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Théorie et pratique

du collectivisme oligarchique
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Théorie et pratique du
collectivisme oligarchique
Le complot de la Grande
Réinitialisation n’aura pas lieu

Les Éditions Chromatika


© Les Éditions Chromatika, 2021 ;
www.chromatika.org
Dépôt légal : D/2021/11.353/3
ISBN 978-2-930517-80-3
ISBN E-book 978-2-930517-81-0
Imprimé en Belgique
Tous droits de reproduction, d’adaptation ou de tra-
duction, par quelque procédé que ce soit, réservés pour
tous pays, sauf autorisation de l’éditeur (editions
@chromatika.org).
Diffusion : www.i6doc.com
Sur commande en librairie ou à
Diffusion universitaire CIACO, 1348 Louvain-la-Neuve,
Belgique, duc@ciaco.com
Avant-propos
Fais comme ton humanité te l’ordonne
N’attends d’applaudissements de personne
excepté toi-même ;
Il vit et meurt avec la plus grande noblesse
Celui qui établit et suit lui-même ses propres lois.
R. F. Burton, 1880 1

La publication de mes deux monographies


consacrées à la crise covidienne et l’écho qu’elles
ont pu trouver dans quelques (rares) médias ont
conduit certains à s’étonner du surgissement
dans le paysage culturel d’un tel double météore
philosophique. Cela n’est guère surprenant.
Philosophe de formation (docteur en philoso-
phie), de profession (ancien professeur à
l’Université du Saskatchewan, Canada), et
d’inclination (auteur d’une cinquantaine de livres
scientifiques), je me suis toujours posé les ques-
tions qui n’intéressent généralement pas les
universitaires : d’une part, d’où viennent au juste
les théories philosophiques ? ; d’autre part, quel
est leur effet pratique ? Concrètement, à quoi sert

1
R. F. Burton, The Kasîdah of Hâjî Abdû El-Yezdî, 1880,
VIII, strophe XXXVII.
6 Michel Weber

la philosophie ? La mauvaise réputation de la


philosophie, qui est occasionnellement caricatu-
rée comme la discipline abstraite par excellence,
au vocabulaire aussi incompréhensible qu’inutile,
vient largement, il me semble, de cette absence
d’ancrage.
Au fil des ans, j’ai enseigné à tous les niveaux,
depuis le primaire jusqu’aux études doctorales,
en passant par le secondaire (général et profes-
sionnel). Complémentairement à mes travaux de
philosophie politique, j’ai étudié et enseigné la
plupart des disciplines thérapeutiques (au sens
large) qui ont scandé l’histoire de la pensée occi-
dentale. Pour ne citer que celles qui ont fait
l’objet de certaines de mes publications et par-
fois d’une pratique : les philosophies
whiteheadienne, jamésienne, socratique et py-
thagoricienne, l’hypnose, les thérapies brèves et
systémiques, les psychanalyses (Freud, Lacan,
Jung), l’ethnopsychiatrie, l’éthologie, la gnose,
l’alchimie, le druidisme, et le chamanisme amé-
rindien. Depuis 2006, je pratique, dans le cadre
d’une A.S.B.L., la philosophie socratique et le
coaching existentiel et, depuis 2016, je travaille
sur la philosophie ayurvédique de l’ancrage du
mental dans le corps et de l’expression du corps
dans le mental.
Tout ceci me prédisposait à publier une méta-
analyse des faits crisiques légèrement décalée.
0. Préface
Au futur ou au passé, au temps où la pensée est
libre, où les hommes sont dissemblables, mais ne
sont pas solitaires — au temps où la vérité existe,
où ce qui est fait ne peut être défait :
De l’âge de l’uniformité, de l’âge de la solitude, de
l’âge de Big Brother,
de l’âge de la double pensée
— Salut !
Orwell, 1949 1

Nous bénéficions maintenant d’assez de recul


pour saisir les vrais enjeux de l’ « événement Co-
vid-19 » et esquisser le récit le plus
vraisemblable, c’est-à-dire le plus cohérent et le

