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Comment développer

vos perceptions extrasensorielles

Par Jane Roberts

(Traduit de l’américain)

janeroberts.fr - 25-12-2020
Comment développer vos perceptions extrasensorielles

Table des matières

Introduction à l’édition de 1966.............................................................................................................. 1


Introduction à l’édition de 1976.............................................................................................................. 9
Chapitre premier. – Comment utiliser une planche Ouija – Comment la planche fonctionne-t-elle ? –
Nous rencontrons Seth .......................................................................................................................... 14
II. – Utiliser le Ouija comme tremplin – Je parle pour Seth – Expériences pour vous – Comment
évaluer vos résultats – Communication verbale – Écriture automatique............................................. 27
III. – Une séance sur mesure – Nos expériences – Expériences pour vous ........................................... 39
IV. – Rêves prémonitoires – Comment vous rappeler vos rêves – Faites-vous des rêves
prémonitoires ? Découvrez-le ............................................................................................................... 48
V. – Différentes sortes de rêves clairvoyants – D’autres expériences pour vous – Tous les rêves sont-
ils clairvoyants ? Nos expériences ......................................................................................................... 57
VI. – Télépathie – Captons-nous les pensées des autres ? – Expériences pour vous ........................... 69
VII. – Les étapes vers le temps psychologique – La transe légère – Expériences pour vous ................ 82
VIII. – Le temps psychologique – Plus au sujet de la transe – Expériences pour vous – Nos expériences
– Caractéristiques de la conscience ...................................................................................................... 96
IX. – Une autre façon de regarder l’aujourd’hui de demain : les prédictions. – Nos expériences –
Expériences pour vous ........................................................................................................................ 108
X. – Plus au sujet des prédictions – Quelques prédictions de Seth – Une expérience pour vous ...... 121
XI. – Avez-vous déjà vécu ? – La réincarnation, fait ou fiction ? – Nos expériences – Expériences pour
vous ..................................................................................................................................................... 131
XII. –La réincarnation, relations familiales et personnalité – Vous souvenez-vous de vos vies passées
dans vos rêves ? – Discussion générale ............................................................................................... 144
XIII. – Phénomènes suggérant la survie de la personnalité humaine – Qui est Malba ? – L’histoire du
Père Traynor – Seth s’emporte – Apparition lors d’une séance avec Seth ......................................... 154
XIV. – Le « monde des esprits » et la survie de la personnalité humaine – Apparitions dépendantes
etindépendantes ................................................................................................................................. 165
XV. – Recherches générales sur les perceptionsextrasensorielles – Médiums et contrôles –
Conclusions.......................................................................................................................................... 179
Ce livre est dédié à mon mari
Robert F. Butts, Jr.,
pour son aide inestimable.
Introduction à l’édition de 1966
Vous pourriez prédire l’avenir. Vous pourriez parler à des amis lointains
sans utiliser le téléphone ; réagir au message sans jamais savoir que vous
l’avez reçu, pour commencer. Vous pourriez être averti de catastrophes
avant qu’elles ne se produisent, changer vos plans sans être jamais conscient
de l’avertissement. Vous pourriez aller rendre visite à des parents ou à des
amis qui ne sont plus vivants, pour utiliser le langage courant. Ils pourraient
venir vous voir sans que vous soyez conscient de leur présence. Vous pourriez
accomplir l’une de ces choses, ou toutes, sans même le savoir.
Impossible ? Incroyable ? Pas du tout. Votre esprit conscient ne sait que
ce que vous lui permettez de savoir. Tout le reste est caché dans votre es-
prit subconscient. Vous perdez souvent des informations importantes parce
qu’il vous fait peur. Mais aucune impression n’est jamais vraiment perdue.
Nous n’oublions jamais vraiment. Nous agissons souvent sur la base d’infor-
mations venues du subconscient, pendant que l’ego conscient refuse de re-
connaître son existence.
Vos capacités et vos potentiels intérieurs sont plus variés et plus puis-
sants que vous n’imaginez. Le but de cet ouvrage est de vous donner la capa-
cité de les reconnaître et de les utiliser dans votre vie quotidienne. Vous les
utilisez déjà, mais d’une façon atténuée et inefficace. Ils fonctionnent mal-
gré vous.
Ce livre est destiné à tous ceux qui aimeraient en savoir plus sur ces apti-
tudes intérieures, qui ont entendu parler de l’ESP - la perception extrasenso-
rielle 1 - ou ont lu des choses à son sujet, et qui seraient curieux d’apprendre
quelles méthodes de communication inconnues peuvent se cacher à l’inté-
rieur d’eux-mêmes. Il ne vous donnera pas de nouveaux pouvoirs ésoté-
riques ; il vous permettra de développer et d’utiliser ces capacités psy-
chiques qui sont latentes dans chaque individu.
Je sais que n’importe quel individu normal est capable de révéler ces ca-
naux secrets de communication et de les utiliser, parce que je l’ai fait – en y
consacrant beaucoup de travail, de temps et de discipline, c’est vrai – mais
sans aucune expérience ou aucun entraînement préalables dans ce genre de

1 [ESP : extra-sensory perception.]

1
phénomènes. Ce projet a toujours été une des entreprises les plus grati-
fiantes de ma vie. Vous pourrez profiter de mon expérience alors que je vous
guiderai dans ce voyage par les horizons largement inexplorés des potentiels
humains.
Avant de commencer mes propres expériences, je n’en savais pas beau-
coup sur l’application pratique de ces capacités intérieures. Depuis, grâce à
une expérimentation et à une application intensives, j’en ai acquis une con-
naissance intime. Ce sont les expériences décrites dans ce livre qui m’ont
permis d’apprendre à reconnaître et à utiliser mes propres capacités extra-
sensorielles.
Je sais désormais qu’il entre dans le domaine du pouvoir psychique de la
personnalité humaine de prédire l’avenir, parce que je l’ai fait, d’une façon
assez limitée mais constante. Je sais que les rêves peuvent être de la clair-
voyance parce que je me suis entraînée à me souvenir des miens, et que je
les ai comparés aux événements qui se sont produits ensuite dans ma vie.
Ces expériences sont aussi décrites pour vous dans ce livre. Je sais que la té-
lépathie fonctionne car aujourd’hui je suis capable de la repérer. L’expé-
rience m’a permis de la reconnaître. Je n’en fais plus une coïncidence.
Le résultat de mes expériences a fait que j’ai vécu de nombreuses expé-
riences fortes qu’il n’est pas possible d’expliquer de façon satisfaisante en
restant dans le cadre limité de notre système reconnu de connaissance. Nous
parlerons de ces expériences dans les chapitres suivants. Pourtant, avant de
décider d’étudier le champ des perceptions extrasensorielles pour moi-
même, je n’avais aucune expérience personnelle d’aucune sorte des phéno-
mènes psychiques. Je suis convaincue que ces pouvoirs et ces capacités de-
meurent à l’état latent dans chaque individu, mais que je les ignorais,
comme vous les ignorez sans doute vous-même.
Peut-être parce que j’écris moi-même, mes lectures couvrent de nom-
breux domaines d’intérêt. En lisant au sujet de l’ESP, ma curiosité a été pi-
quée. Mon mari, Robert F. Butts, s’y est intéressé aussi. Nous voulions expé-
rimenter nous-mêmes, mais la majorité des livres qui traitaient de ce sujet
parlaient d’anciens cas d’ESP qui avaient été étudiés des années auparavant
par diverses sociétés psychiques. D’autres ouvrages décrivaient les perfor-
mances de médiums célèbres. Nous ne trouvions nulle part le livre appro-
prié, qui aurait expliqué au commun des mortels ce qu’étaient les percep-
tions extrasensorielles en général, ou lui aurait montré comment les déve-
lopper.
Diverses sociétés secrètes proposaient l’information aux débutants, mais
elle était réservée aux membres, et l’adhésion était assez chère. La plupart
de ces sociétés affichaient aussi, dans les encarts que je découvrais dans di-
vers magazines, une certaine tendance à l’occultisme qui me faisait me tenir
à l’écart.

2
Nous avions d’innombrables questions. Les perceptions extrasensorielles
sont-elles inhérentes à la personnalité humaine ? Comment fonctionne la té-
lépathie ? Certains rêves sont-ils clairvoyants ? Qu’est-ce qu’une séance, une
absurdité superstitieuse, ou autre chose de plus grand ? Nous avions lu des
comptes-rendus de séances de Ouija. À quoi ressemblait cette planche ?
Comment fallait-il s’en servir ? Quelle était l’origine du Ouija ? Telles étaient
les questions qui nous faisaient avancer. Mon mari me suggéra de concevoir
mes propres expériences, de consigner leurs résultats – négatifs ou positifs –
et d’utiliser ce matériau pour en faire un livre. Aucun de nous n’a eu la plus
petite idée que cette innocente suggestion allait littéralement changer nos
vies.
Les lecteurs qui ne connaissent pas l’origine du nom Ouija peuvent être
intéressés, comme nous le fûmes, d’apprendre que le mot fut inventé, il y a
soixante-quinze ans, par William Fuld, de Baltimore, Maryland, qui en fit le
nom commercial de son équipement de « planche parlante » ; c’est dans ce
sens que le terme Ouija est utilisé dans ce livre.
Je n’ai pas commencé en participant à des séances ou en allant consulter
des médiums. D’abord, comme la plupart d’entre vous, je n’en connaissais
pas. J’étais aussi motivée, peut-être de façon injuste, par un préjugé contre
ceux qui vont visiter les cartomanciens, les astrologues et autres mages.
D’un côté je ne voulais pas être impliquée dans de possibles fraudes, ni de
l’autre me laisser aller à une crédulité enthousiaste. Je savais que je pouvais
me faire confiance. Je voulais découvrir à quoi je pouvais arriver par moi-
même. Ce livre expose le résultat de mes recherches et décrit les expé-
riences auxquelles je me suis soumise, de façon à ce que vous puissiez faire
vos propres recherches.
En fait ce livre est un manuel, une espèce de guide pratique des phéno-
mènes psychiques. Prenez votre temps, et lisez-le lentement. Lorsque vous
en aurez terminé avec les expériences, vous ne pourrez peut-être pas discu-
ter avec un ami à des kilomètres de distance sans utiliser le téléphone, être
averti de catastrophes avant qu’elles n’arrivent, prédire l’avenir ou aller
rendre visite à des parents ou des amis qui ne sont plus vivants, selon le lan-
gage courant. C’est-à-dire que vous ne serez peut-être pas capable de faire
tout cela. Mais vous aurez découvert en vous l’existence de capacités psy-
chiques. D’une façon ou d’une autre, elles se seront fait connaître.
Votre progression dépend dans une large mesure de votre attitude, mais
vous ne serez plus jamais le même. Toute nouvelle expérience modifie la
personnalité humaine à un degré ou à un autre. Cette expérience va élargir
votre champ de conscience, et amener dans le spectre de votre conscience
de veille ces capacités et ces perceptions intérieures qui sont une partie vi-
tale de votre héritage en tant qu’humain, même si vous les aviez ignorées
jusque-là.

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Même ceux d’entre vous qui ne liront ce livre que par amusement, sans
faire aucun effort pour pratiquer, en apprendront beaucoup. Vous réaliserez,
peut-être pour la première fois, que vos rêves ne sont pas des productions
chaotiques mais des actes subconscients valables, contenant des informa-
tions relatives au passé, au présent et à l’avenir. Vous saurez que vos intui-
tions comportent souvent des données importantes que vous pouvez ap-
prendre à utiliser à votre profit, et que votre faculté d’utilisation des per-
ceptions extrasensorielles n’est limitée que par vous-même.
Je ne vais pas raconter ici les hauts faits de médiums célèbres, ou faire
une liste de phénomènes psychiques déjà documentés. Vous trouverez ces
informations dans n’importe quelle bibliothèque locale, et tout en étant in-
téressantes, elles n’aideront personne à développer ses propres capacités.
J’exposerai en revanche mon initiation personnelle et mes progrès, et je
vous proposerai des expériences auxquelles vous pourrez vous essayer. C’est
vous qui décidez. Personne ne peut faire ces expériences à votre place.
C’est à vous qu’il appartient de les essayer et d’en évaluer honnêtement les
résultats, avec intégrité et bon sens.
À travers les âges l’homme s’est toujours appuyé sur ses perceptions ex-
trasensorielles, quelles qu’elles fussent. Les hommes et les femmes ordi-
naires se doutaient que la vie cachait d’autres dimensions derrière la façade
matérielle. Avec l’apparition de la science moderne, cependant, l’homme
organisé a de plus en plus réduit son intérêt aux réalités qu’il pouvait voir et
toucher. Il a semblé un moment que tout l’univers pouvait être expliqué de
cette manière.
Si une réalité ne pouvait être observée par les sens physiques, elle
n’existait tout simplement pas pour l’homme civilisé. Et puis est arrivée
l’électricité. Même aujourd’hui, personne n’en connaît la nature. Nous sa-
vons comment elle fonctionne sous certaines conditions, mais il n’y a rien
que nous puissions voir, toucher, tenir dans nos mains en disant : « Ah oui,
c’est ça, l’électricité. »
Plus tard la science a découvert que le soi-disant monde solide, le monde
physique objectif, n’était ni solide ni réel dans le sens habituel de ces mots.
Une table, par exemple, n’est pas ce qu’elle paraît être aux sens physiques.
Même si nous affirmons qu’une table est solide, par commodité et peut-être
au bénéfice de la santé mentale, elle n’est pas solide du tout. Une table est
un agrégat d’atomes assemblés de façon souple ; et ces atomes ne sont pas
immobiles non plus, car aucun atome n’est vraiment immobile. Cette table
que nous connaissons est en fait un mélange d’atomes et de molécules en
transformation permanente, éternellement en mouvement. Les scientifiques
doivent faire attention à ne pas se laisser duper par leurs sens physiques au
cours de leurs expériences. Une table, en d’autres termes, résulte de notre
manière de percevoir et d’organiser la matière fondamentale de l’univers.

4
Nous utilisons sans arrêt l’électricité. Nous utilisons sans arrêt nos tables
pour y poser nos verres et nos assiettes, eux-mêmes assemblages d’atomes
et de molécules. Il est certain que l’électricité est concrète. Il est certain
qu’une table est concrète. Le fait que la table ne soit pas ce qu’elle semble
être ne nous intéresse absolument pas, tant qu’elle continue à soutenir nos
verres et nos assiettes, tout aussi illusoires. Nous ne nous considérons pas
non plus comme superstitieux par le fait que nous nous en servons.
Il n’en demeure pas moins qu’en ce qui concerne la nature de la réalité
de base, nos sens physiques nous trompent. Mais en nous, nous avons la ca-
pacité latente de percevoir cette réalité telle qu’elle est vraiment. Les per-
ceptions extrasensorielles relèvent de cette capacité. Elles nous permettent
de percevoir la réalité au delà des barrières installées par les sens physiques.
Il n’y a rien d’occulte dans ces perceptions extrasensorielles. L’ESP, pour
employer le terme courant, désigne des perceptions qui nous arrivent autre-
ment que par les sens physiques. Beaucoup en concluent qu’elles doivent
avoir une source surnaturelle, mais le terme surnaturel en soi pose plusieurs
questions. Au Moyen-âge la télévision aurait été considérée comme surnatu-
relle. Il est plus logique de supposer simplement que la personnalité hu-
maine a des pouvoirs dont l’homme lui-même n’a aucune idée. Il est plus lo-
gique de supposer l’évidence : qu’énormément plus de choses existent que
celles admises dans les frontières du système de connaissance reconnu.
Étant donné que les sens physiques déforment la réalité de base, pour-
quoi devrions-nous restreindre la réalité à l’aune des sens physiques seuls ?
Considérez n’importe quelle émotion. Il est évident que les émotions sont
réelles, mais elles ne sont pas de la même réalité physique qu’une table.
Vous ne pouvez pas toucher une émotion. Vous ne pouvez pas voir une émo-
tion. N’importe quel lecteur comprendra si je dis que le chagrin est lourd,
qu’il pèse sur nous, mais aucun système de mesure ne peut calculer le poids
du chagrin en kilos ou en grammes. Le chagrin n’a pas de poids physique. Il a
un poids psychique indéniable, que nous connaissons tous. Mais comme
toutes les expériences psychologiques il fait partie de la réalité, même s’il
est impossible de le mesurer ou de l’analyser avec des instruments phy-
siques. Il y a beaucoup d’autres réalités qui ne peuvent être totalement per-
çues par les sens physiques.
Les résultats de mes propres expériences m’ont au moins conduite à ac-
cepter la possibilité d’une survie de la personnalité humaine au delà de la
transformation que nous appelons la mort. Je ne vois pas comment on pour-
rait expliquer certaines d’entre elles sans admettre que la personnalité,
même dans cette existence, est dans une certaine mesure indépendante de
la matière physique. Et si c’est le cas, pourquoi la personnalité devrait-elle
continuer à dépendre de la matière physique quand celle-ci se désagrège ?
Il me semble que nous devrions examiner sérieusement la possibilité de
la survie de la personnalité humaine. Nous sommes actuellement un mélange

5
de conscience et de matière physique, mais qu’étions-nous avant cette exis-
tence, et que serons-nous après ? Des investigations appropriées du champ
de l’ESP peuvent apporter une contribution importante dans ce domaine, car
à moins d’en apprendre plus sur les pouvoirs de la personnalité humaine,
nous ne pouvons pas espérer avancer dans notre compréhension de son his-
toire ou de son avenir. Nous avons regardé vers l’extérieur et exploré l’uni-
vers physique, mais nous avons fermé les yeux aux potentialités qui résident
dans l’esprit de l’homme lui-même.
Ma propre expérience dans ce domaine a radicalement changé certaines
de mes idées au sujet de la survie. En état de transe, j’ai prononcé des mots
qui n’étaient pas les miens, des mots qui ont abouti, en un peu plus d’un an,
à un manuscrit de 2000 pages dactylographiées que j’ai intitulé The Seth Ma-
terial. 2 Il offre des avancées déterminantes dans les domaines de la science
et de la parapsychologie, entre autres. Seth, dans ce matériau, insiste sur le
fait qu’il est une « personality energy essence 3 » qui n’est plus focalisée
dans le système physique ; qui parle à travers mon subconscient, tout en en
étant indépendante.
C’est Seth qui a suggéré certaines des expériences décrites dans ce livre
que vous êtes en train de lire. Le Livre de Seth parle de sujets tels que la na-
ture de la matière physique, le concept de dieu, l’antimatière, l’univers du
rêve, les couches du subconscient, la théorie de l’univers en expansion et les
limites du concept de causalité. À aucun moment n’apparaît une quelconque
contradiction. La personne qui écrit ce livre parle pour Seth, en état de
transe légère, deux soirs par semaine, toujours les mêmes, depuis décembre
1963. Pendant que ce livre est dans vos mains, plus de 200 séances ont été
tenues.
Seth a aussi prédit que ce livre serait publié par l’éditeur qui l’avait en
sa possession au moment de cette prédiction. Il a aussi annoncé qu’une
femme aurait une influence déterminante dans le contrat, mais il n’a pas
été possible de préciser si cette affirmation concernait cet ouvrage en parti-
culier. J’étais en contact avec le directeur de la maison d’édition, dont je
n’avais plus de nouvelles depuis un certain temps. J’ai fini par lui écrire, en
lui demandant de me renvoyer mon manuscrit. En réponse j’ai reçu une
lettre d’un nouvel éditeur, une femme, me demandant de garder le manus-
crit un peu plus longtemps. Un mois plus tard il était accepté, cinq mois
après la prédiction. Le contrat fut passé, du moins en partie en raison de
l’opinion de cette femme sur les grandes lignes du manuscrit. Mais au mo-
ment de la prédiction, je n’avais aucun contact avec une éditrice, et à ma
connaissance, elle n’était pas encore en contact avec la maison d’édition.

2
[En français Le livre de Seth.]
3
[Essence énergétique personnalisée.]

6
Encore une fois, je n’avais eu dans le passé aucune expérience médium-
nique de quelque nature que ce soit. Notre système éducatif a extirpé de
nous la reconnaissance des perceptions extrasensorielles. On nous enseigne à
ne faire confiance qu’aux choses que nous pouvons voir, sentir, goûter ou
toucher. Nous avons été éduqués avec une seule idée de la réalité, nette-
ment délimitée par des préjugés et des théories préconçues. Il est temps
d’ouvrir les yeux. Il est temps de découvrir par nous-mêmes les potentiels de
la personnalité humaine dans son intégralité.
Si vous appliquez les principes exposés dans ce livre avec l’esprit ouvert,
vous allez rapidement prendre conscience de réalités qui n’avaient pas en-
core touché votre champ de conscience. Vous aurez besoin d’un côté de la
perception intellectuelle de l’objectivité, et de l’autre, de la perception
libre et forte de l’intuition. Vous trouverez ici des expériences que vous pou-
vez faire vous-même, à la maison, qui feront entrer dans votre quotidien la
réalité des perceptions extrasensorielles, et par lesquelles vous découvrirez
où résident vos propres capacités.
Chaque personne est différente. Ce n’est pas parce que la musique existe
que nous sommes tous des musiciens experts. Mais chacun peut percevoir et
apprécier la musique à sa propre mesure, et se sentir mieux en goûtant ce
plaisir. Chacun a des aptitudes particulières dans des domaines différents, ce
qui s’applique ici également.
En découvrant ces expériences vous allez découvrir vos inclinations per-
sonnelles. Ce que mon mari et moi avons appris, nous l’avons découvert de
la façon la plus difficile, par essais et erreurs. Mais vous pouvez aller beau-
coup plus vite. La lecture de ce livre vous apportera au moins une idée claire
de ce que vous faites, de comment le faire, et de la manière d’évaluer vos
résultats.
Vous aurez besoin de bon sens et de jugement critique pour vos évalua-
tions, mais les expériences elles-mêmes requièrent une certaine sponta-
néité. Libérez-vous le plus possible de notions préconçues. Explorez la réa-
lité intérieure avec le même émerveillement que celui d’un enfant devant
toute nouvelle expérience.
Quand j’ai commencé cette aventure, par exemple, j’étais tout à fait
disposée à considérer la télépathie et la clairvoyance comme des aspects lé-
gitimes de l’activité psychique, mais pour moi cette idée de séances ou de
planche qui parle était idiote ; c’était le passe-temps de névrosés, ou de dé-
séquilibrés. J’ai inclus les séances et le Ouija dans mes recherches unique-
ment parce que j’étais déterminée à ne pas me laisser emporter par mes
préjugés personnels. Le résultat a été que mes idées ont été considérable-
ment modifiées. C’est une simple expérience de Ouija, acceptée à contre-
cœur, qui a conduit aux séances avec Seth. Les séances expérimentales te-
nues ensuite le soir chez moi m’ont convaincue qu’il y avait plus ici que de
l’hystérie ou de la superstition.

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Ce que vous retirerez de ce livre dépend dans une large mesure de
l’énergie, du temps et de l’intérêt que vous êtes disposé à investir. L’auto-
discipline, le bon sens, le sens intuitif et la persévérance sont nécessaires si
vous voulez tirer le plus grand profit possible de ces expériences. Mais au
strict minimum, vous découvrirez la réalité de vos perceptions intérieures.
Ce voyage dans le monde de l’ESP est en fait une exploration de la per-
sonnalité individuelle ; un voyage vers vous-même. Vous n’avez pas besoin
d’aller chercher un médium ou une diseuse de bonne aventure pour décou-
vrir ce qu’il en est de phénomènes tels que la clairvoyance ou la télépathie.
En fait, il est bien possible que vous vous en sortiez beaucoup mieux vous-
même. La plupart des médiums sont des personnes honnêtes et dignes de
confiance, mais une seule rencontre avec un imposteur ou un névrosé dans
ses délires pourrait vous inciter à abandonner toute votre quête, par dégoût.
Si certaines expériences dans ce livre vous semblent bizarres ou « déjan-
tées », pensez à la table qui n’est pas solide du tout. Peut-être en ce mo-
ment, pendant que vous êtes en train de lire, votre coude repose-t-il sur une
telle table. Pensez à l’électricité, que vous utilisez constamment mais que
vous ne comprenez pas. Alors vos capacités cachées ne vous sembleront plus
si étranges, après tout.
Vous pouvez vous faire confiance. Allez regarder à l’intérieur de vous, et
voyez ce que vous y trouvez.

8
Introduction à l’édition de 19764
Écrire une nouvelle introduction à ce livre me ramène dix ans en arrière
en temps terrestre, au début de mes explorations psychiques. Mais il y a plus
encore. Ma psyché fait des allers-retours à toute vitesse entre le passé et le
présent : j’ai commencé à parler pour Seth depuis une « capacité médium-
nique » alors que j’étais en train d’écrire ce livre, et d’une certaine façon,
tous les livres que Seth et moi avons écrits sont nés de ces pages.
Le livre s’appelait à l’origine Comment développer vos pouvoirs psy-
chiques ; il reposait sur une série d’expériences que j’avais conçues à la
suite d’une sortie de corps involontaire. Ici, dans ces chapitres, j’ai retracé
au jour le jour ces premières expérimentations qui ont conduit à l’arrivée de
Seth. Chaque chapitre contient des extraits de ces premières séances. Seth
arrivait apparemment de nulle part. Pour ce que j’en savais, il allait repartir
et disparaître dans l’inexplicable, ne laissant que le souvenir d’une énigme
psychologique, une étrange apogée dans ma vie, et je retournerais à mon
écriture habituelle – enrichie, mais relativement inchangée.
Le premier éditeur à qui j’ai envoyé le livre l’a refusé à cause de l’appa-
rition de Seth, mais a proposé de le publier si je retirais cette partie de l’his-
toire. J’ai été assez honnête pour refuser. Apparemment il est très bien de
parler des phénomènes psychiques si vous rassemblez des cas concernant
d’autres personnes et enquêtez sur eux, mais sans obscurcir le sujet par vos
propres expériences – cela, visiblement, vous décrédibilise ; comme si vous
pouviez beaucoup mieux décrire un orgasme, de façon beaucoup plus scienti-
fique, si vous n’en avez jamais eu un seul. Je trouvais cette attitude plutôt
curieuse, et de façon assez générale, c’est celle qui prédomine encore ac-
tuellement.
En tout cas le livre a été publié, mais « dans le vide ». J’avais quitté mon
travail dans une galerie d’art pour le terminer. Quand il est sorti, je débutais
en tant qu’institutrice dans une école maternelle. Mon mari, Robert Butts,
et moi fûmes invités à participer à une émission de télévision à New York.
Nous avons annulé à la dernière minute, après avoir découvert que nous al-
lions être traités comme les super branquignoles du Ouija, aux dépens de

4
[Ce même livre a été réédité en 1976 sous le titre The Coming of Seth, L’arrivée de Seth.]

9
notre intégrité et de celle du public. Nous avons décidé de juste continuer
les séances et de nous en tenir là.
J’ai écrit un autre livre, sur le rêve et les sorties hors du corps, où je
mentionnais Seth quasiment en note en bas de page ; je mettais l’accent sur
l’histoire des phénomènes psychiques, en minimisant mes propres expé-
riences qui prenaient de l’ampleur. Heureusement, l’éditeur à qui j’ai en-
voyé le texte a compris ce que je faisais, et il a demandé un manuscrit au
sujet de Seth. Celui-ci est devenu le Livre de Seth.
Mais dans ce premier petit livre, mieux que nulle part ailleurs, on peut
voir à chaque page l’enthousiasme des débuts, l’excitation croissante, les
objections de l’intellect, la tension incessante entre la validité de l’expé-
rience psychique et le besoin d’explications rationnelles.
L’ouvrage a fait l’objet de quelques recensions, mais certaines m’ont
mise en garde contre le fait d’égarer mes lecteurs en encourageant l’expéri-
mentation avec le Ouija – ce qui, d’après ces auteurs, pourrait mener au
mieux à des troubles psychotiques, au pire à la possession par des esprits dé-
moniaques. Ici encore j’affirme, dix ans après, que les esprits démoniaques
n’existent pas en tant que tels ; ce qui existe, c’est uniquement le « mal »
des peurs superstitieuses, de l’ignorance et des dogmes qui enseignent aux
gens à avoir peur de ce qu’ils ne connaissent pas : ces mêmes dogmes qui
conduisent au fanatisme plutôt qu’à la tolérance, à la peur plutôt qu’au cou-
rage, à la dépendance plutôt qu’à la confiance en soi.
De nombreuses personnes sont dans la même situation que celle dans la-
quelle j’étais lorsque j’ai démarré les expériences listées dans ce livre :
elles ont vécu quelque chose qui ne correspondait pas aux concepts acceptés
au sujet de la vie, et veulent en savoir plus. Elles refusent de se retrouver
harnachées de tout l’attirail des dogmes de quelqu’un d’autre. Elles souhai-
tent juste avoir une idée de la façon de procéder. Et c’est une quête qui
peut être à la fois fascinante, difficile et amusante.
Par exemple, Rob et moi étions gênés d’utiliser la planche la première
fois… et la deuxième fois… et la dixième fois. Cela semblait idiot pour des
adultes de faire ce genre de chose. Mais les jeux des enfants peuvent aussi
sembler idiots aux adultes – précisément parce qu’ils sont si simples et di-
rects, sérieux et futiles en même temps. Si le Ouija peut parfois être inquié-
tant, c’est parce qu’il stimule notre amour de ce qui nous fait peur – l’in-
connu est au bout de nos doigts – et si le Ouija raconte des histoires bizarres,
c’est aussi le cas des contes pour enfants. Mais une fois que vous avez appris
à déchiffrer son « langage », vous découvrez que parfois la psyché est obli-
gée de nous secouer hors du quotidien pour se faire entendre.
Sous de nombreux aspects ce livre est naïf. Je n’avais rien lu de la litté-
rature soi-disant occulte quand je l’ai écrit ; aujourd’hui je pense que
c’était mieux ainsi, parce que tout, y compris le fait de parler en état de
transe, était nouveau pour moi. Je ne savais même pas que d’autres

10
l’avaient fait avant moi. Aujourd’hui certaines de nos questions paraissent
simplistes ; pour d’autres, nous sommes encore dans le processus de la ré-
ponse. Mais finalement, il semble bien que les réponses aux questions les
plus importantes ne conduisent qu’à des questions encore plus profondes,
devant lesquelles des mots tels que « oui » ou « non », « vrai » ou « faux »,
« réel » ou « irréel » finissent par disparaître dans le vaste contexte d’une
expérience suffisamment immense pour englober les incongruités, les excen-
tricités et les apparentes contradictions au sein desquelles se déroule notre
réalité élargie.
Pour moi ce livre fut aussi une fin et un commencement. Alors que je
mettais par écrit mes nouvelles expériences, d’anciennes questions venues
de ma jeunesse vinrent me défier en tant qu’adulte, pour m’amener finale-
ment à me détourner de mon objectif d’une confortable carrière d’écrivain
au sein de ce qu’on appelle un peu négligemment l’establishment. Je n’arri-
vais plus à camoufler mes connaissances intuitives sous la fiction. C’était une
réalité pratique qui me défiait quotidiennement. Il ne pourrait exister aucun
roman inventé autour d’une « personnalité » appelée Seth, comme aupara-
vant j’avais déguisé mes rêves en science-fiction, les cachant derrière les
idées conventionnelles que l’on se fait de la créativité.
Cette créativité-là était sortie de la « zone de sécurité ». Les expé-
riences présentées dans ce livre fonctionnaient – bien mieux que je n’aurais
jamais pu l’imaginer. J’étais étonnée, et un peu troublée. Il était tout à fait
respectable de se baser sur l’hypothèse de la télépathie et de la clair-
voyance pour écrire de la science-fiction – personne n’affirmait évidemment
qu’on pouvait « lire » dans les pensées. Mais soudain ces hypothèses avaient
sauté par-dessus les limites du « peut-être » pour atterrir dans le salon, et
c’était tout autre chose que de présenter ces théories bizarres comme des
faits connus. L’occultisme n’était pas à la mode. Disparus étaient mes es-
poirs de jeunesse d’une reconnaissance, ou de bonnes critiques dans les
pages littéraires du Saturday Review ou du New York Times. Je n’envisageais
même pas à l’époque d’écrire de la non-fiction, alors des comptes-rendus…
c’est encore autre chose !
Et donc mon monde, ainsi que celui de Rob, fut ébranlé jusqu’à ses fon-
dations. Chez des voisins qui avaient organisé une petite fête pour célébrer
la sortie de ce livre, je lus certains de mes poèmes sans rien dire du tout du
sujet du livre, tellement mes sentiments étaient partagés. The Coming of
Seth a donc représenté mon initiation à un nouveau genre de réalité, et j’ai
commencé à ce moment-là mes efforts pour mettre en contact ce monde
plus vaste avec celui généralement admis.
Nous avions tenu environ deux cents séances avec Seth quand le livre fut
terminé. Aujourd’hui, leur nombre a largement dépassé le millier. Les
propres livres de Seth, dictés pendant que je suis en transe, étaient encore à
venir, et à l’époque j’aurais refusé l’idée d’un « livre de Seth ». Parler pour

11
une « essence énergétique personnalisée » était une chose, mais l’écriture,
c’était mon territoire. Combien mes idées sur le moi ont pu changer depuis !
Désormais mon territoire a grandi jusqu’à inclure de nombreuses expériences
de toutes sortes, que je ne pouvais accepter comme faisant partie de mon
moi – ou du moi en général.
J’ai pris toutes les précautions possibles, dans le cadre d’une vie quoti-
dienne ordinaire, pour rester objective, pour garder mes expériences psy-
chiques à distance, pour les examiner avec un scepticisme poli, mais déter-
miné. Il n’y a rien de mal à cela, et pour se lancer dans une telle aventure,
c’est une attitude plutôt saine. Pour parler de Rob dans nos expériences
d’hypnose, je disais « le sujet » ; cela semblait plus scientifique. Aujourd’hui
je trouve ça drôle : oublier que l’on parle d’une jeune femme qui hypnotise
son mari, laisser de côté les éléments émotionnels, définitivement présents,
pour donner à toute cette histoire un aspect plus respectable.
Dans leurs recherches sur la personnalité humaine, les scientifiques es-
saient souvent de réduire ses caractéristiques aux proportions qu’ils peuvent
gérer, en ne considérant pas les éléments plus profonds, qu’aucun électroen-
céphalogramme ne peut décoder. De la même façon, j’ai parfois et dans une
certaine mesure essayé de repousser Seth « ailleurs », en oubliant que, quoi
qu’il fût, cela se passe dans et par mon psychisme.
Mais il n’est plus possible de restreindre le champ de l’expérience hu-
maine et l’exploration de sa nature, ne fût-ce qu’officiellement, aux condi-
tions extérieures de notre environnement. Notre être dispose d’un environ-
nement intérieur beaucoup plus vaste, où la réalité émotionnelle de la psy-
ché est tout aussi « objective » que n’importe quel objet physique.
En fait, ce livre est le premier d’une saga qui continue de se dérouler –
encore une chose que nous ne pouvions pas savoir, du moins consciemment,
à l’époque de sa rédaction. Les expériences présentées ici sont simples et
rudimentaires, mais elles ont vraiment marché pour nous, et elles le feront
aussi pour chaque lecteur, à un degré ou à un autre. Nous avons commencé
avec le Ouija. C’est la méthode la plus basique pour activer les parties non
reconnues de la psyché, une méthode considérée comme méprisable et dés-
honorante par la plupart des parapsychologues. Et il est certain que les con-
séquences peuvent être lourdes, bouleversantes, invraisemblables et « non
scientifiques », comme avec n’importe quel accessoire hautement créatif.
Mais il ne s’agit pas ici d’un livre pour les scientifiques. C’est un manuel
pour les gens ordinaires, dont le seul accès à un laboratoire est leur envie
d’ouvrir les portes du laboratoire de l’esprit personnel. Comment fonctionne
votre conscience ? Jusqu’où s’étend-elle ? En fin de compte, les réponses se
trouvent aux niveaux officieux autant qu’officiels de notre expérience. Ces
simples exercices feront partir chaque lecteur qui les pratiquera vers un
voyage intérieur – qui sera, fondamentalement, imprévisible et créatif, car il
n’existe pas deux consciences semblables.

12
Pour le redire encore une fois, quand j’ai commencé ce livre, je démar-
rais de zéro. Pourtant, Rob et moi sommes encore et toujours surpris, a pos-
teriori, de constater que les théories que Seth devait détailler ultérieure-
ment sont toutes contenues au sein de ces premières séances. Ses idées sur
les probabilités, le temps simultané, le point présent, 5 entre autres, font
leur première apparition publique dans ces pages mêmes.
Ce livre est dédié à Rob, ce qui n’est que justice. C’est grâce à son impli-
cation et à son travail que les séances avec Seth ont été fidèlement enregis-
trées depuis le début, et ce sont ses encouragements et sa compréhension
qui m’ont aidée à poursuivre ces explorations. Rob et moi nous sommes em-
barqués ensemble pour ce voyage, sans avoir aucune idée de là où il pourrait
nous mener. Nous n’en avons toujours pas, mais nous avons découvert
d’autres aspects de la réalité, que nous essayons d’appliquer au domaine de
l’expérience quotidienne.
Jane Roberts
Septembre 1975

5
[Angl. Moment point.]

13
Chapitre premier. – Comment utiliser une planche Ouija –
Comment la planche fonctionne-t-elle ? – Nous
rencontrons Seth
Pendant l’été 1913, une ménagère de Saint-Louis utilisa une planche
Ouija comme jeu de salon. Le pointeur commença à épeler un message pro-
venant d’une personnalité féminine disant s’appeler Patience Worth, suppo-
sée avoir vécu en Angleterre au XVIIe siècle. Durant vingt-cinq ans, Patience
Worth allait dicter des poèmes et des romans qui furent publiés et commen-
tés. La ménagère, Mme Pearl Curren, n’était pas très cultivée. Sa personna-
lité d’avait rien à voir avec celle de Patience Worth.
Patience utilisait la langue d’une époque lointaine, avec l’orthographe
archaïque correspondante. Il lui arrivait de mentionner dans ses histoires des
ustensiles ménagers depuis longtemps disparus de l’usage autant que des
mémoires. Le cas a été bien étudié, et l’on n’a jamais relevé aucune trace
de fraude. Des désaccords ont seulement concerné la question de l’origine
de la personnalité de Patience Worth.
Était-elle l’esprit d’une femme depuis longtemps décédée ? Connaissait-
elle aussi bien le XVIIe siècle parce qu’elle y avait vécu ? Ou bien Mme Cur-
ren avait-elle sans le savoir accumulé une quantité fantastique d’informa-
tions dans son subconscient, toutes relatives au passé ? Si oui, quelle était la
source de cette connaissance ?
Beaucoup des détails donnés par le Ouija n’étaient connus que des uni-
versitaires. Si le subconscient de Mme Curren avait lui-même, d’une façon ou
d’une autre, récupéré ce trésor de connaissance, il est alors évident que le
subconscient dispose de capacités dont le conscient ignore tout. Mais même
cette explication du cas Patience Worth laisse beaucoup de questions sans
réponse. Les informations fournies n’étaient pas de celles dont on dispose
habituellement. D’où venaient-elles ? De quelle façon le subconscient de
Mme Curren a-t-il organisé le matériau pour en faire des romans et des
pièces de théâtre ?
D’un autre côté, si Patience Worth était vraiment une personnalité ayant
par le passé interagi avec la matière physique, alors c’est un autre genre de
questions qui vient à l’esprit. A-t-elle communiqué par l’intermédiaire du
subconscient de Mme Curren ? Est-ce elle qui a fait fonctionner le Ouija ou

14
est-ce Mme Curren ? D’une façon ou d’une autre, nous sommes confrontés au
fait que la personnalité humaine est moins limitée par le temps et l’espace
que nous le supposons.
Je mentionne ce cas parce que le Ouija a joué un rôle prépondérant dans
l’émergence de la personnalité de Patience Worth. On a pu qualifier la
planche de méthode pour libérer le subconscient, d’un moyen de communi-
cation entre les vivants et les morts, ou d’un jeu de salon un peu bête, au-
quel ne s’adonnent que les blasés et les névrosés. Seulement le rôle joué par
le Ouija dans le cas Patience Worth a été suffisamment frappant pour me
convaincre qu’il pouvait tenir sa place dans mes recherches sur les percep-
tions extrasensorielles. Ni mon mari ni moi n’avions jamais vu un Ouija, mais
nous avons pu nous en procurer un. Ce chapitre sera consacré à nos expé-
riences avec lui et à leurs résultats ; il contient également des instructions
complètes pour que vous puissiez découvrir exactement comment l’utiliser
pour vous-même.
Une planche Ouija fait approximativement 65 cm de long sur 45 cm de
large. Les lettres de l’alphabet y sont imprimées sur deux rangs, en grandes
majuscules faciles à lire. Le mot « oui » est écrit en haut à gauche, et le mot
« non » en haut à droite. Sous l’alphabet figurent les nombres de 1 à 9, plus
le zéro. Tout en bas de la planche sont les mots « au revoir » écrits en carac-
tères légèrement plus petits.
La planche est livrée avec un petit pointeur, de la forme d’une petite
table miniature triangulaire à trois pieds. Pour faire fonctionner la planche,
les participants placent leurs mains sur le pointeur. Celui-ci repose sur la
planche. Pour vous familiariser avec la procédure, placez vos mains sur le
pointeur et faites-le glisser doucement sur la planche. Quand la planche
fonctionne correctement, le pointeur semble glisser de lui-même, sans que
vous ayez à faire le moindre effort.
On peut trouver des Ouija dans de nombreux magasins d’objets de diver-
tissement. La publicité se trouve dans le Fate Magazine. Il est aussi possible
de les commander chez Parker Brothers, Inc., Salem, Mass., aujourd’hui pro-
priétaire officiel de la marque Ouija. Les planches sont d’un prix modique,
et bien entretenues, elles durent des années.
Il est possible que vous réussissiez tout de suite. Autrement, ne vous in-
quiétez pas. Nos premiers essais ont été décevants. Ou bien le pointeur ne
bougeait pas, ou bien les lettres indiquées ne donnaient aucun sens. Ma
propre attitude à l’époque laissait franchement à désirer. Pour moi ce Ouija
était indigne du côté sérieux de mes intérêts. Intellectuellement je pouvais
concevoir qu’il eût une place dans mes recherches, mais émotionnellement,
j’étais gênée, mal à l’aise. Ce n’est évidemment pas la bonne attitude pour
essayer la planche, ou quoi que ce soit d’autre, pour la première fois. Nos
premiers essais ont été à ce point désastreux que je me demande d’autant
plus comment nous avons pu finir par réussir.

15
Voici quelques étapes à suivre pour effectuer vos premiers essais. Placez
le Ouija entre vous et votre partenaire. Installez-le à la manière d’une table,
de façon à ce qu’un côté repose sur vos genoux et l’autre sur les genoux de
l’autre participant. Gardez les yeux ouverts. Il est inutile de les fermer. Po-
sez vos deux mains sur le petit pointeur, placé sur la planche ; même chose
pour votre partenaire.
Détendez-vous. Quand la planche commence à travailler, le pointeur se
met en route et indique les lettres qui vont constituer le message. Si vous
n’avez aucun résultat durant les premières séances, de, disons, vingt mi-
nutes, ne vous découragez pas. Mais pour la majorité d’entre vous, la
planche va réagir dès la première fois. Autrement, c’est peut-être votre atti-
tude qui n’est pas la bonne. Essayez alors d’une façon plus légère, comme
un jeu. Souvenez-vous que si nous avions abandonné, déçus, dès nos pre-
miers échecs, le Livre de Seth n’aurait jamais vu le jour. Ce livre-ci n’aurait
jamais été écrit.
Si vous posez des questions à la planche, il est mieux au début qu’elles
ne soient formulées que par une seule personne à la fois. Si le pointeur ne
bouge pas, répétez la question. Faites des phrases simples. Vous pouvez
murmurer, parler à haute voix, ou juste former les mots mentalement. Posez
une seule question à la fois. Assurez-vous que vous laissez assez de temps à
la planche pour répondre.
Exercez une pression minimum sur le pointeur. Il ne peut pas bouger si
vous appuyez trop fort. Si la planche vous communique une impression
étrange, ouvrez la séance tout de suite par une question. La question d’en-
trée standard est : « Y a-t-il quelqu’un ? ». Les questions suivantes seront
bien sûr la conséquence des réponses données par la planche.
Si un message indique provenir d’une autre personnalité, posez des ques-
tions pour obtenir le maximum d’informations. Si la personnalité annonce ne
plus être vivante, demandez-lui ses dates et lieu de naissance et de décès.
Vous pourrez ensuite vérifier ce que vous avez reçu. Demandez les noms
d’autres personnes de la famille de la personnalité. Sont-elles vivantes ou
mortes ? Si elles sont vivantes, où vivent-elles ? Si elles sont mortes, quand
et où sont-elles mortes ? Si vous n’avez pas de réponse, ou si le pointeur hé-
site, mettez la question de côté, et revenez-y plus tard.
Certaines personnes ressentent ce système de questions-réponses comme
contraignant, pour elles ou pour la planche. Si c’est votre cas, restez simple-
ment assis en gardant les mains sur le pointeur. Assez rapidement celui-ci va
épeler son propre message, sans que vous n’ayez rien à demander. Ultérieu-
rement, quand vous vous sentirez plus à l’aise, vous pourrez utiliser une
combinaison de procédures avec d’excellents résultats. Quand on travaille
avec la planche, une honnêteté absolue est indispensable. La moindre mé-
fiance envers votre partenaire sera sérieusement préjudiciable à votre évo-
lution.

16
Le travail avec la planche est une expérience fascinante, et peut-être le
moyen le plus facile d’atteindre les perceptions extrasensorielles. Je vous
conseille de faire les expériences décrites dans ce livre dans leur ordre de
présentation, car chacune vous prépare à la suivante. Le champ des phéno-
mènes psychiques est un des rares où un amateur peut apporter sa contribu-
tion. Il est donc important que vous preniez soigneusement note de vos ex-
périmentations.
Quand vous travaillez avec la planche, vous ou votre partenaire pouvez
écrire les questions et les réponses quand le pointeur s’arrête entre deux
messages, ou bien quand il fait une pause, ce qui arrive parfois. Mais pour
des raisons pratiques, il est mieux que les questions et les réponses soient
écrites par une tierce personne chaque fois que cela est possible. Commen-
cez à prendre des notes dès votre premier essai. N’oubliez pas la date,
l’heure, et le nom des participants. Si vous posez des questions, écrivez-les
et laissez la place pour les réponses. Quand vous aurez un peu plus l’habi-
tude, ce serait une bonne idée de planifier des questions avant la séance.
Quand la planche travaille bien, vous pouvez être amené à développer
une espèce de sténo personnelle, car les messages peuvent arriver très rapi-
dement. Ordinairement la planche ne marque pas la ponctuation ; vous de-
vez donc être attentif au moment où une phrase se termine et où une autre
commence. Les mots peuvent être attachés les uns aux autres, de sorte qu’à
première vue le message semble n’avoir aucun sens. Analysez donc soigneu-
sement chaque message. Dans certains cas, la planche utilisera son propre
code d’abréviation. Elle peut utiliser le nombre 4 au lieu du mot for. 6 La
lettre u peut remplacer le mot you.
Au début, posez des questions simples auxquelles on peut répondre par
oui ou par non. Tant que vous n’avez pas vraiment confiance en vous, de-
mandez les initiales plutôt que le nom complet. Ne soyez pas crédule au
point d’.accepter des messages incohérents. N’essayez pas de donner du
sens à l’absurde en forçant votre imagination. La planche épellera des mots
complets, puis des phrases, et vous vous améliorerez avec la pratique.
Il est possible qu’un message apparemment incohérent soit en fait une
communication légitime dans une langue étrangère, mais c’est peu probable.
Habituellement, quand on ne trouve aucun sens à un message, c’est qu’il
n’en a pas. Enregistrez-le et oubliez-le, mais ne le jetez pas. Nous verrons
dans un autre chapitre comment vous pouvez utiliser ce genre de messages,
qu’ils aient été reçus par la planche ou par n’importe quelle autre méthode.
Ne vous inquiétez pas si par certains aspects des messages semblent con-
tradictoires, surtout au début. Il peut s’agir de distorsions d’informations va-

6
[4 = four, for = pour.]

17
lables. Nous y reviendrons ultérieurement. À partir de la troisième ou qua-
trième séance, si ce n’est plus tôt, vous devriez déjà recevoir des phrases
complètes. Après un mois de travail avec la planche, Rob et moi recevions
dix pages dactylographiées par séance.
Sentir bouger le pointeur tout en sachant que ni vous ni votre partenaire
n’intervenez consciemment est une expérience impressionnante. Quand nous
avons commencé avec la planche, nous ne savions pas à quoi nous attendre.
Je vais vous donner un bref aperçu de nos premières séances, de façon à ce
que vous ayez un point de comparaison pour vos propres résultats.
Après deux essais infructueux, nous avons commencé à recevoir des mes-
sages cohérents déclarant provenir de mon grand-père, Joseph Adolph
Burdo, décédé en 1949. Grand-père était français-indien. Il parlait très bien
anglais, mais d’une façon bien à lui. Par exemple, il prononçait toujours les
mots these, them et those comme dees, dem et dos. La planche utilisait
cette orthographe, et d’une façon générale reflétait sa façon personnelle de
prononcer la langue anglaise.
Nous avons aussi reçu des messages d’autres personnalités ayant survécu
à la mort, mais qu’aucun de nous deux n’avait connues. Nous contrôlions les
dates de naissance et de décès données dans les messages. Ceux-ci étaient
généralement cohérents. Les histoires de vie étaient tout à fait plausibles. À
ce moment-là nous étions surpris, mais pas spécialement impressionnés, sur-
tout que nous n’arrivions jamais à recontacter la même « personne » quand
nous essayions la fois suivante. Mais nous étions suffisamment intéressés
pour continuer.
Après deux ou trois séances de ce genre, nous avons été de nouveau
inondés de galimatias. Au milieu de ces inepties quelque chose de clair appa-
rut : « chemins de l’Orient ». Ces mots avaient du sens, mais nous ne le sa-
vions pas à l’époque. Nous les avons pourtant consciencieusement inclus
dans nos notes. C’est une des raisons pour lesquelles il est si important de
tout noter. Parfois des phrases apparemment absurdes peuvent prendre du
sens plus tard, comme celle-ci.
Notre séance suivante avec le Ouija marqua le début d’une expérience
unique, qui se poursuit encore aujourd’hui. Elle commença, de façon assez
banale, avec un message d’une personnalité que j’appellerai Frank Withers,
même si ce n’est pas le nom donné par la planche. Frank Withers nous dit
qu’il avait enseigné l’anglais à Elmira, New York, pendant trente ans, et
ajouta d’autres informations sur son environnement et sa famille.
Le lendemain j’ai demandé à une vieille dame, native d’Elmira, si elle
avait connu quelqu’un du nom donné par la planche. Je ne lui ai pas dit
pourquoi je lui posais la question. Elle répondit clairement qu’elle avait
connu cette personne, en ajoutant qu’elle faisait partie de son cercle éloi-

18
gné de connaissances, et était décédée au début des années 40. Frank Wi-
thers nous avait donné 1942 comme année de sa mort, un fait que cette
femme, évidemment, ne pouvait pas connaître.
Les quelques séances suivantes se déroulèrent de la même façon, tou-
jours avec Frank Withers. Pour plusieurs raisons nous n’avons pas enquêté
plus avant sur ces données. D’abord il y avait plusieurs contradictions fla-
grantes dans les dates. Ensuite, surtout au début, il était difficile d’imaginer
que l’information était valable au sens habituel du terme. Il est clair que le
manque de temps a joué un rôle dans notre négligence (nous avions tous les
deux un travail à temps plein), ainsi que la peur de nous attirer quelques dé-
sagréments en allant consulter les registres publics. Nous n’avions aucune
idée alors que les séances de Ouija allaient continuer, ni qu’elles allaient
déboucher sur tout autre chose. Nous étions simplement contents de faire
l’expérience d’un phénomène dont jusque-là nous n’avions eu connaissance
que par des lectures.
Finalement nous n’avons eu affaire que brièvement à Frank Withers, le
temps de trois séances. La séance suivante fut ouverte avec lui, mais sa per-
sonnalité fut remplacée par celle de Seth. Les séances avec Seth avaient
commencé. Il fut immédiatement évident que les messages de la planche
avaient soudain grandi en étendue et en qualité. Nous nous retrouvions à
échanger avec une personnalité d’une intelligence supérieure, une personna-
lité qui avait son humour à elle, qui faisait constamment preuve d’une fi-
nesse psychologique et d’une connaissance qui étaient indubitablement au
delà de nos possibilités conscientes.
Avec cette séance, la planche a commencé à dicter paragraphe après pa-
ragraphe, l’un après l’autre. À ma grande consternation, Seth a insisté dès le
début de la séance sur le fait que la réincarnation n’était pas une possibilité,
mais un fait de l’existence humaine. Il a commencé par faire une liste de nos
précédentes incarnations à Robert et à moi, donnant noms, dates, relations
familiales et autres détails. Une partie du matériau a été contrôlée sous hyp-
nose, d’autres détails doivent encore être vérifiés. Quand nous en aurons
rassemblé suffisamment nous comparerons toutes les informations aux don-
nées déjà existantes. Cela sera discuté dans les chapitres concernant la réin-
carnation.
Robert et moi étions tous les deux familiers de la théorie de la réincarna-
tion, mais nous l’avions écartée, pour des raisons pratiques, en raison d’in-
cohérences pour nous insurmontables. Pour moi, la réincarnation touchait à
l’occulte. Seth a contredit chacune de mes protestations avec une logique
imparable, et a ultérieurement fait une liste d’expériences que nous pou-
vions pratiquer pour prouver la validité de la théorie.
Était-ce moi qui actionnais la planche ? Était-ce Robert ? Nous avons com-
mencé à nous tester l’un l’autre. Je retirais ma main du pointeur sans aver-
tissement, le pointeur s’arrêtait. Robert faisait la même chose. Le pointeur

19
s’arrêtait. Généralement la planche ne travaillait pas pour un seul de nous
deux. Notre présence conjointe semblait nécessaire, mais ni l’un ni l’autre
ne faisait bouger le pointeur.
Nous avons fait la connaissance de Frank Withers le 2 décembre 1963.
Auparavant, il nous avait toujours été impossible de maintenir une certaine
continuité entre les séances. À partir de l’arrivée de Seth, chaque séance a
renforcé les précédentes. Seth a spécifié que nous devions tenir deux
séances par semaine, pour lesquelles il a indiqué le jour et l’heure. Les
séances variaient de deux à trois heures, parfois plus. Nous avons gardé ce
rythme, et les séances se poursuivent.
Peu après l’apparition de Seth, une phrase a attiré notre attention. Seth
était en train de présenter différentes vies passées de Robert. Selon lui, Ro-
bert possédait des terres au Danemark dans les années 1600 ; il avait des
fermes près d’une ville aujourd’hui disparue, appelée Triev. En parlant de
cet endroit au Danemark, il utilisa l’expression « chemins de l’Orient », et
nous nous sommes souvenus qu’elle était apparue, au milieu du charabia,
lors d’une des premières séances.
Vous trouverez à la fin de ce chapitre des extraits de nos premières
séances. Les questions que nous posions vous aideront à formuler les vôtres.
Notez les premières réponses de la planche, consistant en un seul mot, et les
longues réponses que nous obtenions à la quatrième séance. Il est plus que
probable que votre expérience reflètera cette progression.
Mais qu’est-ce qui fait fonctionner un Ouija ? Avant de répondre à cette
question, observons la constitution de la personnalité humaine, car c’est une
partie de cette personnalité qui permet ce genre de communication.
L’ego est cette partie de vous que vous connaissez par votre vie quoti-
dienne. C’est votre je conscient. Ce je conscient n’est pas quelque chose de
concret. Il change constamment. Il n’est plus le même aujourd’hui que
quand vous étiez enfant, et il sera encore différent demain.
L’ego est cette partie de vous qui affronte le monde du quotidien et gère
les problèmes pratiques. Il s’est formé autour de certaines capacités et incli-
nations de votre personnalité. Certaines d’entre elles sont acceptées et utili-
sées par l’ego, et deviennent une partie du moi conscient. Toutes ces préfé-
rences et tous ces rejets, ces aptitudes et ces caractéristiques que vous con-
sidérez comme les vôtres, contribuent à la formation de l’ego.
L’ego est extrêmement important pour la vie quotidienne. C’est lui qui
nous permet de nous concentrer sur les situations matérielles que nous ren-
controns. Seulement notre cerveau reçoit constamment des stimuli exté-
rieurs, et l’ego conscient ne peut pas en venir à bout tout seul. Il est indis-
pensable que beaucoup d’informations demeurent ignorées. Nous ne pouvons
être conscients que d’une quantité limitée d’informations à la fois. Nous fai-

20
sons beaucoup de choses sans même savoir consciemment que nous les fai-
sons. L’ego n’est même pas conscient de nombreux stimuli provenant du
corps lui-même.
Nous traversons une pièce, changeons la disposition des chaises et pre-
nons un livre, par exemple. Pendant que nous nous concentrons sur ces acti-
vités, nous respirons, bien sûr. Nos cellules physiques se renouvellent. Mais
consciemment, nous ne sommes conscients d’aucune volonté de respirer.
Nous ne sommes même pas conscients du travail que doivent accomplir nos
muscles pour que nous passions d’une chaise à l’autre. Non seulement cela,
mais nous n’exerçons qu’un minimum de contrôle conscient sur ces activités.
C’est comme si un autre moi assumait certaines fonctions à notre place – des
fonctions extrêmement importantes pour notre survie physique – comme la
respiration et la digestion. Si elles ne s’effectuent pas précisément et parfai-
tement, nous mourons.
Si tant d’éléments vitaux sont sous le contrôle de forces subconscientes,
en ce cas le système nerveux profond, est-il si difficile de croire que
d’autres fonctions et capacités soient aussi contrôlées au niveau subcons-
cient ? Probablement pas. Souvent nous chantonnons sans nous en rendre
compte, par exemple. Beaucoup de personnes se lèvent en dormant et mar-
chent dans leur chambre, sortent parfois de la maison, vont dans la rue,
pendant que l’esprit conscient ne perçoit heureusement rien de ces activi-
tés. En fait on peut détruire l’équilibre fragile d’un somnambule en le réveil-
lant trop brusquement.
Une interférence consciente avec l’action subconsciente peut donc per-
turber ses résultats délicats.
S’il fallait que chacune de nos respirations soit volontaire, que nous su-
pervisions consciemment les millions de minuscules opérations corporelles
nécessaires au bon fonctionnement quotidien, nous n’aurions plus le temps
de faire quoi que ce soit d’autre. Il n’y a en outre aucune raison de supposer
qu’ainsi nos performances subconscientes seraient améliorées.
Le Ouija fait partie des méthodes employées pour entrer en contact et
communiquer avec ce subconscient personnel, ce moi intérieur, qui est si
important pour notre survie physique. Ce subconscient personnel en sait
plus sur vous que vous-même. Quand le je conscient est détendu, le subcons-
cient peut s’exprimer par l’intermédiaire de mouvements musculaire, par
exemple lorsque vous griffonnez sur une feuille de papier pendant une con-
versation téléphonique. Vos gribouillis sont des clés permettant d’accéder à
ce moi intérieur. Pendant que votre esprit conscient est occupé à autre
chose, le subconscient contrôle vos mouvements musculaires, et vos doigts
griffonnent. Ces gribouillages peuvent vous paraître consciemment n’avoir
aucun sens, mais il est plus que probable qu’ils veuillent dire quelque chose
pour votre subconscient. Comme beaucoup de nos mouvements musculaires

21
sont toujours sous le contrôle du subconscient, il n’est pas surprenant que
cette partie intérieure de vous arrive à s’exprimer par de tels mouvements.
Certains disent que ce sont ces mêmes mouvements subconscients qui
font bouger le pointeur du Ouija. S’il ne s’agissait que de cela, la planche
serait déjà une grande récompense pour le je conscient, qu’elle aiderait à
découvrir les régions cachées du moi. Je soutiens personnellement que cette
partie personnelle du subconscient ne représente que le niveau supérieur
d’une région subconsciente beaucoup plus vaste.
L’enseignement de Seth affirme que la découverte qu’a faite Freud du
subconscient n’est qu’un premier aperçu du moi intérieur dans son entier.
D’après Seth, Freud et Jung n’ont touché que les parties les plus accessibles
de ce qu’on pourrait appeler « l’homme inconnu », ou le « moi intégral ».
Mais le subconscient contient beaucoup plus que des pulsions primitives
refoulées, que l’individu et la société doivent tenir sous contrôle. Il est aussi
le berceau des intuitions humaines les plus subtiles, et peut-être aussi la
base du langage et de la civilisation elle-même. Il est tout à fait possible
qu’en étudiant les différentes couches du subconscient on arrive à retracer
l’émergence de la vie mentale et psychique de l’homme, tout comme
l’étude des différentes couches géologiques terrestres révèle aux archéo-
logues les preuves de l’existence d’anciennes civilisations.
En suivant les expériences présentées dans ce livre, vous allez découvrir
pour vous-même qu’au delà de ce subconscient personnel existe une réalité
aussi vivante et valable que celle qui vous est familière. Le Ouija va per-
mettre à votre mental conscient de se détendre, de sorte que vous allez
pouvoir percevoir, pour la première fois peut-être, des messages en prove-
nance de votre moi intérieur. Vous allez découvrir votre propre mental sub-
conscient, vos propres zones subconscientes, mais vous découvrirez aussi que
ce subconscient n’est lui-même que le seuil vers une autre réalité intérieure.
Souvenez-vous que pour vos expériences avec le Ouija, le mot-clé est re-
laxation. Assurez-vous de prendre des notes claires et précises de chaque
séance. Écrivez autant vos questions que les réponses que vous recevez.
Voici maintenant des extraits de nos premières séances.
Bien que nous ayons eu auparavant trois expériences avec la planche,
deux sans résultat et une avec des messages se réclamant de mon grand-
père et d’autres personnalités, nous ne considérons celles-ci que comme des
préliminaires et nous commençons avec nos notes définitives concernant
Frank Withers. Cet extrait provient de la séance n° 1, celle au cours de la-
quelle Frank Withers a fait son apparition.
Les questions sont en typographie ordinaire, les réponses de la planche
sont en couleur pour plus de facilité de lecture. 7 Aucune modification n’a

7
[Choix non retenu pour cette présente édition.]

22
été apportée. Les réponses sont exactement celles que nous avons reçues,
sauf que les noms ont été modifiés pour des raisons de confidentialité.
Toutes les questions ont été posées par Robert F. Butts.
Extraits de la séance n° 1 - 2 décembre 1963
Q. Y a-t-il quelqu’un ?
R. Oui
Q. Pouvez-vous nous donner vos initiales ?
R. FW
Q. Veuillez épeler votre prénom.
R. Frank
Q. Veuillez épeler votre nom.
R. Withers
Q. Pouvez-vous nous donner l’année de votre mort ?
R. 1942
Q. Connaissiez-vous l’un de nous deux ?
R. Non
Q. Étiez-vous marié ?
R. Oui
Q. Votre femme est-elle vivante ou morte ?
R. Morte
Q. Quel était son prénom ?
R. Ursula
Q. Quel était son nom ?
R. Alteri
Q. Quelle était sa nationalité ?
R. Italienne
Q. Quelle était votre nationalité ?
R. Anglaise
Q. Quelle était votre profession ?
R. Professeur
Q. Qu’enseigniez-vous ?
R. Anglais
Q. Dans quelle ville ?
R. Elmira
Q. Combien d’années avez-vous enseigné ?
R. 34
Q. En quelle année êtes-vous né ?
R. 1885
Ce qui suit sont des extraits de la séance n° 2. Nous étions très curieux,
car pour la première fois nous retrouvions un contact établi par la planche.

23
Extraits de la séance n° 2
Q. Êtes-vous là, Frank Withers ?
R. Oui
Q. Où avez-vous vécu majoritairement ?
R. Elmira
Q. Où êtes-vous né ? Dans quelle maison ?
R. State Street
Q. À Elmira ?
R. Non
Q. Dans quel État alors ?
R. Dans l’état de chagrin
Cette réponse nous intrigua. Pour la première fois la planche semblait in-
terpréter notre question, et donner une réponse correspondante. C’est peut-
être cette réponse qui incita Robert à poser la question suivante. En tout
cas, aucun de nous deux n’avait jamais considéré la réincarnation autrement
que comme une idée pour le moins improbable ; nous fûmes donc complète-
ment déconcertés par ce qui suivit :
Q. Avez-vous déjà vécu d’autres vies sur terre ?
R. Oui
Q. Combien ?
R. 3
Q. Quand avez-vous vécu sur terre pour la première fois ?
R. 6e siècle
Plus avant dans la séance, Frank Withers dit avoir été un soldat en Tur-
quie pendant une de ses vies, et insista sur le fait que dans une autre il nous
avait connus, Robert et moi, dans la ville de Triev, au Danemark. Parmi
d’autres détails il spécifia qu’à l’époque j’étais un homme, fils de mon pré-
sent mari. Il nous donna les dates et les lieux, mais indiqua que la ville de
Triev n’existait plus.
La troisième séance ressembla aux deux précédentes. Mais la quatrième
marqua un tournant. Elle vit le retrait de Frank Withers, et l’apparition de
Seth. Le ton général et la qualité des séances avec Seth étaient remar-
quables. Des discussions commencèrent qui allait devenir la base de nom-
breuses séances ultérieures.
Les réponses, qui consistaient auparavant en un mot ou une phrase, de-
vinrent des paragraphes entiers, tous épelés par le pointeur. L’intelligence
de ces réponses rendait les séances plus agréables. La personnalité de Seth
se dessinait, individualiste, affirmée. Cette séance commence avec Frank
Withers et se termine avec Seth.

