académique avec les alternances dans la
participation électorale laisse supposer que les électeurs espagnols vont de pair
avec l’idée d’une construction européenne telle qu’elle se présente aujourd’hui.
Leurs comportements aux scrutins européens ressemblent aux comportements
révélés par n’importe quelle élection nationale.
La France est un cas paradigmatique de méfiance à l’égard de l’Union et surtout
du Parlement, même si celui-ci a son siège à Strasbourg. En ce qui concerne la
participation, les résultats en France démontrent que les citoyens on de plus en
plus un éloignement visible envers l’acte électoral européen. C’est depuis les
premières élections de 1979 avec une participation de 60.7% que les citoyens
s’éloignent de plus en plus de leur participation à l’échelle européenne, jusqu’à la
faible performance de 42.75% en 2004. L’évolution à chaque acte électoral n’est
pas une rupture, car la pente est toujours descendante d’une façon graduelle, et
non pas abrupte. La société française fait l’objet de nombreuses interrogations
par les experts de l’Union, mais on pense aussi que les Français se posent
beaucoup de questions à propos de l’Union. On part de l’hypothèse (non
confirmée) que les Français croyaient à une Union beaucoup plus sociale,
protectrice et assise sur le modèle républicain de l’Etat. Mais comme la tendance
s’est révélée plutôt proto-libérale, cela amène que les Français se méfient de
cette Union, même si ce sont eux qui en profitent de plus. De surcroît, ils en sont
les fondateurs, donc ceux qui pouvaient le plus y croire. Evidemment, la
démarche ne peut pas être aussi simpliste. Les données qui suivent dans
l’analyse des variables nous donnent de chiffres très difficiles à comprendre,
surtout si on les compare avec la moyenne et avec les autres pays choisis comme
échantillon dans ce travail. Tout d’abord, 79% des français enquêtés se disent mal
informés sur les activités parlementaires européennes. 17% se disent bien
informés contre 24% en moyenne. La variable genre démontre que les hommes
sont toujours mieux informés que les femmes mais, la différence est cependant
de 3 points. En comparaison avec la moyenne européenne, l’écart est énorme ;
19% des hommes français se sentent bien informés contre 28% de leurs
concitoyens européens ; pour les femmes la marge est mineure, 4 points. À part
cette étonnante différence avec les hommes français, les données qui visent la
formation académique ne sont pas moins surprenantes. Dans toutes les
catégories statistiques, la moyenne française est très loin de la moyenne
européenne et la différence entre la perception des gens qui ont moins de
formation et ceux qui ont plus de formation n’est pas significative. Comment
expliquer que les gens qui ont fini leurs études en 20 ans ou plus ne se sentent
pas mieux informés que ceux qui ont fini en 15 ans ou moins ? 81% des enquêtés
qui avaient fini en 20 ans ou plus leur formation se disent mal informés, 80% de
ceux qui étudient encore se sentent totalement mal informés. Est-ce que
l’enseignement de l’Union et son institution est relégué à une place secondaire en
France? C’est peut-être une hypothèse à enregistrer, cependant elle ne sera pas
considérée dans ce travail. Ce qu’on peut affirmer globalement sur le citoyen
français, c’est que, pour lui, les institutions européennes comme l’Union
appartiennent à un deuxième cercle et que les élections européennes ne
représentent pas un moment important dans la vie politique française. Les
Français se révèlent trop accrochés à leur politique nationale et s’éloignent de
plus en plus de la participation électorale au scrutin européen, mais ça ne veut
pas dire qu’ils ont une attitude apolitique ou passive envers les affaires
européennes, cela sera analysé dans le chapitre sur la participation aux différents
référendums.
Les Autrichiens, arrivant plus tard à cette nouvelle réalité européenne, sont ceux
qui présentent les données les plus satisfaisantes. En vertu de leur long processus
d’adhésion, avec toutes les négociations que ça implique, les Autrichiens ont
acquis une connaissance plus approfondie sur les rapports institutionnels qu’une
adhésion à l’Union leur apporterait. Ce fait n’a pas empêché l’effondrement de la
participation électorale entre les premières élections de 1996 et les dernières de
2004. La participation au dernier scrutin se situe même en dessous de la
moyenne européenne (Fig. 2). Cependant, les connaissances des Autrichiens sur
le Parlement et ses activités sont manifestement supérieures à la moyenne. Donc,
ils ne s’abstiennent pas à cause de la méconnaissance de l’institution, d’autres
