Vous êtes sur la page 1sur 21

Non classifié DSTI/CP(2010)18/FINAL

Organisation de Coopération et de Développement Économiques


Organisation for Economic Co-operation and Development 04-Feb-2011
___________________________________________________________________________________________
Français - Or. Anglais
DIRECTION DE LA SCIENCE, DE LA TECHNOLOGIE ET DE L'INDUSTRIE
COMITE DE LA POLITIQUE A L'EGARD DES CONSOMMATEURS
Non classifié
DSTI/CP(2010)18/FINAL

ACCROÎTRE LA CRÉDIBILITÉ ET L'EFFICACITÉ DES ALLÉGATIONS


ENVIRONNEMENTALES : PROTÉGER ET RESPONSABILISER LES CONSOMMATEURS

COMPTE RENDU DE L'ATELIER DE L'OCDE


organisé les 15 et 16 avril 2010 au siège de l'OCDE, à PARIS
Français - Or. Anglais

JT03295965

Document complet disponible sur OLIS dans son format d'origine


Complete document available on OLIS in its original format
DSTI/CP(2010)18/FINAL

AVANT-PROPOS

En avril 2009, le Comité de la politique à l’égard des consommateurs (CPC) a lancé un projet sur les
allégations environnementales. Un atelier réunissant des représentants des pouvoirs publics, du secteur
privé et de la société civile s’est inscrit dans ce projet en avril 2010. Un document récapitulant les travaux
de l’atelier a été ensuite établi et approuvé par le CPC selon la procédure écrite, puis déclassifié
en octobre 2010.

©OECD/OCDE2010

2
DSTI/CP(2010)18/FINAL

TABLE DES MATIERES

AVANT-PROPOS .......................................................................................................................................... 2
ACCROITRE LA CREDIBILITE ET L'EFFICACITE DES ALLEGATIONS
ENVIRONNEMENTALES : PROTEGER ET RESPONSABILISER LES CONSOMMATEURS
COMPTE RENDU DE L’ATELIER DE L’OCDE, 15-16 AVRIL 2010 ...................................................... 4
Rappel des faits ........................................................................................................................................... 4
Tendances actuelles ..................................................................................................................................... 4
Rôle des pouvoirs publics ........................................................................................................................... 6
Déontologie professionnelle ........................................................................................................................ 7
ANNEXE 1 : RESUME DES INTERVENTIONS ...................................................................................... 11
Session 1. Les allégations environnementales sur le marché .................................................................... 11
Session 2. Comprendre les réactions des consommateurs aux allégations environnementales ................ 12
Session 3. Études de cas ............................................................................................................................ 14
Session 4. Instruments d’action et mécanismes d’application .................................................................. 15
ANNEXE 2 : ALLEGATIONS ENVIRONNEMENTALES : ORIENTATIONS A L’INTENTION DES
ENTREPRISES ............................................................................................................................................ 19

3
DSTI/CP(2010)18/FINAL

ACCROITRE LA CREDIBILITE ET L'EFFICACITE DES ALLEGATIONS


ENVIRONNEMENTALES : PROTEGER ET RESPONSABILISER LES CONSOMMATEURS

COMPTE RENDU DE L’ATELIER DE L’OCDE, 15-16 AVRIL 2010

Rappel des faits

Le Comité de la politique à l’égard des consommateurs (CPC) de l’OCDE a organisé un atelier les 15
et 16 avril 2010 sur le thème suivant : Accroître la crédibilité et l'efficacité des allégations
environnementales : protéger et responsabiliser les consommateurs. Les interventions sont résumées dans
l’annexe 1.

On entend par allégations « environnementales », « écologiques » ou « vertes » les arguments avancés


par les entreprises pour faire valoir les propriétés ou caractéristiques écologiquement bénéfiques de leurs
biens et produits. Ces allégations peuvent renvoyer à la manière dont les produits sont obtenus,
conditionnés, distribués, consommés et/ou éliminés. Aux aspects écologiques s’ajoutent parfois la
démarche socialement responsable ou l’approche éthique sous-tendant la production et la distribution.

Les allégations environnementales peuvent apparaître sur l’étiquetage d’un produit (bien ou service),
sur son emballage, dans la documentation ou la publicité s’y rapportant, ainsi que dans les dossiers
promotionnels et les informations sur les lieux de vente, entre autres techniques commerciales. Elles sont
véhiculées par des mots, symboles, emblèmes, logos, dessins, couleurs et marques. Leur diffusion peut
passer par des supports écrits (journaux et magazines), audiovisuels (radio et télévision) et numériques
(Internet).

L’Organisation internationale de normalisation (ISO) a défini un ensemble de normes visant


expressément l’éco-étiquetage dans le cadre de la série ISO 14000 relative au management
environnemental. La famille ISO 14020 comprend trois types de marquages et déclarations :

• type I (ISO 14024) : label conçu par une tierce partie, gouvernementale (cas de l’écolabel
européen, symbolisé par une fleur, et de l’écolabel nordique, symbolisé par un cygne blanc) ou
privée (Forest Stewardship Council, par exemple).

• type II (ISO 14021) : étiquetage élaboré par le producteur, autodéclaration environnementale ou


« allégation écologique ».

• type III (ISO 14025) : déclarations étayées par des informations chiffrées sur le cycle de vie des
produits. Une tierce partie faisant autorité définit les paramètres à retenir ; les données fournies
ensuite par les entreprises en référence au cahier des charges font l’objet de vérifications
indépendantes.

Tendances actuelles

L’atelier a porté sur les trois types d’éco-étiquetage au sens de l’ISO, en accordant une attention
particulière aux autodéclarations de type II présentes sur des étiquettes et reprises dans d’autres formes de

4
DSTI/CP(2010)18/FINAL

publicité. Les autodéclarations l’emportent en effet largement en matière d’allégations environnementales.


Cependant, il est généralement prévu dans la législation que les annonceurs doivent être à même de
justifier les affirmations explicites et les allégations implicites d’une publicité. Les grandes tendances
ci-dessous ont été mises en évidence dans la zone OCDE

• Allégations environnementales. Compte tenu de l’inquiétude croissante des consommateurs


face à la dégradation de l’environnement et au changement climatique, les autodéclarations
environnementales gagnent du terrain dans la panoplie d’outils de marketing des entreprises. Les
enquêtes montrent qu’elles s’ajoutent de plus en plus souvent aux labels dans les médias écrits,
audiovisuels (radio et télévision) et numériques (Internet). Les allégations environnementales
sont utilisées dans un grand nombre de secteurs, englobant l’énergie, les véhicules automobiles,
les produits d’entretien, les matériaux de construction et les aliments et boissons. Elles
interviennent aussi dans les emballages, tous secteurs confondus. Les arguments mis en avant
peuvent avoir un caractère très général : écocompatible, carboneutre, vert, etc. ; d’autres
demanderaient à être clairement définis : naturel, économe en énergie, non toxique, sobre en
carbone, sans polluants, propre, zéro émission, durable, éthique et équitable. Si certaines
affirmations passent pour être dépourvues de fondement, voire fallacieuses (on parle souvent
d’« écoblanchiment »), les études montrent qu’elles relèvent plus de l’exagération que de la
désinformation.