24
Extraits de la séance n° 4
Q. Êtes-vous là, Frank Withers ?
R. Oui
Q. Avez-vous un message pour nous ?
R. La conscience est comme une fleur avec de nombreux pétales.
Q. Est-ce le subconscient de Jane qui parle ?
R. Le subconscient est un couloir. Quelle différence cela fait-il d’y entrer par
une porte ou par une autre ? Mais je peux parler par son intermédiaire, si c’est mon
choix. Avant c’est elle qui parlait pour moi. Vous ne voyez pas l’humour bien sûr. Ha.
Q. Quand avez-vous parlé par Jane ?
R. Il y a un siècle. Séance. Elle allait me chercher pour toi. Et j’ai pu passer.
Q. Frank Withers, pouvons-nous revenir vers vous à l’avenir pour des questions
plus spécifiques ?
R. Oui. Je préfère qu’on ne m’appelle pas Frank Withers. C’était une personna-
lité plutôt insignifiante.
Q. Il nous faudrait un nom pour nous adresser à vous.
R. Vous pouvez m’appeler comme vous voulez. Moi-même je m’appelle Seth.
Cela correspond au moi de mon moi, la personnalité qui se rapproche le plus du moi
entier que je suis, ou essaye d’être. Ton moi entier, plus ou moins, est Joseph, l’image
de la somme de tes différentes personnalités du passé et du futur ... Tu es Joseph, le Jo-
seph que tu vois dans ton mental, le modèle.
Q. Comment appelez-vous Jane, si vous m’appelez Joseph ?
R. Ruburt.
Q. Pourriez-vous expliquer un peu ?
R. Expliquer quoi ?
Q. Pour nous c’est un nom étrange. Je ne pense pas qu’il plaise à Jane.
R. L’étrange à l’étrange.
Extraits de la séance n° 6
Q. Est-il vrai que nous sommes plus ou moins à la merci du subconscient ?
R. Oui, mais cela revient à dire que le tout est à la merci des parties. C’est juste
qu’on n’a pas appris à utiliser ces parties efficacement. La somme du tout devrait être
l’excellence de la conscience. La conscience individuelle est très importante. Elle ne
perd jamais, ne peut que gagner. Chaque fois elle grandit pour inclure plus.
Q. Juste par curiosité Seth, que faites-vous entre les séances ?
R. Que faites-vous ?
Q. Pouvez-vous nous en dire plus sur le nom Ruburt ?
R. C’était le nom de Jane, il y a longtemps, quand tu t’appelais Joseph. Les
deux représentaient le point culminant de vos entités, des images dans les gènes men-
taux, des schémas à suivre pour l’esprit. Joseph et Ruburt représentaient le spectre
complet de vos personnalités terrestres, vers lequel vous devez évoluer. Mais d’un
autre côté vous êtes déjà Joseph et Ruburt, puisque le schéma existe. Chacun dispose

25
d’un tel schéma. À travers chaque vie chacun essaye de le suivre. Le modèle n’est pas
imposé, c’est l’entité qui le conçoit.
Q. Est-ce que ça interfère avec le libre arbitre ?
R. Comment ? Tu as fait toi-même le schéma, et tes différents moi incarnés ne
le connaissent pas. Ils ont un libre arbitre. Tu le leur as donné. C’est ça le défi.

26
II. – Utiliser le Ouija comme tremplin – Je parle pour Seth
– Expériences pour vous – Comment évaluer vos
résultats – Communication verbale – Écriture automatique
Pouvez-vous vous imaginer parler pendant des heures, de façon intelli-
gente et sans hésitation, sur des sujets tels que la nature de la matière phy-
sique, le subconscient, le concept de Dieu, l’antimatière ou le temps ? Pou-
vez-vous vous imaginer donner des réponses logiques, voire éloquentes, à de
telles questions posées sans préparation ? Pouvez-vous imaginer une telle si-
tuation, alors que les mots que vous dites ne sont pas les vôtres, et que vous
ignorez donc quel mot va suivre celui que vous venez de prononcer ? Pouvez-
vous vous imaginer accomplir une telle performance après une journée de
travail normale, et ce, à un rythme suivi ?
Avant de commencer les expériences prévues pour ce livre, j’aurais con-
sidéré de telles circonstances comme tout à fait improbables. Et pourtant,
en un peu plus d’un an, j’ai dicté plus de 2000 pages d’un tel matériau, de
façon claire et concise, sans aucune contradiction et sans les hésitations nor-
males à de tels développements. Il n’est pas exclu que certains d’entre vous
se retrouvent à faire la même chose, chacun à sa manière. Si vous avez es-
sayé de façon sérieuse les expériences de Ouija données dans le chapitre
précédent, vous pourriez avoir déjà découvert que la planche peut être un
tremplin vers autre chose. Il est possible que vous ayez déjà élargi le champ
de votre conscience de veille.
Une expansion de la conscience de veille élargit les frontières du moi, au
sens littéral du terme. Réfléchissez : quelles sont les frontières réelles du
moi ? Êtes-vous limité en tant que moi ? Quelles frontières vous séparent de
tout ce qui n’est pas vous ? Il pourrait sembler que la peau joue le rôle d’un
séparateur entre votre identité physique et les autres objets matériels. Mais
la peau ne fait pas que vous séparer du reste de l’univers, elle vous relie
aussi à lui.
Énormément de choses passent par notre peau sans lesquelles nous ne
pourrions pas vivre. Tout ce que nous connaissons de l’univers consiste fon-
damentalement dans les mêmes ingrédients. L’organisation moléculaire est
différente, mais nous sommes composés des mêmes substances physiques
qu’une table ou une chaise, une pêche ou un crabe. Notre peau diffère de

27
l’espace apparemment vide à côté d’elle uniquement en termes de degré ou
de densité.
À travers la peau, qui elle-même est vivante, nous recevons des nutri-
ments de l’air et du soleil sans lesquels nous ne pourrions pas survivre. Sous
la forme de poisson, de viande, de plantes, nous mangeons des portions de
l’univers, et nous les transformons en parties de nous-mêmes. Elles sont uti-
lisées par notre corps, qui ensuite les retourne à la terre pour une réutilisa-
tion ultérieure. Physiquement, le moi est donc composé de tous ces élé-
ments qui n’ont rien à voir avec lui. En d’autres termes, le moi physique
n’est pas du tout limité par la peau. Nous pourrions tout aussi bien dire que
par l’intermédiaire de la peau, le moi s’étend dans tout son environnement
pour aller y chercher ses nutriments.
Vous pourriez maintenant soutenir que votre moi a des limites psycholo-
giques. Vous pourriez insister sur le fait que votre moi est bel et bien limité
d’une façon ou d’une autre, même si vous ne pouvez pas définir ces limita-
tions. Mais là encore, réfléchissez à ce que vous êtes. Vous êtes vos idées,
vos pensées, vos projets et vos émotions. Absolument. Mais ces éléments
n’existent pas dans une espèce de vide mental. Ils ont été formés par votre
hérédité et votre environnement. Ils sont modifiés par les gens avec qui vous
êtes en contact. À votre tour vous modifiez les pensées et les émotions des
autres.
Pour des raisons de confort, nous les humains faisons comme si le moi
physique était borné par la peau. Comme si la conscience que nous avons de
nous-mêmes était contenue dans notre tête, le crâne étant une délimitation
en os maintenant notre identité bien à l’abri à l’intérieur. Mais les choses ne
sont pas ainsi. Il existe bien sûr une identité, mais personne n’a jamais été
capable de dire en quoi elle consiste. Nous donnerons plus avant dans ce
livre quelques clés concernant la nature de cette identité.
Nous sommes en train de prendre conscience du fait que la télépathie
existe. Si nous sommes capables de capter les pensées des autres et de leur
transmettre les nôtres, qu’en est-il de nos anciennes idées sur les limitations
du moi ? Il va nous falloir modifier considérablement nos concepts au fur et à
mesure que notre enquête sur l’ESP va les révéler comme obsolètes. Le moi
psychologique s’étend beaucoup plus loin que nous n’avons jamais imaginé.
Pour le redire encore une fois, il est fort possible que le subconscient ne
représente qu’un aperçu du moi total. Au delà s’étendent sans doute des ré-
gions inexplorées auxquelles le moi a accès, des régions abritant des réalités
que nous nous sommes toujours efforcés d’ignorer.
Seulement l’ego ne s’occupe pas de la réalité intérieure. Il gère les pro-
blèmes concrets du quotidien. Il est relativement rigide. Même s’il change
constamment, il déteste le changement. C’est une caractéristique qui a été
nécessaire à l’homme au début de son évolution. Si l’homme des cavernes
voulait survivre, il devait se concentrer intensément sur son environnement

28
physique. Une rêverie, une escapade vers le moi subconscient, pouvait lui
coûter la vie. L’ego s’est développé et s’est durci, à l’usage, jusqu’à ressem-
bler à une armure menaçant aujourd’hui d’ensevelir le moi qu’il était censé
protéger.
L’expérience du Ouija aide à desserrer cette étreinte. Elle donne au moi
intérieur de l’espace pour respirer. Tout doucement, comme un petit animal
qui sort de son hibernation, le moi intérieur peut commencer à s’éveiller. Le
subconscient personnel est la première région qui atteint un peu de liberté.
D’abord, c’est la seule partie du moi intérieur que nous connaissons, norma-
lement. Ensuite, elle se trouve juste sous l’ego, même si ce n’est qu’une fa-
çon de parler. Il n’y a pas de directions dans le moi, comme au-dessus ou en-
dessous.
L’expérience avec le Ouija va vous aider à détendre le subconscient per-
sonnel, et ces habitudes de relaxation vous seront bénéfiques dans d’autres
domaines. Des intuitions, des impulsions que vous n’écoutiez pas auparavant
vont se faire connaître. Vous aurez l’impression d’avoir grandi, rajeuni. Et
c’est vrai. Peu à peu vous allez prendre conscience de réalités que vous
aviez jusque-là ignorées. Vous allez, à toutes fins pratiques, élargir les fron-
tières de votre moi, car vous serez capable d’inclure dans votre expérience
des éléments que vous ne pouviez pas intégrer auparavant.
Vous découvrirez que votre subconscient ne se limite pas à vos propres
souvenirs enfouis. Vous ne toucherez aucun fond, n’arriverez au bout d’au-
cune impasse, n’atteindrez aucune limite de vous-même, ou de votre cons-
cience. Il n’y aura pas de point au delà duquel vous ne pourrez pas aller,
même si c’est votre volonté. Vous n’arriverez nulle part où vous puissiez
dire : « Je finis ici. Au delà, mon moi s’arrête. »
De la même manière qu’il n’existe pas de toit au-dessus du ciel, comme
le croyaient nos ancêtres, il n’y a aucune frontière, qu’elle soit vers le haut
ou vers le bas, à la personnalité humaine ou à votre champ de conscience.
Nos fusées partent explorer l’espace extérieur. Nous pouvons aussi voyager
dans l’espace intérieur. Personne ne peut le faire à notre place. Personne ne
peut le faire pour vous. Et cela fait plus que valoir la peine.
Une fois que vous aurez atteint la zone du subconscient personnel, il se
peut que vous soyez surpris. Ce n’est pas un donjon recelant de dangereuses
pulsions à réprimer, ni l’utopie d’une bonté naturelle. C’est un entrepôt où
s’entassent toutes les impressions et toutes les capacités jamais acceptées
par l’ego. C’est le seuil entre le soi-disant moi conscient, et ces vastes zones
intérieures du moi dont nous savons si peu de choses.
Dans votre exploration de cette réalité intérieure vous aurez besoin de
bon sens, d’honnêteté intellectuelle et d’autodiscipline, tout autant que de
la partie intuitive de votre nature. Vous devrez faire appel à toutes vos apti-
tudes pour évaluer vos expériences.

29
Je vais d’abord expliquer comment s’est passée ma propre initiation à
ces réalités, et vous donner quelques idées sur ce qui peut s’ouvrir à vous en
résultat direct de vos expériences avec le Ouija. Continuez vos séances avec
la planche. La plupart de nos expérimentations ultérieures ne font plus du
tout appel à elle, mais cette pratique va vous aider à atteindre le degré de
relaxation dont vous avez besoin.
Dans mon cas personnel, la planche m’a amenée à ce que j’appelle la
communication verbale. Ce fut complètement imprévu, et inattendu. Je
n’avais même pas prévu ce phénomène dans ma liste. Je ne peux que vous
dire comment la reconnaître si elle se manifeste, comment l’utiliser et com-
ment contrôler la validité de vos résultats.
Chez certains d’entre vous, c’est une prédisposition à l’écriture automa-
tique plutôt qu’à la communication verbale que peut révéler le Ouija. Vous
trouverez aussi dans ce chapitre des indications concernant cette pratique,
même si pour différentes raisons ce n’est pas dans cette direction que me
mènent mes capacités.
En continuant le travail avec la planche, certains d’entre vous vont com-
mencer à anticiper les réponses qu’elle donnera à vos questions. Cela peut
se produire durant n’importe quelle séance, la première ou la vingtième. Ce
sont votre personnalité et vos aptitudes qui déterminent cette évolution.
Cela n’arrivera peut-être jamais. Dans le cas contraire, cela peut indiquer
que vous avez un don dans un des domaines les plus prometteurs de la per-
ception extrasensorielle.
À partir de la troisième séance de Ouija, j’ai commencé à anticiper des
mots, des expressions, puis des phrases entières. Je savais, complètement ou
en partie, ce que la planche allait répondre aux questions de Robert. J’at-
tendais avec une certaine réticence que le pointeur ait épelé les réponses,
mais je ne faisais pas confiance non plus à celles que je recevais intérieure-
ment. Je soupçonnais à l’époque mon subconscient de bien s’amuser aux dé-
pens de ma conscience.
Au fur et à mesure que la séance avançait, mon malaise grandissait. Je
commençais à recevoir des paragraphes entiers avant que le pointeur ait ter-
miné la première phrase. En même temps, la lenteur du processus me pe-
sait. Il fallait que Robert fasse des pauses pour écrire la question qu’il allait
poser, remette ses mains en place pour que le pointeur épelle la réponse,
puis refasse une autre pause pour écrire la réponse. Cela prenait un temps
considérable.
Pendant que le pointeur épelait les mêmes phrases que celles que je re-
cevais mentalement, je ne faisais toujours pas confiance aux messages inté-
rieurs, tout en ressentant le fort besoin de les dire à haute voix. Ce n’était
pas une voix que j’entendais. Des phrases entières me venaient simplement
à l’esprit, venues apparemment de nulle part, mais les mots n’étaient pas
les miens. Ma réticence sautait aux yeux. Finalement, Robert demanda à la

30
planche : « Seth, pourquoi Jane est-elle si réservée au sujet nos contacts
avec vous ? Je dois dire que parfois elle est tout sauf enthousiaste. » Par l’in-
termédiaire de la planche, Seth répondit : « Elle est inquiète parce qu’elle
reçoit mes messages avant qu’ils soient épelés. Cela t’intriguerait aussi. »
À une autre occasion, Seth, par la planche, fit la remarque suivante :
« Jane, tu attribues beaucoup à ton subconscient. Attribue beaucoup à qui
de droit. »
Je sentais que Seth me poussait à donner les réponses à haute voix. Mais
au lieu de sauter dans ces profondeurs inconnues, je m’accrochais au Ouija
comme un naufragé à sa planche de salut.
D’un côté j’avais peur de l’échec. Seth discutait de sujets que je con-
naissais à peine. J’avais peur d’être ridicule, de commencer un message
lourd de sens pour m’interrompre en bafouillant. Ou alors, et si les messages
n’aboutissaient jamais à rien ? À cette époque-là seule la parole de Seth
m’assurait qu’il n’était pas qu’une partie de mon subconscient. Je craignais
d’être balayée par des forces psychiques dont j’ignorais tout. Mon ego et
moi étions inébranlables. Je continuais à recevoir des messages intérieure-
ment, mais je refusais de me passer du Ouija. Seth ne m’obligeait à rien non
plus, mais la perception intérieure continuait de façon persistante. Les
choses en restèrent là jusqu’à la 8e séance. Pendant cinq séances, donc,
nous sommes restés dans l’impasse.
Une telle résistance est en fait le signe d’un ego en pleine forme. Tous
ces efforts ne consistent pas à ignorer l’ego ; nous l’entraînons simplement à
devenir plus souple, de façon à ce qu’il laisse plus de liberté au moi inté-
rieur. L’ego est une partie importante de la personnalité ; il nous est indis-
pensable pour communiquer avec la réalité physique. Par nos expérimenta-
tions, nous allons lui montrer qu’il n’a rien à perdre et beaucoup à gagner en
autorisant cette liberté. Une telle acceptation va bien sûr entraîner une ex-
pansion de l’ego, et du moi en général.
C’est pour cette raison que toutes les expériences présentées dans ce
livre doivent s’accompagner d’une attitude de saine bienveillance dans
toutes nos relations. Si vous êtes d’une nature réservée, introspective, effor-
cez-vous, par des activités extérieures, de renforcer vos contacts avec les
autres. Cela assurera un développement équilibré de vos capacités, ainsi que
leur acceptation progressive par votre esprit conscient. L’ego va marquer un
certain déplaisir devant vos explorations. N’essayez pas de le rudoyer, de
l’intimider dans ses besoins. Ce que nous recherchons, c’est une acceptation
équilibrée de la part toutes les instances du moi.
Arrivée à la huitième séance, j’étais apparemment convaincue, ou mon
ego l’était, qu’un peu plus de liberté était possible. Au milieu de cette
séance, j’ai soudain poussé la planche sur le côté, je me suis levée, et j’ai
commencé à dicter. À ce moment-là ma voix était parfaitement normale,

31
même si depuis plusieurs changement se sont produits. En tout cas, les mots
que j’ai prononcés n’étaient définitivement pas les miens.
De la neuvième à la treizième séance, nous n’avons utilisé la planche que
pour épeler les premiers messages, que pendant un moment je ne pouvais
recevoir mentalement. Cela nous a permis tout de suite d’accélérer considé-
rablement les communications, mais au début de chaque séance j’avais un
moment de stress à la pensée de « laisser aller ». Aujourd’hui c’est un senti-
ment que je n’éprouve pratiquement plus.
Presque immédiatement nous avons réalisé que pendant la dictée j’étais
en état de transe légère. On peut appeler cette méthode de communication
la parole automatique, ou la communication verbale. Mes pensées cons-
cientes passent au second plan, ainsi que ma perception de mon environne-
ment. Il n’y a pourtant aucune contrainte. À tout moment je peux revenir à
ma conscience normale. Il ne s’agit pas du tout d’une invasion.
À la quatorzième séance nous n’utilisions plus du tout la planche, même
pas pour les premiers messages. À la suggestion de Seth, nous organisions les
séances deux soirs par semaine. La première année, je dictais en faisant sans
arrêt les cent pas dans la pièce, les yeux grand ouverts, mais sans être vrai-
ment consciente de mon environnement physique. Aujourd’hui je reste as-
sise quand je parle, j’ai les yeux fermés et je n’ai quasiment pas conscience
de ce qui m’entoure. Robert prend les séances en sténo, puis il tape le
texte. La pièce est éclairée normalement. Nous faisons une pause toutes les
demi-heures.
Je suis plutôt intelligente et je sais tenir une conversation, mais même
en forçant mon imagination, jamais je ne pourrais parler consciemment pen-
dant des heures sans faire une seule pause, ni perdre le fil, ni m’embrouil-
ler, sur n’importe lequel des sujets couverts pendant les séances avec Seth.
Le matériau ne cesse de se développer. Chaque séance s’appuie sur les pré-
cédentes. Par exemple lors de notre 150e séance, Seth a fait référence à des
informations qu’il avait données à la 12e séance pour ensuite les développer.
À plusieurs occasions j’ai parlé d’une voix grave et masculine, très différente
de la mienne, et d’une puissance sonore impressionnante. De nombreuses
séances ont eu lieu en présence de témoins. En plus du matériau en général,
les sessions nous ont donné des informations importantes sur nos vies person-
nelles, et des compréhensions qui nous ont apporté une grande aide pratique
dans notre vie quotidienne.
Et pourtant, je n’avais auparavant absolument aucune raison de supposer
que je disposais d’une telle aptitude. Vous aussi, vous avez des capacités ca-
chées. Les séances de Ouija vous prépareront à cette expérience si elle doit
se produire. Il est possible aussi que vos aptitudes résident plutôt dans l’écri-
ture automatique que dans la communication verbale. En d’autres termes,
vous pourriez être capable d’écrire automatiquement le message comme moi

32
je l’énonce à haute voix. L’avantage certain est que vous n’avez pratique-
ment pas besoin de prendre de notes. Il faut des heures à Robert, chaque se-
maine, pour taper l’enseignement donné par Seth.
Donc, pour vos séances de Ouija, préparez une grande feuille de papier,
ou un bloc, et un crayon noir medium. Si vous commencez à anticiper les
messages de la planche, vous serez le premier à le savoir. Rien n’est plus
pressant que cette réception intérieure de l’information. Je ressens une
obligation de dire les mots. Vous pourriez, vous, ressentir que vos doigts ont
besoin de les écrire.
Si c’est le cas, posez le papier sur la planche, ou posez un bloc sur vos
genoux ou sur la table. Prenez le crayon en main et mettez-la en position sur
le papier. Écrivez votre nom, et attendez. Le crayon va bientôt se mettre à
bouger. Le geste provient des mouvements musculaires subconscients. Il se
peut que les lettres soient très mal formées. Dans ce cas ne vous inquiétez
pas. Vous pouvez aussi utiliser la sténo, comme pour les messages ordinaires
de la planche. Par exemple vous écrivez u au lieu de you. Il y aura d’autres
informations sur cette sténo subconsciente plus avant dans ce livre.
Pendant que votre main écrit, vous pouvez aussi faire autre chose,
comme regarder la télévision ou discuter avec votre partenaire. N’observez
pas la feuille de papier pour voir ce qui s’y écrit, cela pourrait gêner vos pro-
grès. L’écriture automatique est un procédé moins exceptionnel que la com-
munication verbale, et il est donc possible que beaucoup d’entre vous puis-
sent y parvenir sans trop de difficultés.
Vous pouvez bien sûr essayer l’écriture automatique seule, sans utiliser
de Ouija. Dans ce cas, émettez simplement la constatation mentale que
votre esprit subconscient va utiliser votre main droite pour écrire à propos
de n’importe quel sujet de son choix. Il se peut que vous sentiez des picote-
ments dans vos doigts. Détendez-vous. Occupez votre mental conscient par
une activité quelconque. Écoutez de la musique, par exemple. Deux ou trois
séances de vingt minutes chacune devraient vous suffire pour déterminer si
l’écriture automatique est quelque chose qui vous convient.
Ce n’est pas chacun d’entre vous qui est doué dans ce domaine particu-
lier. Certains ne vont pas prendre suffisamment de temps pour développer la
souplesse intérieure nécessaire. D’autres seront surpris par la facilité rela-
tive avec laquelle leurs capacités vont se révéler. Mais chaque lecteur de ce
livre réussira à faire beaucoup des expériences décrites.
Nombre d’entre vous recevront des messages du Ouija. Comment pouvez-
vous déterminer leur validité ? Comment déterminer s’ils émanent de votre
propre subconscient, ou d’autres couches de perception correspondant à une
réalité plus profonde ?
Tout matériau reçu ainsi par la planche, par l’écriture automatique ou la
communication verbale, doit être sérieusement examiné. D’une façon géné-

33
rale, si vos messages affirment provenir de personnages célèbres, vous pou-
vez les considérer comme faux. Il s’agit très probablement de fabrications
de votre propre subconscient.
Si les messages affirment que vous êtes la réincarnation d’une personna-
lité connue, comme George Washington ou Jeanne d’Arc, par exemple, vous
avez sûrement affaire à des réalisations de désirs de ce même subconscient.
Cela ne veut pas dire que vous devez tout arrêter, ou que ces messages
n’ont aucune valeur. Vous pouvez avoir reçu des textes faisant preuve d’une
imagination délicieuse, et c’est peut-être la première fois dans votre vie
d’adulte que vous utilisez vos capacités d’imagination créatrice. Un tel ma-
tériau peut vous en apprendre beaucoup sur votre subconscient. On peut le
considérer comme une œuvre d’imagination, sans le confondre avec des in-
formations pratiques. Ne vous attendez certainement pas à ce que vos amis
vous marquent un surcroît de considération sous prétexte que le Ouija vous a
révélé que vous avez fait partie un jour d’une famille royale.
Ces avertissements peuvent sembler aller un peu loin, mais si vous n’avez
jamais accordé d’attention à votre subconscient, si vous n’avez jamais consi-
déré que votre moi conscient, il est possible que votre première expérience
avec votre moi intérieur prenne des apparences de magie. Certains seront
tentés de prendre pour des faits avérés les contes les plus extravagants de
leur subconscient ; il faut donc examiner le matériau avec les plus grandes
précautions. Communiquer avec son subconscient personnel peut être très
bénéfique. Cette zone du moi, qui entre autres régit les fonctions biolo-
giques internes, connaît intimement votre santé physique, ainsi que cer-
taines de vos facultés cachées. Mais ce livre concerne surtout les couches les
plus profondes du moi intérieur.
Quand vous vérifiez les messages que vous avez reçus, posez-vous les
questions suivantes et répondez-y sincèrement : ce qui est reçu répond-il ap-
paremment à certains désirs refoulés ? Le matériau vous permet-il de libérer
certains préjugés personnels que vous vous interdisez habituellement d’ex-
primer ? Vous sentez-vous supérieur quand vous transmettez le matériau ? Le
matériau est-il chargé émotionnellement, particulièrement dans les do-
maines sexuel ou religieux ? Discernez-vous la présence de la haine ?
Si l’une quelconque de ces questions amène une réponse positive, il est
plus que probable que le matériau provient de votre subconscient personnel.
S’il énonce une idée reçue, vous pouvez être à peu près sûr que sous le ni-
veau de votre conscience ordinaire, ce préjugé est le vôtre. Si le matériau
est surchargé en émotions, c’est le signe que vous refoulez vos émotions
dans votre vie quotidienne. Le matériau peut se révéler extrêmement utile
en vous montrant où sont vos aptitudes. S’il est amusant, créatif, imaginatif,
vous avez peut-être ces dispositions, que vous n’avez pas encore utilisées.
Cette connaissance de vous-même va vous permettre d’utiliser vos talents.

34
Cependant, au cas où le matériau ferait preuve d’une intuition psycholo-
gique supérieure, d’aptitudes intellectuelles au delà des vôtres, de capacités
avérées de clairvoyance, de télépathie, ou d’autres perceptions extrasenso-
rielles, alors vous devez absolument l’étudier avec un soin tout particulier. Il
est possible que vous ayez des capacités psychiques hors normes. Vous pour-
riez avoir accès à des réalités dont vous ignorez à peu près tout.
Ne surestimez ni ne sous-estimez les messages que vous recevez, qu’ils
passent par une planche de Ouija, par l’écriture automatique ou la commu-
nication verbale. Si le matériau est valable, il en apportera la preuve lui-
même avec le temps, par sa qualité et sa consistance.
Robert et moi avons vérifié les données reçues sévèrement et objective-
ment, et par cet examen elles ont pris de la valeur au lieu d’en perdre. Plu-
sieurs raisons nous ont désormais convaincus qu’elles ne proviennent pas de
mon subconscient, dans l’acception courante du terme. Elles ne viennent pas
de mon subconscient personnel. D’abord, nous n’avons pu trouver aucun
manque, aucun besoin qui aurait pu se trouver satisfait par les séances qui
ne l’aurait pas été dans ma vie quotidienne. Ensuite, même le subconscient
devrait normalement se fatiguer de ces séances bihebdomadaires, à heure
fixe, s’étendant sur au moins deux heures. Ce n’est pas son habitude de tra-
vailler d’une façon aussi bien organisée et disciplinée, même en tenant
compte d’un certain entraînement.
Attribuer l’enseignement de Seth au subconscient pourrait être une ex-
plication convaincante, si l’on ne tenait pas compte de certaines manifesta-
tions précises apparues lors des séances. Nous avons reçu des preuves de té-
lépathie et de clairvoyance. Des effets physiques étranges se sont produits,
dont nous parlerons plus loin dans ce livre.
Les psychologues appellent souvent les personnalités du type de celle de
Seth des « personnalités secondaires ». Les mediums les appellent des « con-
trôles ». La façon dont on les appelle ne change pas la nature de ces person-
nalités, et n’est pas un moyen de mieux les comprendre. Seth dit qu’il n’est
pas un contrôle, au sens habituel du terme. Il insiste aussi sur le fait qu’il
n’est pas une personnalité secondaire. Il n’existe aucune invasion d’aucune
sorte dans notre relation. Je ne me sens pas contrôlée par qui que ce soit.
Mon accord est sans arrêt nécessaire. Parfois je me sens comme si, d’une fa-
çon ou d’une autre, mon moi s’était expansé.
Je suis persuadée qu’étudier et comparer de tels enregistrements peut
arriver à des résultats d’une grande valeur, non seulement pour les psycho-
logues et les parapsychologues, mais aussi pour le monde en général. L’intel-
lect travaille avec des idées, mais nous n’avons aucune certitude que les
idées proviennent de l’intellect. Il est très possible que celles-ci soient des
productions du processus intuitif. Beaucoup de nos précieuses inventions, ou
de nos concepts, sont tombés un jour de nulle part, et ce n’est que plus tard
qu’on a pu les mettre en pratique. On peut faire dans ces textes certains

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rapprochements entre des informations valables – des informations inconnues
de l’intellect, dont la fonction est de gérer les problèmes physiques.
Il est exact qu’un tel matériau arrive en passant par des couches du sub-
conscient personnel, même si ce n’est pas son origine, et qu’il doit impliquer
des déformations dues à cet aspect personnel. De la même manière il est
vrai que l’intellect produit ses propres erreurs, et que ce n’est pas pour nous
une raison de le prendre moins au sérieux. Nous partons du principe que le
mental ne fonctionne pas toujours pour le mieux, et procédons à des correc-
tions automatiques. Nous devrions faire de même pour le travail de l’intui-
tion.
Encore une fois, si vous constatez que vous anticipez les réponses du
Ouija, prenez votre temps. Quittez la planche quand vous avez suffisamment
confiance. Peut-être allez-vous alterner un certain temps entre la planche et
l’écriture automatique, ou la communication verbale. Vous aurez peut-être
au commencement, comme moi, du mal à « y aller ». Dans ce cas, utilisez la
planche pour démarrer les séances, puis passez à l’écriture automatique ou
à la communication verbale.
Notez toujours soigneusement le déroulé des séances. Il est de loin pré-
férable d’avoir une ou deux séances prédéfinies par semaine plutôt que trois
ou quatre tenues dans l’enthousiasme une semaine, puis plus rien la semaine
d’après. Si vous alternez entre la planche et l’écriture automatique ou la
communication verbale, enregistrez bien ces détails dans vos notes. Vous de-
vez être capable de repérer clairement quelle partie du matériau a été re-
çue du Ouija et quelle autre de telle autre manière.
Détendez-vous. Faites confiance à vos capacités, sans être naïf. Si vous
recevez des informations contradictoires ou d’un bas niveau, ne soyez pas
découragé, continuez. Conservez ces messages sans leur accorder trop de
crédit, et réessayez.
En revanche, si le contenu de votre communication est d’une qualité su-
périeure, étudiez-le attentivement. Si vous recevez des prédictions, vérifiez-
les chaque fois que c’est possible. Toutes celles de Seth se sont avérées,
mais nous n’aurions jamais pu savoir si elles étaient vraies ou non si nous
n’avions pas pris des notes précises, que nous avons pu consulter quand les
événements se sont produits par la suite.
Si vous pratiquez l’écriture automatique, ne soyez pas surpris si la gra-
phie ne correspond pas à la vôtre, ou si les mots ne sont pas écrits normale-
ment sur la page. L’écriture peut même être inversée, en miroir. Les lettres
peuvent être mal formées. Il ne faut pas attendre du subconscient qu’il s’ex-
prime de la même manière que le conscient. Même le matériau qui vient de
ces couches profondes du moi, sous le subconscient personnel, doit traverser
ces couches personnelles.
Si vous utilisez la communication verbale, ne vous étonnez pas si la voix
n’est pas toujours la même, qu’elle ressemble à la vôtre ou pas ; assurez-

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vous de toujours bien décrire la voix dans vos notes. Notez aussi la durée de
chaque changement. J’ai parfois parlé d’une voix grave, forte, plus mascu-
line que féminine. La première fois ce fut assez impressionnant, mais cela a
donné à la personnalité de Seth un côté vivant indéniable. Mes cordes vo-
cales n’en ont pas souffert.
Pour terminer ce chapitre, je vais citer quelques passages de la séance
n° 12. Ils ont été reçus par communication verbale ; c’est un exemple des
toutes premières réceptions sous cette forme. Pendant que je parlais pour
Seth, je faisais sans arrêt les cent pas à travers la pièce. J’avais les yeux ou-
verts, mais peu de conscience de mon environnement. L’éclairage de la
pièce était celui utilisé habituellement. Je n’ai jamais hésité, comme on le
fait normalement lors d’un discours ordinaire. La séance s’est tenue de 21 h
à 23 h 15, une durée tout à fait normale.
En ce qui concerne la cinquième dimension, comme je l’ai déjà dit, c’est de l’es-
pace. Je vais devoir essayer de construire une structure pour vous aider à comprendre,
mais ensuite il va me falloir l’effacer, car elle n’existe pas. Imaginez donc un réseau de
fils, un labyrinthe de fils interminablement connectés, de sorte qu’en le regardant, on
ne peut discerner ni commencement ni fin.
On pourrait comparer votre plan d’existence à une minuscule position délimitée
par quatre petits fils très fins, et le mien à une petite portion de l’autre côté, délimitée
par les mêmes fils. Nous sommes non seulement sur des côtés différents des mêmes
fils, mais nous sommes en même temps ou bien au-dessus ou bien en-dessous, selon le
point de vue.
Si vous imaginez que les fils forment des cubes – ça c’est pour toi, Joseph, qui
aimes bien les images – on pourrait aussi mettre les cubes les uns dans les autres sans
déranger d’un iota la vie des habitants de chaque cube, lui-même un cube à l’intérieur
d’autres cubes. Et là je ne parle que de la toute petite partie d’espace occupée par votre
plan et le mien.
Représentez-vous bien votre plan, limité par ses petits fils, et le mien de l’autre
côté. Les deux sont liés par une solidarité infinie et une profondeur insondable, mais
en temps normal, pour chacun, l’autre est transparent. Vous ne pouvez pas voir au tra-
vers, et pourtant les plans s’interpénètrent constamment. J’espère que vous voyez ce
que je viens de faire. J’ai initié l’idée de mouvement, car la véritable transparence
n’est pas la faculté de voir à travers, mais celle de se déplacer à travers. Voilà ce que je
veux dire quand je parle de cinquième dimension.
Maintenant, retirez les structures des fils et des cubes. Tout se passe comme s’ils
étaient encore là, mais ce ne sont que des constructions nécessaires – même pour ceux
de mon plan – pour rendre les choses accessibles à nos facultés de compréhension.
Nous construisons des images correspondant aux sens qui sont à notre disposition à
n’importe quel moment. Nous ne faisons que construire des lignes imaginaires sur les-
quelles nous marchons.

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Les murs de votre chambre sont si réels que sans eux, vous auriez froid en hiver ;
seulement il n’y a ni murs ni chambre. De la même manière, les fils que nous avons
organisés sont réels pour nous, alors qu’il n’y a pas de fils. Tout est un, comme vous
êtes un avec les murs de votre chambre. Revenons à cette idée de transparence. Les
murs sont vraiment transparents pour moi, même si, chers Joseph et Ruburt, je ne suis
pas sûr de vouloir vous en faire la démonstration.
Quoi qu’il en soit, pour moi les murs sont transparents. Tout comme les fils que
nous avons construits pour que vous compreniez la cinquième dimension. À toutes fins
pratiques, nous nous comportons comme si les fils étaient vraiment là. Revenons, si
vous voulez bien, à notre labyrinthe de fils. Je vais vous demander d’imaginer que les
fils remplissent tout ce qui existe, avec votre plan et le mien comme deux petits nids
d’oiseaux dans le réseau des branches d’un arbre gigantesque... Je reviendrai ultérieu-
rement à cette discussion.
Imaginez, par exemple, que ces fils sont mobiles, qu’ils vibrent constamment, en
ce sens qu’ils ne sont pas seulement le support de la matière de l’univers, mais qu’ils
sont eux-mêmes des projections de cette matière, et vous verrez combien il est difficile
d’expliquer cette réalité. Et je ne vais pas non plus vous reprocher d’être fatigués si,
après vous avoir demandé d’imaginer cette étrange structure, j’exige que vous la dé-
truisiez, car on ne peut pas plus la voir ou la toucher que le bourdonnement d’un mil-
lion d’abeilles invisibles.

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III. – Une séance sur mesure – Nos expériences –
Expériences pour vous
Quand j’ai commencé ce livre, je voulais juste voir quelles étaient les
chances d’un débutant d’utiliser ses capacités psychiques. J’étais convain-
cue que ces capacités étaient latentes dans chaque individu, en tant que ca-
ractéristiques naturelles de la race dans son ensemble. Je n’avais jamais
tenu une séance. Robert non plus. Nos lectures concernant l’ESP nous
avaient menés à la conclusion que quelques séances devaient suffire pour
démontrer de façon crédible certains aspects des perceptions extrasenso-
rielles. D’autres types de séances que nous avions découverts ne semblaient
reposer que sur la tricherie, ou une imagination débordante.
Nous avons décidé d’essayer de tenir une séance tous les deux. Nous nous
sommes confectionné une séance sur mesure, et je vais vous en faire ici la
description, avec une autre expérimentation que vous pouvez faire vous-
mêmes. Certains effets physiques précis ont été ultérieurement remarqués
lors des séances avec Seth, mais il y sera fait référence plus loin dans le
livre.
Le soir de cette séance toute particulière, notre première, un ami, Wil-
liam Cameron Macdonnell, était venu nous rendre visite. Il avait lu les
comptes-rendus de nos premières séances avec Seth. À ce moment-là nous
n’en avions tenu que dix. Nous avons décidé tous les trois d’organiser une
séance le soir même.
C’était une semaine après les vacances de Noël. Les décorations étaient
encore aux fenêtres. C’étaient des ampoules électriques rouges. Nous les
avons allumées, et éteint les autres lampes du salon. L’éclairage de la rue
donnait directement dans la cuisine adjacente, et nous avons donc fermé les
stores des deux pièces. Nous nous sommes assis, en nous tenant les mains,
autour d’une petite table faisant environ le double de la taille d’un petit bu-
reau pour machine à écrire.
Il y avait suffisamment de lumière dans la pièce pour que nous puissions
voir clairement. Comme nous ne savions pas exactement comment commen-
cer, Robert a demandé à Seth de nous donner un signe quelconque. À la de-
mande de Robert, j’ai enlevé mon alliance et je l’ai posée au centre de la

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table. De nouveau nous avons joint nos mains, et nous les avons tenues le
plus loin possible de l’anneau. Elles étaient constamment visibles.
Avant de commencer, nous avions fermé aussi les doubles-rideaux verts
pour éviter les reflets des bougies sur les stores blancs. Et puis nous nous
sommes concentrés sur l’anneau. Au bout de quelques instants, il s’est mis à
scintiller. Nous nous sommes penchés plus près. L’effet était indubitable –
comme la cause. Robert a découvert qu’en bougeant son bras, il pouvait
faire apparaître et disparaître le scintillement. La lumière venait de reflets,
malgré tous nos efforts pour les éliminer. Nous sommes allés placer les bou-
gies électriques derrière les doubles-rideaux et les stores, pour tamiser la lu-
mière. Puis nous sommes retournés à la table.
Cette fois Robert a suggéré que je mette ma main au centre de la table,
paume vers le haut. Ce que j’ai fait. De nouveau Robert a demandé un signe.
Ma main était clairement visible sur la nappe foncée. Mon autre main tenait
fermement celle de Robert, sur la table. Tout d’un coup j’ai dit : « Regardez
la main ! » Une partie de mon esprit était surprise de ce que j’avais dit, mais
l’autre partie était sûre d’elle. J’ai répété ces mots, en parlant pour Seth.
Nous avons attendu. Je sentais que ma main gauche, au centre de la
table, devenait froide. Sous nos yeux, la main a commencé à se déformer.
Sans aucun doute possible, elle s’est mise à ressembler à une patte ; elle
s’est considérablement épaissie depuis le pouce jusqu’au poignet, et son vo-
lume général a augmenté. À travers moi Seth a demandé si nous pouvions
tous voir la transformation. Elle était évidente pour nous trois.
La main était posée sur la table paume vers le haut. Mais soudain des
ongles sont apparus de l’autre côté de l’extrémité des doigts, qui ont com-
mencé à se plier à l’envers, comme aucun doigt normal n’aurait pu le faire.
Mais il n’y avait aucune tension dans ma main. Nous nous sommes penchés
pour mieux voir, et nous avons constaté qu’en fait, il y avait un second jeu
de doigts au-dessus des miens. Le reste de la main gardait son étrange forme
massive ; elle semblait grandir, ou gonfler, et les extrémités des doigts bril-
laient, de sorte que nous pouvions tous parfaitement voir ce qui se passait.
Puis les doigts supplémentaires disparurent. À un moment ils étaient clai-
rement visibles à tous ; et le moment suivant ils avaient tout simplement
disparu. Ma main entière était grosse et épaisse. Je suis de petite taille,
avec des mains en proportions, mais j’ai de longs doigts. Mais là, mes doigts
étaient courts, boudinés. Par mon intermédiaire, Seth dit : « Cette main est
celle de Frank Withers. Frank Withers avait de grosses mains… Il avait la
grosse tête. » L’humour dans sa voix (ou la mienne) était évident. Dans des
séances précédentes, Seth avait fait preuve d’un humour condescendant en-
vers Frank Withers, même si, selon ses propres dires, celui-ci était une par-
tie de sa propre personnalité.
Pendant la séance je parlais plus ou moins avec ma voix habituelle, sauf
que les mots n’étaient pas les miens. Pendant tout le temps que ma main a

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subi cette transformation, Seth a commenté le phénomène, spécifiant qu’il
s’en sortait beaucoup mieux qu’il l’aurait cru pour un premier essai. Ma main
était toujours aussi épaisse, avec ses doigts courts et gras. Seth suggéra alors
que je pose ma main droite à côté de cette étrange main gauche, pour que
nous puissions comparer les deux. Il semblait insister sur l’importance pour
nous d’examiner les effets de la transformation, pour bien nous en assurer.
J’ai rapproché mes deux mains. La différence n’était pas une illusion.
Puis j’ai placé ma main droite dans la main de Robert, laissant la gauche
reposer au centre de la table. Seth proposa alors à Robert de toucher ma
drôle de main grassouillette. Ce qu’il fit, mais pas de bon cœur. La main
était d’une texture différente, et elle était moite. Alors que Robert sentait
les doigts et savaient qu’ils étaient présents, la main redevint une espèce de
patte, qu’il pouvait voir parfaitement clairement, et cet appendice avait des
moignons au lieu de doigts normaux. Mais ce qui nous a vraiment impression-
nés fut un petit détail. Avant, la main paraissait simplement grasse. Là elle
se mit à prendre du volume, à gagner en épaisseur.
Mais Seth n’en avait pas encore terminé. Quand nous eûmes de nouveau
joint nos mains, sauf ma main gauche modifiée, qui était toujours sur la
table, celle-ci se mit à s’élever au-dessus de la table, alors que mon bras et
mon poignet n’avaient pas bougé. Bill Macdonnel passa rapidement sa main
entre ma main gauche et la surface de la table pour s’assurer qu’il n’y avait
aucune espèce d’illusion d’optique. Je n’avais pas cessé d’appuyer forte-
ment mon poignet contre la table. Nous contrôlions régulièrement. Quand la
main s’éleva elle se mit à briller doucement, pour que nous puissions bien la
voir. Puis elle redescendit vers la table. Seth coupa la connexion, et nous
fîmes une pause.
Nous étions fatigués, mais intrigués. Nous avions commencé à sept
heures du soir, et il était plus de huit heures. Nous décidâmes de revenir à la
table. De nouveau Robert demanda un signe à Seth. Je mis ma main gauche
sur la table, et ma droite dans celle de Robert. Cette fois, presque immédia-
tement, mon pouce gauche devint blanc, pas simplement plus blanc que le
reste de ma main, mais d’un blanc immaculé et brillant. Sous nos yeux, la
blancheur s’étendit depuis le pouce jusqu’au poignet, et remonta mon bras
jusqu’à la manche à moitié relevée de mon pull. La paume de ma main re-
commença à grossir, elle sembla se détacher de la main et devint comme
une excroissance. C’était spectaculaire, surtout qu’une minute auparavant
la paume de ma main était dans l’ombre. Désormais l’ombre avait complète-
ment disparu, et ma main, qui continuait de grandir, était toute blanche. Il
n’y avait aucun reflet qui aurait pu causer un tel effet. La couleur blanche
était d’une telle intensité que la question ne se posait même pas.
Bill Macdonnel avait assisté à plusieurs apparitions dans sa vie. Plus tôt
dans la soirée il nous avait demandé d’interroger Seth au sujet d’une grande
silhouette voilée qui était apparue une nuit au pied de son lit. Sans que nous

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lui ayons rien demandé, Seth annonça spontanément, par mon intermé-
diaire, que Bill faisait partie d’une entité appelée Mark, qu’il avait été deux
fois un homme et une fois une femme. L’apparition était le fragment d’une
ancienne personnalité qui s’était matérialisé pour l’avertir de ne pas monter
sur des endroits élevés. À une certaine époque, d’après Seth, dans une vie
antérieure, Bill avait grimpé la nuit dans un arbre pour échapper à des ani-
maux sauvages. Il était à la chasse.
À ce moment Seth s’interrompit et se mit à rire. « Il a échappé aux ani-
maux, mais il s’est endormi dans l’arbre et il est tombé. Il a atterri sur la
tête et il s’est tué. Il devrait éviter les endroits élevés. Il est mort à 46
ans. » Seth continua en disant que Bill avait des problèmes d’équilibre. Son
humour plutôt macabre était impressionnant, surtout tout de suite après la
performance de la blancheur de ma main. Incidemment, à l’époque de l’ap-
parition, Bill était peintre en bâtiment et utilisait des échelles. Il est profes-
seur d’arts plastiques de profession.
De nouveau Seth coupa la relation. Nous étions épuisés, mais nous avons
décidé de voir si Seth arriverait à matérialiser une silhouette grandeur na-
ture, n’importe laquelle, dans le couloir qui menait à la salle de bain. Nous
avons installé la table en face de la porte du couloir, et nous nous sommes
assis. J’ai immédiatement senti la présence de Seth. Il n’était pas content.
« On n’est pas là pour dîner », dit-il à travers moi. (Robert finissait un mor-
ceau de gâteau qu’il avait pris pendant la pause.) « Et on n’est pas au
cirque », continua-t-il. Puis il ajouta que la lumière qui entrait par la fenêtre
de la salle de bain était trop forte, et nous demanda de fermer la porte.
Sur la face de la porte donnant sur le salon est fixé un grand miroir. Seth
me fit demander d’arranger la table et les chaises de façon à ce que nous
puissions nous voir tous dans le miroir. Ce que nous avons fait. Puis il nous
demanda de regarder mon reflet. J’étais assise entre Robert et Bill.
Je portais un pull noir ce soir-là, et j’ai les cheveux courts et noirs. Mes
cheveux et mon pull soulignaient mon visage et mon cou. Au début quand
nous avons regardé dans le miroir, mon reflet était exactement aussi net que
ceux de Robert et de Bill. Les bougies électriques étaient allumées. Nous
étions dans la pénombre, mais nous pouvions toujours y voir distinctement.
Nos reflets dans la glace n’avaient rien de particulier. Nos mains étaient po-
sées sur la table, bien visibles.
Alors que rien ne bougeait dans la glace, mon reflet commença à chan-
ger. Cela ne s’est pas fait brutalement, mais petit à petit, la tête est deve-
nue plus mince. Le cou s’épaissit, et même la coiffure se modifia, les che-
veux se plaquèrent autour de la tête, de sorte que cette tête avait une al-
lure plus masculine que féminine. La forme des épaules se modifia nette-
ment, elles devinrent plus osseuses, légèrement voûtées. Les contours du vi-
sage continuaient de s’allonger. L’image baissa la tête. Cela m’impressionna
fortement, car je continuais à regarder droit dans le miroir.

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Les traits d’un visage apparurent devant mon reflet et semblèrent
s’avancer, sortir du miroir, et rester suspendus dans les airs. Le visage
s’éclaira deux fois, puis disparut. En même temps Robert vit une aura autour
de la tête du reflet. Seth expliqua que l’aura faisait partie du corps astral,
et que l’image elle-même provenait d’une autre entité. J’étais très fati-
guée. Tout cela apparemment me drainait mon énergie. Je m’écroulai la
tête la première sur la table. Notre premier essai de séance était terminé.
Nos réactions furent diverses. Avant l’expérience nous étions plutôt per-
plexes. Puis nous fûmes concentrés, mais vigilants. Quand ce fut terminé,
nous nous sommes demandé si quelque suggestion n’avait pas joué un rôle
dans ce qui s’était passé avec le miroir ; mais ce n’était pas certain. L’épi-
sode de la main était fascinant, et nous pouvions affirmer qu’aucune sugges-
tion ne pouvait y être impliquée. Les effets avaient été trop précis, et nous
les avions contrôlés de différentes façons. Il était évident que la main avait
changé de forme, de volume et de couleur. Des doigts supplémentaires
étaient apparus, dont les ongles étaient situés du côté opposé de celui de
mes doigts. Bien que mon poignet soit resté appuyé sur la table, la main
s’était élevée au-dessus de la mienne. Bill l’avait contrôlé. La luminescence
blanche qui avait rempli la paume de ma main et avait remonté mon bras
était également indubitable.
Nous avions contrôlé les différentes manifestations autour de la main
beaucoup trop soigneusement pour retenir l’hypothèse que nous ayons été
tous les trois sous influence. Nous étions pleinement éveillés, et curieux.
Nous n’acceptions pas n’importe quoi. Par exemple, nous avons très vite dé-
couvert que le scintillement de l’alliance provenait de reflets. Et même si je
parlais pour Seth, j’avais les yeux grand ouverts.
Même si ce n’était pas souvent, il s’est produit parfois au cours des
séances avec Seth des effets physiques dont nous étions absolument cer-
tains. Nous en étions d’autant plus convaincus que la pièce était pleinement
éclairée, et que nous n’avions fait aucune tentative pour les provoquer. Mais
il n’y a aucun doute dans notre esprit que les effets produits lors de cette
première séance ont bel et bien eu lieu.
Si vous avez l’esprit ouvert, une saine curiosité intellectuelle, et si vous
êtes relativement libre de toute superstition, vous découvrirez qu’une
séance expérimentale faite sur mesure pour et par vous peut se révéler des
plus intéressantes.
Si vous assistez à des effets physiques indéniables, vous découvrirez par
vous-mêmes que les séances peuvent reposer sur autre chose que sur la tri-
cherie ou la crédulité. Gardez un mental objectif. Contrôlez tout ce que
vous voyez. De l’autre côté, vous devez laisser une certaine liberté à votre
moi intuitif, faute de quoi il n’y aura rien à contrôler. Si vous êtes absolu-
ment persuadé qu’il ne se passera rien, il y a de grandes chances que rien ne
se passe. Si vous êtes curieux et si vous avez l’esprit ouvert, vous ne serez

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pas limité par des opinions préconçues sur ce qui est possible et ce qui ne
l’est pas, et vous aurez suffisamment d’objectivité pour étudier les matéria-
lisations clairement et raisonnablement.
Nous avons eu ces résultats au premier essai. Nous n’avions aucune expé-
rience préalable. Nous n’en savions guère plus sur les séances que beaucoup
d’entre vous qui lisez ce livre. Vous n’avez pas besoin d’avoir peur de fan-
tômes, ou d’esprits, ou de considérer ces séances comme non naturelles. Ce
que nous nous efforçons de faire, c’est d’étudier sur une base logique de
nombreux sujets depuis longtemps enfouis sous les superstitions. Si des ma-
térialisations se produisent, c’est simplement le signe que nous ne compre-
nons pas ce qu’est la nature. Nous ne comprenons pas les potentiels de la
personnalité humaine.
Depuis des siècles nous savons que l’esprit influence la matière, mais
nous ne savons pas comment. À la fin de ce chapitre, j’inclurai quelques ex-
traits de l’enseignement de Seth qui commencent à aborder ce genre de
questions. Selon la théorie qui y est présentée, chaque individu forme la ma-
tière physique au niveau subconscient, y compris la matière physique de sa
propre apparence. De la même manière que nous ne sommes pas conscients
des processus impliqués dans la digestion, nous ne sommes pas conscients de
la façon dont nous transformons constamment l’énergie en matière phy-
sique. Si c’est bien ce qui se passe, alors la personnalité humaine est fonda-
mentalement libre des lois physiques telles que nous les connaissons. Il n’y
aurait donc rien de non-naturel à la survie de la personnalité, rien non plus
au fait qu’une telle personnalité se reforme une image physique et se
montre à nous sous la forme d’une apparition.
Nous reviendrons sur ces sujets de façon plus approfondie, car nos expé-
rimentations sur les rêves et la télépathie vous montreront que la personna-
lité – votre personnalité – est moins dépendante du temps et de l’espace que
vous ne le supposez. Mais voici maintenant quelques suggestions pour votre
séance sur mesure. L’expérience que nous venons de relater prouve que
l’obscurité, totale ou relative, ne s’impose pas. Pour votre première expé-
rience, vous pourriez préférer un éclairage plutôt doux. Une semi-obscurité
vous permettra peut-être d’élargir votre liberté intérieure. Vous pourriez
vous sentir un peu bête avec l’éclairage normal. Mais par la suite, gardez
votre éclairage habituel. Vous serez plus sûr de vos résultats.
Si vous avez baissé les lumières pour votre première tentative, assurez-
vous que vous avez éliminé toute cause de reflet en essayant différents ar-
rangements. Prenez votre temps pour disposer la table et les chaises. Elles
doivent être placées de façon à ne pas entraver votre vue. Recouvrez la
table d’une nappe noire et opaque pour éliminer les reflets. Assurez-vous
que toutes les personnes présentes gardent bien leurs mains constamment
visibles. C’est une bonne idée de se tenir les mains. Vous ne pourrez jamais
faire confiance à vos résultats si une main n’était pas visible. Le nombre des

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participants est libre. Ces personnes doivent être d’une intégrité absolue.
Contrôlez tous les effets que vous apercevrez.
Vous pouvez vous contenter de rester assis sans parler, si vous préférez.
Ou vous pouvez demander « Y a-t-il quelqu’un ? » Vous pouvez désigner une
personne pour poser la question si vous êtes gêné de le faire vous-même. Il
est recommandé que quelqu’un qui ne participe pas prenne des notes. Si
rien ne se passe pendant une demi-heure, terminez l’expérience et recom-
mencez une autre fois. Particulièrement au début, il se peut que vous ayez
besoin de plusieurs essais avant d’arriver à être suffisamment détendus pour
avoir des résultats.
Si l’un des participants démarre une communication verbale, ou pro-
nonce des mots qui ne semblent pas être les siens, posez-lui doucement des
questions. Ne le brusquez pas. S’il se trouve parmi les participants une per-
sonne particulièrement impressionnable et si elle se sent mal à l’aise, termi-
nez l’expérience. Ces expériences ne présentent aucun danger pour la
moyenne des gens. Entreprises avec curiosité et bon sens, elles peuvent être
très instructives. Certaines personnes perdront l’équilibre dans n’importe
quelle situation, et vous ne devez pas les inviter à participer. Elles sont trop
suggestionnables pour décrire objectivement un quelconque résultat, et leur
excitabilité exacerbée vous fera douter d’effets qui pourraient être valables.
Si de la communication verbale se met en place, posez des questions se-
lon ce qui vous est proposé dans le chapitre précédent, et examinez les ré-
sultats aussi selon les règles indiquées précédemment. Je vous conseille de
ne jamais toucher quelqu’un qui est en train de pratiquer la communication
verbale. La personne peut être en transe légère. C’est un état psychologique
tout à fait naturel, mais un contact peut amener une certaine désorienta-
tion. La personne peut sursauter ou se sentir mal à l’aise, et la connexion
peut être perdue.
Les extraits suivants de messages de Seth sont très intéressants. Pour au-
tant que je sache, il s’agit d’une explication à ce jour unique de la façon
dont l’esprit et la matière interagissent. Seth quant à lui ne semble pas inté-
ressé par la production d’effets physiques. Il semble plus se consacrer à ex-
pliquer les phénomènes d’ESP en général – leur nature, leur fonctionnement,
quelles expérimentations peuvent prouver leur validité. Ces extraits provien-
nent d’une séance absolument fondamentale à la compréhension de cette
problématique.
Il est évident que seuls de courts passages de l’enseignement peuvent
être cités dans ce livre, mais ce que fait Seth, c’est de nous décrire de
quelle manière spécifique chaque individu forme, par son subconscient, sa
propre image physique, son environnement, et l’univers physique. Il explique
comment est décidée et maintenue l’apparence de durabilité, de largeur,
hauteur, poids et position dans l’espace. Ces idées sont brièvement évo-
quées dans le chapitre 14 : Le monde de l’esprit.

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Extraits de l’enseignement de Seth
La création se poursuit constamment, et pas toujours selon les anciens schémas.
Sur votre plan existe un entrepôt subconscient de connaissance, par lequel tous les
atomes et les molécules savent exactement quelles tentatives évolutionnaires ont été
entreprises et avec quels résultats, sans perdre de vue les circonstances ayant entraîné
par le passé l’émergence de formes défectueuses.
L’ensemble des atomes et des molécules ont une conscience condensée, de même
que les particules encore plus petites. Les atomes et les molécules constituant la ma-
tière physique et les cellules ne sont à la base pas liés au temps. Ils agissent à l’inté-
rieur de la structure de votre temps, mais leur connaissance condensée porte avec elle
sa propre conscience, unique et spécifique, qui n’obéit pas aux lois physiques.
Les substances physiques, quant à elles, ne donneront jamais naissance à la cons-
cience ou à la vie. Il va falloir que vos scientifiques affrontent ce fait que d’abord est la
conscience, qui fait évoluer sa propre forme. Cette idée d’un corps physique consistant
en une espèce de conscience séparée, contrôlant un échafaudage d’éléments totalement
inconscients, est complètement tirée par les cheveux.
Chaque cellule du corps est individuelle, et possède une conscience séparée. Il
existe une gradation, mais chaque cellule est une cellule consciente. Les cellules de
tous les organes physiques (du corps) collaborent consciemment, ainsi que tous les or-
ganes eux-mêmes.
Il y a un exemple typique. Les molécules, les atomes, les particules encore plus pe-
tites, ont chacun sa conscience séparée. Ils se constituent en cellules, et alors que les
cellules gardent leur individualité sans perdre aucune de leurs capacités, en fait ce sont
les consciences individuelles des atomes et des molécules qui se réunissent pour for-
mer une conscience cellulaire individuelle... Vous finissez par avoir des organes com-
posés d’un nombre littéralement incalculable de cellules individuelles. Cela se conti-
nue ad infinitum ; même les plus petits composants gardent leur individualité. Il est
impossible que la nature coopérative du corps physique soit simplement le résultat des
substances chimiques et de leurs réactions.
La conscience forme donc sa propre matérialisation. Le corps physique est un phé-
nomène bien plus merveilleux que vous n’imaginez, car cette combinaison de cons-
ciences perdure, et vous en voyez les résultats dans le cerveau humain.
Quand vous aurez finalement découvert l’origine physique de votre univers, vos
savants ne seront pas plus avancés qu’aujourd’hui. Ils butteront sur le problème qu’ils
évitent depuis si longtemps, celui de l’origine derrière l’origine. L’univers physique et
tout ce qu’il contient provient de la conscience. Ce n’est pas lui qui a fait évoluer la
conscience. Au contraire, non seulement la conscience a créé l’univers physique, mais
elle continue de le faire.
La création permanente de l’univers physique est portée par chaque individu, au
niveau subconscient, par des mécanismes que j’ai expliqués en partie. Cette création
permanente de la matière n’est pas entretenue par un subconscient localisé existant
quelque part derrière un front entre deux oreilles. Le subconscient individuel résulte

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d’une mise en commun au niveau psychique d’aptitudes et de ressources. C’est une
Gestalt, formée et entretenue par la coopération des consciences reliées de chaque
atome et de chaque molécule composant le corps physique.
Chaque atome individuel a la capacité, jusqu’à un certain degré, de faire de sa
somme énergétique une construction physique. L’ensemble de la structure physique du
corps provient de cette coopération des cellules (dont chacune a sa propre conscience
individuelle). Le schéma du corps physique permet à l’ensemble des cellules, des
atomes et des molécules de s’exprimer. La structure et les possibilités d’un vaste corps
physique leur offrent des perspectives auxquelles ils n’auraient autrement pas accès.
De la même façon que les cellules maintiennent leur individualité, les différentes
personnalités conservent leur individualité et leur unicité, tout en participant à la for-
mation de la structure psychique de l’entité, laquelle, vu depuis une autre perspective,
les forme, elles ; et avec ce petit problème je vais vous laisser faire une pause. Il y a
d’autres façons de voir ce qu’il y a à l’intérieur d’un œuf que de casser la coquille,
comme vous le verrez...
L’homme n’est pas seul non plus à maintenir l’univers physique, à lui assurer sa
continuité en projetant et construisant sa propre image physique. De la même façon
que cette image physique est le résultat direct de ses joies et de ses déséquilibres, que
ces joies et déséquilibres se manifestent dans l’image physique, de cette même façon
tous les êtres vivants construisent leur image et contribuent à maintenir les propriétés
physiques de votre univers.

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IV. – Rêves prémonitoires – Comment vous rappeler vos
rêves – Faites-vous des rêves prémonitoires ? Découvrez-le
Vos rêves prédisent-ils l’avenir ? Votre première réponse peut être une
réaction de surprise : « Non, bien sûr que non ! » Vous pouvez aussi corriger
votre affirmation en ajoutant : « En tout cas si je fais ce genre de rêves, je
ne m’en souviens jamais. » J’affirme cependant que nous faisons tous des
rêves qui nous informent d’événements futurs, mais que généralement nous
ne nous en souvenons pas.
Et c’est ainsi que nous perdons tout un enseignement de valeur. Il est
tout à fait possible que vous receviez dans vos rêves des aperçus de l’avenir,
dont votre conscience de veille ne perçoit rien. Seulement cette connais-
sance n’est pas pour toujours hors d’atteinte. Certaines méthodes existent
pour la ramener à la conscience, et les expériences présentées dans ce cha-
pitre vont vous permettre d’obtenir de grands résultats dans ce domaine.
Un rêve prémonitoire est un rêve par lequel vous recevez des informa-
tions valables concernant l’avenir. Un tel rêve peut être clairvoyant, comme
lorsque vous voyez un événement futur. Un rêve peut aussi être clairvoyant
sans être prémonitoire, quand vous y voyez un événement séparé de vous
dans l’espace, mais qui se produit au moment où vous le percevez.
En règle générale, il faut trois facteurs pour qu’un rêve prémonitoire soit
considéré scientifiquement comme tel. Le rêve doit avoir été raconté à une
autre personne, ou à d’autres personnes, le plus tôt possible après qu’il a eu
lieu. Il doit exister des preuves fiables du fait que l’événement vu par le rê-
veur a bien eu lieu ultérieurement dans le physique. Il doit être prouvé que
l’information n’a pas pu être reçue par l’intermédiaire de la perception sen-
sorielle normale.
Si ces conditions peuvent paraître décourageantes, laissez-moi vous rap-
peler que malgré elles, des milliers de rêves prémonitoires ont été rassem-
blés et documentés par des sociétés psychiques reconnues. Mais des récits de
première main de la part d’amis et de parents de confiance contribueront
certainement davantage à vous convaincre de la validité de ce genre de
rêves.

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Je vous conseille de commencer par interroger vos proches, famille et
amis. Vous allez découvrir que les gens adorent raconter leurs rêves prémo-
nitoires ; cette enquête privée va servir à vous ouvrir les yeux sur le fait que
ces rêves ne sont pas aussi inhabituels que vous pourriez le penser. Mais vous
devez comprendre que si les rêves n’ont pas été soigneusement consignés
par écrit, ils n’ont aucune valeur scientifique. Il est donc de votre intérêt
d’appliquer les trois conditions citées ci-dessus à tous les cas de rêves pré-
monitoires qui vous seront rapportés.
Mon mari et moi avons le plaisir de compter parmi nos amis le célèbre
sculpteur Ernfred Anderson, connu internationalement. M. Anderson m’a ra-
conté le rêve suivant. Une nuit de samedi à dimanche, en 1918, il vit en rêve
sa jeune sœur morte dans un cercueil. Cette sœur vivait en Suède, et M. An-
derson vivait à New York City. À sa connaissance sa sœur était en parfaite
santé. Elle avait vingt-deux ans, et était mère d’un nourrisson. Le soir du di-
manche, il raconta son rêve à une douzaine de personnes lors d’une récep-
tion à son domicile. Le lundi, il reçut un télégramme l’informant du décès de
sa sœur, la nuit de son rêve.
Des années plus tard, M. Anderson rencontra la fille de sa sœur décédée.
Elle était devenue une jeune femme ; elle lui dit qu’on racontait souvent
dans sa famille que lors de son agonie, sa mère parlait à son frère de New
York – Ernfred Anderson. Dans ce cas précis, M. Anderson a reçu une informa-
tion spécifique, le fait que sa sœur était en train de mourir. Il a raconté le
rêve à des personnes participant à la réception avant de recevoir le télé-
gramme l’informant de la mort de sa sœur.
On se souvient presque toujours de ce genre de rêves. Le contenu émo-
tionnel est tellement vif et bouleversant qu’il produit une forte impression,
et que même le mental conscient prend connaissance de l’information. Mais
qu’en est-il des événements insignifiants du quotidien ? Les rêves donnent-ils
aussi accès à des aspects plus superficiels de la réalité ? Mon expérience
m’incite à répondre par l’affirmative.
Seulement souvent la conscience ne retient pas ces rêves, car les événe-
ments qu’ils concernent sont aussi banals que le quotidien lui-même. Mais
comment peut-on considérer un véritable aperçu du futur comme insigni-
fiant ?
De tels rêves peuvent très bien se produire beaucoup plus fréquemment
que ceux du genre plus spectaculaire, mais ils s’insèrent tellement aisément
dans la structure habituelle de nos activités que nous ne leur accordons au-
cune attention, à moins que les événements concernés ne se produisent dans
le futur immédiat. Par exemple, une autre amie, Dorothea Piry Masters, a
rêvé du montant exact de la prime qu’allait recevoir son mari. Ce montant
était si élevé et si exceptionnel qu’elle raconta son rêve à son mari. Deux se-
maines plus tard, quand la prime a été versée, son montant correspondait à
celui qu’elle avait vu dans son rêve.

