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study of antimicrobial activity of essential oils alone or in combination against food-borne pathogens View project
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PHARMACOLOGIE
Résumé L’augmentation de la résistance des bactéries aux and in some cases, completely modifying cell morphology
antibiotiques est un problème mondial sérieux qui a orienté and gene expression. In this brief review, we describe bacte-
la recherche pour l’identification de nouvelles biomolécules rial resistance mechanisms and the mechanisms of action of
avec une large activité antibactérienne. Les plantes et leurs EOs against pathogenic bacteria.
dérivés, tels que les huiles essentielles (HE), sont souvent
utilisés dans la médecine populaire. Dans la nature, les HE Keywords Bacteria · Antibiotic · Resistance · Essential oil ·
jouent un rôle important dans la protection des plantes. Elles Antibacterial activity
contiennent une grande variété de métabolites secondaires
capables d’inhiber ou de ralentir la croissance des bactéries.
Les HE et leurs constituants ont des mécanismes d’action Introduction
variés et très ciblés, touchant en particulier la membrane cel-
lulaire et le cytoplasme, et dans certains cas, changeant com-
Les antibiotiques ont constitué une découverte thérapeutique
plètement la morphologie cellulaire, voire l’expression des
importante pour la santé humaine. Leur utilisation a permis
gènes. Dans cette brève revue, nous décrivons les mécanis-
de diminuer le taux de mortalité et de morbidité mondiale
mes de résistance des bactéries aux antibiotiques et les
depuis longtemps. Cependant, le mauvais usage de ces
modalités d’action antibactérienne des HE.
agents antimicrobiens et leur utilisation accrue ont eu pour
conséquence de faire apparaître certaines formes de résistan-
Mots clés Bactérie · Antibiotique · Résistance · Huile ces des souches microbiennes contrebalançant les effets des
essentielle · Activité antibactérienne antibiotiques [1]. Les bactéries pathogènes, grâce à leur fle-
xibilité et plasticité génétique, sont capables de mettre en
Abstract The increasing resistance of bacteria to antibiotics place un programme de résistance spécifique contre un anti-
is a serious worldwide problem which prompts researches to biotique particulier. En effet, certaines souches arrivent à
identify new biomolecules with a wide antibacterial activity. rétablir une multirésistance vis-à-vis de plusieurs antibio-
Plants and their derivatives, such as essential oils (EOs), are tiques à la fois donnant lieu à ce qu’on appelle les bactéries
often used in folk medicine. In nature, EOs play an important multirésistantes aux antibiotiques (multidrugs resistantes ou
role in the protection of plants. They contain a wide variety MDR) [2]. Parmi les bactéries pathogènes qui sont devenues
of secondary metabolites that are capable of inhibiting or de vrais problèmes pour la santé humaine, on trouve des
slowing the growth of bacteria. EOs and their components espèces appartenant aux familles des Entérobactéries, des
perform a variety of mechanisms targeting different path- Pseudomonadacés et des bactéries de la famille des Acine-
ways, in particular on the cell membrane and the cytoplasm, tobacter qui sont quasiment résistantes à tous les antibio-
tiques prescrits [2].
Face à ce problème, beaucoup d’études ont été réalisées
A. Bouyahya (*) · Y. Bakri · A. Et-Touys · A. Talbaoui ·
pour développer des molécules alternatives efficaces contre
A. Khouchlaa · N. Dakka
Laboratoire de biochimie-immunologie, département de biologie, ces maladies infectieuses. Les plantes médicinales et aroma-
faculté des sciences, université Mohammed-V, Rabat, Maroc tiques constituent une source importante de molécules bioac-
e-mail : boyahyaa-90@hotmail.fr tives qui pourraient être exploitées dans la thérapie des mala-
dies infectieuses [3–11]. En effet, depuis l’Antiquité, les
A. Bouyahya · S. Charfi · J. Abrini
Laboratoire de biologie et santé, faculté des sciences, plantes et leurs dérivés, tels que les huiles essentielles
université Abdelmalek-Essaadi, Tétouan, Maroc (HE), ont été utilisés dans la médecine populaire.
