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Cours N°1
INTEGRATION NEURO-SEOSORIELLE

Introduction :
En tant qu’êtres humains, notre compréhension de la vie est enracinée dans nos
expériences sensorielles. Des expériences vécues grâce à notre interaction avec
l’environnement et notre exploration de celui -ci.
Nos sens constituent une voie de communication entre notre cerveau et le milieu dans lequel
nous évoluons, ce sont bien eux
les premiers soubassements, les prémices de ce qu’il adviendra de nos facultés
intellectuelles et de nos performances analytiques.
Piaget fut l’un des premiers à considérer que l’intégration d’un enfant à son environnement
était un facteur important pour son développement. Il utilise le terme sensori -moteur pour
décrire une période du développement entre la naissance et 18-24 mois. Cette période est
caractérisée par le fait que les matériaux qui alimentent l’activité psychique sont de nature
sensorielle et motrice et sont objets de connaissance.
Cette capacité de traitement des signaux sensori-moteurs ne disparait pas après cette
période. En effet, les conduites sensori-motrices sont toujours présentes dans le
comportement humain, leur place et leur importance varient suivant la tâche dans laquelle le
sujet est engagé.
Piaget précise que l’enfant s’accommode et s’adapte à son milieu et l’assimile. Cette
combinaison de don et de réception produit des réponses adaptées, satisfaisante s, elle
favorise l’acquisition d’apprentissages.
Si Piaget, dans sa présentation de l’enfant a relié le développement moteur à
l’environnement dans lequel se meut l’enfant, Ayres, une ergothérapeute Américaine a, elle
établit une corrélation entre le traitement des informations sensorielles et le développement
de l’enfant et de ses capacités. Elle a appelé cela : l’intégration sensorielle.
Depuis, des recherches dans le domaine sensoriel ont permis d’élargir le champ de
compréhension de ce qu’est l’intégration sensorielle.

Définition :
Ayres défini l’intégration sensorielle en ces termes : « Un processus neurologique qui
organise les sensations reçues du corps et de l’environnement et qui permet d’utiliser
le corps de manière efficace dans cet environnement ».
La théorie de l’intégration sensorielle est utilisée pour :

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 Expliquer le comportement particulier (maladroit) de certains enfants.


 Planifier, administrer une intervention pour réduire des difficultés particulières.
 Prévoir comment changer le comportement après l’intervention.

Hypothèses :
Ayres détermine pour sa théorie les hypothèses suivantes :
Hypothèse1 : La plasticité du système nerveux central :
La plasticité est la capacité du cerveau à remodeler les branchements entre ses neurones.
Ayres a toujours souligné la plasticité structurale et fonctionnelle du cerveau chez l’enfant.
Elle fixe l’âge critique du développement de l’intégration sensorielle entre 03 et 07 ans. Plus
tard, d’autres auteurs étendent cet âge à l’enfant plus âgé, l’adolescent, voire même
la personne adulte (puisque la thérapie par l’intégration sensorielle fut appliquée chez
des patients adultes).

Hypothèse 2 : L’intégration sensorielle se développe :


Les comportements acquis à chaque période de développement constituent une trame au
développement plus complexe. Ainsi, lorsqu’il existe un dysfonctionnement dans l’intégration
sensorielle, le développement du processing se trouve altéré. Des stimulations
Fournies par la remédiation peuvent relancer le processing sensoriel.
Hypothèse3 : Les fonctions du cerveau sont un tout intégré :
Ayres, ainsi que d’autres auteurs de son époque énoncent que les fonctions
intégrativesd’un niveau supérieur sont dépendantes de l’intégrité des structures de niveaux
inférieur et sont basées sur les expériences sensorimotrices.
Cette hypothèse trouve aujourd’hui sa justification dans les avancées scientifiques. En effet,
de récentes études parlent de percées spectaculaires accomplies dans l’analyse des
mécanismes de communication intra et intercellulaire et de plasticité neuronale pouvant
amener à une réorganisation des cartes sensorielle et motrices au niveau cortical.
Hypothèse 4 : Les interactions adaptatives sont cruciales pour l’intégration
sensorielle :
L’interaction adaptative est cette situation d’échange (don et réception) durant
laquelle l’individu apprend quelque chose de nouveau de son environnement.
Cette interaction adaptative améliore l’intégration sensorielle, qui, à son tour, améliore la
réaction d’adaptation