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Une de nos voisines a rêvé qu’elle visitait une maison dans la Westmount
Avenue, à Elmira, avec son mari. Le couple cherchait une maison, donc le
rêve ne l’a pas étonnée, mais elle l’a raconté à son mari. Puis elle oublia le
rêve, jusqu’à ce qu’à la fin de la semaine elle reçoive un appel d’un agent
immobilier, qui lui proposait de visiter une maison à Westmount Avenue.
Puis le mari de cette voisine m’a raconté un rêve récurrent, d’une nature
que je n’avais jamais rencontrée. Il voit dans son rêve des personnes s’as-
seyant dans un ordre particulier, qui par la suite se réalise dans les moindres
détails. Par exemple il a vu en rêve certains amis venir leur rendre visite, et
s’asseoir sur des chaises et le canapé selon un ordre précis. La visite a vrai-
ment eu lieu, et, plutôt sidéré, il a vu ses amis s’asseoir selon les positions
exactes qu’il les avait vu prendre dans son rêve. Il a fait ce même rêve pen-
dant les vacances. Quand les amis et les parents se sont assis pour le dîner,
ils s’étaient placés exactement comme dans son rêve. Il m’a raconté ces
rêves avec un certain embarras. Malheureusement il n’en avait pas parlé à sa
femme, et ne les avait pas notés.
Une nuit, Robert fit le rêve suivant. Il se voyait conduisant trois passa-
gers sur une route descendant le long d’une colline enneigée. Le temps était
très mauvais et la conduite était difficile. Dans le rêve, il parlait à ses passa-
gers de ce mauvais temps. Devant lui une voiture rata un virage, et il y eut
un accident.
Robert a noté son rêve et me l’a raconté. Nous avons ri, en nous disant
que ce n’était certainement pas un cas de clairvoyance car nous étions en
avril et il faisait beau. Quatre jours plus tard, à Pâques, nous avons reçu les
parents de Robert à dîner. En plein après-midi, une tempête de neige a brus-
quement éclaté. En quelques heures, la couche de neige était épaisse. Nous
avons décidé de reconduire chez elles ces personnes âgées, qui habitaient
une ville assez éloignée. C’est ce que nous avons fait, puis nous avons repris
le chemin de la maison. Les conditions de circulations étaient exactement
celles du rêve. Dans un virage, nous avons vu que la voiture devant nous
avait quitté la route. Robert fit la remarque qu’il n’était pas raisonnable de
conduire par un temps pareil.
Dorothea Piry Masters m’a raconté un autre rêve. Elle se voyait lire un
avis de sa banque l’informant qu’elle était à découvert de 3,61 $. Le matin
elle s’est souvenue du rêve et consulta son chéquier. Son solde était de
44,00 $. Comme elle devait passer à sa banque ce même jour, elle demanda
à l’employé de vérifier son compte. Après l’opération, celui-ci lui remit une
fiche portant l’information que son compte était débiteur de 3,61 $. Il est
tout à fait possible que ce rêve ait pris son origine dans le subconscient per-
sonnel, mais indépendamment de cela, il contenait une information tout à
fait concrète.
Le rêve suivant, que j’ai fait moi-même, est aussi très intéressant. Il con-
cerne une de nos voisines, une femme assez âgée. Elle était habillée de

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sombre, et se tenait sur un escalier donnant dans le hall d’un hôpital. À
gauche était un autre escalier, à droite une boutique en renfoncement où
l’on vendait des cadeaux, probablement pour les patients. Ma voisine pleu-
rait. Elle avait les yeux rouges et ils étaient visiblement malades. Elle me dit
qu’elle allait partir, et qu’elle ne voulait pas. Le matin j’ai raconté le rêve à
mon mari, et je l’ai noté. Plus tard dans la journée je suis allée voir ma voi-
sine. Les larmes aux yeux, elle m’annonça qu’elle venait d’apprendre qu’elle
devait aller à l’hôpital subir une opération des yeux.
Robert et moi rentrions de vacances dans le Maine. Nous n’avions pas
correspondu avec notre voisine, ni ne l’avions vue depuis notre retour, la
veille du rêve. Plus tard, quand elle fut emmenée à l’hôpital, gravement ma-
lade, nous sommes allés lui rendre visite. Je n’étais jamais allée à cet hôpi-
tal, mais à droite du hall d’entrée, il y avait une boutique de cadeaux iden-
tique à celle que j’avais vue dans mon rêve.
Pour le redire encore une fois, ce rêve m’avait fait une forte impression
à cause de son contenu émotionnel, mais on oublie souvent les rêves moins
chargés en émotions. Quand M. Anderson m’a raconté son rêve au sujet de la
mort de sa sœur, par exemple, il a aussi mentionné en passant un rêve qu’il
avait fait la nuit précédent ce rêve, au cours duquel il parlait de Picasso
avec un de ses amis. Je travaillais dans une galerie d’art à l’époque, et M.
Anderson était venu dans mon bureau au départ pour discuter d’une gravure
de Goya qu’un ami lui avait donnée le matin même. Je l’ai interrompu pour
lui demander s’il s’agissait du même ami que celui qu’il avait vu dans son
rêve.
Très surpris, il répondit que oui. Il n’avait pas fait le lien. Il avait reçu la
gravure le matin qui avait suivi le rêve de sa conversation avec son ami sur
Picasso. En considérant la transposition ayant pu se produire entre les deux
artistes, Picasso et Goya, ce rêve est très intéressant.
Mais qu’en est-il de vous, lecteur ? Souvent de vagues lueurs de ces rêves
persistent au moment du réveil, puis disparaissent. Si les événements con-
cernés se produisent dans les jours qui suivent, vous pouvez vous rappeler
votre rêve. Autrement, vous l’oubliez. Mais dans la plupart des cas de toute
façon, vous l’oubliez. La première expérience que je vous propose doit vous
aider à vous souvenir de vos rêves, et de comprendre les informations qu’ils
contiennent. Cette expérience a été faite en 1927 par J. W. Dunne, ainsi que
par plusieurs autres expérimentateurs au cours des années suivantes.
Un de nos amis était convaincu qu’il ne rêvait jamais. Jamais il ne s’était
souvenu d’un seul rêve. C’est un exemple extrême du pouvoir qu’a le mental
conscient d’inhiber les données subconscientes. Cet ami promit de se sou-
mettre à l’expérience que je vais vous décrire. En trois semaines, il s’est dé-
barrassé de cette conviction qu’il entretenait depuis des années. Aujourd’hui
il est capable de se souvenir de ses rêves. L’expérience lui a été très béné-
fique. Avant de faire cette expérience, je me souvenais moi-même assez peu

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de mes rêves. Dans le chapitre suivant, nous verrons que nous pouvons nous
entraîner nous-mêmes jusqu’à nous souvenir beaucoup mieux de nos activi-
tés nocturnes.
Venons-en maintenant à l’expérience elle-même. Chaque nuit, avant
d’aller vous coucher, placez un carnet et un crayon sous votre oreiller, ou
sur la table de nuit. Au moment de vous coucher, dites-vous avec force que
vous vous souviendrez de vos rêves à votre réveil, et que vous en prendrez
note immédiatement. Donnez-vous ces instructions plusieurs fois, quand vous
êtes bien détendu et prêt à vous endormir. En une semaine vous arriverez à
retenir de larges fragments de vos rêves. Leur proportion ira croissant au fur
et à mesure que vous pratiquerez.
En écrivant vos rêves, vous constaterez que vous retrouvez plus de dé-
tails qu’au moment de votre réveil. Mais ne vous découragez pas si les pre-
miers jours ne vous apportent aucun résultat. Ce dont il s’agit ici, c’est
d’installer une nouvelle habitude. Cela prend du temps et implique un cer-
tain effort, mais les résultats en valent vraiment la peine. Si nécessaire, ré-
glez votre réveil cinq minutes en avance pour avoir le temps d’écrire vos
rêves sans vous presser.
Tout cela exige plus d’autodiscipline qu’il ne semble au premier abord.
Les instructions doivent être suivies très exactement. Au réveil, restez cou-
ché, les yeux fermés. Les rêves seront encore dans votre souvenir. Écrivez-
les immédiatement. Ne vous levez pas. N’allez pas vous faire un café. Il est
possible, pendant que vous écrivez un rêve, que d’autres vous reviennent à
la mémoire. Datez vos rêves. C’est extrêmement important. Écrivez tous les
détails dont vous vous souvenez, mais n’en ajoutez pas consciemment.
Tout ceci ne constitue que la moitié de l’expérience. Cette procédure
vous permettra de vous rappeler vos rêves, mais avec la seconde moitié de
l’expérience vous allez pouvoir comparer vos rêves à votre réalité vécue ;
c’est-à-dire les événements de vos rêves par rapport à ceux de la réalité
physique. Cette seconde partie va vous ouvrir la connaissance consciente de
vos capacités à percevoir les événements futurs dans vos rêves.
Référez-vous souvent au carnet où vous notez vos rêves. Comparez vos
activités de la journée avec les rêves des jours précédents, ou de la semaine
écoulée. Même si vous avez noté vos rêves, vous les oublierez si vous ne les
lisez pas pour vous rafraîchir la mémoire. En lisant mes propres notes, par
exemple, je suis étonnée de constater que de nombreux rêves me sont
presque étrangers. Consciemment je les ai oubliés, alors que je les ai con-
servés.
Étudiez soigneusement votre carnet. Si vous faites un rêve impliquant un
ami, ou un membre de votre famille, envoyez immédiatement un mot, faites
n’importe quelle tentative de vérification. Vous pouvez le faire sans men-
tionner votre rêve, si vous voulez. Ce contrôle constant est nécessaire, et ce
n’est qu’ainsi que l’on peut arriver à tirer le plein bénéfice de l’expérience.

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Voici un cas personnel où ce contrôle a prouvé son importance, alors que j’ai
été tentée de ne lui accorder aucun intérêt.
J’ai rêvé que je marchais dans la rue avec la belle-sœur de mon beau-
frère. Elle venait de perdre un bébé, et avait quitté l’hôpital juste quelques
minutes avant. Je lui demandai où son mari pouvait bien avoir la tête pour la
laisser seule à un moment pareil. Fin du rêve.
Cette jeune femme n’habitait pas en ville. Je ne l’avais rencontrée que
deux ou trois fois, plusieurs années auparavant. Je ne la connaissais pas as-
sez bien pour lui écrire en lui demandant si elle venait de perdre un enfant.
Mais j’ai tout de même noté le rêve, avec la date. Quelques mois plus tard,
mon beau-frère est venu nous rendre visite. Sa femme est la sœur de la
jeune femme du rêve. Au cours de la conversation, je lui demandai des nou-
velles de sa belle-sœur. Il me répondit qu’elle allait bien, malgré le fait
qu’elle venait de faire une fausse-couche. J’ai bafouillé une formule de re-
gret, en ajoutant que la situation avait dû être également difficile pour son
mari. C’est alors que mon beau-frère me dit que le mari de cette jeune
femme n’avait pas été avec elle à l’hôpital.
Si je n’avais pas noté le rêve, avec la date, et si je n’avais pas fait l’ef-
fort de le comparer avec la réalité vécue, je n’aurais pas su que ce rêve con-
tenait des informations valables. Par ailleurs, je n’avais jamais rêvé de cette
jeune femme auparavant, et ne l’ai plus jamais fait par la suite. Le moment
où la fausse-couche a eu lieu correspondait à peu près à l’époque de mon
rêve. Mon beau-frère n’était pas certain de la date exacte, mais le moment
dans le mois correspondait.
Je le répète, il est indispensable de dater chaque rêve. Quand un événe-
ment que vous avez vécu en rêve se réalise effectivement dans votre vie
quotidienne, n’oubliez pas de l’inscrire sous l’enregistrement de votre rêve,
dans un espace que vous aurez laissé libre à cette fin. Écrivez aussi la date
et toute autre information pertinente. La date est particulièrement impor-
tante, car vous devez être certain que l’événement est arrivé après, et non
avant le rêve.
Comment accepter le fait que certains rêves puissent être prémoni-
toires ? Mon carnet de rêves en est une preuve. Le vôtre sera votre preuve.
Les parapsychologues savent que les rêves prémonitoires sont un fait. Celui-
ci cependant n’est généralement pas accepté dans d’autres cercles scienti-
fiques. Les scientifiques trouveront eux-mêmes la preuve en étudiant sérieu-
sement leurs propres rêves, et en établissant un protocole de comparaison
systématique des rêves avec les événements concrets. Ils ne trouveront ja-
mais une telle preuve dans un laboratoire. Il n’existe qu’un seul laboratoire
dans lequel on puisse étudier et évaluer les rêves, et c’est le vaste et com-
plexe laboratoire que constitue la personnalité humaine individuelle.

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L’existence des rêves prémonitoires renforce l’idée que la personnalité
n’est pas aussi étroitement liée à l’espace, au temps et à la matière phy-
sique qu’on le suppose généralement. Votre carnet de rêves vous en convain-
cra mieux que quoi que ce soit d’autre. Il remettra sérieusement en question
votre conception du temps. Si l’avenir existait séparément, après le passé et
indépendamment de lui, il serait alors impossible de percevoir des événe-
ments futurs, que ce soit en rêve ou dans la vie éveillée.
Si le temps existait vraiment de cette façon-là, aucun élan émotionnel ne
pourrait briser cette barrière entre le passé et l’avenir. Mes propres expé-
riences m’ont convaincue du fait que l’on peut percevoir des portions de
l’avenir, et que la conception générale du temps est inadaptée et trom-
peuse.
Il est possible que l’ego ne puisse percevoir le temps que comme une
suite de moments, mais une partie de la personnalité humaine a la capacité
de saisir les événements – et le fait effectivement – à partir d’une perspec-
tive différente. La difficulté ne vient pas du temps en soi, mais des limites
de notre capacité à le percevoir. Le lecteur sera sûrement intéressé de lire
ce que dit Seth à ce sujet. Voici un extrait de l’enseignement où il men-
tionne pour la première fois ce qu’il appelle le « Spacieux Présent ». Si le
temps fonctionne effectivement de la manière présentée par Seth, alors au-
cune sorte de clairvoyance n’est surnaturelle. On ne peut évidemment pas
expliquer la clairvoyance dans le cadre des théories actuellement acceptées,
et il est fort possible qu’il faille donner à notre représentation de la réalité
de toutes autres dimensions.
En fait il n’existe que le spacieux présent, si spacieux qu’il est impossible de l’ex-
plorer en une seule fois, comme vous dites. De là vos divisions arbitraires en ces
vastes compartiments que sont le passé, le présent et l’avenir. Vous êtes dans le spa-
cieux présent, maintenant. Vous étiez dans le spacieux présent hier, et demain, ou dans
des éons, vous ne l’aurez jamais traversé.
Selon votre perspective, la mesure à laquelle vous découvrez les facettes et réalités
du spacieux présent devient votre temps physique, ou temps de camouflage. Sur votre
plan les manipulations physiques sont incontournables. Cela aussi donne l’illusion
d’un passé et d’un futur, et pour vous, le présent semble être un mirage éphémère,
comme une poussière dépassant tout véritable souvenir, ne pouvant susciter qu’une
nostalgique réminiscence. Ce qui est renforcé par votre système de camouflage phy-
sique, dans lequel les matérialisations apparaissent et grandissent, arrivent à maturité
et disparaissent.
Dans le spacieux présent tel qu’il existe en réalité, tout ce qui a existé continue
d’exister, et tout ce qui existera dans votre demain existe déjà. Vous, sur votre plan, ne
pouvez pas faire l’expérience de cette réalité, sauf d’une façon très limitée, et vous ne
pouvez pas le faire spontanément. Seulement la spontanéité est ce qui caractérise le
spacieux présent.

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De la même façon que, comme je l’ai dit, les murs de votre maison n’existent pas
en tant que tels, les divisions que vous avez installées dans le spacieux présent n’exis-
tent pas. Mais comme les murs de votre maison, perçus par vos sens externes, servent
à vous protéger d’autres matérialisations de camouflage tels que le vent, la pluie et le
froid, les murs du passé, du présent et de l’avenir, autre schéma de camouflage que
vous avez construit, vous protègent de forces et de réalités intérieures dont le manie-
ment vous dépasse.
D’une manière générale, quand nous avons parlé de camouflage, nous faisions ré-
férence à des structures physiques de camouflage (des objets physiques). Il y a cepen-
dant d’autres schémas de camouflage qui n’existent pas en tant que structures phy-
siques, mais en tant qu’idées.
L’idée de passé, présent et avenir est nécessaire sur votre plan, mais cela ne signi-
fie pas que le temps existe de la manière que vous supposez. Vous êtes obsédés par
cette théorie du commencement et de la fin parce que dans votre situation, les cons-
tructions de camouflage semblent avoir un commencement et une fin.
Pour cette même raison vous êtes obsédés par l’idée de cause et d’effet. Avec cette
illusion du temps successif que vous entretenez, la théorie de la causalité est une suite
logique : une idée en amène une autre. Et voici deux de vos structures conceptuelles de
camouflage les plus fondamentales : votre conception du temps comme une suite de
moments, et votre idée de causalité.
Il n’existe ni cause ni effet dans votre acception de ces termes. Il n’y a pas non
plus de succession de moments qui se suivraient les uns les autres. Et sans cette suite
de moments, vous voyez bien que l’idée de causalité perd tout son sens. Une action
dans le présent ne peut pas être causée par une action dans le passé, et aucune de ces
deux actions ne peut causer une action dans le futur, à l’intérieur d’une réalité fonda-
mentale où ni le passé ni le futur n’existent.
L’illusion déformante de moments successifs, et la conception conséquente de la
cause et de l’effet, résultent toutes deux de la fonction d’observation de vos sens phy-
siques externes, et sur votre plan elles sont pratiques et utiles. Elles ont donc une cer-
taine validité, ne serait-ce que pour vous.
Elles rendent un compte plus ou moins exact de la nature de votre univers phy-
sique de camouflage. Mais s’il était compris qu’elles sont limitées uniquement à votre
environnement, vos scientifiques n’essaieraient pas de les utiliser comme unités de
mesure pour d’autres réalités.
L’ordre peut exister sans une succession de moments. L’ordre peut exister, que
vous le croyiez ou non, sans causalité. L’ordre peut exister, et il existe, dans la sponta-
néité et dans la simultanéité du spacieux présent.
Vous comprenez bien sûr que la théorie des moments successifs fonctionne sur
votre plan, au moins jusqu’à maintenant. Mais à mesure que l’humanité deviendra plus
ambitieuse, cette idée cessera pour elle de fonctionner. Elle perdra toute validité théo-
rique, tout en continuant d’être utilisée, dans toutes ses limites, en termes pratiques.

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Vous continuerez par exemple à utiliser des montres longtemps après que vos scienti-
fiques auront découvert que la théorie du passage successif des moments est caduque
et obsolète.

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V. – Différentes sortes de rêves clairvoyants – D’autres
expériences pour vous – Tous les rêves sont-ils
clairvoyants ? Nos expériences
Mon carnet de rêves me donne la conviction que nous recevons par les
rêves des informations concernant des événements futurs – des informations
que nous ne pourrions pas recevoir d’une autre manière. Ces données peu-
vent provenir du subconscient personnel. Elles peuvent venir de couches en-
core plus profondes de la personnalité humaine. Indépendamment de leur
source, ces informations peuvent se révéler utiles, et peuvent être parfois
utilisées dans des cas tout à fait concrets. Vos propres enregistrements de
vos rêves devraient vous permettre de comprendre votre façon personnelle
de prévoir les événements futurs. Il est plus que probable que vous ayez tou-
jours fait des rêves clairvoyants, même si vous n’en étiez pas conscient.
Vous n’aviez pas l’habitude de vous souvenir de vos rêves, sauf des plus mar-
quants. Il n’est donc pas étrange que vous n’ayez pas reconnu les événe-
ments anticipés quand ils se sont produits dans la réalité physique.
Mais nous devons encore répondre à de nombreuses questions. Tous les
rêves sont-ils clairvoyants, à un degré ou à un autre ? Percevez-vous l’avenir
plus clairement dans vos rêves selon les périodes ? Y a-t-il par exemple des
variations saisonnières ? Votre subconscient déforme-t-il ce qui pourrait être
des informations clairvoyantes valables ?
Vous trouverez vous-même la réponse à beaucoup de ces questions. Je
peux essayer de répondre à quelques-unes d’une manière générale, mais la
nature unique de la personnalité humaine fait que vos rêves ont une couleur
spécifique qui les distingue et fait qu’ils ne sont qu’à vous. Vous pouvez en
apprendre beaucoup sur cette structure de rêve qui vous est personnelle en
étudiant soigneusement votre carnet de rêves.
Tout d’abord, pendant cette activité d’enregistrement, comparez cons-
tamment vos rêves à la réalité. À mesure que vos notes vont s’accumuler,
vous allez commencer à voir émerger des schémas. Ceux-ci vont vous per-
mettre de découvrir de quelle façon caractéristique vous utilisez les sym-
boles dans vos rêves. Vous pouvez par exemple constater qu’un mois vous
avez noté 30 rêves dont trois ressemblaient à de la clairvoyance, tandis que

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le mois suivant vous n’en avez enregistré que dix, dont aucun n’était clair-
voyant. Ou le contraire. Vous pouvez découvrir qu’en automne votre taux de
rêves clairvoyants est beaucoup plus élevé que pour les autres saisons, ou
n’importe quelle autre variation saisonnière.
Mais ce que vous allez probablement découvrir, c’est que votre aptitude
à vous souvenir de vos rêves en général s’est améliorée au delà de toute at-
tente depuis que vous avez commencé votre entraînement. Plus le nombre
de rêves dont vous vous souvenez est élevé, plus vous avez d’informations
sur lesquelles travailler. Ces nuits où vous avez eu un rêve apparemment
clairvoyant, y a-t-il eu d’autres rêves qui pourraient aussi faire partie de
cette catégorie ? Êtes-vous plus sensibles aux informations en clairvoyance
quand celles-ci concernent votre famille, vos amis ? Ou voyez-vous des évé-
nements dans lesquels vous n’êtes pas impliqué personnellement ? Personne
ne peut répondre à ces questions à part vous, mais il est important que vous
découvriez ces réponses. Seule une étude attentive de votre carnet de rêves
peut vous les révéler.
Mes propres résultats peuvent vous servir de guide. J’ai commencé à no-
ter mes rêves en novembre 1963. Pour l’année 1964 j’ai consigné 104 rêves,
dont 13, donc environ 10 %, contenaient des éléments prémonitoires. Les in-
cidents apparus dans ces rêves se sont produits ensuite, entièrement ou en
partie. À part les rêves, je n’avais aucun autre moyen d’avoir connaissance
de ces incidents. Treize rêves – donc également environ 10 % - contenaient
des instructions psychiques de nature variée. J’y recevais différentes leçons.
Cinq rêves concernaient la guérison psychique. Il se peut que ceux-ci aient
été simplement amenés par mon implication dans l’étude des perceptions
extrasensorielles en général, ou alors ils peuvent avoir été reliés à certaines
communications que j’ai eues avec d’autres personnes, à une époque où l’ego
ne pouvait encore faire aucune objection effective. Au lecteur de juger.
Notez que dans toute l’année 1964 je n’ai noté que 104 rêves. À l’époque
j’ai été contente d’en avoir retenu autant. Comme la plupart d’entre vous,
je ne me rappelais auparavant que les plus spectaculaires, qui étaient peu
nombreux. Mais les cinq mois suivants, de janvier à mai 1965, j’ai enregistré
un total de 174 rêves – preuve de l’importance du conditionnement et de
l’entraînement. En 1964 j’ai noté une moyenne d’un rêve par nuit. Quatre
en une seule nuit a été le record. Il est clair qu’il y a eu de nombreuses nuits
où je ne me suis rappelé aucun rêve. Mais de janvier à mai 1965, les nuits où
je me souvenais de mes rêves, j’en notais une moyenne de trois. Il m’est ar-
rivé d’en noter huit pour une seule nuit, et le nombre le plus élevé fut treize
en une nuit.
De ces 174 rêves consignés de janvier à mai 1965, trente contenaient ap-
paremment des informations de clairvoyance valables. Pour le redire encore
une fois, quand je qualifie un rêve de prémonitoire ou de clairvoyant, je

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veux dire qu’il montre des événements qui se sont ultérieurement manifes-
tés, en entier ou en partie : des rêves qui m’ont donné des informations que
je n’aurais pu recevoir par aucun autre moyen. Souvent je sens quand un
rêve est prémonitoire, mais il n’existe aucun moyen de contrôler si l’événe-
ment s’est vraiment passé dans la réalité physique. Dans ce cas bien sûr, le
rêve n’est pas enregistré comme prémonitoire.
Mes notes prouvent que ces rêves ne sont généralement ni spectaculaires
ni bouleversants. Ils sont la plupart du temps tout à fait ordinaires, et cela
peut être une des raisons pour lesquelles on les oublie complètement. Voici
maintenant quelques exemples tirés de mon carnet. Ils vous donneront une
idée de la façon d’évaluer vos propres rêves.
Voici un exemple de ce que je considère comme un bon rêve de clair-
voyance. Le 27 octobre 1964, j’ai rêvé que la vieille machine à laver qui est
à la cave de notre appartement avait une fuite. Le rêve était à ce point insi-
gnifiant que j’ai été tentée de n’en tenir aucun compte. J’en ai cependant
parlé à Robert au petit déjeuner, et je l’ai noté sur un bout de papier que
j’ai inséré dans mon carnet ; j’ai oublié de le recopier jusqu’au lendemain.
Surtout que personne n’avait utilisé cette machine à laver depuis au moins
deux ans, car elle marchait mal.
Le 28 octobre, le lendemain matin de ce rêve, l’arrivée d’eau allant à
cette machine s’est rompue. L’eau s’est précipitée à travers la machine, a
rempli le lavabo voisin et s’est répandue par terre. La cave a été inondée sur
une douzaine de centimètres. C’est moi-même qui ai découvert l’inondation.
En recherchant ce qui s’était passé, j’ai découvert qu’une des locataires
s’était servie de la machine. Quand elle est repartie ensuite, tout était en
ordre. Je n’avais pas utilisé la machine depuis des années, et n’avais aucune
raison de supposer que qui que ce soit aurait pu le faire.
Maintenant un autre exemple d’un bon rêve de clairvoyance. Le 29 jan-
vier j’ai noté trois rêves. L’un deux, trop compliqué pour être décrit, sem-
blait être prémonitoire. Le second ne l’était pas. Voici le troisième, tel qu’il
est noté dans mon carnet : « Je nettoie un évier et je m’occupe d’un ma-
lade. On dirait un hôpital. »
Deux jours après ce rêve, un soir, une personne venue nous rendre visite
se mit soudainement à saigner fortement du nez. Il a continué à saigner
énormément pendant plus d’une demi-heure. Il nous raconta avoir déjà eu
besoin d’une transfusion lors d’une précédente crise. Nous avons appelé les
urgences de l’hôpital pour demander ce que nous devions faire. Nous avons
ensuite invité notre hôte à rester pour la nuit. Ce n’est pas avant d’avoir
nettoyé l’évier plusieurs fois que je me suis souvenue du rêve, alors qu’il
était noté dans mon carnet. Nous nous sommes occupés du malade, et avons
nettoyé ses vêtements tachés de sang.

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Le rêve suivant m’a fait une forte impression, mais pour plusieurs raisons
je lui donne une note inférieure à celles des deux rêves précédents. Un sa-
medi matin, je me suis réveillée au moment où Robert se levait. Puis je me
suis rendormie et j’ai fait le rêve suivant, que j’ai noté ainsi dans mon car-
net : « Rêvé que Bill Macdonel était passé nous rendre visite tôt dans la ma-
tinée, avant le petit déjeuner. Il faisait une course dans le quartier. Il était
question d’argent, en relation avec cette course. Sept centimes ? Pas sûre.
Je crois que c’est de l’argent que Bill doit à J. F. »
À mon réveil j’ai noté le rêve, et je l’ai raconté à Robert. Je n’avais pas
plus tôt terminé qu’on frappa à la porte. Entra… Bill Macdonel. Il avait à
faire dans le quartier – un rendez-vous chez le médecin, dont nous ne savions
rien. Nous n’avions pas encore pris notre petit déjeuner. Il était question
d’argent avec ce rendez-vous, mais pas les sept centimes du rêve. Dans la
conversation, Bill a mentionné J. F.
Comme Bill vient souvent nous voir, je n’accorde pas à ce rêve autant
d’importance qu’aux autres. Le J. F. dont il est question est un ami com-
mun. Il n’y avait rien d’inhabituel dans le fait que Bill parle de lui dans notre
conversation. Bill dit qu’il avait pensé venir nous voir alors qu’il était encore
chez le médecin, ce qui correspondait à peu près au moment où je faisais ce
rêve ; il est donc possible que ce cas implique la télépathie.
Dans les autres rêves que j’ai mentionnés, en revanche, les éléments
prémonitoires sont faciles à reconnaître. Ils apparaissent sous une forme à
peu près pure, non déformée.
Mais qu’en est-il de la possibilité que dans certains rêves, des informa-
tions prémonitoires valables soient mélangées avec des éléments venant du
subconscient personnel ? Mes notes tendent à prouver que c’est souvent le
cas. Étudier soigneusement nos notes pourrait donc élucider cette question.
Les conclusions qu’amène ce chapitre sont tirées de l’étude de plus de
600 rêves, 400 venant de moi et 200 de Robert. L’étude dure depuis plus de
deux ans, elle se continue et nous espérons recevoir de plus en plus d’infor-
mations sur la base de la matière première que constituent les rêves.
Seule une investigation systématique de la nature des rêves pourra nous
conduire à la découverte de leurs composantes principales et de leurs carac-
téristiques. Mes carnets de rêve soulèvent des questions intéressantes ; je
suis convaincue pour ma part que de l’information clairvoyante sérieuse peut
être mêlée d’éléments subconscients. Mes recherches jusqu’à présent m’in-
citent à penser que nous recevons parfois des rêves non seulement des don-
nées concernant des événements futurs, mais aussi des solutions à ces évé-
nements, par le fait que nous les affrontons d’abord en état de rêve avant
de le faire dans la réalité physique.
En d’autres termes, il est possible que de tels rêves nous préparent à des
événements avant qu’ils ne se produisent. En raison du mélange de ce genre

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d’informations avec des éléments purement oniriques, il est presque impos-
sible si l’on ne prend pas de notes de séparer l’information valable du travail
de rêve en soi. Mais les rapprochements possibles sont suffisamment nom-
breux pour que l’information clairvoyante puisse apparaître clairement à
l’examen. Je ne parle pas ici des événements présentés en même temps que
leurs solutions de rêve. C’est à nous d’inventer nos solutions aux événements
futurs à l’intérieur des rêves eux-mêmes, et de choisir, dans le rêve, la meil-
leure possible.
Certaines caractéristiques des rêves clairvoyants semblent ne se révéler
qu’à l’analyse. Ma propre expérience m’incite à penser que ces rêves ont
tendance à se produire par séries. Si un rêve présente des éléments prémo-
nitoires, d’autres rêves de la même nuit auront ainsi plus de chances d’être
eux aussi prémonitoires. Quelques exemples tirés de mes carnets vont clari-
fier ce point, et vous montrer aussi quels éléments rechercher quand vous
analysez vos rêves.
Voici plusieurs rêves qui se sont produits sur un ensemble de quatre
nuits :
Rêve A – 15 février 1965
Je vois Robert s’écrouler sur le sol, victime d’une espèce d’attaque ; il
tombe dans la cuisine, en face de l’évier.
Rêve B – 15 février 1965
Nous avons de la visite, l’appartement est plein. Une vieille amie, S. C.,
fait partie des invités.
Rêve C – 15 février 1965
Dans un restaurant, la table se transforme en lit. Un groupe de personnes
âgées nous regardent, Robert et moi, pendant que nous faisons le lit et ar-
rangeons soigneusement la couverture.
Rêve D – 16 février 1965
Robert et moi recherchons un appartement.
Rêve E – 17 février 1965
Je rêve de notre propriétaire et de son restaurant ; il est question d’inté-
gration.
Rêve F – 17 février 1965
Robert et moi devons quitter notre appartement.
Rêve G – 19 février 1965
Une éditrice vient parler du livre The Seth Material.
Considérons maintenant le groupe de rêves C, D, E et F à la lumière de
ce qui s’est passé immédiatement après. Mon propriétaire possède aussi un
restaurant. Le 18 février, il vint à notre appartement nous annoncer qu’il en-
visageait de vendre la maison, ainsi peut-être que le restaurant. Il avait ren-
dez-vous avec de potentiels acheteurs pour une visite. Il me demanda de
leur faire visiter notre appartement. J’y consentis, et pendant qu’il allait à

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la rencontre de ses acheteurs, je débarrassai la grande table sur laquelle
j’écris, je fis le lit et rangeai l’appartement. Il revint avec un groupe de per-
sonnes d’un certain âge, qui visitèrent l’appartement.
Ces rêves, C, D, E et F, contiennent tous des éléments qui se sont pro-
duits ensuite de façon concrète. Il s’agissait de mon propriétaire, de la pos-
sibilité d’un déménagement, de personnes âgées et de ranger le lit et la
table. Je me rends bien compte que ces événements ne sont pas exactement
les mêmes. Mais le rêve m’a prévenue que notre vie pourrait bien changer.
Au cas où le propriétaire vende la maison, j’étais inquiète du fait que le
loyer pouvait augmenter au-dessus de nos moyens. Dans un des rêves, Robert
et moi recherchions un appartement. Cela ne s’est pas produit car la vente
n’a pas eu lieu, mais je suis convaincue que dans ce rêve, j’ai travaillé sur
de possibles solutions à un problème qui s’annonçait.
Considérons maintenant les rêves A et B, qui ont eu lieu la même nuit.
Dans l’un je vois Robert s’effondrer, victime d’une attaque, et dans l’autre
l’appartement est plein de visiteurs, dont S. C. Les rêves ont eu lieu le 15 fé-
vrier. Le 24 mars, plus d’un mois après, Robert s’est réveillé, est parti à la
salle de bain, mais pris d’un malaise, il est tombé devant la douche. Ce
même jour, nous avons reçu plus de monde qu’habituellement en quinze
jours. Alors que j’essayais de m’occuper de Robert, victime d’un virus parti-
culièrement agressif, des visites ne cessaient d’arriver. Parmi ces personnes
se trouvait S. C. Nous ne nous étions vus que deux fois durant les huit der-
nières années. Si je n’avais pas noté mon rêve – et si les similarités entre le
rêve et les événements concrets n’avaient pas été soulignées par le fait que
ces événements se sont tous passés en une seule journée (comme les rêves
qui se sont tous passés la même nuit) – je n’aurais jamais pu faire le lien.
Je voudrais ici ajouter quelques réflexions au sujet du refus des rêves dé-
rangeants. Le rêve concernant la maladie de Robert m’a tellement effrayée
que je me suis surprise à penser : « Je ne me rappellerai pas celui-là. Je ne
le sens pas. » Puis, me reprenant, je me suis forcée à le noter tout de suite.
Autrement je l’aurais oublié – exprès.
Mais ce rêve, comme celui parlant d’un déménagement, m’a aidée à me
préparer pour les événements qui se sont produits plus tard sur le plan phy-
sique. Il a fourni des informations globales sur la possibilité pour nous d’un
changement de vie. Apprendre les projets de notre propriétaire m’aurait
beaucoup plus inquiétée si je n’avais pas été avertie à l’avance par un rêve,
si je n’avais pas déjà envisagé la possibilité d’un déménagement en rêvant
que nous recherchions un autre appartement. Le fait de connaître à l’avance
l’attaque qu’a subie Robert m’a aussi préparée à y faire face.
Il reste ce rêve du 20 février, où une éditrice vient discuter du livre The
Seth Material. À l’époque je n’avais aucune relation avec une quelconque
éditrice. Depuis plus de cinq mois ce texte était chez Frederick Fell Inc. Ro-
bert leur a écrit pour leur demander de nous le renvoyer. Le 7 mars nous

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avons reçu une lettre d’une éditrice qui venait d’être engagée chez eux. Elle
m’avait envoyé une lettre, que je n’avais jamais reçue. Dans cette lettre,
elle parlait du Seth Material ainsi que de ce présent manuscrit, mais elle ne
m’avait pas rendu visite.
Pendant toute la période dans laquelle j’ai noté mes rêves, il n’y en eut
aucun autre concernant une éditrice, S. C., un déménagement ou une mala-
die. Je les ai inclus dans ce livre car ils contiennent les éléments reconnais-
sables d’événements arrivés par la suite, mais il leur manque la précision ex-
trêmement claire des rêves mentionnés auparavant. En même temps ils sem-
blent indiquer que dans les rêves nous ne faisons pas que prévoir des événe-
ments futurs, mais essayons aussi de résoudre des problèmes à venir.
On pourrait facilement attribuer à la chance les similitudes entre les évé-
nements de rêve et les événements physiques tels qu’ils se sont déroulés.
Mais ils ne sont pas le seul exemple de rêves arrivés en groupe. Mon carnet
en contient beaucoup d’autres, semblant tous présenter différentes facettes
de situations devant se produire par la suite. L’événement prévu semble être
mélangé avec d’autres rêves dans lesquels nous essayons différentes solu-
tions. C’est pour cette raison que de nombreux rêves clairvoyants n’appa-
raissent pas immédiatement comme tels ; une étude sérieuse devrait per-
mettre de séparer les différents éléments du rêve et de clarifier les con-
nexions.
La seule façon appropriée de découvrir la nature et les caractéristiques
des rêves est d’examiner le matériau des rêves lui-même.
En étudiant la consignation de vos rêves vous allez découvrir quelle est
votre méthode personnelle de mélanger les différents éléments du rêve. Par
expérience, vous finirez par pouvoir séparer des données clairvoyantes sans
qu’elles soient parfaitement précises. Distordre les informations pour que le
rêve prenne enfin des allures prémonitoires ne fait que compliquer les
choses. Vos évaluations doivent s’appuyer sur l’intégrité et le bon sens.
Une étude serrée de rêves aux caractéristiques mélangées peut plus nous
en apprendre sur la personnalité humaine et ses potentiels que l’étude de
rêves plus clairement prémonitoires, car une telle étude implique de travail-
ler étroitement avec le moi, non seulement pour percevoir les données de
clairvoyance, mais aussi pour les utiliser de façon pratique. Si en rêve nous
voyons à l’avance des événements, si nous les interprétons et essayons de
leur trouver différentes solutions, alors l’état de rêve a un aspect beaucoup
plus pratique que ce que nous pouvions imaginer.
Et qu’en est-il de la déformation volontaire d’informations valables de
clairvoyance ? Est-il possible que nous recevions souvent la connaissance
d’événements futurs, que nous déformons ensuite dans les rêves ? Je pense
que c’est tout à fait possible ; dans ce cas, cela ajoute à la difficulté d’éva-
luer correctement la quantité d’information reçue. L’information clair-
voyante peut alors se retrouver complètement récupérée, ou traduite, par le

63
subconscient personnel, qui en fait une tout autre histoire de rêve. Le sub-
conscient a beaucoup de raisons d’agir ainsi. Dans le cas d’un événement dé-
sagréable, l’information peut passer clairement pour la simple raison que
nous devrons faire une action précise, que nous ne pourrons éviter. Ou bien,
si l’événement désagréable ne requiert aucune action de notre part, il peut
être décidé que nous pouvons sans danger en faire autre chose. L’événement
peut aussi impliquer des problèmes à long terme, ou alors l’information n’a
pas assez de force pour forcer sa prise en compte.
Voici quelques exemples qui vous expliqueront ce que je veux dire. Il
s’agit de nouveau d’une série de rêves : les trois se sont produits la même
nuit, le 18 février 1964.
Rêve A – J’entre dans le bureau de deux éditeurs de journaux. Je me sens
mal à l’aise. J’ai l’impression très nette que je n’ai rien vendu. Il y a un
quelconque problème dehors (angl. outside) sur le parking.
Rêve B – J’ai été appelée par une femme étrange, ou c’est moi qui l’ai
appelée. Elle ne souhaite pas être dérangée. Surprise, je lui dis que ma mère
m’a donné son numéro et m’a demandé de l’appeler.
Rêve C – Une vieille amie, Mme G.
Le lendemain de ces rêves, un magazine a refusé une de mes nouvelles,
The Outsider. Souvenez-vous que dans la note que j’ai prise de ce rêve figu-
rait le mot outside. Le rêve m’informait clairement que ma nouvelle avait
été rejetée. Le même jour je recevais une lettre de ma mère, dans laquelle
elle me racontait longuement une discussion qu’elle avait eue avec une
femme que je ne connais pas, une étrangère. Elle s’excusait de s’étendre à
ce point sur cette conversation. Ma mère me donnait aussi quelques nou-
velles de notre vieille amie, Mme G.
De telles convergences, répétons-le, peuvent facilement être attribuées
au hasard, surtout que les éléments prémonitoires ne sont pas indiqués clai-
rement. Mon carnet contient une telle quantité de ces cas qu’il semble que
nous devions considérer la possibilité que beaucoup de rêves qui ne sont pas
clairement prémonitoires puissent néanmoins contenir des informations pré-
monitoires valables, mais pour une raison ou une autre déformées par la per-
sonnalité.
Je n’avais pas vu ma vieille amie Mme G. depuis des années, et nous ne
nous étions pas quittées en des circonstances agréables. Il est certain que de
se voir refuser une nouvelle ne fait pas plaisir. J’étais peut-être inconsciem-
ment jalouse de voir ma mère accorder une telle place dans sa lettre à une
femme que je ne connais pas. Mais de toute façon, et concrètement, tous
ces éléments n’impliquaient aucune action immédiate de ma part. Il est pos-
sible que j’aie simplement déformé les données. Quoiqu’il en soit je n’ai pas
été surprise de recevoir la lettre de ma mère faisant mention de Mme G., ni

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d’apprendre le rejet de ma nouvelle par le courrier du jour. Les éléments
prémonitoires peuvent se manifester dans trois sortes de rêves : une infor-
mation de clairvoyance claire, concise et évidente ; une information mélan-
gée avec une construction de rêve montrant des solutions au problème con-
cerné ; une information déformée par le subconscient à un degré notable.
C’est en étudiant vos notes que vous reconnaîtrez ces tendances. Il est
évident qu’il faut aussi noter les événements quotidiens, pour les comparer
avec ceux des rêves. Il n’est d’aucun intérêt de se précipiter sur chaque mi-
nuscule coïncidence pour déclarer une prémonition ; d’un autre côté, il peut
aussi être préjudiciable d’ignorer les possibilités que semblent offrir les deux
derniers types de rêves.
Tous les rêves sont-ils donc clairvoyants ? Si vous rêvez d’un décès dans
votre famille, quelqu’un va-t-il effectivement mourir ? Il semble évident que
tous les rêves ne sont pas clairvoyants. Un rêve évoquant une mort, par
exemple, peut n’être que l’expression subconsciente d’une inquiétude de-
vant l’inévitabilité de la mort. Un tel rêve peut aussi exprimer le vœu re-
foulé que la personne concernée meure – un désir libéré sans danger par le
moi endormi. Que ces rêves ne vous inquiètent pas. Ils ne reflètent proba-
blement qu’une baisse de forme momentanée de votre part.
Avant de quitter le sujet des rêves, abordons brièvement la possibilité
que certains d’entre eux contiennent des communications télépathiques.
Mes notes n’y font que très rarement allusion. Mais une situation particulière
a attiré mon attention. Je lisais, en rêve, une critique du livre Le livre de
Seth. À ce moment précis, Robert m’a réveillée. En colère, il s’exclamait :
« Tu as lu cet article sur Le livre de Seth ? »
« Quel article ? » demandai-je, tout de suite intéressée. Mais ou bien
avait-il parlé dans son sommeil, ou bien il ne s’était réveillé que pour un ins-
tant. Bien sûr, cet incident ne prouve rien. Cependant, j’ai depuis entendu
parler d’expériences similaires, et je trouve ce sujet intriguant. Il est tout à
fait possible que Robert ait parlé dans son sommeil, mentionnant un article
dont il était en train de rêver, ce qui aurait déclenché chez moi le rêve cor-
respondant.
Il est aussi possible que nous recevions en rêve des suggestions aux-
quelles nous réagissons dans la vie éveillée. L’expérience de veille aurait
alors l’apparence d’être clairvoyante, ce qui ne serait pas le cas. Seul un
examen attentif de ce genre de données peut nous donner des réponses défi-
nitives sur toutes ces questions.
En ce qui concerne vos propres expérimentations, continuez à noter vos
rêves, sans oublier la date. Comparez constamment votre vie quotidienne à
vos rêves. Étudiez votre carnet de rêves chaque mois. Dans cette vérifica-
tion, soyez attentif aux éléments suivants :
A. Nombre de rêves enregistrés. Ceci vous permettra de suivre vos pro-
grès.

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B. Nombre de rêves paraissant prémonitoires. Ceci devrait inclure les
rêves d’une clairvoyance évidente, les rêves dans lesquels les éléments de
clairvoyance sont mélangés à des tentatives de solutions de problèmes liés à
des événements vus à l’avance, et des rêves contenant des éléments de
clairvoyance déformés par le subconscient.
C. Nature générale du matériau prémonitoire que vous recevez habituel-
lement. Est-il de nature personnelle, par exemple ? Ou voyez-vous à l’avance
des événements auxquels vous ne prenez pas part – des événements poli-
tiques, des grands titres de journaux, etc.
D. Les regroupements de rêves prémonitoires. Observez aussi les varia-
tions saisonnières.
E. Tous symboles oniriques de nature unifiante, pouvant apparaître de
différentes manières dans vos rêves ou dans une série donnée de rêves. Ceci
sera brièvement expliqué dans les extraits suivants du Livre de Seth. Ils con-
cernent les rêves et la clairvoyance, et sont intéressants à de nombreux
points de vue.
Extraits de la séance n° 45 :
Si la cause et l’effet étaient une loi absolue, il faudrait alors que la continuité soit
aussi une loi absolue, et toute espèce de clairvoyance serait absolument impossible.
C’est uniquement parce qu’il n’existe fondamentalement ni cause ni effet, et ni passé
présent ou futur, que la clairvoyance est possible dans votre univers.
Même si la conscience clairvoyante est plutôt rare, elle existe ; et bien que la plu-
part du temps elle soit très diluée, elle constitue pour les individus une méthode natu-
relle d’avertissement d’événements non familiers à leurs sens physiques. C’est une
méthode naturelle de protection de l’individu par une connaissance intérieure des évé-
nements. Sans une constante clairvoyance chez chacun, l’existence sur votre plan im-
pliquerait une telle insécurité psychologique qu’elle serait totalement insupportable.
Chaque personne est constamment prévenue de l’arrivée des catastrophes, de façon à
ce que l’organisme puisse se préparer. L’heure de la mort est connue. Pour des raisons
évidentes ce genre de connaissance n’est pas donné à l’ego, mais chaque organisme,
par ses sens intérieurs, possède la connaissance subconsciente de désastres personnels,
décès, etc., la personnalité décidant elle-même au préalable de ce qu’elle-même consi-
dère comme étant une catastrophe. Les représentants de l’espèce connaissent leurs
guerres à l’avance. De la même façon que la télépathie fonctionne constamment, au ni-
veau subconscient, en tant que base de tout langage et de toute communication, la
clairvoyance fonctionne continuellement, de sorte que l’organisme physique peut se
préparer à affronter ses défis. Cela suffira largement pour une séance, mes poussins…
Extraits de la séance n° 93 :
Si l’on interprète un rêve venant d’un certain niveau du subconscient à la lumière
de données provenant d’un autre niveau, il peut en résulter une confusion considérable.
Beaucoup ont une préférence pour certains aspects du subconscient, de sorte qu’ils

66
peuvent être plus conscients de rêves provenant de certaines zones spécifiques du sub-
conscient, et relativement inconscients de rêves venant de régions différentes.
Dans de nombreux cas, si ce n’est la majorité, nous trouverons des rêves venant du
subconscient personnel, les plus simples étant ceux liés directement à la vie consciente
quotidienne. Un tel rêve peut être moins complexe que les autres, sa construction n’en
est pas moins étonnante ... Alors que nous pensons que tous les rêves ne sont que des
agglomérats de symboles ou d’événements sans aucun rapport entre eux, nous verrons
qu’une des caractéristiques les plus importantes de tout rêve est, en réalité, la différen-
ciation.
Car à partir d’un nombre apparemment infini de possibilités, notre rêveur va en
fait exercer un grand discernement et ne choisir pour ses rêves que des sujets servant
ses objectifs. Même un simple rêve tournant autour d’incidents insignifiants de la vie
quotidienne représente en fait beaucoup plus que cela.
Les objets traités par le rêve sont en réalité choisis avec une telle précision qu’en
les examinant soigneusement, on se rend compte qu’ils ne présentent pas seulement
des données sur l’expérience quotidienne consciente, mais que tout ce qui est traité par
le rêve peut s’appliquer en même temps à de nombreux niveaux du subconscient.
Ces objets du rêve sont choisis si habilement, on pourrait presque dire si insidieu-
sement, que le plus simple peut faire allusion à des circonstances de cette existence ; à
des objets ou des circonstances que le rêveur craint personnellement (dans son sub-
conscient) ; à des objets ou des circonstances qu’il craint ou désire sur la base de vies
antérieures. De tels objets de rêve peuvent aussi être des méthodes utilisées par le moi
intérieur pour avertir la personnalité de possibles désastres ou déceptions futurs.
L’objet d’un rêve peut donc représenter simultanément un simple aspect quotidien
et familier de la vie consciente, une partie fortement crainte ou souhaitée de la couche
subconsciente immédiatement accessible, un événement ou un objet d’une vie anté-
rieure, ou un événement futur, désiré ou craint, selon le cas. On peut faire l’équation.
L’objet d’un rêve a sa réalité dans quatre ou cinq couches différentes de réalité simul-
tanément : l’objet est plus que lui-même, il correspond à des réalités qui ont existé, ou
qui vont exister, le passé et l’avenir étant ainsi contenus simultanément à l’intérieur de
l’objet du rêve, en vertu d’une contraction et d’une expansion psychique tout à fait ré-
elles.
L’expansion est le rêve. La contraction est le retour des éléments du rêve vers
l’objet original unique, c’est-à-dire l’objet du rêve d’où l’équation est sortie. Comme,
par exemple, tous les nombres sortent du nombre un.
D’abord, chaque rêve commence par de l’énergie psychique que le rêveur trans-
forme, non en matière physique, mais en une réalité tout aussi réelle et fonctionnelle. Il
transforme l’idée en objet de rêve ou événement de rêve avec un discernement inima-
ginable, de sorte que l’objet ou l’événement accède à l’existence, et existe, dans diffé-
rentes dimensions.
Il ne semble pas exister dans différentes dimensions. Il existe véritablement. Si un
objet ou un événement de rêve enjambe ce que vous appelez non seulement le temps,

67
mais l’espace, et si, comme je disais, les objets et créations de rêve gardent une cer-
taine indépendance par rapport au rêve, alors vous pouvez voir que, alors que le rêveur
crée ses rêves pour des objectifs personnels, il ne les projette pas moins dans une ex-
pansion psychique.
L’expansion, elle, se produit quand l’action du rêve se déroule. Pour le rêveur, une
contraction se produit quand il en a terminé avec les événements ou l’histoire pour ce
qui concerne ses propres objectifs, mais quand l’énergie ne peut plus être récupérée.
L’énergie projetée sous forme d’une construction quelconque ne peut pas être rap-
pelée ; elle doit suivre les lois de la forme particulière dans laquelle elle a été provisoi-
rement moulée. Donc, quand le rêveur contracte ses objets multiréalistes, terminant
pour lui-même le rêve qu’il avait construit, il ne le termine que pour lui-même. La réa-
lité du rêve continue. Peu m’importe que cette idée semble impossible, à toi et Ruburt,
ou à d’autres. Le fait est qu’il en est ainsi.
Le fait est aussi que sur d’autres niveaux que le niveau conscient, tu sais, et chaque
personne sait que le monde du rêve est véritablement construit par le moi intérieur de
la façon la plus soigneuse, avec une précision que seule l’intuition peut atteindre. Et
chaque personne sait qu’une création aussi splendide que celle-ci existe au delà du moi
qui en est l’origine.

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VI. – Télépathie – Captons-nous les pensées des autres ? –
Expériences pour vous
Contacter un ami ou un parent éloigné sans lui écrire ou utiliser le télé-
phone ? Cela peut sembler improbable ; et pourtant il est bien possible que
nous le fassions tous, au niveau subconscient, une grande partie du temps.
En fait, ces messages télépathiques sont reçus si facilement et avec une
telle douceur que nous y répondons automatiquement, sans leur accorder la
moindre attention.
Les Russes font des expériences de télépathie en tant que méthode de
communication entre la Terre et les vaisseaux spatiaux. Le gouvernement
américain expérimente la transmission d’ordres télépathiques à des volon-
taires se trouvant dans des sous-marins Polaris. On peut tout à fait concevoir
que la télépathie finisse par être utilisée comme une arme dans les guerres
du futur.
Mais qu’en est-il de la télépathie (la transmission de pensée) dans la vie
quotidienne ? Voici quelques expériences dont m’a parlé un voisin, un ensei-
gnant d’une trentaine d’années. N’importe laquelle de ces situations peut
être attribuée au hasard, mais quand on les classe en tant que groupes, on
s’aperçoit de la présence de certains schémas, qui rendent l’explication du
hasard beaucoup moins certaine.
Un matin, pendant un week-end, ce voisin ressentit le besoin brutal d’al-
ler voir sa sœur. Il se sentait plus précisément poussé à lui rendre visite pour
le dîner du même jour, alors qu’elle habitait à plus de soixante kilomètres et
qu’il n’avait pas l’habitude de faire la route sans avoir organisé au préalable
un séjour un peu long.
L’après-midi, il décida de se mettre en route. Au moment où il quittait
son appartement le téléphone sonna, et il fit demi-tour pour répondre.
C’était sa sœur. Elle l’invitait pour le dîner, précisant qu’elle avait eu envie
de l’appeler dès le matin, mais qu’elle avait hésité. Elle ne pensait pas qu’il
accepterait de faire la route pour une si courte visite. Finalement elle
s’était décidée à appeler. Il est évident dans ce cas que le coup de fil était
inutile : mon voisin avait déjà reçu le message, et il y avait répondu.

69
À une autre occasion, ce même voisin décida d’aller rendre visite à son
frère, qui habite lui aussi à une soixantaine de kilomètres. Alors qu’il se ré-
jouissait déjà de cette visite, il ressentit soudain le besoin de la remettre à
plus tard ; à la place il partit faire un tour en ville. À son retour chez lui, le
téléphone était en train de sonner. C’était son frère, qui l’appelait depuis
l’aéroport. Il était venu à Elmira exprès pour voir mon voisin. Les deux frères
ne se voient que très irrégulièrement. Si mon voisin le professeur s’était mis
en route pour aller voir son frère, les deux se seraient totalement manqués.
Seul ce besoin illogique de remettre la visite à plus tard à rendu leur ren-
contre possible.
Toutes ces situations sont parfaitement insignifiantes. Nous les rejetons
généralement comme étant des coïncidences, sans leur accorder la moindre
réflexion. Nous verrons plus loin dans ce chapitre quelques expériences un
peu plus difficiles à oublier.
Le 31 décembre dernier, Robert et moi avons rencontré à une soirée un
jeune couple, appelons-les les X. L’après-midi suivant, j’étais assise dans le
salon quand on frappa à la porte. J’ai su immédiatement qu’il s’agissait de
M. X., et que sa femme n’était pas avec lui. Ce qui était le cas.
Plus tard dans l’année, un après-midi, Robert, qui aurait dû rentrer dé-
jeuner, était en retard. J’eus soudain l’idée qu’il avait démissionné de son
travail, alors qu’il n’avait aucune raison de le faire et qu’il n’en avait jamais
parlé. J’étais inquiète à l’idée que s’il quittait son travail de graphiste, nous
pourrions être obligés de partir car il travaille à mi-temps, et dans une pe-
tite ville comme la nôtre ce genre d’emploi est difficile à trouver. Mais ma
pensée était très claire : il a quitté son travail, et nous allons déménager.
Je n’avais pas plus tôt reçu ces pensées que Robert arriva. Il était avec
notre ami M. X. Celui-ci était venu exprès nous voir et nous annoncer qu’il
venait de quitter son travail. Lui et son épouse quittaient la ville. Il avait
rencontré Robert devant la maison, alors qu’il était en route pour nous
rendre cette visite. Apparemment j’avais capté les pensées de M. X., mais
comme j’étais consciemment préoccupée par le retard de Robert, c’est à lui
que j’ai attribué le message.
Voici un autre exemple. Une amie m’avait donné un manteau, dont elle
ne voulait plus. Puis elle quitta la ville. Une année passa. Je n’avais jamais
porté ce manteau. Un jour, l’hiver dernier, je décidai de le mettre pour al-
ler en ville. En enfilant le manteau je pensai : « Si je le porte, je vais proba-
blement rencontrer A. R., qui connaît ce manteau et se rappellera qu’il est
d’occasion. (A. R. était présente lorsque mon amie me l’avait donné.) Je fus
tentée de retirer le manteau, mais comme il ne m’était encore jamais arrivé
de tomber sur A. R. lors d’une de mes sorties en ville, je me dis que cette
supposition d’une rencontre fortuite était complètement idiote. Je mis donc
le manteau. Une fois mes courses terminées, j’allai voir une autre amie, qui
travaille dans une boutique. Je n’avais pas plus tôt mis la main sur la porte

70
vitrée pour entrer que je vis A. R. en pleine conversation avec mon amie.
J’avais rendu plusieurs fois visite à mon amie dans sa boutique, et jamais A.
R. n’avait été présente.
L’incident suivant est très simple. De nouveau, cette situation pourrait
inclure plusieurs coïncidences. Un matin, à 7 h 45, alors que je faisais la
vaisselle, je décidai brusquement de rendre à un voisin un plat qu’il m’avait
prêté. C’était une sollicitation impérieuse. Je pris le plat et me dirigeai vers
la porte. Puis, me souvenant de l’heure matinale, je reposai le plat. À cet
instant, quelqu’un frappa à la porte. C’était ce même voisin, qui désirait
m’emprunter quelque chose. Depuis cinq ans que nous étions voisins, jamais
il n’avait frappé chez nous aussi tôt le matin. Je lui rendis son plat.
Un soir, je suis allée à l’épicerie voisine en disant à Robert que j’allais
revenir tout de suite. Sur le chemin du retour, je me souvins d’un ami à qui
j’avais prêté un livre qu’il ne m’avait toujours pas rendu. Je décidai de pas-
ser voir s’il avait fini de le lire. Cette personne a installé son cabinet à son
domicile personnel. Le livre était dans son bureau. Comme il était occupé,
j’ai pris un café avec sa femme. Nous avons parlé pendant une heure.
C’était l’hiver, et il faisait nuit noire. Je devins nerveuse à l’idée que Robert
allait s’inquiéter de mon retard, car je rentre habituellement de l’épicerie
directement. Mon regard tomba sur la pendule : il était 19 h 00. Je décidai
finalement de ne plus attendre. Quand j’arrivai à la maison, sans parler, Ro-
bert me tendit une feuille de papier. Il y avait écrit : « 19 h 00. Forte im-
pression que Jane est chez le Dr X. »
En fait Robert savait que cet homme avait un livre à moi, mais j’étais
passée plusieurs fois devant chez lui sans entrer pour le récupérer. Plusieurs
de nos amis habitent entre notre maison et l’épicerie ; j’aurais tout aussi
bien pu aller rendre visite à l’un d’eux.
La plupart des lecteurs auront le souvenir d’expériences semblables. À
l’époque ces incidents nous avaient impressionnés, mais à notre avis ils ne
prouvent rien. Ils pourraient s’expliquer par de nombreuses autres causes
que celle de la télépathie. Simplement la télépathie est une explication pos-
sible, et elle ne devrait pas être éliminée uniquement parce qu’elle n’est
pas la seule.
L’incident suivant, cependant, peut un peu plus difficilement être assi-
gné au hasard, ou à une coïncidence. Une nuit que j’étais couchée, moitié
endormie et moitié éveillée, j’entendis ces mots à l’intérieur de ma tête :
« Eh, mais ça doit coûter une fortune ! Comment faire pour payer ça ? Il n’y
a pas des assurances qui couvrent ces choses-là ? » Je reconnus immédiate-
ment la voix, qui était celle d’un ami, qui n’était pas en ville à ce moment-
là. Il avait l’air choqué et en colère. Je dis immédiatement à Robert ce que
j’avais entendu, et notai les mots exacts, ainsi que l’heure et la date. Il
était quelques minutes après une heure du matin.

71
Le jour suivant j’essayai de deviner de qui avait pu arriver. Le père de
cet homme était malade. Peut-être M. M. était-il inquiet au sujet d’une
éventuelle opération qu’aurait été obligé de subir son père. Trois jours plus
tard, mon ami est revenu. Alors que Robert et moi lui rendions visite, je lui
demandai des nouvelles de son père, et il répondit que son état était in-
changé. « Il n’a pas besoin d’une opération, ou d’une intervention quel-
conque ? » demandai-je. Étonné, M. M. répondit par la négative. Un peu plus
j’allais décider d’oublier toute l’histoire. À la place, heureusement, je ra-
contai à M. et Mme M. ce que j’avais entendu.
Ce fut à mon tour d’être surprise. La nuit où j’eus cette expérience, les
M. se trouvaient dans un club de vacances. À une heure du matin, heure de
la fermeture, ils quittèrent la grande salle de cocktail pour regagner à pied
leur motel, qui se trouvait à peu de distance. Le directeur du motel était
avec eux. Ils trouvèrent les pelouses recouvertes de détritus. Des vandales
avaient jeté le précieux mobilier de jardin dans la piscine, ainsi qu’une foule
de déchets. Tout le périmètre était dévasté. Ce fut en réponse à la réaction
du directeur du motel devant ce saccage que M. M. dit : « Eh, mais ça doit
coûter une fortune ! (les dégâts) ! Comment faire pour payer ça ? Il n’y a pas
des assurances qui couvrent ces choses-là ? »
Faire intervenir ici une coïncidence est une trop faible explication. Appa-
remment je m’étais branchée sur une situation qui se déroulait à des kilo-
mètres, et j’avais attrapé le commentaire furieux de M. M. Si cette informa-
tion avait été reçue à l’intérieur d’un rêve, j’aurais pu y mêler une explica-
tion de mon crû tournant autour de l’hôpital, jusqu’à la rendre tout à fait
méconnaissable. C’est pour cette raison que quand vous notez ce genre
d’expérience, vous devez vous assurer que vous écrivez très exactement les
mots que vous avez entendus.
L’exemple suivant non plus ne peut pratiquement pas être attribué au
hasard. Il est arrivé dans les mêmes circonstances que celui concernant M.
M. Cela s’est passé en pleine nuit. De nouveau j’étais en demi-sommeil. Sou-
dain je me suis rendu compte que dans mon esprit apparaissait l’image d’un
article de journal. J’étais en train de le lire, et de comparer l’information
qu’il contenait à ce qui était écrit sur une autre feuille de papier. L’article
disait qu’un ami, M. X., s’était vu proposer une promotion à son travail,
qu’une réorganisation était en cours et qu’un autre ami, M. K. qui travaillait
au même endroit, était aussi concerné. Quand j’ai pris conscience de la si-
tuation, le journal et l’autre papier ont disparu. J’ai immédiatement noté
l’information, et raconté à Robert ce que j’avais vu.
Le lendemain, Mme X. vint nous rendre visite. Je lui ai raconté mon ex-
périence du mieux que j’ai pu, en lui montrant mes notes. Surprise, elle me
raconta qu’une promotion était envisagée pour son mari, mais que l’affaire
était tenue dans le plus grand secret. Seules les personnes directement con-
cernées étaient au courant. La majorité du personnel ignorait la situation,

72
mais une réorganisation était bien prévue. Elle n’était pas au courant d’un
changement concernant M. K.
Deux semaines et demie plus tard, M. K. fut brusquement muté ailleurs,
suite à la démission d’un collègue. Mais aucun journal n’en fit mention. M. X.
refusa la promotion qui lui était offerte. Les deux hommes travaillaient pour
un journal. Ceci explique, je suppose, pourquoi j’ai vu un article de journal.
Cela désignait l’endroit concerné par ces événements.
Cet exemple impliquait la vue plutôt que le son : j’ai vu, plutôt que je
n’ai entendu l’information. Le suivant concerne une expérience que, j’en
suis sûre, de nombreux lecteurs ont vécue personnellement : une voix. Com-
bien de fois auriez-vous pu jurer que quelqu’un vous avait appelé par votre
nom alors que vous étiez seul ? La plupart du temps nous nous disons que
nous entendons des voix, nous secouons la tête et oublions l’incident. En
fait, j’étais en train de travailler sur ce présent chapitre quand j’eus la cer-
titude qu’une femme venait de m’appeler par mon nom. La voix semblait ve-
nir de l’intérieur de ma tête plutôt que de mon environnement physique.
Mais j’allai regarder par la fenêtre pour voir s’il y avait quelqu’un dans la
cour. Elle était vide. J’étais seule dans l’appartement. La plupart des autres
locataires étaient au travail. De toute façon la maison où est notre apparte-
ment est vieille et solide. Elle est acoustiquement bien isolée.
Comme j’ai pris l’habitude de prendre note de ce genre d’incidents, j’ai
noté celui-ci dans mon carnet, ainsi que l’heure : 9 h 15. Puis je l’ai chassé
de mon esprit et j’ai repris mon écriture. Environ vingt minutes plus tard,
j’eus l’impulsion soudaine d’appeler mon amie Mme S. Je pensais évidem-
ment que l’idée venait de moi, même si elle venait de nulle part, pour ainsi
dire. Nous n’avons pas le téléphone. J’allai appeler de chez un voisin. C’est
Mme S. qui répondit, pour me dire qu’elle et son mari venaient juste de par-
ler de moi. Elle voulait me faire part d’une nouvelle, et regrettait que je
n’aie pas le téléphone pour qu’elle puisse m’appeler.
C’est seulement quand j’ai retrouvé ma machine à écrire que je me suis
souvenue de la voix de femme que j’avais entendue. D’après Mme S. la con-
versation avec son mari avait commencé quand il était descendu prendre son
café, peu après neuf heures. J’avais totalement oublié que j’avais noté avoir
entendu la voix.
À une autre occasion, j’étais en train de travailler quand j’ai ressenti le
besoin urgent d’appeler Peggy Gallagher, une autre amie, ou d’aller lui
rendre visite au journal où elle travaille. Je quitte rarement la maison une
fois que je suis installée pour travailler. Seulement l’impulsion d’aller voir
Peggy était très forte. Je regardai l’heure, il était 9 h 30. Comme j’avais
commencé à travailler à huit heures, je décidai de partir la voir à dix
heures. Quand elle me vit arriver, elle me dit qu’elle se concentrait sur moi
depuis 9 h 30, quand j’avais commencé à sentir le besoin d’aller la voir.
Nous faisions un travail en commun, et elle désirait fortement me contacter.