1
« To the future or to the past, to a time when thought is
free, when men are different from one another and
do not live alone — to a time when truth exists and
what is done cannot be undone: From the age of
uniformity, from the age of solitude, from the age of
Big Brother, from the age of doublethink —
greetings! » (George Orwell, Nineteen Eighty-Four
[1949]. Introduction by Thomas Pynchon, London,
Penguin Books, 2003, p. 32 ; 1984. Traduit de
l’anglais par Amélie Audiberti, Paris, Gallimard, 1950,
p. 45)
8 Michel Weber

plus raisonnable 1. Si mes derniers ouvrages de


philosophie politique ont anticipé les conclusions
que l’on trouvera ici, il n’est pas nécessaire de les
avoir lus pour méditer ce complot de la Grande
Réinitialisation 2. Covid-19(84) (2020) était dia-
gnostique ; Pouvoir de la décroissance et
décroissance du pouvoir (2021) était étiologique ;
Théorie et pratique du collectivisme oligarchique
est pronostique. Comprenons bien qu’il ne s’agit
pas de prétendre détenir la vérité sur un événe-
ment possédant autant de facettes créées par de
si nombreux acteurs, possiblement à leurs corps
défendant. Il suffira de suivre les enseignements
du sens commun et de procéder du plus évident
au plus caché — étant entendu qu’en prenant en
compte les leçons de l’histoire, des évidences
secondes se manifestent, et que la pratique de la

1
Dans le Timée, Platon parle de « eikôs logos » et de
« eikôs muthos ».
2
Michel Weber, De quelle révolution avons-nous besoin ?
(Sang de la Terre, 2013), The Political Vindication of
Radical Empiricism (Process Century Press, 2016),
Pouvoir, sexe et climat (Éditions du Cénacle de France,
2017), Contre le totalitarisme transhumaniste (FYP
éditions, 2018), Covid-19(84) ou La vérité (politique) du
mensonge sanitaire (Éditions Chromatika, 2020), et
Pouvoir de la décroissance et décroissance du pouvoir.
Penser le totalitarisme sanitaire (Éditions Chromatika,
2021).Pouvoir de la décroissance et décroissance du
pouvoir. Penser le totalitarisme sanitaire (Éditions
Chromatika, 2021)
Préface 9

synthèse philosophique nous offre de tierces évi-


dences.
Soulignons dès l’abord le caractère global et
systémique de la crise de 2020 : la crise sanitaire
est non seulement accompagnée d’une crise de
légitimité des gouvernements ; elle est aussi
contemporaine d’une crise financière (le krach
boursier de février–avril 2020), et d’une crise
énergétique (la guerre des prix du pétrole entre
l’Arabie saoudite et la Russie aboutit, le 20 avril
2020, à un prix du baril négatif) ; la crise écono-
mique, au sens strict (qui hésitera entre
dépression et récession 1), est encore à venir.

0.1. Les évidences premières


Premièrement, remarquons que c’est la gestion
politique de l’ « événement Covid-19 » qui a créé
la crise sanitaire, et non l’inverse. Il est impossi-
ble de ne pas évoquer l’impréparation,
l’incompétence, les mesures incantatoires,
l’opportunisme affairiste et les innombrables
atermoiements et conflits d’intérêts des respon-
sables politiques et des scientifiques dont l’avis a
été requis pour la circonstance, le tout étant ser-

1
« It's a recession when your neighbor loses his job ; it's
a depression when you lose yours. » (Dave Beck,
1954, avant Harry S. Truman et, finalement, Ronald
Reagan, 1980)
10 Michel Weber