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Hypothèse5 : L’individu a une motivation (inner drive) pour développer l’intégration


sensorielle par la participation à des activités sensorimotrices :
La motivation est démontrée, selon Ayres, par l’excitation, l’assurance et l’effort que l’enfant
apporte dans l’activité.
Anita C Bundy rapporte que Ayres a relié ce désir interne à l’autocommandement et
à l’autoréalisation (self direction& self actualisation). Elle précise que les enfants présentant
des dysfonctionnements dans l’intégration sensorielle étaient souvent très peu motivés
à être des participants actifs.

Les postulats principaux de la théorie émise par Ayres sont au nombre de


trois :
1- L'apprentissage dépend de la capacité d’intégrer et de traiter les sensations du
mouvement et de l'environnement et de les employer pour planifier et organiser le
comportement.
2- Les individus qui ont une capacité diminuée à traiter les informations sensorielles,
peuvent avoir une difficulté à produire des actions appropriées, qui, alternativement,
peuvent interférer dans l’apprentissage et le comportement.
3- une bonne sensation, qui induit une réponse adaptative, lors d'une activité significative,
améliore la capacité de traiter les informations sensorielles, et renforce de ce fait
l’apprentissage et le comportement adéquat.
Ayres a focalisé ses recherches sur le rôle du développement moteur et de la perception sur
l’apprentissage. Elle s’est intéressée aux rapports entre les déficits de l’interprétation
de l’information sensorielle sur le corps et l’environnement, et les déficits sur le plan
académique chez des enfants présentant des troubles d’apprentissage ou une maladresse.
En effet, « Avant d’apprendre à lire, écrire et calculer, nous devons donner une signification à
ce que nous voyons et entendons, nous devons être capables de planifier nos mouvements et
d’organiser notre comportement. Cette capacité dépend de l’efficacité avec laquelle notre
système nerveux organise les messages que nos sens lui transmettent » (Jean Ayres).
Ainsi, les sens constituent la base du développement et de l’apprentissage. (Fi g.1)

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2-Rappel sur les systèmes sensoriels :


Le système tactile :
« Le toucher est notre plus intime, notre plus puissante forme de communication ».
Sur le plan de la hiérarchie développementale, le système tactile est primordial de la
naissance jusqu'à deux ou trois mois d’âge développemental. Il va sans dire que ce système
demeure toutefois important tout au long de notre vie.
Les récepteurs se situent au niveau de la peau et sont plus nombreux sur le bout des doigts,
la paume de la main, les orteils et la plante des pieds. Ils sont activés par des stimuli, tels que
le toucher, la pression, la douleur, la température.
C'est d’ailleurs en grande partie par le toucher que le nourrisson développe un attachement,
un sentiment de bien-être et de sécurité, et établit un lien de confiance avec la
personne significative. Ce lien sera le fondement indispensable à toute relation ultérieure.
L’expérience consciente du toucher survient comme un premier éveil, une expérience des

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limites. L'organe du toucher offre à notre corps une conscience concrète de notre présence
physique comme étant différente et séparée du reste de notre environnement.

Le système vestibulaire :
La neurophysiologie nous apprend que le système vestibulaire est la maitre des systèmes
sensoriels car il remplit le rôle d’organisateur et d’intégrateur de différentes modalités
sensorielles.
Il gagne sans cesse en importance en période de verticalité, soit à partir d'environ huit mois
Jusqu’à la fin de notre vie.
L’appareil vestibulaire est présent à 10, 12 semaines de la vie intra-utérine. Mais
l’apprentissage et la maitrise de l’équilibre e mouvement ne se développent pleinement
qu’après une longue expérience. La maturité de ce système n’est atteinte qu’à l’âge de dix
ans.
Les récepteurs sont entre autres situés dans l'oreille interne, plus précisément dans les
canaux semi-circulaires, l’utricule, le saccule et les ampoules membraneuses.