73
Comme je n’ai pas le téléphone, et comme elle savait que je travaillais sur
ce livre, elle avait décidé d’essayer la télépathie. Encore une fois, j’avais
pensé que l’idée d’aller la voir était la mienne.
Des exemples de ce qui semble impliquer la télépathie se sont produits
lors de séances avec Seth. Un soir, par exemple, Seth a répondu aux ques-
tions d’un participant avant que celui-ci ne les pose. La veille nous n’avions
pas tenu notre séance régulière. M. Y., qui n’était à l’époque qu’une de nos
connaissances, était passé nous rendre visite. Comme nous étions assis à ba-
varder avec notre hôte, j’ai senti que Seth désirait rattraper la séance que
nous avions manquée.
Nous n’avions encore jamais eu de témoin à nos séances. J’étais ner-
veuse à l’idée de ce qui allait se passer. Seth n’avait pas la plus petite in-
quiétude. La séance a commencé, témoin ou pas. Nous avions quelques mi-
nutes de battement, et nous avons donc brièvement averti notre hôte de ce
qu’était une séance. Robert a donné à M. Y. un crayon et du papier, pour
qu’il puisse écrire les questions auxquelles il pourrait penser. Il n’a jamais
eu l’occasion de s’en servir. Sans que je le sache, Seth a répondu à toutes
ses questions dans l’ordre dans lequel elles lui venaient à l’esprit. Jamais
nous n’avions suggéré à notre hôte que Seth pourrait agir ainsi. Cette idée
ne nous était jamais venue à l’esprit. Les séances étaient une chose toute
nouvelle pour nous à l’époque.
Notre hôte fut intrigué. Il est revenu assister ensuite à une autre séance,
et interrogea Seth au sujet de difficultés qu’il rencontrait dans sa vie profes-
sionnelle. Seth répondit avec sa vivacité habituelle. Vers la fin du mono-
logue, il indiqua que les talents de M. Y. en électronique n’étaient pas utili-
sés, et lui suggéra de devenir radioamateur. Après la séance, M. Y. nous in-
forma que la cave de sa maison était remplie de toutes sortes d’équipements
électroniques. Il avait souvent pensé à devenir radioamateur, mais avait dû y
renoncer pour des raisons financières. M. Y. habitait une ville assez éloignée,
où nous n’étions jamais allés. Nous n’avions jamais vu sa maison. Il ne nous
avait jamais parlé de son goût pour l’électronique, et ne nous avait jamais
donné l’impression de s’y intéresser.
Quand on parle de « télépathie », on veut généralement parler de ce
qu’on appelle la « transmission de pensée » sans l’utilisation des moyens or-
dinaires de communication. La clairvoyance fait plutôt référence à la con-
naissance extrasensorielle d’événements futurs. Mais d’après mon expé-
rience, les deux sont tellement proches qu’il est souvent difficile de les dis-
tinguer. Le choix des mots lui-même importe peu. Ils servent seulement à
faire une distinction artificielle dans ce qui est fondamentalement une seule
et unique fonction extrasensorielle. Mais comme ces deux désignations sont
d’usage courant, nous les utiliserons ici.
Certaines caractéristiques semblent concerner à la fois la clairvoyance et
la télépathie. Examinons-les avant de discuter de certaines expériences que

74
vous pourriez faire vous-mêmes. D’une manière générale, les perceptions ex-
trasensorielles semblent se produire quand le mental conscient est distrait.
La concentration consciente peut inhiber ces phénomènes. Dans de nom-
breux cas la télépathie semble reposer sur une base émotionnelle. Apparem-
ment nous captons plus facilement les pensées de ceux qui nous sont proches
psychologiquement. Il est probable que nous ne puissions pas nous forcer à
transmettre ou à recevoir une communication télépathique. Mais je crois que
nous pouvons nous l’autoriser.
Il est important que vous vous familiarisiez avec ces parties du mental
par lesquelles passe ce genre de communications. Voici une expérience
simple. Dix minutes par jour, restez tranquillement assis, ou allongé. Écou-
tez vos pensées conscientes. N’intervenez pas, ne les jugez pas. Ne faites
que les écouter, objectivement. C’est le courant de votre conscience, le flux
des pensées qui traversent presque constamment votre mental. Parfois nous
en sommes conscients, mais généralement uniquement quand nous sommes
au calme.
Quand vous avez appris à repérer ce courant de conscience, ignorez-le.
Vous allez alors découvrir juste en-dessous des pensées et des images. Vous
pouvez entendre des mots, apparemment dépourvus de sens. Vous pouvez
avoir de brèves représentations visuelles.
Imaginez que votre mental soit un océan. Vous le traversez lentement,
en scaphandre. D’abord vous passez par le courant de conscience juste sous
la surface. Puis vous atteignez le niveau suivant, où les pensées et les images
sont moins familières, comme des poissons exotiques filant par-ci par-là.
N’essayez pas d’attraper ces mots ou ces images, ils vous échapperont. Con-
tentez-vous de les observer.
Vous allez avoir besoin de toutes vos capacités de perception. Il se peut
que vous entendiez des voix. Elles peuvent être assez claires pendant un mo-
ment, puis s’évanouir. Soyez patients. Ne vous efforcez pas de voir ou d’en-
tendre. Observez et écoutez calmement.
Quand vous serez habitué à cette situation, vous serez adapté à ce nou-
vel environnement. Vous pouvez découvrir que certaines images durent plus
longtemps que d’autres. Vous les verrez plus clairement. Les mots qui aupa-
ravant semblaient être un galimatias vont devenir clairs. Comme les mots de
mon ami ils peuvent faire allusion à des situations existant dans le présent,
mais à des kilomètres de distance. Ils peuvent aussi faire référence au futur
ou au passé. Vous ne le saurez jamais si vous ne les écoutez ou ne les regar-
dez pas.
Certaines images n’auront tout simplement aucun sens. Parfois vous ne
verrez ou n’entendrez rien du tout. Vous pourrez voir des gens que vous ne
connaissez pas. Ils peuvent résulter de votre imagination, ou il peut s’agir de
perceptions valables de personnes réelles, ce que vous ne pourrez pratique-
ment jamais vérifier.

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Si vous entendez des voix que vous reconnaissez, ou si vous entendez des
mots que vous comprenez, notez-les. Si vous voyez des relations ou des
amis, écrivez une description de ce que vous avez vu. Plus tard, essayez
d’interroger les personnes concernées pour cerner la signification de votre
expérience.
Il est arrivé souvent que je ne sache pas que j’avais reçu une information
valable avant de vérifier avec la personne concernée. Vous ne pouvez pas
être sûr que les images ou les mots soient valables avant de les avoir contrô-
lés d’une façon ou d’une autre. L’expérience en elle-même va vous per-
mettre d’atteindre cet état comme en suspension entre la veille et le som-
meil, que vous vivez régulièrement la nuit dans votre lit. C’est un état dans
lequel les communications télépathiques peuvent être reçues plus facile-
ment, et dans lequel j’en ai déjà reçu moi-même.
Ceci ne veut pas dire que toutes les paroles entendues et toutes les
images soient télépathiques. Certaines peuvent n’être que des productions
fabriquées par le subconscient, dans un jeu spontané. La pratique vous ai-
dera indubitablement à mieux distinguer les différentes sources des percep-
tions. Ma propre expérience me permet de faire cette distinction en sélec-
tionnant les images qui ont du sens par rapport à celles qui n’en ont pas. Un
contrôle objectif et systématique de telles informations demeure le seul
moyen sûr d’en établir la validité.
En fait, vous pourrez faire plus confiance à votre intuition au sujet de
n’importe quelle expérience qu’à votre évaluation consciente. J’ai plusieurs
fois négligé des mots qui m’étaient venus en tête quand j’étais dans cet état
suspendu, pensant qu’ils n’auraient probablement jamais aucun sens. Plus
tard, quand des événements sont arrivés qui les confirmaient, je me suis
trouvée complètement démunie pour ne pas les avoir notés.
D’autres fois, j’ai été convaincue que les informations reçues de la
même façon étaient valables, et après un contrôle avec la personne impli-
quée, il est apparu qu’elles ne l’étaient pas.
Notre prochaine expérience concerne un autre carnet. Celui-ci va bientôt
devenir aussi important que votre carnet de rêves. Et vous allez découvrir,
comme moi, qu’il existe des ressemblances entre vos rêves et les incidents
que vous allez noter.
Plus haut dans ce chapitre nous avons parlé de ces situations apparem-
ment insignifiantes qui nous surprennent souvent par leur ressemblance avec
certaines pensées que nous entretenions immédiatement avant que la situa-
tion n’intervienne. C’est quelque chose que presque tout le monde a déjà
vécu dans sa vie. Combien de fois avez-vous pensé à un ami pour que juste-
ment cet ami vous appelle, exactement en même temps, ou quelques se-
condes après que vous ayez pensé à lui ? Combien de fois avez-vous cru que
quelqu’un vous appelait par votre nom alors que vous étiez seul, et qu’il n’y
avait personne à proximité pour vous appeler ?

76
À partir de maintenant, notez toutes ces occurrences. Datez chaque en-
trée. Notez chaque intuition forte, chaque pensée qui vous passe par la tête
et qui n’a pas de rapport avec ce que vous êtes en train de faire. Vérifiez
constamment s’il existe une relation entre votre intuition et les événements
de votre quotidien. Si vous entendez quelqu’un vous appeler, notez-le, puis
observez attentivement ce qui se passe lors de cette journée ; il se peut que
quelqu’un essaie d’entrer en contact avec vous. Vous pourriez recevoir une
lettre ou un coup de fil qui vous expliquera pourquoi vous avez entendu
cette voix.
Si le téléphone sonne et si vous savez qui appelle avant de décrocher,
notez-le. N’oubliez pas le nom de la personne qui vous a appelé, ainsi que la
date. Combien de fois par semaine cela vous arrive-t-il ? Savez-vous toujours
à l’avance quand certaines personnes vont vous appeler ? Maintenant que
vous notez toutes ces occurrences, réalisez-vous que la moitié du temps vous
vous trompiez, contrairement à ce que vous croyiez ? Vous allez pouvoir ré-
pondre à ces questions par vous-même.
Y a-t-il un lien entre vos rêves prémonitoires et vos intuitions télépa-
thiques ? Sont-ils plus nombreux à certaines périodes ? Gardez toutes ces
questions à l’esprit. Comparez vos deux carnets. Ces recherches peuvent
nous en dire beaucoup sur la nature de la personnalité humaine et du men-
tal. Et il restera toujours beaucoup de travail à faire.
Il est très difficile de prouver qu’un cas particulier est une communica-
tion télépathique valable, et chaque cas doit être étudié séparément. Mais si
ces d’expériences signifiantes s’accumulent dans votre carnet, et si vous les
avez soigneusement notées et vérifiées, la quantité de matériau en elle-
même peut suggérer qu’il s’agit bien de télépathie et non de coïncidences.
Beaucoup de mes rêves clairvoyants sont complétés par des intuitions té-
lépathiques. Souvent l’information reçue en rêve est renforcée par des mots
que j’entends mentalement. Que le rêve ou l’intuition télépathique arrive
en premier n’a apparemment pas d’importance. Quand ces deux cas se pro-
duisent en se référant au même événement physique, cela ajoute pour moi à
la validité à la fois du rêve et de l’intuition télépathique.
Il se peut fort bien que vous trouviez le même genre de connexion entre
certains de vos rêves prémonitoires et des paroles entendues, ou des pen-
sées, qui vous arrivent alors que vous êtes occupé à autre chose. Mais ce
n’est qu’en tenant un registre précis de toutes ces occurrences que vous
pourrez vous en apercevoir. C’est justement en raison de la nature sponta-
née des perceptions extrasensorielles que nous devons garder une telle disci-
pline dans nos enregistrements. Plus loin dans ce livre nous reviendrons sur
le renforcement que semblent exercer entre elles quelques-unes de ces per-
ceptions.

77
L’expérience suivante repose sur l’emploi des cartes ESP officielles. 8 On
peut les commander pour le tout petit prix de un dollar auprès de : Parapsy-
chology Department, Duke University, Durham, N.C. et le mode d’emploi est
inclus. Les cartes sont envoyées avec vingt-cinq feuilles vierges pour vos
notes, et l’on peut s’en servir plus plusieurs types d’expériences.
Vous pouvez fabriquer vos cartes vous-même, mais les raisons sont nom-
breuses d’utiliser celles du commerce. D’abord, les cartes sont absolument
semblables en taille et épaisseur. Le dos est opaque, uniforme, limitant ainsi
la possibilité que le subconscient reçoive des informations pouvant jouer sur
les résultats. Le jeu se compose de vingt-cinq cartes représentant cinq sym-
boles : étoile, vagues, croix (ou signe plus), cercle et carré.
Une fois que vous avez les cartes, il vous faudra construire un petit écran
en carton bien rigide et solide, ou autre matériau semblable, de manière à
séparer la personne qui dirige le test (l’opérateur) de la personne qui le fait
(le sujet). L’opérateur tire les cartes et le sujet essaye de deviner celles qui
sortent. Tous les résultats sont notés sur les feuilles prévues.
Un résultat dû au hasard avec un seul tirage serait de cinq. Ce qui signi-
fie que si seul le hasard était en jeu, le sujet devinerait cinq cartes sur les
vingt-cinq. Tout résultat au-dessus de celui-ci devrait être considéré comme
dépassant le simple hasard. Il faut cependant procéder à un minimum de dix
tirages, de préférence beaucoup plus. Il est possible par exemple que pour
les trois premiers votre résultat soit excellent, alors que pour les sept sui-
vants vous ne dépasserez pas la moyenne, ce qui abaissera en conséquence
votre note finale.
Je vous suggère de faire souvent l’exercice. Notez dans votre carnet dans
quelle humeur vous vous trouviez quand vous avez fait chaque test, à quelle
heure vous avez fait l’expérience, et même quel temps il faisait. Nous ne sa-
vons tout simplement pas comment fonctionnent les perceptions extrasenso-
rielles, et ce qui les influence. Vos propres résultats peuvent vous apporter
de nombreuses réponses : vous en sortez-vous mieux quand vous êtes de
bonne humeur ? De mauvaise humeur ? Êtes-vous influencé par les conditions
atmosphériques ? Si la science pouvait découvrir dans quelles conditions les
perceptions extrasensorielles fonctionnent le mieux, il serait possible de
mettre en place des expériences optimisées qui leur fourniraient une base
solide.
Essayez les cartes avec des parents et des amis. Notez les résultats. Ne
vous fatiguez pas en faisant trop de tirages en une seule séance. Suivez tou-
jours les instructions à la lettre. Si vous avez obtenu des résultats significa-
tifs sans l’écran, par exemples, ces résultats ne devraient pas être retenus
car les test n’ont pas été accomplis dans les conditions requises.

8
[Dites cartes de Zener.]

78
Au cours de nos expériences avec les cartes, j’ai une fois atteint l’excel-
lent score de 67 cartes devinées dans un test de clairvoyance. Celui-ci con-
siste à deviner l’ordre des cartes dans le paquet alors qu’il est posé sur la
table face cachée. On ne touche pas les cartes. Le hasard était à 50 bonnes
réponses. Mais au cours des essais suivants, mes résultats ont fait considéra-
blement baisser ce bon score. Une fois Robert a donné 12 bonnes réponses
sur 25. Nous n’avons pas accordé la priorité aux cartes dans l’ensemble de
nos recherches.
Certains expérimentateurs ont eu de très bons résultats avec les cartes,
d’autres non. Il est important que vous gardiez le plaisir de l’expérience,
que vous ne soyez pas ennuyé par trop de répétitions. Essayez de faire les
tests comme un jeu. Les perceptions extrasensorielles sont par nature spon-
tanées. Elles viennent souvent quand nous y pensons le moins. Jugez les ré-
sultats des expériences présentées dans ce livre avec une attitude scienti-
fique. Mais d’abord, vous devez vous autoriser la liberté intérieure qui vous
permettra « d’attraper » les perceptions qui ne passent pas par les sens phy-
siques.
Nombreuses sont les expériences que vous pouvez inventer vous-même.
Par exemple, demandez à quelqu’un de dessiner un objet simple, ou un sym-
bole, sur une feuille de papier, pendant que la personne est dans une autre
pièce. Puis essayez de dessiner le même objet ou le même symbole. Notez
toujours les résultats. Marquez le dessin original par 1 ou O (pour Original),
ou n’importe quelle autre désignation servant à garder la clarté de vos
notes.
Et n’oubliez pas votre carnet. Refusez d’attribuer tout ce que vous ne
comprenez pas à une coïncidence. Notez ce genre d’incidents. Est-ce que
vos lettres se croisent souvent, par exemple ? Si vous écrivez à un ami le
mercredi, arrive-t-il souvent que vous receviez la réponse le jeudi, avant
même qu’il ait pu recevoir votre lettre ? Ou est-ce juste votre imagination ?
Notez tout, et faites vos propres constatations. Ne considérez rien comme
acquis.
Essayez d’entrer en contact avec un ami au loin sans utiliser le téléphone
ni aucun autre moyen habituel de communication. Si vous suivez ces expé-
riences, si vous prenez le temps et faites les efforts nécessaires pour étudier
votre moi intérieur, vous pourriez bien découvrir que vous êtes capable de
faire ce genre de chose.
Voici maintenant quelques extraits de l’enseignement de Seth, dans les-
quels il parle de la télépathie en général, et des moyens par lesquels les
pensées sont transmises de l’émetteur (A) au receveur (B).
Extraits de la séance n° 136
J’ai déjà dit qu’il n’y avait pas de copies. Mais, direz-vous, certaines pensées ne
sont-elles pas des copies ? Effectivement les variations peuvent être légères, mais il y

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en a toujours. Une pensée transmise, consciemment ou non, par A n’est pas exacte-
ment la pensée que reçoit B. La pensée située au départ chez A est toujours chez A,
mais une autre pensée apparemment identique atteint B. A n’a rien perdu. C’est-à-dire
qu’en essayant d’envoyer la pensée, en essayant de la dupliquer, A continue à la gar-
der. Alors qu’est-ce qui est transmis à B ? C’est assez important, car l’explication va
beaucoup contribuer à éclaircir les fréquentes différences qui se produisent lors des
communications télépathiques.
Que l’émetteur, A, transmette cette apparente copie consciemment ou inconsciem-
ment, au point de la transmission, cet émetteur forme le schéma d’une impulsion élec-
trique supposée dupliquer la pensée originelle. Mais autant que je sache, une telle du-
plication exacte est impossible, dans n’importe quelle réalité.
Petite remarque : les vrais jumeaux ne sont pas tout à fait identiques, par exemple.
Dès que la tentative est faite de dupliquer la pensée, cette tentative en elle-même
entraîne des étirements et des contractions ; l’impulsion change de façon infinitési-
male, ou à un degré plus important. Ce que je veux dire, c’est que toute tentative de
duplication oblige les impulsions à déformer le schéma. Quand B reçoit la pensée,
c’est déjà une nouvelle pensée. Elle ressemble beaucoup à la pensée originale, mais
elle n’est pas la pensée originale.
Une identité première ne peut pas être dupliquée. Une copie exacte est toujours le
fruit d’un manque de connaissance. Dans certains cas deux pensées peuvent paraître
identiques, mais que ce soit démontré à l’examen ou non, une telle duplication exacte
est impossible.
Maintenant, quand B reçoit une pensée transmise, il peut réagir à, et interpréter, la
partie de la pensée similaire à l’original. Il peut aussi, au contraire, réagir à et interpré-
ter la partie de la pensée qui n’est pas similaire à l’original. Il peut réagir à et interpré-
ter la similarité ou la différence. Ses réactions dépendent de plusieurs facteurs, dont
l’intensité des impulsions électriques composant la pensée, et sa propre capacité in-
terne à réagir à des spectres spécifiques d’intensité.
Habituellement, pour plusieurs raisons que j’ai déjà expliquées, les individus ins-
tallent une gamme de fréquences qu’ils peuvent gérer. Une personne se sentira donc
plus à l’aise de travailler avec certaines fréquences. La pensée originale est utilisée
comme schéma directeur pour la création d’une nouvelle réalité électrique, pouvant
être dirigée, ou non, vers n’importe quel receveur. Il existe évidemment une tentative
de duplication : sans elle les identités séparées n’auraient entre elles que peu de points
communs.
La nature de la pensée reçue par B dépend de plusieurs facteurs. Nous n’en exami-
nerons que quelques-uns. Parmi eux sont l’intensité première de la pensée chez A ; la
capacité de A de dupliquer autant que possible la pensée ; la stabilité relative de l’unité
électrique de pensée formée par A ; la familiarité, ou non, pour le receveur envisagé,
quel qu’il soit, de la gamme de fréquences composant la pensée.
Le receveur comprend et interprète en général le spectre d’intensité qu’il a l’habi-
tude d’utiliser lui-même. Certaines pensées, ou portions de pensées, peuvent entrer
dans ce spectre, d’autres non. Il pourra recevoir les portions de la pensée similaires à la

80
pensée originelle, ce qui pourra être considéré comme un genre de preuve scientifique.
Mais il peut aussi arriver que ce soient les différences qui correspondent à son spectre
familier de fréquences, auquel cas la preuve ne sera pas satisfaisante.
Je vous ai dit aussi que les émotions étaient une réalité de nature électrique. Les
pensées formées et émises sur une impulsion émotionnelle réussissent souvent en rai-
son de la nature spécifique des impulsions émotionnelles électriques. Leur charge élec-
trique est particulièrement forte. Pour certaines raisons que je n’approfondirai pas,
elles ont généralement des intensités puissantes. Les pensées formées sur la base d’un
fort élan émotionnel ont plus d’éclat, elles se prêtent plus à la duplication et peuvent
être interprétées avec un certain succès.
Tous les individus sont donc familiers des émotions, car ils existent selon des in-
tensités électriques et ils ont l’habitude d’y réagir. Tout le processus est instantané.
Seulement la pensée qui est désormais une approximation de la pensée originelle – et
qui possède en fait une identité propre – cette pensée est de nouveau changée, cette
fois par le récepteur. En fait, il n’interprète pas la pensée elle-même. Il interprète sa si-
gnification et forme une nouvelle identité de pensée.
Je vous l’ai dit lors de notre dernière séance. L’action, l’acte en soi de la transmis-
sion, modifie la nature et la réalité électrique de la pensée en soi.
Pour le répéter : notre émetteur imaginaire A ne transmet pas une pensée donnée.
Il n’en envoie même pas une copie exacte. Le récepteur ne reçoit pas non plus cette
pensée telle qu’elle est partie. La pensée originale reste chez A. Celui-ci forme une
pensée aussi identique que possible à la première, qu’il transmet à B. Mais B ne peut
pas recevoir la pensée telle qu’elle est, puisque l’action même de recevoir modifie la
pensée. Il forme une pensée aussi proche qu’il lui est possible, et l’interprète.
Il est impossible de séparer une action de l’objet sur lequel apparemment elle
porte, car l’action devient une partie du processus. L’action commence à l’intérieur, et
résulte de la vitalité inhérente à toute réalité. L’action n’est pas une chose en soi. Elle
n’est pas une identité. L’action est une dimension de l’existence.

81
VII. – Les étapes vers le temps psychologique – La transe
légère – Expériences pour vous
Le travail du mental conscient est de nous guider le long de la vie quoti-
dienne. Nécessairement il s’occupe du temps et de l’espace. Mais beaucoup
d’expériences qui nous affectent profondément n’occupent aucun espace et
semblent exister indépendamment du temps tel que nous le connaissons.
Une expérience psychologique forte, par exemple, ne prend pas de place et
se projette à travers le temps. Mais une telle expérience est parfois plus
marquante que d’autres réalités que nous pouvons voir et toucher.
Généralement, notre conscience se concentre dans une seule direction.
Nous détournons notre attention de notre moi intérieur pour la tourner vers
l’environnement extérieur. La plupart du temps, c’est une méthode effi-
cace : nous devons nous relier à notre monde physique, puisque nous vivons
dans un univers physique. Mais nous apprenons que l’univers physique lui-
même est complètement différent de l’apparence qu’il présente à nos cinq
sens. Souvenez-vous de notre table, qui n’est pas vraiment solide, sans que
cela change la nature basique des atomes et des molécules qui la forment.
Une idée, par exemple, est en tout point aussi réelle et concrète qu’une
table, mais ses dimensions diffèrent de celles d’un objet physique. Nous
pouvons dire d’une idée qu’elle a de la profondeur et du poids, sans que cela
veuille dire la même chose que le fait qu’une rivière ait une certaine profon-
deur, ou une pomme un certain poids. Les idées sont aussi, dans une large
mesure, indépendantes du temps. Elles sont sans aucun doute indépendantes
de l’espace. Notre mental peut parfaitement travailler avec des idées, mais
nos sens ne peuvent pas les percevoir. Une pensée n’a pas d’odeur ; vous ne
pouvez pas goûter ou toucher une idée, et cependant nous savons que les
idées existent et qu’elles sont légitimes. Sans elles aucun progrès ne serait
possible dans le domaine physique, car tout progrès est précédé d’une idée.
Les idées proviennent du moi intérieur, cette portion du moi que nous
ignorons si souvent. Comme nous concentrons notre énergie sur les objets
physiques et leur manipulation, nous oublions souvent le moi intérieur. Dans
ce chapitre vous trouverez des expériences à faire vous-même qui vont vous
permettre de faire passer votre concentration de la réalité extérieure vers la

82
réalité intérieure, car, comme les idées et les autres phénomènes non phy-
siques, les perceptions extrasensorielles semblent opérer indépendamment
de l’espace et du temps.
Si nos sens nous permettent de percevoir la réalité physique, ils nous
obligent à la recevoir d’une façon extrêmement déformée. De la même fa-
çon que des êtres bidimensionnels n’auraient pas conscience d’un monde tri-
dimensionnel, et ne pourraient en recevoir les données qu’au prix de ter-
ribles distorsions, nous sommes nous-mêmes largement inconscients de la ré-
alité telle qu’elle existe avant cette distorsion par nos organes sensoriels.
Il est tout à fait possible que nous ne comprenions jamais complètement
l’univers physique en utilisant des instruments physiques, car ces mêmes ins-
truments sont eux-mêmes affectés par cette distorsion qui déforme l’univers.
Nous avons besoin d’un autre cadre de référence, un point légèrement en
dehors de notre système physique. Un tel point pourrait être le moi intérieur,
cette partie du moi qui existe de la même façon que les idées existent – dans
la matière physique, mais indépendamment d’elle dans une large mesure.
D’après le Livre de Seth, on peut voir la réalité physique comme une ma-
térialisation, ou une construction, provenant d’actions mentales. S’il en est
ainsi, alors une analyse systématique de la nature du moi intérieur et de ses
capacités devrait nous permettre de percevoir la réalité telle qu’elle existe
sous une forme à peu près pure - non déformée par les sens physiques.
Si tout cela vous paraît un peu tiré par les cheveux, réfléchissez à ceci :
avec toutes ses connaissances, l’homme ne sait toujours pas ce qu’est le
mental. On peut étudier le cerveau physique avec des instruments. On peut
le stimuler physiquement. Il est une partie de l’univers physique. Certains
scientifiques pensent que le mental n’existe pas en tant que tel, que le mot
« mental » n’est qu’un terme faisant référence aux fonctions du cerveau.
Mais il est tout à fait possible que le mental ne soit qu’une partie de nous
qui n’apparaît pas dans la matière physique. La joie non plus n’est pas un
objet physique, et pourtant personne ne doute de son existence. Les rêves
ne sont pas des objets non plus, mais personne ne conteste leur validité.
Le mental pourrait être une partie du moi intérieur qui ne se manifeste
pas en termes physiques. Le cerveau pourrait faire partie du mental, celui
qui n’apparaît pas comme un objet à l’intérieur du corps. Et donc le mental,
séparé de la matière physique, pourrait constituer ce point de référence
dont nous avons besoin pour percevoir la réalité telle qu’elle existe indépen-
damment des déformations entraînées par les organes des sens.
Dans nos expérimentations, nous allons nous concentrer vers l’intérieur,
car dans de nombreux cas, il est fort possible que les perceptions extrasen-
sorielles soient en fait des aperçus de cette réalité fondamentale. De la
même façon, comme nous savons déjà que le temps n’est qu’un consensus
artificiel, forcé, de notre part, il n’est pas surprenant que les perceptions
extrasensorielles tendent à se produire comme si le temps tel que nous le

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connaissons n’existait pas. Résultant de nos perceptions limitées, notre idée
du temps elle aussi est déformée. Notre conception du temps peut égale-
ment fausser notre appréhension de la réalité.
Existe-t-il un moyen de percevoir la réalité telle qu’elle existe sous les
formes changeantes de la matière physique ? Je crois que oui.
Nous pouvons commencer par changer la concentration de notre cons-
cience de veille, et il y a de nombreuses façons de le faire. Quand nous rê-
vons, par exemple, nous modifions facilement le mode de concentration de
notre conscience, et vous avez vu qu’apparemment les perceptions extrasen-
sorielles se manifestent quand nous dormons.
Mais même là il y aura certaines déformations. Le subconscient personnel
fait la même chose que les sens physiques, qui tendent à déformer la réalité
quand ils la perçoivent. Vous pouvez voir tout cela à l’œuvre en étudiant
votre carnet de rêves, pour y découvrir des informations clairvoyantes va-
lables mélangées avec des éléments qui n’ont absolument rien à voir avec
les données prémonitoires. En tournant notre concentration vers l’intérieur,
nous pouvons nous libérer des limitations rigides des sens, et apprendre par
l’expérience à regarder, à travers le subconscient personnel, vers d’autres
réalités plus lointaines.
Nous n’avons pas besoin d’être endormis pour les percevoir. Nous pou-
vons y arriver aussi, et même mieux, en état de transe légère, quand nous
sommes légèrement dissociés de notre environnement extérieur. L’état de
transe est simplement une concentration accentuée. Il ne présente aucun
danger, et peut être très bénéfique. On peut l’utiliser pour faire une transi-
tion entre l’état de veille ordinaire et ce que Seth appelle le « Temps Psy-
chologique ». Dans le Temps Psychologique, votre concentration est tournée
librement vers l’intérieur, et vous pouvez vivre le temps tel qu’il existe réel-
lement.
Dans la transe légère, le moi jouit de plus de liberté. On garde sa cons-
cience, mais en ignorant les distractions extérieures. Dans ce chapitre vous
allez apprendre comment induire cet état de transe légère, comme l’utiliser
et développer vos facultés intérieures.
En juillet 1965, nous avons été invités à participer au séminaire Hypnose
III organisé conjointement par le State University College d’Oswego, N. Y., et
la American Society of Clinical Hypnosis. Ce séminaire se tenait à l’univer-
sité. Un point important qui y a été soulevé est que l’hypnose est en réalité
un état de concentration accrue, et n’a rien à voir avec le sommeil, contrai-
rement à ce que l’on suppose de façon erronée.
À l’aide de l’hypnose, l’individu est simplement capable d’utiliser des ca-
pacités et des potentiels dont l’ego n’a pas connaissance. Cet état de haute
concentration peut nous permettre de focaliser notre conscience de veille
sur des processus choisis, tout en bloquant les distractions extérieures. C’est

84
un outil excellent pour l’étude et le développement de la personnalité hu-
maine.
Nos expérimentations avec l’hypnose nous ont convaincus que l’état hyp-
notique ne représente qu’une variation de l’état habituel de conscience.
Étant donné que souvent les gens entrent en état de transe dans la vie quoti-
dienne sans même s’en rendre compte, la transe est certainement un aspect
normal de la conscience. Il est possible qu’elle soit utile à la préservation de
l’espèce, d’une façon que nous n’avons pas encore découverte.
Il est nécessaire aussi d’étudier beaucoup plus attentivement l’état de
conscience du sommeil, car d’après nos expériences, il est évident que la
personnalité fait preuve d’activité intentionnelle pendant le rêve, et que
l’individu s’essaye à la résolution de problèmes et à d’autres activités que
l’on attribue généralement à la personnalité éveillée.
L’hypnose n’est qu’une méthode tendant à augmenter la puissance de la
concentration. Par l’autohypnose, nous pouvons pour ainsi dire changer de
vitesse, changer le focus de notre conscience de veille. Mais dans ce livre, je
ne vous suggérerai que l’autohypnose. Tant que vous ne vous serez pas fami-
liarisé davantage avec le sujet, je ne vous conseillerai pas d’essayer d’hyp-
notiser qui que ce soit.
Vous avez été souvent en transe légère, probablement sans même le sa-
voir. Quand vous vous concentrez sur un problème en éliminant tout le reste,
il est à peu près certains que vous êtes en état de transe légère. Vous y êtes
souvent quand vous regardez la télévision, et que toute votre attention est
dirigée vers le programme que vous regardez.
Vous pouvez entrer dans cet état quand vous le désirez, et l’utiliser à
votre profit. Plusieurs méthodes permettent d’accéder à cet état de concen-
tration. Je vais vous expliquer celle que je trouve la plus facile et la plus ef-
ficace. Cet état de transe va aussi vous permettre de vous détendre physi-
quement chaque fois que vous en aurez besoin.
D’abord, installez-vous dans un siège confortable, ou allongez-vous sur
votre lit. Fermez les yeux. En commençant par vos pieds, détendez tous vos
muscles. À voix haute ou mentalement, dites-vous que vous vous détendez
complètement. Écoutez vos paroles. La suggestion est merveilleusement ef-
ficace pour induire la relaxation. Vous allez sentir que vous lâchez vraiment
prise. Procédez muscle par muscle, remontez les mollets, les cuisses, le bas-
sin, les hanches, le bas du dos jusqu’à la taille, le long de la colonne verté-
brale jusqu’au cou.
Imaginez la relaxation se répandre dans vos épaules, descendre le long
de vos bras, à travers les coudes, les mains, jusqu’au bout de vos doigts. Puis
imaginez-la, à partir du cou et des épaules, pénétrer dans votre tête, les
mâchoires, les muscles du visage, jusqu’au front et au cuir chevelu. Au fur et
à mesure, vous pourrez sentir les tensions, la nervosité, quitter votre corps.

85
Au début c’est un processus qui peut prendre une vingtaine de minutes.
Cette durée dépend de vos facultés de concentration. Plus tard, vous pour-
rez arriver au même résultat par la simple suggestion que vous pouvez le
faire. Chaque fois que vous utilisez l’autohypnose, assurez-vous de vous sug-
gestionner de sortir de cet état dès que vous le souhaiterez, ou au bout d’un
décompte de trois.
Il est hautement improbable qu’une transe se prolonge outre mesure,
mais il faut toujours prendre ces précautions. Tout ce que vous risquez vrai-
ment, c’est de vous endormir naturellement. Il vaut donc mieux vous dire
que vous ne vous endormirez pas. Seulement votre corps physique sera dans
un état de détente profonde, alors si les premières fois vous vous endormez
dès les premières minutes, ne vous découragez pas. Vous apprendrez vite le
moyen de maintenir l’état désiré. À ce moment-là, votre mental est totale-
ment éveillé et votre concentration est à son maximum. Votre corps sera dé-
tendu et votre mental ne sera soumis à aucune distraction physique.
Vous pouvez même douter être en état de transe légère, car parfois la
différence est à peine perceptible dans votre champ de conscience. Il existe
cependant un changement subtil dans votre rapport conscient à votre envi-
ronnement physique. Vous avez les yeux fermés. Vous savez que vous êtes
dans telle pièce. Vous pouvez entendre les bruits de la rue. La différence est
que ces perceptions ne vous dérangent plus.
Si vous souhaitez vous prouver que vous êtes en état de transe légère,
vous pouvez faire la chose suivante. Au début, cela vous aidera à avoir con-
fiance en vous. Plus tard vous aurez votre réponse simplement en ressentant
votre état de conscience. Voici ce que vous pouvez faire. Les yeux fermés,
et après avoir atteint par la suggestion l’état de relaxation souhaité, dites-
vous que vous ne pouvez plus ouvrir les yeux. Dites-vous fermement que plus
vous essayez de les ouvrir, plus ils sont durement fermés.
Répétez ceci plusieurs fois. Puis essayez d’ouvrir les yeux. À votre grande
surprise, vous découvrirez que vous ne pouvez pas. Dès que vous vous êtes
assuré de cette manière d’être en état de transe, supprimez immédiatement
la suggestion. Dites-vous que vous pouvez ouvrir les yeux quand vous le dési-
rez, mais ne les ouvrez pas car vous pourriez revenir à votre état normal de
conscience.
Vous pouvez aussi essayer de la façon suivante. Après la relaxation,
dites-vous que force et puissance envahissent votre bras droit. Si vous êtes
gaucher, prenez le bras gauche. Tendez le bras et répétez fermement la sug-
gestion. Dites-vous que votre bras devient raide, solide comme une planche.
Suggérez-vous que vous ne pouvez pas plier le bras, et que plus vous essayez
plus il devient raide. Puis essayez de le plier. Vous verrez que vous ne pou-
vez pas. Il sera vraiment raide comme une planche, et ne pourra bouger que
tout d’une pièce. Puis retirez immédiatement la suggestion. Dites-vous que

86
votre bras est désormais relaxé et mobile, et que vous pouvez le plier. Le
bras retrouve alors son état normal.
Je mentionne ces tests uniquement pour que vous puissiez vous assurer
que vous êtes bien en état de transe légère si c’est ce que vous désirez. Ils
ne sont pas nécessaires pour le but que nous poursuivons. Si vous utilisez un
de ces tests, soyez bien sûr d’éliminer les suggestions d’impossibilité dès que
le test est terminé.
Une fois la relaxation terminée, restez simplement assis, ou couché. Ne
faites pas d’autres suggestions, sauf pour vous dire que vous êtes rempli de
vitalité et de santé. Cet état de relaxation que vous avez atteint est positif à
bien des points de vue. La nervosité qui affecte nombre d’entre nous dispa-
raît pendant la transe légère. J’ai utilisé celle-ci très efficacement pour di-
minuer la gêne et la douleur chez le dentiste.
Mais dans ce livre nous allons examiner la transe légère dans ses rapports
avec l’ego. Dans cette condition mentale en effet, nous avons la possibilité
de faire un pas en dehors de l’ego, toujours terriblement préoccupé de l’en-
vironnement physique. Nous pouvons nous concentrer sur le moi intérieur et
oublier momentanément le moi qui se consacre aux occupations quoti-
diennes.
Je voudrais vous conseiller au début de ne pas prolonger cet état de
transe légère au delà de quinze minutes. Vous pouvez vous suggérer que
votre subconscient vous sortira de la transe, et il le fera. Ou vous pouvez ré-
gler le réveil. Un quart d’heure suffit pour que vous vous habituiez à ce nou-
vel état de conscience. Plus tard vous pourrez y rester plus longtemps si vous
préférez.
En état de transe, votre conception du temps diffère de ce qu’elle est
habituellement. Le moi intérieur est libéré du temps de l’horloge, comme
lorsque vous rêvez.
Dans un moment de rêverie au cours de la journée par exemple, vous
pouvez avoir l’impression que le temps s’est arrêté, pour vous apercevoir,
quand vous vous « réveillez », qu’une heure s’est écoulée. En état de transe
également il est possible que vous ne réalisiez pas la durée exacte du temps.
Mais vous pouvez aussi atteindre cet état de relaxation sans utiliser
l’autohypnose. Simplement, allongez-vous ou asseyez-vous tranquillement.
Essayez de faire l’exercice de télépathie décrit dans ce livre, celui où vous
observez votre propre flux de conscience et l’ignorez. Explorez mentalement
l’obscurité derrière vos paupières closes. Avec la pratique, vous arriverez à
concentrer votre attention vers l’intérieur plutôt que vers l’extérieur.
Maintenant, que pouvez-vous attendre de cet état de conscience ? Com-
ment pouvez-vous concrètement apprendre à reconnaître et à utiliser vos ca-
pacités intérieures ? Tout d’abord, vous devrez atteindre un certain degré de
dissociation de votre environnement physique. Vous en serez conscient, vous
saurez qu’il est là, mais vous pourrez l’ignorer. Vous allez certainement

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éprouver un sentiment de détachement très agréable. Au début les sons peu-
vent vous sembler très forts, mais ensuite vous les remarquerez à peine.
Ensuite, concentrez simplement votre attention sur votre moi intérieur.
Les premières fois, il est possible que vous entendiez des voix, ou que vous
voyiez des images. Ceci peut provenir du subconscient personnel, ou de
couches plus profondes du moi, qui peuvent percevoir la réalité par d’autres
moyens que les sens physiques. Écrivez ce que vous avez vu ou entendu im-
médiatement après l’expérience. Il est possible que vous preniez soudain
conscience de certains événements mentaux, pour réaliser qu’ils étaient en
train de se produire depuis un certain temps sans que vous vous en soyez
rendu compte. En fait, vous devrez apprendre souvent à leur conférer vous-
même de la durée.
Je vais exposer certaines de nos expériences, importantes ou relative-
ment insignifiantes, dans cet état de dissociation. Voici une expérience
simple, mais assez intéressante, qui s’est passée environ cinq mois après le
début de nos expérimentations.
Robert est un artiste. Il avait gagné un prix de portrait à la galerie d’art
locale et ce soir-là, nous devions assister à la réception de remise de ce prix.
Après le dîner, je me mise en état de transe légère. Il était dix-huit heures,
et je voulais commencer à m’habiller à dix-neuf heures. J’avais eu une jour-
née très occupée. Je commençai à somnoler, perdis toute conception du
temps, pour me réveiller brusquement, toujours les yeux fermés. « Je me
demande quelle heure il est ? » pensai-je. Immédiatement, derrière mes
paupières closes, j’ai vu clairement la pendule dans l’atelier de Robert.
Même si j’avais eu les yeux ouverts, ce qui n’était pas le cas, il m’aurait été
impossible de voir cette pendule depuis mon lit. Il n’y en avait aucune dans
la pièce dans laquelle j’étais. J’ai pu lire l’heure très facilement : il était
sept heures moins dix. J’ai accepté ce fait, pour ainsi dire sans y penser, et
j’ai dit à mon subconscient de me laisser rêvasser pendant encore dix mi-
nutes. Quand je me réveillai ensuite, j’appelai immédiatement Robert en lui
demandant l’heure. Il était dix-neuf heures.
L’expérience suivante est beaucoup plus impressionnante. C’est arrivé un
matin, pendant que j’étais en transe légère. L’expérience elle-même a com-
mencé par une sensation inhabituelle dont nous parlerons dans le prochain
chapitre. J’ai senti une brusque poussée intérieure dans la région de ma
tête, et je me suis immédiatement retrouvée debout devant la maison où
j’ai grandi. Il n’y eut aucune transition.
À un moment je sentais le lit sur lequel j’étais allongée, l’instant suivant
je sentais mes pieds sur le trottoir couvert de neige. Le vécu était si clair,
vivant, réel, que j’eus un brusque sentiment de désorientation. Étais-je en
train de rêver ? Était-ce une hallucination ? Je regardai autour de moi. Les
maisons avaient leur air normal. C’était celles dont je me souvenais. Je sa-
vais qu’on était en avril. Mais alors, d’où venait cette neige ? Comment

88
étais-je allée d’Elmira à Saratoga Spring, pour y arriver au milieu de l’hiver ?
Les arbres avaient perdu leurs feuilles. Je reconnaissais parfaitement les
lieux, alors que je n’étais pas venue depuis plusieurs années. Ma famille ne
vivait plus dans cette maison devant laquelle je me tenais. Puis je remarquai
quelque chose d’étrange : la dernière fois que j’étais venue à Saratoga, la
maison de l’autre côté de la rue, en face de celle où j’habitais, était entou-
rée d’une barrière. Là il n’y en avait pas, et aucun signe qu’il y en ait jamais
eu.
Où était cette barrière ? J’essayai d’imaginer ce qui avait pu se passer.
Je n’avais pas peur, j’étais juste étonnée. À cet instant trois jeunes garçons
arrivèrent le long de la rue. Ils traînaient une luge. Immédiatement je recon-
nus l’un d’eux : c’était un vieil ami, D. H. Alors que j’allais l’appeler, je
m’arrêtai, en pleine confusion : D. H. a dix ans de moins que moi. Il aurait
dû être un adulte. Mais je ne me trompais pas. Je regardai mieux : c’était
définitivement D. H., enfant. En m’en rendant compte, je commençai à
quitter la scène. Apparemment je ne disparaissais pas, mais on aurait dit que
je quittais la scène. Je ne sais pas comment j’ai fait, mais j’ai réussi à y re-
venir. Cette fois je restai là, à examiner la scène soigneusement.
Déjà les garçons s’éloignaient, prenant un raccourci que je connaissais
bien. « Évidemment, pensai-je, la mère de D. H. habite au coin. Je peux al-
ler la voir quand j’en ai envie. » Puis je me suis souvenue que je n’avais pas
vu la mère de D. H. depuis dix ans. En même temps me vint une autre
pensé : la rue était exactement comme par le passé ! La barrière n’avait pas
encore été installée ! Et soudain je fus de retour dans mon lit. Je sentis les
oreillers sous ma tête. Ouvrant les yeux, je regardai ma chambre autour de
moi. La rue et les maisons étaient parties.
La régression, ou le retour psychologique d’un individu vers un événe-
ment passé, n’est pas un phénomène inhabituel sous hypnose. C’est une ex-
périence qui convaincra n’importe qui que le subconscient personnel con-
tient la mémoire complète et détaillée de toutes nos expériences, et peut,
sous certaines circonstances, nous permettre de les revivre. Il n’est pas ici
question de mémoire, mais du fait de revivre l’événement lui-même, à l’in-
térieur d’une structure psychologique.
Il pourrait s’agir, dans l’expérience que je viens de raconter, d’une ré-
gression très vivante vers un incident particulier que j’avais consciemment
oublié. Mais pour moi, à toutes fins pratiques, il est évident que j’avais
quitté ma chambre à coucher. Mes sens ne la percevaient plus. Je ne peux
pas prouver que mon corps était toujours sur le lit pendant que j’étais ail-
leurs, à plus de 300 kilomètres dans l’espace et de 15 ans dans le temps. Je
ne peux pas prouver non plus que mon corps n’était pas sur le lit. Où qu’ait
été mon corps pendant ce temps-là, ce que je sais c’est que la partie princi-
pale de mon être était à Saratoga Springs, N. Y. J’avais les pieds froids à
cause de la neige. J’étais moi-même, à mon âge, faisant usage de toutes

89
mes facultés pour découvrir la nature de la situation dans laquelle je me
trouvais.
Il a pu s’agir d’une régression dans mon passé. Il a pu s’agir de ce qu’on
appelle une projection astrale. Je ne crois pas, pour ma part, qu’il s’agisse
d’une régression ; peut-être parce que la sensation physique particulière par
laquelle a débuté l’expérience ne fait habituellement pas partie des régres-
sions. Et j’ai fait d’autres expériences qui comprenaient cette sensation phy-
sique. Il faut faire plus de recherches. Trop de questions n’ont pas trouvé de
réponses, et il reste encore trop de questions à poser.
Si vous faites ce genre d’expérience, parlez aux personnes que vous
voyez. Essayez d’établir un contact. C’était le premier incident de cette
sorte où j’étais impliquée. Ce n’est que plus tard que j’ai regretté de ne pas
avoir appelé D. H. Rien ne m’empêchait de prendre de la neige dans ma
main, ou de traverser la rue. Mais à l’époque je n’avais pas ce genre d’idées.
Il va sans dire que pour moi la scène était aussi réelle que ce que je pou-
vais voir de ma fenêtre. L’expérience faisait autant partie de ma réalité que
toutes les autres expériences ordinaires de ce jour-là. Elle était un événe-
ment du même ordre que le petit déjeuner que j’ai pris peu après. Mais
était-elle réelle au sens physique du terme ? Existait-elle, peut-être, dans un
autre continuum d’espace-temps ? Ce sont des questions légitimes. Il est
tout à fait possible que nos conceptions de la réalité soient terriblement li-
mitées. Même le genre de questions que nous nous posons est déterminé par
ce que nous pensons être possible ou pas. Et nos questions limitent nos in-
vestigations et déterminent leur nature.
Mais l’expérience que je viens de raconter, et la suivante, qui est arrivée
à Robert, se sont passées au début de nos expérimentations. Depuis nous en
avons eu d’autres, tous les deux. Robert s’était mis en état de transe légère.
Il était allongé sur le lit. Sans aucune transition, il s’est retrouvé dans un im-
meuble de bureaux, à New York City, 57e rue. Il a reconnu un lieu où il avait
travaillé par le passé. Là, il se tenait dans un couloir.
Sur sa gauche était une étroite fenêtre verticale, avec un encadrement
en acier inoxydable ou en aluminium. Par la fenêtre il aperçut une rambarde
en acier brillant. Environ trois mètres plus bas était un parapet en pierre.
Devant lui, entre lui et la fenêtre, se tenait une jeune femme. Elle essayait
d’ouvrir la fenêtre. Celle-ci se composait de deux moitiés, une supérieure et
une inférieure, s’ouvrant vers l’intérieur.
La jeune femme avait de longs cheveux noirs. Elle était mince et portait
un chemisier de soie jaune sans manches. Ensuite Robert n’arriva plus à se
souvenir de sa couleur, mais sur le moment il la vit clairement. Il pensait
l’aider à ouvrir la fenêtre, quand soudain il se retrouva dans le lit. La fille et
le bâtiment avaient disparu.
Cet incident, comme celui que j’ai vécu moi-même, était tout aussi réel
que tout ce qui a pu se produire ce jour-là. En fait, ces incidents sont encore

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plus réels, d’une certaine façon, car ils sont tout à fait inhabituels. Si c’était
une hallucination, elle était particulièrement frappante. Robert se sentait
présent dans ce bâtiment tel qu’il existe aujourd’hui, plutôt que dans le
passé. La jeune femme, l’immeuble, et tous les détails, étaient solides, ou
du moins ils apparaissaient solides et réels physiquement parlant.
Pour ce qui concerne vos propres expérimentations, essayez de vérifier
autant de faits que vous le pouvez. Dans le chapitre suivant, nous allons étu-
dier une expérience comme celle-ci, dans laquelle Robert a essayé d’établir
le contact. Si vous vous retrouvez chez un ami, essayez par tous les moyens
de lui parler, si vous le voyez. Puis, ultérieurement, faites les vérifications
avec votre ami par les méthodes ordinaires de communication. Malheureuse-
ment, nous n’avons pas encore fait d’expériences de ce type impliquant des
amis.
Nous n’en savons tout simplement pas assez, par exemple, sur la nature
de la réalité, pour affirmer que notre ami ne pourrait pas nous voir ou nous
entendre dans ces circonstances. Nous ne savons pas si notre moi intérieur
n’aurait pas une sorte de réalité électrique qui pourrait le rendre visible. Et
si votre ami ne peut pas vous voir avec ses yeux, peut-être serez-vous vi-
sible, dans ces mêmes conditions, pour quelqu’un d’autre qui vous perce-
vrait selon une modalité différente.
Au fur et à mesure de vos essais, vous pouvez découvrir que vous prenez
soudain conscience d’une expérience uniquement pour réaliser qu’elle se
poursuit depuis un certain temps, mais que vous n’en aviez pas conscience.
Au début votre ego peut s’interposer, et faire que les paroles ou les images
disparaissent. Avec la pratique vous arriverez à prolonger la durée de ce
genre de circonstances. Il semble qu’une espèce de mécanisme subconscient
joue ici un rôle. À partir d’un certain niveau de conscience, on dirait que
votre attention est libérée et que votre conscience est provisoirement déta-
chée de sa concentration sur la réalité physique.
Ne vous focalisez pas sur le mécanisme de la transe légère au point d’ou-
blier qu’il ne s’agit que d’un outil pour augmenter votre concentration. Ne
vous préoccupez pas de savoir quelle « profondeur » vous avez atteinte, ou si
la séance va ou non être productive. Tout cela ne fera que contrecarrer
votre objectif. Toutes les séances ne produiront pas des images, des paroles
ou des expériences définies, de quelque nature que ce soit. Vous allez ce-
pendant apprendre à gérer votre moi intérieur, et vu sous cet angle, toutes
les séances seront productives.
Ce que nous cherchons est la dissociation de la conscience d’avec l’envi-
ronnement physique, et la concentration élevée qui la rend possible. Puis
nous tournons cette concentration vers l’intérieur. Que vous atteigniez cet
état par l’autohypnose ou par toute autre méthode n’a pas d’importance.
Quiconque a l’habitude de concentrer ses énergies sur une seule tâche à
l’exclusion de toute autre y est déjà parvenu souvent.

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Une fois toutes les expérimentations terminées, écrivez tout de suite
comment elles se sont déroulées. Consignez soigneusement tout ce que vous
avez vu ou entendu. Vous le savez quand vous avez vécu une expérience par-
ticulièrement forte. Mais vous oublierez les autres, moins marquantes, si
vous ne les notez pas. Ce n’est pas chose facile de décrire des états subjec-
tifs de conscience, mais vous devez absolument faire tous les efforts pour y
parvenir.
Cet état de transe légère, ou de concentration accrue, peut aussi être
utile si on le relie à d’autres expériences. Dites-vous quelquefois, quand
vous êtes dans cet état, que vous pouvez ouvrir les yeux sans sortir de l’hyp-
nose. C’est une suggestion nécessaire, car à ce niveau de conscience, la ten-
dance est de sortir de la transe dès que les yeux sont ouverts. Ensuite par-
courez vos cartes ESP. Vous constaterez que vos résultats sont bien plus éle-
vés quand vous vous concentrez de cette manière. N’oubliez pas de mention-
ner dans vos notes que vous avez fait vos exercices en état de transe.
Si vous avez déjà essayé l’écriture automatique sans beaucoup de succès,
suggérez-vous en état de transe que vous êtes capable de pratiquer l’écri-
ture automatique. Prenez une grande feuille de papier et un crayon gras.
Dites-vous que votre esprit subconscient va utiliser vos mains pour écrire sur
n’importe quel sujet de son choix. Écrivez votre nom en haut de la page. Re-
lisez ce qui a été dit plus haut au sujet de l’écriture automatique, et suivez
les directives tout en restant en état de concentration élevée.
Si vous utilisez l’autohypnose, je vous conseille de n’utiliser que la mé-
thode d’induction présentée dans ce livre. La boule de cristal, le pendule,
peuvent provoquer la transe assez rapidement, avant que vous ayez réalisé
ce qui se passait. C’est pour cette raison que je déconseille formellement de
jouer avec ce genre de pratiques.
Voici maintenant des extraits de séances avec Seth concernant le sujet
traité dans ce chapitre. Le premier provient de la séance n° 14. Il va sans
dire que seuls de courts extraits peuvent être donnés dans ce livre, mais tous
les sujets mentionnés sont discutés à fond dans l’enseignement.
Tout, sur votre plan, est la matérialisation de quelque chose qui existe indépen-
damment de votre plan. À l’intérieur de vos sens se trouvent donc d’autres sens qui
perçoivent vers l’intérieur. Vos sens habituels perçoivent, ou créent, un monde exté-
rieur. Les sens à l’intérieur d’eux perçoivent et créent un monde intérieur. Ils perçoi-
vent une partie d’un monde intérieur.
C’est à peu près comme si vous pouviez sentir, toucher et percevoir tant du monde
extérieur, et sentir, toucher et percevoir tant du monde intérieur, alors qu’énormément
de choses existent dans toutes les directions, dont obligatoirement vous ne savez rien.
Une fois que vous existez dans un champ particulier, vous devez vous aligner sur lui
en bloquant beaucoup d’autres perceptions.

92
C’est une espèce de concentration psychique, une concentration d’attention selon
certaines directions. Au fur et à mesure que vos capacités progressent relativement à
l’environnement de votre plan, vous pouvez vous permettre de regarder autour de
vous, d’utiliser vos sens intérieurs et d’élargir le champ de vos activités. C’est tout à
fait naturel. Votre survie sur un plan particulier ou dans un champ particulier dépend
de votre concentration sur ce plan. Une fois que la survie est à peu près assurée, vous
pouvez tourner votre attention ailleurs.
Extraits de la séance n° 25
Le monde occidental étudie beaucoup les perceptions extrasensorielles. Le fait est
que l’homme occidental ne s’est pas seulement coupé de la moitié de ses capacités et
de la moitié de sa connaissance, en raison de sa focalisation sur une nature artificielle-
ment duelle, mais qu’il est aussi coupé des sociétés très primitives, dont il pourrait ap-
prendre énormément sur ses propres facultés.
Son éducation, les schémas de son existence quotidienne, ses valeurs culturelles,
tendent à l’emprisonner, de sorte qu’il ne peut considérer les autres sociétés qu’à tra-
vers le labyrinthe flou de ses propres incompréhensions. S’il considère un Africain, par
exemple, comme une créature superstitieuse, plutôt stupide, presque préhistorique, il
n’apprendra rien des capacités de cet homme. Il tournera en ridicule n’importe quelle
évidence des perceptions extrasensorielles de cet homme, comme une preuve de plus
du caractère infantile de l’esprit africain.
Le fait demeure qu’au niveau de l’espèce, les psychologues pas plus que les scien-
tifiques ne peuvent ranger les perceptions extrasensorielles au-dessus ou au-dessous de
la normale, pour la simple raison que l’homme occidental a les plus grandes difficultés
à les utiliser avec une quelconque efficacité. D’autres populations y arrivent beaucoup
mieux.
Le problème avec les recherches sur l’ESP est que vous n’utilisez pas les bons ou-
tils. Une fois encore, vous tenez ce moi duel habituel pour acquis. Tant que vous ne ré-
aliserez pas qu’il n’y a qu’un moi, pas un moi qui fait et qui manipule les choses et un
autre moi qui respire et qui rêve, vous n’arriverez nulle part. Les investigations effec-
tuées selon ce qui est considéré comme des préceptes scientifiques sont dans une large
mesure condamnées, au mieux à avancer très lentement, au pire à échouer totalement.
Cela ne veut pas dire qu’il est impossible de trouver des preuves, et des preuves
flagrantes, des sens intérieurs. Cela veut dire qu’il faut laisser sa place à la spontanéité.
Il est extrêmement difficile de relier des données reçues par les sens intérieurs à des
données captées par les sens extérieurs.
Je le redis, vous obtenez quelque chose qui ressemble à un reflet dans un miroir,
qu’il vous faut déchiffrer. Les données reçues par les sens intérieurs auront leur propre
impact, reconnaissable, sur la personnalité qui les reçoit, et cet impact est tout aussi
fort que n’importe quel impact causé par les stimuli extérieurs.
Quand vous exigez des preuves fournies par les sens reconnus officiellement, on
peut presque dire que vous éteignez automatiquement l’ensemble des sens intérieurs.
On n’a pas besoin d’en arriver là. C’est dans une large mesure l’homme lui-même qui

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a mis en place ce mécanisme. Vous devez prendre les données intérieures pour argent
comptant, et c’est justement ce que vous refusez de faire. Une fois que vous avez fait
ce premier pas vers la spontanéité, vous allez recevoir effectivement des preuves, que
le mental conscient lui-même sera obligé d’accepter. Mais il faut que vous fassiez ce
premier pas de bonne volonté.
Une fois que vous vous serez sans contrainte autorisé à recevoir les données inté-
rieures de façon spontanée et non critique, vous verrez que ces données sont tout aussi
légitimes, variées et fortes que n’importe quel stimulus extérieur. Mais insister pour
traduire ces données en les forçant à prendre les canaux des sens extérieurs, puis en at-
tendre des données claires et fidèles, c’est impossible.
Encore une fois, les impressions reçues par les sens intérieurs sont réelles dans un
sens que vous ne comprenez pas encore. Elles exercent un effet physique sur le cer-
veau. De la même façon que les impressions reçues de stimuli extérieurs affectent le
cerveau, elles aussi ont leur influence sur lui. Elles changent la personnalité comme
n’importe quelle expérience. Exiger de ne recevoir des preuves que par les sens exté-
rieurs est aussi ridicule que d’attendre d’un appareil photo qu’il joue de la musique.
La musique existe, et on peut la jouer sur un phonographe. On peut fixer des
images avec un appareil photo. Mais vous n’attendez pas d’un appareil photo qu’il
joue de la musique. Vous n’attendez pas d’un phonographe qu’il prenne des photos. Et
pourtant vous attendez des sens extérieurs quelque chose qu’ils sont incapables de
faire. Vous voulez qu’ils fassent comme un appareil photo qui joue de la musique ...
En même temps, vous refusez d’utiliser très exactement les sens prévus pour s’occuper
des données que vous désirez recevoir.
C’est votre refus d’accepter le moi dans son ensemble qui est la cause du pro-
blème. Encore une fois : les données reçues par les sens intérieurs sont aussi vivantes,
plus vivantes en fait, que toutes les autres données que vous recevrez jamais. Et le plus
drôle de l’histoire, c’est que vous n’arrêtez pas de les recevoir. Vous les utilisez cons-
tamment, alors que consciemment vous niez leur existence.
Le simple fait que vous respiriez, rêviez, fassiez d’innombrables autres activités
sans aucune aide de l’ego conscient devrait convaincre le crâne le plus obtus qu’il y a
plus ici que ce que la science veut bien admettre. L’idée que vous vous faites actuelle-
ment du subconscient n’est que l’acception réticente, fuyante, partielle, que l’homme
est plus que son ego conscient, plus que la somme de ses parties, et plus qu’un simple
mécanisme.
Vous arriverez à la preuve de ce que vous appelez l’ESP ; mais tout comme vous
recevez la preuve du son par les oreilles, et que généralement vous ne vous attendez
pas à voir par vos oreilles, cette preuve passera par les canaux corrects. Une de vos
plus grandes difficultés est que vous n’accepterez comme preuve rien qui ne passe
d’une manière ou d’une autre par les sens extérieurs. C’est-à-dire que vous ne considé-
rez une expérience comme valable que si vous pouvez la démontrer dans la réalité du
camouflage physique.

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Et pourtant presque chacun a connu quelque chose d’autre, une expérience psy-
chologique qui peut n’avoir aucun effet physique observable, mais qui peut changer
profondément la personnalité.
(Ici sont présentés quelques exemples, mais comme j’en ai déjà utilisé
certains dans ce chapitre, je ne reprends pas cette section.)
Les données reçues par les sens intérieurs sont aussi intenses, et parfois même
plus, qu’une expérience psychologique. Et comme je vous le disais tout à l’heure, vous
ne pouvez pas tenir une expérience psychologique dans votre main pour l’examiner.
Ni l’étudier en laboratoire. Mais le pire des idiots n’utiliserait pas cette raison pour la
nier.
L’expression ESP elle-même vient de votre dualité artificielle ; elle maintient que
tout ce qui n’est pas perçu par les sens physiques et considéré comme extra, ajouté ... Il
faut admettre que les sens extérieurs sont des illusionnistes absolument délicieux. Que
ferez-vous quand vous découvrirez que tout ce que vous disent les sens physiques est,
fondamentalement, faux ?
De l’autre côté, les sens intérieurs sont plus fiables. Vous pouvez faire confiance à
vos données intérieures. Votre expérience psychologique est valable, que les chaises
soient solides ou pas. (Voir plus haut.) Les données intérieures et le moi intérieur,
que vous niez, sont infiniment plus permanents, et je n’en veux pour preuve que vous-
mêmes.

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VIII. – Le temps psychologique – Plus au sujet de la transe
– Expériences pour vous – Nos expériences –
Caractéristiques de la conscience
On sait très peu de choses sur les caractéristiques de la conscience, à
n’importe quel niveau. Elle varie certainement dans ses degrés. Selon les
moments nous sommes plus ou moins conscients, et notre concentration pa-
raît plus intense. Nous avons le sentiment d’être plus vivant que d’habitude
quand nous sommes soumis à une forte émotion, comme l’amour ou la haine.
Parfois, l’émotion est si forte qu’elle peut littéralement nous balayer. Pour
un moment, nous nous oublions. Quand cela arrive, quand le moi égotique
est emporté au loin, quelle est cette partie de nous qui vit cet état renforcé
de conscience ?
À notre niveau normal de conscience, nous sommes loin de percevoir tous
les aspects de notre environnement. Mais nous sommes habituellement plu-
tôt attentifs aux stimuli physiques. Nous écoutons ce que disent les autres.
Nous n’écoutons pas vers l’intérieur, avec nos oreilles, les battements de
notre cœur. Nos sens nous orientent vers le monde matériel. Ils sont dirigés
vers l’extérieur. Nos yeux regardent les objets, et les autres gens. Ils ne re-
gardent pas vers l’intérieur, vers nos organes. On peut donc dire de notre
état de conscience ordinaire qu’il est centrifuge. La partie de nous qui est à
ce point concentrée sur les objets et l’environnement physique est l’ego. Il
pense et il raisonne, regarde vers l’extérieur et interprète ce qu’il voit.
Cela représente-t-il la limite de notre conscience ? On ne peut pas vrai-
ment le dire. Si c’était le cas, nous serions toujours complètement incons-
cients quand nous dormons, et n’aurions aucun rêve. Chaque nuit serait un
néant sans aucune trace d’identité. Si l’ego était notre seule partie cons-
ciente, chaque nuit, quand il dort, serait une petite mort, sans aucun souve-
nir d’aucun rêve. Au réveil, nous n’aurions absolument aucune preuve que
durant la nuit nous avons continué d’exister en tant que nous-même.
Ce qui caractérise aussi notre état habituel de conscience est un certain
sens de régulation du temps. Mais cela ne concerne pas tous nos états de
conscience. Vous vous rappelez certainement d’innombrables occasions où
vous avez oublié le temps – alors que vous étiez pleinement éveillé. Vous
êtes parfois à ce point impliqué dans ce qui se passe que vous vous oubliez

96
vous-même. Ce que vous avez oublié, là encore, c’est l’ego, le moi égotique,
tellement préoccupé par la mesure du temps. Mais vous êtes resté conscient.
L’ego s’efforce de rester séparé du reste de la réalité. Mais quand nous
sommes sous l’influence d’une forte émotion, nous oublions de rester séparé.
Nous oublions l’ego. Nous devenons quasiment ce que nous ressentons. Nous
expérimentons la réalité directement, à un point qui peut être déstabilisant.
Quand nous cédons à la colère, nous sentons que nous avons perdu le con-
trôle. Quand nous cédons à la joie, nous ne sentons pas que nous avons perdu
le contrôle mais que nous avons gagné en liberté. Dans un cas comme dans
l’autre l’ego est momentanément mis de côté pendant que nous vivons de
fortes émotions. Étrangement, le résultat est un niveau de conscience accru.
Ceux d’entre vous qui aiment danser savent ce que je veux dire. Quand
vous vous laissez aller, quand vous entrez dans la musique, vous vous retrou-
vez à danser beaucoup mieux que quand vous vous retenez. Vous êtes sou-
vent dans un état supérieur de conscience quand vous dansez ainsi. On dirait
que votre corps danse tout seul. Vous êtes beaucoup trop immergé dans la
danse pour penser au temps ou pour être conscient du moi qui est en train
de danser. Vous pourriez tout aussi bien être en état de transe – un moment
de haute concentration – validé par la société et par vous-même.
Votre état de conscience pendant que vous dansez est tout à fait diffé-
rent de celui dans lequel vous vous trouviez plus tôt dans la soirée, pendant
que vous vous prépariez à sortir. Avant toute chose, pendant que vous dan-
sez, vous vous sentez libre. Mais libre de quoi, ou libre de faire quoi ? Vous
êtes libéré de la séparation d’avec vos sentiments. Car l’ego vous sépare
toujours plus ou moins de ce que vous ressentez. Autrement vous n’auriez
aucune protection contre la colère et la haine, et contre vos réactions. Mais
en vous protégeant, l'ego vous prive aussi de la pleine expérience de la joie
ou de l’amour ; il érige des barrières dont vous n’avez pas besoin. Un ego
trop rigide vous empêchera d’apprécier pleinement toute émotion quelle
qu’elle soit, et vous rendra en fait la vie terriblement monotone.
Il est indispensable d’enseigner à l’ego à être souple, pour qu’il nous ap-
porte l’aide dont nous avons besoin tout en nous laissant notre liberté. Car
de la même façon que l’ego construit des barrières entre nous et nos émo-
tions, il limite aussi notre conscience dans d’autres domaines. Il refuse d’ac-
cepter des perceptions qui ne correspondent pas à l’idée qu’il se fait de la
réalité.
Ceci résulte en partie de notre système d’éducation. Nous entraînons nos
enfants à bloquer l’intuition. Nous leur enseignons que la réalité se trouve
entièrement au dehors. Nous décourageons toute perception venant de l’in-
térieur, à moins qu’elle ne soit immédiatement applicable concrètement. Le
résultat est que notre conception de la réalité est sévèrement limitée. Nous
avons dressé notre ego de façon trop étroite.

