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de la Prière de Manassé
Ariel Gutman
Introduction 5
0.1 Méthodologie de l’analyse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
0.2 La langue syriaque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
0.3 La Prière de Manassé, son contexte et ses manuscrits . . . . . . . . 8
1 Comparaison Grammaticale 11
⒈1 Morphologie et orthographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
⒈⒈1 Formation vocalique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
⒈⒈2 Alternance de genre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
⒈⒈3 Conjugaison de personnes . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
⒈⒈4 Orthographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
⒈2 Syntaxe des syntagmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
⒈⒉1 Syntagmes pronominaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
⒈⒉2 La construction génitive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
⒈⒉3 Syntagmes prépositionnels . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
⒈⒉4 Négation de syntagmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
⒈⒉5 Appositions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
⒈3 Syntaxe des propositions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
⒈⒊1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
⒈⒊2 Modes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
⒈⒊3 Négation de propositions . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
⒈⒊4 Compléments et objets . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
⒈⒊5 Propositions impersonnelles . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
⒈⒊6 Propositions avec un pronom personnel enclitique . . . . . 32
⒈⒊7 Propositions subordonnées . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
⒈⒊8 Les conjonctions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
2 Analyse Lexicale 43
⒉1 Correspondances lexicales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
⒉⒈1 Correspondances synonymes et non-synonymes . . . . . . . 44
⒉⒈2 Correspondances antonymes . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
⒉2 Distance lexicale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
1
TABLE DES MATIÈRES 2
3 Structure discursive 53
⒊1 Méthodologie d’analyse hiérarchique . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
⒊2 La macro-structure de la prière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
⒊3 La structure de la section 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
⒊4 La limite entre les sections 2 et 3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
⒊5 La limite entre les sections 3 et 4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
⒊6 L’alignement des versets 9–10 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
⒊7 La structure de la section 5 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
Conclusions 74
⒌1 Méthodologie de l’analyse comparative . . . . . . . . . . . . . . . . 74
⒌⒈1 L’analyse indépendante des versions syriaques . . . . . . . . 74
⒌⒈2 Les deux versions comme deux témoins égaux . . . . . . . 74
⒌⒈3 L’analyse linéaire et le comptage du vocabulaire . . . . . . . 75
⒌⒈4 L’analyse comparative comme la moyen d’enquête linguistique 76
⒌2 Le caractère des différences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
⒌3 Le rapport entre les deux versions de la prière . . . . . . . . . . . . 78
⒌⒊1 Deux traductions indépendantes ? . . . . . . . . . . . . . . 78
⒌⒊2 Est-ce que chaque version a son propre profil linguistique ? . 80
Bibliographie 89
L
3
LISTE DES TABLEAUX 4
L’analyse linguistique et la comparaison des textes ont été effectuées par l’auteur
au cours de ses études à l’université de Leyde, Pays-Bas, au sein d’un projet intitulé
« Turgama : Computer-Assisted Analysis of the Peshitta and the Targum : Text, Lan-
guage and Interpretation ». Ce projet est né en 2005 d’un projet antérieur, « CALAP :
Computer-Assisted Linguistic Analysis of the Peshitta », effectué entre 1999 et 2005
par le Peshitta Institute à l’université de Leyde et le Werkgroep Informatica au Vrije
1. Je remercie le Dr Wido van Peursen, sans qui cette recherche n’aurait pu avoir lieu, et le Dr
Pollet Samvelian pour son aide et ses conseils. De plus, je remercie Solange Pawou Molu pour la
relecture du mémoire et ses corrections et suggestions. Bien sûr, toutes les autres fautes éventuelles
sont de ma seule responsabilité.
5
LISTE DES TABLEAUX 6
Le syriaque est l’une des langues qui font partie du groupe linguistique connue
comme l’« araméen ». 8 Ce groupe de langues appartient à la famille sémitique et plus
précisément de sa branche nord-ouest. Les premières inscriptions syriaques datent
du 1er siècle, 9 mais la langue acquiert son importance comme langue liturgique et
littéraire du Christianisme entre le 3e et le 7e siècle. Il n’est pas surprenant, donc, que
le livre le plus connu en syriaque soit la traduction syriaque de la Bible, intitulée la
Peshitta ( , « le simple, courant »). La langue syriaque s’est diffusée d’Édesse
(aujourd’hui la ville turque d’Urfa, ou Şanlıurfa) avec le développement et la propaga-
tion du christianisme dans le nord-ouest de la Syrie et, ensuite, dans la Mésopotamie
entière. La langue syriaque avait son propre alphabet consonantique.
Au 5e siècle l’église syriaque s’est divisée en deux : les Nestoriens (les syriaques
de l’est) et les Jacobiens (les syriaques de l’ouest). Cette division a eu aussi des consé-
quences linguistiques, avec la création de deux dialectes principaux de la langue sy-
riaque. Ces deux dialectes se manifestent, inter alia, dans deux différentes adaptations
7. La proposition ܕ, par exemple, est analysée comme [D-<Re>] [>SR <Pr>] [JM>
<Ob>] : un relatif suivi d’un prédicat et un objet.
8. Ce sommaire est basé sur Costaz (1955 : 230–236) et Muraoka (2005 : 1–2).
9. Cf. Healy (2007 : §2).
LISTE DES TABLEAUX 8
de l’alphabet. Cependant, l’usage d’une variante de l’alphabet qui a été employée avant
le schisme du 5e siècle et qui est appelée « Estrangelo », est resté courant. 10
Après la conquête arabe d’Édesse en 636 la langue syriaque perd sa position cen-
trale pour l’arabe. Cependant, elle continue à être utilisée comme langue littéraire
jusqu’au 13e siècle et comme langue liturgique, elle est encore utilisée de nos jours
par les églises syriaques. Ces communautés chrétiennes utilisent parfois comme verna-
culaires des variétés modernes d’araméen (dits néo-araméen et parfois néo-syriaque).
Bien que ces variétés soient parfois écrites dans l’alphabet syriaque et montrent beau-
coup d’affinités avec la langue syriaque (dite classique), il n’est pas clair que ces dia-
lectes sont des descendantes directes de la langue syriaque littéraire.
celui-ci qui apparaît dans les manuscrits de l’Horlogion melkite ; ces versions reflètent
apparemment une autre traduction syriaque de PrMan grecque. 25 Pour cette raison,
Baars et Schneider ont décidé de présenter deux versions parallèles de PrMan, l’un
à côté de l’autre. Les autres variantes sont présentées dans l’apparat critique, qui, lui
aussi, est divisé en deux parties, selon la tradition de transmission.
Les diverses manuscrits utilisés dans l’édition et l’emplacement de la Prière de
Manassé sont présentés dans le tableau 1. Le tableau est divisé en deux selon les deux
groupes de manuscrits. De plus, les manuscrits qui ont servi de bases pour les textes
principaux de l’édition critique de Baars et Schneider (1972) sont marqués en gras.
Ainsi que nous l’avons expliqué au début de cette introduction, la recherche pré-
sentée ici s’intéresse à la comparaison des deux textes. Ces deux textes sont, en effet,
les deux textes principaux de l’édition critique de Baars et Schneider (1972) : le texte
de 9a1 (=version A) et le texte de 10t1 (=version B). Une reproduction de ces deux
textes avec leur traduction ançaise est donnée dans l’annexe. 26 Quelques autres va-
riantes (des autres manuscrits) ont été considérées quand elles ont été jugées à même
d’élucider la discussion. En ce cas, le sigle du manuscrit concerné est donné. Un
traitement plus général des variants est donné dans le chapitre 4.
25. Cf. Baars et Schneider (1972 : Introduction, p. v) : « Besides the translation deriving om the
Didascalia Apostolorum, the Syriac Church, or more exactly the Melchite branch of Syriac Christia-
nity, knew a second translation of the [PrMan] . . . This translation, though not wholly independent,
is largely different om the other. » Voir aussi Borbone (1999 : 539, n. 3).
26. La traduction des textes est basée sur la traduction proposée par Nau (1908), bien que ma
traduction s’écarte de la sienne pour mieux souligner les différences parfois subtiles entre les deux
versions. Pour cette raison, la traduction proposée n’est pas toujours idiomatique en ançais.
C 1
C G
Le chapitre suivant présente une comparaison grammaticale entre les deux ver-
sions. Les deux versions sont similaires du point de vue de leur contenu, mais presque
chaque phrase contient des différences grammaticales diverses. Par conséquent, la
comparaison se concentre sur les différences, plutôt que les similarités, bien que
celles-ci aussi soient discutés, quand ils sont pertinentes.
Conformément à notre système d’analyse linguistique les données sont présentées
en ordre croisant de domaine comparé : d’abord la comparaison morphologique et
orthographique est présentée (section ⒈1), suivie par comparaison de syntagmes (⒈2)
et celle de propositions (⒈3). L’analyse de la structure discursive sera présentée au
chapitre 3.
Le but de la comparaison est double : d’un côté, nous souhaitons exposer les
différences entre les deux textes pour établir le rapport interne entre eux et d’une
façon indirecte aussi le rapport avec les versions grecques (voir la discussion dans
les conclusion, section ⒌3). De l’autre côté, l’étude de ces différences peut enrichir la
discussion sur quelques points de grammaire syriaque, puisque les variations étudiées
ont souvent le même sens (signifié) mais différentes formes (signifiant). 1 Pour faci-
liter cette discussion, chaque section commence par une introduction sur les sujets
grammaticaux discutés. Bien entendu, cette introduction n’est pas complète, mais
sert plutôt à illuminer les discussions qui suivent.
⒈1 M
11
C G 12
tion ⒈⒈1.
Substantifs et adjectifs sont déclinés pour le genre (masculin et féminin), le
nombre (singulier et pluriel), l’état (absolu, construit et emphatique). 3 La déclinai-
son d’état est liée à l’environnement syntagmatique et sera discutée dans les sections
appropriées. Un cas de variation morphologique du genre est discuté dans la section
⒈⒈2.
Les verbes sont conjugués selon leur sujet, en marquant son genre, son nombre
et sa personne (1re, 2e ou 3e), et aussi selon l’aspect (accompli et inaccompli), la
voix (active ou passive) et la formation vocalique. 4 Les différences en marquage de
personne sont discutées en section ⒈⒈3, tandis que les différences en formation
vocaliques sont discutées dans la section ⒈⒈1, comme dit ci-dessus.
Pour finir, une section brève discute des différences orthographiques entre les
deux versions (section ⒈⒈4). Ces différences ne semblent pas avoir une signification
morphologique, mais il faut noter que la limite entre morphologie et orthographie
n’est pas toujours claire. 5 Par exemple, la variation de genre discutée dans la section
⒈⒈2 peut être vue comme une différence de convention orthographique.
Dans deux cas, la même racine apparaît dans deux différentes formations vo-
caliques, sans un changement notable de sens : dans le domaine verbal, il y a une
alternance entre le gabarit « lourd » paˁˁel dans la version A ( ̇ « glorifié ») et le
gabarit « léger » pˁal dans la version B ( « glorieuse ») dans le verset ⒊ Dans le
domaine nominal, il y a une autre alternance entre une forme « légère » dans la version
A ( ̣ « ton miséricorde ») et une forme « lourde » dans la version B (ܬܟ ,
même sens) dans verset ⒕ Les deux différences peuvent être vues comme des choix
entre des lexèmes alternatifs plutôt qu’une variation de nature morphologique.
avec un suffixe pluriel masculin ܝpour donner ̈ « ܐnos pères », tandis que dans
̈
B un suffixe féminin ܬdonne ܐ ܬܢavec le même sens. 6
L’introduction de la 2e personne dans la version A peut être expliquée par la fait que
l’utilisation de la 3e personne pour designer le Seigneur pourrait créer une confusion
avec la 3e personne qui désigne ܡ « tout ».
Les différences de pronoms sont encore discutés ci-dessous en section ⒈⒉1.
1.1.4 Orthographie
Dans notre modèle analytique, assisté par ordinateur, nous pouvons coder seule-
ment un niveau de syntagmes qui servent comme les constituants immédiats de pro-
positions. Pour cette raison, notre codage de syntagmes est essentiellement plat ;
chaque syntagme est un constituant « maximal », soit syntagme nominal, syntagme
adjectival, syntagme prépositionnel, syntagme pronominal etc. 8 Les différences dans
le domaine des syntagmes prépositionnels sont traitées ci-dessous dans la section
⒈⒉3, et le différences entre syntagmes pronominaux dans la section ⒈⒉1.
En syriaque, comme dans les autres langues sémitiques, un syntagme nominal
peut être élargi par une construction génitive. 9 Le rapport entre le nom-tête et son
dépendant (normalement un autre nom ou un pronom) peut être exprimé soit mor-
phologiquement, par la déclinaison de la tête en État Construit, ou syntaxiquement
par la particule d’enchaînement ܕou ܕ. 10 Les différences dans ce domaine sont
traitées dans la section ⒈⒉2.
Dans la ontière entre la syntaxe des syntagmes et la syntaxe des propositions
nous retrouvons le phénomène d’apposition, qui désigne un rapport d’« égalité » entre
deux syntagmes qui réalise la même fonction syntaxique dans la proposition. Ce phé-
nomène est traité dans la section ⒈⒉5.
V. Version A Version B
1 Seigneur. . . ... Seigneur . . . ...
2 Celui qui a ... ̇ Celui qui as ̇
̣ ܗܘ ܕ ...ܬ ̣ ܗܘ ܕ
fait. . . fait. . .
