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D’une vie à l’autre : des scientifiques explorent le phénomène des expériences de mort imminente, Paris,
Dervy, 1999.
Tous les témoignages en anglais et en allemand cités dans cet ouvrage ont été traduits par
l’auteure.
© Éditions Exergue, 2017
ISBN : 978-2-70291-805-0
Tous droits de reproduction, traduction ou adaptation réservés pour tous pays.
www.editions-tredaniel.com
info@guytredaniel.fr
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Pour mon père qui, tout en étant parti, n’est jamais très loin.
Préface
de Stéphane Allix
Le témoignage de Claudie
« J’ai trouvé ça beau, apaisant, jamais effrayant. Tout cela est peut-
être le fruit de mon imagination ou l’expression d’un au-delà
véritable, d’une réelle communication, est-ce si important de le
savoir ? »
Différents types de contacts avec les défunts ont été identifiés qui
peuvent être perçus par quatre organes sensoriels : l’ouïe, le toucher,
l’odorat et la vision (le sens du goût n’est pas concerné). Les endeuillés
peuvent expérimenter, peu après le décès ou sur une période plus longue,
différents types d’expériences perçues comme étant initiées par le même
défunt, ou un même type de contact peut se répéter. Très souvent,
plusieurs organes sensoriels sont impliqués simultanément, par exemple,
nous pouvons entendre un proche décédé nous dire qu’il va bien et que
nous ne devons pas nous inquiéter pour lui, tout en sentant son eau de
toilette préférée. Certains types de VSCD sont rapportés plus souvent que
d’autres. Les contacts pendant le sommeil ou l’impression de ressentir la
présence du proche décédé sont très courants, tandis que la perception
du défunt muni d’un corps qui paraît solide est un phénomène
beaucoup plus rare et marquant, d’autant plus quand un dialogue
télépathique accompagne l’apparition. Selon le type de contact
expérimenté, l’intensité de l’expérience ainsi que son impact sur le
récepteur varient.
Un VSCD est toujours lié à un décès, récent ou plus ancien. La
majorité des expériences surviennent dans l’année qui suit le décès, avec
une forte concentration dans les premières 24 heures et jusqu’à 7 jours
après le trépas. D’autres contacts se produisent à une fréquence
décroissante de deux à cinq ans après le décès. Les contacts qui ont lieu
entre cinq et plus de trente, voire quarante ans après le décès sont
beaucoup plus rares et se produisent souvent en situation de crise.
Ces VSCD « de protection » servent à avertir les récepteurs d’un danger
imminent, potentiellement fatal, et leur permettent d’éviter un accident,
une noyade, une agression, de secourir un jeune enfant en péril, etc.
Dans les pages à venir, je présenterai les différents types de VSCD,
illustrés par des témoignages de première main. En effet, lorsque j’ai
publié un article intitulé « VSCD : hallucination ou dernière
communication5 ? » dans Inexploré – le magazine de l’INREES – en 2013,
nous avons lancé un appel à témoignages qui sont arrivés nombreux et
dans lesquels je puiserai tout au long de ce livre. Dans la majorité des cas,
j’ai choisi de retranscrire les témoignages dans leur intégralité afin de
permettre au lecteur d’entrer dans l’univers du témoin, le temps d’une
expérience qui était importante pour lui.
Vous allez découvrir des témoignages pluriels, chacun avec sa tonalité
et sa couleur propres, mais tous avec le même message sous-jacent : le
lien avec nos proches décédés semble perdurer au-delà de la mort.
Que toutes les personnes qui nous ont fait confiance en nous envoyant
leurs témoignages soient ici chaleureusement remerciées !
Une enquête menée par les Américains Bill et Judy Guggenheim6 a
permis de classifier les VSCD. Dans les années 1980, ils ont conduit des
entretiens avec 2 000 Américains et Canadiens et analysé les 3 300 récits
de VSCD récoltés. 353 témoignages ont été sélectionnés et publiés dans
leur best-seller Hello from Heaven7, paru en français en 2011 sous le titre
Des Nouvelles de l’Au-delà8.
La présentation à suivre des différents types de VSCD est basée sur la
classification Guggenheim, légèrement adaptée par mes soins.
Les VSCD de « ressenti d’une présence », décrits par Claudie dans le
chapitre précédent, sont très courants. Le récepteur sent la présence
familière du proche décédé, mais il ne peut ni le voir, ni le sentir, ni
l’entendre. La présence semble avoir une certaine densité, presque
physique bien qu’invisible, et le récepteur sait exactement à quel endroit
le défunt se tient dans l’espace. L’identité et la personnalité du défunt
émanent nettement de cette présence et permettent une identification
immédiate. Ce ressenti est très différent de l’expérience bien connue des
endeuillés de « sentir le défunt toujours à ses côtés » ou de « le porter
constamment dans son cœur ». C’est une perception inattendue et brève
(quelques secondes, quelques minutes au plus) qui a nettement un début
et une fin. Un sentiment d’amour et de sollicitude semble émaner de
cette présence, et l’expérience est ressentie comme réconfortante, voire
joyeuse. Une baisse de la température ambiante ou un courant d’air
accompagnent parfois ces perceptions. Ce type de VSCD est souvent
combiné avec un VSCD auditif.
Laissons la parole à nos témoins…
Brigitte F. est infirmière et cadre de santé en oncologie. Elle dit avoir
déjà vécu sur son lieu de travail des sensations étranges après le décès
d’un patient, mais le VSCD qu’elle décrit concerne sa belle-mère.
« Ma belle-mère est décédée il y a plus de trois ans. Avant d’être en
maison de retraite et d’être prostrée, voire dépressive et dépendante,
c’était une femme de tête, autoritaire et qui avait des dons de
voyance. Son fils, mon conjoint, me disait qu’enfant il avait vu
passer à leur domicile beaucoup de personnes qui venaient la
consulter.
J’avais malgré tout de bonnes relations avec elle, et elle me parlait
parfois discrètement de ce don avant d’être en maison de retraite. Je
m’entendais bien avec ma belle-mère, mais je n’étais pas sa
confidente, et il y avait parfois un peu de distance entre nous […].
Je l’ai accompagnée jusqu’au bout en lui disant qu’il fallait qu’elle
parte. Sa vie était devenue un enfer en soins palliatifs […].
Et puis, sans que je me l’explique, j’ai ressenti fortement sa
présence l’année qui a suivi son décès. Et cela, régulièrement. Je ne la
voyais pas, mais je savais que c’était elle. Je me suis surprise à lui
demander de l’aide et parfois aussi à lui demander de me laisser
tranquille, tant sa présence était forte et me perturbait. Elle était
bienveillante, mais je me suis parfois sentie effrayée tellement elle
était là au quotidien. Elle a pu guider certains choix et m’aider à
prendre des décisions.
Son fils, lui, ne ressentait rien et quand il souhaitait se rendre sur
sa tombe, pour moi, c’était sans importance, car je lui disais qu’elle
n’était pas là-bas !
Je n’ai pas trop parlé de cette situation, si ce n’est à mon conjoint
qui respecte et croit ce que je lui dis.
J’ignore pourquoi cette chose est arrivée et si elle se reproduira,
mais j’ai l’intime conviction que la conscience ne meurt pas avec le
corps.
Par ailleurs, depuis des années, je perçois et recense beaucoup de
synchronicités dans ma vie de tous les jours. Celui ou celle qui veut
être attentif à ce qui l’entoure peut régulièrement avoir des messages
qui le guident dans ses choix. »
« Je ne savais pas que je t’avais autant fait souffrir »… que s’est-il passé ?
Comment et à quel moment cette prise de conscience s’est-elle produite ?
Tout laisse à croire que cet homme n’a pas pu – ou n’a pas voulu – se
rendre compte de son vivant de la peine qu’il avait infligée à son ex-
épouse. Est-ce que son nouvel état d’être désincarné lui donnerait la
connaissance nécessaire à cette prise de conscience et au regret qu’on
perçoit en filigrane ?
Une souffrance restée en suspens, une blessure jamais vraiment
cicatrisée… et voilà qu’une furtive impression de contact balaye tout cela
et laisse le pardon s’installer. Quelle que soit l’origine des VSCD, ce sont,
à l’évidence, des expériences puissantes.
Les VSCD de « ressenti d’une présence » peuvent contenir des
informations qui font penser à une « vision par l’esprit » :
« J’étais à la maison de mon beau-père, assis à côté de lui. Nous
avons parlé de toute sorte de choses, et il a dit à peu près ceci :
— Il y a beaucoup de choses dans ce monde que nous ne pouvons
voir.
Tout à coup, j’ai eu l’impression qu’un homme était à côté de lui
et j’ai répondu :
— Oui, tout comme cet homme qui se tient à côté de toi.
Je sentais que c’était un homme portant un chapeau et une veste
grise. Je ne pouvais pas le voir, je le sentais simplement, c’est difficile
à expliquer. Je savais tout simplement exactement à quoi ressemblait
cet homme […]9. »
Les VSCD auditifs se présentent sous deux formes : soit les récepteurs
entendent une voix qui semble provenir d’une source extérieure, de la
même manière qu’ils entendraient une personne vivante, soit ils
perçoivent une voix « dans leur tête ». Dans ce deuxième cas, ils parlent
d’un message « déposé dans leur conscience », tout en spécifiant que
l’origine de la communication se situe à l’extérieur d’eux-mêmes et qu’il
ne s’agit pas d’une pensée. Il s’agirait donc d’une communication
télépathique10. Pour les deux types de contacts, les défunts sont reconnus
sans hésitation par l’intonation de la voix et par une certaine manière de
s’exprimer caractéristique de lui ou d’elle. La communication peut être à
sens unique ou bilatérale.
Voici un témoignage se référant à une voix intérieure communiquant
un message de manière télépathique :
« Je me présente rapidement : je suis une femme de 37 ans,
professeure des écoles, et je vis avec ma fille.
J’ai perdu, il y a un an, mon petit frère, ma belle-sœur, ma nièce
(de presque 4 ans) et mon neveu (2 ans) dans un accident de voiture.
Une nuit, durant le mois de septembre, soit cinq ou six semaines
après leur décès, j’ai eu la chance d’“entendre” ma nièce par
télépathie. Il n’était pas loin de minuit et j’ai regardé la chambre
sans savoir pourquoi je m’étais réveillée et sans rien remarquer de
spécial. Au moment où j’ai refermé les yeux en faisant le vide dans
ma tête (surtout ne pas penser pour éviter une insomnie !), je l’ai
entendue à l’intérieur de ma tête, dans mon cerveau. C’était une
“voix” étrangère à ma conscience, celle d’une petite fille de 4 ans : ma
nièce !
Le “son” semblait venir de loin, comme si elle parlait à travers un
tuyau (c’est comme ça que je l’ai ressenti). Cela a duré seulement
quelques secondes, le temps d’une phrase… Ma nièce semblait
s’amuser, le ton de sa voix était joyeux.
J’ai ressenti alors une joie immense, puis une grande peur (j’ai
dormi pendant des mois avec une lampe allumée !).
Par contre, je dois avouer que pour moi, il n’y a aucun doute, ils
sont toujours là, même s’ils sont maintenant invisibles… »
(Sandra G.)
Lors d’un VSCD tactile, les récepteurs sentent un contact sur une
partie de leur corps, par exemple un frôlement, une pression, une caresse,
un baiser, une main posée sur l’épaule ou encore un véritable enlacement.
Cependant, quand ils essayent de toucher le défunt, ils ne rencontrent
aucune résistance physique, leur main passant par exemple à travers de ce
qu’ils perçoivent comme le bras du défunt. Le contact est ressenti comme
consolant, et les récepteurs reconnaissent immédiatement leur proche
décédé par la familiarité de son geste, caractéristique de lui ou d’elle. Ce
type de VSCD, relativement rare, est très intime et se produit le plus
souvent entre conjoints/partenaires et membres d’une famille. Certains
rapportent que le contact était accompagné d’un « flux électrique » ou
d’une « vague d’énergie ». Les VSCD tactiles se produisent souvent en
combinaison avec d’autres types de contacts comme la sensation de
présence ou un VSCD auditif.
Voici le témoignage d’Elisabeth L. :
« Mon père est décédé alors que j’étais jeune fille, et j’étais auprès
de lui à ce moment-là. Il aimait Teilhard de Chardin et nous avait
toujours dit vouloir que soit gravée sur sa tombe cette phrase : “La
mort n’existe pas.” Son désir fut bien sûr exaucé.
De longues années plus tard, alors que je lisais un livre sur ce
sujet, j’ai eu tout à coup l’impression de comprendre réellement du
plus profond de moi-même, de toute mon âme, ce que mon père
voulait nous signifier à travers ces mots, comme si jusqu’à ce jour, je
n’avais eu qu’une compréhension voilée et diffuse de cette phrase.
Je n’ai pas pu m’attarder plus longtemps, car il était l’heure de
partir travailler et je me suis préparée dans ce sens. Mes pensées sont
redevenues très prosaïques et tournées vers la journée de travail qui
m’attendait.