vilement, voire religieusement, relayé par les


médias dits « mainstream ». Pourtant, les obser-
vateurs critiques se contentent généralement de
dénoncer simplement les conséquences prévisi-
bles de cinquante ans de néolibéralisme, et donc
de dégraissage progressif des services publics, en
général, et des services de santé, en particulier.
Deuxièmement, il est tout aussi impossible de
nier que la communication des politiques, encore
une fois avalisée par les scientifiques (et
l’inverse), et diffusée telle quelle par les médias,
non contente de faire appel aux habituels men-
songes par omission et par simplification, s’est
structurée autour de la manipulation systémati-
que par l’infantilisation, la peur, la culpabilité, et
l’angoisse 1. Est-il raisonnable d’invoquer sim-
plement la maladresse et l’urgence pour rendre
compte de la persévérance avec laquelle les
mêmes ficelles terroristes sont systématique-
ment actionnées depuis un an ?
Troisièmement, la dérive totalitaire, encore
timide il y a un an, est maintenant explicite. Une
idéologie proto-millénariste embrassant les sphè-
res publiques et privées, une mystique de la
technologie sanitaire, une volonté de contrôle

1
Tout ceci gagne à être comparé aux techniques
standards de guerre psychologique : retarder la
médiatisation, détourner l’attention, dénigrer
l’information, débattre d’un détail insignifiant,
désigner un bouc-émissaire (3D–2S : cf. infra).
Préface 11

policier total assistée de manipulation tous azi-


muts, de propagande, de censure, de
stigmatisation et de harcèlement, d’incitation à
la délation, et de l’arbitraire de la coercition… il
ne manque pas grand-chose pour boucler le pro-
gramme totalitaire, pas même le couvre-feu.
D’une part, cette dérive a donné lieu à des rè-
glements arbitraires et liberticides de plus en
plus contraignants. D’autre part, elle fait l’objet
de nombreux commentaires autorisés, au nom-
bre desquels on trouve les publications
théoriques de Klaus Schwab, une figure de proue
de la mondialisation. C’est à une tentative de
changement de société définitif que nous assis-
tons. Ceux qui parlent d’un certain autoritarisme
accidentel et temporaire vivent dans une bulle
mentale peu hygiénique, ou sont simplement
idiots.
Quatrièmement, la fondation médicale de la
crise, justifiant le « grand récit » qui nous a été
imposé coûte que coûte, est devenue complète-
ment branlante. Cette évidence est toutefois
seconde ; elle demande un effort de lucidité. La
symptomatologie et la létalité de la Covid-19
sont en fait bien celles d’une nouvelle variété de
grippe. Les prévisions et les statistiques alarmis-
tes ne se sont avérées aucunement fiables. D’une
part, la modélisation mathématique des mala-
dies infectieuses, et plus particulièrement les
spéculations de N. Ferguson, ont été continuel-
lement falsifiées par l’expérience. D’autre part, le
12 Michel Weber

test RT-PCR n’a jamais eu un but diagnostique ; il


perd toute fiabilité dès que les vingt cycles
d’amplification sont dépassés ; le test de Drosten
(2001) est, quant à lui, de l’ordre de la définition
programmatique : en déterminant le malade, il
définit la maladie. Seul un CT-scan semble être à
même de diagnostiquer les lésions alvéolaires qui
seraient spécifiques à la Covid-19, expliquant les
syndromes de détresse respiratoire aiguë. Quoi
qu’il en soit, l’âge moyen des décès de la Covid-
19 se situe à environ 80 ans, l’âge médian étant
d’environ 83 ans, ce qui correspond à
l’espérance de vie dans un pays comme la Fran-
ce ou la Belgique.
Cinquièmement, lorsqu’on se demande à qui
profite le crime (« cui bono ? »), il est difficile de
ne pas incriminer le monde bancaire, les indus-
tries du numérique, le monde pharmaceutique,
et les gouvernants. Dès que l’on cesse de défen-
dre les intérêts des nantis, on est qualifié de
démagogue, de populiste, de poujadiste. C’est
finalement ici que le bât blesse : une inadmissi-
ble collusion serait-elle avérée ?