3a Celui qui a lié la ̇ Toi, qui as lié la
̣ ܗܘ ܕ ܬ ܝ ܕ ܐ
mer et qui l’a ̣ ܘ mer
constituée
par le précepte .ܗ ܕ par la parole de . ܕ
de sa parole. ton précepte.
3b Celui qui a ̣ ̇ܗܘ ܕ Qui as fermé ̣ ܬ ܕ
fermé l’abîme ܬܗܘ l’abîme ܗܘ
et qui l’a scellé ... ̣ ܘ et qui l’as scellé ܝ ̣ ܘ
de son nom. . . de ton nom. . . ... ܕ
4 Celui que tout ...ܡ ̇ܗܘ ܕ Celui que tout ...ܡ ̇ܗܘ ܕ
craint. . . craint. . .
. . . devant ta . ̇ ܡ ... . . . en face de ta ܡ ...
puissance. puissance. ܨܘ
.ܬܟ ܕ
5a Car … ta gloire. ...ܕ Car … ta gloire‥ ...ܕ
.ܟ ܕܬ .ܟ ܕܬ
On remarque que dans ce cas aussi, la version B emploie le pronom qui est co-
indexé avec une 1re personne (et pas une 3e personne). On pourrait traduire ܐ
16
comme dans la version A « de sorte que » mais une telle traduction obscurcirait
l’usage particulier de dans la version B.
Dans quelques cas, les deux versions différent par rapport à la construction gé-
nitive. La version A préfère en ces cas utiliser une construction morphologique pour
marquer le rapport génitif de possession, tandis que la version B utilise une construc-
tion syntaxique.
⑶ A. (verset 3b)
par son nom
B. ܕ
par le nom de toi
⑷ A. ( ܪܘ ܟ ܘ ̣ ܟverset 5b)
ta colère et ta fureur
B. ܕ ܘܪܘ ̣
la colère et la fureur de toi
Dans d’autres cas, une des versions utilise la construction géntive « double » : dans
cette construction le rapport génitif est marqué syntaxiquement par la particule de
liaison ܕet morphologiquement par une déclinaison possessive de nom-tête en accord
avec le nom génitif. La version A emploi cette construction dans l’exemple ⑸ et la
version B l’utilise dans l’exemple ⑹, où la construction « double » fait partie d’un
syntagme génitif plus grand, et dans l’exemple ⑺.
⑸ A. ̈ ( ̣̈ ܗܘܢ ܕverset 7)
les méchancetés d’eux, des hommes
B. ̈ ܕ ̈
̣
les méchancetés des hommes
⑹ A. ܕ (verset 9)
le sable de la mer
B. ܕ ̣ ܕ
le nombre du sable d’elle, de la mer
⑺ A. . ̇ܗܘ ܕ ( ܪܘverset 10)
la hauteur, celui du ciel
B. . ( ܪܘ ̇ ܕverset 9)
la hauteur de lui, du ciel
Dans la plupart des cas, les deux versions utilisent la même construction pour
exprimer le rapport génitif, comme l’attestent les exemples suivants :
Dans certains cas, les deux versions diffèrent dans le choix des prépositions. Dans
deux cas, ceci ne mène pas à un changement de sens :
⑽ A. . ̇ ܕ ( ̣ ܬ ܬverset 8)
Tu as placé la pénitence pour moi, pécheur.
B. .̣ ܕ ̣ ܬ ܬ
Tu as placé la pénitence sur moi, pécheur.
⑾ A. ̣ ܕ ܐ ( ̇ܩ ܐverset 14)
Tu me sauveras selon la multitude de tes miséricordes.
B. .ܬܟ ܕ ̇ ܙܒ ܐ
Tu me délivreras avec la multitude de tes clémences.
Dans un autre cas, cependant, les différentes prépositions sont employées avec des
compléments nominaux différents, ce qui peut mener à deux sens différents, selon
l’interprétation :
Ces deux variants peuvent être interprétés comme exprimant le même sens (« avec
mes péchés ») ou ils peuvent exprimer deux sens différents : « avec ma sottise » contre
« en raison de mes péchés ». La première interprétation peut être appuyée par le verset
10 ̈ ܝ « ̈ ܬܝ ܘmes transgressions et péchés », mais ce syntagme n’apparaît que
dans la version B. 21 Dans la version A, ܬ n’apparaît que dans le verset ⒔
21. Dans des autres manuscrits de l’Horlogion, liés à la version B, ܬ apparaît aussi comme
variant de ̈ « méchancetés » du verset 7, ou de ̈ « ̈ ܘmes iniquités et mes péchés » du
̣
C G 19
⒀ A. ܕ ܘܕ ( ܕverset 6)
sans limite, cependant, et sans mesure
B. . ܘ ܗܘ
infinie, en effet, et impénétrable
Ignorant les différences lexicales entre les deux propositions (voir la section ⒉1),
on voit que les deux versions emploient des moyens différents pour nier les têtes
nominales : dans la version A « ܕsans » est employé, tandis que la version B emploie
comme un négateur nominal, similaire au préfixe ançais « in- ». 23
L’expression , qui sert comme une négation emphatique « pas du tout »
est traitée dans l’exemple ⒇.
1.2.5 Appositions
nom « ܙܪ ܘܢleur race » (lit. « leurs semences »), mais il est mieux analysé comme
faisant partie de la construction de . 27
̇
⒁ A. . ( ܨ ܬ ܕsuscription)
Prière de Manassé 28
B. ܕ ̈ ܐ ̇ ܨ ܬ ܕ
Prière de Manassé, le roi des israélites
⒂ A. ܒ ܘܕܙܪ ܘܢ ܘܕ ܗܡ ܘܕ ܐ ܗ ܕ. ̈ ܕ ܐ
. ( ܙܕverset 1)
Seigneur, Dieu de nos pères, Dieu d’Abraham, d’Isaac, de Jacob et de
leur race juste
B. ܒ ܘܕ ܗܡ ܘܕ ܕ ̈ ܬܢ ܕ ܐ. ܐ
̈ ܘܕ ܙܪ ܘܢ ܙܕ
Seigneur céleste, tout-puissant, Dieu de nos pères, d’Abraham, d‘Isaac,
de Jacob et de toute leur race juste
⒃ A. ܉ ̇ܘ ܪܘ ܁ ܘ (verset 7a)
le Seigneur, patient, clément et très miséricordieux 29
B. ܬ ̇ ܘ. ܪܘ .
le Seigneur, élevé, miséricordieux, patient et de grande grâce
⒄ A. . ̈ܕ ̈ ܘܢ ܉ ܘ (verset 15)
toujours et tous les jours les jours de ma vie
B. . ̈ܕ ̈ ̈ ܘܢ .
toujours, tous les jours de ma vie
Il est remarquable que les syntagmes apposés sont parfois séparés par un pasoqa
(. ), qui n’est jamais présent en cas de conjonction : le deuxième élément de
la conjonction suit (avec le mot de conjonction) un taḥtaya (܉ )ܬ, comme dans
l’exemple ⒄, ou un ˤeṣyana (܁ ), comme dans l’exemple⒃. 30 Ceci est aussi
27. Remarquons que « ܙܪ ܘܢleur race » est pluriel si nous en jugeons selon l’adjectif ̈ « ܙܕjustes »
qui le suit. Cependant, il n’est pas marqué comme pluriel par un Yodh ( )ܝou par une marque de
siyame. Puisque le suffixe de est singulier on peut supposer que la construction de est déjà
fossilisée, bien que d’autres exemples montrent un accord « correct », par exemple ܘܢ ̈ ܬ
« ܕtoutes les milices célestes » (v. 15, les deux versions). Les autres manuscrits d’Horlogion, sauf
le 13H5, omettent le mot . Le manuscrit 13H5 marque ܙܪ ܘܢavec un siyame. Dans la famille A
des manuscrits, le manuscrit 14/8a1 ajoute mais n’a pas un siyame sur ܙܪ ܘܢ.
28. D’autres témoins de la version A ajoutent l’apposition ܕ ܘܕ « le roi de Judée » (17a8)
ou ܠ ܕ « le roi d’Israël » (16g7) ou même deux appositions : ܕ ܕ ܘܕ
« le roi de Judée, le fils du roi Ézéchias » (14/8a1).
29. Voir aussi l’exemple ⑵ en page 45 pour les correspondances lexicales.
30. Dans la tradition est-Syriaque le même accent s’appelle mziˤna ( ), sur lequel Segal (1953
: 82) explique qu‘il précède une proposition coordonnée, normalement introduite par la conjonction
ܘ.
C G 21
l’information le plus important de la phrase, qu’il soit appelé ’focus’, ’rhème’ ou ’com-
ment’.
Comme nous verrons dans la section ⒈⒊6, le p.p.e. est mieux analysé comme
un clitique de 2e position intégré dans le domaine du prédicat ou du focus. 38 De ce
point de vue, le prédicat avec le p.p.e. peuvent être appelés « syntagme focal » (SF),
fonctionnant en analogie au verbe dans la PV. Comme le SV, le SF peut former une
phrase tout seule, ou il peut être accompagné par des autres éléments. 39 Notre vue
accepte le rapport intime entre le prédicat et le p.p.e. suggéré par G. Goldenberg, or
sans l’attribuant un statut d’une proposition interne. 40
Cette idée clarifie les cas où un autre argument verbal est mis en valeur ou ex-
traposé, comme dans l’exemple (38) (pour la distinction entre « mise en valeur »
(anglais : « fronting ») et « extraposition » voyez la section suivante). Dans l’analyse
de G. Goldenberg, les deux éléments doivent être analysés comme extraposés. 41 Ceci
n’est pas nécessaire si la « proposition interne » est analysée comme un SF, sans que
le SN-sujet soit extraposé (voir tableau ⒈3).
Une autre structure discutée est la « phrase clivée mal-transformée ». 42 Ces phrases
contiennent un verbe fini, mais aussi un p.p.e. Selon l’analyse de G. Goldenberg, le
prédicat est l’élément suivi du p.p.e. et le verbe fini est « nominalisé virtuellement »
pour devenir le thème de la proposition. 43 L’idée de SF nous permet de voir la phrase
38. L’idée que les clitiques sont intégrées dans un domaine syntagmatique est développée par
Klavans (1985 : §⒈3). Dans cet Article J. Klavans donne un cadre général pour l’emplacement des
clitiques et en particulier les clitiques de 2e position. Voir Anderson (2005) pour un exposé général
sur les clitiques et les clitiques de deuxième position en particulier.
39. Un autre nom possible serait « syntagme prédicatif », car le rapport entre le p.p.e. et le
constituant-tête du syntagme est un rapport de nexus. Cependant, selon Peursen (2007), en quelques
cas, le p.p.e. suit le sujet de proposition formant une structure de S-E-P. En ce cas, la fonction de SF
est seulement une fonction de focus et non une fonction de prédication. G. Goldenberg analyse ces
cas comme une construction de P-s || S, puisqu’il utilise la structure informationnelle (information-
structure en anglais) pour définir le sujet (=thème) et le prédicat (=rhème), ignorant des définitions
grammaticales basées sur les notions de définitude ou d’accord. De notre point de vue, les notions
grammaticales (sujet/prédicat) et les notions informationnelles (thème/rhème) doivent être distin-
gués, bien qu’en pratique ils coïncident bien de fois. En effet, d’autres langues qui marquent le focus
permettent un focus sur le sujet. Voir par exemple Tosco (2002).
40. Du point de vue sémantique, il est possible de parler de deux propositions. Par exemple, Ca-
ron (2000 : 7) caractérise la notion de focalisation ainsi : « La focalisation est l’imbrication dans un
même énoncé de deux propositions : une relation prédicative et l’identification d’un terme de cette
relation prédicative. Ce qui est asserté est l’identification du terme focalisé, la relation prédicative étant
préconstruite. »
41. Peursen (2007 : 332) : « [Goldenberg’s] argument would be weakened if we were to find
examples where the tripartite clause is preceded by another extraposed element, because an analysis
with two elements in extraposition such as X || Su || Pr-s is odd. »
42. En anglais : « imperfectly-transformed cle sentence » selon Goldenberg (1977). Voir aussi
Peursen (2007 : ch. 24).
43. Autrement dit, le verbe fait partie d’une proposition relative sujet, introduite par un morphème
C G 23
entière comme une PV qui contient un SF, sans que celui-ci soit considéré comme
le prédicat de la phrase.
Quelques prédicats nominaux, comme les participes verbaux et la plupart
d’adjectifs, ont les caractéristiques des prédicats verbales, comme le non-marquage
par un p.p.e., quand il est de 3e personne. 44 De plus, les participes verbaux prennent
des compléments exactement comme leur contreparties finis, justifiant de les voir
comme un autre « temps » du système verbale. 45 Ces prédicats peuvent être analysés,
de notre point de vue, comme des SN prédicatifs et non comme des SF. 46 Donc,
notre analyse fait une distinction au niveau syntaxique entre les propositions avec un
prédicat nominal et les propositions « nominales » tripartites, dont le prédicat est, en
fait, un SF.