Soudain, j’ai senti physiquement comme une présence
chaleureuse et bienveillante, accolée tout le long de moi, et mon
cœur s’est emballé et s’est mis à battre très fort. Je ne ressentais
cependant ni malaise ni angoisse, et une “voix” dans ma tête m’a
dit : Oui, ma chérie, tu as raison. En tout cas, c’est le sens de ce que j’ai
perçu. Je savais qu’il s’agissait de mon père. Puis, cette présence s’est
comme doucement décollée de moi et m’a laissée dans une sorte
d’euphorie apaisée.
Je n’ai jamais oublié ce moment que je porte en moi avec douceur
et bonheur. »
(Denise R.)
Les VSCD visuels se présentent sous des formes variées. Les défunts
peuvent être perçus soit partiellement (la tête et le buste), soit dans leur
intégralité, avec une gradation de netteté. Les descriptions vont de la
vision d’une silhouette vaporeuse et semi-transparente, qui laisse
apparaître les objets se trouvant derrière, à la perception d’un corps
parfaitement solide, en passant par tous les stades intermédiaires.
Parfois, il se produit une évolution dynamique dans la perception : une
forme brumeuse est perçue en premier, qui se solidifie au fur et à mesure
en passant par le stade de silhouette, pour finalement prendre la forme
d’une personne solide qui paraît vivante. Quelquefois, l’apparition n’est
vue que du coin de l’œil, mais néanmoins identifiée. Les apparitions, qui
sont souvent entourées d’une lumière, sont quelquefois décrites comme
se déplaçant en flottant à quelques centimètres du sol, les pieds
invisibles. Ces apparitions peuvent se produire à l’intérieur, souvent de
nuit dans la chambre à coucher, ou à l’extérieur, voire dans une voiture,
un bateau, etc. Les cas où une personne voit l’apparition d’un parent
qu’il ne connaît pas et qu’il identifie par la suite sur une photo, par
exemple un ancêtre ou un parent éloigné décédé, ne sont pas rares.
Parfois, les apparitions sont accompagnées d’une baisse de la
température ambiante, quelquefois combinée avec des courants d’air.
Les défunts sont habituellement perçus dans la fleur de l’âge et en
éclatante santé, indépendamment de l’âge qu’ils avaient le jour de leur
mort et de la maladie qui avait peut-être marqué leur visage. Bien
souvent, l’être aimé a été vu la dernière fois lors de son décès, si les
proches étaient présents, dans la chapelle ardente ou lors de son
enterrement. C’est une triste image à garder dans son cœur. Les VSCD
visuels permettent de remplacer ce dernier souvenir accablant par une
nouvelle image, belle et apaisante.
Voici un témoignage d’une apparition, combinée avec des VSCD tactile
et auditif. Il s’agit d’une expérience partiellement partagée entre une
mère et sa fille.
« Ces faits se sont passés le 15 décembre 1990, deux semaines
après le décès de mon époux, âgé de 46 ans. Ce départ fut la suite
d’un examen médical mal conduit qui lui occasionna une
pancréatite aiguë qui l’emporta en quarante-huit heures.
Il était environ 6 h 45, ce matin-là, ma fille se préparait dans la
salle de bains attenante pour partir prendre son bus qui devait la
conduire au lycée.
J’étais éveillée depuis à peu près une heure et je passais dans ma
tête tous les événements à venir dans la journée, et notamment
l’organisation de la messe que j’avais commandée pour lui dans
l’église de notre petite commune.
Au pied de mon lit, debout dans la pénombre de la chambre qui
était à peine éclairée par la lumière électrique du couloir, je vis tout à
coup apparaître la silhouette d’un être. Il s’approcha et se pencha
pour s’allonger à mes côtés sur le lit. Ma première pensée fut que
cela lui serait impossible, car j’étais tout au bord, et il n’y avait pas
de place près de moi !
L’être s’allongea tout près de moi, comme si le lit était plus large
qu’il ne l’était en réalité. Il me serra très fort, je ressentis une joie
ineffable, une véritable extase dans cette étreinte que je qualifie
d’“union d’âmes”, alors même que je ne savais qui était ce visiteur !
Puis, je vis ses traits dans les moindres détails, sa tête était contre
la mienne, nos cheveux se mêlaient, et je reconnus mon mari.
Son regard n’était pas dirigé vers moi, mais vers le plafond. Il ne
parla pas, mais par une sorte de télépathie, j’entendis clairement sa
voix dans ma tête :
Je suis revenu pour te rassurer !
J’ai été obligé de partir, je n’avais pas le choix.
Mon amour, ne t’inquiète pas, où que tu sois, je serai toujours près de toi, je
ne t’abandonnerai jamais !
Prends ma force, je te la donne, c’est la force vitale que j’avais ici-bas, elle
passe en toi, je t’en fais don.
Les VSCD peuvent être perçus par quatre sens : l’ouïe, le toucher, l’odorat et
la vision (le sens du goût n’est pas concerné) :
– VSCD auditif
– VSCD tactile
– VSCD olfactif
– VSCD visuel
Les VSCD de « ressenti d’une présence », très fréquents, ne sont pas attribués
à un organe sensoriel spécifique.
La majorité des VSCD se produisent dans l’année qui suit le décès, avec une
forte concentration dans les premières 24 heures et jusqu’à 7 jours après le
décès. D’autres contacts se produisent à une fréquence décroissante de deux à
cinq ans après le décès. Les expériences qui ont lieu entre
cinq ans et plusieurs dizaines d’années après le décès sont plus rares et entrent
souvent dans la catégorie des VSCD de protection.
Les VSCD sont fréquents. Selon une large enquête européenne, 24 % des
Français auraient vécu un VSCD. En moyenne, un quart des Européens
aurait expérimenté ces contacts, avec de grandes différences nationales.
Le témoignage de Marie-Claire
Quel est l’impact d’un vécu d’une grande force émotionnelle tel que
celui relaté par Marie-Claire ? Comment l’intègre-t-on dans sa vie ? Qu’en
fait-on ? Comment réussit-on à situer ce vécu en totale discordance avec
la réalité telle que nous la comprenons habituellement ? Fragilisé par le
deuil, fait-on confiance à ses propres perceptions dans cette période de
vie particulière et délicate ? Les conséquences sont-elles durables ou se
dissipent-elles aussi vite que les perceptions discernées ? Et quel effet ces
expériences ont-elles sur le système de croyances de la personne qui a
vécu le contact ? J’ai posé ces questions à Marie-Claire.
« Ces expériences ont effectivement été très importantes pour
moi, très précieuses. Elles m’ont aidée à me reconstruire dans le
temps, à surmonter le deuil en rendant un peu plus “acceptable”
l’inacceptable, à lâcher prise et à faire jaillir la vie qui était tapie au
fond de moi et dont je ne soupçonnais même pas l’existence. La
douleur, la souffrance, la colère du deuil n’ont pas disparu
subitement, mais elles ont été largement atténuées au fil du temps.
À l’âge de 13 ans, je n’avais déjà plus aucun de mes grands-
parents, ni mon père non plus, emporté lui aussi par la maladie dans
sa 41e année. Ma mère est partie également pour l’au-delà alors que
j’étais une jeune maman de 34 ans. Tous ces événements tragiques
m’ont amenée très jeune (à environ 11 ans) à me demander
pourquoi nous venions sur Terre si c’était pour souffrir autant ?
Cela choquait les adultes du fait de mon jeune âge ! Je n’ai pas eu de
réponse. À l’époque, on ne parlait pas de ces sujets tabous (deuil,
mort, au-delà). J’ai donc construit ma vie, plutôt ma survie, grâce à
l’amour de mes proches. Cet amour était le seul vecteur de ma vie.
Mais comme si cela ne suffisait pas, on m’a également retiré
l’Amour de ma vie, ma “moitié”. J’ai alors éprouvé un sentiment
d’abandon et d’injustice terrible, même si la maladie nous permet de
nous préparer, en quelque sorte, contrairement à une mort subite. Je
devais à mon tour vivre le deuil que ma maman avait dû faire
quasiment au même âge. Il me fallait encore trouver l’énergie pour
survivre pour mes enfants (on n’a pas le choix), mais le passé et les
années de maladie de mon mari m’avaient dirigée vers l’épuisement.
Et comment fait-on passer un message de vie à nos enfants lorsqu’il
n’y a que de la noirceur en nous ? Mais contre toute attente, je peux
dire aujourd’hui que le décès de mon mari m’a fait grandir, évoluer.
Ce sont bien évidemment tous ces contacts qui m’ont accrochée à la
vie, à l’amour si fort qui nous unissait l’un à l’autre. Aujourd’hui, je
commence à vivre tout simplement en essayant de regarder ce que la
vie m’offre, plutôt que ce qu’elle me retire. Ce changement est
parfois difficile à comprendre tellement c’est un bouleversement en
profondeur de tout mon être. La chute semblait si évidente ! Cela ne
veut pas dire que je ne souffre pas de l’absence de mon mari, il n’y a
pas un jour où je ne pense pas à lui, mais ces expériences ont
renforcé ce lien d’amour malgré la distance entre nos deux mondes
et permis le détachement afin de garder le positif, d’emprunter un
chemin inaccessible jusqu’alors. Elles réveillent la vie qui est en
nous. Les émotions et les sentiments peuvent être ambigus et nous
troubler, mais le résultat final est si beau !…
Je ne croyais pas en la beauté de la vie, mais en la dureté de la vie,
et tout cela dans quel but ? Ces contacts m’ont permis d’avancer
dans le deuil et de croire à nouveau à l’amour inconditionnel,
d’accéder à une nouvelle dimension de l’homme. Les contacts ont
donné du sens à ma vie, du sens aux épreuves que la vie nous
impose, une ouverture d’esprit. C’est une chance, un privilège, un
merveilleux cadeau que la vie m’a fait en me permettant de vivre ces
expériences, et j’en ai conscience. Mais c’est aussi quelque chose de
perturbant parfois, difficile à intégrer dans notre cadre de vie
professionnel et personnel. Il ne faut pas se perdre en chemin. Il faut
trouver le juste équilibre pour ne pas perdre pied et faire les belles
rencontres, les bonnes lectures qui vous aident à emprunter le
chemin qui vous correspond le mieux. Et cela prend du temps pour
infuser en nous de nouvelles valeurs afin qu’un jour le papillon
puisse déployer ses ailes pour aller butiner la vie avec plaisir et plus
de légèreté (et pourquoi ne pas voler avec un ange à ses côtés ?).
Il n’y a pas d’explication raisonnable, scientifique pour expliquer
ce que j’ai ressenti, mais pour moi cela ne fait aucun doute, c’était
mon mari. Il n’est pas mort, il est juste de l’autre côté. Il vit autre
chose sans moi, et je dois vivre autre chose sans lui, et un jour (je ne
suis plus pressée), nous nous retrouverons. Mon regard sur la mort a
obligatoirement changé, cela ne peut pas en être autrement. Il n’y a
pas le néant, il y a une vie après la vie, une renaissance. C’est un
message d’espoir, d’amour et de paix intérieure qui nous vient de
l’au-delà. Pour ma part, je suis convaincue que la conscience survit
après la mort. Cela me donne envie d’enlever les verrous les uns
après les autres pour être juste moi-même dans la vie. Il fallait cette
terrible épreuve afin de me permettre d’avancer sur mon chemin de
vie, de réveiller en moi une partie inaccessible de mon être. Le décès
de mon mari était probablement le prix à payer pour évoluer, pour
renaître ! La spiritualité entre dans nos vies… Pour conclure, je dirais
que la vie s’ouvre à moi et que je m’ouvre à la vie ! »
1. ALLIX Stéphane et BERNSTEIN Paul, Manuel clinique des expériences extraordinaires, Paris,
InterEditions - INREES, « Nouvelles évidences », 2013.
2. www.inrees.com.
3. ELSAESSER-VALARINO Evelyn, « Vécu subjectif de contact avec un défunt », Manuel clinique des
expériences extraordinaires, Paris, InterEditions/INREES, « Nouvelles évidences », 2013, p. 131-159.
4. La transcommunication instrumentale, ou TCI, est utilisée dans le but d’essayer d’établir un
contact avec les défunts en créant des interférences avec un poste de radio ou un téléviseur pour
obtenir une image ou un son brouillé, puis de patienter plus ou moins longtemps en observant
les phénomènes qui se produisent.
5. ELSAESSER-VALARINO Evelyn, « VSCD : hallucination ou dernière communication ? », Inexploré –
le magazine de l’INREES –, no 19, 2013, p. 84-88.
6. www.after-death.com.
7. GUGGENHEIM Bill et GUGGENHEIM Judy, Hello from Heaven: A new field of research – After-Death
Communication – confirms that life and love are eternal, New York, Bantam Books, 1997.