0.2. Les évidences dernières


Soulignons la progression linéaire de l’argument :
il y a un effet cumulatif des cinq dimensions
successivement évoquées. En allant du plus évi-
Préface 13

dent au moins obvie, on suit l’inclination naturel-


le du sens commun et on arrive insensiblement à
l’incrimination des oligarques dans la (co-
)création de la crise de la Covid-19. La gestion
calamiteuse, la communication anxiogène et les
politiques proto-fascistes convergent dans un
projet de société transhumaniste (c’est-à-dire
eugéniste) exigé par la maîtrise de la crise globa-
le systémique annoncée en 1972 dans le
Rapport Meadows. Pour s’en convaincre, il suffit
de lire attentivement les publications qui ont
défini a priori les modalités de la dérive. Celle de
Klaus Schwab — intitulée La Grande Réinitialisa-
tion 1 —, bien sûr, mais aussi les rapports plus
discrets publiés (in tempore non suspecto) par la
Rockefeller Foundation, par exemple en mai
2010 (avec le funeste scénario « Lock Step ») et
en avril 2020 (« National Covid-19 Testing Action
Plan »). Tester, tracer, confiner, vacciner, numé-
riser constituent la seule voie du salut 2.

1
Klaus Schwab, The Fourth Industrial Revolution, Geneva,
World Economic Forum, 2016 ; Klaus Schwab and
Thierry Malleret, Covid-19 : The Great Reset, Geneva,
World Economic Forum, 2020.
2
The Rockefeller Foundation & Global Business Network,
Scenarios for the Future of Technology and International
Development, 2010 ; The Rockefeller Foundation,
National Covid-19 Testing Action Plan. Pragmatic steps
to reopen our workplaces and our communities
« WhitePaper », April 21 2020.
14 Michel Weber

On voudrait bien les croire sur parole, mais


pourquoi vacciner contre une maladie qui ne tue
que 0,23 pour cent de la population ? Est-ce
d’ailleurs indiqué de vacciner en pleine pandé-
mie ? L’innocuité des vaccins en lice est-elle
prouvée ? Comment évaluer les effets à moyen et
long termes d’une modification du génome hu-
main ? Finalement, quelle est leur efficacité
réelle ? Les vaccinés seront-ils immunisés contre
le virus SARS-CoV-2, responsable de la Covid-19 ?
Contre ses variants ? Seront-ils encore suscepti-
bles de contaminer leurs proches 1?

0.3. L’intelligence du sens commun


Remarquons que ces cinq éléments ne sont évi-
dents que pour ceux qui ont gardé foi en leur
perception et en leur intelligence ; cette question
sera revisitée dans le chapitre consacré à la ma-
nipulation par l’obéissance et le conformisme.
En quoi consiste d’ailleurs le travail de
l’intelligence, si ce n’est à rassembler ce qui est

1
L’ADN des vaccins à adénovirus génétiquement
modifiés doit pénétrer dans le noyau des cellules des
personnes vaccinées pour exercer l’effet vaccinal
attendu (coder la protéine Spike). Comme le fait
remarquer Denis Rancourt, « Imaginez un vaccin
tellement sûr que vous devez être menacé pour le
prendre, contre une maladie tellement mortelle que
vous devez être testé pour savoir si vous l’avez ».
Préface 15

épars (« inter leggere », relier, lier entre) ? La prise


de conscience de la multifactorialité de la crise
est, en général, parcellaire : ceux qui
s’interrogent sur la gestion de la crise sanitaire ne
comprennent pas toujours l’horizon totalitaire ; la
question judiciaire ne rencontre pas nécessaire-
ment les faits médicaux, et ainsi de suite. Il faut
donc travailler sur la mise en évidence de ces
facettes complémentaires et puis comprendre ce
qui les relie. Cette dernière étape pourrait sem-
bler hasardeuse si elle ne bénéficiait, répétons-le,
du soutien de certaines publications très officiel-
les.
Tout ce qui entrave la foi perceptive affaiblit la
capacité discursive (Husserl, Michotte et Merleau-
Ponty). Les contraintes, pragmatiques et symbo-
liques, de l’appartenance à un groupe peuvent
handicaper le sujet. Au nombre de celles-ci, il y a
l’inertie relationnelle qui se manifeste dans le
processus de deuil. Elizabeth Kubler-Ross a défi-
ni ses cinq étapes : le déni ou la sidération, la
colère, le marchandage, la dépression,
l’acceptation et le rebond ; elles ont été plus tard
reprises dans le contexte crisique par des auteurs
tels que Diamond, Orlov et Hamilton 1.