Les propositions d’existence forment une classe spéciale de proposition nomi-
nales : la particule d’existence ( ܐp.ex.) est normalement vue comme leur prédi-
cat. 47 Intéressement, comme nous verrons dans l’exemple (35), le p.ex. peut parfois
remplacer le p.p.e., fonctionnant comme un type de copule.
le SN-sujet, ainsi que les autres arguments du verbe, comme un élément « satellite »
du noyau propositionnel, étant le verbe. L’argument-sujet a la particularité qu’il doit
être exprimé par accord pronominal dans le complexe verbal, mais il n’est pas le seul à
y être exprimé. Souvent, un complément d’objet est exprimé pronominalement dans
le verbe. Quand un SN-objet suit le verbe, ce phénomène s’appelle « prolepsis » ou
bien « accord pronominal anticipatoire ». 49 Quand il le précède, ça s’appelle « ex-
traposition ». Les deux phénomènes reflètent la même « tendance à mettre des petits
éléments pronominaux proche du verbe, ou autrement dit, à compléter le valence ver-
bale avant que les agents et patients ne soient spécifiés. » 50 En effet, nous faisons une
distinction importante entre les arguments verbaux obligatoires, qui font partie de la
valence verbale, et les arguments non-obligatoires. Ceci, avec la forme syntagmatique
de ces arguments (SN ou SP) détermine leur statut dans notre modèle analytique
(voir le tableau ⒈2 dans la section ⒈⒊4).
Puisque le sujet est toujours exprimé dans le complexe verbal, il n’est pas surpre-
nant que le SN-sujet puisse apparaître avant ou après le verbe. Ceci dit, le sujet a une
légère préférence pour la position postverbale. 51
Parlant du complément d’objet, nous distinguons entre deux stratégies de son
déplacement. Quand le SN-objet apparaît avant la proposition principale et dans la
proposition principale il est désigné par un pronom résomptif (sur le verbe ou dans
un SP), nous parlons d’« extraposition ». Ceci est le cas dans la phrase ܗ
« le roi, je l’ai tué ». 52 Quand il n’y a pas un pronom résomptif, nous parlons de
« mis-en-valeur ». Ceci est le cas dans la phrase « le roi j’ai tué ».
Le phénomène de mettre-en-valeur n’est pas très équent. Lorsque l’objet (di-
rect) n’est pas codé pronominalement, il a une tendance très forte à apparaître après
le verbe. 53 Ces observations sont en accords avec les observations de Nöldeke, cité
49. Cf. Khan (1988).
50. Peursen (2007 : 326) : « [The] tendency to put small pronominal elements close to the verb
or, in other words, to complete the valency of the verb before the agents and patients are specified »
Le même auteur note que ceci est courant dans les langues bantoues. Un autre exemple pourrait être
le somali, une langue coushitique, remarqué déjà dans la note 39 pour son marquage du focus. Selon
Tosco (2002 : 28) : « the order of constituents is syntactically ee, and all grammatical information is
found within the ‘Verbal Complex’, which contains in rigid order object pronouns, adpositions, and
adverbials and is ended by the verbal form. »
51. Dans des données recueillis par D. Bakker du Livre de Loi des Nations, 49 de 79 (62%) PV
avec un SN de sujet avec l’ordre VS, ainsi montrant une préférence pour cet ordre (α < 1%).
52. Des cas où le première élément est un SP (ܗ ) sont plus difficiles à analyser. Soit il
s’agit d’un mis-en-valeur d’un SP (provenant de ܗ ), soit d’un extraposition d’un élément
marqué comme objet. Pourtant, on remarque que Khan (1988 : xxvi) ne permet pas à l’objet extraposé
d’être marqué comme objet par une préposition. Dans PrMan ces cas n’existent pas.
53. Dans le Livre de Loi des Nations, 110 de 126 (8⒎3%) PV sans un marquage pronominal d’objet
ont l’ordre VO, ce qui montre une préférence forte pour cet ordre (α ≈ 0). En revanche, quand l’objet
est marqué pronominalement, le SN-objet apparaît toujours, dans ce corpus, en extraposition. Des
données similaires ont été observées pour les objets indirects. Les compléments de temps n’ont pas
C G 25
par Kuty : 54
Nöldeke [p. 248] claims that the word order is ‘very ee’ in Syriac. His notes
suggest that the subject sometimes precedes, sometimes follows, sometimes
even interrupts the predicate ; he adds that in narrative clauses the verb is pre-
ferably placed before the subject, but that this is by no means an absolute rule.
P1 -placement appears to be used for the marking of Topic and Focus consti-
tuents (ibid.). As for the object, it occurs most equently aer the verb, but
also oen before it. [p. 250].
Selon ces observations, on pourrait être tenté de penser que le syriaque est une
langue d’ordre VSO. Cependant, cette conclusion ne serait pas exacte. 55 Une obser-
vation plus prudente sera que le syriaque est une langue VO, dans le sens typologique
suggéré par Lehmann, 56 c’est-à-dire une langue à tête initiale. Ceci est aussi attesté
par le fait que le syriaque n’a que des prépositions et qu’en général les adjectives
suivent leurs noms-têtes.
1.3.2 Modes
La façon la plus équente de nier une proposition dans notre corpus est avec la
particule de négation . Cette particule est utilisée parallèlement dans quelques pas-
sages dans les deux versions, comme quelques exemples dans ce chapitre l’attestent :
exemples ⒆, (33), (34) et (39).
Dans un cas, la version A emploie le syntagme négatif emphatique « en
59
aucune façon, jamais ». :
⒇ B. ܐ ̇ ( ܘverset 9)
Je ne suis pas du tout digne . . .
La portée de la négation
(21) A. ..̈ ̣ ܝ ܬ ܘ.̣ ܬܪ ( ܘverset 13)
Ne t’irrite pas pour toujours contre moi et ne laisse pas subsister mes
fautes contre moi.
B. .̣ ̈ ܝ ܘܬ ܬܪ ܘ
Ne t’irrite pas pour toujours contre moi et laisse subsister mes fautes.
(22) A. . ̇ܗ ܕ ܪ ̈ ܘܬ ̇ܬ ( ܘverset 13)
Et ne me punis pas et ne me jette pas dans les profondeurs de la terre.
B. . ̈ ̇ܗ ܕ ܪ ܬ ܘ
Et ne me punis pas dans les profondeurs de la terre.
Ces deux exemples, constituant ensemble une partie du verset 13, montrent le même
phénomène syntaxique. Dans l’exemple (21), le négateur porte sur deux propositions
57. Cf. la section ⒌⒈2.
58. La différence d’orthographe est traitée dans la section ⒈⒈4.
59. Cf. l’entrée de dans Costaz (1963 : 222) ou dans Payne Smith (1903 : 376).
C G 27
dans la version B, tandis que dans la version A il y a un négateur pour chaque pro-
position 60 Dans l’exemple (22), c’est la version A qui utilise un négateur pour deux
propositions, bien que la deuxième proposition « ܬme jette » soit absent dans
la version B.
La construction de la (h)wa
(23) A. : ̣ ܬ ܬ ̈ܕ ܗܘ (verset 8)
Ce n’est pas pour les justes que tu as placé la pénitence.
B. . ̈ܕ ̣ ܬ ܬ
Tu n’as pas placé la pénitence pour les justes.
[+ valence] [- valence]
[+ préposition] objet indirect circonstant
[- préposition] objet direct modifieur
La version B utilise quelques fois des objets indirects, introduits par Lamadh,
tandis que la version A utilise un objet direct ou un circonstant (tous soulignés).
La cataphore pronominale
(24) A. ( ܕverset 3a)
Qui a lié la mer.
B. ܬ ܝ ܕ
Qui l’a⒮ liée (à) la mer.
Dans l’exemple (24) la version B exprime l’objet par une construction de cataphore
pronominale (ou prolepsis 69 tandis que la version A l’exprime comme un objet di-
rect simple. En effet, l’objet direct en A ( ) est un objet indirect en B ( )
qui est co-référencé par un suffixe pronominal cataphorique attaché au verbe ( ܝ-).
66. Nous empruntons ici la terminologie suggérée par Tesnière (1966 (1959 : 125, §56), bien que
notre usage ne soit pas tout à fait idéntique à celui de Tesnière, qui ne fait pas la distinction entre
« circonstant » et « modifieur ».
67. Voir Rodrigue-Scharzwald et Sokoloff (1992 : 105) pour une définition similaire.
68. Cf. par example Muraoka (2005 : 77, §97a).
69. Cf. Muraoka (2005 : 88, §112).
C G 29
Jusqu’à présent aucune règle définitive pour déterminer la distribution de ces deux
constructions alternatives n’a été donné, bien que quelques tendances aient été ob-
servées. 70 Il semble que les deux constructions soient quasi équivalentes du point de
vue fonctionnel, 71 et distributionnel (les constructions apparaissent comme variants
paradigmatiques dans des textes-témoins différents, comme ici).
L’exemple (25) montre une variation entre un objet direct et un objet indirect (dont
la tête est la préposition Lamadh )ܠ, qui n’implique pas une différence fonctionnelle
ou sémantique. 72 Ceci est le cas aussi dans l’exemple (26), bien que dans cet exemple
le marquage d’objet par Lamadh soit motivé par sa position thématique : le Lamadh
permet d’identifier l’objet, malgré sa position thématique qui est normalement ré-
servée pour le sujet extraposé. 73 La proposition qui précède cet exemple est donnée
ci-dessous comme exemple (30).
L’exemple (27) présente une variation entre un circonstant dans la version A ( ܐ
̈ « ܕ ̈ ܘܢ ܕcomme pour la vie des pécheurs ») et un objet indirect dans la
version B ( ̈ܕ ܪ « pour la rédemption des pécheurs »). L’analyse assume que
le syntagme prépositionel de B fait partie de la valence verbale, mais il est possible de
le voir comme un circonstant causal. Le même type de variation existe dans l’exemple
(28) : la version A utilise un circonstant (ܒ ܘ ܗܡ ܘ « ܐ ܕcomme
pour Abraham, pour Isaac et pour Jacob ») tandis que la B utilise un objet indirect
(ܒ ܘ ܗܡ ܘ « pour Abraham, pour Isaac et pour Jacob »), qui en
apposition à l’objet indirect principal ( ̈ ) ܕ. Les deux versions continuent avec le
pronom ܗ ܢ, qui sert comme apposition à ܒ ܘ ܐ ܗܡ ܘ, c’est-à-dire le
complément du syntagme prépositionel dont la tête est la préposition Lamadh ܠ. 74
Cet exemple sera repris plus tard, dans un contexte plus large (voir (23)).
Dans l’exemple (29), la version A ajoute deux syntagmes par rapport à la version B : le
circonstant « devant toi » et l’élément présentatif « ܗvoilà ». 75 L’élément ܗ
n’apparaît que dans la version A, ici et dans le verset 9b : ܐ « ܕܗ ܐVoilà que je
suis prisonnier ». 76 L’ajout de ces deux syntagmes donne plus d’emphase sémantique
à la version A par rapport à l’autre version.
Dans l’exemple (30), qui apparaît dans le texte juste avant l’exemple (26), la version
B ajoute un objet indirect , qui sert plutôt comme un malfactif 77 « contre toi »,
tandis que la version A n’a aucun complément. Du point de vue sémantique, la version
A est plus détaillée.
Dans l’exemple (31), la proposition première est identique dans les deux versions,
mais dans la deuxième proposition la version A ajoute un objet indirect de la 1re
personne (servant encore comme un malfactif « contre moi ») et aussi la particule de
négation . 78 Les deux ajouts sont explicables syntaxiquement : dans la version A,
les deux propositions sont indépendantes l’une de l’autre ; en conséquence, l’objet
indirect et la négation sont répétés dans chaque proposition. Dans la version B, il y a
une conjonction au niveau du Syntagme Verbal (et pas au niveau propositionnel), et
ainsi ni la négation ni l’objet ne sont répétés. 79 On note aussi que dans la version A,
il y a un signe de pasoqa entre les deux propositions contrairement à la version B.
Dans l’exemple (32), il y a un circonstant ajouté . La préposition ܒ/b-/ peut
être comprise soit comme une préposition locative (dans un sens figurative) « en moi »
soit comme une préposition instrumentale « par moi ». L’ajout du circonstant peut
être lié à l’emploi de la plus faible conjonction dans la version B (voir l’exemple (55)
(p. 41)), comme un type de compensation sémantique. Par contre, le lien avec la
différence de mode est moins clair.
75. Cet élement est souvent analysé comme une interjection, mais en accord avec la table ⒈2, on
peut l’analyser comme un modifieur. Du point de vue sémantique, il renforce l’assertion de l’énoncé ;
du point de vue syntaxique, il modifie le nexus, tout comme une particule de négation le nierait.
76. Les autres manuscrits de la famille A ajoutent un ܗadditionnel dans ce verset : ̣ ܗ
« ܐvoilà, je suis affligé » (17a6–9, 16D2) ou ܦ ̣ܐ ̇ « ܗvoilà, je suis tourmenté » (16g7,
13D1).
77. J’emploie ici le terme « malfactif » comme l’inverse de « bénéfactif », c’est-à-dire un complément
verbal qui désigne un actant qui soue de l’action exprimée dans le verbe.
78. Voir la discussion de l’exemple (21).
79. On remarque que dans la version A, deux objets indirects différents sont utilisés : ̣ « sur
moi » et « à moi ». Cependant, leur fonction est identique : les deux sont des objets indirects servant
comme des malfactifs.
C G 32
Les deux versions diffèrent par l’utilisation du pronom personnel enclitique (p.p.e.).