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Nous pouvons y remédier. Nous pouvons montrer doucement à l’ego com-
ment accepter les expériences intérieures, tout en conservant sa fonction
régulatrice. Tout simplement, nous pouvons commencer à regarder vers l’in-
térieur. Détourner de temps en temps notre attention de la réalité physique,
et explorer librement l’environnement intérieur, le moi intérieur. Nous pou-
vons apprendre à concentrer notre attention à l’intérieur de nous, pour y dé-
couvrir toutes les potentialités que recèle le moi.
Nous avons la possibilité de percevoir des parties de cette réalité qui
existe indépendamment de l’apparence que lui donnent nos sens physiques,
et de nous autoriser à reconnaître des perceptions extrasensorielles habi-
tuellement bloquées par l’ego. Pour ce faire, nous devons accéder à une li-
berté plus grande que celle que nous nous permettions jusque-là.
On peut appeler une telle concentration un état de transe profonde. Mais
ne vous méprenez pas sur les termes, nous ne parlons que des différentes di-
rections que peut emprunter la conscience. Vous pouvez même vous passer
de l’autohypnose si vous préférez. Ce qui nous intéresse, c’est la concentration
intérieure. Nous voulons quitter les objets extérieurs, pour une fois. Les mots
employés n’influent pas sur l’expérience elle-même, ou sur ses résultats.
En fait, notre état de conscience de tous les jours peut être considéré
comme une transe. Nous sommes totalement pris dans la réalité physique à
l’exclusion de toute autre. Toute notre attention est mobilisée. Nous
sommes plus concentrés sur le monde de notre quotidien que nous le
sommes jamais quand nous nous tournons vers les phénomènes mentaux et
psychologiques. La réalité physique nous paralyse tellement que nous avons
peur de détourner les yeux un instant, comme si elle n’allait plus être là à
notre retour.
Seulement ce même univers physique dépend de l’état intérieur de notre
être. Il faut que d’abord existent nos idées et nos intuitions pour qu’elles
puissent devenir concrètes et accéder à l’existence objective. Ceux d’entre
vous qui sont aventureux mais aussi raisonnables, intuitifs et logiques, curieux
et prudents, peuvent en apprendre beaucoup en s’entraînant à décrocher leur
attention du monde extérieur pour le tourner vers le monde intérieur.
Au point où nous en sommes, vos expériences ont dû vous convaincre de
l’existence des perceptions extrasensorielles en général. Si vous avez suivi
mes instructions, vous avez dû en reconnaître quelques exemples dans vos
rêves. Votre ego a déjà atteint un certain relâchement. Il est moins dur, plus
flexible. Peut-être êtes-vous prêt maintenant à faire un pas de plus.
Ici je dois faire un petit résumé. Permettez-moi de répéter que nos sens
physiques déforment complètement la nature de la réalité, et limitent la
perception que nous en avons à un degré considérable. S’il existe une « réa-
lité observable » indépendante du percipient, alors je ne crois pas qu’elle
soit faite de matière physique.

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La perception du moi intérieur n’est pas limitée par les sens. Il peut per-
cevoir cette réalité fondamentale, dont il est très possible que les percep-
tions extrasensorielles ne soient qu’un aperçu. Nous pouvons changer la fo-
cale de notre concentration, et parvenir ainsi à devenir conscients de réali-
tés inaccessibles aux sens. La télépathie, la clairvoyance et les rêves prémo-
nitoires ne sont probablement que des aspects d’un plus vaste potentiel per-
ceptif inhérent à la nature humaine.
Nous allons considérer dans ce chapitre par quels moyens nous pouvons
diriger notre attention vers l’intérieur pour élargir notre champ de cons-
cience. Ces expériences exigent de la discipline et du bon sens, mais pas
d’entraînement ou d’études spécifiques. Elles demandent de l’objectivité,
un bon équilibre psychologique, de l’intuition et une certaine capacité
d’émerveillement, mais c’est le cas pour n’importe quel effort un peu im-
portant. Mais plus que tout, l’exploration de la réalité intérieure requiert le
courage de se regarder soi-même, avec les aspects de notre conscience que
nous avons jusque-là négligés.
D’abord, nous croyons que sous certaines conditions les perceptions ex-
trasensorielles se produisent spontanément. Nous ne connaissons qu’une par-
tie de ces conditions. Ces perceptions se produisent souvent quand nous
sommes sous l’influence d’une forte émotion, ou lorsque nous sommes tota-
lement détendus, en complète réceptivité, et que le mental conscient est
occupé ailleurs. En d’autres termes, l’ESP se manifeste généralement quand
nous avons lâché notre ego. Quand nous sommes sous le coup de l’émotion,
l’ego se détend légèrement. Quand nous sommes relaxés, l’ego lâche prise
et n’est plus tourné vers l’action.
Comme nous voulons développer nos capacités, nous allons essayer de fa-
voriser cet état naturel et spontané de liberté intérieure, de façon à pouvoir
l’utiliser de façon délibérée. Et ceci non pas en stimulant nos émotions, ce
qui est un moyen peu efficace, mais en détendant l’ego et en dirigeant notre
attention vers l’intérieur.
Ceux d’entre vous qui pratiquent l’autohypnose peuvent se mettre en
état de transe légère, comme décrit plus haut. Assurez-vous ensuite que
vous pouvez approfondir cet état et accorder toute votre attention à votre
réalité intérieure. Recommencez plusieurs fois. Dites-vous toujours que vous
sortirez de la transe dès que vous le déciderez, en comptant jusqu’à trois,
ou après une durée prédéterminée. Encore une fois, tout ce que vous risquez
c’est de vous endormir naturellement. Dites-vous que vous êtes désormais
capable d’expanser toujours plus votre champ de conscience, et ne vous
faites pas d’autres suggestions.
Pour ceux qui utilisent simplement la relaxation au lieu de l’autohyp-
nose, détendez-vous totalement, comme décrit dans les exercices précé-
dents. Soyez complètement détendus et réceptifs, mais en même temps diri-
gez votre concentration vers l’intérieur. Votre mental est éveillé mais

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calme. Il est vide, ce qui signifie qu’il n’est pas rempli par les pensées que
lui envoie l’ego. Votre état de présence à votre réalité intérieure n’a aucune
limite. Le moi n’a fondamentalement aucune limite, même si pour des rai-
sons pratiques nous agissons comme s’il en avait. Essayez de sentir votre re-
lation à l’univers tel que vous le concevez. Ressentez l’expérience, ne la
pensez pas.
Quelle que soit la méthode que vous utilisez, vous devriez atteindre un
niveau de concentration beaucoup plus puissant que dans les expérimenta-
tions listées précédemment. Il se peut que vous perdiez totalement le sens
de la durée. Les expériences que vous vivez semblent exister dans leur
propre dimension. Vous vous sentez physiquement léger. Vous pouvez voir
certaines images si clairement qu’il peut vous sembler que vos yeux sont ou-
verts. Les premières fois, vous serez certainement tenté de les ouvrir,
comme cela s’est passé pour moi. Ultérieurement vous accepterez simple-
ment le côté vivant de ces images quand elles apparaîtront.
Normalement, quand vous fermez les yeux, vous vous retrouvez dans le
noir. Mais quand vous vous concentrez vers l’intérieur, il est possible que
l’obscurité habituelle soit remplacée par une lumière aussi forte, ou même
plus forte, que la lumière du jour. Elle peut durer un certain temps, ou
n’être qu’un éclair. Vous pouvez avoir l’impression que le soleil vient de sor-
tir des nuages, si la journée est sombre, ou que quelqu’un a allumé la lu-
mière dans la pièce. Parfois vous pouvez sentir comme une vibration.
Seth appelle cet état d’intense concentration intérieure l’état de Temps
Psychologique, dans lequel la conscience est libérée des limites physiques
auxquelles elle est normalement soumise. Le temps de l’horloge tel que nous
le connaissons a perdu toute réalité. Ce temps de l’horloge est une réalité
qui doit être gérée par l’ego. Au niveau concret il perd toute existence dès
que nous court-circuitons l’ego un tant soit peu.
Dans mon propre cas, quand ces conditions sont atteintes certaines sen-
sations physiques bien définies semblent fonctionner comme les signaux de
l’apparition des perceptions extrasensorielles. Ce n’est pas le cas de Robert,
ce qui semble indiquer qu’elles ne représentent pas des conditions néces-
saires à la perception extrasensorielle en général.
Mes expériences les plus prégnantes ont toujours été précédées de telles
sensations. Une impression tactile de coups rapides sur la tête initie des ex-
périences de « voyages » comme celle racontée plus haut. C’est une sensa-
tion précise. Une fois, ma tête s’est balancée d’avant en arrière, et les
coups étaient assez forts. Mais ils n’ont jamais été douloureux. Je n’ai ja-
mais cru une seule fois que quelqu’un me tapait sur la tête. Et je n’ai jamais
eu de bosses non plus ! Il y a aussi un lien avec le son. La seule comparaison
qui me vient à l’esprit serait le son intérieur qui accompagne certains ajus-
tements assez forts en chiropractie.

100
En ce qui me concerne, les expériences reliées au son, comme celles im-
pliquant la voix, sont précédées d’un son très fort. Voici un exemple tiré de
mes carnets. Je vais citer exactement le passage tel qu’il a été écrit, immé-
diatement après l’expérience, car il est assez difficile de le paraphraser.
« J’étais couchée, en train d’essayer le Temps Psychologique. Tout d’un
coup, venant du salon, a retenti comme un bruit blanc. Il était très fort et je
ne pouvais pas me tromper. Il avait aussi quelque chose d’une voix. J’ai été
tentée de me lever pour vérifier si je n’avais pas laissé la radio allumée,
mais j’étais certaine qu’elle était éteinte. Puis je me suis souvenue d’avoir
vécu la même chose la semaine d’avant. J’avais entendu ce son, puis un or-
chestre. Quand j’ai vérifié, la radio était éteinte. La télévision est toujours
éteinte durant la journée, mais je l’ai vérifié pour m’en assurer. L’orchestre
continuait. Cette fois le bruit ne semblait pas provenir de l’extérieur de ma
tête, mais il était très précis. Donc quand je l’ai entendu, aujourd’hui, je ne
me suis pas levée mais j’ai poursuivi mon expérience de Temps Psychologique.
« Je me suis mise en transe légère. Puis, spontanément, j’ai demandé
mentalement : ‘C’est quoi le problème avec la gorge de L.G. ?’ (Le soir pré-
cédent nous avions rendu visite à L.G., et il s’était plaint d’un mal de
gorge.) J’ai immédiatement entendu, d’une voix forte et impatiente : ‘Pour-
quoi gorge ? Le problème c’est la langue !’
« J’ai eu l’impression de recevoir les mots par mes oreilles, depuis l’ex-
térieur. Cette fois ils ne semblaient pas venir de ma tête. On aurait dit que
la radio venait brusquement de s’allumer, très fort, juste à côté de moi. Il y
avait le vrombissement du son, et cette voix forte. C’était une voix
d’homme, grave, exaspérée. J’ai sauté du lit, comme n’importe qui enten-
dant soudain une voix à côté de lui. J’ai ouvert les yeux, j’étais seule. Me
souvenant du son, je me suis précipitée vers la radio et la télévision. Toutes
les deux étaient éteintes. »
Malheureusement L.G. n’habite pas dans notre ville. Nous ne l’avons revu
qu’un mois plus tard. Il n’avait plus mal à la gorge. Il n’avait pas vu de mé-
decin. Il n’y avait aucun moyen de savoir quel rôle avait joué la langue dans
cet incident. Cette expérience fait partie des nombreuses où ce bruit blanc
précède l’événement, et en constitue le fond sonore. Parfois ce son statique
devient cinétique, en ce sens qu’il semble sortir de moi. D’une étrange fa-
çon, il est alors mêlé à de véritables sensations physiques.
Robert et moi avons tous les deux la certitude subjective que nous quit-
tons notre contrepartie physique pendant certaines de nos expériences de
Temps Psychologique. Une fois, Robert s’est senti soulevé au-dessus de son
corps au niveau de la poitrine. Tant que nous n’aurons pas expérimenté plus
avant, de telles expériences subjectives posent plus de questions qu’elles
n’apportent de réponses. Tout bien considéré, il semble que ce qui caracté-
rise le plus le Temps Psychologique, plus que tous les incidents inhabituels,

101
c’est un sentiment de liberté et de bien-être, ainsi que la disparition du sens
de la durée.
Certaines de ces expérimentations nous ont amenés à penser que l’idée
de corps astral n’est peut-être pas aussi tirée par les cheveux qu’elle le
semble au premier abord. Robert a été subjectivement convaincu qu’il avait
les bras croisés sur la poitrine, alors qu’il savait que ses bras physiques
étaient allongés sur le côté. Il a pu se regarder lui-même depuis un coin de
la pièce. À au moins une occasion, il a senti que je quittais mon véhicule, ré-
sistais, pour finir par revenir.
La sensation de coups frappés sur la tête m’avertit que quelque chose
d’inhabituel est sur le point de se produire, ce qui soulève une intéressante
question. Ces sensations préliminaires pourraient-elles être des dispositifs
d’alerte mis en place par mon ego, plutôt que des sensations mettant en
route ce genre d’expériences ?
Une autre caractéristique semble aussi relever de l’état de conscience du
Temps Psychologique. Nous l’appelons l’extase, alors que ce terme ne nous
plaît pas. C’est une sensation claire et pétillante, très vivante, accompagnée
parfois d’un sentiment de légèreté et d’une expansion de conscience. Elle
peut aller d’une sensation générale agréable plus forte que n’importe quel
bien-être habituel, à un ressenti puissant de joie et d’union avec la réalité
perçue comme un tout.
Il est vraiment trop facile de qualifier ces expériences d’hallucinations,
ou de dire qu’elles ne sont que le résultat de suggestions ou d’une imagina-
tion surmenée. D’abord, nous n’en savons pas assez au sujet des hallucina-
tions ou des suggestions. Ce ne sont que des mots décrivant des expériences
que nous avons refusé d’analyser sérieusement. Il est connu que dans cer-
taines circonstances, la suggestion peut provoquer des ampoules sur le
corps. J’ai moi-même utilisé la suggestion pour faire disparaître un mal de
tête en quelques minutes. Même si je ne peux pas le prouver scientifique-
ment, car la situation était tout sauf scientifique, je suis persuadée d’avoir
empêché par la suggestion la formation d’ampoules sur ma main après
m’être gravement brûlée. Si elle peut avoir de tels effets sur la constitution
physique de l’homme, il est certain que la suggestion doit être d’une nature
beaucoup plus puissante et concrète que nous le supposons généralement.
Il est aussi totalement ridicule de dire que les hallucinations ne sont pas
réelles. Peut-être n'ont-elles pas de réalité physique. Cela ne veut pas dire
qu’elles n’ont pas de réalité dans des dimensions tout à fait légitimes et
« réelles ». Sans doute semblent-elles des déformations de la réalité phy-
sique, mais la réalité physique elle-même est fortement déformée par les or-
ganes des sens. Il est même possible que dans certains cas, les hallucinations
soient plus proches de la réalité fondamentale que nous ne pouvons le réaliser.

102
Rappelons aussi que la philosophie chrétienne, tout comme la pensée
orientale, affirment depuis longtemps l’existence d’un moi, ou âme, complè-
tement indépendant de la matière physique. Les choses étant ce qu’elles
sont, la religion aurait apparemment beaucoup à gagner et peu à perdre à
faire ses propres recherches. Celles-ci pourraient établir comme faits beau-
coup d’idées qu’elle n’a jamais essayé d’analyser en partant d’une base lo-
gique.
Il est parfois bien vu de se moquer de l’éventuelle existence d’un corps
astral, ou de la télépathie, ou des perceptions extrasensorielles en général ;
mais même s’il est vrai que ces domaines attirent parfois des personnes fra-
giles, il est vrai aussi qu’effectuer de sérieuses investigations de cette na-
ture exige de l’autodiscipline, de l’objectivité et de la persévérance – toutes
qualités dont manque justement ce genre de personnes. Et le champ des
phénomènes psychiques n’est pas non plus le seul à attirer les tempéraments
déséquilibrés. La religion, les arts, la politique et la psychologie ne sont que
quelques-uns des domaines où les névrosés se regroupent en troupeaux.
On colle aussi parfois l’étiquette « superstition » aux recherches psy-
chiques généralement parlant. Rappelons-nous que la médecine découvre
des médicaments-miracles tous les jours, dont beaucoup proviennent de
« superstitions » du passé. La physique se rapproche aussi beaucoup d’an-
ciennes idées sur la nature instable de la réalité physique.
Bien sûr la superstition sans fondement existe. Les névrosés sont facile-
ment crédules. Mais toutes les superstitions ne sont pas sans fondement, et
tous les névrosés ne sont pas naïfs, ou attirés par le charlatanisme. Ce genre
de raisonnement amène facilement à une honte mal placée, qui empêche
beaucoup d’individus qualifiés d’étudier les phénomènes psychiques.
De la même façon, de nombreux écrivains et artistes sont névrosés, mais
peu de gens remettent sérieusement en question la légitimité de l’art ou de
la littérature. Beaucoup de personnalités névrosées ont apporté énormément
de connaissances dans leurs domaines d’activités ; mais pour ce qui est de
l’ESP, comme pour certains autres domaines, il faut garder un esprit ouvert,
et évaluer les théories et les hypothèses sur la base de leur éventuelle vali-
dité, et non sur des considérations émotionnelles.
Il reste encore de nombreuses questions en attente de réponse, et beau-
coup d’autres aussi qui restent à poser. Certaines expériences peuvent être
analysées et leur validité prouvée, mais les personnes aux idées préconçues
bloqueront toujours les idées nouvelles. D’autres expériences sont, ou sem-
blent, impossibles à vérifier, alors qu’elles sont suffisamment évidentes pour
suggérer l’implication d’autre chose que d’une fabrication du subconscient.
L’expérience suivante, faite par Robert, fait partie de ces dernières. Elle
s’est produite pendant un essai de Temps Psychologique ; ce qui suit est re-
pris directement des notes prises par Robert lui-même :

103
« Je me suis retrouvé tout d’un coup au-dessus d’une voiture garée, une
vieille Sedan grise. Je regardais son toit, ainsi qu’un jeune homme à la sil-
houette mince et nerveuse, vêtu d’une chemise blanche dont il avait re-
troussé les manches jusqu’aux coudes. Il était en train de faire rapidement
le tour de la voiture.
« - Hé, dis-je, qu’est-ce qui se passe ici ?
« Il leva les yeux vers moi. Apparemment il pouvait bien me voir, et
n’avait pas l’air surpris. Il désigna la voiture : ‘Il y a un homme dans la voi-
ture, dit-il. Il n’a pas l’air bien du tout.’
« L’homme avec qui je parlais avait les cheveux bruns et épais, il était
mince et musclé, sa bouche était large, sensuelle, et sa mâchoire plutôt car-
rée. Il avait l’air très inquiet. Pendant qu’il me parlait, c’était comme si je
le voyais sur un écran, seulement jusqu’à la taille. Le reste de l’écran était
vide, et sa silhouette était assez petite par rapport à la taille de l’écran.
Chaque fois qu’il parlait il semblait se pencher en avant vers l’écran, depuis
le coin inférieur droit.
« - Vous pouvez me voir ? dis-je.
« - Évidemment !
« - Comment vous appelez-vous ?
« - George Marshall.
« - On est dans quelle ville ? Où habitez-vous ?
« Sa réponse a été claire, mais j’ai oublié le nom de la ville ; je ne me
souviens que de l’État, la Louisiane. J’ai eu l’impression que nous étions à
l’extrémité Nord-Est de l’État. Tout a commencé à devenir flou, comme si
j’avais du mal à maintenir ma concentration. Presque désespérément j’ai
dit : ‘Je m’appelle Robert Butts. J’habite à Elmira. Vous pourriez m’écrire ?’
Je ne me souviens pas avoir donné mon adresse. L’homme a répondu qu’il
essaierait de me contacter. »
Dans cette expérience, Robert a été très conscient de l’importance d’es-
sayer d’établir un contact avec cet homme. Mais nous n’avons jamais eu de
nouvelles de ce George Marshall. Robert ne dormait pas. Cela s’est passé en
état de veille. Plus tard, Robert a essayé de trouver sur la carte une ville en
Louisiane dont le nom pourrait réveiller son souvenir. Il y en avait plusieurs
dans le Nord-Est dont le nom lui semblait familier, mais rien de précis. Il n’a
pas pu se rappeler le nom de la ville, même en faisant de gros efforts.
Il est possible que l’incident ait été un produit du subconscient, mais
nous ne le croyons pas. Il est possible aussi que Robert ait vraiment vu un
homme appelé George Marshall – un George Marshall qui aurait également
oublié une bonne partie des détails importants de la conversation étant don-
nées les circonstances.
Tant que nous n’aurons pas pu prouver qu’un tel homme existe, avec le
même nom, qui pourrait nous prouver que ce jour précis il se trouvait à côté

104
d’une telle voiture, nous ne pourrons pas affirmer qu’il s’agit d’une expé-
rience extrasensorielle. Mais en même temps personne ne peut prouver
qu’aucun George Marshall ne s’est trouvé ce jour précis dans cette situation
particulière, à côté d’une vieille voiture dans laquelle un homme était ma-
lade. Et il est tout aussi impossible de prouver qu’il ne s’agit pas d’une expé-
rience légitime de perception extrasensorielle.
Dans de tels cas, Robert et moi essayons systématiquement d’établir le
contact chaque fois que c’est possible. L’ennui est que vous n’êtes jamais
préparé comme vous devriez l’être, car c’est une expérience rare, et vous
ne savez jamais quand elle va arriver. Ce genre de renseignements aiderait
énormément à prouver avec certitude la validité de ces expériences.
Il n’y a encore que quelques années, un homme qui raconterait avoir vu
un autre homme sur un écran monté sur une boîte dans son salon aurait été
considéré comme complètement fou. Il y a un siècle il aurait fini sur le bû-
cher. Et pourtant des millions de personnes regardent des émissions entières
à l’écran. Si tout le monde avait considéré une telle chose comme impos-
sible, la télévision n’existerait pas aujourd’hui. Dans de nombreux domaines,
les premiers essais ont été ridiculisés par ceux-là même dont les petits-en-
fants ont profité des fruits de ces efforts.
Robert a vu un homme sur un écran et lui a parlé. Dans un monde où la
télévision offre la réalité de tels contacts, doit-on vraiment considérer cette
éventualité comme à ce point bizarre ? Il ne manquait que le téléviseur. Il se
pourrait fort bien que des recherches dans le domaine des perceptions extra-
sensorielles, aussi simples soient-elles, débouchent sur des connaissances qui
permettront à l’humanité de comprendre et d’utiliser des capacités dont elle
ne connaissant auparavant quasiment rien. Nous pourrions, dans un avenir
lointain, être capables d’utiliser ces potentiels pour le bénéfice de tous. Ré-
fléchissons un peu à l’usage que nous faisons de l’électricité et des vibra-
tions lumineuses. Nous les trouvons très pratiques, mais même les scienti-
fiques ne savent pas vraiment ce qu’est l’électricité, ou les vibrations lumi-
neuses.
En ce qui concerne nos propres expériences, pratiquons avec la plus
grande régularité possible. Des tentatives enthousiastes et désordonnées
n’apporteront pas de bons résultats ; l’autodiscipline aussi est déterminante.
Si vous pratiquez l’autohypnose, donnez-vous toujours la suggestion que vous
sortirez de la transe quand vous le désirez, au bout d’un compte de trois, ou
après une durée déterminée. Pour n’importe laquelle de ces expériences im-
pliquant un changement de focus, je vous déconseille formellement de dé-
passer une durée d’une demi-heure.
Tenez vos notes à jour. Écrivez après chaque expérience. Comparez le
contenu de votre cahier avec celui de votre carnet de rêves. Essayez de voir
s’il y a une relation entre vos rêves et vos expériences de Temps Psychologique.

105
Ne vous attendez pas à des résultats spectaculaires. Vous pouvez en ob-
tenir – parfois – mais le plus souvent, vos expériences de Temps Psycholo-
gique ne seront qu’un sentiment de bien-être et de bonne santé. Beaucoup
de nos séances n’apportent rien du tout. Chaque séance va augmenter votre
capacité de reconnaître votre vécu intérieur, et va vous aider à vous habi-
tuer à la qualité d’intemporalité qui le caractérise.
Voici maintenant quelques extraits de l’enseignement de Seth sur des su-
jets en relation avec ce chapitre.
Extraits de la séance n° 162
Une pensée est une action. Un rêve est tout autant une action qu’une respiration.
Même si nous parlons en termes de séparation, toute réalité consiste en une action.
Quand nous divisons l’action pour l’étudier, nous ne changeons absolument pas sa réa-
lité, ni n’altérons sa nature.
Les actions sont une réalité électrique. Vos sens extérieurs ne perçoivent pas les
réalités électriques de cette nature. Pourtant, vous êtes une Gestalt d’actions élec-
triques. À l’intérieur de la matière physique de vos chromosomes se trouvent des sys-
tèmes codés électriquement.
Ils ne sont pas les chromosomes eux-mêmes. Ceux-ci sont la matérialisation des
données électriques internes.
L’action (vous pouvez utiliser le terme vitalité si vous préférez) – l’action essaye
continuellement de s’exprimer en des formations infinies. Elle se matérialise donc sous
différentes formes. J’appelle ces formes le camouflage. 9 Dans votre système, le ca-
mouflage est la matière physique. Il est impossible pour l’action de s’exprimer totale-
ment à l’intérieur d’un quelconque milieu.
Il n’existe, sous aucune circonstance, aucun système fermé. L’action se déroule à
travers tous les systèmes et toutes les réalités. Vos sens physiques ne sont donc équi-
pés que pour percevoir les réalités à l’intérieur du champ du camouflage physique.
Mais cela ne veut pas dire qu’il soit la seule réalité. C’est seulement la seule réalité
que vous perceviez par les sens physiques. Pour percevoir d’autres réalités, vous devez
passer de vos sens extérieurs à vos sens intérieurs, car ces derniers sont plus clairs, et
sont configurés pour percevoir l’action et la réalité telles qu’elles existent indépendam-
ment des déformations que leur imposent les sens physiques.
Ce n’est pas parce que vous percevez la réalité d’une façon limitée que cela affecte
la nature fondamentale de cette réalité en soi.
L’ego essaye de se tenir à l’écart de l’action, de voir l’action comme le résultat de
l’ego. Cependant, pour le redire encore une fois, les tentatives de l’ego de se séparer de
l’action ne modifient en rien la nature de l’action. L’ego ne fait que limiter sa propre
perception.
Le moi ne souffre d’aucune limitation, car en tant que partie constitutive de l’ac-
tion, le moi n’a d’autres frontières que celles, imaginaires, que lui applique l’ego.

9
En français dans le texte. (N. d. T.)

106
Nous ne constatons donc aucune limite au moi, ni vers le haut ni vers le bas. Le moi
n’est pas contenu dans le crâne. Vous dites que vos pensées sont les vôtres, mais com-
ment les contenez-vous ? Vous ne les contenez pas. Elles sont en fait transmises sans
que vous en ayez conscience, et le moi grandit.
Le moi n’est pas non plus limité physiquement. Cette idée résulte de vos habitudes
de perception, car les substances chimiques, l’air, les nutriments, que vous considérez
comme du non-moi, entrent constamment dans le moi ; et tout ce que vous considérez
comme votre moi s’en va par tous vos pores.
Le moi n’est pas non plus limité par l’espace et le temps, car votre vécu de rêve
n’a rien à voir avec l’espace ou le temps ; ces actions de rêve modifient votre person-
nalité, car l’action par elle-même apporte toujours le changement. Vous ne connaissez
qu’une petite partie du moi. Vous êtes plus que ce que vous croyez être, et voyagez
toujours plus loin…
Ce n’est pas l’ego qui fait battre votre cœur. Pourquoi est-ce si difficile pour vous
d’accepter que vous êtes plus que l’ego ? Parce que dans vos rêves, vous rencontrez
des parties de vous-mêmes. Vous construisez des réalités, et vos expériences dans le
monde du rêve sont tout aussi vivantes, valables et réelles, à tout point de vue, que
celles que vous faites en étant éveillés.
Vous n’êtes pas non plus pleinement conscients, comme vous dites, quand vous
êtes éveillés. Vous éliminez certains stimuli pour vous concentrer sur d’autres. C’est
une façon simple de dire comment, en rêve, vous éliminez des stimuli acceptés norma-
lement par l’ego, pour devenir conscients d’autres réalités que vous ignorez habituelle-
ment à l’état de veille.

107
IX. – Une autre façon de regarder l’aujourd’hui de demain :
les prédictions. – Nos expériences – Expériences pour vous
La table qui semble solide est en fait le fruit de vos perceptions. À vos
yeux la table a l’air solide, mais ceci ne concerne pas la réalité fondamen-
tale des atomes et des molécules qui la constituent. Il est aussi possible que
le passé, le présent et l’avenir ne soient que le fruit de la manière dont nous
percevons l’action. Une telle perception du temps comme série de moments
ne concernerait pas sa nature fondamentale, pas plus que notre perception
de la table n’affecte les atomes qui la constituent.
Le fait est que si le temps n’existait pas sous la forme d’une division en
passé, présent et futur, nous ne pourrions jamais percevoir le futur. Seule-
ment de nombreuses sociétés psychiques ont documenté une grande quantité
d’occurrences de prémonition. Mes propres notes démontrent que j’ai vu
l’avenir, et si vous faites les expériences décrites dans ce livre, vous réalise-
rez que la prémonition est un fait qui doit être accepté, même s’il n’est pas
encore compris.
Ces réflexions nous amènent à la nécessité de revoir nos idées sur la
vraie nature du temps. Dans ce chapitre, nous allons essayer de donner à la
prémonition une espèce de socle contrôlable. D’abord, examinons la théorie
de la causalité, selon laquelle chaque effet a une cause existant avant lui
dans le temps. Encore une fois, si la prémonition est une réalité, alors c’est
une théorie qui doit être revue sérieusement.
Imaginons une situation. En traversant la rue, Mary A. est renversée par
une voiture conduite par John F. Imaginons aussi que l’accident a été vu en
clairvoyance, deux jours auparavant, par Fred X. Selon notre conception de
l’espace et du temps, il a fallu que Mary et John arrivent ensemble à un en-
droit précis pour que cet accident puisse avoir lieu. La vitesse à laquelle
Mary traversait la rue doit correspondre très exactement à la vitesse à la-
quelle John conduisait sa voiture.
Cette situation soulève un nombre important de questions. Si Mary
n’avait pas traversé cette rue-là à ce moment-là, ou bien si John avait pris
un autre chemin, l’accident aurait-il été évité ? D’autres causes, peut-être
d’ordre psychologique, auraient-elles pu causer la tragédie ? John avait-il,
par exemple, des tendances agressives profondément refoulées, qui en

108
émergeant du subconscient auraient causé une erreur de jugement à un mo-
ment crucial, entraînant l’accident ? Auquel cas éventuellement Mary n’au-
rait pas été impliquée.
Ou alors, le subconscient de Mary est-il à la toute dernière extrémité,
épuisé par le combat de la vie ? Désire-t-elle inconsciemment mourir ? Ou
bien, si elle avait remis sa course à un autre jour, aurait-elle été en assez
bonne forme pour sauter de côté juste à temps pour éviter l’accident ? Ou
est-ce John qui aurait mieux contrôlé son agressivité, et donc son véhicule ?
En d’autres termes, l’accident était-il prédestiné à un degré ou à un
autre, comme résultat de causes prédéterminées ? Ou s’agit-il d’un événe-
ment arrivé quand deux humains se sont croisés à un point particulier de
l’espace et du temps – le résultat apparent de causes définies, mais qui
n’apparaissent comme causes qu’après l’événement ?
Tout simplement, nous n’avons pas les réponses à ces questions. Je
trouve plus logique de supposer, cependant, que les causes n’apparaissent
comme telles qu’après l’événement ; et que les causes qui semblent avoir
provoqué l’accident auraient pu être modifiées à n’importe quel point. Seu-
lement si Fred a vu l’accident par clairvoyance deux jours avant, il est pos-
sible qu’il se soit simplement branché sur un point particulier de l’espace-
temps. S’il avait averti John ou Mary de la tragédie qu’il avait vue, il aurait
changé les données à leur disposition. S’ils avaient agi en fonction de cette
information, il leur aurait été possible, du moins théoriquement, de changer
l’effet apparent en refusant de laisser libre cours aux causes apparentes.
Il est possible que la théorie de la causalité soit elle-même le résultat de
notre conception du temps comme une série de moments. C’est une idée
forte dans l’enseignement de Seth, et à la fin de ce chapitre nous en présen-
terons des extraits concernant ce sujet.
Une jeune femme de notre connaissance a vécu une étrange série d’inci-
dents, qui tendraient à faire penser que dans certains cas, la prémonition
d’un événement peut nous préparer à y faire face, et donc, à en modifier la
nature.
Cette jeune femme – appelons-la Sarah – nous a raconté l’histoire sui-
vante. Encore enfant, elle est allée avec ses parents à une vente aux en-
chères. Comme ils approchaient de la foule, Sarah remarqua un homme, un
étranger, qui se tenait non loin d’eux. Elle s’agrippa à sa mère en lui mur-
murant, paniquée : « Cet homme va m’attraper ». La mère de Sarah essaya
de la rassurer, mais comme elle ne cessait de répéter la même chose, elle
fut menacée d’une fessée. Pendant la vente, alors que l’attention générale
était fixée sur le commissaire-priseur, l’homme se saisit de Sarah. Terrifiée,
elle poussa un hurlement. Son père s’interposa et arrêta ce qui semblait être
un enlèvement, mais l’homme put s’échapper.
Des années plus tard, quand Sarah était déjà une jeune femme, elle était
assise dans une voiture avec sa sœur. Elles attendaient leur mère qui faisait

109
des courses dans une boutique des environs. Non loin, un homme se tenait
debout près d’une voiture. Tout d’un coup Sarah dit à sa sœur : « Cet
homme va essayer d’entrer dans la voiture ». Connaissant l’épisode précé-
dent, et d’autres que nous ne raconterons pas ici, sa sœur rétorqua : « Ar-
rête maintenant. Ne commence pas, ça fait peur ». Mais elles verrouillèrent
les portes et fermèrent les fenêtres. Elles n’avaient pas plus tôt terminé que
l’homme traversa et essaya d’entrer de force dans la voiture. Peut-être
parce qu’elles avaient été prévenues, il n’y parvint pas.
Plus tard, à une autre occasion, Sarah attendait son tour, au supermar-
ché, pour payer ses achats. Devant elle, un homme attira son attention. Elle
fut soudain certaine qu’il allait l’agresser. Mentalement, elle le vit, dans une
voiture, en train d’essayer de la plaquer sous lui. C’était tellement inenvisa-
geable qu’elle se dit que son imagination lui jouait un tour. Elle prit son
temps et attendit que l’homme ait payé et quitté le magasin.
Par les vitres elle le suivit des yeux et le vit monter dans une voiture,
prendre l’allée de sortie, et elle le perdit de vue. Puis elle sortit. Comme
elle atteignait le centre du parking, la voiture surgit de derrière le bâtiment.
L’homme se dirigeait droit sur elle. À l’approche de la voiture, elle se figea
sur place, incapable de bouger. L’homme ouvrit la porte et lui attrapa le
bras en criant : « Monte ! » Elle arracha son bras en appelant au secours, et
se précipita vers le supermarché. L’homme fonça sur elle. Elle l’évita. Il lui
cria qu’il l’aurait. Elle alla raconter l’incident à la police, mais elle avait été
trop effrayée pour noter la plaque de la voiture.
Mais quelques semaines plus tard, Sarah revit cet homme au même su-
permarché. Cette fois elle était avec sa sœur. Les deux femmes allèrent au
parking, trouvèrent la voiture et notèrent son numéro, qu’elles signalèrent à
la police. L’homme avait un dossier de délinquant sexuel. Mais Sarah ne
porta pas plainte, et l’homme ne fut pas inquiété.
Ces incidents sont intéressants à plusieurs points de vue. D’abord la per-
sonne dont il s’agit est crédible. Ses parents l’ont fait voir à un psychana-
lyste, qui ne lui a rien trouvé ni mentalement ni émotionnellement. Ces pré-
monitions l’ont beaucoup embarrassée ; elle était très troublée à la fois par
les événements eux-mêmes, et par ses propres pressentiments. Aujourd’hui
elle vit un mariage heureux. Ses capacités de clairvoyance sont toujours ac-
tives.
Dans le premier épisode, Sarah, enfant, a vu qu’un homme allait s’empa-
rer d’elle. Alors qu’elle avait prévenu ses parents, l’incident s’est déroulé
comme elle l’avait vu. Mais pour le deuxième épisode, son pressentiment lui
a fait fermer les portes de la voiture et fermer les fenêtres. Ces actions ont
dans une certaine mesure limité, restreint, ce qui allait se passer. Pour le
dernier incident, il est possible que son pressentiment ait aussi fonctionné
comme une alarme. Il est évident qu’il lui a permis d’échapper à ce qui au-
rait été une expérience funeste. Dans ce dernier cas, le fait qu’elle ait remis

110
à la police le numéro de la voiture concernée a pu certifier la nature phy-
sique de l’incident.
Il est évident que Sarah savait ce qui allait arriver. Comment le savait-
elle ? Avait-elle lu télépathiquement dans l’esprit de l’homme ? A-t-elle vu
par clairvoyance un événement futur, sans que la télépathie soit impliquée ?
Est-ce une coïncidence qu’elle ait été par trois fois l’objet d’agressions par
des hommes ? Ou sa peur existait-elle au préalable ? Peut-être a-t-elle in-
consciemment émis cette peur vers l’extérieur, diffusé pour ainsi dire, télé-
pathiquement, jusqu’à ce qu’elle soit reçue par des hommes enclins, pour
des raisons personnelles, à y répondre – des hommes qui ensuite ont émis té-
lépathiquement leur réponse ou leur intention avant l’événement physique.
C’est une possibilité peut-être tirée par les cheveux ; mais les incidents
eux-mêmes sont pratiquement incroyables, et pourtant ils se sont produits.
Si les théories à notre disposition n’expliquent pas l’expérience humaine, il
est certain qu’elles sont défectueuses, et qu’il faut en trouver de nouvelles.
Nous avons tous des prémonitions, des pressentiments, ou des intuitions,
qui apparemment nous avertissent d’événements futurs, surtout quand ils
impliquent des incidents désagréables. Dans une très large mesure la science
rejette ce type d’expériences. Mais les différentes sociétés psychiques s’y
intéressent beaucoup, et elles sont constituées d’enquêteurs bien formés et
très efficaces. En termes de preuves scientifiques, il est difficile de cerner
de telles prémonitions. Elles ne se produisent généralement pas sous des
conditions scientifiques. Elles apparaissent souvent quand nous sommes sous
le coup de fortes émotions. Nous ne pouvons pas dire : « Vendredi à 20 h
nous aurons une prémonition » et inviter l’aimable société à enquêter. Ce
n’est pas ainsi que fonctionnent les prémonitions.
Je prétends pour ma part que de nombreuses intuitions et prémonitions
sont des cas positifs de perceptions extrasensorielles. Il serait de notre inté-
rêt de les noter toutes soigneusement, sans oublier la date ni l’heure. Si un
événement futur démontre que la prémonition ou l’intuition était exacte,
nous avons au moins une preuve que nous avions été informé à l’avance. Je
vous conseille de commencer à prendre ce genre de notes. Il en faudrait plus
cependant pour qu’un scientifique accepte ces prémonitions comme étant
de la connaissance anticipée ; et même confronté à une preuve formelle,
nous ne pouvons pas être certains qu’il n’y trouverait pas à redire.
Existe-t-il un moyen de renforcer notre connaissance des événements fu-
turs ? Pouvons-nous nous entraîner, installer la prémonition sur une base so-
lide ? Si nous pouvions y arriver, peut-être serions-nous en meilleure position
pour plaider notre cause. Au moins nous aurions avancé. Il est évident que la
plupart du temps, cette information intérieure n’est pas consciente, mais il
est nécessaire qu’elle accède à la conscience pour que nous la remarquions.
Normalement, l’ego se défend de façon plutôt féroce. Mais d’après mes
propres rêves, que je note avec grand soin depuis bientôt deux ans, je suis

111
convaincue que nous percevons réellement les événements à venir. Certaines
parties du moi sont capables de capter le temps tel qu’il existe réellement.
Nous voyons dans le futur comme si le temps n’était pas fait d’une série de
moments. La seule réponse possible ici est évidente : nous pouvons percevoir
le temps de cette manière parce qu’elle correspond à la véritable nature du
temps. L’apparente série de moments n’existe pas réellement.
Les expérimentations présentées dans ce chapitre vous le prouveront – si
votre carnet de rêve ne l’a pas déjà fait.
Il se peut que vous ne perceviez pas les événements dans leur ensemble,
peut-être même pas la partie qui vous concerne consciemment, mais vous
découvrirez que vous possédez aujourd’hui d’importantes clés concernant ce
qui va se passer demain.
Impossible ? Pas du tout. D’abord je vais vous décrire l’expérimentation,
et ensuite je vous communiquerai nos propres résultats. Vous allez avoir be-
soin d’un cahier supplémentaire. Une fois par jour, quand c’est le plus con-
fortable pour vous, asseyez-vous, seul. Vous allez essayer de prédire l’avenir
pour vous-même. Certaines de vos prédictions n’en seront pas du tout, mais
d’autres, si. Dans la mesure du possible, pratiquez chaque jour à la même
heure. Cela ne prend même pas cinq minutes, mais l’entraînement du sub-
conscient est important et vous aurez de meilleurs résultats si vous vous ré-
servez chaque jour la même tranche horaire.
Écrivez simplement : Prédictions pour (lundi) faites lundi, 8 h (ou n’im-
porte quelle heure que vous avez choisie). Puis écrivez en-dessous le chiffre
1. Et là écrivez ce qui vous vient à l’esprit. N’essayez pas d’imaginer cons-
ciemment ce qui va se produire ce jour-là. Il se peut que vous n’écriviez
qu’un seul mot, ou quelques-uns, ou une phrase. Ne réfléchissez pas sur ce
que vous avez écrit. Ne commentez ou ne modifiez aucune prédiction. Conti-
nuez jusqu’à avoir au moins cinq prédictions pour la journée.
Faites cela comme un jeu. Même si les mots que vous écrivez semblent
n’avoir aucun sens, n’y touchez pas. Ne les effacez pas. Nous avons affaire à
des capacités qui ne correspondent à aucune logique consciente, mais vous
allez voir que beaucoup de vos prédictions ont leur propre logique.
Comme vous l’avez sans doute deviné, ceci ne constitue que la première
partie de l’expérience. Comparez sans arrêt ce que vous avez écrit avec le
cours de la journée. Si vous pratiquez sérieusement ces exercices, vous com-
parez déjà vos rêves et vos intuitions avec le cours de vos journées. Mainte-
nant ajoutez vos prédictions. Comparez vos carnets les uns avec les autres.
Avez-vous prédit un événement, ou une partie d’un événement, pour en voir
une autre partie dans un rêve, par exemple ? Un flash télépathique, que vous
avez noté et daté, a-t-il renforcé une prédiction ?
Il est possible que vous ayez imaginé les recherches en ESP autrement
que par le fait de prendre des notes dans un carnet, mais comme il s’agit de
vos propres notes, vous allez y trouver un grand intérêt et elles vont éveiller

112
votre curiosité. Ces notes vont vous permettre de découvrir comment fonc-
tionnent vos capacités. Elles vont vous convaincre que vos perceptions extra-
sensorielles ne sont pas un genre de pouvoirs ésotériques, mais des aptitudes
qui font partie de votre personnalité.
Il est bien sûr indispensable de disposer de méthodes fiables pour évaluer
la validité de nos résultats. Certaines prédictions seront « meilleures » que
d’autres. Si par exemple vous écrivez que lundi vous aurez une visite impré-
vue, et que lundi les visiteurs inattendus arrivent vraiment, votre prédiction
aura plus de valeur s’il n’est pas dans vos habitudes de recevoir durant la se-
maine. Si votre prédiction précise que vous aurez la visite de deux hommes,
et que ces deux hommes arrivent effectivement, la validité de la prédiction
augmente. Mais si vous écrivez le nom de John Brown, un vieil ami que vous
n’avez pas vu depuis dix ans, et que John Brown sonne chez vous, vous pou-
vez être certain qu’il s’agit d’une prédiction en bonne et due forme. (À
moins, évidemment, que vous n’ayez reçu une lettre de John Brown vous
avertissant de son projet de visite.)
Par la pratique vous saurez très vite par quels aspects de la réalité vous
êtes le plus concerné. Certains écriront au sujet d’événements concernant le
monde, ou leur pays. D’autres feront des prédictions plus personnelles. Dans
tous les cas, il est absolument nécessaire de tenir un registre précis. Vous
pouvez aussi découvrir qu’une prédiction enregistrée le lundi s’est réalisée
le mercredi, donc donnez-vous deux ou trois jours de marge de toute façon.
Voici maintenant quelques-uns de mes propres résultats. En six mois, de
novembre 1964 à avril 1965, j’ai fait 741 prédictions. Généralement j’en fais
cinq par jour, mais j’ai omis plusieurs week-ends où je n’en ai fait aucune.
De ces 741 prédictions, 320 ont été significatives. Celles-ci ont été classées
selon trois degrés : ce que j’appelle la concordance directe, ou des cas où
les résultats sont si proches des événements arrivés effectivement par la
suite que pour moi aucune autre explication que la précognition n’est raison-
nable ; les résultats qui, bien que surprenants, ne sont pas dans leur en-
semble aussi probants que les concordances directes ; et les résultats tou-
jours significatifs, mais mal définis.
D’une façon générale mes prédictions concernent des événements tout à
fait ordinaires plutôt que des circonstances exceptionnelles. Voici un
exemple simple de ce que j’appelle une concordance directe : le 4 mars,
une de mes prédictions fut qu’un étranger était chez nous. Le même soir,
des amis nous ont fait une visite impromptue, en compagnie de quelqu’un
que nous ne connaissions pas du tout. La prédiction avait été écrite à huit
heures du matin. Je considère qu’il s’agit d’une concordance directe pour
plusieurs raisons. D’abord, nous menons une vie très tranquille et notre
cercle d’amis est réduit. Nous ne recevons des étrangers qu’une ou deux fois
par an, au maximum. En tenant compte de toutes mes notes je n’ai fait

113
cette prédiction que deux fois, et les deux fois un étranger est venu nous
voir. Aucun étranger n’est venu sans prédiction préalable.
Autre exemple de ce qui est, pour moi, une bonne prédiction : cet inci-
dent démontre la tendance que peuvent avoir trois prédictions, ou plus, de
concerner le même épisode se produisant le même jour. Le 27 janvier, mes
prédictions pour la journée incluaient : un secret révélé… une mauvaise
langue… une rosserie. Ce même jour, en fin d’après-midi, je reçus la visite
de la gouvernante d’une voisine d’un certain âge. Elle me révéla qu’elle
avait énormément d’ennuis avec cette amie et qu’elle avait décidé de quit-
ter son emploi. Cette amie avait « une langue de vipère », pour utiliser ses
propres termes, et l’esprit si acéré qu’elle s’amusait à tourmenter cette
gouvernante à un point tel que celle-ci en était bouleversée. Puis elle com-
mença, à mon grand mécontentement, à divulguer un secret personnel qui
ne regardait absolument personne d’autre que cette amie.
De tels rapprochements entre des événements prédits et des événements
arrivés en réalité pourraient être le résultat du hasard ou de coïncidences.
Mais quand 320 prédictions sur 741 montrent différents degrés de similarités,
alors cette explication est loin d’être suffisante.
Le hasard ou la coïncidence entrent de moins en moins en ligne de
compte quand un événement futur est vu en partie dans une prédiction, et
est également renforcé par des rêves prémonitoires ou des intuitions télépa-
thiques.
Voyons le cas suivant. J’ai mentionné plus haut les rêves dans lesquels
j’avais reçu une information selon laquelle notre propriétaire envisageait de
vendre la maison. Les rêves, qui s’étaient produits en l’espace de quelques
jours, contenaient les éléments suivants : des personnes âgées, un déména-
gement, l’éventualité d’une recherche d’un nouvel appartement. Pour re-
trouver ces détails, reportez-vous au chapitre 6. Rappelez-vous, ces rêves
ont eu lieu les 15, 16 et 17 février.
Le 18 février, mes prédictions étaient : un événement tout à fait inhabi-
tuel… un bain… un reproche… une éclaboussure… des invités durant la jour-
née. Le 18, les éléments clairvoyants des rêves se sont avérés. Notre pro-
priétaire a fait visiter notre appartement à ses acheteurs éventuels, un évé-
nement tout à fait inhabituel de mon point de vue puisque c’était la pre-
mière fois qu’une chose pareille se produisait depuis les cinq ans que nous
habitions à cette adresse. Mais les premiers mots qu’a prononcés l’employée
de l’agence immobilière, après m’avoir fait un signe de tête, furent adressés
à ses clients : « Il faut que vous voyiez la salle de bains et la douche. C’est
très spécial. Le pommeau de la douche a neuf sorties, l’eau éclabousse lit-
téralement. » Plus tard, quand j’ai pu parler à notre propriétaire, qui est
aussi un ami, je lui ai reproché de penser vendre la maison, qui était un bon
placement. Dans ce cas, à la fois mes rêves et mes prédictions ont dévoilé

114
différents aspects d’une même situation qu’il m’aurait été impossible de
connaître à l’avance.
Il est exact que les prédictions avaient un caractère plutôt ordinaire,
mais de tels incidents sont significatifs car ils évoquent fortement la possibi-
lité que nous en sachions beaucoup plus sur le futur que nous n’imaginons.
Non seulement il nous arrive parfois d’avoir des informations sur des événe-
ments pénibles ou choquants, mais on peut aussi voir à l’avance des scènes
tout à fait ordinaires. Et si ces prédictions ne s’appliquaient pas justement à
ces circonstances-là, pourquoi les ai-je écrites ce jour-là et pas un autre – ce
jour exact de l’année où la configuration du monde physique leur a donné du
sens ?
De plus, étant donné que les rêves et les prédictions décrivent apparem-
ment différents aspects d’un événement réel unique, il semblerait que l’ex-
plication de la coïncidence soit par trop insuffisante. Si ce genre de chose se
produisait une fois ou deux, on serait déjà à peine autorisés à en tirer des
conclusions. Mais voici d’autres prédictions, avec les événements qu’elles
décrivaient précisément.
Prédiction pour le 19 novembre – Modification de deux dates. Le même
jour j’ai reçu d’abord une lettre, puis un appel téléphonique de parents par
alliance ; les deux ont modifié la date de rendez-vous déjà fixés.
Prédiction pour le 20 novembre – Invitation inattendue. Ce jour-là un
ami est arrivé à l’improviste pour nous inviter à dîner. Nous ne nous étions
pas vus depuis des mois. Juste avant qu’il ne frappe à la porte, je pensais
fortement à lui.
Prédictions pour le 17 décembre. Une femme dans une robe à pois ;
étude de comportement. Ce même jour un couple d’amis nous a fait une vi-
site imprévue. La femme portait une robe à pois. Comme nous bavardions,
notre attention a été attirée par le comportement étrange d’un enfant dans
la rue. Nous l’avons observé par la fenêtre pendant vingt minutes avant de
tomber d’accord sur le fait que cet enfant était ou bien malade mental, ou
bien avait besoin d’aide. Finalement nous avons appelé la police, car l’en-
fant semblait perdu et incapable de se gérer lui-même. Ceci ressemble fort à
une étude de comportement.
Prédiction pour le 16 novembre – Un étranger à la maison. Ce soir-là
nous sommes allés danser. Le lendemain, j’ai noté que la prédiction était
non signifiante. Deux jours plus tard, nous avons découvert que le soir en
question un ami était passé nous voir, avec un parent à lui que nous ne con-
naissions pas.
Prédiction pour le 10 novembre – Un accident qui ne nous concerne pas.
Ce soir-là, un ami nous a raconté avoir eu un accident quelques semaines au-
paravant. Il ne nous en avait encore jamais parlé.

115
Prédictions pour le 5 mars – Feu vert ; trop s’en vont ; plusieurs inci-
dents ; quelqu’un reste. À cette date j’ai appris qu’en raison de plusieurs in-
cidents arrivés chez un de mes anciens employeurs, tous les employés par-
taient, à l’exception d’un seul. On me dit qu’ils allaient avoir besoin d’aide,
et qu’on allait me demander de reprendre mon ancien emploi. Ici nous avons
bien les éléments que : trop doivent partir, un seul reste, beaucoup d’inci-
dents. Je crois que le feu vert fait référence à cette proposition de retour.
Symboliquement on me donnait le feu vert.
Voici maintenant un exemple de la façon dont les prédictions et les intui-
tions télépathiques peuvent se renforcer mutuellement.
Mes prédictions pour le 23 février étaient : un contrat locatif ; un nou-
vel emplacement ; quelque chose ailleurs ; une heureuse surprise. J’ai déjà
parlé de l’intuition télépathique. Ce jour-là Robert était en retard pour le
déjeuner. Tout d’un coup me vint l’idée qu’il avait démissionné de son tra-
vail, et que nous allions devoir déménager. Je n’avais pas plus tôt pensé cela
que Robert arrivait avec un ami qu’il avait rencontré dehors. Cet ami était
en train de venir nous annoncer que sa femme et lui avaient résilié le bail de
leur appartement (contrat locatif), qu’il quittait son travail, qu’ils partaient
habiter loin et qu’il cherchait un nouvel emploi. Nous avons ici tous les élé-
ments de la prédiction, à peu près sans déformation. Cette discussion
m’avait convaincue qu’ils partaient immédiatement, et fus donc heureuse-
ment surprise d’apprendre qu’ils ne partaient pas avant un mois. La distor-
sion de la communication télépathique est flagrante. J’avais pensé qu’elle
s’appliquait à Robert, peut-être parce que son retard m’inquiétait.
Ce qui suit est un autre exemple de différentes informations provenant
de prédictions et d’un rêve et concernant un événement à venir.
Prédictions pour le 29 janvier : un homme que nous ne connaissons pas
vient nous voir ; un message. Prédictions pour le 30 : un groupe de gens, 4
ou 5 ; un prix très élevé ; de longue haleine ; quelque chose qu’on fait rare-
ment. La nuit du 29 janvier, j’ai fait le rêve déjà raconté où je me voyais
nettoyant un évier et m’occupant d’un malade. Le rêve concernait aussi un
hôpital.
Le soir du 30 janvier, le rêve s’est confirmé quand un ami en visite se mit
à saigner gravement du nez. Le rêve racontait cet incident. J’ai plusieurs
fois dû laver l’évier pour nettoyer le sang, et je me suis occupée du malade.
Nous avons appelé l’hôpital pour avoir des instructions, ainsi que les parents
du jeune homme en leur demandant de venir (le message). Son père et son
frère (que nous ne connaissions pas) sont arrivés peu après, ce qui a fait un
groupe de quatre personnes. Le jeune homme a dit – et je le cite : « C’est
cher payer pour avoir oublié ce que m’a dit le médecin ». Les médecins
l’avaient déjà averti de ne pas se moucher trop fort, car il avait déjà eu ce
problème. Il est clair que ce fut une soirée plutôt inhabituelle (quelque

116
chose qui se produit rarement), et symboliquement on peut facilement ap-
pliquer l’expression de longue haleine à la nuit, qui fut longue – il a dormi
dans notre appartement et je n’ai pas arrêté de vérifier son état de santé.
Le 20 novembre, une de mes prédictions annonce une lettre étrange et
ambigüe. Dans la nuit du 23 novembre, j’ai rêvé de B. K. Mes prédictions
pour le jour suivant comprenaient… une lettre de B. K. Le 24 novembre, j’ai
reçu une lettre étrange et ambigüe de B. K., qui n’est pas un ami proche.
L’exemple suivant semble suggérer qu’à nous deux, Robert et moi avions
des informations complètes au sujet d’un événement qui s’est produit plus
tard.
Mes prédictions pour le 3 février comprenaient : des pleurs ; une erreur.
Mes prédictions pour le lendemain : un appel ; des gens ; un incident inhabi-
tuel ; quelque chose arrive qu’on attendait. Les prédictions de Robert pour
le 3 février comprenaient l’expression : après la chute. Il l’a répété dans ses
prédictions du lendemain.
Le soir du 4 février, une locataire âgée a glissé sur la neige dans l’allée
et s’est cassé la jambe. Dans l’obscurité elle s’était trompée de chemin en
allant vers les poubelles. Sa fille a frappé à notre porte, en pleurs. Nous
avons appelé l’ambulance et l’avons attendue sous une grande pression, car
elle souffrait beaucoup. Des gens d’autres appartements ainsi que de mai-
sons voisines se sont regroupés autour de nous. Nous sommes évidemment
arrivés après la chute, plutôt qu’au moment même. Cet accident a pris en-
suite de l’importance quand nous avons été interrogés par les employés de la
compagnie d’assurances. Ici tous les éléments de mes prédictions, et un des
prédictions de Robert, nous ont donné une représentation claire de l’événe-
ment, mais nous n’en avons réalisé le sens qu’après-coup.
Mes prédictions pour les 6 et 7 février : demi-tour ; livraison spéciale 10 ;
réorganiser ; sept ou plus ; plus que nécessaire. Cela semblait concerner
deux événements séparés.
Le 7 mars, les deux dernières prédictions – plus que nécessaire, sept ou
plus – se sont apparemment réalisées. Ce soir-là, de façon tout à fait impré-
vue, sept amis sont arrivés en même temps. Nous avons fait la fête jusque
bien après minuit, et ce fut assez bruyant. Il y a sûrement eu plus d’alcool et
de bruit que nécessaire.
Le 9 mars, les autres prédictions – demi-tour, courrier spécial, réorgani-
ser – se sont apparemment réalisées. Ce jour-là il est arrivé la chose sui-
vante : j’avais demandé à mon éditeur de me renvoyer ce manuscrit, car je
n’avais eu aucune nouvelle de lui depuis cinq mois. J’attendais le retour de

10
[Special delivery : en anglais le mot delivery signifie une livraison mais aussi une délivrance. L’in-
conscient apprécie particulièrement les jeux de mots.]

117
ce manuscrit. Au lieu de cela, le 9 mars, par un retournement complet de si-
tuation, l’éditeur me demandait par courrier de lui laisser le manuscrit car il
n’avait pas encore pris sa décision. Ce n’était pas un courrier spécial, mais
pour moi il l’était définitivement, car il s’agissait d’une lettre importante.
La raison invoquée pour le retard était une réorganisation.
Sinon, vous pouvez remarquer que vous utilisez une sorte de sténo, signi-
fiante sur le plan du subconscient, mais qu’au niveau conscient vous n’arri-
vez pas tout de suite à décoder. Ce n’est que par l’examen approfondi de
vos notes que vous parviendrez à déchiffrer ces symboles. En voici quelques
exemples tirés de mes propres écritures.
Les prédictions pour le 10 novembre incluaient : une lettre importante ;
5. Ce jour-là est arrivée une lettre importante de A. K. Je n’arrivais pas à
comprendre la signification du chiffre 5, et j’étais tentée de le rayer, quand
je me suis souvenue que cinq ans auparavant, A. K. et moi faisions partie
d’un groupe qui s’appelait « Les Cinq ».
À six autres occasions, quand le chiffre 5 a fait partie des prédictions,
j’ai reçu des lettres de A. K. Il travaillait pour un magazine auquel j’envoyais
des nouvelles, et quasiment sans aucune exception, le chiffre 5 apparaissait
chaque fois que je devais entendre parler de lui. Quand il a quitté le maga-
zine le chiffre 5 a continué à apparaître, mais dans ce cas il concernait des
lettres que m’envoyait l’homme qui l’avait remplacé.
Il est évidemment impossible dans le cadre de ce livre de donner plus
que des échantillons de mes prédictions. Robert aussi a expérimenté les pré-
dictions, et ses résultats ont été aussi significatifs que les miens. Il semble
qu’il existe certaines caractéristiques générales. Les événements sont sou-
vent désignés de manière indirecte ; pourtant, quand l’événement arrive, les
éléments concordent parfaitement entre eux, comme les pièces d’un puzzle.
Ils ne peuvent correspondre à aucun autre événement arrivé à la même pé-
riode. Ils pointent invariablement dans la même direction. C’est une ten-
dance qui apparaît aussi dans les prédictions de Robert, et à de nombreuses
occasions nous avons pu à nous deux couvrir les aspects principaux d’un évé-
nement donné qui ne s’était pas encore produit.
Le symbolisme et l’obliquité semblent d’une manière générale caractéri-
ser les perceptions extrasensorielles, et pourtant les données reçues sont
tout sauf vagues. Les connexions sont toujours pertinentes, mais la significa-
tion n’apparaît pas toujours tant que l’événement ne s’est pas produit. Ce
n’est pas le genre de connexions que vous faites au niveau conscient. Appa-
remment, le conscient et le subconscient ne s’intéressent pas au même type
d’informations. Mais les prédictions et leurs résultats m’ont convaincue que
nous avons réellement la connaissance des événements futurs, et que celle-
ci repose sur une base solide.
C’est aussi une connaissance que nous pouvons utiliser de façon tout à
fait efficace. À de nombreuses reprises, mes prédictions m’ont préparée à

118
accueillir des événements qui allaient se produire. Cet avantage psycholo-
gique est à mon avis d’une grande importance. Un jour, mes prédictions par-
laient d’une excursion. Cela n’avait pas particulièrement de sens, car nous
étions en pleine semaine, une période où nous ne bougeons jamais. Nous ve-
nions aussi de rentrer de vacances, et n’avions aucune intention d’aller
quelque part. Plus tard dans la journée, nous avons reçu un appel urgent
d’un membre de notre famille, qui habite assez loin, et il nous a fallu faire
un déplacement inopiné pour aller chez lui. Comme suite à cette prédiction
j’avais sérieusement réfléchi à la possibilité d’un déplacement nécessaire,
j’avais organisé mon travail de façon à pouvoir partir si je m’y trouvais obli-
gée. C’est ainsi que ce petit voyage inhabituel en milieu de semaine ne m’a
pas prise au dépourvu.
Vos propres idiosyncrasies se manifesteront probablement dans vos
notes, comme elles le font dans les miennes. Je surestime systématiquement
les bonnes nouvelles et minimise les mauvaises. Dans de nombreux cas, nous
ne voulons tout simplement pas savoir ce qui va arriver. Quand Robert est
tombé malade d’un virus, je n’arrivais plus à écrire une quelconque prédic-
tion. C’était une réaction compréhensible de ma part, mais mal appropriée
et poussant à l’imprévoyance. Apparemment, les phases d’inquiétude cons-
ciente semblent peser lourdement sur mes résultats. Il peut arriver que pen-
dant une semaine ou deux, aucune prédiction ne soit juste. Et puis il y a
aussi des périodes d’activité intense, où les prédictions se réalisent constam-
ment à peu près sans erreur.
En ce qui concerne vos propres expérimentations, assurez-vous d’écrire
immédiatement ce qui vous vient à l’esprit. N’essayez pas d’interpréter.
Ceci pourrait entraîner la déformation consciente d’informations valables.
Nous en dirons plus au sujet des prédictions dans le chapitre suivant. Voici
maintenant quelques extraits de l’enseignement de Seth concernant la na-
ture du temps, et ses liens avec les perceptions extrasensorielles.
Il reste encore beaucoup à expliquer sur différents sujets que nous n’avons fait
qu’effleurer, car tout est lié. Effectivement il existe une corrélation entre vos points
présents, dont j’ai déjà parlé, le spacieux présent et cette partie du moi total que vous
appelez le subconscient.
Nous nous occupons ici principalement de l’essence de l’action ; toute division est
par principe arbitraire, et ne sert que dans un but d’explication. En lui-même le point
présent est arbitraire ; c’est une division artificielle. Pour vous, le point présent repré-
sente la quantité d’action que vous pouvez assimiler dans votre structure actuelle, car
le point présent est en réalité une portion du spacieux présent.
Le subconscient et, en fait, toutes les parties du moi, à l’exception de l’ego, sont
capables d’assimiler une beaucoup plus vaste région, disons-le comme ça, d’action.
Donc, pour ces autres parties du moi, l’essence du temps est différente de ce qu’elle
est pour l’ego. On peut la définir en relation à plusieurs autres aspects de la réalité. Par

119
rapport à l’action et aux points présents, l’ego est effectivement cette portion du moi
placée au sommet du point présent, et limitée par lui. Dans ce contexte, l’ego est la
portion du moi qui est totalement concentrée sur, et emprisonnée par, le point présent.
L’ego est cette portion du moi qui vit le temps comme une continuité, et pour la-
quelle l’expérience consiste en un enchaînement de stimuli et de réponses. Et pourtant
ceci est en soi une division, pour ainsi dire, ou une sorte de réalisation de valeur, car la
nature simultanée d’une action donnée est ici vécue au ralenti, comme quand un enfant
apprend à marcher avant de pouvoir courir.
Le subconscient n’est pas limité de cette manière. Si vous considérez l’ego comme
le sommet du point présent, emprisonné dans les limites de son expérience avant-
après, cause-effet, alors imaginez le subconscient comme s’étendant vers l’extérieur, et
atteignant de nombreux autres points présents.
Il devrait alors être facile de voir pourquoi le champ de l’ego est si précis, et si
brillant. À l’intérieur de son champ limité, le stimulus et la réponse sont d’une inten-
sité particulière. L’ego représente en fait cette partie du moi qui est plongée dans une
préoccupation spécifique intense pour un champ donné d’action, ou une dimension.
Le subconscient, en s’étendant vers l’extérieur, atteint également l’intérieur. Car
autant il n’existe aucun passé et aucun présent, autant existent une infinité d’intérieurs
et d’extérieurs – et, redisons-le, d’actions à l’intérieur d’actions. Celles-ci n’ont pas de
fin, car elles se génèrent elles-mêmes. Les autres portions du moi intérieur s’étendent
même encore plus loin dans toutes les directions, enveloppant ainsi de nombreux
points présents. Pour n’importe quelle partie du moi intérieur, ce que vous appelez un
moment correspondrait à un nombre presque infini de moments, puisque même le
temps physique ne veut rien dire sans l’expérience et sans l’action.
Tout votre concept du temps repose sur votre capacité à percevoir l’action : quand
celle-ci s’agrandit, les dimensions du temps en font autant. On peut donc comprendre
qu’un moment de votre temps pourrait tout à fait être vécu par le moi total comme des
siècles.
Ceci devrait vous amener à comprendre pourquoi le temps physique ne veut fon-
damentalement rien dire pour le subconscient, et pourquoi le moi intérieur dispose à
loisir de la connaissance des vies et des efforts du passé. Pour le moi intérieur, chers
amis, ces vies ne sont pas dans le passé, pas plus que la vie de l’ego n’est nécessaire-
ment présente pour le moi dans sa globalité.
Car pour le moi global, toutes les personnalités qui le composent existent simulta-
nément.
Il n’y a que l’ego qui saute de moment en moment, comme un homme qui saute-
rait d’une flaque d’eau à une autre. Seul l’ego se noie dans le temps. Et donc, comme il
n’y a que l’ego à être momentanément emprisonné dans la concentration de votre
champ, seul l’ego se risque peu à peu, lentement, dans l’action simultanée, la perce-
vant morceau par morceau, bouchée par bouchée. Vous voyez maintenant ce que je
voulais dire en parlant du moi illimité, car le moi dans sa globalité n’est pas tenu de
cette façon. Le moi global pourrait percevoir simultanément un nombre illimité de ces
points présents, et c’est bien ce qu’il fait.