1
« Denial and isolation, anger, bargaining, depression,
and acceptance. » (Elizabeth Kubler-Ross, On Death
and Dying. What the dying have to teach doctors, nurses,
clergy and their own families, New York / London,
Collier-Macmillan, 1969 ; cf. Jared Diamond, Collapse.
16 Michel Weber

La toute première chose à faire pour le com-


prendre est de redéfinir la notion de crise.
L’histoire humaine n’est-elle pas tissée de ces
événements convulsifs qui ébranlent les fonde-
ments mêmes de la culture ? Ceci doit se
prendre au pied de la lettre : les crises ne scan-
dent l’histoire que depuis qu’il y a histoire, c’est-
à-dire depuis le néolithique. Il y a 10.000 ans, un
bouleversement climatique abrupt (le « Holocene
Climate Optimum ») rend possible le faisceau de
modifications culturelles qui définit encore nos
sociétés : la sédentarisation, la propriété (privée),
l’agriculture, la métallurgie, la domestication des
animaux, l’esclavage, la guerre endémique, le
patriarcat et le monothéisme. Avant le néolithi-
que, le Sapiens est nomade, et la notion de crise
historique ne semble pas s’appliquer aux acci-
dents naturels auxquels il est confronté,
simplement car le socle culturel n’est pas pertur-
bé. En cas de raréfaction des ressources, de
catastrophe naturelle, ou de conflit avec d’autres
espèces, on peut supposer que la solution se
trouvait dans la transhumance, éventuellement

How Societies Choose to Fail or Succeed, New York, The


Viking Press, 2005 ; Dmitry Orlov, Reinventing
Collapse The Soviet Example and American Prospects,
Gabriola Island, New Society Publishers, 2008 ; Clive
Hamilton, Requiem for a Species. Why We Resist the
Truth About Climate Change, London, Allen & Unwin,
2010)
Préface 17

accompagnée d’un rite propitiatoire et d’un sa-


crifice, par exemple d’une victime émissaire.
La notion de crise prend tout son sens avec la
sédentarisation, qui attache une population à un
territoire limité. L’équilibre de ces deux facteurs
— les ressources naturelles et la démographie —
est crucial. La raréfaction, temporaire ou définiti-
ve, des ressources, à commencer par la
corruption de l’air et de l’eau, la déforestation et
l'extinction de la biodiversité, compromet
l’existence même d’une communauté sédentari-
sée. De même, l’évolution démographique peut
conduire à une crise des ressources (par accrois-
sement démographique), ou à l’impossibilité de
les exploiter (par effondrement démographique).
Malthus (1798) n’est pas le premier à l’avoir
compris, mais son œuvre a durablement frappé
les esprits modernes.
D’où les deux options principales : la solution
migratoire, qui risque toujours de susciter une
confrontation entre communautés voisines ; et
l’appropriation de nouveaux territoires par la
guerre. De fait, le capitalisme s’est avéré tout par-
ticulièrement dépendant de la pratique
systémique du colonialisme et de la guerre. Ils
constituent une réponse efficace au danger mal-
thusien (sous forme d’eugénisme de sa
population et de génocide de l’adversaire). Épin-
glons trois faisceaux de raisons à cela. Primo, les
fonctions visibles de la guerre sont stratégiques
18 Michel Weber

