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Cours N°02
APPROCHE EDUCATIVE :
TEACCH
(Traitement et éducation d’enfants atteints d’autisme et de
troubles apparentés de la communication)

Historique :
Aux Etats-Unis, après la seconde guerre mondiale, les autorités de santé mentale ont privilégié
une approche psychanalytique pour le traitement des personnes atteintes d’autisme. Les
enfants atteints d’autisme étaient retirés à leurs parents et placés dans un cadre
institutionnel.

Devant l’absence de preuve scientifique de la psychogenèse de l’autisme, ainsi que l’absence


de résultats suite à l’utilisation de traitements psychanalytiques, Eric Schopler développa,
dans le cadre de l’université de Caroline du Nord, le programme TEACCH, « Treatment and
Education of Autistic and other Communication-handicapped CHildren

La Division TEACCH propose un accompagnement de la personne autiste tout au long de sa


vie. Pour les enfants, un programme d'intervention éducative précoce est mis en place. Pour
les adultes, selon leurs capacités, cela va d'une assistance à l'autonomie en milieu ordinaire,
avec des prestations de "job coaching" au travail, jusqu'à la résidence en milieu protégé semi-
ouvert.

Le programme TEACCH d’intervention précoce pour les enfants :

Schopler et ses collaborateurs ont réalisé que les capacités d’apprentissage des enfants
atteints d’autisme étaient plus élevées dans le cadre d’un enseignement structuré, alors qu’au
contraire ils tendaient à régresser et à se désorganiser dans un environnement non structuré.
Dans le programme TEACCH, l’évaluation diagnostique (PEP, Psycho-Educational Profile) est
convertie en un programme d’enseignement structuré écrit, adapté à chaque enfant. Lorsque
l’enfant atteint l’âge scolaire, le programme est adapté à l’enseignement à l’école, et les
enseignants sont inclus dans la collaboration entre les professionnels et les parents.

Structure du temps, de l’espace et des interactions sociales.

 La structuration du temps consiste par exemple à établir un emploi du temps visuel


de la journée/semaine, afin que la personne soit avertie de ce qui va se passer dans un
avenir immédiat ou plus éloigné.
 La structuration de l’espace consiste par exemple à établir des endroits adaptés aux
actions de la vie (coin-repas, coin-travail, coin-repos). Elle permet également à la

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personne de repérer où telle ou telle action peut ou ne peut pas se faire (se déshabiller,
manger, etc…).
 La structuration des interactions sociales consiste par exemple à utiliser la même
façon de faire chaque fois qu’on s’adresse à la personne ou qu’on requiert son
attention.

 La structure permet de réduire l’anxiété, en rendant l’environnement de la personne


prévisible. La personne se trouve ainsi dans un environnement favorable aux
apprentissages. Une fois la compétence acquise, on va s’attacher à généraliser son
utilisation dans différentes situations de la vie courante, grâce notamment à la
collaboration active entre parents et professionnels.

Les principes de base du TEACCH :


 Le travail éducatif est individualisé et repose sur une évaluation précise du niveau de
développement de l'enfant, de ses compétences et de ses particularités.
 L'enseignement proposé aux personnes autistes est structuré.
 L'approche est positive et vise la valorisation des potentialités mais avec l'acceptation
des déficits. Les points forts et les capacités en émergence sont les premiers centres
d'intérêt car ils permettent de renforcer plus facilement l'enfant mis en situation de
réussite.
 Organisation de l’environnement : La prévisibilité, mise en place d’emploi du temps
pour visualiser et prévoir les événements, anticiper les changements.
Il s'agit de donner à l’enfant un maximum d'occasions d'être à l'extérieur, dans la
communauté, de lui apprendre à apprécier les activités sociales et à se comporter de façon
adaptée.

 Les moyens utilisés sont ceux de l'éducation structurée :


 La mise en place d'un moyen de communication accessible à cette personne,
 La mise en place de repères dans le temps et dans l'espace, en fonction des besoins
spécifiques de chaque personne,
 La visualisation de la durée et de l'avancement dans une activité,
 La claire visualisation de son début et de sa fin,
 La visualisation des différentes étapes d'une tâche complexe,
 Une organisation claire et personnalisée du matériel,
 Un va et vient entre la situation d'apprentissage très structurée et pauvre en
stimulations et la situation “naturelle”,

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 Une réévaluation et restructuration continues pour permettre l'apprentissage dans


des conditions optimales et encourageantes.