facteurs doivent expliquer l’affaiblissement de la participation politique. Dans les
données du rapport d’opinion à l’égard du Parlement, les Autrichiens se disent
bien informés à 30% contre une moyenne de 24%. La variable genre apporte
aussi des chiffres intéressants, les femmes sont à 5 points au dessus de la
moyenne, même si elles sont toujours distancées par les hommes. C’est au
niveau de la variable formation que les décalages sont les plus évidents. Ceux
que qu’on appelle les ‘perdants de l’européanisation politique’, les moins instruits,
révèlent des chiffres surprenants qui induisent à affirmer que l’éducation est la
principale variable pour expliquer la méconnaissance ou défiance politique envers
l’Union. Son influence sur la dissonance cognitive est difficile à démontrer ici,
mais avec des recherches qualitatives on pourrait arriver à trouver des liens entre
la difficulté d’assimilation de nouveaux comportements et différents
fonctionnements normatifs, avec la formation académique des individus soumis à
ces changements structurels de valeurs. Cette hypothèse est un peu risquée
mais, au fur et à mesure que les données se croisent, on est invité à spéculer sur
l’importance que la variable formation exerce dans le domaine de la participation
à l’échelle européenne. Par exemple, les gens qui ont fini leurs études avec 15
ans ou moins se disent mal informés à 83%, 5 points de plus que la moyenne. Les
Autrichiens qui ont fini leurs études entre 16 et 19 ans se considèrent bien
informés à 30%, contre 13% des précédents. Déjà ici la différence est vraiment
significative. Mais la plus spectaculaire est la donnée qui concerne les individus
les plus instruits (52%), c’est-à-dire que plus de la moitié des Autrichiens qui ont
fini leurs études en 20 ans ou plus après les avoir commencés se disent bien
informés sur les activités du Parlement contre 13% de ceux qui ont fini en 15 ou
moins. Le fait d’être l’unique groupe dans les 6 pays analysés qui présente des
chiffres supérieurs à 50% est impressionnant quand la moyenne européenne se
situe à 31%. Même ceux qui appartiennent à la quatrième catégorie statistique de
l’échantillon éducation (ceux qui étudient encore) sont, en Autriche, à 36%, soit
10 points de plus que la moyenne. En résumé, on peut dire que l’Autriche est
dans le groupe de pays qui présente les données les plus satisfaisantes
démontrant que ses citoyens sont bien informés sur l’institution parlementaire
européenne, et qu’au niveau de l’élite académique leurs connaissances sont
supérieurs à la moyenne. Le facteur formation conserve un poids très important
dans les avis que les citoyens autrichiens ont à l’égard du Parlement.
Pour les Portugais qui avec les Espagnols constituent la vague de 1986, l’Union
semble être un objet politique lointain. Leur participation aux scrutins depuis 1987
est fluctuante, leurs connaissances à propos des activités du Parlement est loin
d’être satisfaisante. La fluctuation électorale doit s’expliquer par d’autres raisons
que leur sophistication à propos de l’enjeu électoral. Si d’autres raisons[19] jouent
un rôle important dans l’alternance participative, au niveau de l’information les
Portugais se situent grosso modo en dessous de la moyenne. La variable genre
est de loin la plus démonstrative. Les femmes portugaises se disent mal informés
à 81%, 11 points de moins que les mâles portugais et 3 point en dessous de la
moyenne. Les affaires politiques ne sont pas de l’ordre féminin dans ce pays du
sud-ouest européen. Il est important de souligner que, en ce qui concerne la
variable formation et les 4 items analysés, la performance des Portugais est
néanmoins satisfaisante quand on compare avec la moyenne de leurs concitoyens
européens. Les Portugais qui ont plus de formation, incluant ceux qui étudient
encore, se révèlent comme étant bien informés sur les activités du parlement
européen. Les chiffres recueillis (Fig. 4) dans le sondage démontrent quand même
qu’ils se sentent largement mieux informés que la moyenne européenne. Ce
résultat informe sur la présence d’une frange de la société qui est privilégiée par
leurs connaissances académiques et de leur intérêt pour les institutions
européennes. La façon dont les citoyens suivent les enjeux et affaires
européennes est largement stimulée par leurs connaissances de base, c’est-à-
dire, académiques. De la même façon que d’un autre côté, on identifie facilement
ceux qui n’arrivent pas à avoir un rapport d’intégration, d’appartenance ou
d’identification avec les institutions du pouvoir européen, ceux qui perdent
d’avance à cause de leur manque de qualification pour comprendre l’objet