Le système proprioceptif :
Le système proprioceptif est lié à la période développementale de quatre à huit ou
neuf mois. Il se développe après le système tactile.
Les récepteurs proprioceptifs sont situés à l'intérieur et au pourtour des articulations, dans
les ligaments et les muscles.
Ce système est sensible aux mouvements d’une partie du corps ou du corps tout entier, aux
positions des segments corporels, aux vibrations ainsi qu’à la position du corps dans
l’espace.
Pour Ayres, « la proprioception inclut la vision, le toucher, et l’input vestibulaire ». Et sans la
proprioception, les mouvements du corps seraient plus lents, moins précis, et
demanderaient d’avantage d’efforts.

Le système visuel :
A la naissance, le système visuel est immature. Cependant, le bébé a déjà les capacités de
distinguer par exemple les contrastes noir/blanc et les mouvements.

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Ceci s'explique par le fait que certains mécanismes, tels la détection de l'orientation
des contrastes lumineux et l’organisation binoculaire, sont précâblés et que les structures
sont déjà présentes et fonctionnelles à la naissance, bien qu’elles doivent encore se
perfectionner et être instrumentées. Ces dispositions innées permettent un
développement précoce du système visuel et les progrès (amélioration de l’acuité
visuelle, de l'accommodation, du contrôle de l’activité oculomotrice) sont importants dans
les premiers mois de la vie.

Le système auditif :
Ce système permet l’audition. Cette dernière est considérée par la société comme étant au
service de la vision.
L'orientation du regard dans la direction d’un son, dès la naissance, est un réflexe inné. Chez
le nouveau-né, cette orientation réflexe du regard sur stimulation sonore, est observée plus
fréquemment lorsque les sons se situent dans les aigus. Il est à noter que, spontanément les
voix des personnes se penchant sur un berceau sont plus aiguës et plus accentuées
qu’habituellement. Le bébé situe mieux les sons aigus que les sons graves. Cette réponse
disparaît vers 2-3 mois puisque la maturation du cortex vient progressivement inhiber
ce réflexe.
A 6 mois, le contrôle cortical est possible (bien que la maturation ne soit pas
achevée) et la réponse d’orientation de l’enfant à un stimulus sonore est rapide et
systématique.
La perception auditive a une fonction d’alerte sur laquelle , vient se greffer la perception
visuelle. L’exploration visuelle fait suite à une alarme auditive, puisque cette dernière,
indique la présence d’un objet ou d’un événement, à un emplacement donné, et permet une
orientation de l’attention visuelle, dans la direction de la source sonore. La perception
auditive de l’espace est d’une importance capitale, pour l’adaptation de l’individu à son
milieu.

Le système gustatif :
Les hommes sont omnivores depuis l’origine. Pour faire la différence entre de nouvelles
sources de nourritures et des toxines potentielles, il fallait un système aussi performent que
celui de la détection du goût. Certaines préférences dans le goût sont innées : ainsi la
préférence du sucré, satisfait par le lait de la mère. Les substances amères sont de la même
manière instinctivement rejetées, et en fait, de nombreux poisons sont détectés par
leur gout amer. L’organisme, lui-même, a aussi la faculté de percevoir un déficit de
certains aliments. Par exemple, privé du sel qui lui est tout à fait indispensable,
l’organisme peut éprouver un désir accru d’aliments salés.

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Système olfactif :
L’olfaction apporte des informations plaisantes, mais aussi de désagréables. En se combinant

au goût, elle permet de reconnaître les aliments, et accroît le plaisir de les déguster. Mais
elle avertit aussi que des substances sont potentiellement dangereuses.
Comme l’écrit Geiger (1987, p. 13), l’odorat a quelques particularités :
 Dans les grands espaces, le] vent [...] transporte les odeurs [...]
 Une odeur persistante n’est plus perçue après quelques minutes, l’information
s’émousse.
 La mémoire olfactive est étroitement liée au vécu émotionnel.
 La capacité de distinguer différentes odeurs s’épuise facilement. Ce qui est le
plus apparent lorsqu’une personne tente d’identifier plusieurs parfums à la suite.
 Elle est vulnérable par le fait qu’un simple rhume empêche un sujet de recevoir des
informations complètes.

