Vous êtes sur la page 1sur 5

L’épreuve de l’Air en franc-maçonnerie

L’épreuve de l’Air en franc-maçonnerie au REAA : comment


l’interpréter ? Quel symbolisme ? Quel est le pouvoir de l’Air ?

Sorti victorieux de l’épreuve de la Terre, le néophyte est introduit en loge où il


doit accomplir trois voyages initiatiques qui correspondent aux trois épreuves
de l’Air, de l’Eau et du Feu.

L’épreuve de l’Air est donc la première des trois épreuves vécues en loge : c’est
le « premier voyage ».

Si l’épreuve de la Terre consistait à plonger dans la matière, c’est-à-dire en soi-


même, l’épreuve de l’Air annonce un élan vers le haut : on peut la voir comme
une tentative d’élévation de l’âme vers le Principe supérieur.

Mais cette élévation est périlleuse : elle se fait dans le tumulte, le bruit, la
tempête. Elle se termine inévitablement par une chute qui aurait pu être fatale
sans « le secours des mains fraternelles ». L’épreuve de l’Air est donc un échec,
mais elle permet d’apprendre sur soi.

Tentons de donner une interprétation de l’épreuve de l’Air en franc-


maçonnerie au REAA.

L’épreuve de l’Air en franc-maçonnerie au REAA :


interprétation.
L’Air est l’un des quatre éléments alchimiques fondamentaux. En tant qu’état
modifié de l’Eau, il représente l’âme qui s’éveille et qui s’ouvre au Principe
supérieur. Il est l’élément de la conscience et de l’intuition.
Le symbole alchimique de l’Air est le triangle dont le sommet est coupé :

Ce symbole représente le triangle de l’élément Feu, mais dont l’élévation est


arrêtée par la base du triangle inversé de l’Eau, signe que l’âme ne peut se
séparer totalement de la matière.

Autrement dit, l’âme humaine ne peut se détacher durablement de la Terre pour


rejoindre le Principe supérieur : notre destin est de vivre une expérience
matérielle, terrestre.

L’épreuve de l’Air symbolise donc une erreur et une impasse. Le fait que ce
premier voyage se fasse sinistrorsum (du latin sinister qui a donné « sinistre »)
en est aussi la preuve. L’épreuve de l’Air représente le risque d’une ambition
déréglée : le franc-maçon fraichement initié pourrait se croire supérieur aux
autres, mais cela ne serait qu’illusion. En réalité, les passions continuent de
l’agiter ; l’ignorance est toujours là.

Le rituel d’initiation REAA ne dit pas autre chose :

Récipiendaire, le voyage symbolique que vous venez de faire est l’emblème de


la vie humaine. Les bruits que vous avez entendus figurent les passions qui
l’agitent. Les obstacles que vous avez rencontrés peignent les difficultés que
l’homme éprouve et qu’il ne peut vaincre ou surmonter qu’autant qu’il acquière
l’énergie morale et les connaissances qui lui permettent de lutter contre
l’adversité, grâce aussi à l’aide qu’il peut recevoir de ses semblables. Ces
difficultés sont d’autant plus grandes pour ceux qui ne possèdent pas la lumière
et qui, à cause de cela, ignorent les lois profondes du Cosmos et agissent
souvent à l’encontre de ces lois.
L’ascension que vous avez tentée dans ces conditions devait être fatalement
suivie d’une chute qui aurait pu être mortelle sans le secours des mains
fraternelles qui vous ont soutenu au moment critique.

Cette expérience symbolique doit vous inciter à la sagesse dans vos desseins, à
la prudence dans vos élans. Elle constitue « l’Epreuve de l’Air » des anciens
Mystères qui vient à la suite de « l’Epreuve de la Terre » subie par vous
pendant votre séjour dans le « Cabinet de Réflexion ».
Le symbolisme de l’Air.

L’Air a une signification spirituelle profonde, qui renvoie en particulier


au souffle (le principe de vie, l’intention divine, le Verbe, mais aussi le lien
entre l’âme et l’esprit).