politique européen. Dans ce groupe, 79% se disent mal informés sur les activités
parlementaires à Strasbourg, hélas, un point de plus que la moyenne.
Le sixième et dernier pays de l’analyse est l’Italie, pays fondateur lui aussi. Parmi
tous les pays choisis, c’est celui-ci qui a la meilleure performance présente au
niveau de la première variable, la participation. Avec quelques oscillations, l’Italie
présente des données très importantes pour se comparer avec les autres pays de
l’Union. Les taux de participation se situent toujours en dessus de 70% (Fig.2) aux
scrutins pour le parlement européen - 73.1% au dernier de 2004 (Fig.3), le vote
en Italie n’est pas obligatoire. Donc, un phénomène électoral particulier se passe
dans ce pays de la Méditerranée. Peut-être que le comportement politique des
Italiens peut être expliqué par le fort clivage gauche/droite et par une attitude
envers la politique qui marque ce pays depuis la dictature fasciste, surtout au
niveau interne. On arrive à cette conclusion : en vertu des résultats concernant la
globalité, 23% des Italiens (Fig.4) se disent bien informés contre 73% qui se
sentent totalement mal informés sur les activités du Parlement européen. Les
hommes italiens présentent des résultats en dessous de la moyenne européenne
et les femmes rejoignent leurs concitoyennes européennes sur le même
pourcentage, 20%. Parmi ceux qui ont fait une formation de plus de 15 ans, les
résultats ne sont pas très positifs : ils se situent très peu au-dessus de la
moyenne, ce qui n’est pas significatif pour ce pays dont la participation est trop
éloignée de ces partenaires. Ceux qui étudient encore arrivent même à des
chiffres inférieurs à la moyenne. Alors, le jeu politique national sera-t-il suffisant
pour expliquer le comportement électoral des Italiens ? On n’est pas en mesure
de la confirmer, mais on est sûr que leurs connaissances sur l’institution pour
laquelle ils votent ne sont pas les raisons majeures. Donc, à notre avis, on
pourrait induire que les attitudes des Italiens à l’égard du scrutin européen sont
déterminés par le jeu politique au niveau interne.
D’une façon générale, même si on a défini des variables en abdiquant de grandes
hypothèses de départ, on a pu vérifier et confirmer qu’en effet, il n’existe pas une
uniformité cohérente qui puisse expliquer le comportement électoral des
Européens. On conclut que les enjeux européens sont dépourvus d’importance à
l’égard des citoyens, ils connaissaient mieux les activités et compétences de leurs
institutions, particulièrement le Parlement, l’unique institution issue du vote
commun. Les variables qu’on a choisies et sur la base desquelles on a essayé de
formuler certaines idées et quelques faibles hypothèses nous donnent de
résultats intéressants. En effet, le processus d’intégration prend son temps et le
phénomène de dissonance cognitive s’explique surtout pour les citoyens
dépourvus de formation, ceux qu’on a nommés les perdants de l’européanisation
politique. Leur processus cognitif n’est pas encore en condition d’assimiler une
réalité nouvelle - une réalité qu’ils voient seulement pour l’instant au niveau
national car, il est probable que questionnés sur les activités de leur parlement
national, les citoyens seraient beaucoup plus performants. Il faut encore du temps
pour s’identifier avec une structure supra nationale que les gens ont l’habitude de
ne connaître qu’au niveau étatique. La variable genre est aussi démonstrative de
l’importance que chacun des sexes donne aux affaires politiques. Comme dans les
études classiques concernant le comportement électoral des femmes, elles
manifestent de grandes méconnaissances et un éloignement significatif à l’égard
de la vie politique européenne. Certains pays tels la France et l’Italie sont très
difficiles à comprendre. Le croisement des attitudes des électeurs avec leurs
connaissances institutionnelles rendent une lecture homogène impossible. Ces
pays impliquent une étude plus approfondie et détaillée des comportements
électoraux de leurs citoyens envers le scrutin européen.
5. Deuxième étude de cas – les référendums
Pour mettre en évidence d’autres données importantes concernant le
comportement des électeurs européens, nous avons pris deux exemples de
participation aux scrutins référendaires. D’un côté la France qui a déjà invité ces
citoyens à se prononcer sur l’intégration à plusieurs reprises (trois scrutins). De
l’autre côté, l’Espagne qui a invitée une seule fois ces citoyens à un scrutin
référendaire sur l’Union. Pour le premier exemple, les données s’appuient sur