1. L’imitation : L’imitation est un élément fondamental de l’apprentissage. Il faut que l’enfant


comprenne le principe de l’imitation. On travaille toutes les modalités : imitation vocale,
motrice, etc...
2. La perception : On cherche à pallier le déficit de traitement des sensations, essentiellement
en ce qui concerne la vue et l’ouïe, qui sont les voies privilégiées pour les apprentissages de
type scolaires.
3. La motricité générale : C’est souvent le domaine le plus performant chez les personnes
atteintes d’autisme. On remarque des atteintes au niveau de la motricité générale due à
l’absence de théorie de l’esprit (problèmes d’attitudes motrices).
4. La motricité fine : elle est essentielle pour pouvoir écrire, utiliser le PECS, etc... Elle concerne
tout ce qui relève de la manipulation d’un objet avec une ou deux mains.
5. La coordination œil-main : consiste à regarder ce que l’on fait et ainsi contrôler son
mouvement.
6. Les performances cognitives : il s’agit de deux domaines distincts qui sont les compétences
cognitives (sériation, tri, classement,...) et le langage réceptif (compréhension de la
communication, des consignes simples,...). Les compétences cognitives sont extrêmement
importantes pour la relation de la personne avec son environnement.
7. Compétences verbales : tout ce qui touche au langage expressif. Chez les personnes non-
verbales, il s’agit des pictogrammes, de la langue des signes simplifiée, etc...
8. L’autonomie : il s’agit des compétences nécessaires pour vivre de façon autonome dans un
environnement naturel (alimentation, propreté, hygiène, habillement, déplacements,...). On
fera acquérir à l’enfant des compétences en rapport avec son âge.
9. Les aptitudes de sociabilité : elles concernent les compétences qu’il faut avoir pour
s’intégrer dans un groupe, les connaissances qu’il faut avoir pour se fondre dans un groupe,
avoir des comportements socialement acceptables.
10. La gestion du comportement : on parle ici de comportements automutilatoires, agressifs,
destructeurs, persévérants (stéréotypies) et déficitaires (inhibition, impulsivité,...). On
distingue selon la fréquence et la sévérité du comportement, s’il ne nuit pas à l’apprentissage,
sa gestion sera un objectif secondaire. Par contre, s’il nuit à l’apprentissage, sa gestion
deviendra un objectif prioritaire.

Les outils :
Les créateurs du programme TEACCH ont mis au point une échelle diagnostique appelée
C.A.R.S. (The Childhood Autism Rating Scale). Comportant 15 items, basés sur l’observation de
l’enfant, elle peut être utilisée par tout professionnel formé à son utilisation.

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Mais un diagnostic d’autisme n’est pas suffisant pour proposer un programme d’intervention
individualisé.
Le PEP-R (Psycho-Educational Profile-Revised), en révélant le profil des compétences acquises
et en émergence dans plusieurs domaines, permet la conception d’un programme spécifique
à l’enfant. Le PEP-R a été étendu à la population adolescente et adulte, avec le AAPEP
(Adolescent and Adult Psychoeducational Profile).
Durant toute la vie de la personne, l’équipe qui le suit se concentre sur ses compétences
émergentes, afin de travailler sur celles-ci pour les développer. Ces méthodes d’évaluation
ont mis fin à l’idée faussement établie que les personnes atteintes d’autisme sont «
intestables à cause de leur maladie émotionnelle » et a ouvert la porte à des évaluations
diagnostiques plus objectives et une intervention plus pertinente fondée sur des données
empiriques.

Comment se déroule une prise en charge TEACCH ?