8. GUGGENHEIM Bill et GUGGENHEIM, Judy, Des Nouvelles de l’au-delà : de nouveaux champs de recherche
sur l’après-vie confirment que la vie et l’amour sont éternels, introd. et trad. par Evelyn Elsaesser-
Valarino, Paris, Éd. Exergue, 2011.
9. HARALDSSON Erlendur, The Departed among the Living: An Investigative Study of Afterlife Encounters,
Guildford UK, White Crow Books, 2012, p. 38.
10. Définition du Larousse : Transmission de pensées ou d’impressions quelconques d’une
personne à une autre en dehors de toute communication par les voies sensorielles connues.
11. www.europeanvaluesstudy.eu.
12. Moyenne pondérée par rapport à la taille des populations.
13. ELSAESSER-VALARINO Evelyn, « Vécu subjectif de contact avec un défunt », art. cit., p. 137-138.
14. www.after-death.com.
15. LAGRAND Louis E., Gifts from the Unknown: Using Extraordinary Experiences to Cope with Loss and
Change, San José, New York, Authors Choice Press, 2001, p. 27.
16. REES W. D., “The Hallucinations of Widowhood”, British Medical Journal, 1971, 4(5778), p. 37-
41.
17. www.adcrf.org.
CHAPITRE 2
Après avoir passé en revue dans le chapitre 1 les VSCD perçus par les
quatre organes sensoriels (l’ouïe, le toucher, l’odorat et la vision), ainsi
que les VSCD « de ressenti d’une présence », nous allons maintenant
poursuivre la présentation d’autres types de VSCD selon la classification
Guggenheim en nous intéressant aux circonstances de leur survenue.
Parfois, les signes sont plus précis, et les récepteurs ressentent des
sensations physiques relatives à la maladie ou à l’accident qui causent le
décès (douleur dans la poitrine en cas d’infarctus, impression
d’étouffer, etc.) ou ils subissent une perte d’énergie soudaine et
inexplicable. Ces cas se produisent plus fréquemment si le lien
émotionnel entre le récepteur et le défunt était particulièrement fort.
Voici le témoignage d’une femme nommée Wynn Bainbridge au sujet
du décès de sa cousine dont elle était très proche :
À
de l’autre côté et que tout se passait bien. À travers ce vécu, j’ai senti
comme de la joie de sa part. »
Il s’agit d’un événement banal, bien sûr, une ampoule qui clignote ; qui
accorderait la moindre attention à un incident si insignifiant ? Et
pourtant…, il y a quelque chose dans cet épisode qui fait immédiatement
penser notre témoin B. D. à son oncle décédé il y a peu et qui lui permet
de partager avec lui ce qu’elle interprète comme un dernier échange
joyeux.
Les VSCD symboliques sont des expériences subtiles qui sont
accueillies par les récepteurs comme un signe ou un clin d’œil du défunt
et ne prennent sens que par l’interprétation qu’ils leur donnent. Bien qu’il
s’agisse d’événements qui sont communément considérés par l’entourage
comme de simples coïncidences et ne sont pas pris au sérieux, ils sont
néanmoins très importants pour les récepteurs, car ils sont basés sur un
vécu commun ou sur une préférence du défunt. Il peut s’agir d’animaux,
souvent d’oiseaux ou de papillons, qui semblent se comporter de manière
inhabituelle.
Marie-Claire B. – déjà citée dans les pages précédentes – a été étonnée
par le comportement inhabituel d’un papillon, épisode partagé
partiellement par ses amis :
« Le samedi suivant, notre fils avait un match de foot, et nous
devions terminer la soirée chez des amis. Le match s’est mal passé :
dès les premières cinq minutes, mon fils a été blessé, et nous avons
fini aux urgences. Nous sommes arrivés tardivement chez nos amis.
Le plâtre n’était rien comparé à tout ce que nous avions vécu
dernièrement, mais j’étais déjà tellement épuisée. Alors que je
racontais cet incident à nos amis, installés sur la terrasse, un papillon
est venu se poser sur mon bras. Je l’ai chassé, étonnée par le contact. Il
est revenu se poser à nouveau sur mon bras, et je l’ai à nouveau
repoussé. Il est alors allé se poser sur la chaise vide à côté de moi.
Devant cette insistance, j’ai dit à mes amis que ce papillon devait
être domestiqué. Ils m’ont dit qu’il avait passé la journée à se balader
dans leur maison. Ils y avaient prêté attention, car lors des obsèques
[de son mari Guy], un papillon s’était promené dans l’église,
notamment dans le chœur où se trouvaient ses collègues pompiers.
Je suppose alors que la douleur de la perte de leur ami était
responsable de cette attention.
Mais le jour suivant, j’ouvre les volets du salon et je vois à
nouveau un papillon posé sur la fenêtre. Intriguée, cette fois-ci, je le
regarde à travers la vitre et me surprends à lui parler. Le papillon n’a
pas bougé, seulement ses antennes par moments. Un ami est arrivé.
Il me faisait un signe de la main, croyant que je le voyais, mais en
fait, je ne voyais que ce papillon à qui je parlais, pensant que c’était
un signe de Guy. Il a beaucoup souri en découvrant ce que je faisais.
C’est idiot, je le sais, mais cela me faisait certainement du bien d’y
croire. »
Des événements naturels sont parfois investis par les récepteurs d’une
signification symbolique, tel un arc-en-ciel se formant à un moment
significatif, qu’ils estiment destiné à eux seuls. Les roses ou autres fleurs
préférées du proche décédé sont souvent citées comme support d’un clin
d’œil de l’être aimé défunt, ainsi que des animaux domestiques, chats ou
chiens, qui semblent agir comme messagers secrets et efficaces. Les
récepteurs sont immédiatement convaincus qu’il s’agit d’un signe qui
leur est adressé personnellement, et le scepticisme ambiant ne peut les en
dissuader.
Nous retrouvons Francine L. qui vit à Montréal et nous a envoyé
plusieurs témoignages, dont quatre « histoires de roses ». Je vous laisse
découvrir l’un de ces récits :
« Trois ans plus tard, mon voisin, un ami de 44 ans, se meurt d’un
cancer. Il me téléphone un jour de l’hôpital : le docteur ne lui donne
que quelques jours de sursis. Il tenait à me l’annoncer lui-même
pour partager ce moment d’amitié avec moi. Je pleure avec lui et
pense alors à lui raconter l’histoire de la rose de mon père et je lui
dis : “Envoie-moi une rose, toi aussi, si tu le peux.” Blaguant du fait
qu’il est propriétaire d’un magasin d’articles de sport, je me permets
d’ajouter : “Assure-toi que je la reconnaisse, mais je la vois mal à côté
d’un ski ou d’un bâton de hockey.” Et on a terminé la conversation
en riant, plutôt qu’en pleurant, en se disant que nous avions une
sorte de rendez-vous, lui et moi.
Sa femme me téléphone la semaine suivante pour annoncer son
décès, mais je dois aller voir ma fille jouer au théâtre et je quitte la
maison, le cœur en charpie. Je reste jusqu’à l’entracte et rentre chez
moi à pied. Je croise, au coin de la rue Saint-Denis et Mont-Royal, un
jeune homme ayant l’accent français et tenant à la main, plutôt
gauchement, un bâton de hockey. Je le croise au milieu de la rue et je
me dis : “Est-ce le bâton que m’offre Réjean ?” Me voilà cherchant
frénétiquement s’il y a l’ombre d’une rose autour. Pour les gens qui
connaissent Montréal, en septembre, les roses sont plutôt rares sur
Saint-Denis, encore plus les bâtons de hockey !
Le lendemain, au salon funéraire, je raconte cette histoire à sa
femme et à sa sœur et je me dis que j’apprécie l’effort de Réjean pour
avoir tenté de me faire signe de l’au-delà… À la sortie de l’église, nous
accompagnons sa dépouille vers le corbillard qui l’emmène au
crématorium. Et là, dès que la voiture s’avance et décolle du trottoir
d’un mètre à peine apparaît une superbe rose rouge, toute seule, sur
l’asphalte gris. Me voilà tout émue de reconnaître ma rose, mais je
me tais, prévoyant de garder ce cadeau discrètement pour moi seule,
mais sa femme et sa sœur s’empressent de dire : “Voilà ta rose !”
Tombée de son corbillard pour que je sois sûre qu’elle était bien de
lui… »
Vous l’aurez noté, nous retrouvons ici, tout comme dans les récits de
Dominique Marie C. et de Marie-Josée M., cités plus haut, cette
impossibilité de bouger, cette quasi-paralysie passagère qu’Anne-Marie L.
décrit ainsi : « En même temps, j’étais paralysée, enserrée de façon
violente et absolument incapable de bouger un petit doigt. »
Eliette S. nous a envoyé un récit d’une expérience effrayante avec une
défunte inconnue. Ce vécu pourrait également être considéré comme une
apparition de maison hantée, soit un lieu réputé pour être occupé par des
esprits où se produisent des phénomènes surnaturels ou paranormaux
inexpliqués.
« Voici mon expérience de VSCD, qui ne concerne d’ailleurs pas
un de mes proches disparus. Ma sœur m’avait demandé de fermer
les volets de sa maison de campagne qui se trouve près de chez moi.
Il s’agit d’une vieille maison retapée et qui est occupée
occasionnellement aux vacances. Je monte donc à l’étage, suivie de
mon bouledogue habituellement toujours sur mes talons. Le chien
s’arrête à mi-escalier et se met à gémir doucement. Intriguée par son
comportement inhabituel, je me retourne vers lui et lui dis : “Qu’est-
ce qui te prend ?” Je finis de monter et je ferme les volets. Au
moment de quitter les chambres, je “vois” sur le palier une forme
humaine avec une longue jupe noire flottant dans l’air, à environ un
mètre du sol, je ne distingue pas la tête. Je sens juste que “c’est”
féminin et hostile. “On” me barre le chemin, “on” n’est pas content
de ma présence. Pétrifiée, je regarde le chien, toujours immobile à
mi-hauteur dans l’escalier. Alors, je me pousse à raisonner : soit je
cède à la panique et je reste bloquée à l’étage, soit je passe outre, car
si c’est un fantôme, il ne peut rien me faire dans ce monde. Je choisis
cette solution, je respire un grand coup et je descends l’escalier en
essayant de garder mon calme.
J’ai évité, depuis, de retourner seule dans cette maison. Ce dont je
suis absolument sûre, c’est la sensation tout à fait concrète de cette
présence, féminine, c’était évident, et hostile, et l’attitude du chien.
Dans cette maison vécut autrefois une femme seule, qui mourut
folle, dit-on. Suite à cette expérience, j’ai cherché ce que je pouvais
faire pour elle. J’ai pensé à elle et prié, d’une certaine façon. Personne
ne s’est plaint d’une présence dans cette maison, mais moi-même, je
n’en parle pas. Seuls trois ou quatre intimes sont au courant. »
Nous venons de passer en revue les différents types de VSCD, des plus
subtils – les VSCD symboliques – aux plus frappants – les VSCD visuels
accompagnés de communications télépathiques bilatérales. Nous l’avons
vu, l’expérience est souvent complexe et combinée : plusieurs types de
VSCD peuvent se produire simultanément, un récepteur peut par
exemple sentir la présence du défunt qui lui met une main sur l’épaule et
lui parle tout en dégageant une fragrance familière. Ainsi, certains
témoignages cités auraient pu figurer simultanément dans plusieurs
catégories, m’obligeant à faire un choix arbitraire pour leur classement.
Quasi-paralysie passagère
Le témoignage de Béatrice
Malgré ses dons médiumniques, elle n’en a pas fait son gagne-pain,
mais a suivi des études de gestion financière et commerciale dans une
école de commerce. Puis, pendant vingt ans, elle a été chargée de la
gestion administrative, financière, sociale, fiscale et comptable d’une
PME.
Béatrice nous a fait parvenir une copie du Parisien qui décrit les causes
probables de l’accident d’avion :
Le profil du récepteur
Le témoignage de Chantal
À
À partir du moment où j’ai passé le seuil de la chambre en
partant, mon cœur s’est emballé, et ça ne s’est plus arrêté.
Tachycardie, palpitations, je ne sais quoi exactement, en tout cas, ça
ne m’a plus lâché, sans discontinuer. J’ai passé toute la soirée et la
majeure partie de la nuit dans cet état, sans être présente à ce que je
faisais et dans l’impossibilité de m’endormir.
La pensée de mon grand-père ne me quittait pas. C’était comme si
une partie de moi-même était restée là-bas avec lui, un lien invisible
à distance. Le temps défilait très vite, les heures s’enchaînaient les
unes aux autres incroyablement vite. Puis, très tard dans la nuit,
toujours éveillée dans mon lit, brusquement tachycardie et
palpitations se sont arrêtées net, le calme est revenu, et tout de suite
après, j’ai senti un souffle frais passer en trombe juste à côté de moi
longeant le lit des pieds à la tête. J’ai compris que mon grand-père
venait de mourir et qu’en partant, il était venu me dire adieu. J’ai
allumé la lumière, j’ai regardé l’heure, il était 5 h 15 du matin.