2 Phytothérapie
Les HE sont des produits naturels concentrés avec des Origine de la résistance
odeurs fortes produites par les plantes aromatiques comme
des métabolites secondaires [12]. Ces huiles sont présentes La résistance bactérienne aux antibiotiques aurait deux origi-
sous forme de mélanges variables constitués principalement nes essentielles, naturelle et acquise. La première est program-
par des terpénoïdes, en particulier les monoterpènes (C10) et mée au niveau du pool génomique alors que la seconde est
sesquiterpènes (C15), et également les diterpènes (C20) [13]. développée en fonction des conditions métaboliques [21].
D’autres variétés de molécules peuvent aussi être rencon-
trées, tels que les acides, les alcools, les aldéhydes, les esters, Résistance naturelle
les hydrocarbures aliphatiques acycliques ou les lactones ;
rarement de l’azote et des composés contenant du soufre, C’est une résistance intrinsèque, commune à une population,
des coumarines, et des homologues de phénylpropanoïdes due essentiellement à la présence de gènes spécifiques [22].
[14]. Les HE sont des liquides, volatils, limpides et colorés, Elle se caractérise par des modifications structurales, dans le
elles sont solubles dans les lipides et les solvants organiques cas de la membrane externe des bactéries à Gram–, et méta-
qui ont une densité inférieure à l’eau. Elles peuvent être pré- boliques, dans le cas du bacille de la tuberculose insensible à
sentes dans tous les organes de la plante, y compris les bour- un grand nombre d’antibiotiques en s’opposant à l’action des
geons, les fleurs, les graines, les brindilles, les tiges, les antibiotiques par le biais de son métabolisme original. Les
fruits, les racines, le bois ou l’écorce, et sont généralement gènes de résistance sont exprimés soit d’une manière consti-
stockées par la plante dans les cellules sécrétrices, les cavi- tutive ou bien induite en répondant à un signal enzymatique
tés, les canaux, les trichomes glandulaires ou les cellules établi par la mise en œuvre d’un processus d’échappement
épidermiques. Les HE sont extraites de diverses plantes aro- vis-à-vis de l’antibiotique [23].
matiques généralement rencontrées dans les pays tempérés
ou chauds, où elles représentent souvent une part importante Résistance acquise
de la pharmacopée traditionnelle. Ces plantes sont connues
pour leurs propriétés pharmacologiques [15–17] et sont sou- Elle est due à des modifications dans le profil d’expression
vent utilisées dans la conservation des aliments [18]. Les HE génique via des mutations ponctuelles ou acquises. Grâce à
contiennent une large série de métabolites secondaires qui ce processus, les bactéries partagent entre elles des informa-
peuvent inhiber ou ralentir la croissance des micro- tions génétiques, ce qui leur confère un très grand pouvoir
organismes [19]. Les composants bioactifs des HE ont des d’adaptation aux milieux environnementaux qu’elles habi-
actions antibactériennes spécifiques. Ils agissent en particu- tent [24].
lier au niveau de la membrane et du cytoplasme, et dans
certains cas, modifient complètement la morphologie des Mécanismes de résistance aux antibiotiques
cellules. Cette revue décrit les mécanismes de résistance
aux antibiotiques et les modalités d’action des HE contre Les mécanismes de résistance aux antibiotiques ont été lar-
les bactéries. gement étudiés, et de nombreuses cibles des fonctions cellu-
laires ont été impliquées dans ces mécanismes [25]. Les sites
de résistance sont variables entre les espèces bactériennes, et
Résistance aux antibiotiques ils sont classés en plusieurs voies. Dans certains cas, au sein
de la même souche bactérienne, on peut trouver plusieurs
Causes de la résistance mécanismes de résistance différents (Fig. 1). Les mécanis-
mes de résistance ont été décrits chez plusieurs souches bac-
Les antibiotiques sont une découverte thérapeutique impor- tériennes telles que Pseudomonas aeruginosa [26].