Le p.p.e. est le troisième élément dans une proposition nominale tripartite, 82 ou se-
lon l’analyse de Goldenberg (1977), le marqueur de rhème dans « les phrases clivées
mal transformées ». Le p.p.e. s’attache normalement au prédicat (en le focalisant),
mais comme les exemples suivants le montrent, il pourrait être mieux analysé comme
80. La phrase A pourrait être analysée comme une phrase passive, bien que la forme verbale puisse
être vue comme une forme moyenne (et pas exclusivement passive). Seulement trois autres manus-
crits (14/8a1, 16g7, 13H5) utilisent la construction impersonnelle, bien que les deux premières ne
marquent pas ܪ ܬcomme un objet avec un Lamadh (probablement sous l’influence de la version
A). En revanche, tous les manuscrits qui utilisent la forme moyenne n’ont pas un Lamadh. Quelques
manuscrits de la famille B (13H1-⒊6) utilisent la forme moyenne masculine , peut-être à cause
d’une fausse analogie à . Pour une discussion générale de la construction impersonnelle faisant
partie de la catégorie sémantique de la voix moyenne voyez Kemmer (1993 : 148) ; pour une étude de
cette catégorie en syriaque et des autres formes d’araméen voyez Farina (à paraître).
81. Cf. Lambert (1998 : 297).
82. Cf. Muraoka (2005 : 83, §104).
C G 33
Propositions Nominales
La version B tend à utiliser les phrases nominales tripartites avec un p.p.e. (sou-
ligné) tandis que la version A préfère les éviter :
Dans l’exemple (35), la version B emploie une proposition nominale tripartite avec le
p.p.e. ܗܘ, tandis que la version A utilise la particule existentielle ( ܐp.ex.). 84 Le
même type de variation est attesté en comparant le verset 7 (dans les deux versions)
avec le variant des autres manuscrits de l’Horlogion : 85
verbaux. 91 Quand le sujet est au 3e personne le p.p.e. n’est pas nécessaire. 92 Pour les
autres personnes, le p.p.e est employé, comme le montrent l’exemple suivant.
Dans l’exemple (38) (repris de l’exemple (26) dans section ⒈⒊4) deux construc-
tions différentes sont présentes : la version A emploie une proposition de type VSO,
tandis que celle de la version B est de type OSVs 93 . De plus, l’objet de A est un
objet direct, tandis que dans la version B B c’est un objet indirect. 94 Les différences
entre les deux phrases peuvent être expliquées en fonction en fonction des leur envi-
ronnement syntaxique diffèrent. La proposition de la version A est une proposition
adverbiale, liée syntaxiquement à la proposition suivante ( ܐ ̇ ), tan-
dis que celui de la version B est une proposition indépendante (terminée, d’ailleurs,
par une pasoqa). 95 Les deux phrases (A et B) sont liées en arrière par la conjonction
de coordination « ܘet ». La thématisation de l’objet en A produirait une proposition
relative encombrante (* ̈ ܝ ܥ ܬ )ܘet pour cette raison est évitée.
Le p.p.e de B (comme tous les p.p.e. en effet) peut être analysé de deux façons
différents : soit comme une copule/marqueur de focus dans une phrase nominale tri-
partite, soit comme un sujet mineur dans une proposition nucléaire ̇ ܥ ܐparallèle
à A. Ces deux analyses sont illustrées en tableau ⒈3 :
La première analyse pose un problème par rapport au statut d’objet : puisqu’il n’y
a pas un pronom anaphorique qui le remplace dans la proposition interne, il doit être
91. Goldenberg (1983 : 113), en suivant Cohen (1975), considère que les participes sont dans « le
troisième [maximal] niveau de la verbalisation ». Voir aussi Cohen (1984). En hébreu, il est intéressant
de noter que les participes sont dits « בינונייםintermédiaires », bien que des différentes explications
existent pour cette désignation.
92. Cf. la note 84 ci-dessus pour un exemple.
93. Le « s » désigne un sujet mineur. Voyez la note 89 et aussi Peursen (2006b : 158). Les deux
phrases sont en fait des phrases nominales, puisque le prédicat verbal (V) est un participe présent.
94. Cf. la section ⒈⒊4, exemple (26).
95. Dans la version A, une pasoqa apparaît juste avant la proposition : le rapport avec la proposi-
tion précédente, marqué par la conjonction « ܘet », n’est pas si fort comme dans la version B, où la
conjonction ܘest précédée d’une ˤeṣyana.
C G 36
Cet exemple est un cas où la version B ajoute un p.p.e. (dans le 2e position). Les deux
constructions sont dans un rapport d’équivalence distributionnelle, comme l’attestent
plusieurs cas où des manuscrits syriaques du même texte varient par rapport à la pré-
sence ou absence du p.p.e. 97 Du point de vue de la structure informationnelle, les
deux versions mettent en valeur l’objet indirect « toi ». 98 De plus, la version B
attache le p.p.e. à l’objet indirect pour le focaliser. Le p.p.e. 3sg.m. ܗܘn’est pas
en accord en genre et en nombre avec le sujet pl.f. « ̈ ܬmilices » (comparez
96. Voir ci-dessous, la section ⒈⒊1 et la note 41.
97. Cf. Joosten (2006 : 185–186). Voir aussi Peursen (2006c : 199–200) pour une discussion de
cette variation dans les propositions nominales.
98. Cf. la note 53 (p. 24), qui discute de la équence basse de cet ordre.
C G 37
avec l’exemple (36)B qui emploie un p.p.e féminin )ܗܝ. Ceci n’est pas exceptionnel
et peut être expliqué par deux analyses différentes : selon l’analyse de G. Golden-
berg, le p.p.e. est en accord avec la proposition « nominalisée virtuellement » ̈
ܘܢ ̈ ܬ ܕ « toutes les milices célestes louent », ce qui est réalisé comme
un accord de 3sg.m. 99 Selon ce point de vue, la construction est « une phrase clivée
mal-transformée », et dans cet esprit je l’ai traduite comme une phrase clivée en an-
çais. Dans cette perspective la structure informationnelle et la structure grammaticale
sont assimilées ; en revanche, le parallélisme grammatical avec la version A est perdu.
Une autre analyse, qui distingue entre la structure informationnelle et la structure
grammaticale, est de voir le syntagme ܗܘ comme un syntagme focale parallèle au
syntagme prépositionnel non-focalisé de la version A. Selon cette vue, le p.p.e.
marque seulement le focus et ne porte pas d’accord ; en essence, il est un élément
fossilisé. 100 En vue du parallélisme (autrement dit, de l’équivalence distributionnelle
des propositions) entre les deux versions, cette analyse me semble préférable. Les
deux analyses sont présentées schématiquement dans la table ⒈4.
...ܘܢ ̈ ܗܘ
[ sujet prédicat ] sujet (pronominal) prédicat
sujet prédicat [ marquer du focus objet mis-en-valeur ]
Les deux versions diffèrent dans l’emploi des propositions subordonnées. Parfois,
seule la version A emploie une proposition subordonnée, et parfois seule la version B
le fait. Dans les exemples ci-dessous, les propositions subordonnées et leurs parallèles
non-subordonnées sont soulignés.
Dans l’exemple (41), la version A emploie une proposition relative tandis que la ver-
sion B a une proposition infinitive. Remarquons aussi que la version version A em-
ploie en plus un verbe auxiliaire ̇ . Du point de vue sémantique, ceci est superflu,
mais du point de vue stylistique, il est parallèle au verbe ̇ dans le début du
verset (voir exemple (33)). 101 Le verbe ̇ « puis » est ajouté comme un verbe
auxiliaire dans la version B dans l’exemple (43), ainsi transformant la proposition
ܘ ܪ ̇
ܬܗ « ܕque je me tourne et lève mon âme » en une proposition-objet
(notez que le verbe ̇
ܐܬܗ « je me tourne » est ajouté aussi). Voyez l’exemple ⑵ (p.
16) pour une discussion du pronom .
Dans l’exemple (42) nous voyons deux phénomènes : la version A utilise le par-
ticipe ܬ ̇ ܒcomme un prédicat verbal d’une proposition coordonnée, tandis que la
version B exprime le même sens avec le participe ܬܘ, faisant partie d’une série
des adjectifs. Ignorons la différence lexical, et nous voyons une différence syntaxique :
l’objet indirect de la version A ̣̈ ܗܘܢ « sur les méchancetés d’eux » est gou-
verné directement par le prédicat quasi-verbal, alors que le SP parallèle de la version
B ̈ est précédé du particule subordonnant ܕ, puis que la proposition est
̣
conçue comme une PN. 102
Différences de disposition
(45) A. ܘܢ ̈ ̇ ܕܬ ( ܐ ܘܕverset 7b)
Tu as promis la rémission à ceux qui se repentent de leurs péchés.
B. ̈ ܕ ܕ ̣ ܬ ܬ ܕ ܐ
Tu as promis la pénitence de la rémission à ceux qui ont péché devant
toi.
Dans l’exemple (45), le même contenu est réparti d’une façon différente dans les deux
versions entre une proposition principale et une proposition subordonnée. La version
A introduit l’idée de pénitence dans le participe qui sert comme le prédicat de la
proposition subordonnée ( ̇ « ܬse repentent », voir aussi l’exemple (44)), tandis que
la version B le présente comme un substantif dans la proposition principale, faisant
partie d’une construction génitive : « ܬ ܬ ܕpénitence de rémission », en
parallèle à « rémission » dans la version A. En conséquence, les « péchés »
exprimés comme le substantif ܘܢ ̈ dans la version A réapparaît dans la version
B comme un verbe « ils ont péchés » dans la proposition subordonnée.
Les deux versions diffèrent en plusieurs places par rapport aux conjonctions uti-
lisées. Parfois, une version utilise une conjonction de subordination tandis que l’autre
utilise une conjonction de coordination. 105 Dans les exemples suivants les conjonc-
tions sont soulignées :
Dans quelques cas, la version A utilise une conjonction « légère » (soit sémantique-
ment ou syntaxiquement) tandis que la version B emploie une conjonction « lourde ».
Ceci est le cas dans l’exemple (53), où la version A emploie la conjonction symétrique
et neutre (dd point de vue sémantique) « ܘet » tandis que la version B utilise une
conjonction subordonnant « asymétrique » « quand, car ». Le même phénomène
est observé dans l’exemple (54) où la version B emploie la conjonction de subordina-
tion ܕ « puisque, en raison de », tandis que la version A utilise une conjonction
plus faible schématiquement et syntaxiquement « car, mais, en effet ». D’autres
exemples sont l’exemple (52) (A : , B : )ܘou les exemples (48) et (50), où la
version B ajoute respectivement les conjonctions ܗet (traduits « donc » dans
les deux cas).
Dans d’autres cas, le contraire est vrai : c’est la version B qui utilise la conjonction
légère et la version A utilise la conjonction lourde. Dans l’exemple (55), la version
A emploie la conjonction « ܐܦmême si, encore », tandis que la version B utilise la
conjonction légère « ܘet ». De plus, la version A ajoute la conjonction « ܗdonc »
(comparez avec l’exemple (48).) Dans les exemples (49) et (51), la version A emploie
la conjonction ܐܦamalgamée avec le négateur tandis que la version B a respec-
tivement ∅ ou ܘ. De la même façon, dans l’exemple (56) A emploie le syntagme
108
connectif ܕ « pour cela » tandis que la version B utilise la conjonction ܘ.
La distinction dans l’exemple (46) est lexicale de nature : « ܕmais, cependant,
car » contre « c’est-à-dire, en effet ». La distinction dans les exemples (47) et (54)
– une conjonction de subordination ܕ contre un adverbe connectif (voir
ci-dessous) – crée une différence dans la structure discursive (voir respectivement les
sections ⒊4 et ⒊7).
Les différences sont récapitulées dans le tableau ⒈5. Les conjonctions plus « lourdes »
sont soulignées.
108. Notez que la version B emploie la négation emphatique dans l’exemple (51). Voyez
l’exemple ⒇ dans la section ⒈⒊3.
C G 42
Exemple Verset A B
(46) 6 ܕ
(47) 7a ܕ
(48) 7b ∅ ܗ
(49) 8 ܕ ܕ
(50) 9a/10a ∅
(51) 10a/9a ܕ ܘ
(52) 10b ܘ
(53) 11 ܘ
(54) 13b ܕ
(55) 14 ܐܦ ܗ ܘ
(56) 15 ܕ ܘ
A L
Les deux versions diffèrent considérablement quant à leur vocabulaire. Pour cette
raison, il n’est pas exact de parler du « vocabulaire (de la version syriaque) de la Prière
de Manassé ». Dans ce chapitre nous explorons le vocabulaire des deux versions selon
deux approches différentes. Dans la section ⒉1 nous présentons une comparaison
qualitative des correspondances lexicales entre les deux versions, établies par une étude
linéaire-syntagmatique. Cette étude n’est pas exhaustive, mais elle a l’intention de
couvrir les correspondances qui ne sont pas déjà traitées dans le chapitre 1. Ensuite,
dans la section ⒉2 nous employons une comparaison non-linéaire, pour établir une
mesure quantitative de la différence lexicale entre les deux versions.
⒉1 C
Cette section présente quelques correspondances lexicales entre les deux versions,
qui n’ont pas été traitées dans le chapitre 1). Par « correspondances » nous désignons
des lexèmes qui apparaissent au même endroit dans les deux textes et ont la même
fonction syntaxique, mais pas nécessairement la même dénomination sémantique. La
plupart des correspondances a lieu entre deux mots qui ont un sens similaire. Nous
appelons ce type de mots « synonymes », sans impliquer que leur sens est tout à fait
identique, ou même que des vrais synonymes existent (voir ⒉⒈1). 1 Dans quelques
cas, une version emploie un terme plus spécifique que l’autre, ou, parfois, un terme
tout à fait différent. Dans un cas particulier, les deux versions utilisent des lexèmes
avec un sens « antonyme » pour exprimer la même idée (voir section ⒉⒈2).