l’évolution des taux de participation des français aux scrutins (Fig.5) ; pour le
deuxième, un sondage post-référendaire est utilisé (Fig.6).
La participation des Français envers les référendums est assez différente de celle
des élections au Parlement européen. Dans les trois scrutins référendaires sur
l’Europe, les Français ont eu une affluence aux urnes significative : 60.2% en
1972, 69.6% en 1992 et 69.9% en 2005. En effet, ces chiffres démontrent que les
Français ont envie de participer à la construction européenne, même si leurs
attitudes se révèlent opposées à l’objet de la votation. Les taux de participation
indiquent que, finalement, les citoyens français se préoccupent de leur avenir et
du déroulement de la construction européenne. Leurs soucis se manifestent
quand ils participent et donc, à notre avis, une façon de transposer le problème
de la dissonance cognitive est d’appeler les individus à participer encore
davantage à ce processus européen. Une idée collective de contrôle
démocratique et de surveillance pourrait aider à donner un sens d’efficacité à la
citoyenneté. Une solution constitutionnelle qui serait le début de l’émergence de
discours transnationaux, partis européens et même d’identités partagées. À notre
sens, une politique participative européenne pourrait amener à des résultats
significatifs, non seulement au niveau de l’intégration et de la participation, mais
surtout à diminuer le décalage entre l’idée d’élite pour l’Europe et les citoyens
concernés par cette idée. Évidement, dans cette ligne d’idées, seule une
participation accrue des citoyens est en mesure de contrer la perception négative
que ces derniers ont de l’Union. C’est aussi évident dans la comparaison avec les
données françaises analysées dans le chapitre précédent : les Français veulent
être entendus et écoutés dans les affaires européennes et ils se sentent
concernés directement par le cadre européen qui leur est présenté. La
méconnaissance des Français à propos des activités du Parlement n’est pas du
tout un reflet de leurs connaissances des affaires européennes. Et si d’un côté
Jacques Gerstlé affirme leur ‘ignorance pluraliste’, on préfère avec un peu de
prudence, affirmer qu’il s’agit de leur méfiance cognitive. On a vérifié que les
gens les moins instruits sont ceux qui en connaissaient le moins sur l’institution
parlementaire donc, on présume aussi qu’ils ont une méconnaissance des autres
institutions. Ces derniers sont les plus difficiles à convaincre à cause de leur
manque de sophistication. Leurs raccourcis sont toujours l’identification partisane
ou l’avis le plus simple. Mais on pense qu’à force d’être invités à participer, les
Européens développeraient d’autres raccourcis et leur sophistication électorale
augmenterait. D’autres acteurs pourraient jouer aussi un rôle important, comme
des partis politiques opérant à une échelle européenne et des médias avec un
cadrage des enjeux plus adapté au niveau de cognition de leurs récepteurs.
L’exemple de la participation espagnole à un sondage post-référendaire sur la
participation au scrutin sur le traité établissant une constitution pour l’Europe, qui
a eu lieu le 20 février 2005, démontre à son tour que les Espagnols participent
moins à cette initiative référendaire qu’au scrutin électoral pour le Parlement. De
même, les femmes participent moins que les hommes, une donnée classique qui
se confirme. Le plus surprenant est l’absence de participation des classes d’âges
plus jeunes. Le manque d’intérêt pour la politique dans les classes d’âge les plus
jeunes est aussi une préoccupation qui affecte toutes les démocraties
occidentales, ce n’est donc pas seulement un phénomène propre à l’Union. Se
sont les individus de plus de 55 ans qui disent le plus avoir participé (à 59%),
suivis par les individus de 40 à 54 ans avec une participation de 42%. Certains
experts disent que les scrutins réalisés pendant les jours de la semaine ont une
conséquence sur la performance participative des citoyens actifs, néanmoins ce
n’est pas le cas de ce scrutin qui s’est réalisé un dimanche. Deux raisons peuvent
expliquer la participation accrue des individus plus âgés en Espagne. D’abord,
l’identification partisane qui conduit les citoyens à se déplacer pour voter dans
leur parti, une sorte de rituel. Puis, l’exercice d’un droit qui pour certains a été
trop cher payé et conquis avec beaucoup de persévérance et de sacrifice, ce qui
les conduit donc à légitimer un droit acquis.
Deux cas ont été présentés, avec différentes interprétations pour des données
aussi différentes. Le paradoxe du comportement entre scrutins et importance
participative de chacun a été discuté.