Le souffle peut être défini comme le souvenir du principe créateur, invisible et


caché mais qui reste présent en toute chose, rendant le monde parfait, unitaire et
cohérent. A ce titre, le souffle rappelle l’éther : le cinquième élément, aussi
appelé « quintessence« .

De même que nous respirons tous le même air, nous réalisons qu’aucun être
humain n’est pas séparé de l’univers : nous sommes dans le monde, bien
connectés au Tout.

De manière générale, l’Air semble établir un pont entre le visible et l’invisible,


entre la matière et l’esprit, entre le grossier et le subtil, entre le chaos et l’ordre.
L’Air entoure la matière et les formes : on peut donc dire qu’il les crée. Vide,
sans épaisseur, impalpable, il crée pourtant le plein, l’épais et le palpable.

L’Air semble réconcilier toutes les oppositions : insaisissable, il fonde pourtant


tout ce qui peut être saisi.

Ainsi, comprendre l’Air, c’est accéder aux mystères de l’univers : un chemin


qui nécessite le dépassement des apparences, des évidences, des savoirs et
des paradoxes. L’Air est une sorte de lien, de pont, de troisième voie : nous
tenons peut-être là le sens profond de l’épreuve de l’Air.

L’épreuve de l’Air : complément d’analyse.


Symbole de la vie invisible, l’Air permet la purification, l’élévation, le passage
d’un état à un autre. L’Air se présente donc comme un élément de liaison, de
communication, d’harmonisation, et comme un vecteur de transformation.

En réalité, l’Air se trouve au centre du processus de transmutation alchimique.


L’épreuve de l’Air nous rappelle que le processus se fait en vase clos (cf.
l’athanor, four alchimique fermé) : autrement dit, la transmutation ne consiste
pas à rejeter notre corps-matière (notre ego, nos passions, nos défauts), mais à
l’emporter avec nous pour le spiritualiser : rien ne devra être abandonné, tout
devra être recomposé.

Ici, l’erreur consisterait à penser que l’ego, la dualité et la matière sont


mauvais, et donc qu’il faut les abandonner, ce qui serait proprement illusoire.
Comprenons bien que l’alchimie spirituelle ne vise pas à juger ou à rejeter,
mais au contraire à éclairer et à réconcilier.

Parallèles symboliques.

L’Air évoque d’autres thèmes ou symboles maçonniques :

 la lumière : l’Air laisse passer la lumière sans la déformer,


 la liberté ou le libre-arbitre : l’Air représente un espace où les idées
circulent librement, sans obstacle. Il évoque alors l’intellect ou la raison.
Mais gare aux illusions et rappelons-nous que l’immense majorité de nos
pensées sont déterminées, causées, influencées. L’Air évoque aussi la
formule maçonnique « libre et de bonnes mœurs »,
 la corde au cou : elle symbolise peut-être la séparation du monde de
l’esprit par rapport au monde physique. La pendaison entraine la mort
physique par asphyxie (manque d’air) : cette mort est paradoxalement un
moyen de faire entrer un Air nouveau en nous.

Conclusion sur l’épreuve de l’Air.


L’épreuve de l’Air s’effectue dans le bruit, la cacophonie et les difficultés.
Victorieux de l’épreuve de la Terre, le néophyte aurait pu s’attendre à un
parcours plus facile. Il n’en sera rien : au contraire, il devra persévérer dans ses
efforts en faisant preuve d’humilité.
Car l’épreuve de l’Air se solde par une chute, comme pour rappeler que
l’illusion se trouve partout et que la vérité est insaisissable. Il ne nous est pas
donné de connaître la véritable nature de l’Air, cet élément mobile, impalpable,
transparent, et qui pourtant assure la cohérence du Tout.

Alors que l’épreuve de la Terre est synonyme d’enfermement, de compression


et d’asphyxie, l’épreuve de l’Air exprime une expansion, une dilatation et une
libération. Mais ce mouvement n’est pas exempt de risques.

Au final, l’épreuve de l’Air insiste sur les dangers que court le franc-maçon à
vouloir aller trop vite dans le processus d’élévation.

Vous aimerez peut-être aussi