Il faut être organisé :

 Le livre d'activités pour enfant autiste de Schopler


 Une pièce calme où on peut fermer la porte et éventuellement la verrouiller (pour que
l'enfant ne puisse pas fuir quand il le souhaite)
 Une table (basse ou non) avec deux chaises (basses ou non)
 Les objets et jouets nécessaires pour appliquer chacun des exercices : la base est un saladier
en plastique, deux gobelets en plastiques, deux cuillères deux jouets qui couinent et deux
hochets

Les premiers objectifs sont :

•STABILISER L'ENFANT PHYSIQUEMENT

•LE RASSURER

•GAGNER SA CONFIANCE

•L'HABITUER A VOTRE PRESENCE

Le thérapeute doit avoir une attitude ferme mais rassurante

Quand l'enfant vous satisfait, rien que le fait d'accepter de s'asseoir par exemple, on félicite
et on félicite tout le temps il faut ENCOURAGER l'enfant dans ses faits et gestes !

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Les exercices doivent être progressifs, tout abord on présente les objet par exemple un verre
en plastique, l'enfant doit le voire, savoir à quoi cela sert comment cela s'appelle et à quoi il
va vous servir dans l'exercice, vous allez le guider physiquement pour taper avec la cuillère sur
le verre, l'objectif c'est pas qu'il fasse l'exercice du premier coup , c'est que vous l'aidiez à tenir
la cuillère et vous dirigez sa main lui montrer comment faire et cela peut durer un mois juste
pour qu'il arrive à tenir cette cuillère mais c'est pas grave.

Quand il réussit :
Déjà qu'est-ce qu'on doit considérer comme une réussite ?

 Il a accepté de s'asseoir sans pleurer, sans se débattre sans vous frapper sans hurler :
CELA EST UNE REUSSITE !
 Vous devez lui tenir la main pour faire une activité, il s'est laissé tenir la main : CELA
EST UNE REUSSITE !
 Il se rappelle de l'activité mais le fait pas bien : CELA EST UNE REUSSITE !
 Au fur et à mesure de ses efforts il faut encourager l'enfant et plus il s'approche de
l'objectif de l'activité plus la récompense est élevé
 Au début vous pouvez stimuler avec de l'affection et des mots (Bravo tu es une
champion!), super, tu es un gentil garçon, excellent, faire super avec le pouce et aider
l’enfant à faire le geste en le guidant avec votre main.
 Encouragez sans cesse l’enfant.
 Vous pouvez aussi encourager en donnant des « renforçateurs » : bonbons, gâteau,
jus, avec de très petite quantités et juste quand l’enfant a réussi l’exercice nouveau,
ainsi il comprendra que s’il veut sa récompense, il doit réussir, ensuite, vous diminuez
progressivement de ses récompenses pour ne garder que les renforçateurs sociaux
cités plus haut.

On peut faire de même mais avec la télé, à la fin des activités vous lui mettais son dessin animé
préféré ou bien vous lui donnez un jouet qu’il affectionnait beaucoup pour la récompenser

Vous pouvez utiliser avec des enfants qui ont une bonne compréhension, un système d'autocollants
(hassanatou) ou de tampons, quand il réussit il a le droit à plus d'autocollants etc....

Quand il ne réussit pas :

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Lui dire sans crier : non ce n’est pas comme cela ensuite on va aider l’enfant selon sa difficulté et on
va finir l’activité avec quelque chose qu’il sait faire :

Ne jamais crier, jamais frapper, guider le geste de l’enfant pour qu’il termine l’activité.

Ne jamais finir la séance par un échec

L’enfant doit sentir que malgré tout le thérapeute est satisfait de lui

Quand il pique une crise :Vous pouvez dire par exemple : non ce n’est pas bien ! (de te mordre, de
tout casser….) et vous montrez sur votre visage que vous n’êtes pas satisfait, si il recommence, vous
pouvez vous levais et lui tournais le dos pendant 30 secondes pas plus, Ou bien vous pouvez faire
une « extinction » : c’est le fait de ne donner aucun conséquence au comportement négative :
exemple, s’il crie, je ne le prend pas dans mes bras, car cela risque de renforcer ses cries..

Les exercices TEACCH sont répertoriés dans un livre, allant de 0 à 6ans, (ce n’est pas l’âge de l’enfant,
mais l’âge auquel l’enfant devrait faire ses exercices) ; donc quand on commence une prise en charge
TEACCH nous devons commencer par l’âge 0-1 ans, puis si l’enfant fait des progrès on passe aux
autres exercices.

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