1. La question des synonymes dans le domaine de la lexicographie syriaque est traitée dans Falla
(2005 : 47-48). Un traitement informatique de cette notion, ou plutôt de la notion plus exacte de
« quasi-synonymie » (en anglais : near-synonymy), est donné par Edmonds et Hirst (2002), qui ca-
ractérise les quasi-synonymes comme partageant la valeur « essentielle » de sens, mais divergeant au
niveau « granulaire » (ibid., p. 12–13).
43
A L 44
V. Version A Version B
4 craindre ̇ܕ être terrifié ܪܕ
4 se mouvoir, être ܙ ̇ܥ trembler ܪ
mu ; être agité,
trembler, craindre
4 force, puissance, ̇ puissance, force ܬܟ
courage
6 illimité ܕ non mesuré,
infinie
6 promesse ; conseil promesse ̈ ܘܕ
7 placer, établir ; ̣ limiter, ̣ ܬ
présenter, offrir circonscrire,
définir ; décider ;
ordonner
10/9 regarder, voir ܪ ܐ fixer les yeux sur ܐܨܕ
10/9 malfaisance ܬ iniquité, crime ̈
11 courber, fléchir ̇ ܦ incliner, fléchir ̇
12 péché ̣ܝ ̈ iniquité, crime ̈
13 supplier, ̇ demander ̇ܠ
intercéder
14 délivrer, sauver ̇ܩ délivrer, sauver ̇ ܙܒ
Dans cet exemple, ܕcorrespond à ܪܕ tandis que ܙ ܥcorrespond à ܪ. Par
ailleurs, « ܨܘvisage » est ajouté dans la version B et ensuite ܬܟ « puis-
sance » correspond à ̇ .
Un cas similaire survient dans le verset 7 (traité aussi comme l’exemple ⒃ en
page 20).
Dans ce cas, les correspondances ne sont pas évidentes. On peut supposer que
ܪܘest parallèle dans les deux versions, bien que sa place soit transposée. Ceci ne
peut pas être dit du mot orthographique , puisque dans la version A il s’agit
du substantif ܳ ܳ xnana « clémence, miséricorde », tandis que dans la version B
il désigne l’adjectif ܳ ܳ ܰ xānana « clément, miséricordieux », comme nous montre
le rwaha en dessous du ܚ. En revanche, schématiquement B ̇ correspond à A
« miséricordieux ». Cette analyse laisse B « élevé, suprême » comme un
ܳ ܳ ܰ ܰ
ajout, mais on remarque que la suite des adjectifs ̇ . ܳ mrāyma xānana a un
ܰ
rapport d’allitération avec ܳ ܳ mrāxmana. En continuant par la même hypothèse,
A correspond à B ܬ « bonté, grâce ».
A L 46
V. Version A Version B
6 sans mesure ܕ incompréhensible
6 pitié, miséricorde ̣ préparation, ̇
présence,
promptitude
9/10 respiration, temps guérison, remède, ܬ ܐ
de respiration, art médical
repos, souffle
10 tête 4 ܪ âme, esprit, vie
13 avec ma sottise ; ̈ ܬܝ avec/à cause de ܝ ̈
faute, péché 5 mes péchés
Bien que les correspondances lexicales dans le verset 6 ne soient pas synonymes
(doublement soulignés), elles appartiennent au même champ sémantique. Dans le
même verset il y a aussi des correspondances synonymes (soulignés) :
⑷ A. ( ܘverset 9a)
Et je n’ai pas le courage. . .
B. . ܐ ܬ ( ܘverset 10a)
Et je n’ai pas, donc, un remède.
Dans la version A les méchancetés sont explicitement nommées, tandis que dans la
version B elles sont exprimées d’une façon négative, comme un défaut. Les lexèmes
utilisés ne peuvent pas être vus comme des antonymes dans le cas général, mais dans le
contexte ils nous décrivent des notions opposées : A « idoles » ̸= B « ܨta
volonté » ; A ܬ ̇ « impiétés » ̸= B ̈ « tes commandements ». La version
grecque est, en ce cas, similaire à la version A.
⒉2 D
« comptage de mots ». Les deux méthodes sont utiles pour établir une mesure nu-
mérique de « distance » entre les deux textes. 8 Le comptage de lexèmes est utile si
nous sommes intéressés par la comparaison de vocabulaire des textes. 9 Le comptage
des mots peut être conçu comme une méthode complémentaire à la comparaison
syntagmatique, car il annule l’effet des transpositions : deux passages transposés ne
seront pas nécessairement analysés comme des parallèles dans l’analyse linéaire, mais
le comptage de mots prendrait compte du fait qu’ils utilisent les mêmes mots. 10
Dans la discussion suivante nous considérons les différentes formes flexionnelles
d’un substantif comme un seul lexème. 11 . Des verbes ou participes qui ont la même
racine consonantique sont aussi traités comme un seul lexème. 12 La section suivante
traite du comptage des lexèmes, mais ces prémisses sont vraies aussi pour le comptage
des mots qui suit.
Selon les prémisses données ci-dessus, nous pouvons établir que les deux versions
partagent 115 lexèmes. Les lexèmes uniques (c’est-à-dire, qui apparaissent seulement
dans une version) peuvent être divisés en deux groupes : ceux qui ont un parallèle
dans l’autre version (des lexèmes « spécifique » à la version), 13 et ceux qui ne l’ont
pas (des ajouts). La version A a 25 lexèmes spécifiques (18% de son vocabulaire),
qui sont présentés dans le tableau ⒉3. Version B a 49 (30%) lexèmes spécifiques,
présentés dans le tableau ⒉4.
8. Cette approche n’est pas limitée aux lexèmes. On pourrait l’utiliser pour compter les construc-
tions syntaxiques ou les gabarits morphologiques, par exemple. Cependant, la comparaison lexicale est
la plus facile, car elle n’exige pas une analyse du texte.
9. Cf. Peursen (2009a).
10. Bien sûr, ceci est plus utile pour les textes longs, dont les transpositions ne peuvent pas toujours
être facilement identifiées. Dans les textes courts, les transpositions peuvent être traitées sur une base
individuelle, comme nous le faisons, par exemple dans la section ⒊6 pour les versets 9–⒑
11. C’est-à-dire que les états du substantif sont ignorés. Par ailleurs, les suffixes possessifs sont
traités comme des lexèmes séparés. Voir Sikkel (2008).
12. Une autre possibilité est de voir la combinaison d’une racine avec un gabarit vocalique verbal
comme un lexème, en accord avec l’analyse de Aronoff (1994 : ch. 5). Voir aussi la note 2 (p. 11).
13. Le parallélisme n’est pas nécessairement lexical de nature ; il peut être établi selon les syntagmes
ou les propositions parallèles .
A L 49
Parallèles Ajouts
aussi, et (même si) ܐܦ œil
ceux-là ̇ܗ ܢ répandre ܐ
beauté, gloire (se) serrer, ( ) ܐ
opprimer
supplier, intercéder ( ) voici ܗ
sans mesure ( )ܕ celle-ci ܗܕ
malfaisance être, exister ܗܘ ) ܗܘܝ )
miséricordieux justement, à bon
droit
promesse ; conseil le Seigneur
respiration, temps ܫ être agité, accablé, (ܦ ) ܦ
de respiration, épuisé ; défaillir
repos, souffle 14
délivrer, sauver ܩ
idole
impureté,
souillure ;
abomination,
idole 15
force, puissance,
courage
regarder, voir ܪ
chanter ܙ
se mouvoir, être (ܙܘܥ )ܙ ܥ
mu ; être agité,
trembler, craindre
14. On remarque que le lexème apparaît dans la version B (et seulement là). Cependant, il n’est
pas parallèle à ܫ. Bien que les deux lexèmes soient dérivés de la même racine consonantique, ils
ne sont pas régulièrement liés l’un à l’autre, et donc ils méritent d’être traités comme deux lexèmes
distincts.
15. Selon Charlesworth (1983–1985 : 636, note r2), un autre sens est « le culte des idoles ». (cf.
Dan 11 :31).
A L 50
Parallèles Ajouts
guérison, remède, ܐ Ajouts de la suscription
art médical
demander ܠ Israël ܐ
promesse ܘܕ Jérusalem ܐܘܪ
elle ܗܝ Babel
eux ̣ܗ ܢ déchirer, fendre, ܥ
trouer
délivrer, sauver (ܙܒ ) ܒ emmener en
captivité
à savoir, donc, et être en feu, brûler
quoi ; ce qui roi, empereur
miséricorde dommage
(in)compréhensible ) bronze, cuivre
(
(non) mesuré ) se repentir (ܬܘܝ )ܐܬܬܘܝ
(infinie) (
pénitent ܬܘ taureau, bœuf ܬܘܪ
âme, esprit, vie aimer, désirer, ܨ
vouloir
beauté, grâce s’incliner ; prier ܨ
rédemption ܪ Autres ajouts
louange, éloge passer, dépasser
trembler ܪ amen ܐ
incliner, fléchir ( ) ܪ céleste
exaltation, gloire ܪܘ ܡ (se) tourner ( )ܐܬܗ ܗ
être terrifié ܕ désormais, donc
limiter, ܬ nombre
circonscrire,
définir ; décider ;
ordonner
préparation, visage, face ܨܘܦ
présence,
promptitude
puissance, force louer, célébrer
volonté ܨ vérité, justice
fixer les yeux sur ܨܕ dessous, sous ܬ
dette ; péchés ܒ
Il parait, donc, que la version B a un vocabulaire plus riche. Ceci peut être attribué
principalement à la suscription qui n’apparaît pas dans la version A. Le traitement de
la suscription comme un élément secondaire et externe à la prière est confirmé par
le grand nombre de lexèmes spécifiques qu’on y retrouve et aussi par l’occurrence de
trois noms propres : Jérusalem, Babel et Israël (en plus de Manassé, qui apparaît dans
le titre de deux versions), tandis que le texte propre ne contient aucun nom propre.
Le rapport entre le vocabulaire de la suscription et le reste du vocabulaire est illustré
schématiquement dans la figure ⒉1.
Si on ignore la suscription (version B0 ), on n’obtient que 36 lexèmes spécifiques de
la version B (24%). Donc, les deux versions utilisent à peu près le même pourcentage
de lexèmes spécifiques (18% et 24%). De la même façon, les ajouts constituent la
même proportion (A 6% et B0 7%). Le tableau ⒉5 résume ces données.
La discussion ci-dessus montre que les vocabulaires utilisés par les deux versions,
et leur emploi, sont similaires dans les deux versions. Cependant, il faut noter que
pour le moment, il n’y a pas de point de référence pour ces données quantitatives. Par
exemple, nous ne savons pas la « distance » moyenne entre deux textes quelconques de
la Peshitta, ou même entre deux textes syriaques en général. Donc, bien qu’il semble
que les données confirment l’intuition que les deux textes sont similaires, la mesure
de similarité n’est toujours pas claire, et exige encore des recherches sur d’autres textes
syriaques. 17
des deux versions. Par exemple, le suffixe d’objet ܟapparaît 18 fois dans le vocabulaire partagé (5%
de 362 lexèmes partagés). Dans le comptage de lexèmes, ce phénomène est moins marqué, puisque
chaque lexème de fonction n’apparait qu’une fois.
17. Comme étude préliminaire, une comparaison similaire a été faite pour les deux versions de
l’Epître de Baruch (=EpBar). Ces deux textes présentent une mesure plus élevée de similarité : chaque
version n’a que ⒌5%–6% lexèmes spécifiques, et leur vocabulaire partagé constitue presque 90% de
leur vocabulaire unifié. En revanche, une comparaison de la version A de PrMan et de la version A de
EpBar donne une mesure inférieure de similarité : PrManA a 36% de lexèmes spécifiques dans cette
comparaison, et EpBarA 79% ! Cette asymétrie n’est pas surprenante si l’on tient compte du fait que
EpBar a 3 fois plus de lexèmes que PrMan. Donc, il semble que les deux versions de PrMan sont plus
similaires l’une à l’autre que par rapport à un texte arbitraire dans le Peshitta, mais elles ne sont pas
aussi similaires que deux versions qui apparaissent dans le même manuscrit, comme c’est le cas pour
EpBar.
C 3
S
53
S 54
⒊2 L -
Au niveau supérieur, les deux versions contiennent des éléments qui peuvent être
vus comme extérieurs à la prière et qui sont peut-être des ajouts par le scribe. Ils sont
donnés en italique dans le tableau ⒊1. Clairement, la version B en a le plus. Le mot
final « Amen » pouvait être ajouté pour des raisons liturgiques (Ryle 1913 : 525).
Version A Version B
Titre Titre
• Suscription
• Le texte de la prière • Le texte de la prière
Amen ( )ܐ
Comme le tableau ⒊2 le montre, les deux versions ont la même structure dans le
texte de la Prière. Cependant, la division interne et les limites entre les sections de la
Prière sont différentes dans les deux versions.
Dans le tableau ⒊2, chaque section est nommée selon sa thématique principale
mais il faut se souvenir que la prière n’est pas divisée selon des thèmes différents,
mais plutôt selon l’analyse hiérarchique. En effet, dans quelques cas les unités hié-
rarchiques ne sont pas parallèles avec les unités thématiques. 3
2. Nous utilisons ici le système de Charlesworth (1983–1985) qui consiste à diviser quelques versets
en deux parties. Voir la note 20 (p. 83).
3. Ce type de conclusion apparaît aussi dans d’autres recherches qui emploient cette méthodologie
d’analyse. Voir par exemple Talstra (1996) pour un exemple hébreu (Psaumes 9) ou Peursen (2006a)
pour un exemple syriaque.
