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TEMOIGNAGE D’UN ENSEIGNANT SUR

L’APPRENTISSAGE PAR PROJET


Intervenant :
Christophe Morin, Maître de conférences en Biochimie, UPEC.

1. Le cadre
Christophe Morin est maître de conférences en Biochimie à l’université Paris-Est Créteil. Il intervient dans le
cadre du master MEEF ("métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation") de l’ESPE à l’UPEC. Ce
master vise à former de futurs enseignants du primaire.
Le dispositif mis en place devait répondre à un double objectif. Le premier objectif était de donner un
sentiment plus fort de légitimité dans l’enseignement des sciences à des apprenants ne venant pas de filières
scientifiques, en leur permettant de développer des connaissances et des compétences scientifiques.
Le deuxième objectif était de faire vivre de l’intérieur la démarche expérimentale à ces futurs enseignants en
s’appuyant sur l’apprentissage par projet. Cela, afin que, plus tard, il soit plus facile pour eux de faire appel à
cette démarche et cette méthode pédagogique auprès de leurs élèves.
Ce deuxième objectif s’accompagne du développement de compétences transversales liées au travail
collaboratif, à la gestion de projet, à la communication et à la gestion d’un budget.

2. La mise en oeuvre
Il fallait mettre les étudiants en situation de besoin d’apprendre. La mise en place d’un projet, dès le début de
l’enseignement, a permis aux apprenants de contextualiser rapidement les savoirs.
Cet apprentissage par projet s’est appuyé sur plusieurs axes : travail de groupe, gestion de projet, présentation
des attendus.
Il y a eu un gros travail de préparation et de concertation avec l’équipe pédagogique. Ce travail de préparation
à cette nouvelle approche a aussi concerné les étudiants.
Pendant le déroulement du projet, la posture de l’enseignant a été celle d’un tuteur aiguillant et relançant les
apprenants.
La volonté a été de créer des petits groupes mixte associant étudiants venant de filières scientifiques et
étudiants venant de filières non scientifiques et de pouvoir ainsi tirer le meilleur des compétences de chacun.
Par exemple, ils peuvent très bien venir de filières de Sciences économiques et sociales, avoir des idées sur la
gestion de projet, avoir fait de l'histoire, avoir fait de l'anglais, d’autres avoir des compétences concernant les
différentes démarches pour pouvoir réaliser leur projet, notamment des démarches auprès des financeurs
pour trouver de l'argent. Et ce sont toutes ces compétences qu’il faut agglomérer pour monter un véritable
projet ambitieux pour l'enseignant, mais surtout pour les élèves

Vidéo de Rose-Marie Garcia dans le cadre du MOOC efSUP, captation et montage vidéo réalisés par Gérard LEVANT (UPEC)
3. Les étudiants
Les étudiants se sont beaucoup impliqués dans le dispositif. En fait, la motivation des apprenants, elle est là à
partir de la deuxième, troisième séance : à partir du moment ils ont passé le cap, du fond du trou parce qu'on
les a jetés du haut de la falaise et il fallait qui se débrouille par eux-mêmes.
90% d’entre eux se sont dit intéressés par la mise en place d’une approche expérimentale dans leurs futurs
cours.
Même si la motivation n’était pas un but en soi, cela a permis de briser les aprioris des apprenants sur
l’enseignement des sciences et d’améliorer leur maîtrise de la démarche expérimentale.
4. Les points de vigilance dans la mise en place de l’apprentissage par projet
Pour mettre en place de l’apprentissage par projet, il faut :
 d’abord vraiment se poser la question : où veut-on emmener les étudiants ? Avoir les objectifs
d’apprentissage, c’est vraiment la chose importante ;
 ensuite, la gestion de certaines dynamiques de groupe doit aussi être prise en compte, car elle peut
prendre du temps. Il faut faire attention aux groupes de travail qui ont été constitués, associant des
scientifiques avec des non-scientifiques, associant aussi des personnes avec d’autres aux caractères
différents qui doivent pouvoir travailler ensemble ;
 enfin les principales difficultés pour les enseignants tiennent au fait de garder leur rôle de tuteur et de
ne pas fournir de réponse toute faite aux étudiants. Une fois que les choses sont engagées, on ne peut
pas laisser les étudiants tout seuls dans la salle et revenir à la fin de l’heure. Il faut absolument les
laisser seuls, car notre présence les dérange. Ils ont envie d’être tranquilles, travailler en petits
groupes. Et puis il faut venir les voir, leur demander s’ils ont besoin d’un renseignement, s’ils veulent
qu’on les accompagne, où ils en sont. Donc être dans la posture de l’accompagnateur. Il faut se fixer
l’objectif d’adopter une posture particulière. Dans mon cadre, je veux être accompagnant, je ne veux
pas transmettre, je ne veux pas faire le projet à la place des étudiants, pour pousser les étudiants à se
poser des questions et adopter la posture que l’on veut qu’ils adoptent. Cela a été la chose la plus
difficile.

5. Bilan de cette expérience


Pour conclure, il est impressionnant, lors des oraux terminaux, d’entendre les étudiants dire qu’ils ont compris
qu’on les a mis dans une situation et une posture que l’on souhaite qu’ils reproduisent dans leur futur milieu
professionnel. Certains se sont pris à juste titre pour des chercheurs et ont poussé la posture réflexive jusqu’à
se demander s’ils étaient les seuls à vouloir monter des projets « sciences » et une pédagogie par projet. Et ils
ont monté des questionnaires qu’ils ont distribués dans leur école pour savoir si cette pédagogie était utilisée
auprès des élèves, si on réalisait des projets « sciences ». Enfin ils ont fait des bilans. L’idée est de former des
professeurs qui évoluent, qui se posent des questions, des professeurs du primaire qui s’intéressent aux élèves
et aux pratiques. Et on a réussi à créer une dynamique auprès de ces enseignants. C’est très bien aussi pour
travailler sur une démarche expérimentale qu’on va enseigner aux plus jeunes, un esprit critique qui valeur être
nécessaire pour ensuite mieux s’intégrer dans la société.

Vidéo de Rose-Marie Garcia dans le cadre du MOOC efSUP, captation et montage vidéo réalisés par Gérard LEVANT (UPEC)

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