et tactiques (la défense du territoire et des inté-


rêts nationaux en crise). Secundo, les fonctions
liminales de la guerre nous mettent en présence
de trois grands archétypes : la dimension reli-
gieuse, qui renvoie au sacrifice tragique du
guerrier et aux mythes primitifs ; les vertus mar-
tiales, définies par un ensemble de valeurs
mâles, soi-disant morales, fondatrices de l’État ;
la cohérence sociale à partir d’un grand récit
idoine (cf. Girard). Tertio, les trois fonctions invi-
sibles portent plus directement encore sur les
mécanismes de contrôle et de stabilisation de la
société capitaliste.
Il y a d’abord les fonctions politiques : créer
l’unanimité par la distraction et, surtout, préser-
ver les inégalités en exigeant la subordination en
face de la menace extérieure, réelle ou imaginai-
re, immédiate ou annoncée.
Ensuite viennent les fonctions économiques :
la guerre permet bien sûr d’assurer l’accès aux
matières premières (c’est-à-dire d’en organiser le
pillage) et d’ouvrir de nouveaux marchés si les
« partenaires commerciaux » s’avèrent peu sensi-
bles aux arguments purement mercantiles (à la
Ricardo). Elle permet aussi d’écouler la surpro-
duction de toute une série de biens et de services
qui n’améliorent pas le sort des masses : il serait
impossible de préserver le statu quo politique si
les investissements portaient sur des biens socia-
lement utiles (soins de santé pour tous, école
Préface 19

démocratisée, infrastructures culturelles et spor-


tives accessibles, autonomie énergétique, …) en
lieu et place du socialement inutile. Un peuple
cultivé ne peut qu’exiger des réformes politi-
quement émancipatrices 1. Enfin, il y a le
keynésianisme militaire en tant que tel.
En dernier lieu, on doit épingler les fonctions
psychologiques : la militarisation de la vie sociale
renforce l’infantilisation en exigeant la discipline
aveugle. De plus, la guerre, lorsqu’elle éclate, bri-
se l’ennui de la vie dans une société mécanisée
qui ne propose plus aucun sens à l’existence. Le
choc de la réalité est alors vécu comme libéra-
teur. Vivre sur le pied de guerre, c’est vivre
vraiment, c’est vivre aux extrêmes. Tout ceci ne
présage en rien de la fonction dernière de
l’entraînement militaire en général et de la guer-

1
« The primary aim of modern warfare […] is to use up
the products of the machine without raising the
general standard of living. […] An all-round increase
in wealth threatened the destruction—indeed, in
some sense was the destruction—of a hierarchical
society. […] If leisure and security were enjoyed by all
alike, the great mass of human beings who are
normally stupefied by poverty would become literate
and would learn to think for themselves; and when
once they had done this, they would sooner or later
realise that the privileged minority had no function,
and they would sweep it away. In the long run, a
hierarchical society was only possible on a basis of
poverty and ignorance. » (George Orwell, Nineteen
Eighty-Four [1949], pp. 218-219)
20 Michel Weber

re en particulier : prédation, agression et violence


constituent des jouissances primitives (au sens
de Lorenz, pas de Lacan). La libération du sa-
disme des oligarques, qui implique la possibilité
d’enlever, de violer, de torturer et d’assassiner en
dehors de tout cadre culturel sont l’alpha et
l’oméga du fondement guerrier de nos sociétés 1.
On obtient en conséquence l’équation généra-
le suivante : la crise se définit par une rupture
démographique de l’allocation des ressources
rares et elle conduit, d’une manière ou d’une au-
tre, à la guerre. (La question est reprise dans le
chapitre II.) Nous verrons en conclusion com-
ment l’épisode nazi permet de comprendre la
crise covidienne. De ce point de vue, force est de
constater que la grande majorité des citoyens
sont encore plongés dans le déni et qu’ils ne
peuvent donc pas comprendre que le monde
« d’avant » ne reviendra pas. Celui qui nous est
mijoté par les oligarques est un totalitarisme fas-
ciste. Celui que le peuple devrait construire dans
l’urgence est une utopie communiste.

