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Sujet 2 :

L’assureur Takaful est-il malgré tout un spéculateur


mercantile ?

Travail élaboré par :


ARFAOUI ABIR
M2 « Assurance et Actuariat »

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L’assurance Islamique se démarque de l’assurance conventionnelle
« classique », elle distingue les biens et transactions HALAL (licites) de ceux qui
sont HARAM (illicites). Elle obéit à des règles précises proposées par l’Islam.
L’assurance islamique ou bien « Takaful » est née du besoin d'une banque
islamique soudanaise d'assurer ses opérations conformément aux principes de
la chariaa. A cet effet, ladite banque a créé, en 1979, The Islamic Insurance
Company of Sudan, considérée comme la première compagnie Takaful dans le
monde.
A partir de là, d'autres compagnies ont vu le jour, principalement au Moyen-
Orient.
Le Takaful vient du mot arabe «kafalah» est un concept basé sur les notions
d’entraide et de solidarité entre les membres d’une communauté qui sont
appelés « participants » pour faire face à divers risques.
Les participants à l’assurance Takaful (halal) souhaitent s’assurer contre les
risques et dommages qui peuvent toucher leurs biens, leurs entreprises ou leur
entourage en appliquant les principes de la Chariaa, l’assurance Takaful est
basée alors sur les préceptes de la Chariaa qui désigne dans le contexte
religieux « le chemin, la voie d’accès pour respecter la loi de Dieu », elle est
ainsi une sorte de code de conduite islamique, qui détermine aux musulmans
un ensemble de règles, interdits ou sanctions.
L’assurance Takaful est une garantie mutuelle fondée sur l’interdiction des trois
éléments suivants :
L’interdiction des transactions entachées de Gharar :
Le Gharar est un terme généralement traduit par aléa, flou ou incertitude, qui
représente toute transaction où il y’a risque important de tricherie sur l’objet
du contrat. En effet le Gharar constitue une perte injuste en faveur d’une partie
aux dépens de l’autre c’est le cas notamment de la vente d’un bien non
possédé, par exemple lorsqu’une transaction de vente porte sur un bien que le
vendeur ne possède pas encore, qui n'est pas déterminé de façon précise, son
prix n’est pas fixé de façon claire ou encore lorsque le transfert de propriété est
conditionné à un évènement incertain.

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L’interdiction du Maysir :
La notion de Maysir connu également sous le nom de « Qimar » correspond à
celle de spéculation, jeu de hasard, pari.
La jurisprudence définit le contrat d’assurance comme un contrat
synallagmatique qui comporte des obligations réciproques entre les deux
parties c'est-à-dire les droits et les obligations des contractants sont clairement
définies dans le contrat d’assurance au jour de sa conclusion par contre al
Maysir désigne le contrat dans lequel le droit des parties contractantes dépend
d'un événement aléatoire dont la survenance n’est pas certaine. La notion de
spéculation dans ce type du contrat se justifie par le fait que l’assuré peut
perdre la somme versé à titre de primes si le sinistre ne se réalise pas dans ce
cas l’assureur c’est lui qui gagne.
L’interdiction des conventions entachées de Riba :
Le Riba signifie littéralement « augmentation, accroissement » et dans le
contexte de l’assurance classique signifie « l’intérêt ». En effet, le terme Riba
désigne tout avantage monétaire ou surplus réalisé sans effort obtenu par l’une
des parties contractantes, dans ce cas Al Riba est présent dans les opérations
d’investissement des primes versées par les preneurs d’assurance (les assurés).
En plus de Dieu qui interdit et condamne le Riba comme il est mentionné dans
les versets du Coran, beaucoup d’Oulémas souligne le fait que « pour l’islam, la
richesse ne doit pas résulter d’un enrichissement sans cause, mais doit être le
fruit d’une activité et d’un effort personnel».
La jurisprudence islamique, issue de la loi coranique, interdit le paiement et la
réception des intérêts (Riba), l'incertitude (al Gharar) et la spéculation (al
Maysir), voilà pourquoi l’assurance Takaful n’est pas un spéculateur
mercantile.
Comme il est mentionné dans la partie précédente l’assurance Takaful
absolument n’est pas un spéculateur mercantile, elle est basée dans un
premier lieu sur l’obligation de l’existence de « Chariaa board » (comité de
surveillance de la Chariaa) qui est composé des membres qui sont qualifiés
pour interpréter la jurisprudence islamique c'est-à-dire veiller à la conformité
des contrats aux préceptes de la charia et qui ayants évidemment des
connaissances suffisantes et des compétences nécessaires en matière de
finance.

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En effet, le Takaful interdit de financer le haram c'est-à-dire toutes les activités
illicites comme les jeux de hasard, la production de boissons alcoolisées, le
tabac… Il est basé sur le partage des risques entre les parties au contrat, la
coopération mutuelle, la responsabilité, la protection et l’assistance entre les
participants en fait l’assurance Takaful permet de mutualiser les risques et de
repartir les pertes éventuelles entre l'ensemble des assurés.

Ainsi le contrat Takaful est formé par :


Les participants : ce sont les souscripteurs des contrats qui apportent les fonds
nécessaires à la couverture des risques futurs et leurs contributions sont
versées sous forme de donation (tabarroû).
Le gestionnaire du fonds : c’est l’opérateur qui va effectuer toutes les
opérations liées à la gestion de la structure, il apporte le capital nécessaire à la
création et à la solvabilité de la société.
Le fonds Takaful : c’est un fond commun constitué par la somme d’argent
versés par les participants comme don, qui sera utilisé de façon mutuelle pour
aider les membres contre une perte ou un dommage défini.
L’un des fondements majeurs de l’assurance Takaful est le versement de
l’excédent technique aux participants c'est-à-dire il est obligatoire de distribuer
le surplus dégagé entre les adhérents selon les règles de la Chariaa.
Dans le cas où le fonds des adhérents enregistre un déficit, les actionnaires
s’engagent à combler ce déficit à travers un prêt sans intérêts qui sera
remboursé ultérieurement à partir des surplus futurs dégagés par le fonds des
adhérents.
L’assurance Takaful doit obligatoirement maintenir une séparation totale entre
« le fonds des actionnaires » et « le fonds des participants » de sorte que
chacun d’eux possède un compte financier spécifique afin de réaliser de
l’équité entre eux et d’éviter toute mixité entre leurs droits et leurs obligations.
Investir les avoirs du fonds dans des placements conformes à la Chariaa.

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En conclusion, le contrat d’assurance Takaful est un contrat par lequel un
groupe de personnes appelées « participants » s’engage à s’entraider en cas de
réalisation d’un sinistre moyennant le paiement d’une cotisation qui est versée
sous forme de donation, les cotisations collectées seront partagées dans
l’objectif de payer les indemnisations tout en préservant le principe de
séparation entre les comptes de l’assurance et ceux du fonds des participants.
Après avoir déterminé les fondements de l’assurance Takaful (l’interdiction de
Gharah, Maysir et Riba) ainsi que ses caractéristiques essentielles, il est clair
que le Takaful n’est pas un spéculateur mercantile car la spéculation est
« HARAM ».

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