Aussi étrange que cela puisse paraître, je me suis sentie apaisée et
j’ai pu m’endormir. J’avais le sentiment de l’avoir accompagné.
Quand je me suis réveillée, peut-être une heure et demie après, je me
souviens avoir mis le Requiem de Mozart pour mon grand-père,
c’était de circonstance. J’ai pensé que cette musique aux intonations
spirituelles qu’il ne connaissait pas pouvait l’aider là où il était
maintenant. Quand on m’a annoncé son décès j’ai demandé l’heure
de sa mort. Il était bien mort à 5 h 15 du matin.
J’ai vécu cette expérience sans crainte, même si elle a été
relativement éprouvante, car mon corps physique y a participé. Mais
une partie de moi savait et comprenait. »
18. GUGGENHEIM Bill et GUGGENHEIM Judy, Des Nouvelles de l’au-delà, op. cit., p. 142-143.
19. FENWICK Peter et FENWICK Elizabeth, The Art of Dying, op. cit., p. 72.
20. Ibid., p. 49.
21. Ibid., p. 50.
22. Conversation téléphonique du 17 janvier 2016.
23. GUGGENHEIM Bill et GUGGENHEIM Judy, Des Nouvelles de l’au-delà, op. cit., p. 187-188.
24. LAGRAND Louis E., Gifts from the Unknown: Using Extraordinary Experiences to Cope with Loss and
Change, op. cit., p. 63-64.
25. GUGGENHEIM Bill et GUGGENHEIM Judy, Des Nouvelles de l’au-delà, op. cit., p. 50.
26. www.sheldrake.org.
27. SHELDRAKE Rupert, Les Pouvoirs inexpliqués des animaux : pressentiment et télépathie chez les animaux
sauvages et domestiques, Paris, J’ai lu, 2005.
28. GUGGENHEIM Bill et GUGGENHEIM, Judy, Des Nouvelles de l’au-delà, op. cit., p. 338-339.
29. Communication personnelle, 2013.
30. GUGGENHEIM Bill et GUGGENHEIM Judy, Des Nouvelles de l’au-delà, op. cit., p. 50.
31. LAGRAND Louis E., Gifts from the Unknown, op. cit., p. 234-235.
32. GUGGENHEIM Bill et GUGGENHEIM Judy, Des Nouvelles de l’au-delà, op. cit., p. 295.
33. GUGGENHEIM Bill et GUGGENHEIM Judy, Des Nouvelles de l’au-delà, op. cit., p. 330.
34. ELSAESSER-VALARINO Evelyn, « VSCD : hallucination ou dernière communication ? », art. cit.,
p. 84-88.
35. HARALDSSON Erlendur, The Departed among the Living: An Investigative Study of Afterlife Encounters,
op. cit., p. 91-92.
36. Le Parisien.fr, 28 juin 2013.
37. HARALDSSON Erlendur, The Departed among the Living, op. cit., p. 246.
38. Ibid., p. 6.
39. HARALDSSON Erlendur, « Halluzinationen: Plötzlich hörte ich eine Stimme », Therapiewoche,
1996, 44, 32, p. 1866.
40. GURNEY E., MYERS F. W. H. et PODMORE F., Phantasms of the Living, London, 1918, Kegan Paul,
Trench, Trubner, New York, E.P. Dutton.
CHAPITRE 3
« Jan et moi sommes tous les deux des personnes très rationnelles
et nous ne sommes absolument pas portés sur l’ésotérisme ou
d’autres choses de ce genre. Il n’empêche que nous n’avons pas
douté une seconde de la véracité des visites de Nina. J’en suis
absolument convaincue. »
« J’ai l’intime conviction que ce qui s’est passé était réel parce que
le bonheur et le bien-être ressentis après cette expérience, je ne les ai
pas inventés, mais bien ressentis de tout mon être. Je croyais déjà
avant cette expérience qu’une autre vie sur un tout autre plan
existait. »
Difficulté de relater le VSCD
« Ce que je n’ai jamais osé dire… Pour mon fils et mes petits-
enfants, j’ai envie de raconter des faits troublants qui ont jalonné ma
vie et que j’ai gardés secrètement en moi pendant des années. J’avais
peur en les dévoilant que mes amis me traitent de “folle” après avoir
écouté le récit de mes expériences paranormales. Pourtant, toutes
sont véridiques, même si parfois elles semblent difficilement
croyables. Ce n’est pas à mon âge, bientôt 79 ans, que je vais
commencer à mentir ou affabuler ! »
(Eliette S.)
Deux personnes interrogées par Peter et Elizabeth Fenwick se sont
également heurtées à de l’incompréhension, mais elles en ont pris leur
parti :
« À moins d’en faire vous-même l’expérience, je peux comprendre
que les gens ne puissent ni y croire ni en saisir la signification. Tout
ce que je sais, c’est que je n’ai aucun doute41. »
« Je ne sais pas comment expliquer [le VSCD], peut-être vaut-il
mieux le laisser inexpliqué et juste être heureux que quelqu’un que
vous avez beaucoup aimé se préoccupe toujours de vous42. »
Nous l’avons vu, le défunt semble initier le contact pour assister son
proche dans la période douloureuse du deuil. Il ne se réfère à lui-même
que pour communiquer qu’il continue à exister et qu’il va bien, mais sans
rien révéler de sa nouvelle condition. Il y a cependant des exceptions
comme ce VSCD décrit par un homme dont l’épouse venait de décéder à
l’hôpital.
Les endeuillés ont vu leur proche disparu, ils l’ont entendu, ont senti
sa présence ou sa main sur leur bras, pour eux c’est sûr, il est en vie. Où et
comment, ils ne le savent pas, bien sûr, le mystère reste entier, mais la
conviction est forte : il ne s’est pas dissous dans le néant, il poursuit son
existence… ailleurs.
Nous venons de voir l’importance que les VSCD revêtent pour les
récepteurs au niveau du lien qui semble perdurer avec le proche décédé
ressenti comme poursuivant une existence dans un ailleurs inconcevable.
On peut supposer que cette expérience forte impacte leur système de
croyances et la conception de leur propre mort, et tel est effectivement le
cas. Le fait que le proche décédé puisse se manifester et entrer en contact
avec eux peut soit consolider une croyance préexistante en la survie de la
conscience, soit l’inspirer. Bien que le degré de l’impact des vécus
subjectifs de contact avec un défunt soit individuel et puisse varier,
notamment selon le type de contact expérimenté, l’élément commun et
décisif consiste en la confirmation subjective ou la découverte qu’un lien
semble subsister au-delà de la mort. L’espoir d’une réunion future est
sous-jacent et peut être un facteur primordial dans la phase de
reconstruction après la perte de l’être aimé. Les vécus subjectifs de
contact avec un défunt sont souvent le point de départ d’une remise en
question des certitudes antérieures des récepteurs et peuvent les amener à
adopter une nouvelle vision du monde. Ils peuvent voir leur peur de la
mort diminuer, certains deviennent plus spirituels.
Les contacts post-mortem offrent des réponses subjectives à des
questionnements fondamentaux tels que le sens de la vie et la difficulté
de l’existence humaine qui est semée de pertes et, finalement, confrontée
à sa propre finitude. Les VSCD ouvrent une nouvelle perspective de la
condition humaine.
Un décès, surtout s’il est accidentel ou si la personne est décédée à un
jeune âge, peut être considéré par les proches comme une cruelle
injustice, un manque de chance, voire une absurdité (« Si seulement il
n’avait pas pris la voiture ce matin-là… ») Les VSCD peuvent aider le
récepteur à dépasser ce sentiment d’injustice ou d’absurdité par le lien
qui semble subsister au-delà de la mort. La tristesse est immense et le
restera longtemps, mais le départ de l’être aimé paraît faire partie d’un
plan qui dépasse le récepteur et qu’il ne comprend pas, mais qui semble
néanmoins donner un sens au drame qu’il vit. L’être cher n’est plus de ce
monde, mais il a l’air d’être à ses côtés, ou tout au moins en mesure de se
manifester ponctuellement, le temps d’un contact court, mais puissant.
Grâce à cette expérience, la personne en deuil se sent moins seule avec sa
peine.
Nous retrouvons Brigitte F., citée dans la rubrique des VSCD de
« ressenti d’une présence » :
« Mon expérience n’a pas changé mon système de croyances, il l’a
enrichi. Je suis intimement convaincue que notre conscience
continue d’exister après la mort. Le passage de la vie à la mort est
effrayant, car c’est l’inconnu et la rupture avec nos proches, mais
celui qui part est encore relié pour un temps variable avec certains
humains et doit vivre autrement, différemment, dans un monde que
nous ne pouvons comprendre, car limités par nos cinq sens. Je pense
que ce qui fait défaut à la plupart des hommes, c’est la capacité à
déceler ce qui existe pourtant bel et bien ; ce n’est pas parce que l’on ne
voit pas que cela n’existe pas.
J’essaie souvent de dire à mes proches, pour comparer, que nous
arrivons à nous téléphoner en étant parfois les uns et les autres à
l’autre bout du monde, apparemment il n’existe rien de visible et
pourtant, nous communiquons.
Finalement, je dirais qu’au quotidien je cultive cette attention
particulière au monde et aux signes et j’essaie de donner du sens à ce
que je perçois. Parfois, il s’écoule des mois où je suis juste absorbée
par mon quotidien, et à d’autres moments je suis plus “en alerte”.
Je ne dirais pas que je n’ai plus peur de la mort, mais en tout cas,
je me dis qu’il y a autre chose après que l’on ne peut ni imaginer ni
décrire, tellement nous sommes limités dans nos perceptions et
dans notre niveau de compréhension. »
(Suzanne F.)
Les VSCD ont eu lieu à des moments hautement significatifs. Pour son
frère : le jour de son anniversaire de naissance et le jour anniversaire de sa
disparition. Pour son compagnon : la veille et les jours suivant son décès
et presque quotidiennement dans les huit jours qui ont suivi. Depuis
trois ans, Agnès n’a plus perçu de manifestations. Néanmoins, les jours
anniversaires du départ de son frère qui remonte maintenant à onze ans,
Agnès a vécu des événements qu’elle qualifie de synchronicités, « un peu
comme un clin d’œil, sans que cela ne rentre dans la catégorie des
VSCD ».
Était-elle déçue, voire triste, quand elle s’est rendu compte que les
contacts avec son frère et son compagnon s’étaient arrêtés ? L’a-t-elle
ressenti comme une deuxième rupture de lien ?
A-t-elle l’espoir et le désir de vivre d’autres VSCD avec ces deux proches
décédés ou estime-t-elle avoir reçu tout le réconfort et l’assistance
nécessaires ?
« L’impact des VSCD a été plus fort et significatif que les contacts
par l’intermédiaire des médiums que j’ai consultés dans les mois qui
ont suivi ces deux décès. Une séance avec un médium, que ce soit
lors d’une séance publique ou à l’occasion d’une consultation privée,
est généralement plus longue et détaillée qu’un VSCD. La force
émotionnelle du VSCD est liée au fait qu’il arrive par surprise, alors
que l’on ne s’y attend pas. Le VSCD est rapide, crée un effet de
sidération, comme si l’on ne pouvait y croire, puis de joie, car le
contact est direct. Il touche directement le cœur. Il n’y a ni
élaboration intellectuelle, ni analyse du phénomène. On le reçoit
comme une évidence. C’est après que peut s’installer le doute, parce
que nous sommes plutôt programmés à douter dans notre culture.
Néanmoins, je l’ai à chaque fois ressenti comme plus parlant et
réconfortant que les paroles d’un médium, même si les rencontres
avec des médiums ont aussi été très bénéfiques pour moi. »
« Ils ne nous ont précédés que de quelque temps. Savoir que je les
retrouverai, ainsi que mon père parti il y a quatre ans et ma mère
décédée il y a peu, change ma vie. Avant le départ de mon frère, j’ai
pensé que je mourrais de douleur s’il devait disparaître. Des années
plus tard, lorsque j’ai perdu mon compagnon, j’ai constaté que
s’était installée en moi une sorte d’évidence qu’il avait simplement
changé de plan. Cela grâce à tout ce que j’avais vécu après la
disparition de mon frère (imbrication de mes recherches, de mes
expériences spirituelles, des rencontres avec des médiums et des
VSCD). »
Sans VSCD, est-ce que le processus de deuil aurait été plus long et sa
résolution plus laborieuse ? Qu’en pense Agnès ?
« Lorsque nos croyances nous conduisent à penser que nous ne
reverrons jamais ceux que nous aimons tant, qu’ils
ontdéfinitivement disparu, nous ne pouvons qu’être terrassés de
douleur. Cependant, il me semble essentiel de prendre conscience
que nos schémas de pensées sont des conditionnements que notre
intelligence nous permet de réexaminer. N’oublions pas que les
croyances appelées “cartésiennes” dans notre culture n’ont que
quelques centaines d’années d’existence en Occident et que la
probabilité que seul le néant nous attende après la mort n’est qu’une
hypothèse, et non un fait prouvé scientifiquement.