• Réactions des consommateurs. À en juger par les enquêtes menées dans les pays de l’OCDE,
les consommateurs se montrent de plus en plus soucieux d’acheter des biens et services
respectueux de l’environnement. Toutefois, selon certaines d’entre elles, les consommateurs ont
souvent du mal à apprécier le sens et la véracité des autodéclarations environnementales, en
particulier celles qui sont vagues ou dépourvues d’éléments probants. La part des consommateurs
estimant que les entreprises se donnent un vernis écologique et pratiquent l’« écoblanchiment »
pour accroître les ventes et élever les prix va en grandissant. Tout en accordant une plus grande
confiance aux labels délivrés par des tierces parties, les consommateurs ne perçoivent pas
toujours la distinction entre les labels ayant fait l’objet d’une vérification indépendante (types I
et III) et les autodéclarations (type II), et le flou semble régner autour des différentes catégories
d’allégations. Le constat vaut aussi bien pour les trois types répertoriés de marquages et
déclarations que, plus généralement, pour tous les arguments écologiques. D’après l’édition 2010
de Greendex, enquête annuelle sur les comportements des consommateurs menée dans 17 pays
par la National Geographic Society et l'institut de sondage GlobalScan, la défiance qu’inspirent
les allégations environnementales entraîne dans certains pays une diminution des achats
écologiquement bénéfiques.

• Réactions des entreprises. Beaucoup d’entreprises craignent que la perplexité et le scepticisme


des consommateurs n’aient pour effet de dévaloriser des allégations environnementales légitimes
et d’entamer la confiance dans le marché des produits et services verts. Bien qu’il existe depuis
longtemps des lignes directrices professionnelles, des codes de conduite volontaires et des règles
déontologiques encadrant les allégations environnementales, l’apparition d’arguments nouveaux
a donné lieu à des ajustements et à des initiatives de sensibilisation en direction des publicitaires
pour leur faire savoir et leur rappeler comment structurer des autodéclarations environnementales
valables. En 2010, la Chambre de commerce internationale (CCI) a publié un Cadre pour une
communication environnementale responsable en matière de marketing qui reprend les
dispositions antérieures de son Code consolidé sur les pratiques de publicité et de communication
marketing pour mieux aider les entreprises à décrire précisément les attributs verts de leurs
produits. Le Cadre englobe une liste récapitulative facilement utilisable que les annonceurs
peuvent consulter et compléter pour vérifier l’exactitude de leurs allégations environnementales
et éviter qu’elles prêtent à confusion. Par ailleurs, un certain nombre d’entreprises réalisent des

5
DSTI/CP(2010)18/FINAL

analyses du cycle de vie de leurs produits et élaborent leur propre ligne de biens et services
écolabellisés.

Rôle des pouvoirs publics

Les débats de l’atelier ont été axés sur l’idée que les pouvoirs publics ont un rôle à jouer dans la
protection des consommateurs contre les arguments écologiques frauduleux ou trompeurs tout en leur
donnant les moyens de faire des choix écologiquement rationnels. Les participants ont déterminé plusieurs
instruments d’action dans ce sens.

• Information des consommateurs. Dans le cadre d’actions visant plus largement à améliorer la
fiabilité des allégations, les pouvoirs publics peuvent informer les consommateurs sur les labels,
termes et symboles environnementaux pour leur permettre de faire des choix plus éclairés.
Moyennant des informations et compétences pratiques, les consommateurs peuvent distinguer les
différents types de marquages environnementaux et apprécier la signification et la véracité des
arguments écologiques, de façon générale comme pour des produits précis (véhicules
automobiles, produits d’entretien, matériaux de construction, aliments et boissons, appareils
électroménagers et services énergétiques, entre autres exemples). Ainsi, ils peuvent être mieux
sensibilisés au classement des véhicules selon la consommation de carburant, aux labels
d’efficacité énergétique des appareils électroménagers et à ce qu’il faut entendre par
« biologique », « carboneutre » et « biodégradable ». La Task Force de Marrakech sur l’éducation
à la consommation durable (Nations Unies) a lancé une campagne, visant plus particulièrement
les pays en développement, pour remédier à la perplexité des consommateurs vis-à-vis des
allégations environnementales. En 2009, le CPC a défini des recommandations à l’intention des
pouvoirs publics pour promouvoir l’éducation des consommateurs en matière de consommation
durable. Selon ces recommandations, les efforts de sensibilisation devraient être axés sur
l’évolution à long terme des modes de consommation et s’appuyer sur l’examen du
comportement des consommateurs et du processus de décision des ménages.

• Orientations pour les allégations environnementales. Plusieurs pays de l’OCDE ont élaboré
des orientations à l’intention des entreprises pour préciser comment la législation et la
normalisation en matière de commercialisation s’appliquent aux allégations environnementales
(voir annexe 2). Nombre de ces orientations visent aussi à clarifier les normes ISO sur les
autodéclarations environnementales de type II, et viennent à l’appui de la recommandation selon
laquelle les arguments avancés doivent être pertinents, clairs, exacts, fondés, comparables,
vérifiables et non susceptibles d’induire en erreur. Certains pays ont formulé des orientations
destinées à des secteurs donnés (véhicules automobiles, énergie, textiles, etc.) et concernant des
attributs précis (carboneutre, économe en énergie, par exemple). Beaucoup de ces « orientations
écologiques » à l’intention des entreprises sont actuellement mises à jour. Le Réseau international
de contrôle et de protection des consommateurs (RICPC) a dégagé des pratiques exemplaires à
retenir pour la formulation d’arguments écologiques à des fins de marketing, exigeant notamment
que les allégations soient : i) exprimées clairement et simplement ; ii) exactes, honnêtes et
véridiques ; et iii) vérifiables et/ou pouvant être corroborées. Le RICPC demande aussi que les
orientations gouvernementales illustrent l’utilisation préconisée de la terminologie verte par des
études de cas et des exemples concrets.