Conclusion
Au cours de ce travail, plusieurs questions ont été soulevées. Effectivement, le
sujet de l’approche n’est pas simple à traiter. La contribution léguée pour une
compréhension plus claire des relations entre les Européens et l’institution
parlementaire nous semble malgré tout significative. Évidemment, nous sommes
très loin de toucher la majorité des aspects qui puissent nous amener à des
explications totalement fiables et irréfutables sur le comportement des électeurs
européens. Mais, je pense que les opinions, spéculations et surtout les questions
posées au cours du travail peuvent contribuer à la construction d’une idée valable
sur le fossé qui sépare les citoyens des institutions à l’échelle supra nationale
européenne. L’Union est une réalité, pourtant le concept de citoyenneté assume
une forme plutôt juridique que politique. En parallèle avec les institutions
politiques supranationales bien articulées, la conscience politique européenne
reste assez offusquée par l’abstention. L’idée de départ d’une dissonance
cognitive semble d’abord être le résultat d’une déficience d’un système que vient
d’être construit, qui n’existe que depuis cinq décennies. Les nations qui
composent cette communauté politique ont mis des siècles à se constituer.
Chacune est caractérisée par une culture politique que leurs citoyens ont
assimilée, intériorisé et qui se traduit en une source d’identification patriotique. Ils
partagent les sentiments d’appartenance, les mythes d’origine, une historicité
politique propres. Pour les individus, sortir de ce cadre normatif et s’adapter à une
autre réalité partagée constitue une difficulté accrue. La démocratisation est aussi
de créer les conditions pour un exercice libre, actif et modéré de la citoyenneté.
Selon nous, non seulement il faut que les institutions répondent aux exigences
des individus (opinion publique) pour des processus décisionnels plus ouverts et
participatifs, mais aussi que les citoyens s’instruisent de façon à pouvoir
revendiquer leurs droits et leurs opinions. Leur ignorance envers l’Union ne facilite
pas la compréhension sur certaines décisions prises. Seulement un débat
politique basé sur les messages simples et une invitation réelle à la participation
démocratique peut minimiser les effets observables d’une difficulté majeure
d’identification commune. Les compétences et responsabilités de l’Union
rassemblent celles de la plupart des Etats que la composent ; par contre, les
institutions n’ont pas un rapport avec le grand public comparable à celui des
institutions nationales. Quelques uns ont fait allusion au ‘déficit démocratique’.
Cette expression nous semble une invention d’une élite d’intellectuels qui rêvent
d’occuper la place de l’élite en place. Bien sur, les élites politiques européennes
ont bâtie un exercice ‘conçu au sommet pour la base’ mais les facteurs
historiques confirment que ce processus prévalu. Est-il toujours actuel ? L’Union a
un impact énorme sur la vie des individus et des Etats, toutefois, l’attention et la
participation politiques sont polarisés sur les enjeux nationaux. Les Etats
singuliers ne sont pas dépourvus de responsabilités. La prudence avec laquelle ils
ont rejoint l’intégration a abouti à limiter la capacité d’intervention des
institutions européennes sur leur territoire.
Si on a regardé une grande diversité de résultats empiriques présentés dans notre
travail, c’est aussi vrai que la connaissance des activités du Parlement est faible
et les attitudes envers cette institution qui prévalent sont caractérisées par le
manque d’information. Sauf l’Autriche, tous les autres pays concernés dans
l’étude révèlent un mixte de méconnaissance et d’indifférence. Même si cette
indifférence envers les affaires politiques est vérifiable dans toutes les
démocraties occidentales, elle s’exprime plus dans les affaires européennes.