En parlant spécifiquement du chagrin lié au deuil, a-t-il été
atténué par les VSCD ? Il faut ajouter bien sûr que le chagrin du
deuil n’est jamais complètement clos, mais transformé et rendu
supportable si le processus de deuil a pu être mené à terme dans de
bonnes conditions. Le chagrin est transformé lorsque la réalité est
acceptée : nous ne reverrons plus dans cette vie l’être que nous
aimons plus que tout. J’ai ressenti la souffrance comme un
processus alchimique. La disparition de mon frère qui m’a fracassée
a eu comme conséquence que ma vie est devenue plus heureuse
ensuite, parce que j’ai appris à vivre dans le présent. Au début, le
processus était le suivant : je constatais que ma souffrance était
apaisée, je pensais “je viens de gagner quelque répit, fêtons cela”. Et je
faisais en sorte de profiter pleinement de l’instant présent.
Néanmoins, mon obsession était de “trouver des preuves” de la vie
après la mort. Tout ce que je lisais et écoutais était bénéfique, mais
insuffisant, car je n’en avais pas l’expérience directe. Le jour où j’ai
senti cette main sur mon front (il était évident pour moi que ce
n’était pas une création de mon esprit), le jour où une manifestation
spectaculaire (le miroir brisé) m’a été donnée, mes doutes se sont
réduits jusqu’à devenir quasiment inexistants. Je n’ai pas vécu une
transformation spectaculaire comme d’autres personnes. Cela s’est
fait lentement, presque sans que j’en aie conscience. Lorsque des
années plus tard, j’ai revécu le même traumatisme, la douleur était
identique et pourtant une sorte de tranquille évidence la côtoyait :
celui que j’aime est toujours là, simplement, je n’ai pas accès à ce
monde. »
À l’instar des VSCD des bien portants, les visions mettent en scène des
conjoints/partenaires, parents ou amis significatifs des mourants avec qui ils
avaient entretenu des liens émotionnellement forts de leur vivant.
L’apparition peut être perçue comme étant entourée d’un halo de
lumière.
Parfois, seule une lumière est perçue – une lumière de connaissance –,
comme relaté par Pauline qui décrit l’expérience de sa mère la veille du
décès de celle-ci :
Lors des visions, les personnes en fin de vie semblent bénéficier d’une
« double vision ». Ils semblent avoir accès en même temps à la réalité
physique et à une dimension spirituelle qu’ils voient en parallèle et
considèrent aussi réelle l’une que l’autre. Ils savent que les personnes
présentes dans la pièce ne peuvent ni voir ni entendre les apparitions, ce
qui implique qu’ils se trouvent dans un état de conscience différent des
bien portants. Ils savent précisément à qui ils s’adressent et mènent des
conversations parallèles, tout en rapportant les propos des entités aux
personnes présentes.
Ces visions sont habituellement courtes, ne durant que quelques
secondes, quelques minutes au plus. On notera le parallèle avec les VSCD
des bien portants qui sont également de très courte durée.
Les apparitions sont perçues souvent dans les minutes ou les heures
qui précèdent le décès. Fréquemment, leur mention – ou description –
constitue les dernières paroles du mourant (« Elle est venue ! Elle est là !
Elle est venue me chercher… »).
Toutefois, les apparitions sont parfois récurrentes et accompagnent la
personne en fin de vie tout au long du processus de mourir, pendant les
heures ou jours précédant le trépas.
Les infirmières Callanan et Kelley illustrent ce propos en rapportant
une conversation avec une femme en phase terminale qui commentait
l’apparition de proches décédés :
« Sont-ils là maintenant ?
— Non, ils sont partis il y a un petit moment, ils ne restent pas
tout le temps, ils arrivent et repartent48. »
Le neuropsychiatre Peter Fenwick, professeur britannique de
renommée internationale, enseignant au King’s College à Londres et au
Riken Neurosciences Institute au Japon, est un spécialiste des expériences
de mort imminente et des visions au moment du décès49. Dans l’ouvrage
The Art of Dying50 coécrit avec son épouse Elizabeth, il présente de
nombreux cas de visions au moment du décès et les analyse, en
examinant également les observations et ressentis du personnel soignant.
Le témoignage cité par Peter et Elizabeth Fenwick décrit l’expérience
des derniers jours d’une femme de 90 ans, relatée par la fille de la
mourante. L’activité cardiaque et le niveau d’oxygène de la patiente
étaient sous monitoring tout au long du processus de mourir :
« Pendant la durée d’une heure environ où [son petit-fils] était
avec elle, elle mentionnait occasionnellement qu’elle était consciente
que des gens veillaient sur elle, et qu’ils se trouvaient dans le jardin
entourant l’hôpital. Elle ne pouvait pas les décrire, car ils se
trouvaient derrière des buissons, mais elle savait qu’ils étaient là
pour l’aider au cas où “sa tête tomberait en avant”. Elle disait à mon
fils qu’elle voyait aussi “Papa” dans la chambre d’hôpital (c’est ainsi
qu’elle avait l’habitude d’appeler mon père) et que cela ne l’ennuyait
pas du tout. Mon fils regardait l’écran de contrôle et ne voyait
aucune fluctuation des valeurs physiologiques monitorées. Elle
continuait à lui parler tout à fait normalement.
Quand ma fille est arrivée, peu de temps après, elle a passé
également un très bon moment avec sa grand-mère. Les signes
vitaux de la patiente étaient stables, et quand elle mentionnait et
voyait “ces gens”, les niveaux cardiaque et d’oxygène ne variaient
aucunement. À ce moment, “les gens” se trouvaient dans sa
chambre, près de la partie intérieure des fenêtres. Elle était très
calme et expliquait qu’elle savait que ma fille ne pouvait pas les voir
– mais qu’elle comprendra “quand son heure viendra”. Elle saluait
calmement de la main “ces gens”, leur parlait et les présentait à ma
fille – comme s’ils étaient en train de lui parler. Ensuite, elle
poursuivit la conversation qui tournait autour de Noël et d’autres
aspects de la vie quotidienne. Une heure plus tard, j’ai rejoint ma
fille à l’hôpital, et nous nous sommes assises au chevet de ma mère
pour bavarder avec elle. Elle me parlait de ma vie, se souvenait
clairement de nombreuses situations et événements du passé. Elle
me parlait de mon avenir – souvent entrecoupé d’allusions à “ces
gens” qui se trouvaient maintenant au pied de son lit. Elle nous
informa qu’elle ne sera plus là le lendemain puisque “ces gens” la
“relèveront quand elle tombera et l’amèneront en voyage”. Nous
étions un peu effrayées par ses propos, mais elle était parfaitement à
l’aise […].
Vers 5 heures de l’après-midi, “ces gens” étaient assis sur son lit à
côté de sa petite-fille, et la patiente menait une conversation à trois.
Ensuite, elle a congédié sa petite-fille en lui conseillant d’aller
s’amuser puisque c’était le réveillon de Noël. Ma fille a quitté la
chambre d’hôpital, mais en fait elle m’attendait dans la voiture.
Je suis arrivée environ quarante-cinq minutes plus tard, et nous
sommes allées ensemble dans la chambre d’hôpital. Les rideaux
autour du lit étaient tirés. Nous avons consulté l’écran de contrôle
qui indiquait une tension artérielle vraiment très élevée et un niveau
d’oxygène d’environ 80 %. Nous sommes allées voir les infirmières
qui nous informèrent qu’elles étaient en train de nous téléphoner
puisque l’état de ma mère s’était fortement détérioré, probablement
en raison d’un infarctus, et qu’elles attendaient l’arrivée du médecin.
Nous sommes retournées au chevet de ma mère, et une infirmière a
pris sa main dans le but de la réveiller. Elle a ouvert les yeux – mais
elle ne semblait pas nous voir –, et a dit : “J’ai eu une vie
merveilleuse”, et elle a fermé les yeux. […] Elle s’est éteinte
paisiblement à 21 h 55 le soir du réveillon51. »
Dans le cas de cet homme, la vision n’était pas liée à une maladie
identifiée, ni surtout à l’expectative d’une mort imminente. On peut en
conclure que, pour ces cas de figure, les visions ne sont pas la conséquence
d’un état spécifique – une maladie en phase terminale et l’expectative de
la mort proche –, mais qu’elles précèdent et annoncent une mort que rien
ne laisse présager et qui interviendra dans les heures ou les jours à venir,
par exemple suite à un infarctus, un accident vasculaire cérébral, etc.
Certains témoignages suggèrent une interaction entre les mourants et
les êtres invisibles qui communiquent avec eux, notamment pour
négocier le moment du départ, impliquant qu’ils disposeraient d’une
certaine marge de manœuvre quant à l’heure de leur mort. Un homme,
averti de l’état désespéré de son père, s’est mis en route pour le rejoindre,
mais sa voiture est tombée en panne, retardant son arrivée. Sa sœur en a
informé leur père, et voici ce qui se produisit :
« Je soignais une amie qui était convaincue qu’il n’y a pas de vie
après la mort. Dans les dernières heures de sa vie, elle est devenue
très paisible, et, en émergeant de temps en temps d’un état
inconscient, elle disait des phrases telles que “Bientôt, je saurai”,
“Allez, on y va, je suis prête à partir maintenant”, et “C’est si beau”.
Tout de suite après avoir prononcé ces paroles, elle perdit à nouveau
connaissance. Elle était très clairement contente, heureuse et en
paix. C’était une expérience magnifique pour son partenaire et pour
moi58. »
Comme pour les VSCD des bien portants, les mourants ne mettent pas
en doute la réalité de ces apparitions. Malgré leur diversité, leur système
de croyances personnel, leur histoire propre, ils leur accordent un sens
étonnamment homogène. Selon eux, le rôle des apparitions consiste à les
accueillir au seuil de la mort et à les guider vers le monde invisible. Avec
naturel et bonheur, ils accueillent ces apparitions et les décrivent à leur
entourage, conscients qu’eux seuls peuvent les percevoir. Ils ne sont ni
étonnés ni effrayés qu’un proche décédé leur apparaisse et leur parle et ils
expliquent l’intention de l’apparition en toute simplicité (« Tiens,
François est là, il est venu me chercher ! »).
Les visions au moment du décès ont une dimension spirituelle qui va
au-delà de la simple apparition fugace d’un proche décédé. Elles
engendrent un réconfort essentiel et une certitude qui balayent en
quelques secondes des appréhensions qui ont peut-être été présentes tout
au long d’une vie. Un transfert de connaissance semble se produire lors
de ces visions qui libère le mourant immédiatement et entièrement de la
peur de mourir. L’angoisse et l’agitation, souvent présentes dans le
processus de mourir, disparaissent instantanément. Une sérénité, voire
une joie anticipée s’emparent du mourant, qui auraient été impensables
quelques secondes auparavant. L’impact des visions est extrêmement
puissant, immédiat et libérateur. Il s’agit d’une transformation psychique
profonde. Suite aux visions, les personnes sont prêtes à mourir, prêtes à
partir pour un mystérieux voyage peut-être.
Le sociologue australien Allan Kellehear, professeur à l’université de
Bradford en Angleterre, a identifié les bénéfices majeurs des visions chez
les personnes en fin de vie sur la base d’une recherche entreprise en
Moldavie59. Le soutien : les mourants sont rassurés par le fait qu’un proche
significatif décédé les attende et leur apporte assistance. Le réconfort
ressenti par les mourants provient soit du fait qu’ils se rendent compte
que leurs proches décédés se portent bien et sont heureux dans l’au-delà,
soit parce qu’ils reçoivent des informations sur leur situation actuelle qui
les réconfortent. La compagnie continue des défunts est rapportée parfois.
Les mourants entretiennent des conversations fréquentes et prolongées
avec eux et se sentent ainsi moins seuls pendant les longues heures
d’agonie. La réunion : les défunts viennent chercher leurs proches pour les
accompagner vers leur nouvelle existence. Quelques propos rapportés
témoignent d’une certaine impatience de la part des défunts qui veulent
voir leurs proches les rejoindre au plus vite pour commencer une
nouvelle vie commune dans l’autre monde. Le pronostic : la seule vision de
proches décédés indique aux mourants que leur mort est proche et
inévitable. Parfois, un pronostic temporel leur est communiqué et une
négociation quant au moment du décès semble avoir lieu.
Kellehear conclut que les visions au moment du décès apportent une
contribution significative à la santé psychologique et au bien-être social
des mourants. « Les visions au moment du décès apportent effectivement
un réconfort, non pas de la manière générale et stéréotypée souvent
supposée par le passé – comme un phénomène qui fournirait
simplement quelques vagues images d’une après-vie supposée –, mais
bien plus spécifiquement en apportant des messages pratiques d’espoir,
de contrôle et de vie sociale à ceux confrontés à la fin de leur vie. Quelles
que soient nos conclusions quant au statut ontologique de ces visions,
les valeurs psychologique, sociale et pastorale de ces expériences semblent
être d’un bénéfice extraordinairement positif pour les mourants60. »
Très peu de témoignages rapportent une réaction négative à une
vision. Voici un cas présenté par Peter et Elizabeth Fenwick :
45. FENWICK Peter et FENWICK Elizabeth, The Art of Dying, op. cit., p. 31.
46. FENWICK Peter et FENWICK Elizabeth, The Art of Dying, op. cit., p. 6.
47. BARRETT William, Deathbed Visions: How the Dead Talk to the Dying, White Crow Books, 2011,
p. 23-24. Édition originale : London, Methuen, 1926.