120
X. – Plus au sujet des prédictions – Quelques prédictions
de Seth – Une expérience pour vous
Voici une expérience pour ceux d’entre vous qui n’ont pas le temps de
pratiquer tous les jours. Sur une feuille de papier, écrivez le long de la
marge les chiffres de 1 à 20. Vous allez pouvoir vérifier combien de prédic-
tions correctes vous êtes capable de faire pour une période d’un mois. Là en-
core, écrivez ce qui vous vient à l’esprit. Si vous avez du mal à démarrer,
écrivez n’importe quoi, même si cela semble n’avoir aucun sens. Faites aussi
peu attention que possible à ce que vous écrivez. Ne vous emballez pas si
vous écrivez quelque chose qui semble prédire quelque chose d’heureux. Ne
soyez pas déprimé si vous écrivez une prédiction de mauvaises nouvelles. Les
déformations de l’inconscient sont à l’œuvre, à un degré ou à un autre, chez
pratiquement tout le monde, alors gardez vos distances avec vos prédictions
pendant que vous les écrivez. Attendez, et vous verrez bien. Les prédictions
valables se révéleront d’elles-mêmes.
En faisant cette expérience, vous pourriez constater que le fait de dis-
traire votre attention consciente par une autre activité peut vous faciliter la
tâche, comme prendre un café, regarder la télévision. N’essayez pas de défi-
nir des jours précis à l’intérieur du mois, à moins bien sûr que certaines
dates ne vous viennent spontanément à l’esprit. Oubliez vos facultés cri-
tiques en faisant vos prédictions. Ne vous appuyez pas sur vos connaissances
présentes pour deviner consciemment. Vous aurez largement l’occasion
d’utiliser votre intellect critique et votre logique quand vous en serez à éva-
luer la validité de vos résultats.
Au début, il est difficile d’évaluer la validité d’une prédiction. Par la
suite, vos notes vous donneront des indices sur la meilleure manière d’utili-
ser vos données. Vous saurez par exemple comment gérer l’information en
général, et quels symboles vous utilisez pour la faire passer.
Par exemple, quand j’ai commencé mes prédictions, je faisais constam-
ment référence à un certain couple en utilisant le mot surprise, visiblement
parce qu’ils avaient l’habitude de débarquer à l’improviste. J’ai mis des
mois à réaliser le lien entre ces notes, les visites surprises, et ce couple.
Mais j’enregistre aussi les petits événements du quotidien, et c’est un jour

121
en relisant mes notes que j’ai découvert que chaque fois que j’utilisais le
mot surprise, ce couple arrivait chez nous.
La première fois où j’ai ensuite utilisé ce mot dans une prédiction, j’ai
ajouté la note : « Je crois que ceci concerne M. et Mme X. qui arrivent tou-
jours à l’improviste. » Je n’ai jamais écrit surprise quand ils ne venaient
pas. Malheureusement ce couple a déménagé, et l’histoire n’a pas eu de
conclusion. S’ils étaient restés encore un an ou deux, j’aurais pu étudier la
connexion de plus près. Mais je suis plutôt satisfaite qu’elle ait prouvé sa
justesse. Ce n’est que par une grande familiarité avec vos notes que vous
pourrez découvrir votre « sténo ».
Il est relativement facile de déterminer la validité de prédictions quand
elles sont claires et concises, et quand les événements prédits se passent au
jour annoncé. Dans certains cas cependant, la prédiction peut être plus ou
moins valable mais vous ne pouvez pas vérifier parce que la personne n’est
pas disponible. Ou bien vous pouvez découvrir ultérieurement que la prédic-
tion était valable, alors que vous l’avez supprimée.
Si vous faites des prédictions tous les jours, assurez-vous de toujours no-
ter l’heure à laquelle vous les faites. Un soir, j’ai noté une liste de prédic-
tions à 6h35 du soir. Parmi elles était mentionné que C. S. nous rendrait vi-
site ce même soir entre 8h30 et 10h. Il ne vint pas. Seulement le matin sui-
vant, à 9h30, il est arrivé. En riant je lui ai dit que c’était la bonne heure
mais qu’elle aurait dû concerner la veille au soir. Il m’a alors demandé à
quelle heure j’avais fait la prédiction, et je le lui ai dit. Exactement à ce
moment-là, il avait la ferme intention de venir nous voir, mais il avait été
retenu par d’autres circonstances. Il avait vérifié l’heure, car il avait un
autre rendez-vous.
Vous ne ressentirez probablement rien en écrivant vos prédictions. Ce
n’est que rarement que j’ai le sentiment conscient qu’une prédiction est
juste, et quand je suis certaine que c’est le cas, elle se révèle souvent
fausse. D’une manière générale vous ne pouvez pas vous fier à vos ressentis,
mais des prédictions ou des prémonitions qui arrivent spontanément sont
souvent accompagnées d’une forte émotion et d’un sentiment de certitude.
Mais la plupart du temps, une prédiction paraîtra insignifiante pour se révé-
ler plus tard être une description tellement précise d’un événement phy-
sique que je reste sidérée de mon incapacité à reconnaître sa justesse au
moment où je l’ai écrite.
Si vous essayez sérieusement d’étendre vos facultés, n’étirez pas le sens
d’une prédiction pour la faire coïncider avec un événement donné. En re-
vanche, recherchez toutes les abréviations, les symboles, qui se montrent de
façon insistante dans vos prédictions, car c’est un signe sûr. Dans certains
cas ces symboles doivent être déchiffrés, et personne ne peut le faire à
votre place. En ce qui me concerne, ce genre d’abréviations n’est pas cou-

122
rant, mais l’étude de ce langage subconscient peut nous en apprendre beau-
coup sur notre façon de réfréner, déformer, ou exprimer une information
clairvoyante valable.
Une fois que vous avez pris l’habitude des prédictions, la tendance innée
à la concentration consciente disparaît. Vous pourrez vous laisser aller, et
les résultats de vos prédictions seront concluants. Comme vos rêves prémoni-
toires et vos intuitions télépathiques, vos prédictions peuvent montrer des
pics d’activité et de repos. Apparemment, même si nous pouvons le regret-
ter, nous ne pouvons pas fonctionner sans arrêt au mieux de nos capacités.
Si vos résultats sont mauvais après avoir été très bons, ne vous découragez
pas.
Indépendamment de leurs facultés innées, les individus n’ont pas la
même approche dans l’autorisation qu’ils donnent, ou non, aux informations
prémonitoires d’émerger. Vous pouvez par exemple avoir une peur subcons-
ciente à la simple idée d’essayer de voir dans l’avenir. Si c’est le cas, il se
peut que vous mettiez du temps à avoir des résultats fiables, ou vous pouvez
simplement vous refuser tout succès dans ce genre d’expérimentations.
Je recommande à tous ceux qui le peuvent d’essayer la pratique quoti-
dienne des prédictions. C’est très facile. On n’a même pas besoin de cinq
minutes pour les noter. Le plus souvent, même quand la prédiction est va-
lable, vous n’écrirez pas l’événement exact qui se produira ensuite. Mais en
cas de succès, vous en aurez écrit différents aspects, qui s’appliqueront à
cet événement particulier et à aucun autre. Il est évident que l’évaluation
de vos prédictions implique du temps et de l’énergie, mais cela vaut vrai-
ment la peine d’essayer.
Supposons que vous ayez l’information subconsciente que vous allez re-
cevoir des nouvelles d’une Mlle Y., une de vos connaissances. Votre prédic-
tion pour la journée ne va probablement pas être une affirmation claire,
telle que « Mlle Y. va passer aujourd’hui ». Au lieu d’employer l’expression
« Mlle Y. » il peut vous venir une sorte d’abréviation faisant sens pour votre
mental subconscient. Si par exemple Mlle Y. a une vilaine tache sur la joue,
vous pouvez écrire Mlle Tache, ou Tache sur la joue, auquel cas il se peut
que vous ne réalisiez jamais que la prédiction était valable, par manque de
compréhension du langage dont se sert votre subconscient.
Un jour, les prédictions de Robert contenaient le mot « halitose », qui ne
signifiait rien pour lui. Ce même jour il reçut une lettre de son médecin, la
seule personne que nous connaissions qui souffre d’une forme sévère d’hali-
tose. 11 Nous avions souvent discuté entre nous de cette situation particu-
lière. Jamais auparavant les prédictions de Robert n’avaient inclus le mot
« halitose », et jamais non plus ce médecin ne lui avait écrit.

11
[Mauvaise haleine.]

123
Nous ne pouvons pas compter sur le fait (et encore moins exiger) que la
partie intuitive du moi fonctionne de la même manière que le mental lo-
gique conscient. D’un autre côté, les symboles utilisés par le moi intuitif
sont tout aussi ajustés, pertinents et percutants. Ils ne sont tout simplement
pas ceux auxquels nous sommes habitués au niveau conscient.
La méthode des prédictions quotidiennes est un excellent entraînement
pour vos capacités personnelles – sans compter que c’est un exercice très
amusant. L’élément temporel lié à ces prédictions est en soi un intéressant
sujet d’étude. Une note faite le lundi matin concernant un événement de-
vant se produire le mardi peut s’avérer le lundi après-midi par exemple.
Vous pouvez aussi faire de surprenants sauts dans le temps. Tout ceci sert à
vous familiariser avec la façon dont vous fonctionnez, même si parfois cela
ajoute à la difficulté d’évaluer vos résultats.
Voici un cas qui soulève la question du saut dans le temps. Pour le 24 no-
vembre mes prédictions incluaient : Visite de A. F. ; une étrange coïnci-
dence. Non seulement A. F. n’est pas venu nous voir ce jour-là, mais nous ne
l’avons pas vu avant le 10 décembre. J’avais depuis longtemps évalué la pré-
diction comme non valable.
Mais au cours de la visite de A. F. du 10 décembre, j’ai incidemment
mentionné le fait qu’un de nos amis connaissait un moine qui avait entendu
parler des séances de Seth, qui l’intéressaient énormément. Ce moine rési-
dait dans un monastère voisin. « Tu veux dire le père X. ? » demanda A. F.,
surpris. « Oui, ai-je répondu, effectivement. Comment le sais-tu ? » De fil en
aiguille, il est apparu que A. F. avait reçu une lettre de ce même moine au
sujet d’une circonstance qui les impliquait tous les deux. A. F. ne connaît
même pas l’ami qui m’a parlé de ce moine et de son intérêt pour Seth, il ne
vit pas non plus dans la ville où réside ce moine, ni dans la ville où habite
mon ami, ni dans celle où j’habite moi.
Pour moi il s’agit d’une coïncidence d’importance. Elle est d’autant plus
troublante quand on considère que la visite de A. F. et la discussion au sujet
de cette concordance étaient notées dans des prédictions concernant exac-
tement ce jour-là, dans des notes prises le mois précédent.
Je n’ai pourtant pas modifié mes notes pour écrire que la prédiction était
valable, à cause du décalage temporel ; mais j’ai fait une annotation pour
décrire ce qui s’était passé. Seulement il est tout à fait possible que d’im-
portantes clés de compréhension sur la façon dont fonctionne la clairvoyance
se cachent derrière ce genre d’incidents, et je vous conseille d’étudier soi-
gneusement vos notes pour ne pas laisser échapper de telles occurrences. Au
fur et à mesure que de telles circonstances seront fixées par écrit, nous
pourrions bien découvrir certains schémas menant à de nouveaux domaines
de connaissance.
Si vous écrivez une prédiction concernant une personne particulière et
que cette prédiction semble ne pas être juste, essayez si possible de vérifier

124
avec cette personne. À plusieurs reprises j’ai écrit que des personnes de-
vaient nous rendre visite à un jour précis, et cela ne s’est pas produit. Au
moins deux fois il est apparu que ces personnes avaient eu la ferme intention
de passer nous voir au moment où je faisais la prédiction. Le moment leur
avait paru bien choisi, et elles se souvenaient donc parfaitement de l’heure.
D’autres prédictions peuvent avoir été valides, mais les circonstances n’ont
pas permis la vérification. Nous ne pouvons pas de toute façon nous attendre
à une précision de 100 %. Vous ne pouvez certainement pas partir du prin-
cipe que la majorité de vos prédictions sont justes même si vous ne pouvez
pas toutes les vérifier. Mais vous pouvez garder à l’esprit qu’une partie peut
être correcte même si elles n’ont pu être prouvées.
L’enseignement de Seth présente quelques prédictions, mais nous
n’avons jamais essayé de donner une structure fixe aux séances. Nous
n’avons jamais essayé d’obliger Seth à aller dans cette direction. Au jour
d’aujourd’hui, toutes ses prédictions se sont réalisées. Certaines se jouent
sur une période d’environ trois ans, et bien sûr nous n’en saurons pas plus
tant que cette période ne sera pas écoulée. La représentation qu’a Seth du
temps est bien sûr complètement différente de la nôtre. Quand il annonce
qu’un événement précis doit se produire bientôt, je pense à un délai d’une
semaine, plus ou moins. Pour Seth, bientôt peut aussi bien vouloir dire six
mois.
Certaines des prédictions de Seth concernaient la vie personnelle d’amis,
ou de relations, et nous n’en parlerons pas ici, à l’exception de quelques-
unes. Mais celles-ci pourront donner au lecteur une idée de la nature des
prédictions en général.
Le 9 mars 1664, Robert a demandé à Seth des précisions sur l’état de
santé d’une amie qui était à l’hôpital. Seth donna la date du 15 avril comme
étant importante pour elle, mais sans plus de détails. Le 15 avril, nous te-
nions la 44e séance avec Seth. Robert posa la question suivante : « Pouvez-
vous nous dire quelque chose au sujet de Mme Y. ce soir ? »
Voici la réponse :
« Je peux seulement dire qu’aujourd’hui, le 15 avril, tard dans la soirée, en fait à
deux heures du matin de votre temps, elle passera par une crise sévère, impliquant une
détérioration rapide de la matière cérébrale. À ce moment-là elle aura traversé, ou sera
en train de traverser le pire. »
Quelques jours plus tard j’ai appelé l’hôpital, pour apprendre que Mme
Y. était partie. J’en ai conclu que malgré les indications de Seth, son état
s’était amélioré. Seulement le 22 avril, des relations de Mme Y. sont passées
nous voir. Ils nous ont raconté comment le 15 avril Mme Y. avait mis sens
dessous dessus tout l’étage de l’hôpital, au point que les responsables
avaient exigé son départ vers un asile psychiatrique. Son état s’était effon-

125
dré à un point tel qu’elle manifestait tous les symptômes de la maladie men-
tale : hurlements, jets d’objets, cris, courses dans les couloirs, appels à
l’aide à la police.
Lors de la 68e séance, nous étions en compagnie de notre ami Bill Macdo-
nel qui participait en tant que témoin. Bill projetait des vacances à Provin-
cetown, et Robert a demandé à Seth s’il pouvait nous prédire quelque chose
au sujet de ces vacances. Voici la réponse :
Il ira évidemment à la plage. Il y a un homme, la cinquantaine, cheveux en bataille
– ils feront connaissance. Je vois une barque, avec une espèce de symbole peint des-
sus.
Le 24 juillet 1964, au cours de la 75e séance, et alors que Bill se trouvait
à Provincetown, Seth nous fournit les informations suivantes, sans que nous
lui ayons posé aucune question :
Votre ami s’est fait deux amis, l’un d’un certain âge, et l’autre environ de son âge.
Il est bien sûr au bord de l’eau. Il est allé dans un bar où il y avait un gros tonneau. Il y
a deux maisons pas loin, une pièce de devant a vue sur la plage. Il y a un bateau et un
ponton. Je crois aussi qu’il s’est trouvé dans un groupe de quatre hommes. Une cein-
ture de coquillages, aussi, peut-être.
Nous n’avions aucun contact avec Bill. À son retour le 29 août, il est venu
nous voir. Il ne se rappelait plus la date exactement, mais aux alentours du
29 juillet il avait assisté à une fête avec deux amis rencontrés durant ces va-
cances. L’un était un homme de cinquante ans, les cheveux en bataille, et
l’autre avait deux ans de moins que lui. (Bill a environ 25 ans.) Deux autres
hommes étaient aussi présents.
Il était donc dans un groupe avec quatre hommes. La fête se déroulait
dans une petite maison reliée à une autre (deux maisons), dans la pièce du
devant, qui avait vue sur la plage. D’après Bill, il est tout à fait inhabituel à
Provincetown de trouver une pièce qui ait vue sur la mer, car les maisons de
vacances sont regroupées dans le plus total désordre, et ce sont générale-
ment les pièces de derrière qui regardent vers la plage. Il y avait de nom-
breux bateaux, amarrés à un ponton.
En sortant de la fête, Bill et ses amis sont allés dans un bar qui se dis-
tingue des autres par sa décoration unique : un énorme tonneau coupé en
deux, chaque moitié enfoncée dans le mur. Les autres bars étaient décorés
de petits tonneaux, et celui-ci sortait vraiment de l’ordinaire. Le bar et les
maisons étaient distants d’environ trois pâtés de maisons. (D’après Seth, ils
étaient proches.)
Bill n’a pas pu voir à quoi correspondait la ceinture de coquillages, à
l’exception du fait que des cendriers en coquillages étaient utilisés durant la
fête. Il ne se souvenait pas d’un bateau avec un symbole. Plus tard, Seth

126
ajouta que le bateau était vert, et Bill se rappela un bateau vert amarré de-
vant la maison, dont il avait même fait un tableau. Il avait aussi peint tous
les alentours, y compris les maisons de vacances.
Le 28 septembre 1964 Seth a aussi prédit la vente de ce manuscrit. Le 4
novembre, il précisa qu’une publication était en cours, et qu’il en résulterait
d’autres, concernant surtout des nouvelles.
Elles n’ont pas encore abouti, mais le cadre des publications a été défini. Il se peut
qu’une femme soit liée à une publication, par son influence.
Le 5 mai 1965 le contrat d’édition était signé, en partie grâce à l’in-
fluence d’une éditrice ; j’avais été par le passé en contact avec M. Fell, et
je ne savais pas que l’ancien éditeur avait été remplacé par une femme. Le
25 mai, peu après la signature de ce contrat, j’ai vendu une nouvelle à un
magazine national. Donc, en mai, comme Seth l’avait prédit, le livre avait
été vendu, une femme était impliquée dans cette vente, et j’avais aussi
vendu une nouvelle.
Il n’y a dans tout cela aucune prédiction spectaculaire. Seth a indiqué le
jour exact de la crise de Mme Y., mais il a fallu presque six mois pour que la
prédiction concernant ce livre se réalise. Récemment Seth a mentionné une
action particulière en indiquant une prochaine chute brutale. Depuis cette
prédiction elle a perdu cinq points. Il nous a aussi donné des informations
générales concernant notre participation au Symposium sur l’Hypnose du
State University College d’Oswego, N. Y., en juillet 1965. Les événements se
sont passés comme il nous l’avait annoncé.
Pour vos expériences, remarquez bien les spécificités suivantes : plu-
sieurs prédictions qui s’appliquent à un seul événement ; des désignations
relevant du subconscient (comme par ex. Mlle Tache) que vous utilisez systé-
matiquement pour certaines personnes – ce sont des abréviations sous forme
de symboles formées par le subconscient ; assurez-vous de toujours noter le
jour et l’heure de vos prédictions, ainsi que le jour qu’elles concernent ; ac-
cordez-vous deux ou trois jours de délai avant d’évaluer vos résultats.
La possibilité existe aussi que certaines prédictions s’appliquent non pas
à un seul, mais à deux événements séparés. C’est ce qui semble ressortir de
nos notes. Je vais en tirer l’exemple suivant.
Ces prédictions sont intéressantes à deux points de vue : d’abord, elles
montrent comment Robert et moi semblons collaborer pour viser un événe-
ment futur. Ensuite, elles illustrent le fait que des prédictions simples peu-
vent concerner deux situations séparées. S’il s’avère que cette dernière pos-
sibilité est une caractéristique valable d’un matériau prémonitoire, alors les
abréviations subconscientes, parfois si pertinentes et concises, sont aussi tel-
lement précises qu’elles peuvent s’appliquer à deux événements en même
temps, sans pouvoir en concerner aucun autre.

127
Pour le 30 juin, mes prédictions incluaient : plusieurs questions, plu-
sieurs fois ; redites-moi ; le voyage, c’est loin ; recommence. Les prédic-
tions de Robert incluaient : l’enquêteur.
Nous n’avions pas regardé nos prédictions respectives. Le jour en ques-
tion, un enquêteur des assurances a frappé à notre porte. Il m’a posé des
questions au sujet d’un voisin qui avait déménagé. Au début il ne m’a pas dit
la raison de ces questions, et j’ai refusé de répondre. Finalement il m’a ex-
pliqué et je l’ai laissé entrer, en lui demandant de me répéter ses questions.
Le voisin concerné était parti habiter en Californie. Nous avons ici tous les
éléments donnés par les prédictions. L’enquêteur de la prédiction de Robert
ne pouvait pas avoir été plus spécifique.
Ces mêmes prédictions concernaient aussi parfaitement une autre situa-
tion, arrivée le même jour. Nous avions informé notre propriétaire que des
amis à nous désiraient louer un appartement vacant au rez-de-chaussée. Ils
n’avaient encore avancé aucun loyer, et entre-temps une femme avait ap-
pelé pour annoncer qu’elle aussi était intéressée par l’appartement. Nous
nous sentions passablement responsables de cette situation, et je suis allée à
la cabine téléphonique au coin de la rue pour appeler nos amis. Ils étaient
absents, et l’on m’a indiqué un autre numéro à appeler. J’ai passé une
demi-heure à poser plusieurs fois de nombreuses questions alors que nous es-
sayions de démêler cette affaire. Je me sentais vraiment comme un détec-
tive. Trois des prédictions : plusieurs questions plusieurs fois, redites-moi, et
l’enquêteur, semblent aussi avoir concerné cette situation.
Je me rends bien compte qu’il ne s’agit pas d’événements spectacu-
laires. Mais nous étudions la façon dont le subconscient traite des données
que le conscient ignore, et toute caractéristique particulière semblant se
manifester au cours des prédictions doit être soigneusement analysée. La vi-
site de l’enquêteur autant que l’enchevêtrement des appels téléphoniques
font nettement ressortir cette journée, et apparemment les deux situations
avaient été vues à l’avance, au moins partiellement.
Les prédictions quotidiennes nous fournissent suffisamment de données
pour travailler. Le simple fait d’enregistrer des prémonitions spontanées in-
habituelles n’apporte que peu d’informations. Au fur et à mesure que les
notes quotidiennes s’accumulent, nous disposons de plus en plus de données
à analyser pour arriver un jour à la révélation de la nature et des caractéris-
tiques du matériau prémonitoire.
Comme toutes les recherches sur la clairvoyance incluent nécessairement
notre concept du temps, voici quelques extraits des enseignements de Seth
où il discute du temps en relation avec les impulsions électriques, et en four-
nit une analogie facile à comprendre.

128
Extraits de la séance n° 54
La vieille comparaison – un peu banale, j’en ai peur – est toujours valable. Quand
vous vous promenez dans la forêt, vous voyez beaucoup d’arbres. Le temps, c’est la
forêt. Vous, en revanche, vous voyez un arbre devant vous, et vous l’appelez le futur.
Vous pensez que l’arbre n’était pas là avant, parce que vous n’étiez pas encore arrivé
devant lui. L’arbre derrière vous, vous l’appelez le passé. Disons que vous marchez le
long d’un étroit sentier, mais il y a beaucoup de ces sentiers. La forêt est un tout. Vous
pouvez marcher dans une direction ou dans la direction opposée, même si vous com-
mencez à peine à apprendre à le faire.
Filons la métaphore. Appelons cette forêt le spacieux présent. Les arbres sont
comme la conscience, ils existent simultanément ; et pourtant, cette forêt du spacieux
présent n’occupe aucun espace, selon votre idée de l’espace.
Il n’y a ni passé, ni présent ni futur, pour parler comme vous, mais uniquement un
maintenant. En raison des infinies possibilités contenues dans ce maintenant, la durée
est maintenue en tant qu’accomplissement de valeur, l’accomplissement de valeurs lit-
téralement infinies. Et donc, la forêt est en constante expansion. Pas en termes d’es-
pace et de temps, mais en termes d’accomplissement de capacités et de valeurs, pou-
vant être élaborées à différents niveaux et sous différentes apparences, votre présent
champ d’existence en étant un exemple.
Extraits de la séance n° 125
Vous concevez l’action en termes de temps, puisque dans votre monde physique
l’action semble prendre du temps, tout comme, de la même façon, une chaise semble
prendre de l’espace. Évidemment la chaise ne prend aucun espace ; elle fait partie de
ce que vous appelez l’espace. L’action ne prend pas de temps non plus. Elle fait partie
de ce que vous appelez le temps...
C’est difficile de vous l’expliquer, car il faut utiliser d’anciens concepts d’une ma-
nière nouvelle. Mais... nous avons parlé de la réalité électrique des pensées et des émo-
tions, ainsi que des rêves, et de toutes ces expériences semblant d’origine purement
psychologique, et qui n’occupent pas d’espace dans votre univers physique.
J’ai aussi mentionné le fait que le champ électrique possédait sa propre gamme de
dimensions, que vous ne connaissez pas. Ce système contient des profondeurs qui ne
sont pas des profondeurs en termes d’espace, mais plutôt des profondeurs et des di-
mensions en termes de variations d’intensité. Il existe aussi une durée étroitement liée
à l’intensité, mais pas à la continuité en termes de temps.
Dans ce système électrique, un voyage dans le temps représente simplement un
voyage à travers des intensités. Il y a un mouvement constant dans ce système, comme
dans tous les autres, et ce mouvement constant rend le mouvement possible à l’inté-
rieur de votre système : le temps est en fait une impulsion électrique qui grandit en
termes d’intensité, et non de moments.
Parler de « vers l’avant » ou « vers l’arrière » n’a aucun sens. Il n’existe que di-
verses impulsions électriques d’intensités variables ; comme les fortes intensités sont

129
le résultat naturel des intensités faibles, cela n’aurait aucun sens d’appeler les unes
« présent » et les autres « passé ». Mais dans votre champ physique, et avec le temps
physique, vous surfez sur les vagues de ces impulsions, pour ainsi dire.
Quand la vibration est faible, vous l’appelez « passé ». Quand elle est forte vous
l’appelez « présent », et une vibration qui vous semble un peu moins forte que celle du
présent, vous l’appelez « futur ». Car c’est vous qui fabriquez les divisions. C’est ainsi
que vous avez construit la structure et l’ensemble des possibilités, potentiels et limita-
tions inhérents à un système basé sur un champ temporel divisé.

130
XI. – Avez-vous déjà vécu ? – La réincarnation, fait ou
fiction ? – Nos expériences – Expériences pour vous
Est-il possible que nous ayons déjà vécu ? Des millions d’êtres humains
croient que nous naissons sans arrêt, que nos potentialités humaines n’ont
pas la faculté de se développer complètement à l’intérieur de la brève durée
d’une seule vie, mais qu’elles grandissent et arrivent à maturité par le biais
de réincarnations successives. Supposons un instant que cela soit vrai. La
question suivante serait : si nous avons déjà vécu, pourquoi ne nous souve-
nons-nous pas consciemment de nos vies antérieures ?
D’abord, je vais vous poser une autre question. C’est pour vous un fait
que vous avez commencé par être un nourrisson, puis un enfant, avant de
devenir un adulte ; et pourtant, combien de votre enfance vous rappelez-
vous consciemment ? Très peu. La plus grande partie de ces souvenirs font
désormais partie de l’esprit subconscient. Si nous ne pouvons nous rappeler
des expériences qui appartiennent à cette existence, il ne devrait pas être
surprenant que des souvenirs de vies passées disparaissent également.
Des événements oubliés de l’enfance peuvent être rappelés à la mémoire
par l’hypnose. Si la réincarnation est un fait et pas une fiction, nous devrions
pouvoir retrouver également nos vies passées par l’hypnose. Mais même dans
ce cas, nous ne pourrions savoir si de tels souvenirs sont valables avant
d’avoir reçu de solides informations permettant la comparaison avec les ar-
chives et les documents officiels.
Au sujet d’une preuve absolue, considérons la difficulté qu’impliquerait
de prouver un fait simple mais non immédiatement démontrable. Supposez
que vous vouliez prouver que le garçon qui était assis derrière vous en der-
nière année d’école primaire portait une veste marron le 6 mai 1938. Imagi-
nez que vous ayez gardé cette information fraîche dans votre esprit durant
toutes ces années, alors que d’autres souvenirs se sont effacés de votre mé-
moire. Peut-être savez-vous avec la dernière des certitudes que la veste
était marron, mais le prouver est une autre chose.
D’abord, aucun registre n’a gardé la trace des vêtements portés par vos
camarades d’école tel ou tel jour. Même si vous arriviez à retrouver la per-
sonne et à lui poser des questions, cela ne vous apporterait aucune preuve.

131
Devenu adulte, cet homme n’aurait aucune idée de la façon dont il était ha-
billé ce jour-là. À supposer qu’on ait pris une photo en noir et blanc, la
question de la couleur de la veste ne serait pas résolue. Seule une photo
couleur pourrait servir de preuve, et encore faudrait-il prouver qu’elle a
bien été prise le jour en question.
Si la réincarnation est un fait, le problème des preuves est insurmon-
table. Même si nous partons du principe que les informations reçues par hyp-
nose, ou toute autre méthode, sont correctes, il nous faudra entreprendre
de les vérifier par des registres, des lettres privées, de vieux journaux, et un
nombre incalculable d’autres sources. Même si nous pouvons prouver de ma-
nière irréfutable que John X., pour une raison quelconque, connaît parfaite-
ment la vie d’un certain évêque du XVIIe siècle, par exemple, cela ne prou-
vera pas que John a un jour été cet évêque. Il aura pu rassembler toute
cette information, d’une façon ou d’une autre, dans son subconscient. Il
aura pu entrer en communication avec l’esprit de cet évêque. Nous sommes
d’accord que ces explications seraient tout aussi étranges que l’hypothèse
de la réincarnation ; néanmoins, s’il était possible de prouver absolument
une telle connaissance du passé, il faudrait les examiner.
Il existe des cas documentés où des personnes vivantes qui affirmaient
avoir déjà vécu d’autres vies, et révélaient une connaissance intime des indi-
vidus décédés concernés, ont été confrontées à des parents vivants de ces
défunts, et ont correctement identifié ces parents qui leur avaient été pré-
sentés comme étant des étrangers.
Il y a eu deux de ces cas en Inde au siècle où nous sommes. C’est peut-
être un hasard si ces deux cas ont été découverts dans un pays où l’on ac-
cepte la réincarnation. Il est possible aussi que ces cas n’étant pas ridiculisés
dans ce pays, ont plus de facilité à se faire connaître. Dans ces deux cas, les
souvenirs apparemment valables de vies antérieures n’étaient pas enfouis
dans le subconscient, mais étaient restés au niveau conscient.
Mais même si la réincarnation était un fait, d’une façon générale l’ego
n’en serait pas conscient. Théoriquement, n’importe quel souvenir d’une vie
antérieure peut être ramené à la surface par le biais d’une méthode capable
de détendre suffisamment l’ego conscient pour que les données internes ap-
paraissent d’elles-mêmes. Une excellente méthode pour révéler ce genre
d’informations pourrait être l’hypnose. Ou l’écriture automatique. On peut
aussi utiliser l’association libre. Il existe aussi des cas documentés où des
souvenirs semblant provenir de vies antérieures ont été révélés par des
séances de psychanalyse.
Il est exact que la majorité des études concernant les perceptions extra-
sensorielles ne traitent pas de la réincarnation. Mais comme ce sujet est pra-
tiquement toujours évoqué par les médiums, son lien avec les phénomènes
psychiques semble tout à fait digne d’intérêt ; c’est donc un sujet qui a sa
place dans ce livre. Les médiums travaillant par écriture automatique, par

132
transmission verbale ou sous le contrôle d’un esprit, affirment souvent être
en rapport avec des personnalités réincarnées. Cela ne signifie pas que ce
soit systématiquement le cas, mais toute recherche doit nécessairement en-
visager cette possibilité.
Personne ne peut vous dire si vous avez déjà vécu. Si une grande partie
de l’humanité aujourd’hui vivante a déjà vécu dans le passé, la preuve ré-
side dans chaque individu, dans ces parties de la personnalité qui se cachent
sous l’ego. La seule réponse possible est au bout de l’étude de soi-même.
Aucune technologie compliquée ne nous aidera à explorer la réalité de la
personnalité humaine. Toutes les réponses accessibles ne seront trouvées
que par l’exploration du moi intérieur.
Vous trouverez dans ce chapitre les instructions pour une expérience qui
vous permettra d’atteindre le niveau de liberté nécessaire à la découverte
en vous de souvenirs de vies passées. Je vais inclure des extraits d’une
séance d’hypnose au cours de laquelle j’ai moi-même hypnotisé Robert.
C’était notre première tentative de régression avant la naissance. Le sujet a
été mis en état de transe profonde par une relaxation induite, puis il a reçu
la suggestion suivante : « Aussi étrange que cela puisse paraître, quand j’au-
rai compté jusqu’à huit, tu verras des images d’une époque avant que tu ne
sois Robert Butts. » Ceci fut répété plusieurs fois, puis j’ai compté jusqu’à
huit.
Q. Que vois-tu ?
R. Une mare.
Q. Comment t’appelles-tu ?
R. Josie.
Q. Quel âge as-tu ?
R. Cinq ans.
Q. Que fais-tu ?
R. Je joue près d’un cheval.
Q. À qui est le cheval ?
R. Un homme.
Q. Où habites-tu ?
R. Dans une ville.
Q. Quelle ville ?
R. Maryland.
Q. Habites-tu dans une maison ?
R. Oui... ça monte.
Q. Quel est ton nom de famille ?
R. Williams.
Q. As-tu des frères et sœurs ?
R. Cinq.
Q. Que fais ton père ?

133
R. Maréchal-ferrant.
Q. Connais-tu le nom de ta ville dans le Maryland, ou bien ta ville s’appelle-t-elle
Maryland ?
R. Non.
Q. Comment s’appelle la ville où tu habites ?
R. Maryland.
« Quand j’aurai compté jusqu’à huit, tu auras dix ans. » J’ai donné la suggestion
plusieurs fois avant de faire le décompte.
Q. Comment t’appelles-tu ?
R. Joe.
Q. Joe ou Josie ?
R. Joe. (Avec impatience.)
Q. Es-tu un garçon ou une fille ?
R. Je suis un garçon. (Le sujet semble exaspéré.)
Q. Où habites-tu ?
R. Dans une écurie.
Q. Dans une écurie ?
R. Oui. Fers à cheval... On frappe sur les fers à cheval.
Q. As-tu des frères et sœurs ?
R. Quatre.
(Auparavant la réponse avait été cinq.)
Q. À qui appartient cette écurie ?
R. À mon père. (De nouveau le sujet semble exaspéré par mon ignorance.)
Q. Raconte-moi.
R. Des étincelles sur le fer rouge... La masse résonne. Des étincelles et des
mouches. La porte est ouverte.
Q. C’est quelle rue ?
R. L’odeur des chevaux, la paille...
Q. C’est quel genre de rue ?
R. Oh, une rue en pierre.
Q. Comment s’appelle la ville ?
R. Maryland.
Q. Quel est le nom de la rue ?
R. Spencer Street.
Q. Tu habites là ?
R. La porte à côté. À l’étage.
Nous avions fait cette séance d’hypnose initialement pour soulager le su-
jet de douleurs récurrentes dans le dos. Le résultat fut excellent non seule-
ment en ce sens que les douleurs ont diminué, mais la séance a aussi aidé le
sujet à comprendre plusieurs raisons qui l’avaient amené à cet état. Cette
séance de régression telle qu’elle a été décrite n’avait pas été prévue. Mais

134
quand je me suis aperçue que le sujet était dans une transe excellente, j’ai
décidé de transformer la technique, après avoir eu l’accord du sujet.
Comme c’était notre première expérience, elle est loin d’être parfaite.
D’abord, le sujet n’a pas eu assez de temps pour répondre aux questions. Il a
vu et ressenti beaucoup plus qu’il n’a pu décrire dans le peu de temps que je
lui ai laissé. Beaucoup de questions auraient mérité d’être approfondies,
mais la séance durait déjà depuis une heure et demie, et je ne voulais pas la
prolonger.
C’est la raison pour laquelle de nombreux points évidents ont été laissés
de côté, comme la question très importante de l’année de naissance de Joe,
et du pays où était située la ville de Maryland. À ce moment-là j’étais con-
vaincue qu’il s’agissait de l’État du Maryland, et que le sujet s’était trompé.
Mais ce genre de suppositions n’a pas sa place dans ces séances. Il est aussi
préférable de faire le décompte en allant vers zéro, ce qui est une sugges-
tion plus forte pour appuyer le recul dans le temps.
Le sujet a vécu cette expérience d’une façon très vivante. Les données
sensorielles étaient fraîches et immédiates. Le ton de sa voix correspondait
à celle d’un enfant. Il a montré plusieurs fois de l’impatience à mon égard.
J’étais sûre que Josie, le prénom qu’il avait indiqué pour l’âge de cinq ans,
était féminin. Ensuite, quand le sujet utilisa Joe, il fut très irrité contre moi
d’avoir demandé s’il était un garçon ou une fille.
Cette séance nous a montré que ces expériences étaient aussi vivantes
pour le sujet que celles vécues lors de régressions classiques. Si vous vous
souvenez, j’ai déjà mentionné le fait que dans une régression ordinaire, les
événements sont littéralement revécus plutôt que simplement remémorés.
Et pour Robert, dans cette séance, les événements se sont réellement pas-
sés. Nous avons enregistré cette séance. Mais nous venions d’acheter notre
magnétophone, et je ne savais pas encore bien m’en servir. La voix du sujet
est bien claire, hélas la circulation dehors l’est aussi.
Avant de poursuivre avec vos propres expérimentations, il serait intéres-
sant de savoir ce que Seth a à dire au sujet de cette séance d’hypnose avec
Robert. Voici les données que l’Enseignement de Seth ajoute à celles reçues
sous hypnose, quand Seth donne quelques détails supplémentaires sur la vie
supposément vécue par Joe Williams.
Un court extrait de la séance n° 59
À l’époque on entrait chez toi par un escalier assez raide. Le nom de la femme que
tu as épousée plus tard était je crois Nell Brownell. Ton nom de famille était Williams.
Tu as rencontré Rubert à Boston, dans ce pays, après que vous ayez été séparés. Il y
avait cinq enfants dans ta famille, je veux dire que tu avais deux frères et trois sœurs,
mais l’une d’elles est morte quand tu étais petit.
Le Maryland ne faisait pas partie de ce pays. Tu es venu ici t’installer à Boston.
Maryland est une ville. Ce n’est pas un État de ce pays ... on peut peut-être trouver des

135
archives à Boston. À l’époque ta mère s’appelait Joséphine. Tu étais mince et plutôt
obéissant, et pour finir tu as eu quatre enfants, et ta femme est devenue handicapée. Tu
faisais partie du clergé de l’Église épiscopale.
Il y avait une église en brique, dans un quartier agréable, mais qui s’est détérioré
par la suite. Une vieille maison de l’autre côté de la rue a été transformée en épicerie.
Plus tard un magasin de vêtements s’est installé à proximité, et par la fenêtre du deu-
xième étage sur la rue tu pouvais voir l’eau. Tu as été ordonné dans des circonstances
particulières, parce que tu n’avais pas suivi le cursus classique. Quand tu as émigré à
Boston, tu as pris le nom de Drake. Je ne connais pas le prénom. Tu as émigré jeune, et
le bateau avait trois jours de retard.
La variole a éclaté sur le bateau. Un officier t’a pris sous sa protection. Tu n’étais
pas enregistré selon les règles et on t’a découvert, mais tu lui rappelais un de ses ne-
veux, qui s’appelait Philippe, et il t’a protégé ... Tu as aussi eu un enfant illégitime.
Comprenez bien que nous n’affirmons pas que ce Joe Williams ait réelle-
ment existé. Nous disons simplement qu’il est possible que Robert, sous hyp-
nose, ait ramené des souvenirs d’une vie passée dans laquelle il était Joe
Williams. Ce que nous savons c’est que cette expérience a été pour lui aussi
réaliste que les régressions classiques sous hypnose, dont les psychologues
acceptent volontiers la validité. Ils savent par exemple, par leurs propres re-
cherches, que quand un sujet affirme avoir cinq ans, il a aux tests psycholo-
giques les mêmes résultats qu’un enfant de cinq ans. Tant que nous n’en
saurons pas plus sur l’existence de ce Joe Williams, tout ce que nous avons,
ce sont des données très suggestives. Nous devons aussi compter avec notre
emploi du temps, et la réincarnation n’est qu’un seul de tous les sujets qui
nous intéressent.
La prochaine expérience va vous permettre d’aller explorer les parties
habituellement inaccessibles de votre personnalité, à la recherche d’éven-
tuels souvenirs de vies passées. Je ne vous recommande pas d’hypnotiser
quelqu’un, ou de vous laisser hypnotiser, sauf si vous vous êtes déjà bien do-
cumentés sur le sujet. Cette expérience est basée sur l’autohypnose.
Pour le redire, si la réincarnation est un fait, il est tout à fait possible
que l’hypnose puisse nous aider à récupérer certains de ces souvenirs per-
dus, de la même façon qu’elle peut nous amener à nous souvenirs d’inci-
dents oubliés de notre enfance. Cependant, à moins d’accepter de croire
simplement à ces informations, nous ne pouvons pas juste partir du principe
que ce genre de matériau est valide. Nous devons tout faire pour l’évaluer à
l’aune de documents existants.
Pour vérifier la validité de ce genre de données, il est évident qu’il faut
d’abord les collecter – et de la personnalité subconsciente, puisque le men-
tal conscient ne connaît qu’une fraction de notre expérience passée, à n’im-
porte quelle époque. L’hypnose est le meilleur moyen d’atteindre ce sub-
conscient.

136
Pour commencer l’expérience, donc, mettez-vous en état de transe lé-
gère en suivant les instructions données au début de ce livre. Mais écrivez
les suggestions de l’induction avant de démarrer la séance. Une fois que vous
êtes en état de transe, ces suggestions peuvent vous être lues par une autre
personne. Si vous avez un magnétophone, vous pouvez agir seul : enregistrez
les suggestions, puis lisez la bande. Vous pouvez préenregistrer l’induction,
d’après les instructions, puis enregistrer la séance entière. Vous pourrez
alors vous écouter vous-même, avec toutes les inflexions de la voix que vous
aurez utilisées. Vous répondrez à la voix préenregistrée comme vous le fe-
riez pour n’importe quelle voix, d’où qu’elle vienne.
Pour les premières séances, faites une simple régression dans cette vie.
Cela vous aidera à avoir confiance en vous ; c’est une expérience fascinante.
Vous serez étonné devant la quantité de vos souvenirs subconscients. Vous
pourrez en vérifier beaucoup avec votre famille.
Une fois que vous êtes en état de transe, que l’autre personne vous
donne les suggestions suivantes, ou écoutez les suggestions préenregistrées.
« Je vais compter de 10 à 0. À 0, vous aurez (j’aurai) 15 ans. » Répétez plu-
sieurs fois la suggestion. Comptez lentement (ou laissez la personne comp-
ter). Donnez la suggestion de ne ramener que des souvenirs agréables. À la
fin du décompte, vous pouvez poser les questions suivantes. Encore une fois,
celles-ci peuvent être préenregistrées ou dites par une autre personne.
Quel âge avez-vous ?
Où êtes-vous ?
Qui est avec vous ?
En quelle année sommes-nous ?
La procédure des questions sera beaucoup plus facile et plus souple si
c’est une autre personne qui s’en charge. Les questions préenregistrées n’in-
cluront pas vos réponses. Les questions doivent s’enchaîner naturellement à
partir des réponses. Donc si vous vous retrouvez à 15 ans dans une salle de
classe, la personne qui pose les questions peut se servir de cette situation
comme tremplin pour vous demander le nom du professeur, et de nommer
quelques-uns de vos camarades de classe.
Que la séance soit préenregistrée ou non, vous avez absolument besoin
que quelqu’un prenne des notes. Surtout, ne précipitez rien. Assurez-vous
d’avoir tout le temps nécessaire pour répondre à chaque question avant de
passer à la suivante.
Une fois que l’épisode des quinze ans semble terminé, répétez la procé-
dure avec la suggestion d’arriver à l’âge de cinq ans. De nouveau, suggérez
que seuls soient ramenés les souvenirs agréables. Vous pouvez renouveler la
procédure pour remonter jusqu’à l’âge d’un an. Mais je vous conseille de
prendre deux ou trois séances pour remonter à cet âge.
Il faut évidemment faire correspondre les questions à l’âge examiné. Je
vais citer un extrait d’une de nos régressions dans cette vie, et vous verrez

137
tout de suite le genre de questions qui peuvent être appropriées. À moins
que vous ne travailliez en profondeur sur une longue période de temps, ne
suggérez pas d’expériences de naissances ou de morts.
Rappelons que lors des régressions dans la vie actuelle, les événements
ne sont pas rappelés à la mémoire mais revécus réellement, c’est-à-dire
avec toutes les données sensorielles présentes lors de l’expérience origi-
nelle.
Voici un extrait d’une séance avec Robert comme sujet, et moi-même
comme hypnotiseur. Vous pouvez aussi utiliser le cadre habituel de vos
propres séances, et bien sûr revenir à n’importe quel âge. Quinze, cinq et un
an ne sont que des exemples. Vous pouvez choisir n’importe quel âge.
Dans cet extrait, la transe était installée et le premier décompte fait.
Q. Quel âge as-tu ?
R. Trois ans.
Q. Quel jour sommes-nous ?
R. Mardi.
Q. Où es-tu ?
R. Dans ma chambre.
Q. Que vois-tu ?
R. Le plancher et la fenêtre.
Q. Quoi encore ?
R. La rue. La rue dehors.
Q. Où est ta maman ?
R. Sûrement en bas.
Q. Tu as des frères et sœurs ?
R. Un. (Robert a deux frères, mais le plus jeune n’était pas né quand il avait
trois ans.)
Q. Tu es heureux ?
R. Je ne sais pas. Je suis tout seul.
Maintenant tu vas voir la scène disparaître. Tu la laisseras disparaître. Je vais
compter de nouveau de dix à zéro. À la fin du décompte tu auras deux ans. (La sugges-
tion a été répétée plusieurs fois avant le décompte.)
Q. Quel âge as-tu ?
R. Deux ans.
Q. Où es-tu ?
R. Sur l’herbe.
Q. C’est l’été ?
R. Oui. Il fait beau. Je rampe sous le banc... avec les pieds... culotte blanche. Ils
sont assis au-dessus de moi.
Q. Qui ?
R. Je ne sais pas. Je crois que j’entends ma mère.
Q. Dans une cour ?

138
R. Oui.
Q. Comment appelles-tu ta maman ?
R. Maaa-maan. (Sons longs, étirés.)
Q. Comment appelles-tu ton papa ?
R. Paaa-Paaa. (Mêmes sons étirés.) Je crois que j’ai vu un chien. Marron.
J’ai ensuite fait disparaître la scène de son esprit, et j’ai donné la suggestion qu’au
prochain compte il aurait un an. Puis j’ai fait le décompte.
Q. Quel âge as-tu ?
R. Un an.
Q. Où es-tu ?
R. Salle de bain.
Q. Que fais-tu ?
R. Dans... eau.
Q. Dans une baignoire ?
R. Non. Ça ressemble. Sur des pieds.
Q. Quelqu’un est en train de te laver ?
R. Oui. Ma mère.
Q. Comment l’appelles-tu ?
R. Ma Ma. (Ressemblant à un cri, tout à fait différent de la réponse de 2 ans.)
Q. Peux-tu voir la pièce ?
R. Images sur le mur… papier.
Q. Décris-moi ta maman.
R. Brune. Petites dents de devant. (Consciemment le sujet s’est toujours rappelé
sa mère avec les cheveux blancs, mais ils étaient bruns quand il avait un an.)
Là aussi le sujet a eu l’impression de ne pas avoir assez de temps pour
décrire ce qu’il voyait et ressentait. Par exemple, il sentait les bras de sa
mère autour de lui. L’immédiateté de ces expériences est de toute évidence
très différente des sensations reconstruites des scènes remémorées cons-
ciemment.
Mais les régressions vers l’enfance ne sont qu’une partie de cette expé-
rience. Une fois que vous vous êtes familiarisés avec ce genre de régressions
et les sensations qui les accompagnent, étendez vos recherches vers la dé-
couverte de souvenirs subconscients de ce qui pourrait être des vies passées.
Après l’induction, qu’une autre personne prenne en change les sugges-
tions qui vont vous faire remonter dans le temps. Seulement cette fois, allez
directement du présent vers un âge très précoce, disons par exemple un an,
ou six mois. Permettez un court moment de questions-réponses, puis que
l’autre personne vous donne la suggestion suivante :
« Je vais compter de dix à zéro. Et aussi étrange que cela puisse pa-
raître, après ce décompte, vous verrez des scènes venant d’un temps avant
que vous soyez (votre nom actuel). » Répétez la suggestion, comptez, puis
accompagnez.

139
Voici quelques premières questions possibles :
Que voyez-vous ?
Où êtes-vous ?
Quel âge avez-vous ?
Dans quel pays êtes-vous ?
En quelle année sommes-nous ?
Comment vous appelez-vous ?
C’est exprès que j’ai placé la question de l’identité à la fin de la liste.
Cela vous permet de prendre vos marques avant d’assumer une nouvelle
identité, et facilite la transition. Si vous persistez à être un adulte, on peut
ensuite poser les questions suivantes :
Êtes-vous marié ?
Quel est le nom de votre mari/femme ?
Faites-vous partie d’une organisation quelconque ? Laquelle ?
Qui est le président, le roi, le gouverneur de votre pays ?
Quel est votre métier ?
Quel est le nom de votre famille ?
De quel pays viennent vos parents ?
Lisez-vous un quotidien ? Lequel ?
N’allez pas trop vite. Prenez le temps d’obtenir des réponses circonstan-
ciées. Si vous affirmez être un enfant, il est évident que les dernières ques-
tions n’ont pas besoin d’être posées. Il faut leur substituer des questions en
rapport avec l’âge annoncé. Il est possible par exemple qu’un enfant ne con-
naisse pas le nom du chef d’État de son pays. Si vous avez besoin de plus
d’informations, utilisez les suggestions et le décompte pour faire avancer la
personnalité jusqu’à l’âge adulte.
La personne qui vous assiste dans cette expérience doit être quelqu’un
en qui vous avez confiance. Travailler en couple est une bonne chose, si vous
avez une bonne relation entre vous. Accompagnez toujours l’induction de la
suggestion que vous sortirez de l’état de transe au moment que vous choisi-
rez, au bout d’un décompte de trois, ou à un moment quelconque que vous
spécifiez. Ceci vous permet de garder le contrôle ; si à quelque moment que
ce soit vous vous sentez mal à l’aise, vous pouvez sortir de la transe. Mais as-
surez-vous toujours de bien revenir à votre identité présente, et au bon âge.
Pour ceci, demandez à la personne avec laquelle vous travaillez de vous don-
ner la suggestion suivante au cas où elle remarquerait une tension ou un
mal-être :
« Je vais maintenant compter de un à dix. À dix vous serez revenu au
présent. Vous serez (votre nom) et vous aurez (votre âge). » Répéter la sug-
gestion, puis compter. Le risque est faible que vous refusiez de revenir à
votre personnalité présente. C’est tellement improbable que nous n’évoque-
rons pas cette situation. Néanmoins, il ne faut jamais terminer une séance

140
sans faire cette dernière suggestion. Après le décompte, que l’on vous de-
mande votre nom et votre âge, et ne terminez la séance qu’une fois que
vous avez donné les réponses correctes. Cette procédure doit aussi être em-
ployée pour les régressions vers l’enfance. C’est aussi une bonne chose d’in-
clure la suggestion qu’après la séance, vous vous sentirez rafraîchi et détendu.
Prenez toujours soigneusement vos notes. Quand les données se sont ac-
cumulées, il est important de les comparer avec des archives, d’anciens fi-
chiers, etc. C’est évidemment difficile et cela prend beaucoup de temps,
mais vous ne pouvez jamais partir du principe que vos informations sont
justes. Si les noms, les dates, les lieux, sont corroborés par des documents
historiques, alors nous nous sommes déjà rapprochés un peu d’une preuve
scientifique.
Nous devons le répéter : même si l’hypnose nous fournit des données
semblant provenir de vies passées, nous devons nous efforcer de découvrir si
cette information est bien ce qu’elle semble être, ou s’il ne s’agit que d’une
mise en scène du subconscient. Les psychologues eux-mêmes n’en savent pas
assez sur le mental ou sur l’hypnose pour affirmer catégoriquement que de
tels souvenirs apparents sont de fabrication subconsciente ; mais je ne suis
pas sûre non plus que vous puissiez trouver quelqu’un qui puisse vous assurer
qu’ils proviennent de vies antérieures.
L’hypnose est sans doute un excellent moyen de révéler de telles don-
nées, mais nous avons aussi à notre disposition l’écriture automatique ou la
canalisation directe. Nous avons déjà parlé de l’écriture automatique. Si
vous l’utilisez dans ce cadre précis, suggérez simplement dès le départ que
votre subconscient passera par votre main pour s’exprimer. Si vous avez déjà
eu quelque succès avec l’écriture automatique depuis que vous avez com-
mencé à travailler avec ce livre, il est possible que cette méthode continue
d’être efficace pour vous. Utilisez la procédure donnée précédemment.
Ceux d’entre vous qui se sont essayés à la canalisation verbale peuvent
se retrouver à donner par ce biais des informations sur la réincarnation,
comme cela m’est arrivé. Si c’est le cas, vérifiez vos informations. Posez
plusieurs fois les mêmes questions, ou faites-le faire par une autre personne,
et voyez si vous obtenez les mêmes réponses. Faites une liste de questions et
demandez à ce qu’on vous les lise à haute voix pendant votre séance.
Vérifiez aussi toutes les informations données par le Ouija.
Ce chapitre a traité en priorité de l’utilisation de l’hypnose dans l’explo-
ration de souvenirs provenant de vies antérieures. Mais si la réincarnation
fait réellement partie de la vie, comme un fait nié depuis longtemps, il doit
aussi être possible de trouver d’autres preuves de son existence dans
d’autres aspects de notre vie quotidienne. Nous pourrions recevoir des indi-
cations dans nos rêves. Les vies antérieures pourraient aussi bien avoir une

141
influence sur notre santé. Dans le prochain chapitre, nous parlerons de la ré-
incarnation dans sa relation aux rêves, aux traits de caractères et aux sché-
mas de santé et de maladie.
Les extraits suivants de l’enseignement de Seth nous présentent une
structure logique à travers laquelle pourrait s’exprimer la réincarnation.
Extraits de la séance n° 126
Même la réalité électromagnétique d’un rêve passe par un décodage, de sorte que
ses effets non seulement sont ressentis par le cerveau, mais qu’ils atteignent aussi la
plus minuscule cellule du corps humain. Les expériences du rêve, oubliées depuis
longtemps, sont stockées pour toujours sous la forme de données codées électromagné-
tiquement. Si un effet se fait sentir dans une partie quelconque de l’expérience hu-
maine, vous pouvez être sûrs qu’il se fait sentir de toutes les autres façon possibles,
que cet effet soit ou non immédiatement perceptible.
Tout effet de quelque nature que ce soit vécu par l’être humain existe sous la
forme d’une série de signaux et de codes électromagnétiques qui, en eux-mêmes, for-
ment une structure de nature électromagnétique.
Ils existent à l’intérieur des cellules, ou, devrais-je dire plus exactement, les cel-
lules se constituent autour d’eux. Ces signaux codés électromagnétiquement forment
alors la contrepartie électromagnétique de l’expérience totale ressentie par un individu
donné. La structure est indépendante du système physique, tout en étant installée à
l’intérieur de lui. Chaque individu forme, depuis sa naissance, ses propres contrepar-
ties à partir de signaux électromagnétiques construits, individuels et continus. Au mo-
ment de la mort physique, la personnalité existe alors sous forme plus ou moins com-
plète, et échappe bien sûr à la sorte de fin qui serait la sienne si elle faisait partie inté-
grante du système physique.
La structure électromagnétique est la personnalité, avec toutes les expériences de
son existence terrestre. Elle peut alors rejoindre le moi intérieur ou devenir partie de
lui. Bien qu’originellement l’ego ait été conçu par le moi intérieur comme le produit
de l’hérédité physique et de l’environnement, il ne meurt pas, mais son existence passe
de la réalité physique à la réalité électromagnétique. Il reste individuel. Rien de l’indi-
vidualité ne se perd, mais elle devient une partie du moi intérieur, et ses expériences
s’ajoutent à la somme des expériences des nombreuses personnalités ayant formé ce
moi intérieur.
Extraits de la séance n° 132
Comme je l’ai déjà expliqué, l’univers électromagnétique est composé d’une élec-
tricité qui n’a rien à voir avec l’idée que vous vous en faites. L’électricité telle que
vous la percevez dans le système physique n’est qu’un écho, une émanation, une sorte
d’image-ombre de ces variétés infinies de vibrations. Ces vibrations confèrent le statut
de réalité et d’actualité à de nombreux phénomènes qui vous sont familiers, mais qui
n’apparaissent pas en tant qu’objets tangibles dans votre système physique.

142
Nous avons vu que toute expérience est inscrite en données codées électromagnéti-
quement à l’intérieur des cellules, et que la matière des cellules se forme autour de ces
expériences codées. C’est là que l’ego commence, allumé par le moi intérieur, sous la
forte influence de l’hérédité et de l’environnement ... Cet ego, dans l’évolution de son
existence, construit progressivement sa propre réalité électromagnétique, au fur et à
mesure que ses expériences se transforment en données encodées dans les cellules.
À un moment donné l’ego est terminé dans la réalité électromagnétique, comme il
est psychologiquement terminé dans le système physique. Ce qui inclut évidemment la
conservation des rêves ainsi que celle des données purement physiques.
Le système électromagnétique englobe de nombreuses dimensions de réalité que le
système physique est incapable de percevoir. Au jour d’aujourd’hui, vos scientifiques
n’arrivent à étudier l’électricité que par les effets qu’elle produit pouvant être captés
dans leurs systèmes de référence. Avec le développement de leurs instruments phy-
siques, ils pourront agrandir leur perception de sa réalité. Mais comme ils ne pourront
pas l’expliquer autrement que par leur système de références communément accepté,
ils seront amenés à donner de nombreuses explications étranges et déformées des phé-
nomènes observés.
Il est pour l’instant extrêmement difficile de décrire les myriades de complexités et
de dimensions de la réalité électromagnétique telle qu’elle se présente, quand vous
considérez le fait que chacune de vos pensées consiste en une unique fréquence vibra-
toire, ne se retrouvant nulle part ailleurs, et que ceci est valable pour chaque rêve que
vous ferez au cours de votre vie ; et que toute cette expérience est organisée selon des
niveaux d’intensité de nouveau totalement uniques et codifiés ; et tout ceci, la somme
globale de tout ce que vous êtes, existe à l’intérieur d’une minuscule bande passante
d’intensités vibratoires. Là vous pouvez voir à quel point toute explication est difficile.
Tous les êtres humains sont donc construits électromagnétiquement de la même
manière, ainsi que tout ce qui existe, à peu d’exceptions près, dans le champ physique,
revêtu ou non de matière physique. Votre champ physique réside tout entier dans son
unique fréquence vibratoire, un minuscule train d’ondes électromagnétiques un million
de fois plus petit qu’une seule note sortie au hasard de la masse entière de toute la mu-
sique jamais écrite, ou à écrire. Mais vous le savez bien, tout ceci ne doit pas vous
donner un sentiment d’inanité, car toute unicité porte en soi sa propre responsabilité.
Tout mouvement est de nature mentale et psychique, et tout mouvement mental
psychique prend place dans une réalité électromagnétique. Le moi intérieur avance en
transformant ou en traversant les différentes intensités de votre champ physique. Toute
nouvelle expérience psychologique ouvre une nouvelle intensité vibratoire, et renforce
la réalité à l’intérieur du système électromagnétique. Traverser les différentes intensi-
tés du système électromagnétique a pour résultat une progression à travers le temps, à
l’intérieur du système physique.

143
XII. –La réincarnation, relations familiales et personnalité
– Vous souvenez-vous de vos vies passées dans vos rêves ?
– Discussion générale
Si la réincarnation existe vraiment, il doit y avoir une solution pour con-
server les souvenirs et l’identité, de façon à créer un lien entre chaque vie.
Autrement, à mon avis du moins, tout ceci n’aurait aucun sens. Cette conti-
nuité du moi n’a pas besoin nécessairement d’être consciente, mais d’une fa-
çon ou d’une autre, il faut qu’elle constitue une partie de notre individualité.
L’extrait donné à la fin du chapitre précédent devrait vous avoir donné
une idée d’une des façon dont pourrait être assurée une telle continuité
d’identité. Dans ce concept, aux expériences, pensées et actions est attri-
buée une réalité électromagnétique qui s’accumule durant chaque exis-
tence. Ces données sont sous forme de codes et résultent dans la création de
chaque personnalité dans la dimension électromagnétique. Au moment de la
mort physique, c’est cette dernière réalité qui est conservée.
Mais au niveau psychologique, nous devons admettre une certaine marge.
C’est là que pourrait entrer en jeu ce que Seth appelle l’ego intérieur, une
contrepartie consciente de l’ego dont nous sommes familiers dans notre vie
quotidienne. Selon cette théorie, le subconscient agit comme une zone tam-
pon entre l’ego intérieur et l’ego extérieur. L’ego intérieur contient les sou-
venirs de nos vies passées, et se comporte comme le commandant en chef de
nos activités. Le subconscient filtre certaines informations en provenance de
l’ego intérieur (le moi intérieur) qu’il laisse passer vers l’ego extérieur. Con-
crètement chaque ego est conscient, mais l’ego extérieur n’est pas cons-
cient de l’ego intérieur.
Les souvenirs de vies antérieures ne sont pas gérés par l’ego extérieur,
pour la simple raison que celui-ci est trop occupé par la vie quotidienne de
la réalité physique pour pouvoir se consacrer à tout autre genre d’informa-
tion.
L’ego extérieur ne s’occupe même pas des souvenirs de la vie présente.
On peut rapprocher ce concept d’ego intérieur et extérieur de celui de
double personnalité auquel sont arrivés les psychologues. Il est donc assez
facile, à partir de la vie de tous les jours, de tirer une analogie pour expli-
quer en termes simples la situation.

