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Or, cette tentative d’élévation se solde par une chute, qui aurait pu être fatale
sans « le secours des mains fraternelles ». L’épreuve de l’Air peut donc être vue
comme un échec, en tous cas comme un rappel à l’humilité et une invitation à
persévérer sur le chemin de la connaissance. En effet, le franc-maçon aurait tort
de penser qu’il a acquis la parfaite de connaissance de lui-même : il est bien loin
d’avoir soumis ses ennemis intérieur, et loin d’avoir acquis la maîtrise de son
mental.
L’Epreuve de l’Eau qui suit est donc une sorte de retour en arrière : il faudra
plonger une nouvelle fois dans la matière opaque, en l’occurrence celle de
notre psychisme, symbolisé par l’Eau.
Il faut ici souligner l’alternance bas-haut dans les épreuves que le Néophyte
traverse : la Terre et l’Eau (le bas) alternent avec l’Air et le Feu (le haut). Nous
avons là l’expression d’un cycle dont la dynamique permet la progression
spirituelle du franc-maçon.
Le néophyte est ici invité à visiter et connaître ses « Eaux intérieures », c’est-à-
dire son mental, son psychisme et les éléments qui le composent : instincts,
pulsions, passions, envies (éléments qui tirent vers le bas), mais aussi la raison,
la morale ou encore la spiritualité (éléments qui tirent vers le haut).
Cependant, il n’est pas encore délivré des combats qu’il est obligé de soutenir
pour triompher de ses passions et de celles des autres hommes. Au cours de ce
voyage, à l’instar des anciens mystères, vous avez subi « l’Épreuve de l’Eau »,
troisième élément symbolique.
L’Eau en alchimie.
Par ailleurs, ce Phénix peut être vu comme celui qui transforme l’énergie en un
mouvement de spirale et d’évolution vers le haut.
Le néophyte plonge ensuite sa main gauche dans l’Eau. Ici, le côté gauche
renvoie au cœur. Il s’agit ici de laver et de purifier le récipiendaire à la manière
d’un baptême, en vue d’une renaissance à venir aux mystères de l’être. Le fait
de lui essuyer la main permet d’enlever définitivement toute impureté profane,
et marque le renoncement au vieil homme pour l’homme nouveau.
Le symbolisme de l’eau.
L’Eau est bien sûr source de toute vie. Dans la plupart des traditions, l’eau
primordiale est contemporaine du premier moment de la Création : dans la
Genèse, Dieu crée le Ciel et la Terre et l’esprit de Dieu plane sur les eaux, et
Dieu dit : « Que la lumière soit ». L’eau par l’effet du soleil forme
un cycle immuable, de la Terre au Ciel, et du Ciel à la Terre.
De la fertilité des terres à l’abondance de la nourriture, l’Eau incarne toujours ce
don de Dieu ou de la Nature. Le rite de passage par l’Eau a donc vocation de
renvoyer à ces eaux primordiales qui, abolissant toute histoire, ont valeur
de purification, de régénération et de renaissance. Cette tradition se trouve
dans l’épisode du Déluge (qui peut symboliser l’état d’inconscience profane),
où la terre est purifiée des péchés de l’Homme par les flots.
C’est pourquoi, dans les rites d’initiation, l’Eau est associée à la purification du
corps et de l’esprit et marque le passage d’un état inférieur à un état supérieur.
L’Eau est aussi le miroir de l’homme qui pense, c’est elle qui le guide vers la
conscience de soi et la raison.
Par ailleurs, l’eau a une notion d’éternité et rappelle l’homme à sa fragilité. Elle
se présente sous différents aspects : destructrice, purificatrice, source de vie,
guérisseuse, protectrice. Elle est par exemple le véhicule des éléments figurés
du sang.
L’eau est une force à la fois centripète et centrifuge : centripète, elle agit de
l’extérieur vers l’intérieur et exerce une contraction. On parle ici des situations
contraignantes de la vie. Centrifuge, elle agit de l’intérieur vers l’extérieur et
exerce une expansion. On parle alors des actions à prendre pour réagir aux
situations contraignantes de la vie.
Enfin, l’eau s’adapte à son contenant, ce qui faisait dire à Confucius que l’eau
s’adapte au récipient qui la contient, un homme sage s’adapte aux circonstances.