3-Dysfonctionnement de l’intégration sensorielle :


En se basant sur la théorie de l’intégration sensorielle telle qu’émise par Ayres, voici les
différentes manifestations d’un désordre du processus sensoriel :

A-Troubles de modulation sensorielle :


Il existe un trouble de modulation lorsqu’un individu répond trop, pas assez ou de manière
variable à un apport sensoriel, et que sa réaction est hors de proportion.
Le terme « hypersensible » ou « hyposensible » (selon le cas) servira alors à qualifier l’état
de l’individu. Entre ces deux états, il peut exister des réponses plus au moins variées.
En effet, la sensibilité du système nerveux central peut varier, car il est influencé par

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plusieurs éléments (stress, anxiété, colère, douleur, maturation neurologique, confiance et


autres). Le même enfant pourra donc présenter différents profils selon le contexte : milieu
Physique, gens, demandes, anticipation.

Hypersensibilité Hyposensibilité

 Très sensible à la lumière.  Recherche des jouets avec des lumières


clignotantes.
 Est facilement distrait par ce qu’il
voit.
 Evite le contact visuel.
 Se couvre souvent les yeux.
 Sursaute facilement.

B-Défenses sensorielles :
C’est une tendance à réagir négativement ou défensivement face à des stimuli normalement
considérés sans danger.

Hypersensibilité Hyposensibilité

 N’aime pas les activités telles que la  Autostimulation : l’enfant a un besoin


balançoire, la glissade, le tournoiement. constant de mobilité en vue de
fonctionner, il peut avoir des difficultés à
 Peur et inconfort quand il est bercé.
rester immobile.
 Peur et inconfort quand il a la tête
 Recherche les jeux à sensations fortes, à
baissée (lavage des cheveux).
moyens et à mouvements rapides.
 Bouge lentement, peut être sédentaire,
 Ne ressent pas de vertiges même après
hésite à prendre des risques.
des mouvements rotatoires rapides et
longs.
 Maintient un faible contact visuel.

Les manifestations types observées selon que l’enfant est hyposensible ou hypersensible, au
niveau des différents systèmes sensoriels sont présentées ci-dessous en quelques exemples.
Système visuel :

Système vestibulaire :

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Hypersensibilité Hyposensibilité

 Réagir négativement et avec émotion  L’enfant recherche des stimulations telles


à une sensation tactile légère, montrer que les câlins, les caresses, les contacts
de l’anxiété, de l’hostilité ou même de corporels, touche partout avec ses mains.
l’agressivité. Il peut se retirer d’un
 Fait mal aux autres ou aux animaux sans
toucher léger, se gratter ou se frotter la
réaliser qu’il provoque une douleur.
partie touchée.
 Ne s’aperçoit pas qu’il laisse tomber des
 Rejeter le câlin qui est normalement
choses.
ressenti comme source de plaisir et de
calmant.  Montre très peu de réactions à la douleur
provoquée par une griffure ou une
contusion.

Hypersensibilité Hyposensibilité

 se tient les oreilles quand il y a beaucoup  Produit tout le temps des bruits
de bruits
 N’entend pas, alors que son ouïe est intacte
 se laisse facilement distraire par des bruits
 Réaction lente à des stimuli auditifs
 préfère le calme

Système tactile :

Système auditif :

Système olfactif :
Hypersensibilité Hyposensibilité

 Ne supporte pas certaines odeurs,  Flaire objets, personnes,


 Difficile sur nourriture parties du corps
 (nausées)

Système gustatif :

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Hypersensibilité Hyposensibilité

 Recrache  Objets en bouche, lèche ,bavage


 Refus de nourriture  Recherche certains goûts spéciaux (acide, salé,
sucré)

C Les praxies :
Pour pouvoir réaliser un geste, nous devons gérer la coordination de plusieurs facteurs
:
notre posture, la modulation de la contraction et de la décontraction des muscles concernés,

le contrôle de la directionalité, de l'amplitude, de la force ...