• Critères à respecter pour l’éco-étiquetage obligatoire. Pour remédier à la perplexité des


consommateurs, les autorités compétentes peuvent préciser les distinctions entre différents types
de marquages environnementaux, y compris ceux qui ont un caractère obligatoire, et la définition
de termes environnementaux couramment employés. Plusieurs pays exigent un étiquetage
concernant l’efficacité énergétique de certains appareils et biens, ainsi que la consommation de

6
DSTI/CP(2010)18/FINAL

carburant et les émissions de carbone des véhicules à moteur. Cet étiquetage repose en principe
sur la réalisation de tests précis de consommation d’énergie. L’Union européenne s’attache
actuellement à expliciter les exigences de sa directive sur l’étiquetage énergétique, et à définir
des critères pour l’écolabel européen non contraignant. Les pays peuvent imposer des modalités
de présentation des informations environnementales sur les produits (emplacement normalisé,
taille, couleurs, etc.) et préciser les conditions d’emploi de termes environnementaux tels que
« durable » et « respectueux de l’environnement ». En ce qui concerne la terminologie, l’UE et
certains pays réglementent l’utilisation des mentions « bio » ou « écologiques » pour les produits
alimentaires. Les allégations environnementales et sociales étant de plus en plus nombreuses et
diverses, la possibilité de faire figurer plusieurs arguments sur une même étiquette est à l’étude.
Certains acteurs plaident aussi pour une plus grande harmonisation internationale des processus
de normalisation et de certification en matière d’allégations écologiques et pour une
reconnaissance mutuelle des labels environnementaux à l’échelle mondiale. Toutefois, il n’est
généralement pas interdit aux annonceurs de recourir à des allégations, environnementales ou
autres, dès lors que celles-ci sont de bonne foi et ne cherchent pas directement à tromper.

• Actions en justice et moyens d’application. Les gouvernements peuvent porter des allégations
environnementales devant les tribunaux en vertu de dispositions générales sur la publicité
mensongère ou de règles spécifiques encadrant des allégations bien déterminées. Si, dans la
plupart des pays, les annonceurs sont juridiquement soumis depuis longtemps à l’obligation, qui
ne se limite pas à l’environnement, de s’assurer du bien-fondé des arguments avancés, les
gouvernements veillent désormais plus activement à ce que les allégations environnementales
soient vérifiables et fondées. Les sanctions encourues en cas d’allégations mensongères,
arguments verts compris, vont de condamnations et amendes à des avis d’infraction et
injonctions. À titre d’exemple, le gouvernement australien a engagé ces dernières années plus de
30 actions en justice à l’encontre d’allégations environnementales mensongères en application de
la loi sur les pratiques commerciales (Trade Practices Act) ; d’où un renforcement de la
jurisprudence des tribunaux. Parallèlement, des pays comme le Canada et les États-Unis ont pris
des mesures ou convaincu les entreprises de conclure des accords volontaires pour parer aux
allégations écologiques problématiques et autres dérives dans ce domaine.

Déontologie professionnelle

Instruments de la CCI

Le Code consolidé sur les pratiques de publicité et de communication marketing de la CCI propose
aux entreprises du monde entier des principes fondamentaux pour une publicité honnête. Il a été
récemment complété par le Cadre pour une communication environnementale responsable en matière de
marketing, ces deux instruments pouvant servir de référence aux annonceurs pour formuler des arguments
véridiques.

Organes nationaux d’autorégulation de la publicité

Partout dans le monde, les annonceurs et agences de publicité sont à l’origine, et assurent le
financement, d’organes d’autorégulation qui interviennent lorsque des messages particuliers sont mis en
cause par des consommateurs ou des concurrents. Ces organes procèdent à des évaluations et donnent des
avis concernant la véracité d’un large éventail d’annonces. L’adhésion générale des professionnels aidant,
leurs recommandations sont semble-t-il grandement suivies d’effet.

7
DSTI/CP(2010)18/FINAL

Prochaines étapes

Les travaux sur les allégations environnementales viendront utilement alimenter deux grandes
activités internationales en 2011 et 2012.

• Stratégie de l’OCDE pour une croissance verte – En juin 2009, les ministres des pays de
l’OCDE ont adopté la Déclaration sur la croissance verte, invitant l’Organisation à élaborer une
stratégie susceptible de mettre les investissements environnementaux et l’éco-innovation au
service de la reprise économique et d’une croissance plus durable. La stratégie qui se dessine
prend acte du rôle des consommateurs dans l’essor de la demande et la création de marchés de
biens et services plus verts. Un Rapport de synthèse de la Stratégie de l’OCDE pour une
croissance verte, à remettre aux ministres en 2011, dégagera des actions envisageables par les
gouvernements pour faciliter la transition vers une économie et des emplois plus verts.

• Commission du développement durable des Nations Unies (CDD-ONU) – La viabilité de la


consommation et de la production figure parmi les thèmes de la CDD-ONU pour 2010 et 2011.
Le Processus de Marrakech des Nations Unies comprend l’élaboration d’un plan-cadre décennal
de programmes sur la consommation et la production durables, à commencer par la
sensibilisation des consommateurs à l’environnement. Par ailleurs, la Conférence des Nations
Unies sur le développement durable de 2012 (Rio+20) portera sur l’articulation entre l’économie
verte et le développement durable, notamment sur les instruments d’action permettant de donner
un plus grand rôle aux consommateurs et aux producteurs.

Autres initiatives possibles en matière d’allégations environnementales

Les participants à l’atelier ont déterminé différents domaines dans lesquels les activités sur les
allégations environnementales pourraient être poussées plus avant par les organismes internationaux
intéressés.

• Perception des allégations environnementales par les consommateurs. Selon certains


participants, d’autres recherches pourraient être menées sur la manière dont les consommateurs
perçoivent les allégations de ce type. À en juger par les travaux de Consumer Focus au
Royaume-Uni, par exemple, les consommateurs sont méfiants et critiques envers les arguments
verts. Par ailleurs, ils semblent majoritairement souhaiter que les entreprises s’attachent
davantage à promouvoir des solutions écologiquement responsables. D’où l’idée qu’il serait utile
de s’interroger plus avant sur l’interprétation donnée aux messages écologiques par les
consommateurs, d’analyser les formes et l’importance que revêtent ces allégations dans les
décisions des consommateurs, et d’étudier la marche à suivre pour valoriser les arguments verts
aux yeux des consommateurs.

• Écoute des consommateurs et sensibilisation à des pratiques durables. De l’avis de certains


participants, on pourrait s’intéresser davantage au comportement des consommateurs, sous
l’angle des allégations environnementales et des méthodes opérationnelles à retenir pour
sensibiliser et éduquer les consommateurs. Les problèmes liés aux allégations écologiques,
ont-ils indiqué, peuvent tenir aussi bien à l’asymétrie de l’information et à la partialité des
consommateurs qu’aux comportements des entreprises allant à l’encontre de décisions
judicieuses (publicité mensongère, par exemple). Les enquêtes montrent que les motivations,
attitudes et opinions des consommateurs sont très variables vis-à-vis des enjeux
environnementaux, ce qui explique la disparité des pratiques d’achat. La présentation des
informations sur les caractéristiques environnementales, ainsi que la manière dont les options
sont formulées, et la perception qu’en ont les consommateurs, peuvent aussi modifier

8
DSTI/CP(2010)18/FINAL

sensiblement les choix opérés sur le marché. Quelques participants ont fait valoir qu’une
meilleure connaissance des comportements, caractéristiques, préjugés et décisions des
consommateurs pouvait aider à élaborer des mesures visant les allégations environnementales.
Selon eux, la conception d’initiatives de sensibilisation pourrait aussi y gagner ; ces initiatives
engloberaient des campagnes d’information et la mise au point de matériaux et programmes
pédagogiques.