S 55
⒊3 L 1
T ⒊3: L’effet des pronoms sur la disposition hiérarchique des vv. 1–4
Dans la version A toutes les propositions appositives, qui commencent par ܗܘ,
ont un statut parallèle dépendant du vocatif . Dans la version B le changement
d’éléments pronominaux dérange ce parallélisme : le premier ̇ܗܘet ܐsont tous
les deux dépendant de , mais ils ne sont pas parallèles. Le pronom qui suit
̇
dépend de ܐet le dernier ܗܘdépend de ce . 5
Puisque la suite des pronoms dans les versets 2–4 est un élément structurant
puissant, cette suite, jusqu’au verset 5, est considérée comme une section. Le verset
6, qui commence avec une proposition asyndétique et introduit un sujet grammatical
nouveau (A ̈ « ̣ ܕmiséricordes de tes promesses » et B ܕ ̈ ܘܕ ̇
« la volonté de tes promesses ») ouvre une nouvelle section. Il est vrai que le verset 5
introduit aussi un nouveau sujet, mais le fait qu’il commence par une conjonction de
subordination ܕ « puisque » (dans les deux versions) justifie de le lier au verset
précédent. 6
4. Pour des raisons typographiques, les tableaux dans ce chapitre ne contiennent pas de traductions.
Notez qu’une traduction complète est donnée dans l’annexe.
5. Le rapport de dépendance est déterminé selon une hiérarchie pronominale du pronom le plus
défini jusqu’au pronom le moins défini : SN explicite > pronom personnel > pronom interrogatif >
pronom démonstratif. Une proposition avec un pronom moins classé comme sujet est vue comme
dépendant de la proposition avec un sujet mieux classé. Même si cette analyse est rejetée, il est clair
que la version A utilise une disposition discursive plus symétrique que la version B.
6. Cette analyse est différente de celle de Charlesworth (1983–1985 : 625), qui divise ces versets
en vv. 1–4 « invocation » et vv. 5–7 « acknowledgement of the Lord’s fury against sinners and of his multi-
tudinous mercies ». Une division similaire est faite par Newman (2007a : 8), contrairement à Newman
(2007b) qui fait une division pareille à celle présentée ici. D’autres voient les versets 1–7 comme une
unité ; Ryle (1913 : 612) l’appelle « confession of sin » et Oßwald (1974, 1977, 1983 : 20) « Anrufung
Gottes ».
S 56
La limite entre sections 2 et 3 est différente dans les deux versions. Le tableau
⒊4 présente la section 2 et le début de la section 3 comme deux différentes cellules
pour chaque version.
V. version A version B
6 ... ܕ ܕ ... ܗܘ
7a ... ܕܐ ܗܘ ... ܗܘܐ
... ...
. ̈ ܗܘܢ ܕ ̣̈ ̈ ܕ ̈ ܕ
̣
7b ... ܐ ... ܐ ܗ
La raison de cette divergence observée est marquée par une sous-ligne : dans la
version A, la première occurrence de « ܐtu » est précédée de la conjonction de
subordination ܕ « puisque », qui fait de cette proposition une proposition dé-
pendante. Seulement le pronom ܐsuivant ouvre une nouvelle section (à cause du
changement de sujet). Dans la version B, ܐapparaît avec l’adverbe connectif
(voir la section ⒈⒊8), ce qui permet de le considérer comme ouvrant une nouvelle
section. La deuxième occurrence de est analysée comme dépendant de la pre-
mière (puisque c’est le même sujet), et cette analyse est confirmée par le parallélisme
avec la conjonction (ou l’adverbe connectif ) ܗ. 7
Ici, encore une fois, les résultats de l’analyse hiérarchique diffèrent d’une analyse
littéraire ou thématique. En effet, beaucoup de savants voient le verset 8 comme le
début d’une nouvelle section, par exemple entre l’« invocation » des versets 1–7 et la
« confession » des versets 8–⒑ 8 D’un point de vue discursif, pourtant, c’est l’adresse
directe de ܐdans le verset 7b (version A) ou 7a (version B) qui marque le début
d’une nouvelle section. Le ܐau début du verset 8 est, en effet, une continuation
du ܐprécédent.
La limite entre les sections 3 et 4 est très différente dans les deux versions. Ceci est
soutenu aussi par le fait qu’il n’y a pas une correspondance linéaire entre les versets
9 et 10 dans les deux versions. Les versets 7b et 8 sont assez similaires dans leur
7. Les différences de conjonctions sont discutées dans la section ⒈⒊8 (p. 39), où ces diffèrences
sont données comme exemples (47) et (48).
8. Cf. Ryle (1913 : 612) et aussi Oßwald (1974, 1977, 1983 : 20) ; Denis et Haelewyck (2000 :
I, 659). Charlesworth (1983–1985 : 625) fait un point de division entre les versets 5–7 et les versets
8–⒑
S 57
structure et leur contenu, comme on peut voir dans le tableau ⒊5. En revanche, au
début du verset 9, il y a une différence remarquable entre les deux versions (voir le
tableau ⒊6). Les différences sont soulignées et chaque proposition a sa propre cellule.
V. version A version B
7b ܐ ܗ ܐ
ܘܕ ܬܟ ܐ ̣ ܕ ܬ ܐ ̣ ܘܕ ܐ.ܬܟ ܕ ܬ ܐ
ܬ ܕ ܬ
.ܘܢ ̈ ̇ ܕܬ . ̈ ܕ
V. version A version B
9a -ܕ ̣ ܕ
ܕ . ̣ ܕ ܕ
.ܝ ̈ ̣ ̈ ܝ ̈
V. Version A Version B
7b ܐ ܗ ܐ
V. version A version B V.
9 ܕ ̣ ܕ + 9
ܕ . ̣ ܕ ܕ
.ܝ ̈ ̣ ̈ ܝ ̈
+ ܘܗ
܁
+ . ܐ ̣
+ ܐ ̇ ܕ ܘ
+ . ܦ ̣ܐ ̇
+ ⇑ ܐ ܕܗ ܐ
⇓1 ⇐ (. . .)
+ ̈ ܕ ܪ
. ̈ ̇ܕ . ̈ ̈ ܘ ̈
10 ܐ ̇ ܐ ܐ ̇ ܘ
+ ̈ ܕ ܪ -ܕ
ܪ ܘ ܐܨܕ
. ̇ܗܘ ܕ ܪܘ ̇ ܘ . ܪܘ ̇ ܕ ̇ ܘ
La réduction des ajouts est faite par une transposition majeure, celle qui est mar-
quée par le numéro ⒉ De plus, au lieu de mettre en parallèle A ̈ ܐܪ
̈ ̇ܕ « (je n’ai pas le courage) de lever ma tête à cause du nombre de mes
iniquités » et B ܪܘ ̇ ܕ ܐ̇ « (je ne suis pas digne) à voir la profondeur du
ciel », la proposition A est mise en parallèle à B ̈ ̈ ܘ ̈ « mes méchancetés
S 62
et péchés se sont multipliés ». En effet, cette manœuvre met en parallèle une propo-
sition de la version B et un circonstant de la version A. La transposition numéro 1 a
pour seul effet d’aligner la vocation du Seigneur dans les deux versions.
Un parallélisme plus incertain est celui-ci, marqué par le numéro 3, entre A ܘ
« et je n’ai pas le courage » et B ܐ ܬ « ܘet, donc, je n’ai
pas un remède », qui apparaît un verset plus tard (verset 10), selon l’ordre linéaire.
Ils sont quand même mis en parallèle à cause de leur construction similaire. 13 La
transposition numéro 4, par contre, est une transposition locale et claire. 14
En conséquence, il semble que les deux versions soient plus similaires qu’on pour-
rait le penser à première vue. Ainsi, ̈ ̈ ܘ ̈ « Seigneur, mes mé-
chancetés et péchés se sont multipliés » qui selon l’alignement linéaire n’est pas un
parallèle dans la version A, était vu comme une évidence pour l’indépendance de la
version B. 15 De même, la « répétition » 16 ܪ ܐܪ ܕ « ܐde sorte
que je ne puis pas lever ma tête en haut » n’a pas de parallèle dans la version B selon
l’alignement linéaire, mais il en a un selon l’alignement transpositionnel.
Cette discussion montre l’importance de la comparaison non-linéaire en plus de
la comparaison linéaire. 17 Une autre méthode de comparaison non-linéaire, qui n’est
pas basée sur la comparaison de syntagmes, est de compter les lexèmes seuls dans
les deux versions, selon les principes de la section ⒉2. Les résultats du comptage de
lexèmes, conduit sur ces deux versets dans les deux versions, sont présentés dans le
tableau ⒊10. 18
⒊7 L 5
ܩ
... ܬܘ ܘ ... ܬܘ ܘ
̣. ܬܪ ܘ ܬܪ ܘ
ܝ. ̣̈ ܬ ܘ ̣ ̈ ܝ. ܘܬ
ܬ̇ ܘ ܬ ܘ
ܘܬ
. ̇ܗ ܕ ܪ ̈ . ̈ ̇ܗ ܕ ܪ
ܗܘ ܐ ܕܐ ܗܘ
ܕܬ ̈ ܐ ܕ ܐ
ܕܬ ̈
14 ̇ ܐܦ ܗ ܐ ̇ ܘ
ܝ
ܬܟ. ̇ ܬܟ. ̇ ̇
ܐ ̇ ܘ ܐ ̇ ܘ
̇ܩ ܐ ̇ ܙܒ ܐ
15 ̇
ܐ ܕ ̇
ܘܐ
ܘ
܉. . . . . ..
... ̇ ܕ ... ̈ ܗܘ ܕ
ܘ ... ܗܝ ܬ ܘܕ
܀ ܘ ܘ
65
L V D A M 66
Le tableau ⒋1 donne les cas de similarités syntaxiques entre les manuscrits sup-
plémentaires de la version A (« la famille A ») et le texte principal de la version B. De
la même façon, le tableau ⒋2 donne les similarités syntaxiques entre la famille des
manuscrits B et le texte principal de la version A. Dans les deux tableaux, les variantes
sont classifiées selon le nom de la section où la différence entre les versions princi-
pales a été discutée dans le chapitre . Pour chaque cas le tableau donne le nombre
d’exemple où cette différence est discutée. Les tables ⒋3 et ⒋4 donnent les similarités
croisées dans les domaines lexicaux (voir le chapitre 2) ou discursifs (voir le chapitre
3).
L V D A M 67
2. On remarque que la construction génitive est la même que dans la version A. Seulement l’ordre
des mots correspond à la version B.
3. Ceci confirme l’alignement de A ܕ ܐet B ܕ ܐ. Cf. la table ⒊9 (p. 61).
L V D A M 68
7. Le verbe « supplie » est ajouté deux fois dans la plupart des manuscrits. Les manuscrits
13H1–5 l’ajoutent soit avant soit après le verbe « implore ». Tous les manuscrits, sauf le 13H5,
l’ajoutent aussi dans le verset 13, soit au lieu du verbe « ̇ ܠdemande » soit au lieu de « implore ».
8. On remarque que le verbe spécifique à la version B « ܐje te exalterai » est omis dans les
manuscrits supplémentaires.
9. Cette variante et la suivante, qui remplace le texte principal du verset 10 ܪ ̈ ܘ ܕ ܪ
̇ « ܘde lever mes yeux et de regarder et de voir » confirment l’alignement transpositionnel : la
variante de la famille A ܪ ܘ « ܕ ܪde lever mes yeux et de regarder » ne contient que
deux verbes, comme son parallèle dans le texte principal de B ̇ « ܕ ܨܕ ܘde regarder et de voir »
(donc, on fait l’économie d’un ajout par rapport au texte principal de la version A). En revanche, selon
l’alignement linéaire, on ne devrait avoir qu’un verbe dans A, en parallèle à B « ܕ ܪde lever
mon âme ».
L V D A M 70
⒋2 A
La section ci-dessus a présenté les variantes qui se trouvent aux points où les deux
textes principaux sont en désaccord. Les tableaux qui suivent, en revanche, examinent
quelques cas de variation qui se trouvent dans des endroits où les textes principaux ne
diffèrent pas, ou dont la différence est d’un autre type. Autrement dit, ceux-ci sont des
variantes qui ne peuvent pas être liées à une influence de l’autre famille des manuscrits.
Comme avant, les variations sont classifiées selon leur domaine grammatical, dans
la mesure où une telle classification est possible. Puisque les textes principaux ne
diffèrent pas nécessairement sur ces points, les tableaux donnent aussi le texte de la
version principale concernée. Le tableau ⒋5 donne la variation syntaxique dans la
famille A des manuscrits tandis que le tableau ⒋6 (p. 72) la donne pour la famille
B. Le tableau ⒋7 donne ensuite d’autres variations de nature lexicale qui se trouvent
dans la famille B des manuscrits.
L V D A M 71
74
C 75
L’analyse linéaire des parallèles est appropriée pour examiner dans quels endroits
les deux versions diffèrent et comment ces différences peuvent être expliquées. Par-
fois, ces différences reflètent une « variation libre » : constructions grammaticales qui
sont équivalentes du point de vue fonctionnel et sémantique, mais plus souvent les
différences font partie d’une « variation paradigmatique » (voir la section ⒌2). Par
contre, le comptage du vocabulaire (voir la section ⒉2) est abordé d’un point de vue
non-linéaire. Ainsi, ils peut révéler des accords entre les textes qui sont cachés par
des transpositions ou autres types de réorganisation textuelle.