Le développement de l’enfant est une construction : le bébé a trois espaces distincts qu’il
doit unifier pour construire son espace de préhension. Cela se réalise par des passages actifs
d’une position asymétrique droite à asymétrique gauche. La construction de l’espace de
préhension est nécessaire pour construire la latéralité et pour développer des praxies
qui peuvent se définir comme des « combinaisons organisées de mouvements en fonction
d’un but avec une programmation globale du geste dans ses aspects temporels et spatiaux.
La gestion de la coordination de tous ces aspects temporels et spatiaux est normalement
automatisée, chaque geste appris (après avoir expérimenté) fait l'objet d'une inscription
cérébrale : engrammation sorte de « carte toute prête » qu'il suffit d'activer (en évoquant le
geste à faire) pour que l'ensemble des composantes du geste soit réalisé de façon
coordonnée, automatique et harmonieuse.
La praxie, terme issu du grec praxis signifiant « action », est définie comme étant un
mouvement coordonné normalement vers un but suggéré. Autrement dit, il s’agit de la
coordination de l’activité gestuelle, résultat d’une activité des centres nerveux supérieurs
dépendant de l’action qui s’exerce sur le corps ou sur le monde environnant et les objets qui
lui appartiennent. C’est donc la fait d’acquérir une gestion automatisée d’un type de geste
après en avoir fait l’apprentissage, (ex : apprentissage de la cuillère chez l’enfant, apprendre
la conduite automobile), une habileté à produire une réponse adaptée aux demandes
de l’environnement.
Les praxies fournissent le mécanisme pour l’organisation de la performance motrice, en
même temps qu’elles constituent aussi les bases nécessaires, à la résolution de problèmes et

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l’organisation de performances pour des séquences plus grandes.


L’ergothérapeute identifie les problèmes de praxies comme un mécanisme sous-jacent des
performances motrices de l’individu.
Ayres, a lancé les bases pour la compréhension des praxies, dans leur relation avec la
performance motrice. Ainsi, elle décrit cette dernière comme nécessitant une idéation
et une organisation d’un plan d’action pour l’exécution de l’acte moteur.
Les praxies comportent quatre étapes : l’idéation, la planification motrice, la coordination

motrice et exécution et le feed-back.

Les profils sensoriels :


Dunn détermine quatre quadrants au processing sensoriel :

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o L’enregistrement faible qui est une combinaison de seuils neurologiques haut et


d’une réponse passive (lente).
o La recherche de sensation est une combinaison de seuil neurologique élevés et d’une
réponse active (rapide).
o La sensibilité au sens est une combinaison de seuils neurologiques bas avec une
réponse passive.
o La fuite ou l’évitement de sensations est le résultat d’un seuil neurologique bas et

d’une réponse active.

Modèle théorique basé sur le lien entre le comportement et le seuil neurologique

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5- Evaluation des troubles de l’intégration sensorielle :


Ayres a développé une batterie de test pour évaluer les troubles du processing sensoriel, elle
la dénomma « sensory Intergation and Praxis Test » (SIPT).
Actuellement, et avec l’apparition du concept des profils sensoriels, les ergothérapeutes ont
élaboré des tests sous forme de questionnaires adressés aux parents d’ enfants. Le test du
profil sensoriel, établi par W.Dunn en fait parti, et est le plus utilisé, surtout dans le cas des
enfants autistes.
Le test du profil sensoriel est un questionnaire de 125 items qui décrit les réponses
aux événements sensoriels de la vie courante. Il a été établi par W.Dunn (1999).
De ce test, découle un questionnaire abrégé (short sensory profile), constitué de 38
questions, le plus utilisé actuellement, du fait de sa facilité d’application surtout dans

certaines pathologies, où il n’est pas facile d’appliquer un test tel que le SIPT, comme est le
cas dans certaines formes d’autismes.
Cet outil d’évaluation adressé aux parents, mesure le degré des problèmes que
démontrent les enfants dans :
a) Le processing sensoriel.
b) La modulation.
c) La réponse comportementale.
Le profil sensoriel fournit des informations sur les contributions possibles du
processing
sensoriels dans le modèle de performances individuel, comme il fournit des informations
sur la réponse de l’enfant aux stimuli et identifie les systèmes sensoriels qui créent une
barrière à la performance fonctionnelle.
Selon la fréquence à laquelle l’enfant s’engage dans un comportement (toujours, souvent,
quelques fois, rarement, jamais), Dunn utilise le système de score suivant :