• Pratiques exemplaires en matière d’allégations environnementales. Pour faciliter


l’élaboration de stratégies à l’égard des consommateurs en matière d’allégations
environnementales, certains participants ont évoqué l’utilité de passer en revue les types
d’instruments d’action et les pratiques exemplaires que déploient concrètement les pouvoirs
publics et les organismes d’autorégulation. Toutefois, l’attention a été attirée sur le fait que les
facteurs agissant sur la perception des allégations écologiques par les consommateurs peuvent
varier d’un pays à l’autre ; peut-être faudrait-il adapter les stratégies en fonction des spécificités
nationales. L’examen pourrait notamment viser les aspects ci-dessous.

− Définitions : définitions et orientations à retenir pour l’utilisation de termes tels que


« carboneutre », « climatiquement neutre », « biodégradable » et « recyclable ».

− Normes : conditions applicables aux autodéclarations environnementales (type II), celles-ci


devant être spécifiques, pertinentes, fondées sur des observations et des chiffres, se rapporter
au cycle de vie des produits et/ou faire intervenir des méthodes de calcul reconnues, comme
pour les émissions de gaz à effet de serre.

− Étiquetage : conditions applicables à l’éco-étiquetage, notamment la visibilité, ainsi que


l’emplacement et l’utilisation de certains termes comme « économe en énergie »,
« biologique », etc.

− Orientations écologiques à l’intention des entreprises : recommandations concernant les


allégations environnementales formulées par les entreprises, d’ordre général ou liées à des
produits ou attributs précis.

− Suivi de la mise en conformité : techniques employées pour faire en sorte que les mesures
soient respectées.

− Moyens d’application : types de pénalités et portée de la répression visant les allégations


environnementales.

• Manuel de politique à l’égard des consommateurs. Les participants ont reconnu l’utilité du
Manuel de politique à l’égard des consommateurs élaboré par le CPC pour les autorités chargées
de concevoir des politiques de croissance verte. Si certains ont évoqué la possibilité de recentrer
le Manuel sur les questions d’environnement et de durabilité, d’autres ont fait valoir que le
processus détaillé en six étapes défini pour l’élaboration des politiques répondait d’ores et déjà
aux besoins des responsables travaillant sur les aspects écologiques.

• Règles internationales applicables aux allégations environnementales. Étant donné la


diversité et la complexité croissante des allégations écologiques et sociales accompagnant
désormais les produits sur le marché mondial, certains participants ont considéré que la définition
d’exigences minimales reconnues à l’échelle internationale pour les autodéclarations
environnementales méritait d’être étudiée.

9
DSTI/CP(2010)18/FINAL

10
DSTI/CP(2010)18/FINAL

ANNEXE 1 : RESUME DES INTERVENTIONS

Session 1. Les allégations environnementales sur le marché

• Rémi REUSS (Association Française de Normalisation [AFNOR]) a apporté des précisions sur
l’élaboration et la teneur des normes environnementales de la série 14000 de l’Organisation
internationale de normalisation (ISO) qui se rapportent aux allégations écologiques, notamment
celles de la famille ISO 14020 sur les principes généraux relatifs aux étiquettes et déclarations
environnementales, à savoir ISO 14021 sur les autodéclarations environnementales, ISO 14024
sur les principes et méthodes en matière d’étiquetage environnemental et ISO 14025 sur les
principes et modes opératoires en matière de déclarations environnementales, auxquelles
s’ajoutent les normes ISO 14040 et 14044 sur l’analyse du cycle de vie, ainsi que la norme
ISO 14067 sur l’empreinte carbone des produits. La France a récemment adopté une loi exigeant
que tous les produits de grande consommation vendus sur le territoire portent un étiquetage
environnemental conçu selon les orientations de l’AFNOR en la matière.

• Bjarne PEDERSEN (Consumers International) a présenté les résultats du processus d’enquête


sur le commerce éthique – Ethical Trade Fact Finding Process (ETFP) – montrant que face à la
prolifération des allégations sociales et environnementales, les consommateurs sont sceptiques et
ont besoin d’une plus grande transparence pour axer leurs choix sur des produits durables. La
distinction entre les différents types d’arguments n’est pas claire, et l’impact des autodéclarations
(majoritaires) ou des allégations vérifiées par des tierces parties (minoritaires) sur les décisions
d’achat des consommateurs est mal connu. Les allégations environnementales pourraient avoir
des effets variés : i) susciter un « matraquage vert » qui désoriente les consommateurs et les
empêche de faire des choix écologiquement viables ; ii) prêter à confusion en laissant croire aux
consommateurs qu’ils font des choix écologiquement viables ; iii) accroître le désintérêt de
consommateurs qui doutent de la fiabilité ou font abstraction de ces allégations ; ou
iv) sensibiliser les consommateurs et faire augmenter les achats écologiquement viables. Pour
protéger et responsabiliser les consommateurs, les gouvernements devraient voir s’il y a lieu
d’imposer des exigences minimales à l’échelle internationale pour les allégations
environnementales.

• Heather COLLIE (Ministère de l’Environnement, de l’Alimentation et des Affaires


rurales [Defra], Royaume-Uni) et Phil DOWNING (Icaro Consulting) ont présenté un projet
d’actualisation des orientations du Defra en la matière et rendu compte des travaux concernant les
allégations écologiques employées dans la publicité au Royaume-Uni. Compte tenu des
évolutions intervenues dans le marketing/la publicité au Royaume-Uni depuis l’élaboration de la
version précédente, en 2003, le Defra a récemment proposé une nouvelle mouture de ses
orientations qui a fait l’objet d’une consultation publique de mars à juin 20101. Il s’agit d’aider
les professionnels à élaborer des arguments environnementaux solides en proposant des
orientations actualisées constructives, tout en protégeant les consommateurs et les entreprises
contre des pratiques commerciales abusives. Les travaux menés à l’appui de cette mise à jour,

1
Voir www.defra.gov.uk/corporate/consult/green-claims/index.htm.

11
DSTI/CP(2010)18/FINAL

sous le titre An Assessment of Green Claims in Marketing (2010)2, ont porté sur les allégations
écologiques dans les annonces publicitaires au Royaume-Uni entre 2006 et 2009. Il ressort que,
malgré la progression observée ces dernières années (en particulier de 2006-2007 à 20083), les
arguments environnementaux ne représentent encore que 1 % de l’ensemble des messages.
Diffusés majoritairement dans les médias écrits (68 %), de préférence à la télévision (15 %), ils
émanent d’entreprises des secteurs suivants : énergie, véhicules automobiles, aliments et
boissons. L’adjectif « vert » a été le plus souvent employé dans des allégations se rapportant à
des produits (biens et services). Le « carbone » a aussi été fréquemment évoqué, mais il est
surtout apparu par le biais de l’« empreinte carbone » ou des « émissions de CO2 ». Les termes
utilisés sont très variables d’un secteur à l’autre. Par ailleurs, les entreprises ont intérêt à ce que la
qualité des allégations environnementales s’améliore sur le marché, pour que la valeur des
arguments véridiques ne soit pas entamée par la perplexité des consommateurs et par les
allégations douteuses provenant de concurrents.