144
De la même façon que vous, vous-même, assumez toute une variété de
rôles différents en tant que parent, conjoint, membre d’une communauté,
individu social, tout en restant la même personne, l’ego intérieur peut assu-
mer différents rôles de réincarnation tout en conservant son identité et son
cap. Parfois, concentré sur votre rôle de gagner le pain quotidien, vous pou-
vez oublier votre rôle d’individu social ou de conjoint, puis le retrouver en
fin de journée quand vous rentrez chez vous après votre travail. De la même
façon, vous pouvez complètement oublier d’autres rôles de réincarnation
pendant que vous vous concentrez sur celui dans lequel vous êtes. En fait,
tout ceci est fonction d’un changement de focale. D’après Seth, la cons-
cience est la direction vers laquelle regarde le moi.
D’après cette théorie, le blocage de la communication entre l’ego inté-
rieur et extérieur a été nécessaire au début de l’évolution de l’homme,
quand il avait besoin de toute son énergie et de toute son attention pour sur-
vivre quotidiennement dans la réalité physique. Aujourd’hui l’ego extérieur
est probablement assez fort pour gérer ces informations de second plan, et il
est même possible qu’il en ait besoin pour survivre dans un univers qui appa-
remment exige de lui toutes ses ressources et toutes ses connaissances.
Peut-être avons-nous bloqué nos souvenirs de vies antérieures par toute une
série de points aveugles induits par autohypnose, tout comme dans l’exis-
tence normale nous ne voyons que ce que nous voulons voir, en bloquant
toutes les autres informations.
Si c’est bien le cas, alors nous pouvons nous attendre à découvrir cer-
taines clés pouvant au moins nous fournir quelques indices sur l’existence
des vies passées, des clés que nous avons ou bien ignorées, ou bien mal in-
terprétées. Possédons-nous de telles clés ? La théorie de la réincarnation
peut-elle apporter une quelconque réponse logique à ces questions qui de-
puis des siècles obsèdent l’esprit humain, des questions auxquelles nous pou-
vons apporter de nombreuses réponses, dont aucune ne semble appropriée ?
Combien de fois avez-vous déjà ressenti une sympathie ou une antipathie
immédiate en rencontrant une personne pour la première fois ? Les psycho-
logues ont plusieurs explications pour ce phénomène. D’une part nous réagis-
sons dans le présent en fonction de nos expériences passées, basées en par-
tie sur des préférences ou des préjugés subconscients et illogiques.
Imaginons par exemple que dans votre enfance, votre oncle préféré avait
une marque préférée de cigares. Dans le présent, vous pourriez avoir une
préférence pour les hommes fumant cette marque particulière de cigares,
sans même réaliser le lien. Ceci est une version simplifiée de la façon dont
nous construisons nos préjugés et nos préférences. Mais d’autre part on peut
aussi aller plus loin : il est tout aussi logique de supposer que nos amitiés et
inimitiés envers certaines personnes proviennent du fait que nous les avons
connues dans certaines vies passées. Nous pouvons également ressentir le
besoin de « compenser » certains dommages que nous aurions causés à

145
quelqu’un dans une vie antérieure, sans avoir aucune conscience ni de cette
vie passée, ni de l’incident ayant causé ce besoin.
La théorie de la réincarnation est aussi intéressante quand on la consi-
dère en regard de certaines tendances, certains intérêts, certaines bizarre-
ries que nous avons tous. Un de nos amis est littéralement fasciné par l’his-
toire de la Russie, par la musique, la géographie, la littérature. Il n’existe
aucune raison apparente pour cette prédisposition à l’étude de la culture
russe. Il est bien sûr possible qu’un incident quelconque de son enfance en
soit responsable. Mais il est aussi possible que notre ami ait déjà vécu en
Russie.
Robert a toujours été intéressé par l’étude des vieux bateaux. Sa biblio-
thèque, constituée en grande partie avant son mariage, est remplie de livres
sur la marine du XVIIIe siècle. Là non plus cet intérêt ne semble pas provenir
de son histoire personnelle. Personne dans sa famille ne s’y connaît en ba-
teaux. Il n’a jamais vécu près de la mer, dans un port, ou dans n’importe
quel environnement ayant pu faire naître cet intérêt. Celui-ci pourrait repo-
ser sur un incident quelconque qu’il aurait consciemment oublié. Il pourrait
aussi s’expliquer par certaines caractéristiques d’une vie passée. Seth af-
firme par exemple que dans sa vie précédente, Robert a fait de nombreux
voyages par mer, en particulier entre l’Angleterre et Boston, Massachusetts.
Vous également pouvez avoir de tels goûts, de telles préférences, que
vous n’avez jamais pu expliquer, ou pour lesquels vous n’arrivez à trouver
aucune cause apparente. Ceux-ci pourraient être des clés vous permettant
de découvrir certains intérêts ou occupations d’un passé possible. C’est au
moins une hypothèse à considérer.
La théorie de la réincarnation offre une explication excellente à l’exis-
tence des génies et des enfants prodiges. On ne perdrait pas les talents ou
les accomplissements d’une vie à l’autre. Quand un enfant fait preuve de
dons précoces – des talents qui normalement ne sont pas ceux d’un enfant –
ceux-ci pourraient provenir de savoirs et de connaissances acquis lors d’une
existence passée. Il y a un aspect pratique tout à fait intéressant dans ce
concept. Consacrer son temps libre de façon soutenue à dessiner, par
exemple, pourrait résulter dans une vie future en un réel talent artistique.
Aucune capacité ne serait perdue, chaque action aurait un sens.
Il est évident que dans des circonstances normales nous ne sommes pas
en contact conscient avec cette continuité de l’identité ; elle fournit pour-
tant un cadre psychique à l’intérieur duquel notre personnalité actuelle peut
développer son existence. Un peu comme l’enfant que vous avez été conti-
nue de vivre dans l’adulte, mais d’une façon à peine consciente. Cet enfant
n’est pas mort. Il est devenu quelque chose d’autre : la personnalité adulte.
Ce n’était pas une chose, c’était un devenir. Vous ne pouvez trouver l’enfant
que vous avez été à aucun endroit physique. Et pourtant, à un certain degré,
vous êtes toujours cet enfant, même si vous n’avez que de vagues souvenirs

146
conscients pour vous relier à lui. C’est ainsi que la personnalité que vous
avez été dans une vie passée n’est pas morte du tout. Elle existe à l’inté-
rieur de vous, comme l’enfant que vous avez été, intangible mais vivante,
comme une partie de la structure psychique qui contient et forme votre
identité présente.
Nous ignorons trop de choses pour nous permettre de qualifier une telle
possibilité d’insensée ou de dérisoire. Nous en savons trop peu sur la person-
nalité humaine telle qu’elle se manifeste actuellement pour pouvoir dire ce
qu’elle était ou n’était pas dans le passé. Notre idée même du temps évolue.
Serait-il possible que nous ayons dans nos rêves des aperçus de nos diffé-
rents environnements de nos vies passées ? Nous savons que nous visitons en
rêve des endroits que nous avons connus étant enfant. Nous marchons le
long de rues que nous avons connues en tant qu’enfant, même si ces rues, et
l’enfant, n’existent plus dans la réalité physique. Lorsque nous y réfléchis-
sons, il nous paraît moins inconcevable que les rêves puissent nous laisser
entrevoir certains aspects de vies passées.
Vous arrive-t-il de retourner encore et toujours en rêve vers certains en-
droits que vous ne connaissez pas dans votre vie physique ? Il peut s’agir de
scènes qui ont fait un jour autant partie de votre vie quotidienne que la rue
dans laquelle vous vivez aujourd’hui. On peut en tout cas imaginer que la
maison que vous habitez aujourd’hui puisse vous apparaître en rêve, dans un
avenir lointain, comme ces lieux récurrents de vos rêves qui vous sont si
étranges et surprenants.
Dans les rêves apparemment, le moi vagabonde, psychologiquement du
moins, relativement librement par rapport à son environnement physique ha-
bituel. Il interagit avec des gens et des endroits qui peuvent ne plus exister
physiquement. Nous savons que le langage du subconscient est fortement
marqué par le symbolisme. Ces symboles ont un sens pour le subconscient,
mais pas forcément pour le mental conscient. Vu de cette façon, il est facile
de réaliser que de nombreux rêves apparemment dépourvus de sens pour-
raient s’expliquer si nous pouvions déchiffrer les symboles sur lesquels ils re-
posent. Mais ces symboles-clés seront différents pour chaque personne. Du
moins est-il possible que quelques-uns fassent référence à des vies passées.
On trouve dans Le livre de Seth quelques discussions inspirantes au sujet
des rêves, des symboles-clés et de la réincarnation. Les rêves nous y sont
présentés comme contenant des informations sur le passé, le présent et le
futur, avec des symboles-clés choisis si astucieusement par l’ego intérieur
que les mêmes symboles ont du sens sur toutes les couches du subconscient.
L’un peut par exemple faire référence à des événements d’une vie passé, en
même temps qu’il fait sens pour l’avenir.
Voici un exemple de la façon dont ces symboles de rêve fonctionnent,
faisant en sorte que l’information concernant une existence antérieure est
rappelée quand elle est nécessaire tout en étant tissée dans la trame de la

147
vie quotidienne actuelle. Une nuit, fait j’ai fait ces deux courts rêves :
d’abord je me suis vue comme une très vieille femme. Dans ce rêve je savais
que j’avais un cancer, mais j’ai travaillé jusqu’à mon dernier jour, apparem-
ment indifférente. Le second rêve était assez simple : j’y voyais un vieux ba-
teau qui avait une voie d’eau.
D’après l’interprétation de Seth, le symbole-clé de ces rêves était tub. 12
Superficiellement, ce symbole servait à exprimer mon inquiétude de vieillir
mal et de finir comme une vieille femme avachie. Dans le second rêve, il di-
sait la même peur, au même niveau, car je comparais la vie à un vieux rafiot
prenant l’eau (comme la vie qui s’enfuit). Ce symbole me parlait aussi d’une
vieille amie, dont le nom de famille était Tubbs.
Voici comment ce symbole-clé fonctionnait au premier degré. Mais
d’après Seth, à un niveau plus profond, il signifiait beaucoup plus. La vieille
femme était en réalité moi-même dans une vie antérieure, où j’étais morte
du cancer. Ici aussi tub faisait référence à un bateau, mais en tant que
moyen de transport, dans un mouvement pour remonter le temps. Il était là
pour me rappeler que malgré le souci naturel qu’on peut en avoir, la mort
n’était qu’un nouveau départ ; que si j’étais déjà morte, je vivais de nouveau.
Dans le second rêve, à ce niveau du subconscient, ce symbole représen-
tait un vrai bateau sur lequel Robert avait traversé l’Atlantique dans une vie
antérieure, et il était là pour me rassurer, car bien que le bateau ait eu une
voie d’eau, il était arrivé à bon port. Il me donnait aussi des nouvelles de
mon amie M. Tubbs dans le présent. D’après Seth, elle avait des soucis en re-
lation avec l’eau. Il évoqua la possibilité qu’elle puisse être enceinte, et que
la poche des eaux se soit rompue. D’une façon ou d’une autre, il était cer-
tain qu’il était question d’eau. Nous avons échangé quelques lettres avec M.
Tubbs à fin de vérification. Elle n’était pas enceinte, mais à l’époque de mes
rêves l’ouragan Cleo était en train de passer directement au-dessus de la
ville où elle habite, en Floride, près de la côte. La famille avait eu très peur,
car il y avait de l’eau partout.
Dans ce cas, le symbole unique « tub » avait du sens sur plusieurs niveaux
du subconscient et contenait des informations relatives au passé, au présent
et à l’avenir. En étudiant vos notes, vous pourriez découvrir les symboles-
clés de vos propres rêves. En état d’autohypnose, dites-vous que vous vous
rappellerez le sens de ces symboles comme la clé qui vous permettra de les
décoder. En pratiquant vos exercices du Temps Psychologique, demandez
aussi à votre subconscient de vous donner des informations sur certains sym-
boles particuliers de vos rêves.

12
[En anglais, tub signifie baignoire, baquet, pot, mais aussi, en argot, une femme obèse et disgra-
cieuse, ou un vieux bateau poussif.]

148
Étudiez aussi vos notes pour découvrir si vous parlez toujours aux mêmes
personnes dans vos rêves – des personnes que vous ne connaissez pas dans
votre vie actuelle. Si nous avons déjà vécu et si une partie de notre moi se
souvient de nos vies passées comme il se souvient de notre enfance, alors il
est tout à fait possible que nous rencontrions dans nos rêves des personnes
que nous avons connues dans d’autres expériences. Alors nous pourrions
trouver dans nos rêves les clés d’autres incarnations, des clés qui pourraient
nous aider à nous souvenir d’identités passées.
Demandez à votre subconscient de vous dévoiler le sens de telles expé-
riences. Vous pouvez le faire par autohypnose, en pratiquant le Temps Psy-
chologique, ou simplement en vous donnant la suggestion au moment de
vous endormir. Si vous avez une bonne pratique de l’écriture ou de la parole
automatique, demandez l’information à votre source. D’après l’enseigne-
ment de Seth, on peut obtenir des preuves de la réincarnation par l’étude
systématique de la personnalité humaine en utilisant l’hypnose, la transe et
la dissociation, et en analysant soigneusement toutes les informations re-
çues. Ceci inclut la comparaison de ces données avec les archives publiques
et les documents historiques.
De telles informations ne peuvent apparaître que par l’exploration de
soi-même. Il est impossible de prouver que la réincarnation est possible ou
impossible sans recevoir des données de la personnalité intérieure. Et cette
information est disponible. Mais la question se pose : cette information est-
elle valable, ou est-elle une fabrication du subconscient ? La réponse ne peut
venir que de l’examen des faits.
Il y a un côté très concret à cette problématique. Si nous avons déjà vécu
d’autres vies, alors nous pouvons très bien avoir des talents que nous avons
déjà développés, et que nous n’utilisons pas pour de nombreuses raisons. Si
la réincarnation est un fait, il est possible aussi que certaines prédispositions
physiques prennent leurs racines dans des vies passées ; que des névroses
proviennent de vies antérieures ; que nos relations familiales puissent s’ex-
pliquer par d’autres relations vécues dans d’autres vies.
Chaque fois qu’une nouvelle personne assiste à une séance avec Seth,
elle reçoit un bref compte-rendu de ses précédentes incarnations. Celui-ci
inclut généralement les anciennes relations familiales, et souvent, les
membres de la famille actuelle se sont déjà connus par le passé. Les infor-
mations que nous avons reçues concernant nos propres familles étaient cohé-
rentes psychologiquement, et nous ont beaucoup aidés d’un point de vue
pratique.
Par nos propres expérimentations, nous avons été conduits à examiner
sérieusement la possibilité de la réincarnation. Nous n’avons obtenu aucune
preuve scientifiquement admissible, reconnaissons-le, mais les résultats sont
suffisamment solides pour que nous continuions dans cette direction. Nous
n’avons pas non plus de preuve solide que la réincarnation n’existe pas.

149
Les vieux arguments contre cette idée ne sont plus valables. Dans les
siècles passés, il était facile de nier cette éventualité par la constatation
que nous n’avons aucun souvenir de nos vies précédentes. Aujourd’hui que
nous connaissons mieux la personnalité humaine, cet argument n’est plus va-
lable. Car il est désormais évident que de nombreux souvenirs d’enfance
sont emmagasinés dans le subconscient. Nous savons que nous réagissons à
des événements passés, même si nous ne nous en souvenons pas consciem-
ment. Il n’y a aucune raison pour que les souvenirs de vies antérieures ne
soient pas refoulés de la même façon.
De nouvelles découvertes scientifiques suggèrent que la réalité est de
loin plus étrange que ce que nous supposions. Einstein lui-même s’intéressait
beaucoup à l’étude des perceptions extrasensorielles. Il est certain que la
découverte de l’antimatière pourrait nous permettre d’autres ouvertures
vers le monde de l’intangible.
Il est difficile, dans un livre consacré à tant d’autres aspects des phéno-
mènes inconnus, de consacrer plus qu’une très brève explication de ce que
pourrait être la réincarnation, son processus, et le genre de recherches à
mettre en place pour éprouver sa validité. Nous ne pouvons nous permettre
d’ignorer les possibilités. Nous ne pouvons nous permettre de limiter nos
questionnements ou nos investigations à des domaines connus et acceptés.
Les nouvelles connaissances arrivent souvent par effraction.
Voici maintenant quelques courts extraits de l’enseignement de Seth
abordant des questions pratiques en relation avec la réincarnation, des ques-
tions que vous vous êtes peut-être posées en lisant ce chapitre. Elles pro-
viennent de différentes séances, et abordent des sujets tels que le sexe et la
réincarnation, les vies antérieures et les relations familiales, les responsabi-
lités et les dettes accumulées lors d’autres vies.
Le sexe et la réincarnation
Une surabondance de vies masculines va pervertir l’aspect féminin, privant la per-
sonnalité de l’empathie et de la compassion qui vont généralement de pair avec le sexe
féminin. De la même façon, une trop longue suite d’incarnations féminines va durcir la
personnalité, par manque de cette force intérieure associée généralement au sexe mas-
culin. C’est pour cette raison que la plupart des entités vivent des vies masculines et
féminines.
Les dettes et la réincarnation
Il ne s’ensuit pas que tous ceux avec qui vous pourrez avoir affaire aient pu être en
relation avec vous lors de vies passées. Vous rencontrerez toujours de nouvelles per-
sonnes au cours de toutes vos existences, ainsi que des personnes avec lesquelles vous
avez déjà été en contact. Il arrive souvent, en fait, que vous résolviez des problèmes
que vous rencontrez avec certaines personnalités en aidant d’autres personnalités dans
d’autres vies.

150
Ces problématiques sont régies par certaines lois. Mais écoutez bien ce que je vous
dis : toutes les dettes doivent être payées. Ces dettes sont en fait des défis posés à la
personnalité. Le mot « dettes » implique de la culpabilité, et ce n’est certainement pas
ce que je veux dire.
Seulement le sens du péché originel est indubitablement lié à la reconnaissance de
dettes de cette nature ; mais je le redis, il n’y a aucune culpabilité dans le sens général
du terme.
Il y a toujours toute une variété de problèmes personnels à régler, mais on a le
choix de l’époque, du lieu, et du type de relations.
Ce sera au lecteur de décider si pour lui la théorie de la réincarnation est
possible, improbable, ou un fait de la vie pas encore prouvé scientifique-
ment. Il existe de nombreux excellents ouvrages sur le sujet, et les per-
sonnes intéressées devraient en lire beaucoup. Au moins ceux qui aiment
l’introspection ont trouvé ici quelques indices sur la façon de conduire ce
genre d’expérimentations.
Pour clore ce chapitre, je vais ajouter quelques extraits d’une séance de
Seth, au cours de laquelle il a été parlé de la réincarnation en lien avec une
personne particulière. C’est un très bon exemple de la façon dont Seth uti-
lise ce concept de la réincarnation pour expliquer les traits de caractère et
les problèmes de santé de la personnalité présente. L’explication donnée
dans cette séance est psychologiquement plausible. La personne concernée
avait un problème sévère de bégaiement, et il est facile de voir comment la
maladie ou le handicap peuvent avoir leur origine dans un lointain passé, où
ils restent en sommeil jusqu’à ce qu’un événement de la vie présente les ré-
active. Cette personne qui assistait en invitée à la séance était une vague re-
lation que nous connaissions à peine. À l’époque de la séance nous ne nous
étions rencontrés qu’une fois, environ sept ans plus tôt. C’était la première
fois que nous faisions une séance hors de chez nous. Il est rare que nous fas-
sions des séances à l’extérieur, nous ne le faisons que pour des amis intimes.
Celle-ci fut une exception.
Extraits de la séance n° 89 - 2 décembre 1963
Vous n’avez pas été en contact avec cet homme dans une vie passée ; je ne le vois
pas non plus en Angleterre, à aucune époque. C’est plutôt la région méditerranéenne,
dans les années 1500, et c’est de là que vient son problème d’élocution actuel. Le han-
dicap a commencé dans cette vie-là, en 1507, quand il n’a pas parlé alors qu’il aurait
dû, parce que la vie d’un homme était en jeu. Il n’a pas parlé parce qu’il avait peur, et
maintenant, quand il voudrait le plus parler, il ne peut pas.
C’est réparable. On peut comprendre qu’on puisse garder un sentiment de culpabi-
lité pendant toute une vie. Supporter psychologiquement un sentiment de culpabilité
depuis les années 1500 va un peu trop loin pour la conscience. Il a plus que réparé sa
faute initiale, qui d’ailleurs était compréhensible vu les circonstances.

151
Il y avait une armée d’un autre pays, une invasion. La compagnie soupçonnait la
présence d’un traître dans ses rangs. L’homme présent aujourd’hui à cette séance, était
celui sur lequel portait le soupçon. Il a nié. Mais quand ils ont accusé un autre homme,
quelqu’un qu’il savait être innocent, il les a laissés dans leur erreur, pour sauver sa
peau.
Il n’a pas arrêté de payer pour ça. Personne ne le lui demandait. À l’époque déjà, il
se sentait plus écrasé de culpabilité que qui que ce soit d’autre l’aurait été. Dans sa vie
immédiatement avant celle-ci, il s’est puni par un bras paralysé, le droit, pour ne plus
pouvoir désigner quelqu’un, vous comprenez. Cette fois-ci la déficience qu’il a choisie
est moins grave, c’est juste une gêne. Mais une gêne qui devient une espèce de torture.
(Immédiatement après la séance, nous avons appris que la personne
n’utilisait pas sa main droite, comme la plupart des gens, mais qu’il était
ambidextre.)
Il n’a pas besoin de faire ça. Par d’autres moyens, par des actions constructives, il
a plus que réparé son acte d’autrefois. Le fait de réaliser qu’il a plus que compensé sa
trahison devrait déboucher, s’il prend sérieusement cette information, sur une diminu-
tion de ses symptômes, pouvant mener à leur disparition.
Il connaît l’homme qu’il avait trahi. Il lui a fait du bien dans cette vie. Il a beau-
coup sacrifié pour cet homme qu’il a trahi autrefois. Le karma ne parle jamais de « œil
pour œil », il n’implique aucune notion de punition. Le karma est simplement, dans le
champ physique, le résultat du développement personnel ; il représente la réalisation
grandissante que nous faisons tous partie, psychiquement et physiquement, de tout ce
qui est. Quand nous infligeons une blessure, ce n’est pas quelqu’un d’autre que nous
blessons, c’est nous-même. Nous n’avons pas besoin de porter à jamais ces cicatrices.
Arrive un temps où nous devons, même subconsciemment, oublier ce que nous avons
commis.
La personnalité dont il est question peut tout à fait s’exprimer correctement. Dans
les années 1500 il parlait avec éloquence. Et c’est précisément parce que cette élo-
quence si persuasive, ces paroles si bien tournées, ont persuadé ses supérieurs de croire
à ses accusations contre un innocent, qu’il a peur aujourd’hui de l’utiliser, pour en
avoir perdu le contrôle autrefois.
La difficulté vient du désir de la personnalité actuelle de s’exprimer, en opposition
au souvenir subconscient de cette vie antérieure, et à la peur des conséquences d’une
éloquence utilisée sans discernement.
L’homme que la personnalité présente a autrefois trahi est aujourd’hui son père.
Dans son subconscient, le père sait. Pour quelle autre raison irait-il demander à son fils
ce qu’aucun père n’a le droit de demander ? Je ne veux pas dire que le père agit cons-
ciemment par méchanceté ou esprit de revanche. Le père actuel aime le fils actuel. Ce
n’est pas le fils que le père vise ; c’est l’homme qu’a une fois été le fils.
Et donc, quand le père rend à son ancien dénonciateur la monnaie de sa pièce,
c’est son fils qu’il blesse, sans savoir pourquoi. Il ne comprend pas lui-même sa propre
cruauté envers son fils, ni les actions qu’il est obligé de commettre. Et aimant son père,

152
le fils ne peut pas non plus comprendre les petites cruautés de son père, ni le sentiment
de gratification qu’elles lui procurent. À son niveau de conscience, il reçoit avec grati-
tude ces petites cruautés qui lui font sentir qu’il fait pénitence, mais pour quoi ?
Pour une mauvaise action qui a été réparée à profusion. Et chaque petite cruauté
qu’il commet blesse le père un peu plus, car il est sidéré par le traitement qu’il inflige à
son fils, envers lequel il éprouve consciemment des sentiments tout à fait paternels.
En supportant ces petites méchancetés, la personnalité actuelle gagne sur deux ta-
bleaux. D’une part elle accomplit cette contrition inutile, et d’autre part elle renvoie la
balle en infligeant à son père des heures de remords.
Pour fournir à l’identité en cours une explication à peu près valable d’un symp-
tôme qui a son origine dans une vie passée, les personnalités suscitent souvent un inci-
dent concret dans la vie actuelle, que le subconscient personnel peut ensuite utiliser
comme bouc émissaire.
(Vient la description d’une situation particulière. L’incident, tout à fait
banal, a pris de l’importance uniquement en raison des tensions internes de
la personne. Seth a indiqué que celle-ci ne se souvenait pas consciemment
de cet épisode, mais que son subconscient en avait fait le bouc émissaire de
son bégaiement, et que le bégaiement de cette vie datait de cet incident.)
La personnalité aura beaucoup de succès dans le domaine de la communication. La
personnalité, avec les limites de sa communication verbale, s’accomplira dans un do-
maine où son désir latent de communication pourra s’exprimer.
(Ce qui a été suggéré a été l’électronique, une matière dans laquelle la
personne était en train de se former.)
La personnalité devrait quitter la maison de son père. Comment peut-elle s’expri-
mer en présence d’un homme dont elle sent qu’elle l’a autrefois trahi ? Elle ne doit pas
plus à son père aujourd’hui qu’un amour filial normal. Essayer de faire plaisir à son
père superficiellement, ou dans des domaines qui ne l’intéressent pas, ne conduira à
aucun développement ou succès personnel, et n’aidera le père en aucune manière.
La meilleure façon d’entretenir et de nourrir l’amour qui existe entre le père et le
fils est que le fils prenne son indépendance, et que le père sache qu’il en est capable.
Les sacrifices que le père a inconsciemment demandés à son fils, le père les regrette.
Et les sacrifices accomplis par le fils, le fils les regrette.
Ruburt est d’avis que ce ne sont pas des manières pour un invité de se conduire
comme je le fais, mais je ne suis pas un invité. C’est pour moi une tâche pénible, que
je m’impose moi-même, de plonger de cette manière dans les tréfonds d’une personna-
lité, mais je suis plutôt honoré de pouvoir regarder ainsi psychiquement par les trous
de serrure. Ils sont encore très peu nombreux ceux qui peuvent regarder objectivement
en eux-mêmes, et si ces informations peuvent avoir une utilité quelconque, ce ne peut
être que dans un but de connaissance ; la connaissance doit être transmise aux races
humaines.

153
XIII. – Phénomènes suggérant la survie de la personnalité
humaine – Qui est Malba ? – L’histoire du Père Traynor –
Seth s’emporte – Apparition lors d’une séance avec Seth
Dans ce chapitre nous parlerons surtout de certains épisodes personnels
qui nous ont amenés à considérer la possibilité de la survie de la personna-
lité humaine après la transformation qu’on appelle la mort. Ces cas n’appor-
tent aucune preuve concluante d’une telle survivance, mais ils posent des
questions profondes qui demandent à être étudiées sérieusement. Le cha-
pitre suivant approfondira le sujet dans son ensemble, et proposera au lec-
teur des expériences qu’il pourra essayer lui-même.
On peut diviser les exemples qui nous intéressent en deux groupes princi-
paux : ceux impliquant la transmission automatique verbale, et ceux impli-
quant des effets physiques. J’inclus l’incident avec Malba, même s’il est pe-
tit, uniquement parce que c’est un exemple intéressant d’une personnalité
affirmant avoir été auparavant liée à la matière physique, et en être deve-
nue indépendante.
Cet épisode fut le résultat d’une expérience que Robert et moi avons
tentée indépendamment des séances avec Seth. Un soir, nous étions tous les
deux assis tranquillement dans le salon, et nous attendions. J’ai rapidement
commencé à parler. Alors que la voix était la mienne, le choix des mots, le
rythme et les intonations n’étaient pas ceux qui sont les miens habituelle-
ment. Le ton était bas et semblait irrité. Malba semblait une femme plutôt
superficielle, pas très intelligente, mais bien intentionnée.
Il y eut en fait deux séances, à une quinzaine de jours d’intervalle. Dans
la première, nous n’avons obtenu que très peu d’informations, à part le fait
que la personnalité disait s’appeler Malba Brownson, et être morte en 1946
dans le Dakota du Sud à l’âge de 46 ans. La seconde séance fut beaucoup
plus intéressante, et c’est celle-ci que je vais présenter.
Elle épela son nom de jeune fille : Shilcock. Voici son histoire, résumée à
partir des données reçues pendant la séance. Elle a grandi avec une tante et
un frère plus âgé, s’est mariée à 18 ans et a travaillé dans une usine de tex-
tile ou d’habillement, qu’elle a vaguement décrite, dans une ville dont le
nom ressemblait à Decatur, Dakota du sud.

154
Le nom Decatur nous a causé du souci. Elle le prononçait Dek-a-tur, avec
l’accent sur la première syllabe. Elle expliqua avoir rencontré son mari à
l’usine, où il était contremaître. Il est mort en 1962 à Marlboro, 13 en Angle-
terre, où il rendait visite à de la famille. Après leur mariage il a conservé son
poste à l’usine mais il avait une ferme, en dehors de Decatur, où vivait le
couple. Selon Malba, la terre n’était pas bonne et son mari n’était pas un
bon fermier.
Ils étaient mariés depuis 28 ans et avaient une fille et un fils. Le fils vit
aujourd’hui à Los Angeles, Californie. Apparemment elle ne savait pas où
était la fille, tout en précisant que le fils avait deux filles. Quant à elle,
Malba n’avait travaillé que quelques mois dans l’usine de textile.
La description de sa mort fut fascinante. Elle la raconta d’un ton neutre
et dépourvu d’émotion. D’après elle, elle est morte en 1946, dans la cuisine
de la ferme. Elle était devant l’évier, en train de faire la vaisselle, et regar-
dait par la fenêtre le « triste » paysage. Un pick up était garé devant la mai-
son. Elle ressentit une douleur aigüe dans la poitrine, et mourut d’une crise
cardiaque. En tombant, elle cassa une assiette. Elle se retrouva ensuite cou-
rant à travers champs en appelant à l’aide. Elle ne comprit qu’elle était
morte qu’en rentrant à la maison et en voyant son corps étendu par terre
dans la cuisine. Quand Robert lui demanda où était sa famille à ce moment-
là, elle dit : « Mon mari et mon fils étaient quelque part à la ferme. » Puis
Robert demanda où était sa fille, et il lui fut répondu qu’elle « s’était sau-
vée. »
Le mari s’est remarié sept mois après le décès de Malba, qui parla de ce
remariage d’un ton très ennuyé. Après la mort de son mari, sa seconde
femme partit vivre en Californie avec le fils de Malba et sa famille. Malba en
éprouvait beaucoup d’amertume.
Elle raconta que sa première enfance s’était passée dans un milieu très
désagréable. Ses parents n’étaient pas mariés et elle fut élevée par une
tante, qui avait aussi recueilli son frère. Malba avait honte de sa naissance
illégitime ; elle dit à Robert : « C’est très important d’avoir un nom respec-
table. » Elle n’eut jamais un bon contact avec ses parents et refusait de par-
ler d’eux.
Elle ne put jamais expliquer comment elle s’était retrouvée en contact
avec nous, et précisa « qu’elle nous aimait bien parce qu’on ne se moquait
pas d’elle. » À une question de Robert elle répondit que son mari cultivait de
la luzerne, du blé, du tabac et du maïs.
Notre carte routière n’indique aucune ville du nom de Decatur dans le
Dakota du Nord, ni du Sud. Mais Decatur ressemble un peu à Dakota, et le
nom peut avoir été déformé. Nous n’avons refait ce genre d’expérience

13
[Probablement Marlborough.]

155
qu’une seule fois, car nous étions trop occupés par les séances avec Seth. Et
puis même si de telles expériences sont intéressantes, elles n’apportent pas
beaucoup à la connaissance des sujets fondamentaux.
Le problème de la ville où Malba est supposée avoir vécu pose de nom-
breuses questions, et il nous a pratiquement empêchés de vérifier l’histoire
qu’elle nous a racontée. Il est évidemment possible que celle-ci soit un pro-
duit de mon subconscient. D’un autre côté, il est tout aussi possible que
cette personnalité ait été véridique, et qu’elle ait vraiment survécu à la
mort physique.
L’incident suivant est un peu plus compliqué, et il exige certaines expli-
cations préalables. Pendant plusieurs années, un certain Père Traynor fré-
quentait la maison où j’ai grandi. Parfois nous ne le voyions plus pendant un
certain temps, car il appartenait à une congrégation missionnaire et était
souvent en voyage. Pour encourager mon attrait pour la poésie, le Père Tray-
nor avait l’habitude de nous lire, à ma mère et à moi, des poèmes d’un vieux
livre de poésie. Lepanto de Chesterton et Elegy in a Country Churchyard de
Gray étaient ses préférés, et il nous les lisait régulièrement. Il était rare
qu’il en ajoute d’autres. Il lisait sur un ton emphatique, en faisant de grands
gestes, dans un étrange mélange d’accent irlandais mêlé d’un bostonien plu-
tôt artificiel.
Juste avant cet épisode, je travaillais sur un personnage inspiré du Père
Traynor. Il était mort depuis presque quinze ans, et durant les cinq ans pré-
cédant sa mort je ne l’avais pas vu beaucoup. Je fus consternée de constater
que mes souvenirs étaient bien moins bons que je ne croyais. Je me souve-
nais à peine de lui, à dire vrai. Ses manières et ses traits de caractère
avaient totalement disparu de mon mental conscient.
C’est alors que j’ai décidé de lire à haute voix les deux poèmes qu’il ai-
mait tant, dans l’espoir que cette lecture pourrait me rafraîchir la mémoire.
Au moins, pensais-je, pourrais-je me souvenir de certains de ses gestes. Il
était neuf heures du matin, le temps était ensoleillé. Les fenêtres étaient
grandes ouvertes. J’ai posé une tasse de café sur mon bureau, j’ai ouvert
une anthologie à la page des poèmes, et j’ai commencé à lire.
À ma grande sidération, ma voix a littéralement explosé, très grave,
forte, et masculine. J’ai été complètement prise par surprise. La voix s’est
maintenue tout au long des huit pages. Tout en lisant de cette voix inhabi-
tuelle, je faisais les cent pas rapidement à travers la pièce. À la fin du der-
nier poème, la voix disparut.
Avait-elle été aussi grave et forte qu’il m’avait semblé ? Je ne saurais le
dire. J’étais seule dans l’appartement. Comme rien n’avait été préparé, je
n’avais pas enregistré. Était-ce la voix du Père Traynor ? Est-ce que tout cela
n’avait été qu’une hallucination de ma part ? Avais-je juste eu l’impression
d’une voix forte, grave et masculine ? Je décidai de voir si je pouvais répéter

156
l’expérience, cette fois avec le magnétophone, qui pourrait me fournir une
preuve.
J’ai repris le livre, mis le magnétophone en marche, et commençai à lire
de nouveau. J’ai prononcé les premiers mots de ma voix normale, puis tout
d’un coup, la voix terrible est revenue. Ce fut une répétition de la première
fois, mais sur un ton un peu atténué. Je me sentais comme à l’intérieur de la
voix, comme si elle m’avait entourée d’une énergie de plus en plus grisante.
Ce ne fut que le début de l’histoire avec le Père Traynor. L’incident sui-
vant s’est produit des mois plus tard, un dimanche. Nous faisions écouter la
bande magnétique de cette voix à nos amis, M. et Mme William Gallagher.
Après l’écoute, Bill Gallagher m’a demandé de lire quelques vers d’un des
poèmes en essayant consciemment de rendre ma voix aussi grave que celle
de l’enregistrement.
À ce moment-là j’étais gravement enrhumée. J’avais la gorge très
sèche ; à cause de ce rhume nous avions sauté la séance prévue avec Seth,
et ne je croyais pas que nous pourrions tenir la suivante, prévue pour le len-
demain soir. J’ai décidé malgré tout d’essayer. Nous voulions voir jusqu’à
quel point je pouvais prendre la voix la plus grave possible. Dès que je pris le
livre, la voix du Père Traynor s’imposa. Une rapide pensée me traversa l’es-
prit : quoi qu’il dût arriver, ma voix ne tiendrait jamais le coup. Je ne voyais
tout simplement pas comment je pourrais lire le poème, même à un volume
de voix normal ; j’étais vraiment trop enrhumée. Mais le flux vocal s’écoula
sans entrave. L’effet était encore plus saisissant que sur la bande magnétique.
La pièce était éclairée normalement pour une conversation du soir. Elle
n’était pas sombre du tout. J’étais assise dans un fauteuil à bascule, les yeux
grand ouverts, et je lisais le poème. D’après Robert et les Gallagher, mes
yeux étaient plus foncés et plus lumineux que d’habitude. Je faisais de
grands gestes avec ma main gauche. Subjectivement parlant, je sentais
cette main beaucoup plus grande que l’autre, mais elle gardait la même ap-
parence. Mais les gestes que je faisais n’étaient pas les miens. Il faisait
chaud ce soir-là. Toutes les fenêtres étaient ouvertes, et cette voix grave et
forte résonnait avec un volume qui paraissait absolument impossible pour
mes cordes vocales.
La voix avait son propre rythme, comme un chant. Elle avait aussi cette
qualité particulière des excellents orateurs, qui peuvent se faire entendre
des publics les plus nombreux. Je dois dire que je n’ai jamais travaillé ma
voix, et que je n’ai aucune expérience d’actrice. À la fin du poème, la voix
disparut. Nous nous sommes mis à discuter sur ce qui venait de se passer, et
la conversation a dévié vers les séances avec Seth. Bill Gallagher avait un ul-
cère à l’estomac et nous étions curieux de savoir si Seth pourrait nous en
dire quelque chose. Alors a commencé la plus étrange des séances, totale-
ment improvisée, sur l’inspiration du moment.

157
Cette fois la voix de Seth était encore plus forte que celle du Père Tray-
nor. Grave, masculine, on ne pouvait la confondre avec aucune autre. Pen-
dant plus de deux heures il a gardé la même intensité. Le rythme était très
rapide. Seth parlait si vite que Robert avait du mal à prendre des notes. Plu-
sieurs fois il a demandé à Seth de ralentir.
Seth a demandé à Robert d’observer les traits de mon visage. Malheureu-
sement Robert écrivait aussi vite que possible, et il n’avait pas le temps de
s’interrompre. Nous n’avions pas de bande neuve pour le magnétophone et il
n’était pas en position d’enregistrement. Bill Gallagher était assis juste en
face de moi. Peggy était assise à côté de moi, et me voyait de profil. Bill af-
firma qu’il voyait mon visage se transformer. Peggy, de là où elle était as-
sise, ne pouvait être sûre de rien. Robert levait à peine les yeux. Seth avait
demandé : « Regarde les traits de Ruburt » d’un ton dégagé quelques mi-
nutes plus tôt.
En tant que Seth, je désignai Bill du doigt et l’assurai qu’il ne sentirait
plus son ulcère pour le reste de la soirée. Il en était très incommodé, et de-
vait boire du lait. À partir de cette remarque de Seth, la douleur cessa et ne
revint que beaucoup plus tard, après que les deux soient rentrés chez eux.
Il est possible que cela ait été dû à la suggestion, mais en tout cas la
pause a été très appréciée par Bill. Les Gallagher sont des personnes intelli-
gentes. Peg est journaliste au journal local, et Bill y travaille au service de la
publicité. Surtout Peggy, en raison de sa profession, est formée à étudier les
faits, et Bill est tout sauf crédule.
Cette partie de la séance a duré plus d’une heure et demie, et a suivi im-
médiatement l’épisode avec le Père Traynor. Les Gallagher prirent congé.
Dès qu’ils furent partis, la séance reprit. J’avais les yeux grand ouverts, et
j’étais assise en face de Robert. Nous étions installés à la table du salon.
Ce qui suit sont des extraits des notes prises par Robert pendant cette
partie de la séance. Comme il y a eu des manifestations physiques, dont je
n’étais pas consciente, les notes de Robert seront beaucoup plus efficaces
que n’importe quelle explication que je pourrais donner. Il a noté ses obser-
vations en temps réel.
Extraits des notes prises par Robert :
« Jane a commencé à parler depuis le fauteuil à bascule, mais après
quelques mots elle s’est levée et est venue s’asseoir à la table avec moi. Ses
yeux étaient grand ouverts, sombres et lumineux. Elle me regardait bien en
face. J’ai immédiatement ressenti une implication qui était nouvelle pour
moi dans les séances. Ce regard direct était déconcertant. L’effet en fut
renforcé quand je commençai à remarquer un changement dans ses traits.
« Pour rester le plus objectif possible, je dirais que le changement dont
je m’apercevais était peut-être en partie réel et en partie subjectif de ma
part. Le visage de Jane était très animé. Alors qu’auparavant, contrairement
à Bill Gallagher, je n’avais noté aucun changement, je voyais les traits de

158
Jane perdre un peu de leur nature féminine ; ils devenaient plus anguleux et
plus durs, comme si une présence masculine essayait délibérément de se
faire remarquer.
« Je crois aussi qu’elle me paraissait plus âgée. J’avais l’impression
qu’une personnalité masculine m’observait à travers ses yeux. L’impression
d’avoir affaire à quelqu’un d’autre que Jane était très forte. En fait j’étais
plus occupé à essayer de déchiffrer ce changement qu’à me demander s’il y
avait ou non un changement. »
(Il y eut quelques effets vocaux assez impressionnants. Voici maintenant
quelques extraits de cette séance. Ils incluent les notes de Robert et
quelques commentaires de Seth. Rappelez-vous que Seth m’appelle Ruburt,
et Robert, Joseph.)
Je fais toujours attention de ne pas prendre trop de son 14 énergie, et dans ce do-
maine tu es un vrai chien de garde – ce qui est très bien. Néanmoins j’ai pensé qu’il
était légitime de prendre un peu de temps supplémentaire pour parler avec toi, parce
que les occasions sont rares où les capacités psychiques de Rubert et ses énergies sont
suffisamment alignées pour que nous puissions travailler ensemble de cette manière.
Je regrette que les notes te donnent autant de travail. Mais en fin de compte, cette
séance de ce soir sera très profitable pour Ruburt, et pour toi aussi. Il faut que je suive
le rythme de son développement. Pour ce qui est de ses capacités, je ne peux pas l’in-
fluencer. Je ne vais rien forcer. À long terme cela nous serait préjudiciable.
Nous nous occupions des variations de la transe, tout en voulant continuer notre
propre travail, ce qui fait que les deux sujets se sont confondus.
Tu n’as pas mal aux mains d’écrire ?
– Non, ça va.
(En fait, j’étais très fatigué. C’était une de ces situations où il est plus
facile de continuer que d’arrêter pour recommencer plus tard. Ma main
droite était lourde. Seth/Jane continuait de m’observer, en souriant comme
si elle était prête à parler sans jamais s’arrêter.)
Je frémis devant vos limitations trop humaines, et si je souris, ce n’est certaine-
ment pas pour me moquer...
– Tout va bien.
– ... mais de gratitude devant ton courage. Je te suggère pourtant de faire une
pause.
Pendant toute cette transmission je continuais à constater le change-
ment du visage de Jane, qui, à mon avis, devait être autant physique que

14
[Anglais : his energy, au masculin. Pour Seth Jane, Ruburt, est une entité masculine.]

159
subjectif. On aurait dit que la Jane que je connaissais avait reculé pour per-
mettre à une autre personnalité de venir au premier plan, provoquant
quelques légères modifications physiques et un gros changement psycholo-
gique…
« … À ma grande surprise la voix de Jane devint encore plus puissante.
Elle n’était plus que force et puissance. Elle produisait cette déferlante ap-
paremment sans aucun effort. En fait cela ne m’aurait pas étonné du tout de
sentir vibrer le plafond au-dessus de ma tête pendant qu’elle parlait. L’effet
était sidérant. Je n’ai d’autre moyen de mesurer le volume de la voix que
j’entendais que de dire qu’elle m’enveloppait. »
(Fin des notes de Robert.)
L’épisode entier, y compris l’intervention du Père Traynor, a duré quatre
heures. Quand ce fut terminé, ma gorge était complètement relaxée. En
fait, elle allait mieux qu’au début de la soirée. Ce fut la première séance où
un tel changement de voix se produisit, même si auparavant, occasionnelle-
ment, il y avait déjà eu quelques manifestations vocales, moins dramatiques.
Mais depuis cette séance, ces effets de voix sont devenus plus fréquents.
Il y a eu quelques effets physiques, en dehors des modifications du visage
qui ont été mentionnées. Mais un incident est digne d’être noté. Pendant
une séance avec Seth, un ami, William Cameron Macdonell, affirma qu’il
avait vu une apparition. Ensuite il se produisit de véritables manifestations
physiques, observées par Bill et Robert, alors que la pièce était restée éclai-
rée. En voici les circonstances.
L’apparition a été vue sur le seuil entre le salon et la salle de bain. Bill
l’a vue si nettement qu’il en a fait deux croquis, qu’il a continué de corriger
au fur et à mesure que la séance continuait. Pendant une heure il l’a vue
continuer à apparaître et disparaître. Tout ce temps la pièce était éclairée
par une ampoule de 60 W. Je continuais de parler en tant que Seth et je n’ai
rien remarqué. Rob était assis derrière la porte ouverte, à prendre les notes.
L’endroit où Bill voyait l’apparition était totalement hors de son champ vi-
suel. Il ne pouvait voir le seuil de la porte, car celle-ci, ouverte, lui bloquait
la vue ; il ne pouvait pas non plus quitter sa place, à la table, car il voulait
noter exactement ce qui se disait.
Quand Bill a commencé à dessiner l’apparition, j’ai apporté quelques
corrections en tant que Seth.
L’image derrière la porte est la mienne, même si elle est forcément déformée. Tu
me perçois par tes sens intérieurs, et ces données doivent ensuite être transformées en
informations pouvant être reçues par les sens extérieurs ... Je suis un gars beaucoup
plus sympa que celui que tu as dessiné. (Ici, en tant que Seth, j’observe le dessin
de Bill par-dessus son épaule.) Tu as oublié un relief particulier le long de ce que
tu appellerais la pommette. Si tu regardes mieux l’image, je pourrais te le préciser.

160
Il y a comme une suffisance au coin des lèvres. (Bill corrige le croquis.) Ah, très
bien. Tu constateras que cette construction a été créée par moi. Pour apparaître sur
votre plan, celle-ci doit être composée d’atomes et de molécules. Leur mouvement et
leur vitesse ne sont pas les mêmes que ceux de vos constructions habituelles. Je parle
en l’occurrence à travers Ruburt, tout en le regardant parler depuis une construction.
Ultérieurement, je pourrais arriver à parler depuis ma propre construction. Mais cela
va exiger un entraînement et il me faudra votre coopération.
Il faut reconnaître que je ne suis pas une beauté selon vos critères, mais admettez
que je ne suis pas laid non plus. L’image est une reconstruction de ce que je suis. Elle
représente l’apparence que prennent mes capacités quand elles sont étroitement reliées
au plan physique. Cela ne veut pas dire que j’aie forcément la même apparence sur
tous les plans.
Bill n’avait pas quitté l’apparition des yeux. La porte empêchait Robert
de voir. Moi-même je ne voyais rien. Pendant la pause, nous avons discuté
de ce qui s’était passé. J’avoue que j’étais très sceptique. Je pensais que
Bill avait pu tout imaginer, qu’il avait vu l’apparition mais que c’était une
hallucination. Si c’était le cas, évidemment, je ne pouvais pas expliquer les
commentaires de Seth. Mais comme je n’avais absolument rien vu, il m’était
difficile de croire sur parole quelqu’un affirmant avoir vu une apparition. Je
n’avais aucune raison de ne pas croire Bill, et je me sentais coupable de
douter d’un fait dont il était absolument certain. Mais pendant la pause, je
me suis mise à rire et à plaisanter. Ce fut là que le second incident s’est pro-
duit, que je n’arrive pas à expliquer. Je me tenais sur le seuil de la pièce.
Nous avions allumé une lampe supplémentaire et la pièce était très bien
éclairée. « C’est là où tu as vu l’homme, sur le seuil de la porte ? » deman-
dai-je en riant. Je me tenais à environ un mètre de Robert et Bill. Tous les
deux pouvaient parfaitement voir mon visage. Soudain, d’après eux, sont ap-
parus devant mon visage les traits d’un autre visage, qui ne me ressem-
blaient pas du tout. Ils flottaient devant moi, presque transparents, et l’on
pouvait me voir au travers. C’était des traits masculins.
Je n’avais rien remarqué, jusqu’à ce que tous les deux commencent à me
regarder dans une totale incrédulité. Robert me dit de ne pas bouger. Je res-
sentais un léger fourmillement, mais sans plus. Quand Robert et Bill ont
comparé leurs notes, leurs observations concordaient parfaitement. Puis Ro-
bert m’a demandé de quitter le seuil de la porte. Au moment où je le fai-
sais, l’effet disparut d’un seul coup. Pour moi, cet effet physique est indubi-
table. Le fait que les traits de ce visage aient été observés par Robert et
Bill, en pleine lumière, tend également à prouver la validité de l’apparition.
Bill en a fait deux croquis, qui sont dans nos dossiers. Il est extrêmement dif-
ficile d’attribuer de tels effets physiques au subconscient. S’ils s’étaient pro-
duits dans la pénombre, ou dans une quasi obscurité, leur validité pourrait

161
être sérieusement remise en question. La durée de l’apparition, et le bon
éclairage de la pièce, font que cet épisode soulève beaucoup de questions.
L’apparition et le double visage se sont produits lors d’une séance où
Seth parlait de la nature de la matière physique. Selon lui, les deux matéria-
lisations étaient destinées à démontrer la pertinence de ses arguments. Sa
thèse principale, présentée plus haut, prétend que la matière physique est
construite au niveau subconscient par chaque individu, humain ou non, à
l’intérieur du système, ou champ, physique. De la même façon que nous ne
sommes pas conscients de chacune de nos respirations, nous ne le sommes
pas non plus du fait que nous construisons constamment la matière physique.
Et donc, sur le plan subconscient, nous n’arrêtons pas de créer et de mainte-
nir notre image physique. Seth a démontré par une apparition comment la
matière était créée.
Et en effet, l’apparition et le double visage, considérés dans leur en-
semble, ont été une démonstration très efficace du sujet de la séance.
Ces situations, ainsi que d’autres dont nous parlerons dans un autre cha-
pitre, nous amènent à supposer que la personnalité humaine dispose de ca-
pacités qui vont bien au delà de celles qu’on lui prête habituellement.
Celles-ci semblent lui être inhérentes, qu’elles soient ou non opérationnelles
à l’intérieur des limites de la matière physique. Il existe peut-être d’autres
explications plus orthodoxes qui nous mèneraient à moins de problèmes et
nous feraient nous poser moins de questions, mais de telles explications con-
ventionnelles nous priveraient de la compréhension de telles situations, en
nous empêchant d’aller chercher ailleurs les réponses.
Nos expériences hors du corps à Robert et à moi nous font croire à l’indé-
pendance fondamentale de la personnalité par rapport à l’image physique.
Ces épisodes, dont certains ont été mentionnés plus haut, nous forcent à
élargir notre conception de la réalité. Si la personnalité, dans cette vie, peut
se détacher de son image et voyager vers d’autres lieux physiques, alors il
n’est pas illogique de supposer qu’elle peut exister dans son image après la
mort physique.
Comment de telles apparitions se produisent-elles ? Comment la person-
nalité peut-elle être indépendante de la matière physique, et à quel degré ?
Votre personnalité est-elle indépendante maintenant de la matière phy-
sique ? Nous allons discuter de ces questions dans le chapitre suivant, et
nous chercherons des clés qui nous donneraient accès à certains aperçus de
la réalité fondamentale qui se cache derrière l’univers physique. Il y aura
aussi dans ce chapitre quelques expérimentations qui seront proposées au
lecteur. Pour clore ce chapitre, voici quelques extraits de la 34e séance avec
Seth, dans laquelle il décrit sa propre réalité et structure.
Dire que je suis énergie n’est pas un mensonge. C’est même plus vrai que cer-
taines définitions d’apparence peut-être plus authentique et compliquée. Je suis une

162
personnalité sous forme d’essence-énergie. Cela ne veut absolument pas dire que je
sois un « esprit », une espèce d’escogriffe fantomatique. Il est difficile d’expliquer ce
que je suis en raison des limites posées non seulement par votre connaissance, mais
aussi par la méthode de communication que nous utilisons...
J’ai néanmoins une structure, et je peux en changer, ou en échanger, les compo-
sants, de façon à fonctionner sous des conditions très variées. Pendant ces séances,
j’utilise mes composants énergétiques de base autrement que je le ferais dans d’autres
circonstances. En d’autres termes, je peux changer l’alignement de mes composants,
concentrer ma puissance dans une direction particulière. Si vous, vous vouliez pénétrer
dans un tout petit espace, je suppose que vous vous mettriez à quatre pattes, vous ren-
treriez les épaules et finiriez par ramper par ce petit trou imaginaire. Ceci impliquerait
des manipulations musculaires résultant en un changement de forme, un ajustement un
peu superficiel mais réel du corps physique dans sa relation à l’espace, et en consé-
quence une modification de la concentration, ou de la direction, en accord avec le
mouvement du corps vers le bas et vers l’avant, par le trou.
À un niveau complètement différent, c’est ce qui se passe pour moi quand j’essaye
de passer par votre petite porte d’entrée. Seulement de mon côté, les manipulations né-
cessaires finissent par une transformation, et ma liberté est beaucoup plus grande.
C’est comme si vous pouviez rendre votre corps plus petit que le trou par lequel vous
désirez passer, ce qui est beaucoup plus appréciable.
J’ai à ma disposition une énergie illimitée, mais vous aussi. La grande différence,
c’est que je suis mieux équipé pour m’en servir, et mon équipement est meilleur parce
que j’ai une connaissance supplémentaire que je peux utiliser.
Vos scientifiques savent que toute la matière se compose des mêmes éléments ...
Par des méthodes que j’ai décrites, je peux modifier ma forme. Vous avez déjà vu de
l’eau se transformer en vapeur. L’analogie est très simple. J’existe en tant qu’énergie,
j’existe électroniquement, et parfois, chimiquement. J’ai dit que je pouvais modifier
l’alignement de mes composants. S’il faut me considérer comme un esprit, alors toute
énergie est esprit.
Vous vous faites de l’esprit, je crois, l’idée de quelque chose de sans forme, et je
peux avoir une forme. J’ai définitivement une structure. Et là il est certain que dans
des circonstances ordinaires, vous ne pouvez pas voir cette structure. (Ceci a été dit
avant la séance où l’apparition a eu lieu.) Vous voyez, les sens intérieurs fournissent
l’expérience directe. Les sens extérieurs fournissent des distorsions de camouflage
d’une expérience traduite, de seconde main.
Vous, ou vos scientifiques, ignorez tout simplement de nombreuses lois fonda-
mentales à la base de réalités telles que ma structure, même si les plus originaux parmi
les penseurs en ont déjà quelques aperçus
- Dans ce pays ?
- À l’étranger. Certains chez vous commencent à prendre vaguement conscience,
au niveau théorique, quand ils réfléchissent aux possibilités qu’implique la dislocation
des composants physiques jusqu’à leurs formes énergétiques de base ; je crois qu’on

163
étudie ces théories dans le cadre d’un futur programme spatial. Cette idée vous aidera
à comprendre ce que je veux dire quand j’affirme que j’ai une structure, mais que je
peux en changer. Je réalise ce réalignement des schémas moléculaires par des manipu-
lations directes. C’est impossible à votre niveau. Même dans un avenir lointain, de tels
réalignements devront aller de pair avec des réalisations onéreuses, compliquées et
presque impossibles, parce que vous approchez le problème depuis l’extérieur. La so-
lution se trouve dans des manipulations effectuées sur les structures depuis l’intérieur,
ou dans une manipulation directe du moi dans son entier.
Extraits de la séance n° 21
Des désignations telles que « esprit », « médium », etc., sont ridicules, d’abord.
Vous utilisez tout simplement vos sens intérieurs. Ils n’ont rien de magique. Ils ne sont
certainement pas religieux, dans le sens courant du terme, et je ne suis pas une espèce
de personnalité secondaire et déliquescente de Ruburt. On n’a pas à me comparer non
plus à un esprit à la longue barbe et au regard allumé assis sur le nuage numéro neuf.
Le fait, tout simple, est que j’ai vécu en tant qu’être humain. Cette réunion, et les
autres, ne sont pas des séances, selon ce qu’implique habituellement ce mot. Les soi-
disant séances, quand elles sont légitimes, ne sont que des exercices d’utilisation des
sens intérieurs. Le culte qui s’est développé autour d’elles est ridicule, et offre parfois
des démonstrations inoubliables de la stupidité de personnalités bien intentionnées
mais imbéciles.
La superstition génère la superstition. Pour parler du subconscient de Jane, ou Ru-
burt, j’établis le contact avec vous par l’intermédiaire de vos subconscients à tous les
deux ; mais en passant par cette vaste zone qui existe entre les plans, ou les champs, et
qui est une propriété du mental, pas du cerveau, et qui concerne les sens intérieurs. Je
ne suis absolument pas concerné par cette partie du subconscient qui est liée à vos sou-
venirs personnels, ou à la constitution de votre présente personnalité.
Vous m’avez demandé pourquoi je vous donnais cet enseignement. Ma réponse est
que, indépendamment de la forte affection que je vous porte, vous n’avez d’affiliation
à aucun culte, aucune religion, aucune école particulière de pensée. Vous avez l’esprit
ouvert, et vous n’êtes pas des naïfs ; vous n’êtes pas du genre à m’affubler du déguise-
ment d’un Cupidon ventripotent, de Bouddha, de Dieu, d’un saint ou du diable. Et ce
genre de personnes est difficile à trouver.

164
XIV. – Le « monde des esprits » et la survie de la
personnalité humaine – Apparitions dépendantes et
indépendantes
Un soir, des amis à nous, M. et Mme J., nous ont rendu visite. Nous discu-
tions de l’ESP. M. J. nous dit que parfois il pouvait voir l’aura humaine – une
émanation subtile que certains pensent entourer le corps, comme un halo. Il
insista sur le fait qu’il pouvait voir l’aura de sa femme, même quand ils
étaient en train de bavarder tous les deux. Je n’avais jamais vu d’aura, mais
j’étais prête à accepter la possibilité de son existence.
Par curiosité, je décidai de tenter une petite expérience. Je dis à M. J.
que j’allais me concentrer sur l’aura de son épouse (alors que je ne pouvais
pas la voir) et essayer de la faire s’élever au-dessus de sa tête. Il fut d’ac-
cord pour me dire si j’avais réussi ou non. Au lieu de cela, sans rien dire à
personne, je m’efforçai d’augmenter la brillance de cette aura. Au bout
d’environ une minute, M. J. me dit que l’aura ne montait pas, mais qu’elle
gagnait en luminosité.
Je dois avouer que je fus assez surprise. Nous avons alors décidé de ten-
ter une autre petite expérience. La pièce était bien éclairée, par ce genre
de lampes qu’on utilise pour les salons. Nous étions assis les uns à côté des
autres, près de cette lampe, et nous tenant les mains. J’ai demandé : « Y a-
t-il quelqu’un ? » Presque immédiatement, Mme J. s’écria : « Quelqu’un m’a
attrapé la main ! » En même temps, sa main lâcha la mienne et s’éleva ver-
ticalement. Son coude reposait fermement sur la table basse, la main était
dressée vers le haut, les doigts légèrement repliés, comme s’ils avaient été
en contact avec d’autres doigts. À en juger par la rigidité des muscles du
bras et de la main, par la tension, on aurait dit qu’une pression s’exerçait
sur eux. Mme J. tremblait et était en nage. Aucun de nous ne voyait quoi
que ce soit d’anormal, à l’exception de son comportement.
Elle répétait qu’une présence invisible lui avait pris la main et appuyait
son bras sur la table. Il était évident qu’elle avait peur. Nous continuions à
ne rien remarquer d’anormal, malgré le bon éclairage. Mme J. ne jouait ma-
nifestement pas la comédie. Les larmes commencèrent à couler sur ses
joues. Je ne savais si une personnalité invisible était présente, ou si la jeune
femme était hautement suggestionnable. D’une voix ferme, je dis : « Vous

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lâchez immédiatement la main de Mme J. et vous partez. » Je répétai la
phrase plusieurs fois, sachant que si Mme J. était hypersensible, cette
contre-suggestion résoudrait la difficulté. D’un autre côté, si une personna-
lité invisible était bien là, je lui demandais de partir et j’espérais qu’elle
obéirait.
Dès que j’eus parlé, sa main tomba sur la table avec un grand bruit, ce
qui nous fit tous sursauter. Nous sautâmes sur nos pieds et inspectèrent la
pièce. Je répétais : « Vous partez tout de suite. Vous laissez cette jeune
femme tranquille ! » jusqu’à ce que Mme J. se calme. Vu son état, je jugeai
plus prudent de ne pas continuer. Et donc nous n’avons pu tirer aucune con-
clusion. Mme J. se sentit mal à l’aise pendant tout le reste de la soirée. Si
une personnalité en état de survie était bien présente, il ne fait aucun doute
qu’elle était du genre actif.
Ceci nous amène à aborder plusieurs points concernant de telles expé-
riences en général. Je conseille de ne jamais faire de séances dans le noir.
Je n’ai aucune preuve, mais il me semble qu’une personnalité qui a survécu
à la mort physique ne peut pas être gênée par un peu de lumière. En soi,
l’obscurité génère le soupçon et enflamme l’imagination. Les médiums ont
toujours insisté pour rester dans l’obscurité, et c’est cette revendication
qui, plus que tout, a fait obstacle aux investigations des sociétés psychiques.
Pour vos propres expériences, gardez la pièce dans un éclairage assez fort.
Cela ne nuira en rien à une atmosphère calme et intime. Si l’expérience qui
vient d’être racontée s’était tenue dans l’obscurité, la jeune femme aurait
été encore bien plus effrayée.
De toutes nos expériences, ce fut la seule à être franchement désa-
gréable. Il est important pour les personnes amenées à vivre ce genre d’inci-
dents de disposer d’un solide bon sens et d’un bon équilibre émotionnel. Il
faut, pour diriger ces expériences, être pleinement conscient de sa propre
responsabilité à assurer l’atmosphère, les conditions et l’attitude appro-
priées. Nous n’en savons pas encore assez au sujet de la suggestion en soi,
ou de la personnalité en général, pour prendre ce risque. Au moindre signe
de malaise chez ne serait-ce qu’un seul participant, il faut immédiatement
mettre un terme à la séance.
Il est possible que la suggestion joue un rôle important dans ce genre de
processus, mais elle doit être contrôlée. On peut l’utiliser, mais l’empêcher
de causer des dégâts. Il est évident que si la possibilité de la présence d’une
personnalité invisible n’avait pas été acceptée, nous n’aurions jamais fait
une telle expérience. Et donc l’acceptation de cette possibilité en soi a mis
en place une suggestion avant même le commencement de la séance. Il est
donc faux de dire que la suggestion ne joue aucun rôle dans le processus. La
suggestion est importante dans tous les aspects de nos vies, dans ces expé-
riences comme dans tous les autres domaines. Mais si vous recherchez des
résultats solidement fondés, évitez de lâcher la bride à votre imagination.

166
Il est possible aussi qu’une personnalité invisible fonctionne sur un cer-
tain mode émotionnel que nous ne comprenons pas. Dans ce genre d’expé-
riences, c’est à vous de maintenir la situation en équilibre. Personnellement
je ne conseille pas d’essayer d’entrer en contact avec des personnalités que
vous ou vos amis avez étroitement connues par le passé, à moins de jouir
d’un mental extrêmement solide. Dans ces cas-là la pression émotionnelle
peut devenir si forte qu’elle peut empêcher toute objectivité tant en ce qui
concerne l’expérience elle-même que ses résultats.
Nous allons en dire plus à ce sujet plus loin dans ce chapitre. Mais avant
d’aborder la discussion sur la survie de la personnalité, considérons celle-ci
telle que la vie quotidienne nous la révèle ; avant d’essayer de discuter du
soi-disant monde des esprits, regardons de plus près notre propre expérience
subjective présente.
En fait, jusqu’à quel degré notre expérience habituelle est-elle phy-
sique ? Combien de notre réalité existe-t-il à l’intérieur de la matière phy-
sique, et combien existe-t-il dans une réalité que nous ne pouvons ni voir ni
toucher ?
En tant qu’espèce nous sommes composés de tissus organiques, mais à de
nombreux égards il semble que l’essence de notre réalité soit d’une matière
qui n’a rien à voir avec la chair et les os.
Aucun de nous n’irait nier la réalité de nos pensées, par exemple, et
pourtant une pensée n’est pas un objet physique, comme un verre que nous
pouvons tenir dans notre main. Dès que nous essayons d’examiner une pen-
sée, nous la modifions. La pensée originale disparaît, et une nouvelle la rem-
place. Seule notre expérience intérieure peut nous faire connaître la nature
d’une pensée.
Jamais non plus nous ne nierions la validité d’une intuition, d’une émo-
tion ou d’un rêve. Ils n’ont rien d’objets concrets, et constituent pourtant
une partie importante de notre conscience. De telles expériences subjectives
paraissent liées à la matière physique, mais apparemment elles ne sont pas
contenues par elle.
Nous disons des rêves qu’ils existent « dans notre tête ». Mais ils ne sont
certainement pas dans notre tête de la même façon que les tissus physiques,
les vaisseaux sanguins et les os du crâne. Un chirurgien peut pénétrer dans
notre cerveau avec son scalpel, mais aucune opération ou aucun examen
physique ne révélera jamais un rêve, une pensée, ou une expérience psycho-
logique. Aucun scalpel ne peut disséquer un rêve comme il peut ouvrir les
fibres visibles qui sont sous notre crâne. Alors que voulons-nous dire exacte-
ment quand nous affirmons que les rêves et les pensées sont dans notre
tête ?
Cette idée repose sur la présomption que la personnalité humaine est li-
mitée par la matière physique, et suit les contours du moi physique. Et que
donc tout ce qui appartient à la personnalité doit exister à l’intérieur de

167
l’organisme physique. Mais si nous sommes des créatures purement phy-
siques, nous devons tout de même admettre qu’en nous sont certaines
choses qui ne sont pas physiques, autrement ces pensées et ces rêves en
nous seraient physiques, et ils ne le sont pas.
Les savants ont émis la théorie que la conscience pourrait être le fruit du
fonctionnement du corps. Même si c’était la fin de l’histoire, ce que je ne
crois pas, il nous resterait encore à admettre qu’une partie de notre réalité,
sans être physique, proviendrait de la matière physique tout en ne pouvant
être ni vue ni touchée. Cette attitude nous force pourtant à penser que la
réalité n’est déterminée que par l’existence physique. Nous ne considérons
comme valables que les choses admises par les sens physiques.
Cela importe apparemment peu que les scientifiques aient découvert que
les sens eux-mêmes déforment la réalité, et que nous ne faisons que créer
des structures à partir d’atomes et de molécules, les percevoir en tant
qu’objets et leur donner des noms. D’une manière générale nous agissons
comme si la réalité physique était le seul standard d’après lequel mesurer
l’expérience.
Nous avons le plus grand mal à considérer qu’une chose qui nous affecte
profondément soit irréelle. Nous pouvons dire qu’une expérience existe sous
un certain point de vue, et pas sous un autre. Beaucoup de rêves sont tout
aussi vivants et valables que des expériences en état de veille, par exemple,
et affectent notre personnalité de façon tout aussi profonde. Le rêve n’a
peut-être pas de réalité physique, mais il est absolument certain qu’il a une
réalité psychologique.
Examinons certaines expériences selon leur degré de réalité ou de non
réalité. Prenons les lieux que nous voyons en rêve. Bien sûr ils n’existent pas
dans notre tête comme les rues physiques existent dans l’espace des villes.
Mais pendant que nous sommes dans le contexte du rêve, ces lieux nous ap-
paraissent dans toute leur immédiateté. En rêve, nous pouvons marcher le
long d’avenues qui n’existent pas dans le sens physique du terme. Nous rece-
vons des données que nous appellerions sensorielles si nous étions éveillés.
Nous entendons, touchons, goûtons, sentons et agissons d’une façon que
nous appellerions physique si nous étions éveillés. Nous marchons, parlons,
faisons des choses, travaillons, jouons, pendant que notre corps physique se
repose.
Je peux aller à Water Street quand je veux : concrètement parlant c’est
une partie constitutive d’Elmira, où j’habite. Mais je ne peux pas retourner à
un endroit de rêve quand je veux. Pouvons-nous donc dire que les endroits
dans les rêves sont différents des endroits physiques, en ce sens que nous ne
pouvons pas y retourner ? Pas tout à fait, parce que beaucoup d’entre nous,
dans des rêves récurrents, reviennent visiter les mêmes rues, les mêmes
maisons, qu’ils ont déjà vus dans d’autres rêves. Si nous ne pouvons pas re-

168
trouver nos lieux de rêve en état de veille, nous ne pouvons pas non plus re-
trouver des endroits physiques quand nous rêvons. Tout laisse à supposer que
nous pouvons retourner vers différents lieux de rêve simplement en nous en
faisant la suggestion avant d’aller dormir. Le monde du rêve aurait donc sa
propre structure organisée, tout comme le monde physique, une structure où
nous pourrions parfaitement nous retrouver – pendant que nous dormons.
Au premier abord de telles discussions semblent n’avoir aucun rapport
avec le sujet du soi-disant monde des esprits. Néanmoins, peut-être pouvez-
vous voir maintenant que nous sommes beaucoup plus que des créatures
composées de matière physique. Notre expérience intime directe transcende
la matière physique telle que nous la connaissons. Nous sommes une combi-
naison de substance corporelle et de quelque chose d’autre, que nous ne
pouvons approcher que par l’expérience subjective, qui fait de nous ce que
nous sommes, et sans quoi notre conscience n’aurait aucun sens.
La conscience est précisément cette partie de nous qui n’existe pas en
tant qu’objet à l’intérieur de l’univers physique ; elle se compose de ces
pensées, de ces émotions et de ces rêves par lesquels nous faisons plus inti-
mement connaissance avec nous-même.
Le nom que vous donnez à cette partie de votre personnalité, l’esprit,
l’âme ou le mental, n’a pas d’importance. Ce dont il s’agit, c’est du fait que
les aspects les plus vitaux de notre moi ne sont pas matérialisés physiquement.
Il faut cependant admettre que l’on peut trouver des pistes vers cette
partie de la personnalité humaine dans la matière physique. On peut jouer
sur les émotions par l’ajout ou le retrait de substances chimiques et d’hor-
mones. Jusqu’à un certain point, nos personnalités sont manipulables. Même
une altération minime de notre constitution physique modifiera notre moi in-
térieur. Mais il n’en demeure pas moins que les expériences fondamentales
sur lesquelles reposent notre conscience et notre identité ne sont pas phy-
siques au sens habituel du terme.
Si la réalité de ce que nous sommes ne se réduit pas à la matière, mais se
contente d’y être reliée, alors il est légitime de dire que nous agissons et
existons à la fois dans des dimensions physiques et non-physiques. Par mo-
ments, nous sommes plus connectés à l’univers corporel qu’à d’autres mo-
ments. Dans les rêves, par exemple, nous sommes moins reliés au monde
physique qu’à l’état de veille. Notre équipement sensoriel est réglé sur le ni-
veau minimum. Nous sommes maintenus dans l’univers physique, mais nous y
limitons nos interactions. Il devient pour nous aussi irréel que le rêve quand
nous sommes réveillés.
On peut pour le moins concevoir que le moi de nos rêves ne soit qu’un
autre aspect de notre identité ; un Je qui continue d’exister en tant que lui-
même, malgré les manipulations de l’ego de l’univers physique, et un Je qui
continuera d’exister après la fin de l’alliance avec la matière physique.