Toujours 1
Souvent 2
Quelquefois 3

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Rarement 4
Jamais 5

Ce système de score donne la classification suivante :

6- La thérapie par l’intégration sensorielle :


La différence entre l’enfant, qui se développe normalement et l’enfant souffrant d’un
mauvais processing de l’intégration sensorielle est que ce dernier, s’offre moins d’occasions
d’expériences, mettant en jeu son corps et ses sens, pour développer ses habiletés et
ses capacités à contrôler son corps, adapter ses réactions puis à apprendre. L’intégration
sensorielle et le développement des compétences sont liés à l’interaction avec
l’environnement.
« L’enfant avec un déficit de l’intégration sensorielle ne peut pas s’adapter efficacement,
doucement, et avec satisfaction à un environnement normal. Parce que son cerveau n'a pas
développé les procédés pour intégrer les sensations de cet environnement, Il a besoin d'un
environnement fortement spécialisé sur mesure pour son système nerveux. Si

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l'environnement est installé convenablement, l'enfant pourra intégrer des sensations qu'il n'a
jamais pu intégrer avant. Donné l'occasion de faire ainsi, le cerveau s'organisera de lui
même ». (J. Ayres)
Dans la mise au point de la thérapie de l’intégration sensorielle, Ayres avait défini des
principes de base toujours en vigueur et une liste d’activités, aujourd’hui largement étendue
par ses élèves et autres professionnels.

Principes du traitement :
 Offrir un milieu enrichi de stimulations.
 Dans une situation de jeu, le rôle de l’enfant est toujours actif, c’est-à-dire
 que la tâche est exécutée par lui.
 Les inputs sensoriels sont planifiés et contrôlés selon les besoins de l’enfant.
 Suivre la hiérarchie du développement ou l’âge chronologique de l’enfant.
 Susciter des réponses adaptatives par l’organisation de l’input sensoriel.
 Faciliter l’interaction et l’interdépendance des systèmes sensoriels, les modes
polysensoriels de l’excitation et de l’inhibition.
 L’enfant dirige le traitement.
 Si l’enfant recherche une excitation, il faut qu’il le fasse de façon active : bien être,
plaisir, envie de recommencer. Pour cela lui donner un but.
 Analyser et inciter la spirale : input, output, feed-back-input, etc., et l’élaboration
centrale de ces mécanismes.
 Le thérapeute doit trouver ce dont l’enfant a besoin :
 De quel influx
 Dans quelle mesure
 A quel rythme
 A quel moment
 Le thérapeute doit être très flexible : dans la planification du traitement et
 pendant le jeu, pour rendre le jeu plus ou moins difficile, afin que l’enfant soit toujours
stimulé correctement.
 L’art du traitement est d’avoir un équilibre entre excitation et inhibition.
 Les objectifs de la thérapie sont :
 Promouvoir l’élaboration centrale du système vestibulaire, proprioceptif et
tactile et diminuer les extrêmes de l’hypo et l’hyperréactivité, en vue de
permettre à l’enfant un ajustement comportemental.
 Intégrer les schèmes-reflexes posturaux primitifs et soutenir la maturation
 des schèmes posturaux et des schèmes oculomoteurs.
 Développer l’équilibre et les schèmes rotatoires en vue de développer les
 ajustements posturaux.
 Développer la praxie : l’idéation et la planification motrice.
 Promouvoir la coordination des deux hémicorps.
 Favoriser la perception visuelle des formes, la perception de l’espace et la
 coordination oculo-manuelle.