tante en pratique médicale [12]. Ils ont joué un rôle impor-
tant dans le traitement des infections microbiennes. Ces Inhibition d’antibiotiques
molécules ont également permis de surmonter les complica-
tions dans certaines situations, notamment la transplantation Certaines bactéries synthétisent des enzymes qui inhibent
d’organes. Avec le temps, les microbes ont développé certai- l’action des antibiotiques en dégradant ou en modifiant ce
nes formes de résistances vis-à-vis de ces antibiotiques [13]. dernier. La modification des antibiotiques peut se faire de
Ce phénomène de résistance est dû à plusieurs facteurs tels différentes façons selon les réactions chimiques catalysées
que l’utilisation suboptimale des antibiotiques au cours des (l’acétylation, la glycosylation, la nucléotidylation, la sub-
traitements [14]. Son émergence est due également à l’hos- stitution, la ribosylation et/ou la phosphorylation). La
pitalisation prolongée, la longue durée des séjours et les modification induite, par ces enzymes, peut inactiver cer-
comorbidités, le non-respect des pratiques hygiéniques et tains antibiotiques tels que les aminoglycosides, le chlo-
le transfert des malades entre les hôpitaux [20]. ramphénicol, les streptogramines, les macrolides et les
Phytothérapie 3
Transfert des gènes diverses (sauf les corps gras contenus dans les huiles végé-
tales). Le mot huile est attribué à son caractère hydrophobe
Les espèces microbiennes partagent des éléments génétiques et à ses propriétés de solubilisation dans les graisses, alors
entre elles d’une manière perpétuelle. Cet échange est appelé que le mot essentiel reflète l’odeur distinctive dégagée par la
transfert horizontal du matériel génétique. Ce transfert est plante productrice [3].
généralement réalisé grâce à trois phénomènes essentiels : Les HE sont biométabilisées par les plantes dites aroma-
tiques comme métabolites secondaires et ont habituellement
– la transduction : le transfert des gènes via les bactério-
l’odeur caractéristique de la plante productrice. La composi-
phages ;
tion chimique d’une HE est formée essentiellement des ter-
– la transformation : l’incorporation par une bactérie des
pènes et de leurs dérivés oxygénés.
fragments d’ADN libérés par d’autres bactéries ;
Même si la plupart des plantes synthétisent des molécules
– la conjugaison : le transfert des fragments via des plasmi-
terpéniques, il n’y a qu’à peu près 2 000 d’entre elles qui
des conjugatifs [37].
sont aromatiques appartenant environ à 60 familles botani-
Le transfert des gènes peut se produire entre des bactéries ques [42].
phylogénétiquement éloignées, essentiellement entre les Le rôle essentiel des HE au sein d’une plante n’est pas
bactéries à Gram+ et celles à Gram– [38]. Le transfert hori- encore bien éclairci. Les études qui ont été réalisées dans
zontal des gènes a donné lieu à une résistance aux différentes ce sens suggèrent que ces essences constituent un moyen
classes d’antibiotiques telles que les aminoglycosides, les de défense contre les prédateurs (micro-organismes, champi-
céphalosporines et les fluoroquinolones [39]. Dans certains gnons, insectes, herbivores) en modulant les comportements
cas, les éléments transposables (éléments mobiles qui se de ceux-ci vis-à-vis des plantes [43]. Elles peuvent aussi
transposent d’une manière intra- ou interchromosomique) jouer un rôle important comme des modérateurs des réac-
portent avec eux des copies des gènes via les trois mécanis- tions d’oxydation intramoléculaires protégeant la plante
mes de transfert possibles : la conjugaison, la transformation contre les agents atmosphériques. Les plantes aromatiques
et la transduction [25]. utilisent les HE également pour inhiber la germination et le
D’autres éléments responsables du transfert des gènes développement d’autres espèces végétales dans leur voisi-
entre les bactéries sont appelés les intégrons. Ce sont des nage (effet allélopathique) [44]. C’est le cas par exemple
fragments d’ADN connus sous le nom des cassettes des de Salvia leucophylla qui libère dans l’atmosphère des sub-
gènes que les bactéries s’intègrent dans certaines régions stances telles que le camphre et le 1,8-cinéole afin d’inhiber
d’ADN chromosomique via un mécanisme de recombinai- la germination et le développement d’autres espèces en
son d’une manière site-spécifique [40]. Ces éléments trans- concurrence. D’autres effets des HE sont liés à l’attraction
fèrent des gènes impliqués dans la résistance bactérienne aux des insectes polinisateurs, à la dispersion des graines et à la
antibiotiques. Les intégrons ne sont pas des éléments mobi- répulsion des herbivores [45].