48. CALLANAN Maggie et KELLEY Patricia, Final Gifts: Understanding the Special Awareness, Needs, and
Communications of the Dying, op. cit, p. 88
49. Le professeur Peter Fenwick est le président de la Horizon Research Foundation, une
organisation qui encourage la recherche dans le domaine des expériences au seuil de la mort (end
of life experiences). Il est également le président de la branche britannique de l’Association
internationale pour l’étude des états proches de la mort (IANDS).
50. FENWICK Peter et FENWICK Elizabeth, The Art of Dying, op. cit.
51. FENWICK Peter et FENWICK Elizabeth, The Art of Dying, op. cit., p. 24-25.
52. Ibid., p. 29.
53. Ibid., p. 39.
54. Ibid., p. 27.
55. Communication personnelle, 2015.
56. FENWICK Peter et FENWICK Elizabeth, The Art of Dying, op. cit., p. 10.
57. Ibid., loc. cit.
58. Ibid., p. 27.
59. KELLEHEAR Allan, POGONET Vadim et MINDRUTA-STRATAN Rodica, « Deathbed visions from the
Republic of Moldova: A Content Analysis of Family Observations », Omega–Journal of Death and
Dying, 64(4), p. 303-317, January 2011.
60. Ibid., p. 315.
61. FENWICK Peter et FENWICK Elizabeth, The Art of Dying, op. cit., p. 41.
62. KELLEHEAR Allan, POGONET et Vadim MINDRUTA-STRATAN Rodica, « Deathbed visions from the
Republic of Moldova: A Content Analysis of Family Observations », art. cit., p. 308.
63. MUTHUMANA Sandhya P., KUMARI Meena et KELLEHEAR Allan, « Deathbed visions from India: A
Study of Family Observations in Northern Kerala », Omega: Journal of Death and Dying, 2010, 62(2),
p. 97.
64. KERR C. W., DONNELLY J. P. et WRIGHT S. T., « End-of-Life Dreams and Visions: A Longitudinal
Study of Hospice Patients’ Experiences », Journal of Palliative Medicine, 2014, 17(3), p. 296-303.
65. Ibid., p. 298.
66. KERR C. W., DONNELLY J. P. et WRIGHT S. T., « End-of-Life Dreams and Visions: A Longitudinal
Study of Hospice Patients Experiences », art. cit., p. 302.
67. CALLANAN Maggie, KELLEY Patricia, Final Gifts: Understanding the Special Awareness, Needs, and
Communications of the Dying, op. cit.
68. FENWICK Peter et FENWICK Elizabeth, The Art of Dying, op. cit., p. 45.
69. BARRETT William, Deathbed Visions, London, Methuen, 1926.
70. BARRETT William, Deathbed Visions, op. cit., p. 37-38.
71. OSIS Karlis et HARALDSSON Erlendur, Ce qu’ils ont vu… au seuil de la mort, France Loisirs, 1984.
72. BRAYNE Sue, FARNHAM Chris et FENWICK Peter, « Deathbed phenomena and their effect on
palliative care team: A pilot study », American Journal of Hospice and Palliative Medicine, January
2006, 23(1), p. 17-24.
CHAPITRE 5
Ni les VSCD, ni les contacts avec les défunts établis par le biais d’un
médium ne permettent de faire l’économie du travail de deuil, ce parcours long
et douloureux, qui passe – dans le désordre et dans le désarroi – par le
déni, la colère, la dépression et la culpabilité pour finalement aboutir à
l’acceptation du départ définitif de l’être aimé. Une fois l’irrévocabilité du
départ physique du proche disparu comprise et acceptée, le moment est
venu de créer un nouveau lien intérieur avec lui, une nouvelle relation qui
perdurera et que rien ne pourra jamais briser. Fauré décrit ainsi cette
étape du travail de deuil :
Dans son ouvrage Gifts from the Unknown78 publié en 2001, il avait
estimé que 44 % ou 70 millions d’Américains auraient vécu un ou
plusieurs VSCD. Je me suis enquise si ces statistiques étaient toujours
d’actualité.
Quel est l’élément qui rend les VSCD si convaincants pour les
endeuillés ? Est-ce l’impression que l’être aimé est toujours en vie, dans
un ailleurs que nous ne pouvons imaginer ? Est-ce la confirmation
subjective que le lien d’amour n’est pas brisé ? Ou est-ce la conviction,
préexistante ou nouvellement acquise, qu’il existe une vie après la mort…
pour le proche décédé, mais également pour eux-mêmes ?
« Je pense que tous les éléments que vous énumérez jouent un rôle
sur un plan individuel, selon les croyances des endeuillés et le type
de VSCD expérimenté. Pour certains, le lien d’amour est l’essentiel.
Pour d’autres, c’est la conviction de l’existence d’une vie après la
mort et du monde des esprits. En particulier, la prise de conscience
que l’endeuillé reverra l’être cher disparu constitue une aide
puissante pour s’adapter à l’absence physique du défunt. »
J’ai voulu savoir dans quel but Botkin utilisait la thérapie CIAM dans
son travail actuel.
« Les thérapeutes qui travaillent avec la thérapie CIAM l’utilisent
pour traiter à la fois le trauma et le chagrin du deuil. Quand ils
traitent un trauma qui n’a pas son origine dans un décès, il n’y a
généralement pas de survenue de VSCD. Toutefois, l’attention
portée sur les émotions sous-jacentes résulte habituellement en une
résolution rapide du souvenir traumatique. Par exemple, j’ai travaillé
avec de nombreux vétérans de guerre et victimes d’abus sévères. La
thérapie CIAM fonctionne très bien pour toute la gamme de
chagrins, de la douleur traumatique jusqu’au chagrin du deuil
normal. L’ampleur de la perte ne fait aucune différence. »
Y a-t-il une différence entre les VSCD spontanés et les VSCD induits ?
« Je me souviens de l’époque où mes patients ont commencé à
vivre des VSCD et où je ne comprenais pas de quoi ils parlaient. Un
peu plus tard, j’ai lu Des Nouvelles de l’au-delà écrit par les
Guggenheim. Je fus stupéfait de découvrir que ces expériences
n’étaient pas rares et que beaucoup de personnes les vivaient
spontanément. J’ai compris tout de suite que le contenu des VSCD
induits et spontanés était identique. J’étais convaincu qu’il s’agissait
du même phénomène.
Les VSCD induits ont deux avantages. Premièrement, une fois que
le patient en deuil a expérimenté un VSCD induit, il est
généralement assez facile et simple de réitérer l’expérience et de
l’élaborer plus en profondeur. Deuxièmement, avec la thérapie
CIAM, nous traitons d’abord la tristesse. Alors, quand le VSCD se
produit, il reste peu ou pas de tristesse capable de replonger le
patient dans le chagrin du deuil. Certains clients qui ont
expérimenté un VSCD spontané viennent me voir parce qu’ils
restent coincés jusqu’à un certain degré dans leur tristesse, malgré
l’expérience qu’ils ont vécue. Une fois cette tristesse complètement
évacuée, plus rien n’empêche les sentiments merveilleux associés aux
VSCD de se déployer.
Quand mon livre a été publié en 2005, je m’attendais à ce que les
chercheurs dans le domaine des VSCD spontanés soient les premiers
à se précipiter sur ma découverte. J’ai été extrêmement affligé quand
j’ai découvert que tel n’était pas le cas. Selon certains de ces
chercheurs, des VSCD authentiques ne peuvent se produire que
spontanément et par hasard. Cette position me semblait pourtant se
baser uniquement sur une simple question de définition. Il me
semblait évident que la Nature ne peut pas être réduite à cette
définition plutôt étroite. Il est bien clair que, quand nous
pratiquons la thérapie CIAM, nous n’induisons pas directement un
VSCD, nous ne faisons que provoquer un état de conscience
facilitant la survenue tout à fait naturelle, ou même spontanée, d’un
VSCD. De nouveau, quand la tristesse a pu être réduite et que les
patients ressentent un sentiment de paix, ils sont bien plus ouverts à
une survenue très naturelle d’un VSCD. Quelquefois, les défunts
nous ont communiqué que c’étaient eux qui contrôlaient
l’expérience, pas nous. Après avoir mené plusieurs milliers de
séances de thérapie CIAM, cela me semble parfaitement plausible. »
Est-ce que les VSCD sont « réels » ou sont-ils des illusions ? Des
hallucinations ? Un phénomène autogénéré ? Des compensations
inconscientes dues au chagrin du deuil ? Qu’en pense Botkin ?
« En tant que psychologue soignant des personnes qui ont vécu
des traumatismes et des pertes inimaginables, mon objectif
principal est leur guérison. D’ailleurs, la thérapie CIAM fonctionne
tout aussi bien avec des croyants, des agnostiques et des athées.
Puisque les VSCD sont des expériences qui se produisent
naturellement, ce que l’on croit n’a aucune importance.
En plus, en tant que psychologue, il serait inapproprié d’imposer
mon opinion personnelle à mes patients. Je les laisse décider de
croire ce qui est le plus confortable pour eux. Bien sûr, presque tous
ceux qui ne croyaient pas dans une vie après la mort changent
rapidement d’avis quand leur VSCD commence à se dérouler.
Toutefois, il me semble évident que l’explication psychologique
(par exemple : fantasmes servant à satisfaire un désir ou un besoin)
et l’explication basée sur le fonctionnement cérébral sont tout
simplement inadéquates. L’hypothèse la plus cohérente avec les
données dont nous disposons consiste à dire qu’il existe réellement
une vie après la mort et que les défunts sont capables de
communiquer avec nous. Cependant, je n’affirmerai jamais que les
VSCD spontanés et induits prouvent l’existence d’une vie après la
mort. Une “preuve” est un concept mathématique et non pas
scientifique. En tant que scientifiques responsables, nous nous
basons sur les faits, quelles que soient nos croyances préexistantes.
C’est là où les sceptiques fondamentalistes ne sont pas à la hauteur,
puisqu’ils interprètent les faits à la seule lumière de leurs idées
préconçues.
J’ajouterai que les opinions des experts en la matière m’importent
peu. Les seules personnes qui peuvent prétendre à un avis éclairé
sont celles qui ont vécu elles-mêmes une expérience de mort
imminente, un VSCD spontané ou induit, ou une vision au moment
du décès. »
Botkin l’a dit, en tant que psychologue et dans le cadre de son travail
thérapeutique, il ne partage pas ses convictions personnelles avec ses
patients. Cela serait en effet à la fois peu professionnel et inapproprié.
Toutefois, en tant que personne privée et avec les milliers de VSCD qui se
sont produits pendant les sessions menées par ses soins, on peut
supposer que son système de croyances a été influencé par ces
événements. Qu’en dit-il ?
« Je pense l’avoir mentionné auparavant, ma préoccupation est la
guérison. Depuis vingt-cinq ans, je travaille avec des patients qui ont
vécu des horreurs inconcevables. Je dispose d’une thérapie qui guérit
ces gens en profondeur. C’est simple, ça marche avec tout le monde,
peu importent leurs croyances. Nous disposons maintenant de
travaux de recherche qui étayent cela. Bien que je comprenne que
l’existence d’une vie après la mort soit peut-être la question la plus
importante à laquelle nous sommes tous confrontés, je suis dans
une position différente. Vous sauriez ce que je veux dire si vous aviez
passé les vingt-cinq dernières années de votre vie à écouter des gens
qui souffrent suite à des pertes tragiques et à des traumas. C’est mon
job d’aider ces gens, c’est ce que je fais le mieux.
Lors d’une de mes conférences quelqu’un m’a demandé :
— Eh bien, Docteur, croyez-vous que ces expériences de l’au-delà
sont de véritables expériences spirituelles ?
J’ai répondu :
— Pourquoi me demandez-vous ça à moi ? Je ne suis qu’un
psychologue. Si vous voulez un avis réellement éclairé, vous devez
poser la question à une personne qui a vécu cette expérience. »
Est-ce que cela signifie que Liaudat considère les VSCD directs et
spontanés – sans l’intermédiaire d’un médium – plutôt comme étant des
manifestations « intérieures », générées par le psychisme, qui ne
proviendraient donc pas des défunts ?