Session 2. Comprendre les réactions des consommateurs aux allégations environnementales

• Rasmus KJELDAHL (Conseil de la consommation, Danemark) a fait état d’une multiplication


des arguments écologiques mensongers, en citant notamment les entreprises épinglées en 2009
par Consumers International (Audi, BP, easyJet, Microsoft et Toyota, entre autres exemples). Les
entreprises utilisent désormais les médias sociaux (Facebook, Twitter, blogs, etc.) pour relayer les
allégations environnementales concernant leurs produits. Les consommateurs se méfient des
autodéclarations et s’en remettent plus volontiers aux allégations vérifiées par des tierces parties,
comme dans le cas du label nordique « cygne blanc ». Les ombudsmen de la consommation des
pays nordiques renforcent actuellement les orientations de 2005 sur les arguments de marketing
éthiques et environnementaux en exigeant que les allégations écologiques soient : i) solidement
établies ; ii) vérifiées par une tierce partie ; iii) transparentes et claires ; et iv) concrétisées dans
les faits.

• Christian HUDSON (DG Environnement, Commission européenne) a souligné la nécessité de


privilégier les effets des allégations environnementales sur les décisions des consommateurs et de
voir si elles faussent les comportements. La théorie économique standard suppose que les
consommateurs ont simplement besoin d’informations correctes sur les produits et agissent dans
leur propre intérêt ; or l’économie du comportement montre que les décisions des consommateurs
sont généralement liées à l’identification des produits, marques ou labels. Il a invité les
gouvernements : i) à préférer une approche fondée sur les résultats (pragmatique) à une approche
fondée sur l’information (moraliste) ; ii) à établir une distinction entre, d’une part, l’authenticité
du caractère écologique des produits, et d’autre part, l’influence des allégations écologiques ;
iii) à décourager les techniques commerciales qui faussent les choix ; et iv) à faire prévaloir des
techniques commerciales qui optimisent les effets des allégations écologiques sur les choix des
consommateurs. Les responsables de l’élaboration des politiques devraient œuvrer avec la grande
distribution pour : favoriser les promotions de prix concernant les produits écologiquement
préférables ; aligner les produits courants sur les plus exemplaires en termes d’environnement ; et
veiller à ce que les écolabels soient aisément identifiables.

• Phil DOWNING (Icaro Consulting) a relaté les résultats de l’étude Green Expectations menée
au Royaume-Uni par Consumer Focus, qui a recueilli les avis des consommateurs concernant les

2
Voir http://randd.defra.gov.uk/Document.aspx?Document=EV0430_8862_FRP.pdf et
http://randd.defra.gov.uk/Document.aspx?Document=EV0430_8863_FRA.pdf.
3
L’année 2009 a été marquée par une chute de la publicité verte, coïncidant avec la détérioration du
contexte économique.

12
DSTI/CP(2010)18/FINAL

allégations écologiques. La majorité des personnes interrogées ont déclaré chercher à s’informer
sur les caractéristiques environnementales des produits et susceptibles d’acheter des produits
économes en énergie, issus du commerce équitable et biologiques. Toutefois, d’après les
réponses, 65 % ne savaient pas comment vérifier un argument vert et 58 % pensaient que les
entreprises, sous couvert d’écologie, cherchaient à faire grimper les prix. Vis-à-vis des
allégations environnementales, les consommateurs ont cité les exigences suivantes : i) clarté :
termes et éléments d’information clairs ne prêtant pas à confusion ; ii) crédibilité : assertions
réalistes, compréhensibles, sans équivoque et vérifiables ; et iii) comparabilité : informations
simples, utiles et normalisées.

• Scott MCDOUGALL (TerraChoice) a insisté sur la nécessité d’accroître la part de marché des
produits durables. La prolifération des annonces vertes, et des produits à prétention écologique,
est déroutante pour les consommateurs et laisse soupçonner des opérations d’« écoblanchiment ».
Il existe de nombreux types de consommateurs, allant des écologistes les plus inconditionnels aux
acheteurs les moins ouverts et les plus obstinément attachés à leurs habitudes, en passant par une
sensibilisation à l’environnement plus ou moins poussée et des comportements attentistes. Les
valeurs écologiques devraient être traduites sous d’autres formes (sécurité, santé, responsabilité,
bien-être des enfants, etc.) pour toucher et influencer le plus grand nombre possible de
consommateurs, et il faudrait que les allégations écologiques soient transparentes et vérifiées par
des tierces parties. L’action gouvernementale devrait s’attaquer aux sept « péchés » de
l’écoblanchiment répertoriés par l’étude intitulée Seven Sins of Green Washing : compromis
caché, absence de preuve, imprécision, manque de pertinence, moindre mal, bluff et faux
étiquetage.

• Sheila MILLAR (Chambre de commerce internationale [CCI]) a fait savoir que le Cadre pour
une communication environnementale responsable en matière de marketing, publié par la CCI
en 2010, aidait les entreprises à décrire précisément les attributs verts de leurs produits.
L’écomarketing soulève des problèmes complexes de rapport au concret et à la science dans un
monde où la perception est conditionnée par un grand nombre de facteurs et où le prix et la
performance l’emportent dans les choix des consommateurs. Les allégations environnementales
doivent être avancées de bonne foi sans induire en erreur, dûment fondées, formulées de manière
à éviter toute tromperie, et sans équivoque quant aux avantages relatifs des produits, emballages
et services. Les interventions gouvernementales devraient être axées sur l’éducation, la mise en
commun des travaux de recherche, l’utilisation judicieuse des termes environnementaux et
l’encouragement à l’émulation et à la libre circulation d’informations véridiques.

• Veronique DISCOURS-BUHOT (Carrefour) a présenté les résultats de l’enquête consacrée à la


démarche éthique en 2009 : il ressort que 51 % des Français ne savent pas où se procurer des
produits écologiquement viables. Les consommateurs souhaiteraient que les étiquettes fassent
apparaître les informations suivantes : impact sur le changement climatique, lieu de fabrication,
origine des matières premières et garantie attestant le caractère durable de la production. Le
calcul de l’empreinte carbone étant jugé insuffisant, Carrefour a procédé à une analyse du cycle
de vie de plusieurs de ses produits : jambon en tranches bio, pâtes bio, haricots verts surgelés,
liquide lave-glace, sacs de caisse et catalogues. Toutefois, étant donné la complexité du cycle de
vie des produits et le manque de précision des données chiffrées, ce type d’analyse permet surtout
de faire ressortir les « points névralgiques » ou les priorités à retenir pour réduire l’empreinte
écologique dans la filière de production. Ses clients se montrant désireux d’acheter des produits
respectueux de l’environnement, Carrefour met au point une gamme de produits bio,
écolabellisés et durables, en réunissant les allégations environnementales sous une même
étiquette.