les, mais leurs associations avec d’autres facteurs de transfert De point de vue physiologique, les plantes aromatiques
et d’insertion les rendent mobiles [41]. Les mécanismes synthétisent les HE dans des structures végétales très spéci-
d’acquisition des intégrons ont commencé à être connus, et fiques. Ces strucrures sont de nature différente en fonction
certaines cassettes de gènes responsables sont décrites de la plante aromatique. En général, on trouve les trichomes
aujourd’hui tels que les intégrons codant pour les lactamases glandulaires, les cavités sécrétrices et les canaux sécréteurs
de type métalloenzyme qui confèrent la résistance au carba- [46]. Ces trois structures peuvent être présentes chez certai-
pénème [39]. nes espèces dans tous les organes végétaux (fleurs, feuilles et
écorces). La teneur et la composition d’une HE peuvent
varier entre la même espèce provenant de deux origines dif-
Huiles essentielles comme agents férentes et parfois même au sein de la même plante entre
antibactériens deux organes différents.
Les constituants des HE sont répartis en deux classes en
Généralités sur les huiles essentielles fonction de leur voie de biosynthèse : les terpénoïdes et les
phénylpropanoïdes. Les terpénoïdes, dont 25 000 sont
De point de vue biologique, les HE sont des substances obte- connus comme métabolites secondaires, dérivent du précur-
nues à partir d’une matière végétale par des procédures seur isoprénique à cinq atomes du carbone, l’isopentényl-
d’extraction telles que l’entraînement à la vapeur, l’hydro- pyrophosphate [47]. Les plus petits terpénoïdes sont les
distillation, la distillation sèche et par l’extraction mécanique hémiterpénoïdes (C5) qui sont formés d’une seule unité iso-
à partir de l’épicarpe de certaines plantes telles que le citrus prénique. Les autres molécules, appartenant à cette classe,
[42]. De point de vue biochimique, les HE sont des mélanges proviennent de la condensation de plusieurs isoprènes et for-
complexes de composés naturels de structures organiques ment ainsi les monoterpénoïdes (deux unités isopréniques
Phytothérapie 5
C10) et les sesquiterpénoïdes (trois unités isopréniques C15) tériens des HE ont été décrits. Elles peuvent affecter des
[48]. Les composés phénoliques (phénylpropanoïdes) sont niveaux morphologiques jusqu’à des niveaux de régulation
biométabolisés à partir de deux précurseurs essentiels (aci- en passant par des cibles structurales. Certaines études suggè-
des aminés aromatiques) [47]. Ces composés phénoliques rent qu’une HE peut simplement agir sur l’enveloppe externe
sont généralement caractérisés par la présence d’un groupe- de la cellule et le cytoplasme, vu son caractère hydrophobe
ment hydroxyle fixé à un cycle phényle [49]. spécifique, ce qui va induire une perturbation des structures
bactériennes entraînant une augmentation de la perméabilité
Propriétés antibactériennes des huiles essentielles due à une incapacité à séparer les HE de la membrane bacté-
rienne [73,74]. Les principales cibles d’action des HE et de
Les maladies infectieuses causent de sérieux problèmes pour leurs composés sont indiquées d’une manière générale sur la
la santé humaine à cause de l’émergence et de la réémer- Figure 2. Elles peuvent agir sur la membrane cellulaire per-
gence de la résistance des bactéries aux antibiotiques. Mal- turbant ainsi le maintien du statut énergétique de la cellule, le
gré le progrès scientifique dans la compréhension de la processus de transduction d’énergie couplé à la membrane et
pathogenèse microbienne, les agents pathogènes arrivent le transport de soluté, et la régulation métabolique. Parfois, les
encore à résister aux antibiotiques prescrits et mimétisent HE modifient l’expression des opérons en inhibant les média-
parfois nos systèmes immunitaires. La résistance développée teurs des auto-inducteurs.
