En bref
Survols des centrales
Mesures exceptionnelles contre les « drovnis »
« Une menace grandissante » contraint la défense nationale à de nouvelles mesures.
D
epuis la vague de « drones » de fin 2014, avec
le survol non élucidé de quinze des dix-neuf
centrales nucléaires françaises, Jean-Yves Le
Drian, le ministre de la Défense, était resté
sur la réserve. Mais le 29 janvier dernier, lors
de son point presse hebdomadaire, à Paris, il a fait une
déclaration remarquée : « Le survol des zones militaires
par des drones est une menace prise au sérieux. Un groupe
de travail au sein du Secrétariat général de la défense et
de la sécurité nationale (SGDN) devra permettre de trouver
une réponse adaptée à cette menace. » Il a ajouté : « C’est
une menace qui grandira. Nous travaillons à de nouvelles
mesures, des idées nouvelles pour pouvoir nous protéger. »
Pourquoi revenir maintenant sur ces incursions qui,
par leur typologie, font penser à celles de phénomènes
aérospatiaux non identifiés ? L’actualité de ces dernières
semaines remet sur le devant de la scène ces « drovnis »,
comme certains ufologues les ont baptisés.
Pas un drone. Un ovni.
Car de quoi parle-t-on ? Ces « drones » ont été
photographiés par les autorités, mais les clichés sont
classés « confidentiel défense ». Chacun en était donc
resté à l’hypothèse de drones non identifiés, jusqu’à ce
que le directeur de la centrale du Blayais, en Gironde,
lâche un pavé dans la mare en déclarant le 20 janvier :
« Ici, on n’a pas vu de drone. On a vu un ovni. » Pascal
Pezzani répondait à la question d’un élu relative au
survol de la centrale le 13 octobre.
Cette déclaration a provoqué un immense malaise dans
la sphère officielle du nucléaire et dans la presse locale,
via le journal Sud-Ouest qui a relayé l’information :
« Depuis que le quotidien a rendu publique la déclaration
du directeur de la centrale du Blayais, la rédaction est
submergée de messages de conspirationnistes. Ils pensent que
les extraterrestres ont débarqué en Gironde. Nous recevons
des rapports d’ovnis et toutes sortes de documents dont nous
ne faisons rien ». Idem au secrétariat de direction de la
centrale, qui reste muet : « On ne peut pas déranger le
directeur. »
Aurait-il brisé un tabou ? Une source proche, locale,
indique qu’en fait, rien de nouveau n’est à signaler par
rapport à octobre et que l’on parle bien « d’un objet
volant de type aéronef », sans pouvoir faire aucun autre
commentaire !
Une autre source souligne qu’« il a bien parlé d’ovni au
sujet du phénomène qui a survolé Blayais, ne pensant pas
que la presse présente reprendrait la phrase ciblée, face aux
chiffres et perspectives techniques, concernant la centrale
qu’il a évoquée lors de sa présentation ».
Au-dessus de l’Élysée !
Dans le même temps, d’autres témoignages relancent
l’affaire. On apprend que, le 20 décembre, un drone
N E X U S 97
10 mar s-avril 2015
a survolé la centrale nucléaire belge de Doel, au nord
du pays. Ce survol fait suite à un redémarrage de
l’installation après un sabotage et fait écho à la vague
française de survols non identifiés.
Dans la nuit du 15 janvier, c’est directement l’Élysée qui
est survolé « durant quelques secondes ». L’engin s’éloigne
au moment où il est repéré par la gendarmerie et la
police en charge de la garde présidentielle. L’enquête
est ouverte pour « conduite d’un aéronef non conforme aux
règles de sécurité ».
Le 29 janvier, jour choisi par le ministre de la Défense
pour enfin s’exprimer, l’on apprend que le site
nucléaire militaire de l’île Longue, à Brest, a été lui
aussi survolé par des drones. Le site abrite les quatre
sous-marins nucléaires lanceurs d’engins de la force
de dissuasion française. Les vols se sont produits dans
les nuits du 27 et 28 janvier, précise le porte-parole de
la préfecture maritime. On apprend que des « moyens
militaires et de gendarmerie ont été déployés », sans résultat
pour empêcher ces vols.
Des radars ad hoc 
Mi-décembre, le ministère de la Défense dévoile une
mesure surprenante, ignorée par la presse : la Direction
générale de l’armement commande des systèmes radars
de défense aérienne, pour pérenniser et renforcer la
surveillance aérienne du territoire ! La DGA a notifié
cette acquisition dès le 8 décembre, juste après la vague
de drovnis sur la France. Faut-il y voir une conséquence
directe ? Certains observateurs pensent que oui ! On
apprend que l’un des objectifs concerne « l’amélioration
de la couverture radar tant à haute qu’à basse, voire très
basse altitude ». On pense ici aux drones qui, depuis
octobre, survolent les installations civiles et militaires
et bâtiments officiels du pouvoir, indétectables en
l’état actuel par les radars militaires, car trop près
du sol. Un commandant de gendarmerie proche de
l’enquête nous confie : « Dans cette affaire, on est devant
du sérieux. La vague de drones ne ressemble à rien de connu
jusqu’alors et toutes les hypothèses sont à retenir. » Toutes
les hypothèses ? Y compris donc celle des ovnis qui n’a
jamais été évoquée par les autorités.
Les choses sont tellement préoccupantes que la centrale
de Civaux, au sud de Poitiers, où aucun drovni n’a
été détecté, met en place des mesures de sécurité en
prévention de cette menace nouvelle. D’autres sites
font de même un peu partout en France. Les mesures
sont tenues secrètes, mais l’on apprend de source
ministérielle qu’il s’agit de systèmes de brouillage.
Visiblement sans effet, face aux tout récents survols.
Systèmes de brouillage
Drones ou ovnis ? La question reste en suspens. Elle est
sans ambiguïté pour une partie du monde ufologique,
qui voit ici une vague ovni de grande amplitude.
 En bref