13
DSTI/CP(2010)18/FINAL

Session 3. Études de cas

1er groupe de travail : Industrie automobile

• Anja PELTONEN (Agence de la consommation et Bureau du médiateur, Finlande) a décrit la


démarche adoptée pour actualiser, en 2008, les orientations gouvernementales concernant les
allégations environnementales et publier, en 2009, des lignes directrices pour certains produits,
notamment les automobiles. Dans ce dernier cas, il est précisé que les allégations doivent
s’appuyer sur des faits établis, donner aux consommateurs une impression générale d’exactitude
et d’authenticité et utiliser des comparaisons uniquement pour des voitures de même catégorie de
taille. Le bureau du médiateur de la consommation a établi ces lignes directrices conjointement
avec l’association finlandaise des importateurs automobiles et l’organisme central du pays pour le
commerce et la réparation automobiles. Par ailleurs, la commercialisation des automobiles est
visée par le décret gouvernemental sur la consommation de carburants et les émissions de
dioxydes de carbone, et soumise aux effets de la taxe annuelle sur les véhicules, dont le calcul
fait désormais intervenir le niveau des émissions.

• Bente ØVERLI (Bureau du médiateur de la consommation, Norvège) a mis en avant le constat


suivant : la possibilité d’utiliser des allégations environnementales à des fins de marketing
encourage les constructeurs automobiles à mettre au point des produits plus durables. Des lignes
directrices gouvernementales, élaborées conjointement avec l’industrie automobile, précisent que
des adjectifs comme « écocompatible » ou « vert » ne peuvent être associés aux propriétés
environnementales d’un véhicule, que les allégations doivent être des informations factuelles, et
que les comparaisons favorables portant sur des caractéristiques telles que les émissions ou le
niveau sonore sont exclues, sauf si le véhicule occupe l’une des trois premières places dans sa
catégorie. Récemment, la Norvège a établi des lignes directrices particulières pour l’utilisation de
termes tels que « climatiquement neutre » dans les stratégies commerciales.

• Blake LUDWIG (We are Futureproof, Royaume-Uni) a donné plusieurs exemples d’allégations
environnementales trompeuses relatives à des véhicules automobiles, à partir d’une étude portant
sur 1 000 messages publicitaires dans six pays européens. Le groupe d’experts a intenté avec
succès des actions en justice contre le gouvernement du Royaume-Uni pour défaut d’application
des directives de l’UE exigeant que les supports promotionnels imprimés fassent apparaître des
informations facilement lisibles sur la consommation de carburant et les émissions de CO2 des
véhicules. D’après une enquête de consommation réalisée en 2009, l’affichage de la
consommation de carburant et des émissions des automobiles à l’aide de codes de couleur est la
solution la plus immédiatement intelligible pour la majorité des personnes interrogées. D’autres
recherches s’imposent auprès des consommateurs pour déterminer les modèles de présentation
des étiquettes et les paramètres les plus susceptibles de faire passer les informations
environnementales.

• Laurie BENNET (Futerra Sustainability Communications, Royaume-Uni) a décrit la teneur du


guide élaboré à l’intention des entreprises par Futerra Sustainability Communications et Business
for Social Responsibility (BSR), publié en 2009 sous le titre Understanding and Preventing
Greenwash: A Business Guide. Il s’agit d’aider les entreprises à éviter les erreurs de
communication les plus courantes concernant les activités vertes, allégations environnementales
relatives aux véhicules comprises. Le guide permet aux entreprises de se situer selon une grille
qui fait apparaître les différents types de communication insatisfaisante et de s’orienter vers des
messages plus rigoureux. Par ailleurs, il recense les dix principaux « signes d’écoblanchiment » –
imprécision du vocabulaire, manque de pertinence, absence de preuve, mensonge éhonté, etc. –
illustrés par des exemples tirés de l’industrie automobile.

14
DSTI/CP(2010)18/FINAL

2ème groupe de travail : Efficacité énergétique

• Benoît de LAURENS (Lowe Strateus) a présenté les résultats d’une enquête en ligne menée
en 2009, pour laquelle ont été sollicités près de 5 000 consommateurs et entreprises de neuf pays
européens. Il ressort que la plupart des consommateurs : considèrent que les questions
environnementales sont importantes ; reçoivent la plupart des informations en la matière d’ONG ;
et pensent que les allégations environnementales relatives aux produits pourraient contribuer à
modifier les comportements d’achat des consommateurs. Les entreprises ont quant à elles déclaré
accorder une attention grandissante aux aspects environnementaux de leurs produits et services,
compte tenu des impératifs de rentabilité et des pressions exercées par la société civile et la
clientèle. Elles communiquent de plus en plus sur le thème du développement durable pour
améliorer leur image et commercialiser leurs produits. Mais beaucoup des allégations
écologiques concernant les véhicules et l’efficacité énergétique sont vagues et prêtent souvent à
confusion.

• Joern-Uwe THURNER (Agence fédérale de l’environnement [UBA], Allemagne) a décrit le


processus d’élaboration des critères d’attribution du plus ancien écolabel du monde, l’« ange
bleu ». Seuls 20 à 30 % des produits d’une catégorie donnée bénéficient de ce label accordé selon
des critères scientifiques qui sont révisés tous les 3 ou 4 ans. Un jury composé de représentants
du secteur public, d’ONG et des parties intéressées soumettent les nouveaux produits à des essais
et se prononcent sur l’attribution du label. Les entreprises acquittent un droit initial d’un montant
de 250 EUR pour l’évaluation du produit par un organisme de certification indépendant, puis un
droit annuel au titre de l’utilisation du label. Le projet Top 100 vise à élargir l’éventail de
produits économes en énergie et respectueux du climat dans 100 groupes de produits, allant des
appareils électroménagers et équipements de chauffage à l’éclairage et au matériel de bureau.

• Tae Hyun MOON (Agence de la consommation, Corée) a donné des explications sur le système
d’étiquetage de l’efficacité énergétique exigé pour 22 groupes de produits, notamment
l’électroménager, le chauffage, l’éclairage et les moteurs, conformément à la loi sur l’utilisation
rationnelle de l’énergie. Les produits font l’objet d’un classement, sur une échelle de 1 à 5, en
termes de consommation énergétique. L’étiquetage de l’efficacité énergétique donne des
informations détaillées, à savoir, dans le cas des réfrigérateurs : consommation électrique
mensuelle moyenne, volume utile du réfrigérateur, volume utile du congélateur, capacité totale,
émissions de CO2/heure et note globale d’efficacité énergétique.