dirige les recherches vers de nouvelles molécules à base de
plantes médicinales qui pourraient être des alternatives anti- Action sur la membrane cellulaire
microbiennes efficaces surmontant ainsi le problème de
résistance aux antibiotiques.
Beaucoup de mécanismes d’action sont attribués à l’interac-
Les HE et leurs composants majoritaires se sont révélés
tion de composants des HE avec les constituants de la mem-
efficaces dans le contrôle de la propagation de certains agents
brane cellulaire [75]. En effet, le caractère lipophile des
bactériens [50]. Les propriétés antibactériennes des HE sont
molécules constituant les HE les rend capables de pénétrer
connues depuis longtemps et aujourd’hui, un bon nombre de
dans la double couche phospholipidique de la membrane
publications importantes ont confirmé leur effet bactériosta-
cellulaire et de s’accumuler entre les phospholipides, entraî-
tique et bactéricide contre des souches bactériennes patho-
nant des changements de conformation et éventuellement un
gènes même parfois à de très faibles concentrations [3].
manque de régulation de la membrane cellulaire, ce qui per-
Plusieurs molécules présentes dans les HE sont douées de
turbe ainsi le transport membranaire des substances nutriti-
propriétés antibactériennes, en particulier les phénols (tels
ves. Le transport membranaire peut aussi dysréguler via la
que le carvacrol, le thymol et l’eugénol), les alcools (tels
perturbation du gradient ionique de deux côtés de la mem-
que le linalool) et les aldéhydes (tels que le cinnamaldéhyde)
brane cytoplasmique [55]. Cependant, certaines souches
(Tableau 1). Les effets antibactériens sont influencés par dif-
bactériennes ont pu développer des mécanismes lui permet-
férents facteurs tels que la composition chimique de l’HE
tant de contrebalancer cet effet grâce à l’utilisation de la
testée, la méthode expérimentale utilisée et la souche bacté-
pompe ionique [55].
rienne testée [70]. Leur action antibactérienne dépend à la
fois des composés majoritaires, des effets synergiques et/ou
additifs et des composés mineurs qui y sont présents [71]. Action sur les acides gras membranaires
Mécanismes d’action antibactérienne des huiles Le métabolisme lipidique chez les bactéries constitue une voie
essentielles prometteuse pour développer de nouvelles molécules antimi-
crobiennes [76]. Les HE, grâce à leur caractéristique hydro-
Plusieurs travaux ont été réalisés depuis des années sur l’ac- phobe, constituent de véritables candidats qui pourraient
tivité antibactérienne des HE. Ces résultats obtenus restent affecter la biosynthèse des lipides, y compris les acides gras
figés dans des tests révélant la présence ou l’absence d’un insaturés, et modifier ainsi la structure de la membrane cellu-
effet et n’ont pas pu aborder le mode d’action par lequel une laire [77]. En effet, la présence des HE dans la cellule bacté-
HE exerce son effet bactéricide ou bactériostatique. Plus rienne, même à des concentrations inférieures à la concentra-
récemment, certaines études ont commencé à décortiquer tion minimale inhibitrice (CMI), diminue le taux des acides
spécifiquement l’action des HE et leurs composants majori- gras insaturés qui sont généralement responsables de la flui-
taires sur les cibles bactériennes. dité membranaire. Cela cause légèrement des perturbations au
Cependant, les mécanismes restent moins clairs, et leur niveau de l’enveloppe externe de la cellule, traduisant ainsi
complexité vient de la composition chimique des HE qui pré- des modifications structurales de la membrane. Par exemple,
sente une diversité de molécules pouvant agir chacune sur une le thymol, le carvacrol et l’eugénol (composés phénoliques
cible différente [72]. Par ailleurs, divers mécanismes antibac- majoritaires de plusieurs HE) peuvent augmenter la quantité