« Non, pas forcément. Un contact subjectif avec un défunt sans
l’intermédiaire d’un médium peut provenir d’une source
psychologique ou énergétique du cœur de la personne endeuillée,
mais peut aussi provenir d’une source extérieure. Il est pour moi
difficile de savoir dans quelle mesure joue l’influence intérieure ou
extérieure du phénomène. Dans les deux cas manifestés à mon
cabinet, j’aurais tendance à dire que dans l’expérience de ma
première patiente, le phénomène était de source essentiellement
extérieure. Cela en raison du changement palpable de l’atmosphère.
Dans le deuxième cas, le changement était aussi au niveau
vibratoire, mais plus centré autour de la patiente, plutôt que dans
l’ensemble de la pièce. Je pense que cette expérience était
probablement plus sous l’influence d’une source intérieure.
Toutefois, les deux patientes ont vécu un contact avec un défunt et
non une rêverie ou une projection intérieure.
J’ai bien conscience, en vous répondant, que mes arguments ne
sont que des intuitions et qu’il est très difficile, lors de phénomènes
de consciences subtils, de savoir où sont les sources des
phénomènes. Évidemment, cela vient toucher au cœur de la
conception que nous avons du monde.
Je sais aussi que certaines personnes qui vivent un VSCD reçoivent
des messages dont ils n’ont pas connaissance, messages qui se
vérifient par la suite. Ces cas-là se rapprochent des cas de contact
avec un défunt par les médiums. »
La mort est un sujet tabou dans les sociétés occidentales, un thème qui
jette le froid quand il est évoqué lors d’une soirée entre amis. Pourquoi ?
Comment en sommes-nous arrivés là ? C’est pourtant un sujet qui
concerne 100 % des êtres humains, l’unique événement commun qui
nous attend tous au bout du chemin.
Il est vrai que nombre d’entre nous avons notre propre expérience de la
mort, ayant perdu qui ses grands-parents, qui un ami ou un frère, une
compagne peut-être. Plus nous avançons en âge et plus les décès dans
notre entourage se multiplient, par la force des choses. Cependant, nous
ne bénéficions que d’expériences ponctuelles, si toutefois nous avons
assisté au décès, ce qui n’est de loin pas toujours le cas, mais nous
manquons d’une information plus complète. Chaque mort est différente,
précieuse dans son unicité, triste ou effrayante à observer aussi parfois,
en apparence au moins. Kenneth Ring, professeur de psychologie émérite
de l’université du Connecticut, États-Unis, et pionnier de la recherche sur
les expériences de mort imminente, s’est prononcé sur le vécu intérieur et
l’observation extérieure du processus de mourir en se basant sur les
innombrables témoignages d’EMI récoltés et analysés sur des dizaines
d’années.
Voici les propos qu’il a tenus dans un entretien que j’ai mené avec lui :
Kellehear ajoute que, à part l’école, le lieu de travail, les églises et les
temples, les médias ont un rôle à jouer dans l’éducation publique à la
mort. La télévision, la radio, les journaux et magazines ainsi que les sites
web sont à ses yeux des supports de choix.
Maximiser un sentiment éclairé d’espoir et de contrôle : le savoir
est le pouvoir et renforce la maîtrise.
« Bien que le processus de mourir, la mort et le deuil soient des
certitudes dans nos vies à tous, écrit Kellehear, ce qui se passe dans
le cadre de ces expériences n’est pas certain. Le processus de mourir
peut être difficile, mais constituer néanmoins une expérience sociale
enrichissante, ou il peut simplement être une expérience d’abandon
et de souffrance. Quand nous mourrons, nous nous rendrons peut-
être dans un lieu meilleur dans l’au-delà, ou nous perdrons toute
conscience et deviendrons du combustible pour les vers de terre. La
perte d’un être cher crée du chagrin, et le chagrin peut détruire une
vie ou la rediriger, la consolider, l’inspirer. Bien que l’aboutissement
de notre vie soit certain, les processus y relatifs ne le sont pas. Tout
est possible, le meilleur comme le pire. L’éducation à la mort offre
une opportunité pour explorer les utilisations positives de
l’incertitude, car c’est dans l’expérience de l’incertitude que les
opportunités d’espoir et de contrôle sont possibles.
Ainsi, ce n’est pas simplement l’information qui est importante
dans l’éducation à la mort, mais la participation – l’implication
même dans le processus d’exploration, d’évaluation et de prise de
position, le fait d’avancer de nouvelles idées et d’aboutir à de
nouvelles conclusions pour soi-même. C’est cela que l’éducation à la
mort peut apporter, et cet aspect peut libérer les personnes de la
position passive de “victimes” d’une information partiale du
processus de mourir, de la mort et du deuil qui les rend vulnérables
au mythe, à la déformation des faits et aux malentendus.
L’éducation à la mort dans le cadre de l’école, du lieu de travail ou
des loisirs permet une considération active de l’information sous des
angles divers à travers des discussions de groupe et par
l’apprentissage, mais, plus important encore, par le seul fait de la
participation – un processus qui encourage un sens de contrôle et
par là de maîtrise de sa propre ignorance et de ses angoisses. Ainsi,
l’un des objectifs majeurs de santé publique – et bénéfices – de
l’éducation à la mort est l’approche participative de l’apprentissage
qui conduit à l’appropriation personnelle de cet apprentissage. […]
L’éducation à la mort en tant que sujet de santé publique est
participative87. »
J’ai demandé à Tobert quel était le lien de parenté avec les défunts
perçus lors des visions. Les « ancêtres » souvent mentionnés en Afrique
sont-ils les parents ou les grands-parents de la personne qui fait
l’expérience, ou appartiennent-ils à des générations plus lointaines ?
« Par le terme “ancêtres”, ils entendent tous les défunts qui sont
vénérés par le groupe. Les Africains ne font pas, comme nous, une
distinction claire entre ceux qui appartiennent à leur famille et les
autres. Pour eux, tous les membres de leur communauté font partie
de leur famille, quelle que soit la génération à laquelle ils
appartenaient et quel que soit leur lien de parenté. »
J’ai rétorqué que ces vécus étaient certainement courants, mais pas
(encore) considérés comme normaux dans nos civilisations. C’est
précisément la raison pour laquelle il est si difficile pour les personnes
qui les ont expérimentés de les gérer.
« Et pourtant, en Occident il y a tant de chamans, de médiums, de
clairvoyants et autres personnes pourvues de dons psychiques qui
sont capables de voir les défunts. La difficulté réside dans les
paradigmes si radicalement opposés – ceux qui n’ont pas vécu eux-
mêmes de telles expériences sont dans l’incapacité d’y croire. »
84. ELSAESSER-VALARINO Evelyn, D’une vie à l’autre : des scientifiques explorent le phénomène des
expériences de mort imminente, Paris, Dervy, 1999, p. 158.
85. KELLEHEAR Allan, « Death Education as a Public Health Issue », Judith M. STILLION et Thomas
ATTIG (dir.), Death, Dying and Bereavement: Contemporary Perspectives, Institutions, and Practices, New
York, Springer, 2015, p. 223.
86. KELLEHEAR Allan, « Death Education as a Public Health Issue », art. cit., p. 226.
87. KELLEHEAR Allan, « Death Education as a Public Health Issue », art. cit., p. 227.
88. TOBERT Natalie, Spiritual Psychiatries: Mental Health Practices in India and UK, Aethos, 2014.
CHAPITRE 7
Et que penser des VSCD qui ne sont pas partagés ? Prenons le cas où
plusieurs personnes sont réunies dans un environnement donné, et une
seule d’entre elles perçoit le proche décédé tandis que les autres ne se
rendent compte de rien d’inhabituel. Si les VSCD étaient « réels » dans
un sens matérialiste, toutes les personnes présentes devraient
logiquement les percevoir. Qu’en pense Radin ?
Dans le cas des VSCD « pratiques », les défunts semblent fournir des
informations très concrètes et précises que les récepteurs ignoraient. Il
peut s’agir d’économies cachées, d’une assurance vie ou d’autres
documents dont les endeuillés ont un urgent besoin. Lors de ces
contacts, un véritable transfert d’informations se produit puisque les
récepteurs ne détenaient vraiment pas cette information auparavant.
Comment expliquer cela ?
Il est certain, et c’est bien dommage, que les scientifiques risquent leur
réputation et mettent potentiellement en péril leur carrière, notamment
universitaire, s’ils s’investissent dans l’étude des phénomènes inhabituels
autour de la mort. Même Radin, qui a démontré l’existence des
phénomènes psy dans d’innombrables tests scientifiques menés avec une
grande rigueur en laboratoire, reste prudent face au statut ontologique
des VSCD. Il est clair que ce que ces expériences impliquent est
vertigineux : la survie de la conscience, l’existence d’un « monde
invisible » qui serait notre destination finale à tous, la possibilité
ponctuelle et brève de communiquer avec nos proches décédés, l’idée
qu’ils auraient constamment un œil sur nous et interviendraient quand
nous sommes en danger imminent (les VSCD de protection). Ces
expériences et leurs implications remettent fondamentalement en
question notre conception de la réalité. Elles menacent de faire s’écrouler
le paradigme scientifique actuel, et rien n’est plus perturbant que de
risquer de perdre ses certitudes et de devoir tout remettre en question. La
résistance scientifique face aux phénomènes inhabituels autour de la
mort est puissante et ne favorise pas la mise en place de projets de
recherche d’envergure ni leur financement.
Heureusement, il y a des exceptions. La recherche sur les expériences de
mort imminente a pu se mettre en place, il y a près de quarante ans, grâce
à des pionniers tels que Kenneth Ring et Raymond Moody, et a pu être
poursuivie par des chercheurs compétents et rigoureux tels que Bruce
Greyson, Pim van Lommel et d’autres.
Les VSCD se situent dans un contexte plus large
Les médiums
Les défunts sont souvent perçus comme étant plus jeunes que le jour
de leur décès, en éclatante santé et rayonnants de félicité, donnant
l’impression qu’ils peuvent « se matérialiser » ponctuellement et entrer
dans la conscience des vivants en créant une image de leur choix. Cette
caractéristique est mentionnée aussi bien par les récepteurs de VSCD que
par les expérienceurs d’EMI.
Lors de l’accompagnement de personnes en fin de vie, deux médiums
cités dans Le Test, Loan Miège et Christelle Dubois, ont pu observer « ce
tunnel de lumière d’où émergent des proches sous la forme de
silhouettes plus ou moins définies, parfois avec une apparence beaucoup
plus jeune. Un sentiment de joie et d’amour immense émane d’eux113. »
Stéphane Allix rapporte les perceptions très similaires de la médium
Christelle Dubois :
« Pour Pierre, c’est lié à une question d’énergie. L’énergie dont les
défunts se servent pour se montrer, pour créer ce corps avec lequel ils
se rendent visuellement perceptibles doit être tellement importante
qu’ils n’en ont pas assez pour faire autre chose que créer cette image
dans notre monde. À l’inverse, ceux qui parlent n’ont ni l’énergie ni
la force nécessaires pour se montrer en même temps115. »
Il ajoute :
« L’énergie est la clé qui ouvre l’accès au monde des esprits et rend
possible la communication avec les défunts. Pour passer de l’endroit
où ils se trouvent à ici – notre monde matériel qui doit engendrer
quantité de parasitages –, il leur faut de l’énergie. Beaucoup
d’énergie116. »
Il semble assez évident que nos proches décédés ne sont plus vraiment
les mêmes « personnes » que nous avons connues et aimées. Ils sont ce
qu’ils ont été, mais ils sont également beaucoup plus que cela, d’une
manière inconcevable pour nous. La médium Loan Miège décrit ainsi le
défunt avec qui elle a établi un contact :
« Assise devant une table sur laquelle ont été disposées par les
familles et les proches présents dans la salle les photos de leurs
défunts, Florence a la sensation de se retrouver dans un brouillard,
une sorte de brume. Quelque chose qui l’englobe. Là, elle saisit une
photo machinalement, et ses perceptions s’ouvrent. Elle entend des
voix, des personnes qui lui parlent, lui décrivent des éléments de vie,
des circonstances de décès, des prénoms ou parfois juste la première
lettre, des dates, etc.121 »
Quatre de nos témoins ont vécu des VSCD difficiles, dont trois avec
des défunts inconnus, qui sont sans doute à placer dans cette catégorie.
Dominique Marie C. a vécu un contact oppressant avec son frère,
décédé quelques jours plus tôt, qui ne semblait pas être conscient d’être
mort. Il lui avait demandé s’il devait partir, et elle avait répondu par un
« oui » catégorique.
Eliette S. avait aperçu une « forme féminine hostile » dans la maison
de campagne de sa sœur et en avait été bouleversée, tout comme son
chien, qui semblait pétrifié. Nous ne savons rien sur les circonstances du
décès de cette femme, mis à part la rumeur qui dit que « dans cette
maison vécut autrefois une femme seule qui mourut folle ».
Nous avons vu que les circonstances du décès, notamment dans le cas de
mort violente, jouent un rôle dans cette prise de conscience de sa propre
mort. Dans les deux cas suivants, les défunts perçus étaient inconnus de
nos témoins.