Session 4. Instruments d’action et mécanismes d’application

1er groupe de travail : Législation et répression

• Simon WINCKLER (Ministère des finances [Treasury], Australie) a indiqué que les lois et
réglementations générales relatives aux pratiques mensongères et manœuvres frauduleuses
s’appliquaient de plus en plus aux allégations écologiques. Les allégations de ce type prolifèrent
en Australie, surtout au sujet des compensations carbone. Plus de 30 actions judiciaires ou
administratives ont été intentées ces dernières années en vertu de la loi sur les pratiques
commerciales de 1974 (Trade Practices Act), si bien que la jurisprudence se développe en
matière d’allégations écologiques. Les sanctions encourues en cas d’allégations mensongères
vont de condamnations et amendes à des avis d’infraction et injonctions. L’Australie élabore
actuellement une nouvelle loi générale sur la consommation, qui doit prendre effet en 2011. Dans
ce cadre, les pouvoirs de sanction conférés à la Commission australienne de la concurrence et de
la consommation (ACCC) et à la Commission australienne des valeurs mobilières et de

15
DSTI/CP(2010)18/FINAL

l'investissement (ASIC) ont été renforcés. Les annonceurs peuvent notamment être mis en
demeure de produire des informations ou documents à l’appui de leurs allégations.

• Brent HOMAN (Bureau de la concurrence, Canada) a fait observer que les mesures coercitives à
l’encontre d’allégations écologiques mensongères pouvaient accroître la valeur et la part de
marché des produits verts contrôlables, en soulignant toutefois la nécessité de clarifier les règles
et normes. L’absence de normalisation dans l’utilisation des termes d’écomarketing engendre
perplexité et scepticisme chez les consommateurs. Une enquête montre que 75 % des Canadiens
voient dans les allégations environnementales une ruse de marketing. Le document de 2008
intitulé Déclarations environnementales : Guide pour l'industrie et les publicitaires part du
principe que tous les arguments verts, qu’il s’agisse ou non d’autodéclarations, doivent être
dûment étayés par des données et essais. Des sanctions criminelles et civiles peuvent s’appliquer
en cas d’infraction aux dispositions inscrites notamment dans la loi sur la concurrence et dans les
textes sur l’étiquetage dont l’application relève du Bureau de la concurrence. Ces dernières
années ont été ponctuées par des poursuites ou des accords concernant des allégations
écologiques dans les domaines suivants : économiseurs d'essence, produits de nettoyage pour
cheminées, textiles dérivés du bambou et jacuzzis.

• Laura DEMARTINO (Commission fédérale du commerce [FTC], États-Unis) a évoqué trois


types de mesures prises aux États-Unis pour veiller à la véracité et au bien-fondé des arguments
d’écomarketing : i) orientations à l’intention des entreprises ; ii) application des lois ; et
iii) information des consommateurs. Tout d’abord, des orientations diffusées pour la première
fois par la FTC en 1992 aident les entreprises à éviter les déclarations mensongères ou
trompeuses dans leur communication commerciale. Elles sont fondées sur la manière dont les
consommateurs interprètent les allégations environnementales. La FTC procède actuellement à
un réexamen pour vérifier que ces orientations restent valables et voir s’il y a lieu d’y inclure des
allégations écologiques récentes, concernant notamment la « durabilité » et les « compensations
carbone ». À la faveur de ce réexamen, la FTC a sollicité les commentaires du public, organisé
trois ateliers ouverts à tous et fait réaliser une étude sur la perception des consommateurs.
Ensuite, la FTC a pris des mesures, en application de la loi relevant de sa compétence, à
l’encontre d’allégations mensongères et infondées concernant des produits biodégradables, des
textiles à base de bambou et diverses caractéristiques. Depuis peu, des initiatives sont prises pour
familiariser les consommateurs avec les termes environnementaux afin qu’ils puissent faire des
choix éclairés.

• François AMAND (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression


des fraudes [DGCCRF], France) a décrit les travaux entrepris par le Conseil national de la
consommation (CNC) pour mieux cerner les allégations environnementales, à commencer par les
quatre termes jugés les plus ambigus : « durable », « responsable » « naturel » et « bio ». Sont
désormais visées 13 allégations à préciser comme suit : définitions, pertinence, conditions
d’emploi, justifications à apporter et perception probable des consommateurs. Des
recommandations concernant ces allégations seront diffusées au moyen d’une plaquette et sur
Internet.

• Angelo GRIECO (DG Justice, liberté et sécurité, Commission européenne) a fait le point sur le
traitement des allégations environnementales trompeuses au regard de la directive 2005/29/CE
relative aux pratiques commerciales déloyales. Il n’existe pas de règlement général de l’UE
portant sur les allégations environnementales ou le pouvoir de sanction correspondant. Toutefois,
des dispositions précises visent les labels « bio » et « écologiques », ainsi que l’étiquetage
concernant l’efficacité énergétique, la consommation de carburant et l’empreinte carbone. Elles
englobent les informations requises, les modalités de présentation de ces informations et

16
DSTI/CP(2010)18/FINAL

l’interdiction d’utiliser un étiquetage qui prête à confusion. Selon la directive 2005/29/CE, les
allégations environnementales doivent être spécifiques, exactes et étayées par des preuves. La
« liste noire » des pratiques indésirables comprend l’utilisation d’un écolabel sans autorisation et
l’affirmation mensongère selon laquelle un produit a été homologué. L’UE tient à jour une base
de données évolutive comparant les lois et mesures, communautaires et nationales, applicables
aux allégations environnementales.

2ème groupe de travail : Codes et normes volontaires

• Patrice GRUSZKOWSKI (DG Environnement, Commission européenne) a évoqué deux


dispositifs volontaires soutenus par la Commission européenne pour améliorer la transparence et
la fiabilité des allégations environnementales. Le Retail Forum réunit les principales enseignes
européennes de la grande distribution pour mettre en commun et promouvoir des pratiques
environnementales exemplaires. Une place de choix est donnée à des enjeux tels que la clarté, la
comparabilité et la crédibilité des allégations environnementales. Le Retail Forum souscrit à la
vérification par tierce partie. La Table ronde européenne sur la consommation et la production
durables dans le domaine de l’alimentation rassemble les principaux acteurs de la filière afin
d’élaborer des méthodologies et des principes directeurs solides pour les démarches volontaires
d’analyse du cycle de vie et d’information en termes d’environnement concernant les aliments et
boissons.