6 Phytothérapie
Tableau 1 (suite)
Fig. 2 Mécanismes d’action des huiles essentielles sur la cellule La production d’ATP dans les cellules procaryotes se produit
bactérienne Il existe plusieurs cibles des huiles essentielles à la fois dans la paroi cellulaire au niveau de la membrane, par
pour inhiber les bactéries. Elles peuvent induire la coagulation, agir la chaîne respiratoire, et dans le cytosol par la glycolyse. La
sur la paroi, induire la fuite des ions à travers la membrane, agir modification dans la membrane cellulaire affecte légèrement
sur des protéines et les acides gras membranaires, et agir sur les média- le processus du couplage énergétique conduisant à une pertur-
teurs du quorum sensing. Ces mécanismes peuvent être appliqués bation entre l’équilibre du pool d’ATP intra- et extracellulaire
en même temps, générant ainsi une action amplificatrice [81]. Par exemple, l’utilisation de l’HE d’origan contre Liste-
ria monocytogenes et Staphylococcus aureus a réduit signifi-
d’acide gras saturé en C16 et en C18 et diminuer la quantité cativement le taux d’ATP intracellulaire via la perturbation de
d’acides gras insaturés en C18 [78]. la chaîne respiratoire au niveau membranaire [82].
L’action des HE n’est pas restreinte aux acides gras eux-
mêmes, mais peut également affecter des enzymes responsa- Action contre le quorum sensing
bles de la biosynthèse de ces derniers. Par exemple, certaines
études ont montré que quelques HE inhibent par différents Le quorum sensing (QS), appelé encore phéromones bacté-
mécanismes (inhibition compétitive, non compétitive et riennes, est l’ensemble des molécules qu’utilisent les bacté-
incompétitive) la désatérase et le cis-trans isomérase ; enzy- ries pour coordonner et assurer la communication entre elles.
mes impliquées dans l’anabolisme et la conversion des acides Cette communication assure un certain nombre de fonctions
gras [78]. L’action antienzymatique désaturase n’est pas attri- cellulaires telles que l’expression des facteurs de virulence,
buable à un composé majeur via un mécanisme unique, mais la bioluminescence, la sporulation, la formation de biofilms
c’est l’ensemble des effets additifs qui sont en cause [79]. et l’accouplement [83,84]. L’expression de ces molécules
n’aura lieu que lorsqu’une population bactérienne atteint
Action sur les protéines un seuil de densité cellulaire significative, entraînant ainsi
l’activation ou la répression des gènes et, par conséquent,
Les différents composants des HE peuvent agir sur les protéi- la population bactérienne capable d’exprimer ces auto-
nes présentes dans les bactéries et peuvent affecter la division inducteurs est appelée quorum [85,86].
8 Phytothérapie
Les bactéries à Gram– synthétisent ces auto-inducteurs à anti-QS. Dans ce contexte, plusieurs travaux récemment réa-
partir d’un précurseur cytoplasmique appelé N-acylhomosé- lisés ont montré que les HE présentent de véritables candi-
rine lactone (AHL), alors que les bactéries à Gram+ utilisent dats contre le QS (Tableau 2) [87–89]. Parmi les HE testées
une signalisation fondée sur les oligopeptides intracellu- contre le QS, on trouve celles de la lavande, du clou de giro-
laires. Aujourd’hui, il est bien clair que le QS est fortement fle et du romarin [98]. Récemment, Luciardi et al. ont étu-
associé au développement de la résistance aux antibiotiques dié l’activité antibiofilm et anti-QS de l’HE de Citrus reticu-
via l’induction de la formation des biofilms. D’où la néces- lataen utilisant Pseudomonas aeruginosa comme modèle
sité de cribler des molécules qui pourraient avoir un effet d’étude. Les résultats ont montré une inhibition de la
Phytothérapie 9
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