Le missile chinois Wu-14 ressemble à

l’engin aperçu au-dessus de Golfech
(croquis ci-dessous).

Certains « aéronefs » posent question quant à leur taille

et leur forme, comme celui de Golfech, déjà évoqué
dans ces pages. Golfech (Tarn-et-Garonne) a été l’un
des premiers sites nucléaires français survolés, en
octobre, par un appareil allongé de 7 m de long, proche
du prototype secret chinois Wu-14. Le Wu-14 est un
planeur hypersonique. Il dépasse les 6 150 km/h. La
France a-t-elle été survolée par ce missile chinois ? C’est
une hypothèse, tout comme celle des ovnis.
Pierre Philby

Quelque chose à cacher ?

L e secret qui entoure le dossier ovni ramène souvent les en-
quêteurs vers les sphères du pouvoir politique et du monde
militaire. Les archives ovnis de l’US Air Force, qui viennent tout
récemment d’être déclassifiées, nous prouvent une fois de plus
cette collusion entre ovnis et pouvoir. Depuis les années 70, le
contribuable américain a réussi à rendre public les archives du
FBI, une partie de celles de l’Air Force et de la CIA, touchant de
près des rapports officiels ovnis.
Un Américain passionné par les extraterrestres et les ovnis,
a obtenu plus de 130 000 pages d’archives de l’armée de l’air
américaine et de son projet « Blue Book ». Il vient de les publier
sur son site*.
L’intérêt de cette mise à disposition du public réside dans le fait
que l’USAF, étudiant le dossier des soucoupes volantes depuis
la fin de la seconde guerre mondiale, affirma en 1985 : « Aucun
ovni signalé, analysé et évalué par l’Air Force n’a jamais permis
d’identifier une menace pour la sécurité nationale et il n’y a
aucun élément qui prouve que ces objets volants non identi-
fiés étaient des vaisseaux extraterrestres ». Cette déclaration
marque la fin officielle de l’étude ovni américaine de l’armée
de l’air de l’Oncle Sam. Les archives mises récemment à jour
démontrent que les cas étudiés par les officiels américains
présentent un haut degré d’étrangeté et qu’aucune explica-
tion rationnelle ne vient étayer ces cas. Ceci va à l’encontre
des conclusions du rapport officiel de la commission Condon,
qui, en 1968, déclarait que les ovnis n’avaient aucune exis-
tence concrète. Les cas publiés par le The black vault représen-
tent 12 000 affaires non classées, s’échelonnant entre 1947
et 1969 sur l’ensemble du territoire américain.
Cette mise en ligne tombe au moment où le petit-fils d’un capi-
taine de l’USAF, rend public, lui aussi, une série de photogra-
phies extraordinaires, réalisée par son grand-père aux États-
Unis. Le militaire était en base à cette époque au Nouveau
Claudie Haigneré dans le documentaire Ovni et pouvoir.
Mexique, à Albuquerque. Ces photos ont été prises entre 1961
et 1965 sur support polaroid. On y voit, en plein jour juste