1
Pour tout ceci, et particulièrement le keynésianisme
militaire, voir Pouvoir de la décroissance et décroissance
du pouvoir. Penser le totalitarisme sanitaire (Éditions
Chromatika, 2021).
Table des matières
Avant-propos.........................................5

0. Préface ..............................................7
0.1. Les évidences premières..................................9
0.2. Les évidences dernières .................................12
0.3. L’intelligence du sens commun......................14

1. Introduction ....................................21
1.1. Théorie et pratique du collectivisme
oligarchique..........................................................21
1.2. La Grande réinitialisation..............................24
1.3. Le « complot » n’aura pas lieu .......................26

2. Sommes-nous en guerre ?................29


2.1. Guerre civile...................................................31
2.2. Guerre de l’information.................................32
2.3. Guerre contre les peuples ..............................36

3. L’élitisme de caste ...........................47


3.1. Caste..............................................................48
178 Michel Weber

3.2. Classe.............................................................49
3.3. Élite................................................................50

4. La lutte des classes .......................... 53


4.1. Classe comme territoire vécu .......................57
4.2. Conscience de classe......................................61
4.3. Lutte des classes............................................65

5. Le contexte crisique du « complot ».. 73


5.1. La crise globale systémique ..........................74
5.2. L’espoir de la décroissance et la réinvention
du capitalisme ......................................................75
5.3. Le complot du complot..................................80

6. Le mécanisme totalitaire .................. 97


6.1. Massification.................................................99
6.2. Crise spontanée ou machinée......................103
6.3. Instauration prophétique ............................109

7. La manipulation orwellienne ......... 117


7.1. Obéissance (Milgram, 1963)........................118
7.2. Conformisme (Asch, 1951)..........................120
7.3. Stupeur (Laborit, 1958) ...............................122
Table des matières 179

8. Vices et vertus sanitaires de la


réinitialisation................................131
8.1. Décroissance accélérée................................134
8.2. Biopouvoir eugéniste...................................138
8.3. Transhumanisme et nazisme......................147

9. Conclusion ....................................153
9.0. La dette de Pandore.....................................155
9.1. Les enseignements du sens commun...........161
9.2. (Dés-)obéissance ..........................................169
9.3. Deuil, enracinement et élan.........................170

Table des matières.............................177


Également
aux Éditions Chromatika
Whitehead, Les Principes de la connaissance naturelle,
2007.
Devaux, La Cosmologie de Whitehead, 2007.
Weber, L’Épreuve de la philosophie, 2008.
Weber, Éduquer (à) l’anarchie, 2008.
Whitehead, La Religion en gestation, 2009.
Dumoncel et Weber, Whitehead ou Le Cosmos torrentiel,
2010.
Cobb, Lexique whiteheadien, 2010.
Brown, Foundations of Conscious Experience, 2010.
Weber & Desmet (ed.), The Algebra of Metaphysics, 2010.
Berne, Identité et invisibilité du cinéma, 2010.
Weber et Desmet (sous la dir. de), Chromatikon VI, 2010.
Gava, Autonomie ou capital, 2011.
Whitehead, Les Visées de l’éducation et autres essais, 2011.
Weber, Essai sur la gnose de Harvard. Whitehead apocry-
phe, 2011.
Brown, Gourmet’s Guide to the Mind, 2011.
Weber et Desmet (sous la dir. de), Chromatikon VII, 2011.
Bisson, Comment bâtir un monde, 2011.
Whitehead, Le Principe de relativité, 2012.
Weber et Desmet (sous la dir. de), Chromatikon VIII,
2012.
Verley, Sur le symbolisme. Cassirer, Whitehead et Ruyer,
2013.
Verley, Whitehead, un métaphysicien de l’expérience, 2013.
Breuvart, Le Questionnement métaphysique d’A. N. White-
head, 2013.
Weber et Berne (sous la dir. de), Chromatikon IX, 2013.
Weber et Berne (sous la dir. de), Chromatikon X, 2014.
Weber, Petite philosophie de l’Art Royal, 2015.
Petrov, Beets, Anderson (eds.), Mathematics in Philosophy,
2017.
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Gagnon, La Réalité du champ axiologique, 2018.
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Petrov & Anderson (eds.), Traditional Learning Theories,
Process Philosophy and AI, 2019.
Petrov, Aspects of Whitehead’s Philosophy of Organism,
2019.
Weber et Kergueris, Thérapie psycho-corporelle et massage
ayurvédiques, 2020.
Sanssens et Weber, Philosopher, guérir et sanctifier, 2020.
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