• Charles ARDEN-CLARK et Liazzat RABBIOSI (Programme des Nations Unies pour


l’environnement [PNUE]) ont fait le point sur le Processus de Marrakech pour une
consommation et une production durables, dont les Task Forces portant respectivement sur
l’éducation à la consommation durable (sous l’égide de l’Italie) et sur les modes de vie durables
(sous l’égide de la Suède) ont été intégrées au Partenariat pour l’éducation et la recherche en
faveur de modes de vie responsables (PERL). Le PNUE est engagé dans un processus de
consultation multilatérale pour élaborer des principes reconnus à l’échelle mondiale sur
l’information environnementale, afin de réduire les sources de confusion pour les consommateurs
et les pratiques d’« écoblanchiment ». L’accent sera mis sur l’agroalimentaire, la construction,
l’automobile, la métallurgie et la grande distribution, la priorité étant d’aider les consommateurs
dans les pays en développement.

• Sylvia MAURER (Bureau européen des unions de consommateurs [BEUC]) a évoqué les limites
des accords volontaires pour la mise en œuvre de la directive de l’UE sur l’écoconception, et
préconisé l’élaboration de lignes directrices concrètes pour l’instauration d’accords de ce type.
Plusieurs accords volontaires se dessinent (pour le matériel d’imagerie, par exemple), mais ils
paraissent peu clairs, difficiles à analyser et principalement axés sur l’efficacité énergétique. Sans
lignes directrices, il ne sera pas possible de vérifier dans quelle mesure un produit est plus
respectueux de l’environnement qu’un autre ; au plan juridique, l’application des accords
volontaires ne peut être assurée par les autorités de surveillance du marché. Il faudrait confier le
rôle de « gendarme » à des organismes indépendants afin que la publicité obéisse à des normes
rigoureuses pour le bien des consommateurs, des annonceurs et de la collectivité en général.

• Francois HANSE (Autorité de régulation professionnelle de la publicité [ARPP], France) a


donné des informations sur l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP) en
France. En 2006, une enquête a montré que 1.1 % environ des annonces publicitaires
comprenaient des allégations environnementales, dont 49 posaient des problèmes. L’ARPP a
élaboré des règles de déontologie applicables aux arguments écologiques ; les plaintes sont
traitées par un jury indépendant. Ces règles portent sur les points suivants : véracité,
proportionnalité, clarté, loyauté, symboles, vocabulaires, présentation visuelle ou sonore,

17
DSTI/CP(2010)18/FINAL

dispositifs complexes et impacts éco-citoyens. Les annonceurs, les agences et les médias peuvent
consulter l’ARPP avant de diffuser une allégation environnementale pour veiller à ce qu’elle
respecte la déontologie.

18
DSTI/CP(2010)18/FINAL

ANNEXE 2 : ALLEGATIONS ENVIRONNEMENTALES : ORIENTATIONS A L’INTENTION


DES ENTREPRISES

SOURCE INTITULÉ SITE WEB


Niveau
international
CCI Cadre pour une http://www.iccwbo.org/policy/marketing/id8532/index.html
Chambre de communication
commerce environnementale
internationale responsable en matière de
marketing (2010)
CE
Commission Lignes directrices Shttp://ec.europa.eu/consumers/cons_safe/news/green/guidel
européenne relatives à l'utilisation et à ines_fr.pdf
DG Santé et l'évaluation des
protection des déclarations
consommateurs environnementales (2000)
ISO ISO 14021:1999 http://www.iso.org/iso/fr/catalogue_detail.htm?csnumber=2
Organisation 3146
Marquage et déclarations
internationale de
environnementaux –
normalisation
Autodéclarations
environnementales
(Étiquetage de type II)
Nordic Ethical and Environmental www.consumerombudsman.dk/Regulatory-
Consumer Marketing Claims framework/dcoguides/claims
Ombudsmen Guideline (2005)

RICPC Reference Document for https://icpen.org/files/icpenDownloads/Reference_Documen


Réseau the Development of t__Environmental_Marketing_Claim_Guides_1.pdf
international de Environmental Marketing
contrôle et de Claim Guides (2009)
protection des
consommateurs

19
DSTI/CP(2010)18/FINAL

Niveau national
Australie
Competition &
Green Marketing and the www.accc.gov.au/content/index.phtml/itemId/815763
Consumer
Trade Practices Act
Commission
(2008)
(ACCC)

Carbon Claims and the


Trade Practices Act http://www.accc.gov.au/content/index.phtml/itemId/833279
Business Guide (2008)
Canada Déclarations http://www.bureaudelaconcurrence.gc.ca/eic/site/cb-
Bureau de la environnementales : Guide bc.nsf/fra/accueil
concurrence et pour l'industrie et les
Association publicitaires (2008)
canadienne de
normalisation
États-Unis Guides for the Use of www.ftc.gov/bcp/grnrule/guides980427.htm
Federal Trade Environmental Marketing www.ftc.gov/green
Commission Claims (1998)
(FTC)

Complying with the


Environmental Marketing www.ftc.gov/bcp/edu/pubs/business/energy/bus42.shtm
Guides (2000)
Finlande The Consumer www.kuluttajavirasto.fi/File/af79d071-4cdd-4ac4-b996-
Agence de la Ombudsman’s d677356bb3fb/The+use+of+environmentally+oriented+clai
consommation Guidelines : The Use of ms+in+marketing+.pdf
et Bureau du Environmentally Oriented
médiateur Claims in Marketing
(2008)

Guidelines for Consumer http://www.kuluttajavirasto.fi/File/2e3b95c7-080d-419a-


Protection: Use of b212-
Environmental Claims in b5c668876272/Use+of+environmental+claims+in+the+mark
the Marketing of Cars eting+of+cars.pdf
(2009)
France Charte d’engagement et http://www.developpement-
Ministère de d’objectifs pour une durable.gouv.fr/spip.php?page=article&id_article=2234
l’Écologie, de publicité éco-responsable www.arpp-pub.org/IMG/pdf/pub-et-soci-t-1.pdf
l’Énergie, du (2008)
Développement
Durable et de
l’Aménagement
du Territoire

20
DSTI/CP(2010)18/FINAL

Norvège The Consumer www.forbrukerombudet.no/asset/3645/1/3645_1.pdf


Bureau du Ombudsman’s Guidelines
médiateur de la on the Use of
consommation Environmental and Ethical
Claims in Marketing
(2009)

Use of Environmental
www.forbrukerombudet.no/asset/2857/1/2857_1.pdf
Claims in the Marketing of
Vehicles in Relation to the
Marketing Control Act
(2007)
Nouvelle- The Fair Trading Act - www.comcom.govt.nz/FairTrading/GuidelinesforGreenMar
Zélande Guidelines for Green keting/Overview.aspx
Commerce Marketing (2008)
Commission

Royaume-Uni
Department for Green Claims - Practical www.defra.gov.uk/environment/business/marketing/glc/pdf/
Environment, Guidance (2003) genericguide.pdf
Food and Rural
Affairs (Defra)

Office of Gas & Green Supply Guidelines www,ofgem.gov.uk/Media/PressRel/Documents1/040209of


Electricity gem8.pdf
Markets
(Ofgem)

21

Vous aimerez peut-être aussi