Etonnamment, les européens ne sont pas indifférents aux référendums, ce qui
met en cause la précédente affirmation. L’exemple le plus incontestable est celui
de la France et le paradoxe participatif des français envers les différents scrutins.
Un autre aspect peu exploité mais qui est visible est le fait que la connaissance de
l’institution parlementaire se révèle plus faible dans les grands pays que dans les
petits.
Bref, les obstacles à la réduction du fossé provoqué par la dissonance cognitive
sont visiblement de l’ordre politique (système), institutionnel et non de la
conscience personnelle. Donc, si au niveau du système le gouvernement est
complexe et technique ; du côté des citoyens, les décisions politiques prises à
Bruxelles ne semblent pas être dans leur intérêt. Au moins, elles semblent être
moins importantes pour les citoyens que celles prises au niveau national. Dans les
Etats souverains, la ligne de démarcation entre l’exécutif et le législatif est
parfaitement claire. Le contrôle politique, le pouvoir et l’autorité sont
généralement répartis en fonction de la logique électorale. Dans l’Union, en
revanche, les rôles sont partagés entre deux institutions, ce qui trouble l’esprit
des citoyens habitués à un modus operandi particulier. Le Parlement, par
exemple, en tant qu’autorité législative ne s’appuie pas sur un exécutif unique,
conforme aux modèles traditionnels qui prévalent. En plus, en tant qu’autorité,
son pouvoir est très limité, surtout pour ce qui concerne la surveillance des
activités de la commission. Les données qu’on a exploitées dans ce travail sur
l’opinion des individus à l’égard du Parlement sont importantes pour donner
cohérence et consistance à l’idée que les citoyens ressentent les institutions
européennes comme lointaines ; mais, elles nous ont surtout permis de cerner
l’aspect pédagogique de l’Union. Un cadre de gouvernance que les gens ont du
mal à comprendre et qui ne les engage pas risque fort d’aboutir à la crise. À cet
égard, les systèmes éducatifs nationaux ont un rôle important à jouer dans la
stimulation d’une culture politique européenne. On a pu vérifier comment les
données se présentaient dans différents pays ; comment les Portugais les plus
instruits avaient un pourcentage satisfaisant, de pair avec les Autrichiens ; et
comment les individus moins instruits, qui ont terminé leur formation avec 15 ans
ou moins étaient les ‘exclus’ de cette Europe politique.
Bibliographie :
AUSTIN, John (1970), Quand dire c'est faire, Éditions du Seuil, Paris.
CAUTRÈS, Bruno, « Existe t’il un ‘European voter’ ? Les clivages sociopolitiques
sur l’Europe dans le contexte des élections européennes de 2004 »,
Communication au Colloque AFSP-GSPE, IEP de Strasbourg, 18 et 19 Novembre
2004.
DE CHARENTENAY, Pierre, « Equilibres instables de la démocratie » SER-SA
Études, 2007/7-8 Tome 407, pp. 40-51.
GAXIE, Daniel, « Cognitions, auto-habilitation et pouvoirs des ‘citoyens’ », Revue
Française de Science Politique, 2007/6, Vol. 57, 737 à 757.
GERSTLÈ, Jacques, « L’impact des médias sur la campagne référendaire française
de 2005 », in Notre Europe, 2006.
KRIESI, Hanspeter, (et all) « Globalization and the transformation of the national
political space: Six European countries compared » in European Journal of Political
Research 45: 921-956, 2006.
KRIESI, H., « The Role of European Integration in National Elections Campaigns »
in European Union Politics, Vol.8 (1):83-108, 2007.
LACROIX, Bernard (2008), «La crise de la démocratie représentative en France »
Cahiers de Sociologie Politique de Nanterre, Groupe d’Analyse Politique,
Université Paris X.
MANIN, Bernard (1995), Principes du Gouvernement représentatif, Paris :
Flammarion.
MORAVCSIK, André (2003), « Le mythe du déficit démocratique européen »,
Raisons Politiques, Mai-Juin 2003.