Les deux approches ne diffèrent pas seulement par la façon dont elles traitent les
textes, mais aussi par la façon dont elles analysent le système linguistique, tel qu’il
est conçu dans la tradition structurale de la linguistique. L’approche linéaire s’occupe
directement de la parole, puisqu’elle analyse les textes dans leur axe syntagmatique –
comme une séquence de signes linguistiques. Par contre, l’analyse non-linéaire essaie
de dévoiler le système linguistique, la langue, d’une façon plus directe. Cette analyse
adresse directement la question du savoir linguistique nécessaire pour produire les
textes. Pour des raisons pratiques, dans cette étude l’analyse non-linéaire est limitée
au domaine lexical, mais en principe elle peut être élargie à tous les niveaux du système
linguistique, en tenant compte des constructions morphologiques et syntaxiques que
les textes emploient.
3. Voir la section section ⒈⒉1 (note 101).
4. Voir les notes dans la section ⒊6. En général, il semble que la version B soit plus proche des
versions grecques conservées aujourd’hui.
5. Par exemple, Ryssel (1900 : 618) explique ̈ « ̈ ܘܢ ܕpour la vie des pécheurs » dans
le verset 7 de la version A comme une traduction libre de la version grecque εις σωτηρίαν « pour la
rédemption » en ignorant la version B qui donne un parallèle plus littéral ̈ܕ ܪ « pour la
rédemption des pécheurs ».
C 76
Comme nous l’avons vu, l’analyse et la comparaison des versions syriaques peut
enrichir notre savoir de PrMan et sa transmission textuelle. Pourtant, comme cela a
été suggéré ci-dessus, l’étude des textes parallèles peut servir à une autre fonction :
enrichir notre savoir du système linguistique. Tel qu’expliqué dans la section pré-
cédente, les deux versions sont un exemple particulier de parole syriaque, qui nous
permet d’examiner la langue syriaque. Bien entendu, ceci est vrai pour chaque étude
de corpus, mais c’est particulièrement vrai pour une étude des textes parallèles, car
ces textes nous présentent, par définition, des cas de variations paradigmatiques :
deux environnements linguistiques (lexèmes, syntagmes, propositions ou discours)
quasi-identiques, qui diffèrent seulement par rapport à un ensemble limité de va-
riables linguistiques. Les deux expressions linguistiques qui varient sont dans une
relation paradigmatique l’une par rapport à l’autre, car elles ont le même « privi-
lège d’occurrence ». Ce type de variation est bien attesté quand plusieurs manuscrits
du même texte sont consultés, ce qui arrive, par exemple dans l’apparat critique de
l’édition de la Peshitta de Leyde, 6 et nous l’avons appelé dans ce contexte « équivalence
distributionnelle ».
Un principe général de la linguistique de corpus est de supposer qu’une varia-
tion en forme correspond à une variation sémantique. Ce principe tient aussi pour
les textes parallèles. Néanmoins, puisque nous savons que les deux textes souhaitent
exprimer la même idée, il est probable que quelques occurrences de variation for-
melle ne soient que de la « variation libre », c’est-à-dire deux formes linguistiques
qu’expriment exactement la même idée. Dans ces cas, on pourrait dire que les deux
expressions linguistiques ont un rapport d’« équivalence fonctionnelle ». Cependant,
ce terme doit être utilisé avec prudence, puisque le plus souvent, la variation formelle
correspond à une nuance sémantique subtile – elle est, par exemple, soit une nuance
de style soit une nuance de la structure informationnelle. Par exemple, l’emploi du
p.p.e. par rapport à la copule existentielle (voir la section ⒈⒊6) exprime peut être
une différence dans la structure informationnelle, en marquant le lieu du focus.
(par opposition à la variance interne), mais quand même, vue la discussion précédente,
la décision des éditeurs de l’édition de Leyde semble raisonnable.
Borbone (1999) a émis l’hypothèse que les deux versions sont deux traductions
indépendantes de la version grecque. Une position similaire, mais un peu plus vague
est donnée par Baars et Schneider (1972), qui les présentent comme deux textes dif-
férents, mais disent aussi qu’ils ne sont pas « tout à fait indépendants. » (en anglais :
« largely different, though not wholly independent »). Il semble que leur formulation
montre la difficulté d’équilibrer le grand nombre de différences entre les deux ver-
sions, d’une part, et les accords qui sont quand même présents, d’autre part. Ce-
pendant, ils postulent que l’auteur de la version B est le traducteur de l’Horlogion
grecque en syriaque. 9 Autrement dit, eux aussi pensent que les deux versions sont
deux traductions différentes. Quelle est la nature, donc, de leur dépendance et com-
ment peut-elle être expliquée ?
La comparaison détaillée faite au chapitre 1 montre que les deux versions diffèrent
presque dans chaque proposition. En effet, presque chaque deuxième syntagme est
différent dans les deux versions. 10 De plus, la plupart des syntagmes qui sont iden-
tiques dans les deux versions ne contiennent qu’un lexème (pour la plupart un verbe
ou une conjonction) ou deux lexèmes (pour la plupart une préposition suivie d’un
pronom personnel). Le fait que ces syntagmes soient communs aux deux versions
n’est pas surprenant et ne confirme pas une dépendance entre les deux versions. En
revanche, une petite part des syntagmes constitue des syntagmes longs, qui sont pré-
sentés dans le tableau ⒌1.
Un fait appant émerge du tableau ⒌1 : aucun de ces syntagmes n’est spécifique-
ment lié à la prière de Manassé. En revanche, ce sont des syntagmes qui pourraient
apparaître dans n’importe quel contexte liturgique en général ou une prière de péni-
tence en particulier. En effet, si nous examinons le noyau commun des deux versions,
c’est-à-dire le texte qui reste si nous enlevons tous les syntagmes divergents, nous
découvrons que la quasi-totalité de la prière est décapé de contenu : seuls les mots de
fonctions et quelques syntagmes principaux y restent. Uniquement dans la fin de la
prière, par contre, quelques passages considérables restent, étant reproduits mot pour
9. Baars et Schneider (1972 : Introduction, p. v).
10. Le pourcentage exact dépend de la méthode de comptage des syntagmes et en particulier si les
syntagmes répétés sont pris en compte ou non (voir la discussion analogue par rapport aux lexèmes
dans la section ⒉2), et quelle version sert comme base du comptage. En tout cas, le pourcentage des
syntagmes différents varie de 40% à 60%, tenant compte du fait que la version B a plus de syntagmes
spécifiques propres.
C 79
V. Syntagmes communs
2 Le ciel et la terre avec tout leur ̇ ܨ ̈ܗܘܢ ܘ ܪ
ornement
7b Dans la bénignité de ta grâce ܬܟ ܕ ܬ ܐ
7b Dans la grandeur de tes miséricordes ̈ ܕܪ ܘ
8 Seigneur, Dieu des justes ̈ ܕܙܕ ܐ
11 Les genoux de mon cœur ܗܝ ܕ
13b Dans les profondeurs de la terre ̈ ̇ܗ ܕ ܪ
15 Toutes les milices célestes ܘܢ ̈ ܬ ܕ
15 À jamais ܘ
V. Passages communs
11 J’implore ta bonté. .ܬܟ ܐ ̇
12 J’ai péché, Seigneur, j’ai péché. . . . . .܁
13b Pardonne-moi, Seigneur, ܩ
et ne me fais pas périr ܬܘ ܘ
et ne t’irrite pas pour toujours contre ... ܬܪ ܘ
moi. . .
et ne me punis pas dans les . . .. ̈ ̇ܗ ܕ ܪ ܬ ܘ
profondeurs de la terre‥ . .
14 Et, bien que je n’en suis pas digne,. . . ... ܐ ̇ ܘ
15 Je te louerai . . . ... ̇ܐ
Car toutes les milices célestes te ... ܬ ̈ ܘܢ ̇ ܕ
louent. . . . ܕ
à jamais. ܘ
mot dans les deux versions. 11 Ces passages sont présentés dans le tableau ⒌2. 12
Au regard de la discussion précédente, il n’est pas surprenant que ces passages
coïncident avec les sections que nous avons intitulées « Reconnaissance des péchés »
et « Demande de pardon », renforçant ainsi l’hypothèse que la formulation similaire
des deux versions est liée à leur fonction liturgique plutôt qu’à une influence directe.
En effet, les autres similarités sont surtout de nature sémantique et peuvent être
expliquées par la supposition que les deux versions sont des traductions indépendantes
11. Une exception est le passage dans le verset 8 (̣ ܬ ܬ )ܥ ܐ. ̣ (ܕ)ܐܦ
̇ « ܕqui n’ont même pas péché contre toi, mais tu as placé la pénitence pour moi, pécheur »,
mais on remarque que la correspondance n’est pas parfaite.
12. On se permet ici une variance orthographique mineure en ܬܘ. Voyez la section ⒈⒈4.
C 80
du texte grec, sans postuler aucune influence entre les deux versions. 13
Une autre raison de voir les version A et B comme deux versions distinctes et
probablement indépendantes est la situation des versets 9–10, où chaque version cor-
respond à d’autres lignes du texte grec. En comparant les deux versions, il est difficile
de dire quelles lignes de ces verstes sont parallèles, puisque les deux versions expriment
des idées similaires et il y a diverses façons dont les versets peuvent être alignés. Le
statut exceptionnel de ces versets devient plus clair avec l’analyse du vocabulaire, qui
montre qu’ils contiennent un nombre disproportionné de lexèmes spécifiques aux
deux versions. Ceci suggère, en effet, que dans ces versets la divergence entre les
deux versions est plus marquée qu’ailleurs. 14
En conclusion, bien que nous ne puissions pas savoir avec certitude si le traduc-
teur (ou le scribe) de la version la plus tardive (probablement la version B) connaissait
la version antérieure (la version A) directement ou indirectement, une telle suppo-
sition n’est pas nécessaire pour expliquer les similarités entre les deux versions. Les
similarités au niveau du contenu et du synopsis peuvent être expliquées par le fait
que les deux versions dépendent en fin de compte d’une version grecque commune,
tandis que les similarités de formulation les plus spécifiques peuvent, pour la plupart
et peut-être pour l’ensemble, être expliquées par le patrimoine liturgique commun
des deux traducteurs.
Puisque la plupart des différences entre les deux versions sont des variantes de
nature grammaticale, il est difficile de faire une distinction entre les deux versions
par rapport à leurs profils linguistiques. En effet, dans l’état actuel de notre savoir ces
différences ne peuvent pas être attribuées à une distinction typologique, dialectale ou
diachronique.
Une conclusion possible qui émerge en examinant les variantes, est que la version
B a un peu plus de relief linguistique : elle emploie des constructions plus marquées
du point de vue informationnelle et syntaxique. En général, elle utilise plus souvent
les « subtilités de la syntaxe syriaque » 15 pour exprimer les nuances sémantiques et
13. D’ailleurs, l’opinion commune selon laquelle les versions syriaques sont traduites d’une version
grecque et non d’une version hébraïque semble être confirmée par la divergence des deux versions,
puisqu’on pourrait penser qu’un original hébreu aurait donné lieu à des traductions syriaques plus
proches, au regard de la proximité entre les langues syriaque et hébreue.
14. Cette divergence peut suggérer que les deux versions n’ont pas été traduites d’une seule version
grecque, mais plutôt de deux versions grecques différentes. En effet, l’idée qu’il y a eu quelques versions
grecques (dont seulement une partie existe aujourd’hui) a été défendue dans la littérature. Voyez aussi
Nau (1908 : 135–136), qui attribue la version A à un texte grec perdu de la Didascalie. Néanmoins,
comme ce mémoire s’occupe des versions syriaques, cette question dépasse les limites de l’exposé.
15. Cette expression est empruntée à l’article de Goldenberg (1990) « On Some Niceties of Syriac
Syntax ».
C 81
V. Version A Version B
15 ܬ ̈ ܘܢ ̇ ܕ ܬ ̈ ܘܢ ̈ ܗܘ ܕ
ܘ ܘ. ܕ ܘ ܗܝ ܬ ܘܕ ܕ
ܐ ܘ ܘܪܘ
Car toutes les milices célestes te louent Car c’est toi que toutes les milices
et te chantent à jamais. célestes louent, et pour toi sont la
louange et l’éloge et l’exaltation à
jamais. Amen
et la gloire » font cette doxologie plus proche de la prière de Notre Père (Matthieu
6 :13), ce qui peut être bien expliqué par le contexte liturgique. L’emploi de la 1re
personne du pluriel dans le verset 10 du manuscrit 13H2 ܬܪ « ܘet
16
ne t’irrite pas pour toujours contre nous » peut être un autre cas similaire. Il existe
d’autres variantes qui ajoutent de la répétition ou de l’emphase, mais leur lien avec le
contexte liturgique est plus difficile à établir avec sûreté.
Au vue de ce caractère liturgique, l’occurrence de la suscription de nature narrative
dans la version B est remarquable. Il faut se souvenir que contrairement à la version
A, qui apparait déjà dans un contexte narratif (surtout dans la Didascalie) qu’explique
le contexte historique présumé de la prière, dans l’Horlogion il n’y a aucune référence
à cette histoire. Donc, il est possible que l’auteur de l’Horlogion ait ajouté cette sus-
cription pour remplir cette lacune. En effet, la combinaison des traditions liturgiques
et narratives dans ces manuscrits, est une des raisons principales pour l’intérêt et la
beauté de la prière.
16. Notez aussi l’emploi du pluriel dans le verset 1 des deux versions : ̈ ܕ « ܐDieu de
nos pères ».
