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Le 24 Novembre 2021
Planche Tracée :
Par le Frère :
Quel est ce Génie qui parle en moi lorsque l’étoile du matin paraît et
qui se tait lorsque l’étoile du soir est levée ? Que faire lorsqu’il parle ?
L’écouter parler comme on écouterait une symphonie tranquillement assis
dans le confortable fauteuil d’une salle de concert ou bien se mettre au
travail et commencer à ériger ce temple intérieur que nous devons
construire nous-même, appliquant ainsi la devise du Franc-Maçon : bien
voir, bien comprendre et surtout, bien agir !
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construis » précise le rituel. Ce lieu marque une rupture avec les degrés
précédents du rite, et je ne parle pas seulement du passage d’un univers
vétéro-testamentaire à un univers manifestement inspiré du monde grec, le
nom des officiers en est témoin. Il s’agit surtout d’une progression dans le
parcours initiatique. Maître Secret, nous avons appris à « garder le secret,
être obéissant et rester fidèle », ce qui revient à nous en remettre à la volonté
divine. Le 12e degré semble être celui de la maturité, celui où l’impulsion du
mouvement vers l’Esprit doit d’abord procéder de notre propre volonté,
dans une double disposition à vouloir, à orienter son désir vers cette
finalité, et à agir, à mettre en œuvre cet ambitieux désir.
C’est pour cela que la planche à tracer, déjà présente sur le tableau de
loge du 3e degré, doit absolument être utilisée. Le Maître Maçon est déjà
plus qu’un ouvrier habile, il doit être capable de concevoir ce qui sera
réalisé et de devenir lui-même créateur de son espace sacré. Les
instruments contenus dans l’étui de mathématiques aideront le Maître
Architecte dans la conception de ce temple intérieur dans lequel il pourra
accueillir l’Esprit : « J’ai étudié la Mathématique et je sais me servir du
compas ». Toutes les connaissances accumulées dans les degrés précédents
vont enfin devenir action. Le Rhéteur, dans son discours de fin de
cérémonie de réception au 12e degré, insiste sur le fait la construction de
l’édifice intérieur, spirituel, ésotérique, nécessite un plan, un système d’idées
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accessoires autour de l’idée principale, et que ce plan doit être traduit dans les
faits, c’est à dire réalisé, mis en œuvre par la Volonté.
Le Génie est celui qui prend le relais de nos sens et notre intellect
après avoir constaté leur incapacité à comprendre et embrasser l’intégralité
du réel, à quitter le monde de l’illusion. La raison n’est qu’un tremplin vers
la spiritualité ! Franchir la balustrade qui sépare le monde de la
manifestation et celui du divin n’est pas une mince affaire ! Pour y parvenir,
il convient de s’éloigner de la logique aristotélicienne du tiers exclu, de la
conception cartésienne duelle qui sépare irrémédiablement le corps et
l’esprit et revenir à la conception traditionnelle, tripartite de l’homme qui
est à la fois corps, â me et esprit. Le corps, ancré dans le monde matériel, est
lié à l’â me, manifestation du divin sur le plan humain, située dans un monde
intermédiaire, elle-même reliée au monde de l’esprit. Le Génie, lorsqu’il
parle, jette des ponts entre le corps et l’â me, crée, selon Henri Corbin, des
mondes imaginaires et donne accès à des régions inconnues de nos sens.
Nous pouvons alors entrer dans l’univers de l’intuition, de la résonance
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plutô t que du raisonnement, et ainsi caresser les formes nouvelles de
l’incréé.
L’esprit, seul, est créateur. L’esprit, seul, existe. Lui seul peut nous faire
approcher la Connaissance dans son acception non plus relative, mais
absolue, nous dit le Rituel du 12 e degré. L’Esprit, c’est le Génie qui parle en
nous !
J’ai dit