ANNEXES – Données Eos Gallup Europe

Fig. 1 - Evolution de la participation électorale au Parlement Européen


56.8 / / 49.8 45.6 63 1984 1987 39.3 1994 1995 1996 41.34 2004
61 / 16.96 1979 1989 SI 47.9
28.3 20.87 1999
82.37
38.5 48.38
71.19
26.89 28.3
41.1 60.3
42.43 67.7 38.8
37.8 38.79 35.5
68.9 54.6 59.1 63.4
71.2 47.8 59.7
44 63.6 47.6
36.2 36.4 24 38.9
32.2 57.8 50.6 47.2
35.6 88.9 88.8
87.4 88.5 87.3 90
84.9 83.4 81.5 74.8
70.8 73.1 91.4
92.2 90.7 90.7 91
90.81 60.7 56.7
48.7 52.7 46.8
42.75 56.8 62.3 60
45.2 43 Member
States

PL
HU
LV
EE
FI
ES
DK
IE
UK
NL
LU
IT
BE
FR
58.5

31.4
49.4

41.6 40
72.4
51.2
63 45.1
75.3
79.9
77.2
50.5
52.4
46.2
52.9
50.2
68.3
32.6 30
65.7
Averag
e EU
SK
MT
LT
CY
CZ
AT
SE
PT
EL
DE
Fig. 2 – Taux d’évolution de la participation aux élections européennes
(tous pays)
IT 12./13.06.2004 no data 73,1 no data no data no data

Fig. 3 – Taux de participation aux élections européennes de 2004 (échantillon aléatoire


de 6 pays)

Date N° of voters % Votes Valid votes Invalid votes


BE 13.06.2004 7 552 240 90,81 6 857 986 6 489 991 367 995
ES 13.06.2004 34 706 044 45,1 15 666 507 15 512 282 154 209
FR 13.06.2004 41 518 582 42,76 17 752 582 17 167 379 585 203
AT 13.06.2004 6 049 129 42,43 2 566 639 2 500 610 66 029
PT 13.06.2004 8 821 456 38,6 3 404 782 3 270 116 134 666

Données du rapport: “Opinion des citoyens à l’égard du Parlement


européen” (pour les pays supra mentionnés)
Figure 4

Question: D’une manière générale, vous estimez-vous bien, assez bien, assez mal
ou très mal informé(e) sur les activités du Parlement européen ?