Souvenons-nous d’Anne-Marie L. qui avait porté assistance un soir à
un jeune homme inconnu accidenté de la route qui décéda pendant le
transport à l’hôpital. Rentrée chez elle, Anne-Marie avait vécu un VSCD
effrayant. On peut supposer que le jeune homme, arraché brutalement à
la vie, n’avait pas encore pris conscience de son nouvel état, et, dans sa
confusion, s’était « accroché » à la personne qui lui avait porté secours
dans la situation dramatique dans laquelle il se trouvait peu avant de
mourir.
Béatrice M. a elle aussi perçu une inconnue, une jeune fille de 13 ans,
décédée tragiquement dans un accident d’avion qu’elle avait provoqué
elle-même par inadvertance en « touchant à quelque chose qu’il ne fallait
pas », information confirmée par une enquête officielle subséquente.
Cette expérience est entièrement marquée par le désarroi, l’affolement et
la confusion de la jeune fille qui donnait l’impression de s’être manifestée
en toute urgence là où c’était possible – auprès de Brigitte, qui, étant
munie d’une grande sensibilité, rendait ce contact possible. Il est fort
possible que la jeune fille n’était pas consciente d’être morte.
Dans la citation d’Allix, il n’est pas question d’individus décédés de
mort violente, mais on peut imaginer que la prise de conscience de sa
propre mort est moins immédiate si la personne a été arrachée
brutalement à la vie, sans aucune préparation psychologique possible.
Les propos de la médium Loan Miège étayent cette supposition :
Nous l’avons vu, les VSCD avec des proches décédés semblent servir à
réconforter les vivants et à les aider à poursuivre leur vie sans l’être
essentiel, tandis que les VSCD avec des inconnus donnent l’impression
que ce sont les défunts qui ont besoin d’être rassurés.
Arrêtons-nous un instant sur cette notion des VSCD qui « rassurent »,
qui « réconfortent » les vivants. Ces termes sont revenus tout au long de
ce livre dans la bouche des récepteurs. Sans doute faut-il comprendre le
verbe « rassurer » dans un sens plus large que le « simple » apaisement de
la douleur du deuil (ce qui en soi est déjà considérable). Les implications
sous-jacentes à ces contacts sont vertigineuses, nous l’avons vu à maintes
reprises. Il s’agit ni plus ni moins que de révolutionner notre conception
de la mort… et de la vie… et avant tout, de notre propre vie (à moins, bien
sûr, que cette conviction n’ait préexisté d’une manière quelque peu
théorique, mais sans s’appuyer sur l’expérience directe). Il est bien clair
que l’idée de la mort est constamment présente dans notre inconscient
puisqu’elle délimite toutes nos démarches et tous nos espoirs dans le
temps et, dans l’absolu, rend absurdes tous nos efforts. Si, en revanche,
nos actes, nos joies et nos peines trouvaient un prolongement dans une
pérennité, si le sens de notre existence ne se mesurait plus uniquement
dans l’espace de notre vie terrestre, alors la conception de notre quotidien
en serait profondément transformée puisque notre existence prendrait
une signification fondamentalement différente. Ainsi, j’ai envie d’ajouter
un verbe supplémentaire à ceux définissant la fonction des VSCD : le
verbe « informer ». En effet, les VSCD nous offrent l’information que nos
proches décédés ont survécu à la mort de leur corps physique – une
information capitale s’il en est.
Que peuvent faire les vivants pour leurs morts ? Stéphane Allix écrit à ce
propos :
« Pour Henry comme pour tous les autres médiums que j’ai
consultés, il faut savoir laisser les défunts suivre leur chemin. Ils le
répètent souvent à leurs clients : nos défunts doivent évoluer de leur
côté. La mort ne signifie pas qu’ils nous ont abandonnés. Il faut
essayer de se mettre à leur place et envisager que ne pas vouloir
évoluer dans notre souffrance peut les culpabiliser. Par là nous les
attirons sans cesse à nous125. »
Les propos des médiums et les témoignages des différents vécus autour de la
mort convergent sur de nombreux points – les pièces du puzzle se mettent en
place petit à petit.
89. ALLIX Stéphane et BERNSTEIN Paul, Manuel clinique des expériences extraordinaires, Paris,
InterEditions - INREES, « Nouvelles évidences », 2013, p. 146-147.
90. Awareness en anglais.
91. 3 livres = 1,360 kg.
92. Communication personnelle du docteur Jean-Jacques Charbonier, novembre 2015.
93. iands-france.org.
94. VAN LOMMEL Pim, VAN WEES Ruud et MEYERS Vincent, « Near death experience in survivors of
cardiac arrest: a prospective study in the Netherlands », The Lancet, 2001, 358: 2039-2045.
95. THONNARD M., SCHNAKERS C. et BOLY M., « Expériences de mort imminente : phénomènes
paranormaux ou neurologiques ? », Rev Med Liege, vol. 5-6, no 63, 2008, p. 438-444.
96. Fear death experience, en anglais.
97. Voir sur mon site : www.elsaesser-valarino.com.
98. ALLIX Stéphane, Le Test : une enquête inouïe, la preuve de l’après-vie ?, op. cit., p. 14.
99. ELSAESSER-VALARINO Evelyn, D’une vie à l’autre, op. cit., p. 34.
100. Ibid., loc. cit.
101. CALLANAN Maggie et KELLEY Patricia, Final Gifts: Understanding the Special Awareness, Needs, and
Communications of the Dying, op. cit., p. 106.
102. FENWICK Peter et FENWICK Elizabeth, The Art of Dying, op. cit., p. 152.
103. Ibid., p. 153.
104. GUGGENHEIM Bill et GUGGENHEIM Judy, Des Nouvelles de l’au-delà , op. cit., p. 77.
105. Ibid., p. 78.
106. ALLIX Stéphane, Le Test : une enquête inouïe, la preuve de l’après-vie ?, op. cit., p. 67-68.
107. ELSAESSER-VALARINO Evelyn, D’une vie à l’autre : des scientifiques explorent le phénomène des
expériences de mort imminente, op. cit., p. 37.
108. ALLIX Stéphane, Le Test : une enquête inouïe, la preuve de l’après-vie ?, op. cit., p. 97.
109. Ibid., p. 173.
110. CHARBONIER Jean-Jacques, La Médecine face à l’au-delà : pour la première fois, des médecins parlent…,
Paris, Guy Trédaniel éditeur, 2010, p. 8.
111. ELSAESSER-VALARINO Evelyn, D’une vie à l’autre : des scientifiques explorent le phénomène des
expériences de mort imminente, op. cit., p. 49.
112. GUGGENHEIM Bill et GUGGENHEIM Judy, Des Nouvelles de l’au-delà, op. cit., p. 82.
113. ALLIX Stéphane, Le Test : une enquête inouïe, la preuve de l’après-vie ?, op. cit., p. 210.
114. Ibid., p. 136.
115. ALLIX Stéphane, Le Test : une enquête inouïe, la preuve de l’après-vie ?, op. cit., p. 156.
116. Ibid., loc. cit.
117. ELSAESSER-VALARINO Evelyn, D’une vie à l’autre : des scientifiques explorent le phénomène des
expériences de mort imminente, Paris, Dervy, 1999, p. 44.
118. ALLIX Stéphane, Le Test : une enquête inouïe, la preuve de l’après-vie ?, op. cit., p. 215.
119. Communication personnelle, 2010.
120. ALLIX Stéphane, Le Test : une enquête inouïe, la preuve de l’après-vie ?, op. cit., p. 157.
121. Ibid., p. 242.
122. ALLIX Stéphane, Le Test : une enquête inouïe, la preuve de l’après-vie ?, op. cit., p. 68.
123. ALLIX Stéphane, Le Test : une enquête inouïe, la preuve de l’après-vie ?, op. cit., p. 209.
124. Ibid., p. 69.
125. Ibid., p. 69-70.
126. ALLIX Stéphane, Le Test : une enquête inouïe, la preuve de l’après-vie ?, op. cit., p. 169-170.
127. Ibid., p. 126.
Quelques mots en guise de conclusion
Nous voici arrivés au terme de ce vaste tour d’horizon des VSCD. J’ai
présenté les différents types de vécus subjectifs de contact avec un défunt,
y compris les visions au moment du décès – les VSCD se produisant dans
le contexte particulier de la proximité de la mort. Les nombreux
témoignages exclusifs partagés avec générosité et sincérité par nos
correspondants ont consolidé la compréhension de ces vécus, tant sur le
plan de leur phénoménologie que de leur impact.
Vivre un contact spontané avec un proche décédé est une expérience à
la fois bouleversante et réconfortante qui soulève de nombreuses
questions. Les récepteurs sont immédiatement et intimement convaincus
de la réalité de l’expérience, mais une réaction sceptique de leur
entourage peut les déstabiliser. Avec le concours de mes illustres
interlocuteurs, nous avons débattu des conséquences des VSCD pour le
processus de deuil et offrons de nombreuses pistes pour en tirer le plus
grand bénéfice.
La question cruciale de l’authenticité des contacts post-mortem a été
posée. Les VSCD ne sont pas un phénomène isolé, ils se situent dans le
contexte plus large d’autres expériences autour de la mort. Une mise en
parallèle des expériences de mort imminente, des visions au moment du
décès, des VSCD ainsi que des communications avec les défunts établies
par le biais de médiums a permis de mettre en lumière des similitudes
saisissantes, esquissant un continuum entre ces différentes manifestations
qui seraient des expressions distinctes d’une même réalité.
Que nous enseignent les VSCD ? Tout d’abord, ils impliquent que le
deuil n’est pas seulement une période de grande tristesse que nous
subissons en victimes impuissantes, mais qu’il offre au contraire
l’opportunité d’investir un espace d’ouverture et d’enrichissement, voire
de créativité, dans lequel les VSCD occupent une place importante. Non
seulement ces expériences réconfortent les endeuillés, mais elles
impliquent que leurs proches décédés ont survécu à la mort de leur corps
physique – une information ou confirmation capitale pour nous tous.
Les VSCD expérimentés par des millions de personnes de par le monde
constituent une source d’espérance inouïe, et avant tout, pour notre
propre destinée au-delà de la mort.
Il ressort des témoignages de VSCD que les défunts peuvent aider les
vivants. Ce constat ouvre une nouvelle perspective – la perspective d’un
lien relationnel continu qui se manifesterait, très exceptionnellement,
très ponctuellement et très brièvement, sous forme de contacts au-delà
de la mort. Les VSCD de protection illustrent la permanence de ce lien,
même très longtemps après le décès, puisque nos proches disparus
semblent garder un œil sur nous à tout moment et être en mesure
d’intervenir pour nous éviter un drame. Les VSCD s’inscrivent dans le
cadre plus large de la construction du lien intérieur qu’il s’agit de créer
avec le proche décédé et qui constitue l’essentiel du travail de deuil.
Et que peuvent faire les vivants pour leurs morts ? Les témoignages de
VSCD et les communications post-mortem établies par le biais de
médiums nous permettent de comprendre que les défunts peuvent
effectivement avoir besoin de nous, et c’est sans doute une surprise pour
beaucoup. Nous pouvons à notre tour les aider en faisant notre possible
pour ne pas les retenir trop longtemps par notre chagrin et nos larmes.
Les « laisser partir » ne signifie pas rompre un lien qui ne peut pas être
rompu, mais plutôt laisser se mettre en place la distance juste, en toute
confiance. Les VSCD et autres expériences autour de la mort suggèrent
l’existence d’une relation vivante, dynamique et évolutive entre les vivants
et les défunts. Cette interaction au-delà de la mort se manifesterait dans
des circonstances très rares et très spécifiques, lors des VSCD, pendant les
EMI quand les expérienceurs communiquent avec des proches décédés et
à l’approche de la mort quand les mourants reçoivent des informations
de la part de leurs proches défunts qui les mettent en paix avec leur mort
imminente.
J’espère que les récits de nos témoins vous ont donné une bonne
compréhension de la nature des VSCD et que les avis éclairés de mes
interlocuteurs vous ont guidé dans vos réflexions. J’espère avant tout que
vous avez pu vous forger votre propre opinion. Peut-être êtes-vous
maintenant convaincu de l’authenticité et des bénéfices des VSCD ? Peut-
être l’étiez-vous déjà avant d’avoir lu ce livre ? Ou peut-être n’en êtes-vous
pas du tout persuadé et vous êtes-vous rallié aux positions prudentes,
voire sceptiques, de quelques-uns de mes interlocuteurs ? Et, qui sait,
peut-être qu’un jour vivrez-vous un VSCD et la question se posera en
d’autres termes, ou ne se posera plus ?
Quoi qu’il en soit, c’était un privilège pour moi de vous guider dans
l’exploration des vécus subjectifs de contact avec un défunt.
Appel à témoignages
Si vous pensez avoir vécu un VSCD, merci de m’envoyer votre
témoignage concis à mon adresse email :
evelyn@elsaesser-valarino.com.
Votre expérience me sera précieuse pour entreprendre de futures
recherches.
Merci d’avance !
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