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 Promouvoir le développement du langage au travers d’activités manipulatoires et


orales.
Ayres avait insisté sur l’importance d’offrir un environnement enrichi afin de perme ttre
à l’enfant d’organiser son propre cerveau. Aujourd’hui, des recherches approfondies dans le
domaine sensoriel permettent de justifier pleinement ce principe de traitement émis
par elle. En effet, des études faites sur les conséquences neuronales d’un environnement
enrichi (Praag, HV, Kempermann 2000) ont menées aux constatations suivantes :

 L’environnement enrichi augmente la mémoire spatiale et l’exercice augmente


l’apprentissage de l’espace.
 Le milieu enrichi augmente la vie cellulaire et l’exercice augmente la multiplication
cellulaire.
 L’apprentissage des habiletés motrices par l’exercice peut conduire à un
épaississement de la corticale et à la genèse des liaisons synaptiques.
Ayres avait introduit trois engins inhabituels dans une salle d’ergothérapie, lesquels
ont constitués le premier matériel utilisé dans la thérapie de l’intégration senso rielle.
Ce matériel a la vertu d’apporter de riches stimulations surtout vestibulaires, ce sens
étant l’intégrateur sensoriel le plus puissant de nos sens , mais aussi parce que ce
matériel engendre des stimulations proprioceptives et tactiles (via les textures des
matériaux).
La balançoire : au début, un pneu fixé à la verticale, à une seule corde de suspension.
Une planche à roulette sur laquelle devait se mettre à plat ventre l’enfant muni d’un
casque de protection de tête et qui devait dévaler une pente (glissade) peu abrupte
pour finir sur l’horizontal du parquet emporté par l’inertie.
Un rondin bien capitonné d’un diamètre suffisant et fixé au plafond par deus filins
chacun à une extrémité. L’enfant chevauchait ce rondin en se tenant à un filin ou s’y
mettait à plat ventre dessus, membres inferieurs et supérieurs autour du rondin, il doit
garder l’équilibre pendant le balancement.

Quelques exemples d’activités :


Système vestibulaire :

 Rouler
 Se balancer
 Balançoire
 Fauteuil à bascule
 Danser
 Jouer en sautant avec une corde

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 Ramer en chantant et en se balançant en avant, en arrière et sur les cotés.


Système proprioceptif :

 Pousser, tirer et porter des objets lourds.


 Sauter sur un trampoline.
 Jeux d’applaudissements.
 Marche sur les mains (brouette).
 Ramper.
 Chambre magique, activité isométrique (pousser les murs avec les parties du
corps).
 Déplacement de meubles.

Système tactile :

 Patte de terre.
 Argile.
 Farine et eau (patte à pain).
 Boite fourre tout pour la reconnaissance de l’objet sans l’aide de la vue.
 Simulation de nage.
 Ramper en chenille.
 Se mettre dans un fût et rouler.
 Dessin à la main sur sable, farine…etc.
 Rouler sur l’herbe.
 Se frotter les différentes parties de son corps avec différentes textures (velours,
 éponge, fourrure).

Quelques recommandations :
 Travailler par la motivation, on n’impose pas quelque chose à l’enfant.
 Changer de positions.
 Changer d’action ou de personnes avec qui l’enfant ne se lasse pas, il doit toujours
être participant.
 Se mettre derrière l’enfant pour accompagner son geste.
 L’intension doit venir de lui (ne pas parler, ne pas le distraire).
 Dissociation des parties distales du corps, ainsi l’enfant s’en sert pour aller plus
loin.
 Travailler plusieurs sens au même temps, insister sur le vestibulaire, mouvements
vers l’avant, le côté, sensation de soutien. (Sensibilité profonde, au niveau du
membre supérieur).
 L’enfant ne doit plus copier sur un autre, il doit trouver son initiative personnelle.
 Les parents doivent être là, ou les frères et sœurs, les intégrer le mieux possible
mais tout en évitant qu’ils parlent.

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 Pas de récompenses, l’enfant se la lui donne lui-même, c’est l’envie de


recommencer à la maison, de nouveau. Le plaisir tiré de l’activité l’encourage à
recommencer, c’est-à-dire de rechercher à nouveau le plaisir.
 En cas de traitement passif (enfant polyhandicapé), toujours vérifier que l’enfant
est consentant.

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