BELGIQUE
UE 27 - cercle extérieur

Pays concerné – cercle intérieur

Nombre d’interviews : 26.768 / Dates de


terrain : 22 sept. – 3 nov. 2007
ESPAGNE

FRANCE
AUTRICHE
PORTUGAL

ITALIE
Fig. 5 – Évolution du taux de participation aux référendums et scrutin européen en

France
Fig. 6 – Sondage post-référendaire sur la participation au scrutin sur le traité
établissant une constitution pour l’Europe en Espagne – 20 fév. 2005

[1] Traité Constitutionnel.

[2] L'auteur de la théorie de la dissonance cognitive (A theory of cognitive dissonance, 1957) par
laquelle il tente d'expliquer comment l'être humain gère les tensions engendrées par des
informations incompatibles. ‘Encyclopedia of the social sciences.

[3] http://fr.wikipedia.org/wiki/Dissonance_cognitive

[4] Jacques Gerstlè, dans L’impact des médias sur la campagne référendaire française de 2005,
pag.29 utilise l’expression ‘ignorance pluraliste’ pour caractériser le comportement des français
envers le referendum. Dans la voie de Zaller, il s’agit d’une population marquée par une faible
compétence politique ‘political awareness’.

[5] Kriesi, H. (2007) « The Role of European Integration in National Elections », European Union
Politics, Vol.8 (1):83-108;

[6] Le traité de Lisbonne prévoit la collecte de signatures, au nombre d’un million, pour qu’un sujet
soit objet d’appréciation par la Commission et potentiellement un enjeu de référendum.
[7] Faible participation aux élections pour le parlement européen dans la majorité des pays de
l’Union, par exemple.

[8] Guy Hermet in « Démocratie : la nécessaire réinvention », Alternatives Internationales - Hors-


série n°4 - Novembre 2006.

[9] Par exemple les politiciens nationaux qui utilisent les arguments européens pour justifier les
problèmes et mesures impopulaires à l’interne. Les gouvernements accusent Bruxelles à propos
certaines directives qu’eux-mêmes ont négociées la semaine d’avant. À propos de l’échec du
référendum en France en mai 2005, le président de la Commission Durão Barroso a déclaré dans
un entretien « … qu’on ne peut pas accuser l’Union de tous les maux du lundi au samedi et
attendre que les citoyens votent favorablement le dimanche ».

[10] Je pense, par exemple, à un référendum sur une armée européenne, une police européenne
(plus factuelle que l’existante), les interventions de l’Union à l’extérieur dans des scénarios de
guerre ou le maintien de la paix, etc. ; aussi, un soutien législatif où la majorité simple ou qualifié
des votations des pays réunis s’appliquerait.

[11] La participation aux élections du Parlement européen est notre étude de cas empirique.

[12] Dans notre étude de cas, on va donner la saillance de la participation aux différents pays.

[13] Plusieurs études démontrent que les attitudes des électeurs européens se focalisent plutôt sur
les jeux nationaux que sur les enjeux européens.

[14] Ce qui le distingue de la plupart des assemblées nationales.

[15] Procédure de codécision et d’avis conforme. Le traité de Lisbonne prévoit la généralisation à la


procédure de codécision.

[16] Le Conseil est aidé par le Comité des représentants permanents (COREPER). Celui-ci
comprend les ambassadeurs représentants permanents des États membres à Bruxelles. Le
COREPER prépare généralement l'ordre du jour du Conseil, et négocie les sujets mineurs, ceux qui
ne sont pas controversés.

[17] La prise de décisions se déroule ainsi : le nombre total de voix s'élève à 345 ; la majorité
qualifiée s'établit à 255 voix. Majorité qualifiée, c’est-à-dire avec au moins 255 voix sur les 345,
l'approbation d’une majorité d’Etats membres et, si un Etat membre en fait la demande, au moins
62 % de la population de l’UE.

[18] EOS Gallup Europe Flash EB 162 «Enquête Post Elections européennes » (21/06/2004 -
30/06/2004) - Rapport p. 32, et Citizens’ Views on the European Parliament.

[19] Jeux et enjeux nationaux, partis politiques, clivage gauche/droite, médias entre autres.

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