169
Les recherches des psychologues concernant les personnalités multiples
montrent qu’il est tout à fait possible pour un moi de contenir plusieurs
autres personnalités, chacune inconsciente des autres, fonctionnant dans des
situations différentes, et toutes exprimant diverses facultés et attitudes. Le
moi endormi et le moi éveillé font partie de la même personnalité, chacun
fonctionnant selon des circonstances différentes. Le concept de l’ego inté-
rieur et extérieur, comme Seth les appelle, fournit des réponses plausibles à
nombre de nos questions. L’ego intérieur, qui agit dans les rêves, ne dépen-
drait pas de la matière physique pour sa conscience ou son identité. À la
mort physique, ce moi intérieur continuerait simplement à agir comme il le
faisait auparavant – peut-être en devant la partie dominante de la personna-
lité, pendant que l’ego extérieur tiendrait le rôle que tient le subconscient
dans cette existence.
La personnalité humaine est beaucoup plus complexe que nous ne pen-
sons. Vos propres expérimentations, depuis le commencement de ce livre,
devraient déjà vous avoir permis de prendre conscience de capacités et de
perceptions que vous ignoriez. Par votre propre expérience, vous réalisez
peut-être maintenant que l’ego conscient n’est que la partie du moi global
qui fonctionne à l’intérieur de la matière physique. Mais la partie de la per-
sonnalité qui inclut le subconscient, le Je qui rêve, n’est pas aussi limité, et
semble percevoir des réalités non familières à l’ego extérieur, et agir dans
des conditions qui feraient vaciller le moi éveillé. La question n’est pas :
existe-t-il un monde des esprits ? La question est : quelle est la nature de
cette partie de la personnalité humaine qui est, en ce moment même, par-
tiellement indépendante de la matière physique ? Quels sont ses potentiels,
ses limites, ses caractéristiques ? Et, peut-être, plus important que tout :
cette partie du moi continue-t-elle d’exister quand l’alliance avec la matière
physique est dissoute ?
Car si nous sommes, ne serait-ce que partiellement, indépendants du sys-
tème physique, il n’y a alors rien d’illogique à supposer que la personnalité,
entière ou en partie, continue d’exister. Le moi n’est pas un objet concret.
Il n’arrête pas de changer. L’expérience de la mort ne ferait que le changer,
comme n’importe quelle expérience. Comme nous ne pouvons pas prédire
l’effet d’un événement sur une personnalité, nous ne pouvons pas prédire la
manière dont la mort va affecter la conscience individuelle actuelle.
Nous savons avec certitude que cette conscience cesserait d’être orien-
tée vers le physique. Rappelons ici que nous passons au moins un tiers de
chaque période de vingt-quatre heures à dormir, à ne plus fonctionner sous
la direction de l’ego, lui-même orienté vers le physique, mais d’une façon
subconsciente et intuitive, orientée vers la réalité intérieure subjective. Il
serait bien possible que les clés de l’explication du comportement de la per-
sonnalité après la mort physique soient accessibles par l’examen systéma-
tique du comportement de la personnalité pendant le sommeil, ainsi qu’en

170
état de transe. Car c’est ce Je du sommeil qui pourrait être la partie de nous
qui survit – ce Je subjectif, déjà relativement indépendant de la matière
physique.
L’étude de nos propres carnets de rêves sur une période de deux ans et
demi suggère fortement que la personnalité, pendant le sommeil, est tout
sauf désorganisée. La logique interne, les intuitions, les constructions oni-
riques, démontrent de la complexité, de la variété et des intentions. Il ne
s’agit pas du tout de l’état mental chaotique que l’on associe généralement
à l’état de rêve.
Il est fort possible que la personnalité humaine, si elle survit à la mort
physique, pourrait alors manifester certaines des caractéristiques démon-
trées par la personnalité présente pendant le rêve, la transe, et autres états
de dissociation. À ces moments-là il existe absolument une conscience, et
une conscience du moi. Parfois il y a même un sentiment de l’ego, mais les
frontières entre les différents niveaux de la personnalité ne sont pas tracées
aussi nettement que durant l’état de veille.
Il est évident que l’imagination et les aspects créatifs de la personnalité
jouissent de plus de liberté pendant le rêve. Apparemment la résolution de
problème se fait plus selon une mise en scène intuitive que selon un raison-
nement logique. Dans les rêves par exemples, nous résolvons les problèmes
en construisant des histoires par lesquelles nous jouons différentes solutions.
Souvent on oublie le rêve lui-même, ainsi que les solutions rejetées, mais
nous nous réveillons avec le problème résolu. Un tel travail pendant le rêve
suggère que la personnalité qui dort dispose toujours d’une sorte de direc-
tion, de but, de logique. On peut penser qu’après la mort physique, la per-
sonnalité puisse déployer le même genre d’activité intérieure.
Nous savons depuis longtemps que l’esprit influence la matière, mais pas
à quel degré. Les mots eux-mêmes, « esprit » et « matière », ont évolué.
D’après l’enseignement de Seth, la matière physique est construite au ni-
veau subconscient par tout ce qui vit. (Les êtres d’autres espèces sont consi-
dérés comme ayant une conscience indifférenciée plutôt qu’un ego organisé.
Leur état d’éveil pourrait se comparer à notre subconscient.) Selon cette
théorie, l’ego est tout autant inconscient de cette perpétuelle création de la
matière physique qu’il l’est de la continuelle naissance et renaissance des
atomes dans la substance physique qui constitue son image. Le concept est
pleinement développé, même si l’on ne peut que l’effleurer ici. Cette théo-
rie inclut des explications détaillées sur la manière dont est trouvé un accord
sur le positionnement des objets dans l’espace.
Cette idée n’est pas du tout tirée par les cheveux quand on l’examine à
la lumière des récentes découvertes dans le champ de la physique. Si c’est
ainsi qu’est construite la matière physique, alors au moment de la mort phy-
sique, l’individu cesserait simplement sa construction subconsciente de sa

171
propre image. La personnalité continuerait d’exister. Le moi intérieur consti-
tuerait toujours une unité psychologique, alors que l’ego ne fonctionnerait
plus comme une partie dominante du moi.
Il serait alors possible pour la personnalité, sous certaines conditions, de
reconstituer une approximation de son moi physique original, et de se mon-
trer à nous en tant que ce qu’on appelle une apparition. On peut supposer
que le contrôle de la personnalité sur la matière physique serait moins effi-
cace que dans la situation antérieure, et que la structure moléculaire serait
défectueuse. L’ego n’aurait pas disparu, mais aurait été assimilé par ce qui
resterait du moi après la mort physique. Dans le cas d’une apparition, il re-
viendrait momentanément à son poste précédent pour diriger l’activité psy-
chique. Le contrôle de la matière physique aurait effectivement perdu de
son efficacité, mais il pourrait, selon les circonstances, être suffisamment
précis pour rendre la matérialisation perceptible par les sens d’un observateur.
Théoriquement, il devrait aussi être possible pour une telle personnalité
de se faire connaître, par un moyen ou un autre, en passant par l’image
d’une autre personnalité encore opérationnelle dans notre système. Dans ce
cas serait maintenue une coopération quelconque, psychique ou psycholo-
gique, entre les deux personnalités. Un médium serait alors une personne ca-
pable de faire exister ce genre de coopération. Dans ce cas, il n’y aurait pas
apparition indépendante, mais la personnalité « libre » aurait l’autorisation
d’utiliser les cordes vocales, ou toute autre partie de l’appareil musculaire
du médium utilisée involontairement.
Une apparition indépendante en revanche utiliserait la matière physique
pour former une image de soi autonome, parfaite ou non selon nos critères.
Une apparition dépendante ne pourrait communiquer que par la coopération
temporaire d’un individu existant déjà dans le système physique. Elle ne
pourrait se faire connaître que par les modifications qu’elle entraînerait
dans le comportement de l’individu associé.
À mon avis, cette théorie et cette classification des apparitions, sont
nouvelles ; elles reposent sur mes propres réflexions et expériences. Je suis
en tout cas certaine que n’importe quel monde des esprits, monde mental,
quel que soit le nom que vous lui donnez, ne nous serait pas entièrement
étranger. Déjà, ce monde existerait à l’intérieur de la matière physique dont
nous sommes formés, et peut-être constituerait-il cette caractéristique sub-
tile qui confère la vie à cette matière. L’inconscient ou le subconscient se-
raient déjà éveillés à cette réalité. Seul l’ego la trouverait étrange.
Pour le redire, on pourrait trouver des indices sur la nature de cette réa-
lité en examinant comment notre propre niveau d’éveil se comporte quand il
est plus dirigé vers l’intérieur que vers l’extérieur. Les expériences de
Temps Psychologiques présentées plus haut dans ce livre vous permettront
de vous dissocier plus ou moins de l’intense concentration que l’ego applique
à son environnement physique, ce qui rendra possible une certaine prise de

172
conscience de la réalité intérieure. En étudiant vos carnets de rêve, vous dé-
couvrirez la structure interne de la personnalité, sous-jacente derrière le
côté apparemment chaotique des rêves. Toutes les expériences présentées
dans ce livre vous permettront d’atteindre une plus grande souplesse.
Au fur et à mesure de votre évolution, l’ego va devenir de plus en plus
conscient de ses relations avec les autres régions du moi total. Étant donné
que l’on tient compte de lui dans nos expériences, il se montrera de plus en
plus disposé à s’écarter provisoirement, de sorte que l’attention pourra se
concentrer sur d’autres domaines de la réalité, où il n’est pas équipé pour
fonctionner avec efficacité.
Nous avons déjà parlé des apparitions dépendantes et des apparitions
autonomes. Dans vos propres expériences, il y a certains facteurs importants
dont vous allez devoir tenir compte. Toute communication avec des appari-
tions entraîne des problèmes spécifiques, dont nous allons devoir parler de
façon plus approfondie.
Il est extrêmement difficile de prouver la validité d’une communication
avec une apparition, telle que celles que l’on prétend avoir avec une person-
nalité ayant survécu à la mort physique. D’abord, même si les données sont
vérifiées, nous partons souvent du principe que ces personnalités fonction-
nent comme nous, ce qui, je crois, est une erreur. Leur structure psycholo-
gique peut s’être modifiée dans certains de ses aspects ; l’ego, par exemple,
est probablement moins nécessaire à un être non-physique. L’ego est extrê-
mement spécialisé dans son orientation vers le matériel.
Il est plus probable que ces personnalités fassent preuve, à la place de
l’ego, de ces caractéristiques de la conscience que nous avons appris à con-
naître par les rêves, la transe ou autres états de dissociation. La communica-
tion pourrait se faire plus sur le mode de l’association, de l’intuition, du
symbole, que sur les mécanismes qui sont liés à l’état de veille. Il serait très
risqué de supposer que la structure psychologique d’une personnalité qui a
survécu à la mort physique soit la même que la nôtre. Nous ne pouvons donc
pas nous attendre à ce que la communication suive les chemins qui nous sont
familiers. Ce serait trop demander, et nous mènerait sur de fausses pistes.
Les problèmes qu’aurait à affronter une apparition pour communiquer
seraient beaucoup plus importants que ce que les efforts pour percevoir une
telle communication exigeraient de notre part. Une apparition indépendante
serait obligée de construire les atomes et les molécules destinés à maintenir
une image à peu près cohérente. Il lui faudrait mettre en place un système
musculaire minimum, et beaucoup d’autres choses. Mais rappelons ici que
c’est exactement ce que nous faisons, même si ce n’est pas conscient,
quand nous passons de l’enfance à l’âge adulte. Nous enrichissons la matière
physique qui compose notre image. Nous construisons, maintenons et déve-
loppons notre corps. Une apparition indépendante ferait la même chose,
mais en partant de zéro.

173
Une apparition dépendante aurait beaucoup moins de problèmes à ré-
soudre. Elle n’aurait à manipuler que de la matière déjà organisée, dans une
espèce de coopération psychologique avec un individu vivant. Mais dans ce
cas quelques distorsions pourraient se produire en provenance du subcons-
cient de la personne dans le système physique.
Vous pouvez en tirer d’excellents exemples par votre Ouija. Si vous rece-
vez un message semblant provenir d’une telle personnalité, tirez-en autant
d’informations que possible, en gardant à l’esprit que votre source peut ne
pas être concernée par ce qui pour nous sont des faits. Des événements men-
taux, par exemple, peuvent être considérés par votre contact comme des
faits totalement légitimes, alors qu’ils n’en sont pas pour vous. Le temps est
aussi relatif, et dans la réalité de l’apparition, il est possible que le temps
tel que nous le concevons n’ait aucun sens.
Pour le dire autrement, une personnalité en communication avec vous
peut vivre le temps de la même façon que nous le vivons quand nous sommes
en état de dissociation. Il ne s’agit plus du système temporel linéaire que
nous connaissons, et il se peut que nous devions faire quelques ajustements
quand nous recevons des informations contenant des éléments liés au temps.
Il existe certaines normes à l’aide desquelles vous devrez évaluer vos
messages, qu’ils soient reçus par le Ouija, en écriture automatique, verbale-
ment, par télépathie ou par tout autre moyen. Il y a déjà été fait mention
dans ce livre, et il est absolument essentiel d’y faire référence quand vous
examinez vos communications. Il est possible aussi que des données valables
se cachent dans du matériau d’origine subconsciente. Dans ce cas, la pour-
suite des expériences pourra amener un dévoilement progressif de données
personnelles, accompagné d’une multiplication des informations valables.
Pour une apparition dépendante, il est hautement probable que celle-ci
arrive par le subconscient de l’expérimentateur, affectant le système ner-
veux autonome et involontaire. Dans le cas du Ouija par exemple, ceci en-
traînerait le mouvement du pointeur. Une apparition indépendante jouirait
d’une plus grande liberté, du moins théoriquement, même s’il est très pos-
sible qu’elle puisse être affectée par d’importantes connexions psycholo-
giques au niveau émotionnel. Celles-ci se placeraient entre l’observateur et
l’apparition.
On peut aussi se servir de l’écriture automatique comme moyen de com-
munication avec une personnalité ayant survécu à la mort. Dans ce cas, l’ap-
parition serait du type dépendant, comme cela se passe avec le Ouija. La
méthode qui m’est le plus familière est la transmission orale. Pour l’instant
je ne suis encore arrivée à rien avec l’écriture automatique. Je soupçonne
que mon ego met des barrières, car je suis un écrivain professionnel. L’ego,
pour le dire autrement, veut la reconnaissance de ses propres productions.
Le fait de parler pour Seth ne me cause aucun problème à ce point de vue,

174
mais si j’avais eu pour habitude de dicter mes textes, alors peut-être y au-
rait-il eu aussi des barrières contre la transmission verbale automatique.
De telles communications soulèvent autant de questions qu’elles appor-
tent de réponses. Tant qu’il n’aura pas été procédé à de plus amples investi-
gations, nous ne pourrons arriver à aucune conclusion au sujet de leur ori-
gine. Ce que nous pouvons dire c’est que ces communications ne sont pas
conscientes. La majorité d’entre elles ne semble pas non plus provenir du
subconscient, à moins d’élargir le terme jusqu’à lui faire inclure plus qu’il ne
fait actuellement. Je parle là de données de la meilleure qualité, pas de ces
communications provenant de toute évidence du subconscient. Il est certain
que ces phénomènes semblent indiquer l’existence de personnalités ayant
survécu à la mort, ainsi qu’une réalité intérieure au cœur de la structure de
la matière vivante – une réalité qui continue d’exister indépendamment du
cadre corporel dans lequel elle s’exprimait auparavant.
Vous trouverez de l’aide dans la littérature sur l’ESP. On y trouve de
nombreux cas d’apparitions spontanées, qui ne peuvent être discutés ici
dans ce livre, qui tourne autour de nombreux autres aspects des phénomènes
psychiques. J’aimerais cependant vous recommander d’aller chercher de tels
ouvrages dans votre bibliothèque ; vous trouverez à la fin de ce livre une
liste de titres recommandés.
Demandez dans votre entourage si quelqu’un a déjà vu une apparition,
ou pensé en voir une. Plusieurs personne que je connais m’ont raconté avoir
fait cette expérience. Nous ne pouvons pas partir du principe que toutes les
« apparitions » proviennent d’une imagination surchauffée, ou de projections
du subconscient.
Si finalement nous acceptons que la personnalité, entière ou en partie,
survit à la mort – et je crois que c’est le cas – alors cette croyance sera con-
sidérée comme aussi futuriste que les fusées ou les soucoupes volantes. Pen-
dant des siècles on a ridiculisé l’idée d’aller sur la lune. Aujourd’hui, ces
rêves apparemment irréalisables sont devenus des réalités qui impactent
notre vie quotidienne, l’économie, l’éducation et la politique.
La connaissance contemporaine s’ouvre de nouveaux chemins d’explora-
tion. Nous ne pouvons plus nous permettre de cacher des parties entières de
l’expérience humaine dans le cabinet noir de la superstition et de l’igno-
rance, en faisant comme si elles n’existaient pas. Nous devons explorer de
façon pragmatique tous les aspects de l’existence, et examiner les théories,
anciennes et nouvelles, avec un esprit ouvert à toutes les hypothèses, à
l’imagination et à la raison.
On peut chercher des preuves de la réalité intérieure dans toutes les ex-
périences présentées dans ce livre. Ceux d’entre vous qui sont ouverts d’es-
prit sans être naïfs peuvent trouver dans les séances expérimentales une in-
téressante méthode d’investigation. Relisez ce qui est dit à ce sujet au cha-
pitre III. Pour une procédure simplifiée, vous pouvez vous contenter d’être

175
assis avec des amis, au calme. Le mieux pour ce que nous voulons faire est
un éclairage modéré, ni trop faible ni trop fort. Vous pouvez préférer la pé-
nombre, mais à mon avis ce genre de séances doivent être tenues dans une
atmosphère la plus naturelle possible. Dans une pièce trop éclairée vous
pourriez avoir des difficultés à ressentir votre guidance intérieure ; vous se-
rez plus confortables avec un éclairage modéré. Si une personne a besoin de
l’obscurité pour pratiquer ces expériences, il est fort possible que ce soit
elle, et non les entités, qui ait cette exigence.
Soyez détendu, ouvert et tranquille. Vous pouvez former un cercle avec
les autres participants, et même vous tenir la main si vous voulez. Nous n’en
savons tout simplement pas assez sur le sujet pour affirmer que le toucher
favorise ou non ce genre de contacts. Mais nos propres expériences ne sem-
blent pas aller vers cette conclusion. Puis, attendez tranquillement. Vous
pouvez demander à voix basse : « Y a-t-il quelqu’un ? »
Ces expériences exigent des participants une bonne dose de bon sens. La
discipline est essentielle. Une imagination débordante entraînera des résul-
tats non fiables. Cela ne fera qu’ajouter à la suspicion entourant générale-
ment ces séances. D’un autre côté, une certaine spontanéité est aussi abso-
lument nécessaire, ainsi qu’une sorte de permissivité contrôlée. Vos expé-
riences avec le Temps Psychologique vous familiariseront avec le degré de
concentration dont vous avez exactement besoin.
Rappelez-vous toujours l’importance de prendre des notes de toutes les
séances, surtout les séances expérimentales. Ceux d’entre vous qui ont un
magnétophone doivent à tout prix s’en servir. Examinez aussi les partici-
pants. Il doit s’agir de personnes de toute confiance, bien équilibrées, à l’es-
prit ouvert. Vous devez bien sûr vous sentir à l’aise avec elles. Il est possible
que vous constatiez que les séances sont plus faciles avec certaines qu’avec
d’autres. Nous pouvons affirmer d’expérience que les personnalités partici-
pantes jouent un rôle déterminant dans le succès ou l’échec des séances.
Personnellement, je suis convaincue que la personnalité humaine survit à
ce changement qu’on appelle la mort. Nous n’en avons peut-être pas la
preuve scientifique pour le moment, mais il n’y a aucune raison de supposer
que ce sera toujours le cas. Rappelons-nous que par le passé, cette preuve
était considérée comme inutile. Pour la religion, il s’agissait d’un article de
foi. Espérons que bientôt les communautés scientifiques admettront que ces
recherches sont légitimes. De la même manière que dans le champ de la
physique les découvertes font se rejoindre la matière et la non-matière, et
qu’en biologie elles construisent un pont entre la matière vivante et la ma-
tière inerte, il se peut fort bien qu’un jour par inadvertance nous tombions
sur de nouvelles connaissances qui nous ouvriront à d’autres possibles.
Les extraits suivants de la 24e séance avec Seth traitent du moi intérieur
et de sa relation à l’univers physique, et à la réalité non-physique.

176
Une certaine partie de l’individu a conscience des plus infimes parties du souffle.
Une certaine partie de l’individu sait immédiatement quelle infinitésimale quantité
d’oxygène pénètre dans les poumons, avec quels autres éléments. Le cerveau rationnel
ne le sait pas. Votre moi si important ne le sait pas.
En réalité, très chers, votre moi si important le sait. Vous ne connaissez pas votre
moi si important, et c’est là où est votre problème. Il est très élégant de considérer
l’homme, ou le moi de l’homme, comme le produit du cerveau, un morceau du sub-
conscient séparé de lui, accompagné de quelques accessoires hétéroclites pour faire
bonne mesure.
Une division aussi antinaturelle entraîne donc l’homme à avoir l’impression de ne
pas se connaître. Il dit : « Je respire, mais qui respire, puisque consciemment je ne
peux pas me dire à moi-même de respirer ou d’arrêter de respirer ? » Il dit : « Je rêve,
mais qui rêve ? Je ne peux pas me dire à moi-même de rêver ou de ne pas rêver. » Il se
coupe lui-même en deux, et puis il se demande pourquoi il est en deux morceaux.
L’homme n’a jamais accepté comme preuve que ce qu’il peut voir, sentir, toucher ou
entendre, et ce faisant il ne prend en considération que la moitié de lui-même ; et là
j’exagère. Il ne prend en considération qu’un tiers de lui-même, parce que les deux
autres tiers résident dans cette région qu’il refuse d’admettre...
Si l’homme ignore qui respire en lui, s’il ne sait pas qui rêve en lui, ce n’est pas
parce que quelqu’un agit dans le monde physique et que quelqu’un d’autre, complète-
ment séparé, respire et rêve. C’est parce qu’il a enterré la partie de lui-même qui res-
pire et qui rêve. Si ces fonctions lui semblent tellement automatiques qu’elles ont l’air
d’être accomplies par quelqu’un d’autre de complètement séparé de lui, c’est parce
que lui-même a veillé à cette séparation.
J’ai dit plus haut que souvent, la conscience devient le subconscient, et vice versa.
Ceci ne devrait pas vous surprendre. C’est un fait qui vous est familier par votre vie
quotidienne. Ce n’est pas un événement isolé qui arrive une fois dans la vie ; et pour-
tant, d’une façon générale, c’est un fait totalement ignoré. Pendant le sommeil, le
conscient devient le subconscient, et le subconscient, d’une façon très réelle, devient
conscient. Instinctivement chacun le sait, et pourtant, avec entêtement, chacun refuse
de l’admettre.
La partie de vous qui rêve est le moi, tout autant que la partie de vous qui agit de
toutes les autres manières. La partie de vous qui rêve est la partie de vous qui respire.
Et cette partie est certainement aussi légitime, et vous est encore plus nécessaire dans
votre entièreté, que la partie qui joue au bridge ou au scrabble. Il serait ridicule de sup-
poser qu’un domaine aussi vital que la respiration puisse être délégué à une espèce de
pauvre sous-personnalité subordonnée et presque totalement séparée de l’ensemble.
Tout comme la respiration est assurée d’une façon qui paraît automatique au men-
tal conscient, la fonction si importante de transformer la vitalité de l’univers en des
unités structurelles semble aussi s’effectuer automatiquement. Mais cette transforma-
tion est moins évidente à vos yeux ; il vous paraît donc qu’elle est assurée par
quelqu’un d’encore plus lointain et d’encore plus différent de vous que cette partie mé-
connue de vous-même qui respire...

177
Le fait est, tout simplement, que c’est vous-même qui formez ces structures de ca-
mouflage. 15 Vous formez le monde des apparences avec cette même partie de vous qui
respire. Vous n’admettez pas consciemment que celui qui respire soit une partie de
vous, pas plus que vous n’admettez que le créateur de l’univers physique de camou-
flage soit aussi une partie de vous.
Comme vous savez que vous respirez sans être conscient des mécanismes impli-
qués, vous êtes bien obligé, malgré vous, d’admettre que c’est vous qui respirez.
Quand vous traversez une pièce, vous êtes bien obligé d’admettre que c’est vous qui
marchez, même si vous n’avez pas la connaissance consciente d’être derrière les mou-
vements de vos muscles. Et pourtant, bien que vous réalisiez tout cela, vous n’y croyez
pas vraiment. Dans vos moments de tranquillité, quand vous baissez la garde, vous
continuez à vous demander : « Qui rêve ? »
Étant donné qu’il est à ce point difficile à l’homme de reconnaître la part de lui-
même qui fait bouger ses muscles et active sa respiration, je suppose qu’il n’est pas
étonnant qu’il ne puisse pas réaliser que c’est l’ensemble de son moi qui forme aussi le
monde de camouflage de la matière physique, presque de la même façon que lui forme
des dessins sur les vitres avec son souffle.
Quand je dis que vous créez vraiment les structures de camouflage de votre uni-
vers physique, en vous servant de votre vitalité interne, de la même façon que vous
formez des dessins sur les vitres, je ne veux pas exactement dire que vous êtes les
créateurs de l’univers.
Je dis simplement que vous créez le monde physique tel que vous le connaissez, et
ceci, chers amis, est une très longue histoire.
Je n’ai pas non plus toutes les réponses. Le fait n’en demeure pas moins que l’hu-
manité, maladroitement comme toujours, découvrira qu’elle crée elle-même son
propre univers physique, et que les mécanismes du corps physique ont bien plus de
fonctions et sont bien plus variés que ce qu’elle en connaît.

15
Le monde physique.

178
XV. – Recherches générales sur les perceptions
extrasensorielles – Médiums et contrôles – Conclusions
La parapsychologie est la branche de la psychologie qui s’occupe des re-
cherches de preuves en télépathie, clairvoyance et autres phénomènes de ce
genre, et de conduire des expérimentations dans le domaine des perceptions
extrasensorielles. Les parapsychologues insistent sur le fait que les percep-
tions extrasensorielles sont prouvées. Des hommes comme J. B. Rhine, ou
Willem Tenhaeff en Hollande, entre autres, ont passé leur vie entière à les
étudier, sous de strictes conditions de laboratoire. À part quelques excep-
tions notables, les psychologues affirment souvent avec force qu’elles n’ont
jamais été démontrées. Ceux d’entre vous qui ont lu Croiset the Clair-
voyant, de Jack Harrison Pollack, 16 auront du mal à croire qu’on puisse en
douter.
En réalité, Croiset a démontré un nombre incalculable de fois la télépa-
thie et la clairvoyance, sous des conditions scientifiques, et les expériences
de Rhine avec les cartes Zener apportent aussi leur lot de preuves. Le témoi-
gnage de ceux qui ont fait des sorties hors du corps ne peut être remis en
doute. Les apparitions existent réellement, qu’on l’accepte ou non. Les dif-
férentes sociétés psychiques en gardent dans leurs archives d’innombrables
cas documentés.
L’ESP est un fait prouvé. Nous connaissons son existence, et savons qu’il
fait partie du cadre à l’intérieur duquel nous fonctionnons en tant qu’êtres
humains. Nous ne savons pas comment il fonctionne, ni pourquoi ni quand,
mais nous disposons de quelques réponses partielles à ces questions. Souvent
la tentative même de tester les capacités d’un individu va les désactiver, du
moins temporairement. Réussir chez soi dans des conditions familières est
une chose ; réussir dans un laboratoire, avec la tension que cela implique,
en est une autre. La plupart du temps l’ESP est spontané. Tant que nous
n’en saurons pas plus sur ses caractéristiques, nous continuerons probable-
ment à avoir du mal avec l’expérimentation. Heureusement, certains mé-
diums sont assez doués pour mettre leurs capacités à la disposition de la re-

16
[En fr. Les yeux du miracle.]

179
cherche, et pour soumettre leurs talents à l’étude. Par son travail avec Croi-
set, le professeur Tenhaeff a fait grandir nos connaissances sur l’ESP, et sur
sa relation aux processus associatifs du mental.
Il ne fait pas de doute que l’ESP est plus étroitement lié à l’intuition et
au moi subjectif qu’à la partie logique du moi égotique. Selon une théorie,
ces capacités étaient beaucoup développées dans les temps préhistoriques,
avant les civilisations, et elles ont tendance à régresser avec l’évolution.
Mais il est possible aussi que nous les ayons tout simplement ignorées dans
notre plongée sans retour dans le matérialisme et la technologie.
Plus nous sommes pragmatiques et « objectifs », moins nous utilisons nos
capacités extrasensorielles. Ce qui, bien sûr, nous amène à certaines diffi-
cultés. Ceux qui étudient l’ESP d’une façon strictement pragmatique ont
souvent à son égard un préjugé défavorable. On accuse ceux qui ne sont pas
pragmatiques de manquer d’objectivité scientifique. L’expérimentateur
idéal serait quelqu’un à la fois intuitif, et formé à la méthode scientifique.
Étant donné que ces dispositions sont plus subconscientes que cons-
cientes, elles manifestent les caractéristiques de la personnalité dans ses
différents états subjectifs. Le symbolisme subconscient est souvent présent.
Ici encore, le Croiset de Pollack fournit d’excellents exemples de l’impor-
tance de l’association (une idée en amène une autre) et de la façon dont
elle peut construire une image clairvoyante. Mais des déformations sont pos-
sibles. Il est nécessaire d’étudier le langage du subconscient. Nous devons
apprendre à le déchiffrer de façon suffisamment précise.
D’une façon générale, tout ce qui concerne les médiums est un terrain
que les parapsychologues, tout comme les psychologues, préfèrent si pos-
sible oublier. Ils ne le peuvent malheureusement pas, car des preuves excel-
lentes d’ESP ont été reçues par des médiums. Les médiums mentaux sont ces
individus qui travaillent en priorité au niveau du mental plutôt qu’à celui des
effets physiques, démontrant par exemple des connaissances acquises par
clairvoyance au lieu de produire des apparitions ou de faire se déplacer des
objets physiques.
Ces médiums sont beaucoup plus faciles à étudier car ils n’exigent géné-
ralement pas de travailler dans l’obscurité ou la semi-obscurité. Nous ne sa-
vons tout simplement pas si l’obscurité facilite les vraies apparitions. Il est
certain que l’obscurité facilite la fraude. Personnellement je pense que la
lumière ennuie beaucoup plus les humains impliqués dans l’expérience que
les apparitions qui pourraient intervenir.
Les psychologues et les parapsychologues ont été tellement trompés par
de faux médiums dans le passé qu’aujourd’hui leur attitude est : vous êtes
coupable jusqu’à ce qu’on ait prouvé votre innocence. Alors que cette atti-
tude peut être bénéfique au point de vue scientifique, et aller dans le sens
d’une amélioration de la qualité de la preuve, elle est regrettable à d’autres
points de vue. Ceux qui sont particulièrement réceptifs, ou ont l’impression

180
de l’être, hésitent à aller plus loin, et on les comprend. Dans ces circons-
tances, tout échec implique non la conséquence normale de la nervosité,
mais la preuve de la malhonnêteté.
La plupart des médiums sont convaincus d’être sous le contrôle d’une
personnalité qui a survécu à la mort physique quand ils sont en transe. On
appelle cette personnalité un « contrôleur ». Ce genre de séances fournit
parfois des informations qui ne peuvent être connues d’aucune personne vi-
vante. Je parle ici de cas où l’on n’a jamais découvert aucune tromperie.
Étant donné qu’évidemment les investigateurs traquent la fraude avec plus
d’acharnement qu’aucun détective n’a jamais traqué un suspect d’assassi-
nat, cela signifie que le médium sous enquête est aussi pur que la neige
vierge.
On peut cependant expliquer de tels résultats sans avoir recours à la
théorie de la personnalité survivante. Il est possible que le médium ait re-
cours à ses propres facultés de clairvoyance. Il est possible aussi que la per-
sonnalité de contrôle soit simplement un aspect du subconscient que le mé-
dium utilise sans le savoir de façon à pouvoir utiliser ses capacités sans que
l’ego s’en mêle.
Cela éviterait au médium de trop se préoccuper de savoir si l’information
est vraie ou non, et le protégerait ainsi de distractions. Un échec ne serait
pas le sien, mais celui de la personnalité de contrôle. Quand les enquêteurs
guettent les « trucs » comme des chiens de chasse, cet outil subconscient
pourrait être très utile pour atténuer la pression psychologique. Il permet-
trait aussi aux éléments intuitifs du moi d’opérer indépendamment des li-
mites logiques imposées par le moi égotique. Avec certains individus, un tel
mécanisme psychologique est une nécessité.
Il est possible aussi que ces personnalités de contrôle soient exactement
ce qu’elles prétendent être. Même si aucune personnalité survivante n’est
jamais apparue au beau milieu du laboratoire d’un parapsychologue, de
nombreux cas bien documentés d’apparitions font de la théorie de la survie
personnelle une probabilité plus solide qu’il n’est généralement supposé.
Des cas documentés d’expérience « hors du corps » seraient aussi fort utiles,
car si l’on pouvait prouver au delà de toute discussion que la personnalité vi-
vante peut exister à deux endroits en même temps, on pourrait soutenir la
thèse de la survie. N’oublions pas que certains cas solides ont été répertoriés.
La transe médiumnique, indépendamment de ce qu’elle peut être à part
cela, ressemble beaucoup à la transe hypnotique ; du moins en apparence.
Durant nos séances je n’entre pas en transe profonde, qui pourtant est habi-
tuellement caractéristique des médiums. Nous verrons si ce sera le cas à
l’avenir. Il ne fait aucun doute que l’état de transe en lui-même est néces-
saire pour induire la concentration intérieure et bloquer les stimuli externes.
Nous venons de commencer, de notre propre initiative, à utiliser pour les
séances avec Seth une procédure de contrôle très simple, en espérant

181
qu’elle va nous permettre de voir ce que Seth a à nous dire, avec une cer-
taine cohérence, sur la clairvoyance. J’ai été plutôt nerveuse la première
fois, et j’ai pu constater à quel point une transe plus profonde m’aurait per-
mis de me sentir plus libre. Dans ma transe légère, je peux être consciente
de deux lignes de pensée en même temps : la mienne et celle de Seth, cette
dernière ayant la priorité. Sans réaliser ce que j’étais en train de faire lors
de notre première expérience, je suis passée de l’une à l’autre, en utilisant
les deux sources. La vérification a montré que la source de Seth était juste,
et que la mienne était fausse. Je ne fais aucun effort conscient, avant ou
pendant la séance, pour induire la transe ; je laisse les choses se faire natu-
rellement. La transe profonde n’est jamais apparue pendant les séances, et
nous avons laissé les choses en l’état. Et donc l’expérience m’a montré, en
une seule leçon, à faire la différence entre les communications de Seth et
mes propres pensées perturbatrices. Et cela n’a pas de prix.
Dans ces conditions, qu’elle permette à une personnalité survivante de
s’exprimer ou qu’elle soit simplement un outil psychologique pratique, la
transe est d’une très grande utilité. Il faudrait que des psychologues, des pa-
rapsychologues et des médiums reconnus unissent leurs forces dans un effort
sincère de découvrir ce qui se joue ici.
Les recherches en ESP en l’absence de médiums sont beaucoup plus fa-
ciles à évaluer. Croiset, par exemple, n’utilise aucune personnalité de con-
trôle, et la preuve scientifique de ses dons est claire. C’est la même chose
pour Peter Hurkos, qui démontre en ce moment ses dons dans notre pays. Si
les personnalités survivantes existent et communiquent réellement avec les
vivants, alors le contrôle du médium est légitime non seulement d’un point
de vue psychologique, mais aussi pour des raisons très pratiques. Autrement
le contrôle et la transe médiumnique elle-même seraient inutiles, tout en
étant importants psychologiquement. Certains individus aux dons psychiques
très développés, peuvent ne pas avoir besoin de cette personnalité « artifi-
cielle ». Pour d’autres elle sera une aide pour veiller à leur stabilité psycho-
logique.
Autant de questions auxquelles nous n’avons pas de réponses, et qui sont
vitales pour notre compréhension de l’ESP dans son ensemble. Les parapsy-
chologues et les psychologues ont une approche différente. Même si les
choses sont en train de changer, la parapsychologie n’est toujours pas consi-
dérée comme bien respectable par les autres communautés scientifiques.
Les psychologues freinent des quatre fers pour rester objectifs, avec pour ré-
sultat qu’ils refusent souvent des preuves tout à fait légitimes. Même si cer-
tains psychologues peuvent avoir l’esprit plus ouvert, la tendance générale
en psychologie semble demeurer celle de la méfiance envers l’ESP. Il a fallu
un dur travail à la psychologie pour prouver sa propre authenticité scienti-
fique, et ceci peut jouer un rôle dans sa rigidité actuelle dans ce domaine.

182
Cette situation pèse aux individus qui ont pris conscience de leurs capaci-
tés, car l’attitude des parapsychologues et des psychologues envers eux ré-
sulte en partie de la tension existant entre les deux groupes. La première ré-
action est : « Prouvez-le. Maintenant. » Répétons-le, le désir des parapsy-
chologues d’avoir des preuves est légitime. C’est pour eux le seul moyen de
se faire accepter.
Mon avis est que l’ESP a été prouvé à tous, sauf à ceux qui refusent d’ac-
cepter l’évidence. Ce qu’il faut maintenant c’est un esprit de coopération et
de confiance mutuelle entre les parapsychologues, les psychologues et ceux
qui jouissent de dons manifestes dans le domaine de l’ESP. L’attitude du :
« D’accord, faites voir » ne va pas dans ce sens. Dans ce domaine plus que
dans tous les autres, il faut tenir compte de l’élément humain. C’est par une
relation amicale entre ces groupes que des démonstrations excellentes et
objectives pourront le mieux être obtenues. Les prédispositions à l’ESP ne se
manifesteront pas correctement, au cas où elles se manifesteraient, dans un
climat de méfiance ou de suspicion.
La parapsychologie n’est évidemment pas une panacée. Il faut malgré
tout lui rendre hommage pour ce qu’elle permet l’étude de questions que les
chercheurs établis avaient toujours évitées. Espérons qu’elle conservera à
l’avenir cette curiosité et cet esprit d’aventure qui ont tellement marqué
ses débuts.
Ce champ d’étude évite aussi clairement la question de la réincarnation,
ce que l’on peut comprendre car le terrain est glissant. Pourtant de temps
en temps le sujet refait surface, comme avec les recherches d’Edgar Cayce.
Cayce était un guérisseur qui, en état de transe, pouvait prescrire les bons
traitements à ses patients, que ceux-ci soient venus physiquement le voir ou
qu’ils l’aient contacté par courrier. Même si cela est difficile à croire, il ne
fait aucun doute qu’il a souvent réussi là où les médecins avaient échoué.
Mais dans cet état de transe, il a également discuté de la réincarnation, en
insistant sur le fait que c’était un fait qui faisait partie de l’existence hu-
maine. Ses diagnostics ont été vérifiés. Cela suggère-t-il que les diagnos-
tiques de réincarnation soient aussi exacts ?
Nous en sommes arrivés aujourd’hui à considérer que la survie de la per-
sonnalité humaine est un sujet digne de la recherche scientifique – surtout
parce que les preuves s’accumulent que l’on ne peut expliquer par aucune
autre théorie ; mais la réincarnation reste en marge, comme un enfant
écarté qui n’arrête pas de revenir nous tourmenter. Seulement les travaux
de quelques hommes de valeur, dont le Dr Ian Stevenson, de l’université de
Virginie, commencent à jeter une certaine lumière sur le sujet.
Il demeure scientifiquement impossible de prouver qu’une personnalité
vivante fut vraiment une personne du 17e siècle, par exemple, même si l’in-
dividu peut manifester clairement une connaissance personnelle valable du
sujet dépassant les capacités normales. Supposons que John X ait reçu des

183
informations concernant un évêque Y, connu pour avoir vécu dans une cer-
taine ville dans les années 1700 – des informations dont l’exactitude stupéfie
les historiens. Théoriquement, d’autres théories que celle de la réincarna-
tion pourraient expliquer le cas. L’information pourrait avoir été récoltée
par le subconscient, par des moyens que nous ne connaissons pas. Elle aurait
pu être reçue par clairvoyance (comme quand Croiset a aidé des étudiants
pendant leur travail sur d’anciens manuscrits) ; ou par le moyen d’une com-
munication avec la personnalité concernée, comme par un médium. Avouons
que toutes ces explications sont aussi compliquées que la théorie de la réin-
carnation, mais il faut les prendre en compte. Des cas précis, en Inde, sem-
blent n’avoir aucune autre explication que celle de la réincarnation, mais ici
nous les ignorons à peu près totalement, peut-être parce que les explications
mentionnées plus haut sont possibles.
Les apparitions font définitivement partie du domaine de la parapsycho-
logie, qui étudie soigneusement chaque cas. Leur existence est prouvée, et
les sociétés psychiques tiennent des archives à leur sujet. Mais ce n’est pas
une preuve que la personnalité telle que nous la connaissons survive forcé-
ment à la mort. C’est la preuve que quelque chose de cette personnalité sur-
vit, et ce n’est pas pareil. Ces apparitions suggèrent la survie de la person-
nalité, c’est une évidence. Nous trouverons sans doute plus facile de les
nier, ce qui n’affectera en rien l’existence des faits. Ces apparitions sont
vraies, qu’elles gênent ou non nos théories, nos conceptions ou nos compré-
hensions, bonnes ou moins bonnes.
Le spiritisme a beaucoup contribué aux recherches sur l’ESP, surtout par
le passé. L’atmosphère de confiance et de ferveur de ces cercles a probable-
ment beaucoup aidé à développer les capacités de leurs membres. Hélas la
fraude existe dans les cercles psychiques, comme partout ailleurs. L’atmos-
phère des séances attire des personnes aussi bien intentionnées que pleines
d’illusions sur elles-mêmes, autant que des gens plus sérieux et sachant utili-
ser leur discernement pour accepter ou refuser ce qu’ils vivent.
Chaque ville de notre pays a ses médiums. Ils travaillent au sein de
cercles spirites, et pour eux-mêmes. Beaucoup sont honnêtes et ont de
bonnes intentions, mais peu de dons. Certains ont des capacités plus solides.
Ce qui fait terriblement défaut, ce sont des représentants d’instituts de pa-
rapsychologie bien entraînés aux techniques d’investigation, qui pourraient
étudier ces médiums, les encourager à observer leurs talents et à les déve-
lopper, éradiquer les supercheries et convaincre les médiums légitimes de
permettre l’étude de leurs dons.
C’est une démarche qui entraînerait inévitablement des frais, et les
moyens manquent. Les difficultés seraient nombreuses, émanant des mé-
diums eux-mêmes, des cercles spirites et des parapsychologues, qui ne sont
pas actuellement armés pour entreprendre une telle étude. Ce serait pour-

184
tant une grave erreur de partir du principe que tous les médiums autoprocla-
més sont des mystificateurs, pour la simple raison que personne ne s’est
penché sur leur cas.
Ce que nous aimerions, c’est isoler l’ESP, comme un biologiste isole un
virus, mais c’est impossible. Ce que nous voulons ce sont des expériences re-
productibles, mais la personnalité humaine est imprévisible. L’ESP semble
fonctionner à son maximum quand nous ne nous basons pas sur les moyens
physiques de communication, quand nous faisons abstraction des processus
de la pensée logique, quand nous cessons de nous concentrer sur la réalité
physique immédiate. Tout ceci ne facilite pas bien sûr les recherches sur ces
phénomènes. Je suis pourtant d’avis que jusqu’à une certaine mesure on
peut étudier l’ESP en passant par la personnalité humaine quand elle opère
dans le rêve et les états dissociés de conscience, quand elle est conduite de-
puis l’intérieur.
Je pense que la personnalité humaine, si elle survit à ce changement que
nous appelons la mort, doit démontrer en partie le même état de conscience
et le même comportement que la personnalité vivante quand elle est disso-
ciée de l’ego. Et comme le langage du subconscient fait aussi partie de la
structure de l’ESP, de telles recherches nous aideraient également à inter-
préter ce symbolisme interne.
Le fonctionnement de la personnalité dans ces conditions devrait nous en
apprendre beaucoup sur la façon dont les perceptions extrasensorielles sont
vécues et utilisées. Une étude consciencieuse des rêves prémonitoires serait
d’une valeur inestimable. Les rêves qui n’ont pas une nature intrinsèque
bien définie, mais qui sont plutôt un mélange de produits du subconscient,
pourraient nous en dire bien plus sur la façon dont la personnalité utilise ces
informations que le plus stupéfiant des rêves prémonitoires. Les psycho-
logues ont commencé à étudier l’état de rêve mais, à ma connaissance, sans
tenir compte de l’élément prémonitoire.
Les expériences présentées dans ce livre devraient avoir permis au lec-
teur de reconnaître et d’utiliser au moins certaines de ses capacités. Les
exercices de prédictions en particulier devraient être pratiqués par tous
ceux qui s’intéressent à l’ESP. La possibilité existe qu’ils puissent nous aider
à donner à la précognition une base solide. À ma connaissance, ces exercices
n’ont encore jamais été communiqués. Les expériences avec le Temps Psy-
chologique proviennent de suggestions données par Seth, mais des variantes
en ont déjà été données ailleurs.
Le caractère prémonitoire de certains rêves ne fait aucun doute. Les ex-
périences les concernant présentées ici ont déjà été pratiquées par d’autres
chercheurs, en particulier J. W. Dunne. L’acceptation généralisée de ces ex-
périences, sur un plan collectif, apporterait d’énormes avantages, non seule-
ment en familiarisant le public avec les rêves prémonitoires par expérience
directe, mais aussi en assurant à ces rêves une reconnaissance solide. Robert

185
et moi avons quelques raisons de croire que vous pouvez vous faciliter l’ac-
cès à ces rêves en vous suggestionnant en ce sens juste avant de vous endor-
mir. Nous venons juste de commencer à travailler le sujet, et nous n’avons
donc pas encore assez de données qui nous permettraient une conclusion
quelconque.
Nombre d’entre vous allez sans doute découvrir que vous avez les dispo-
sitions nécessaires pour manipuler le Ouija avec succès, ou l’écriture auto-
matique, ou la transmission vocale, même si cette dernière est moins cou-
rante. Toutes ces méthodes ne sont pas en elles-mêmes des preuves de
l’ESP, mais elles servent à atteindre le subconscient. À l’occasion elles peu-
vent aussi servir de tremplins vers la reconnaissance et l’usage de dons légi-
times en ESP. Évaluer honnêtement les données que vous recevez de cette
manière vous permettra de vous faire une bonne idée de la source où vous
allez puiser : votre propre subconscient, ou d’autres forces au delà des fron-
tières reconnues du moi personnel.
Il existe de bonnes raisons de supposer que l’hypnose puisse aider l’indi-
vidu à utiliser ses propres perceptions extrasensorielles, en lui permettant
de faire passer le centre de son attention de l’environnement physique au
monde intérieur. Il est important de mentionner cependant que l’hypnose et
les suggestions peuvent provoquer des hallucinations. Un sujet hypnotisé
peut être persuadé que la table a fait un bond de trois mètres, et sera prêt à
le jurer. Ce qui ne veut évidemment pas dire que la table a bougé. Dans un
tel cas, l’hallucination a simplement été induite chez le sujet par l’hypnose.
La suggestion peut jouer un rôle dans certaines séances médiumniques où
l’on voit des objets physiques traverser la pièce d’une façon invraisem-
blable. Mais cela ne veut pas dire non plus que tous ces effets proviennent
de la suggestion. Ceux d’entre vous qui s’intéressent à l’hypnose devraient
lire certains des excellents livres qui traitent des principes de l’hypnose
scientifique moderne.
L’autohypnose permet de se familiariser avec l’état de transe, d’at-
teindre cette dissociation de la conscience où les capacités pour l’ESP se ma-
nifestent souvent d’elles-mêmes. L’état de transe est tout sauf surnaturel.
Je peux certifier sans craindre aucune contradiction que chaque lecteur de
ce livre s’est retrouvé en état de transe, sans même le savoir, très souvent
dans sa vie.
Mais ceux d’entre vous que l’idée d’autohypnose met mal à l’aise n’ont
pas besoin de l’essayer bien sûr. Je vous ai donné d’autres moyens d’ac-
croître la concentration et de la tourner vers l’intérieur. Ce que nous cher-
chons à faire pour ces expériences spécifiques, c’est détacher temporaire-
ment la personnalité de l’emprise de l’ego. Le nom que nous donnons à l’état
de conscience atteint, ou à la méthode employée, n’a aucune importance.
L’hypnose augmente la concentration en fermant l’entrée des distrac-
tions physiques. Elle n’est pas le sommeil, même s’il est vrai que l’on peut

186
faire certaines comparaisons générales entre les deux états de conscience. Si
un hypnotiseur, par ses inductions, suggère au sujet qu’il est fatigué et va se
coucher, le sujet va le faire. Mais sans de telles suggestions, le sujet ne se
sentira pas plus fatigué que quelques minutes plus tôt, à moins – et c’est un
point important – qu’il soit déjà convaincu que la transe hypnotique soit ana-
logue au sommeil.
On peut utiliser l’hypnose pour induire un état de conscience similaire au
sommeil ; ceci ne veut pas dire que l’hypnose en tant que telle induise for-
cément cet état. On peut l’utiliser de façon très efficace pour renforcer la
conscience de veille et diriger l’attention, pour aider un étudiant par
exemple à préparer un examen difficile. On peut aussi s’en servir pour aider
une personne à consolider sa confiance en elle, et lui permettre ainsi d’utili-
ser toutes ses capacités. On peut l’utiliser de la façon montrée dans ce livre
– pour court-circuiter les préoccupations de l’ego, de sorte que l’ESP puisse
se manifester plus facilement.
Je commence à peine à faire usage de mes propres capacités. Rappelons-
nous que je n’avais aucune expérience de l’ESP avant de commencer les ex-
périences présentées dans ce livre. Mon mari est arrivé également à les pra-
tiquer avec succès. Le travail avec les prédictions a été particulièrement in-
téressant. Nous sommes en train de mettre en place d’autres expériences,
dont je ne parlerai pas ici car nous n’y avons pas encore consacré suffisam-
ment de temps.
Existe-t-il un corps astral, par exemple ? Beaucoup croient que nous
avons un corps interne subtil, fait d’une substance qui se situe entre la ma-
tière et la non-matière. D’autres pensent que ce corps astral est de nature
électromagnétique. Au début cette idée me paraissait plutôt farfelue. Mais
d’après certaines de mes expériences, on peut légitiment parler de voyages
astraux, ou dans le corps astral. Il faudra de plus amples expériences pour
obtenir des réponses.
Pour ce qui est des séances avec Seth, elles se poursuivent. Quand vous
lirez ce livre, plus de 200 auront été tenues. La voix de Seth se manifeste à
des fréquences de plus en plus fortes. Ce volume sonore soulève d’impor-
tantes questions. Ou bien Seth est vraiment ce qu’il prétend être, et il con-
trôle suffisamment l’énergie pour pousser mes cordes vocales au delà de
leurs limites normales, ou bien le subconscient a des capacités étonnantes
pour manipuler l’organisme physique, allant bien au delà de tout ce qu’on
peut imaginer.
J’ai personnellement parlé pendant quatre heures pour Seth d’une voix
profonde et masculine, littéralement tonitruante, sur des sujets complexes
et variés, d’une façon aussi claire que concise. Nous avons envoyé la bande
d’une de ces séances à un psychologue connu, à sa demande. À cause du vo-
lume sonore que peut atteindre la voix, nous tenons rarement ces séances
chez nous, mais chez des amis à la campagne.

187
Seth prétend être une « energy-personality essence 17 », fonctionnant dé-
sormais en dehors du système physique. Nous ne savons tout simplement pas
ce qu’il est, ni qui il est. Un psychologue nous a dit, de façon non officielle,
que Seth ne présentait pas les caractéristiques habituelles d’une personna-
lité secondaire. Les différents effets physiques et les nombreuses manifesta-
tions de clairvoyance manifestés lors des séances ne fournissent aucune
piste.
Malgré ma réticence envers les manifestations physiques, il se peut
qu’elles prennent de l’importance à l’avenir. Si Seth apparaît un jour dans
tout son éclat, si je peux dire, au milieu du salon – et si je le vois – alors je
serai plus disposée à admettre qu’il est bien ce qu’il affirme être. Robert a
vu plusieurs fois des changements manifestes se produire sur mon visage
pendant les séances. Avec un témoin il a observé, en pleine lumière,
d’étranges matérialisations se produire devant mon visage le même soir où le
témoin a vu l’apparition. Je n’ai pas vu cette apparition cependant. Comme
les autres matérialisations ont été rares et ont impliqué ma propre personne,
je ne les ai pas observées personnellement.
Certains indices donnent à penser que ce n’est pas la suggestion qui est à
la source de ces effets, puisque surtout ils peuvent se produire en pleine lu-
mière. Seth a dit récemment que l’on pouvait photographier la modification
des traits du visage, et nous nous réservons de le faire lors de prochaines
séances. La voix ne peut être considérée comme une hallucination. Les enre-
gistrements en sont la preuve. L’ensemble ne semble pas relever du subcons-
cient, à moins d’accepter de revoir totalement notre définition de celui-ci,
en lui attribuant des capacités et une puissance de loin supérieures à ce que
nous pensions jusqu’à présent.
Seth lui-même a récemment discuté de ces sujets avec le psychologue
dont je viens de parler, dans une des conversations les plus bizarres aux-
quelles il m’ait été donné de participer. Dans le cabinet du psychologue,
Seth, Robert, le psychologue et moi avons tenu une longue conversation au
cours de laquelle j’étais successivement moi-même et Seth, avec une telle
rapidité que tout le monde était stupéfait.
En résumé, quelle que soit la nature de Seth, son enseignement ne cesse
de nous intriguer par la hauteur de son contenu intellectuel, de ses intuitions
psychologiques, et de ses théories scientifiques. L’enseignement touche à
l’étude de la personnalité humaine selon les différents états de conscience :
la veille, le rêve et la transe ; il discute, entre autres, de la nature de la ma-
tière physique, de la théorie de l’expansion de l’univers et de la nature du
temps. Il suggère toutes sortes d’expériences. Nous n’avons pas affaire ici à
des généralités fumeuses, enveloppées d’un langage pseudo-scientifique ou

17
[Voir note 3.]

188
mystique, qu’il serait facile de démonter. Quand Seth affirme que la matière
physique est formée par le subconscient, il explique ensuite en détails com-
ment cela se produit, pour finir par des démonstrations tout à fait convain-
cantes. Il assure aussi que les mathématiciens peuvent arriver aux mêmes
conclusions en partant de leurs bases propres.
Étant donné que la plupart de nos théories les plus concrètes ont émergé
de nulle part – de sources subconscientes ou intuitives – il faudrait accorder
aux idées présentes dans le Livre de Seth beaucoup de considération, indé-
pendamment ou en raison de ce que leur origine représente pour vous. Les
données présentent la théorie la plus logique et la plus acceptable de toutes
celles que nous connaissons, offrant de l’univers un modèle cohérent et ori-
ginal qui peut être accepté hors de toute appartenance religieuse ; elle fait
le pont entre la science, la psychologie et la parapsychologie. Elle propose
des expériences de laboratoire qui pourraient prouver l’hypothèse présentée
et analyse en profondeur la nature de l’ESP en général.
Hélas les parapsychologues sont bombardés de manuscrits ou simplement
ridicules, ou surchargés émotionnellement, ou vaguement spirites, voire obs-
cènes, la plupart produits par écriture automatique, parfois par transmission
orale. On comprend leur réticence à accepter ce genre d’écrits. Seulement
tout ce qui est récolté de cette manière ne se ressemble pas, et un examen
sérieux des manuscrits les plus intéressants pourrait se montrer utile et pro-
ductif.
Un résultat malheureux de cette insistance mise sur la méthode scienti-
fique a été le manque de théories intelligentes pour expliquer des faits pré-
cis et observables. Il en faut pourtant une, non seulement pour expliquer ces
faits, mais pour construire un cadre acceptable pour de futures recherches
et expériences. Les théories font totalement partie de la méthode scienti-
fique – ce qu’on oublie trop souvent. Les scientifiques n’arrêtent pas de tes-
ter des théories, les éliminant au fur et à mesure que des expériences les in-
valident et en formant de nouvelles pour expliquer les faits constatés. Une
théorie n’est pas obligatoirement une vérité. C’est une explication de travail
qui correspond aux faits étudiés. De ce point de vue, la contribution de l’en-
seignement de Seth est d’excellente qualité.
Vous qui lisez ce livre, vous allez découvrir par vous-même, par les expé-
riences présentées, que vous avez des capacités que vous avez toujours igno-
rées, que les perceptions extrasensorielles n’ont rien d’artificiel, d’occulte
ou de surnaturel. La personnalité humaine est tout simplement d’une réalité
et d’une conscience bien plus grandes que nous le supposions. Si les appari-
tions sont prouvées scientifiquement – et certains excellents parapsycho-
logues insistent sur le fait qu’elles le sont – alors il faut les accepter comme
entièrement « naturelles », et existant au sein d’une nature que nous ne fai-
sons que commencer à explorer.

189
Depuis le début des expériences présentées dans ce livre, mon mari et
moi avons vécu des choses qui ne peuvent s’expliquer autrement qu’en ac-
ceptant le fait que la personnalité humaine est, à un certain degré, indépen-
dante de la matière, de l’espace et du temps physiques ; et nous sommes
envieux de ces lecteurs qui démarrent en ce moment de telles explorations.
Nous nous souvenons avec émerveillement de notre propre initiation à ces
réalités, et anticipons avec confiance notre future évolution.
Depuis qu’un psychologue nous a suggéré de faire nos propres vérifica-
tions au sujet de Seth, nous avons commencé une série informelle de tests
dans le but d’évaluer ses facultés de clairvoyance et de télépathie, entre
autres. Ce dont j’ai déjà parlé. Nous venons juste de commencer, mais les
résultats sont déjà encourageants. Seth a identifié avec succès le contenu
d’une enveloppe scellée qu’on avait posée sur mes genoux pendant une
séance. Je ne savais même pas qu’un test avait été prévu. J’avais les yeux
fermés. La pièce était bien éclairée. J’ai à peine touché l’enveloppe. Nous
prévoyons aussi de faire des tests avec des objets cachés.
Ces résultats ont beaucoup contribué à me faire gagner en confiance
lorsque je suis en condition d’observation. Nous ne savons pas encore si ces
facultés sont celles de Seth ou les miennes. De toute façon ce n’est que le
début, mais nous espérons que ces expériences vont me permettre de mieux
me relaxer et de faire face calmement à un examen officiel au cas où celui-
ci aurait lieu.
Robert et moi avons commencé d’autres essais en l’absence de Seth, por-
tant entre autres sur la télépathie et la clairvoyance, chacun de nous étant
alternativement expérimentateur et sujet. Il est assez difficile, et cela
prend beaucoup de temps, de mettre en place des procédures scientifiques
dans l’environnement de la vie quotidienne, mais nous faisons de notre
mieux pour nous prémunir contre toutes les « triches » du subconscient.
Nous aurons recours si besoin à des observateurs de confiance.
Seth lui-même a proposé des idées de futures investigations, que nous
avons aussi commencé à mettre en pratique. Il affirme que, avec une sugges-
tion correcte, on peut arriver soi-même à avoir des rêves prémonitoires. Il
nous a donné aussi d’étranges concepts sur une thérapie par les rêves, et
nous avons l’intention de les étudier par le moyen d’expériences qu’il nous a
suggérées.
À la fin de ce livre se trouve une liste de lecture. Ces ouvrages vous don-
neront une assise solide dans le champ de l’ESP, en vous permettant d’ac-
croître vos connaissances et votre intuition. C’est à vous de découvrir ce qui
a été fait dans ce domaine, quelles preuves ont été obtenues, quels progrès
ont été faits et quels sont ceux qui sont encore nécessaires. Toutes ces fa-
cultés sont les vôtres. Et donc ces investigations vous concernent, de la fa-
çon la plus personnelle.

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En attendant, commencez vos propres recherches. Avez-vous la faculté
de voir l’avenir ? Ma réponse est oui. Mais ne me prenez pas au mot. Faites
vos propres expériences. Trouvez votre réponse. Communiquez-vous par té-
lépathie avec vos amis et votre famille ? Ce n’est que votre propre vécu et
les notes que vous aurez prises qui vous donneront l’exacte réponse. Le défi
et les récompenses sont les vôtres.
Notre prochaine frontière est l’espace intérieur. Le champ des possibles
n’a jamais été aussi immense. Jamais la personnalité humaine individuelle
n’a eu une telle occasion de développer ses propres facultés, et de contri-
buer aux connaissances sur sa race. Il y a des dangers – comme avec toute
entreprise de ce genre. Il y a des revers. Mais le projet en vaut plus que la
peine. Car ce que nous sommes n’est contenu qu’en partie dans la matière
physique. Loin de la superstition et de l’ignorance, et pour la première fois
dans notre histoire, prenons contact avec les parties subtiles de notre être.
L’homme inconnu reste à paraître, en pleine connaissance de son potentiel.
Et c’est par l’usage de ce potentiel que nous obtiendrons la vraie sagesse.
Lors de notre dernière séance, nous avons demandé à Seth quelques mots
de fin pour conclure ce livre. Les voici.
Extraits de la séance n° 180 – 23 août 1965
La personnalité humaine n’a d’autres limites que celles qu’elle accepte. Son déve-
loppement et sa croissance n’ont aucune limite si elle n’en accepte aucune. Le moi n’a
pas de frontières, à l’exception de celles qu’il crée et maintient arbitrairement. Il
n’existe aucun voile que la perception humaine ne puisse traverser, sauf le voile de
l’ignorance, que garde fermé l’ego matérialiste.
Ce qui semble vide, comme votre espace, n’est vide que pour ceux qui ne perçoi-
vent pas, qui sont aveugles parce qu’ils ont peur de percevoir ce que l’ego ne peut pas
comprendre. Mais l’ego est aussi capable d’une plus grande connaissance, d’agrandir
son potentiel et son champ d’action. Il habite l’univers physique, mais il peut aussi
percevoir et apprécier d’autres réalités. L’ego fait partie de la personnalité, et à ce titre,
il peut supporter des réalités plus robustes, plus substantielles, plus vives.
Les intuitions curieuses, le moi inquisiteur, peuvent comme les vents d’été parcou-
rir de petits et de vastes espaces, peuvent connaître des réalités plus minuscules que
des pointes d’aiguille et plus gigantesques que des galaxies. On peut considérer la
puissance et les capacités de la personnalité humaine, de la façon la plus concrète,
comme illimitées.

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