A
L
La table suivante donne le texte intégral des deux versions avec leurs traductions. 17
La traduction est littérale et essaie de refléter les constructions syriaques et les dif-
férences entre les deux versions par des constructions ançaises parallèles (qui ne sont
pas nécessairement idiomatiques en ançais). 18 Certains expressions grammaticales
qui perturbent la traduction ançaise sont données dans des parenthèses. Notez, en
particulier, l’emploi du verbe « avoir » à la 2e personne « a⒮ » pour indiquer l’emploi
syriaque de la 2e personne, où cet emploi est impossible en ançais. En revanche, des
ajouts en ançais sont donnés entre des crochets. Pour une traduction idiomatique
en ançais, voyez Nau (1908), qui sert aussi de base pour la traduction donnée ici. 19
Suivant Charlesworth (1983–1985) certains versets sont divisés en deux. 20
17. Notez que la table ne contient pas l’apparat critique présent dans l’édition de la Peshitta de
Leyde (Baars et Schneider 1972).
18. Voyez aussi la note 26 (p. 10).
19. Notez, cependant, que Nau se base sur des manuscrits plus tardifs, inter alia le manuscrit 17a6
et d’ailleurs sa traduction n’est pas toujours exacte. Dans le verset 7b, par exemple, il confond ܬ ܬ
« pénitence » et ܬ « grâce ». Une traduction de 9a1 est composée (en anglais) par Charlesworth
(1983–1985).
20. Ainsi, les versets 5, 7 et 9 sont divisés en deux comme chez Charlesworth (1983–1985). De
plus, les versets 3 et 13 sont divisés à cause de leur structure hiérarchique (voir les sections ⒊2 et ⒊3)
et le verset 10 est divisé selon les unités majeures qui participent à l’alignement transposé et linéaire
(voir la section ⒊6).
83
L 84
V. Version A Version B
̇
܁ ܕ ܨ ܬ ܕ ̈ ܐ ̇ ܨ ܬ ܕ
Prière de Manassé Prière de Manassé, le roi des Israélites
ܘܨ ̈ ܕ ̈ ܘ ܝ ̣ ܐ
̇
ܘܨ ܘܪ ܕ ̣ܗܘ ܬܬܘܝ
̣ ܘ
̇ܡ ̣ ܘ ܘ ܬ ܥ ܬܘܪ ܕ
ܘܪ ܕ
quand il fut conduit en captivité à
Babel, et ils voulurent le brûler ; il se
repentit quand il fut dans le taureau de
bronze et il pria et le taureau de bronze
se fendit et il se trouva présent sans
dommages à Jérusalem.
1 ܗܡ ܐ ܗ ܕ. ̈ ܕ ܐ ܐ. ܐ
. ܒ ܘܕܙܪ ܘܢ ܙܕ ܘܕ ܘܕ ܒ ܘܕ ܗܡ ܘܕ ܕ.ܕ ̈ ܬܢ
̈ ܙܪ ܘܢ ܙܕ ܘܕ
Seigneur, Dieu de nos pères, Dieu Seigneur céleste, tout-puissant, Dieu de
d’Abraham, d’Isaac, de Jacob et de leur nos pères, d’Abraham, d’Isaac, de Jacob
race juste. et de toute leur race juste.
2 ܘ ܪ ̇ ̇ ̇ܗܘ ܕ ̣ ܬ
̣ ܗܘ ܕ ܘ ܪ
.ܨ ܗܘܢ .ܨ ̈ܗܘܢ
Celui qui a fait le ciel et la terre avec Celui qui a⒮ fait le ciel et la terre avec
tout leur ornement. tout leur ornement.
3a ̇
̣ ܘ ̣ ܗܘ ܕ ܬ ܝ ܐ ܕ
.ܗ ܕ . ܕ
Celui qui a lié la mer et l’a constituée Toi qui l’a⒮ liée, (à) la mer, par la
par le précepte de sa parole. parole de ton précepte.
V. Version A Version B
5b ܡ ܕ ܡ ̇ ̇ ܐ ܘ ܘܪܘ ̣ ܡ ܘ
. ̈ ܪܘ ܟ ܘ ̣ ܟ ܕ . ̈ ܕ ܕ
Et personne ne peut endurer à affronter Et il n’est pas possible d’affronter la
ta colère et ta fureur contre les fureur et la colère de toi contre les
pécheurs. pécheurs.
6 ܘܢ ܐ ܕ ܘܕ ܕ ܘ ܗܘ
. ̈ ̣ ܕ ܕ ̈ ܘܕ ̇
Sans limite, cependant, et sans mesure Infinie, en effet, et impénétrable est la
sont les miséricordes de tes promesses. volonté de tes promesses.
7a ܪܘ ܁ ܗܘ ܕ ̇ . ܐ ܗܘ
̇
ܘܬ ܒ ܐ. ̣ ̇ ܘ ܘ ܬ ܘ ̇ ܘ. ܪܘ
. ̈ ̣̈ ܗܘܢ ܕ . ̈ ܕ ̈ ܕ ܬܘ
̣
Car tu es le Seigneur patient, clément Tu es, en effet, le Seigneur, élevé,
et très miséricordieux et tu reviens sur miséricordieux, patient et de grande
les méchancetés (d’eux) des hommes. grâce et véritablement pénitent sur les
méchancetés des hommes.
7b ܬܟ ̣ ܬ ܕ ܐ ܐ ܬ ܐ ܐ ܗ
̇ ܕܬ ܐ ܘܕ ܐ ܘܕ ̣ ܬ ܬ ܕ.ܬܟ ܕ
ܕ ܘ .ܢܘ ̈ ̈ ܕܪ ܘ. ̈ ܕ
̣ ̣
. ̈ ܕ ̈ ܘܢ ܕ ܬ̇ ܬ ܐ . ̈ܕ ܪ ܬ ̣ ܬ ܬ
Toi, Seigneur, dans la bénignité de ta Toi, donc, Seigneur, dans la bénignité
grâce, tu as promis la rémission à ceux de ta grâce, tu as promis la pénitence de
qui se repentent de leurs péchés et, la rémission à ceux qui ont péché
dans la grandeur de tes miséricordes, tu devant toi et, dans la grandeur de tes
as placé la pénitence (comme) pour la miséricordes, tu as ordonné la
vie des pécheurs. pénitence pour la rédemption des
pécheurs.
8 ܉ ̈ ܕܙܕ ܐ ܗ ܐ ̈ ܕܙܕ ܐ ܐ ܗ
ܬ ܐ ̣ ܬ ̈ܕ ܗܘ ܗܡ . ܕ ̈ ̣ ܬ ܬ
ܒ ̇ܗ ܢ ܘ ܗܡ ܘ ܕ ̈ ܒ ̣ܗ ܢ ܕ ܘ ܘ
̣ ܬ ܬ ܐ. ̣ ܕ ܕ ̣ ܬ ܬ ܐ.
. ̇ ܕ ܉
Toi, donc, Seigneur, Dieu des justes, ce Toi, donc, Seigneur, Dieu des justes, tu
n’est pas pour les justes que tu as placé n’as pas placé la pénitence pour les
la pénitence, comme pour Abraham et justes, pour Abraham et pour Isaac et
pour Isaac et pour Jacob, ceux qui n’ont pour Jacob, eux qui n’ont pas péché
même pas péché contre toi, mais tu as contre toi, mais tu as placé la pénitence
placé la pénitence pour moi, pécheur. sur moi, pécheur.
L 86
V. Version A Version B
9a ̣ ܕ ܕ ̣ ܕ ܕ̣
̈ ܕ ܪ ܘ.ܝ ̈ ̈ ̈ ̈ ܝ ̈ . ܕ
. ̈ ̇ܕ ܐ ܕ ܨܕ ̇ ܘ. ̈ ܘ
. ܪܘ ̇ ܕ ̇ ܘ
. ܘܪܘ ̈ ܕ
Car mes péchés se sont multipliés plus Puisque j’ai péché plus du nombre [de
que le sable de la mer, et je n’ai pas le grains] de sable de la mer, mes péchés
courage de lever ma tête à cause du se sont multipliés, Seigneur, ma
nombre de mes iniquités. méchanceté et mes péchés se sont
multipliés, et je ne suis pas du tout
digne de regarder et de voir la hauteur
du ciel à cause de la multitude de mes
iniquités et méchancetés.
9b . ܐ ̣ ܁ ܘܗ
ܕܗ. ܦ ̣ܐ ̇ ܐ ̇ ܕ ܘ
ܐ ܐ
Et maintenant, Seigneur, c’est avec
justice que je suis affligé et je suis
tourmenté comme je le mérite. Voilà
que je suis prisonnier
10a ܕ ܘ ̣ ܐ ̣ ܐ ܕ ܘܪ
̇
. ܐܪ ܪ ܕ ܕ ܙ̣ ܁ ܐ ̇ ܐ. ܕ ̈ ܪ ܕ ܙ
ܕ
̈ ܐ ܕ ܪ ̇ ܐ . ܘ ܪ ̇
ܬܗ ܐ ܕ
. ܗܘ ܕ ̇ ܪܘ ̇ ܪ ܘ ܘ ܘ. ܝ ̇ ܝ ̈ ܕ ̈ ܬܝ ܘ
ܬ ܕܘ ܁ ܕ . ܐ ܬ
Et je suis courbé sous la multitude des Je suis courbé, donc, et incliné sous la
chaînes de fer de sorte que je ne puis multitude des chaînes de fer, comme
plus lever ma tête en haut. Je ne suis quelqu’un qui ne peut (puis) de me
d’ailleurs pas digne de lever mes yeux et tourner et de lever mon âme. Puisque
de regarder et de voir la hauteur, celui ma sottise et mes péchés sont dépassés
du ciel, à cause de la multitude de ma tête, et je n’ai pas, donc, un remède.
l’iniquité de mes méchancetés.
10b ܘ ܪ ܬ.̣ ̈ ܕ̇ ܬ ̣ ܕ ܘ.ܟ ܬ ܐܪ ܕ
̇ ܘ ̇ ܘ.ܟ ܬ ܨ .̇ ܬ
̣
. ܬ ̇ . ̈ ̇ ܬ ܘ
Car j’ai fait le mal devant toi et j’ai Car j’ai très excité ta colère et tout ce
excité ta colère et j’ai élevé des idoles et qu’est mal devant toi j’ai fait. Je n’ai
j’ai multiplié les impiétés. pas, en effet, fait ta volonté, et je n’ai
pas gardé tes commandements.
L 87
V. Version A Version B
11 ܗܝ ܕ ̇ ܦ ܐ ܗ ܘܗ . ܗܝ ܕ ܐ ̇ ܘܗ
.ܬܟ ܐ ̇ ܘ. .ܬܟ ܐ ̇
̣
Et maintenant, voilà, je plie les genoux Et maintenant j’incline les genoux de
de mon cœur devant toi et j’implore ta mon cœur, quand j’implore ta bonté.
bonté.
12 ܕ ̇ܥ ܐ ܘ. ̇ ̇ ܐ ̈ ܁ ܘ
̣ܝ ̈ . ̇ ܥ ܐ
J’ai péché, Seigneur, j’ai péché, et parce J’ai péché contre toi, Seigneur, j’ai
que je connais mes péchés péché, et mes iniquités je les sais.
13a . ܐ ̇ . ܐ ̇ܠ ܐ ܐ
Je supplie devant toi : Mais je demande, quand je t’implore :
13b ܬܘ ܘ ܩ ܬܘ ܘ ܩ ܩ
܉ ܘ ܬܪ ܘ.̈ ܬܝ ܘܬ ܬܪ ܘ.̈ ܝ
ܘܬ ̇ܬ ܘ. .̈ ̣ ܝ ܬ . ̈ ̇ܗ ܕ ܪ ܬ ܘ.̣ ̈ ܝ
ܐ ܗܘ. ܗ ܕ ܪ ̇ ̈ . ̈ ܕܬ ܕ ܗܘ ܐ ܕ
. ܕܬ ̈ ܐ
Pardonne-moi, Seigneur, et ne me fais Pardonne-moi, Seigneur,
pas périr avec mes fautes et ne t’irrite pardonne-moi, et ne me fais pas périr
pas pour toujours contre moi et ne avec mes péchés et ne t’irrite pas pour
laisse pas subsister mes méchancetés toujours contre moi et laisse subsister
contre moi et ne me punis pas et mes méchancetés et ne me punis pas
jette-moi dans les profondeurs de la dans les profondeurs de la terre. Car tu
terre. Tu es, en effet, le Dieu des es le Dieu de ceux qui repentent.
pénitents.
14 ܘ.ܬܟ ̇ ܝ ̇ ܐܦ ܗ ܘ.ܬܟ ̇ ̇ ܐ ̇ ܘ
ܐ ܩ ܐ ̇ ܐ ̇ ܙܒ ܐ ̇ ܐ ̇
. ̣ ܕ .ܬܟ ܕ
Montre-moi donc encore, Seigneur, ta Et en moi tu montreras toute ta grâce,
grâce, et, bien que je n’en suis pas et, bien que je n’en suis pas digne, tu
digne, tu me sauveras selon la me délivreras avec la multitude de tes
multitude de tes miséricordes. clémences.
L 88
V. Version A Version B
15 ܘܢ ܉ ܘ ܐ̇ ܕ ̈ ܘܢ . ܘ ̇ ܘ
̇ ܕ . ̈ܕ ̈ ̈ ܗܘ ܕ ̈
. ܕ ̈
ܘ. ܕ ܘܢ ̈ ܬ ܗܝ ܘܕ ܘܢ ̈ ܬ ܕ
.܀. ܘ ܘ ܘܪܘ ܘ ܬ
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