au-dessus de la maison du capitaine, un engin en forme de
soucoupe volante : disque métallique estimé à cinq mètres de
large, surmonté d’un dôme et au-dessous duquel sont visibles
des demi-sphères. Rien n’indique qu’il s’agisse de montage. Ces
images, si elles sont confirmées, constituent les plus excep-
tionnelles photographies d’un engin « non terrestre » photo-
graphié à ce jour.
Autre indicateur d’une levée du secret, l’interview de Claudie
Haigneré, spationaute française, ex-ministre de la Recherche,
première femme dans l’espace, médecin et docteur en neu-
rosciences, dans le documentaire diffusée sur Planète + A&E
Ovni et pouvoir. À une question sur sa connaissance du dossier
ovni, elle finit par lâcher : « Il peut y avoir des formes de secret
défense, qu’on peut comprendre. […] On ne dit rien parce qu’il
y a quelque chose à cacher… Oui, on ne dit rien parce qu’il y a
quelque chose à cacher. Il y a quelque chose à cacher. »
P. P.
*projectbluebook.theblackvault.com

N E X U S 97
mar s-avril 2015 11
 En bref
Archéologie
A-T-ON DÉCOUVERT LE MÉTAL MYTHIQUE DES ATLANTES ?
Une découverte au large de la Sicile relance le débat sur l’Atlantide, et en particulier
sur la nature du fameux métal légendaire des Atlantes, l’orichalque.
U
ne équipe de scientifiques italiens a
découvert, au mois de janvier dernier,
39 lingots d’un métal qui évoque, aux dires
des découvreurs, le métal mythique ou
disparu des Atlantes. Le chargement se
trouvait dans l’épave d’un navire coulé, à la suite d’un
orage, au vie siècle avant J.-C., à trois cents mètres du
port de Gela. L’embarcation était en provenance de
Grèce ou d’Asie Mineure.
L’analyse aux rayons X du métal qui compose ces lingots
révèle qu’il s’agit d’un alliage composé de cuivre (75
à 80 %), de zinc (15 à 20 %) et d’un peu de nickel, de
plomb et de fer.
Ce métal appartient donc à la famille des laitons
(composés essentiellement de cuivre et de zinc) ; on y
ajoute d’autres métaux divers et en moindre quantité, le
tout dans des proportions variables – mais pas d’or.
On pense que l’orichalque mentionné par Platon et,
selon lui, « le plus précieux après l’or1 » devait contenir
une proportion élevée d’or. Toutefois, si l’on s’en
tient au récit du grand philosophe grec,
l’orichalque n’était pas un alliage mais un
métal pur, qu’on « extrayait de la
terre en maint endroit de l’île » (de
l’île Atlantide, donc).
Décrit par Platon
D’après Platon, ce
mystérieux métal aurait
servi pour la décoration
du temple de Poséidon :
« Le temple tout entier, à
l’extérieur, était revêtu d’argent,
hormis les acrotères [ornements
des frontons ou statues disposées
au sommet de ceux-ci], qui l’étaient
d’or ; à l’intérieur, la voûte était
tout entière d’ivoire émaillé d’or,
d’argent et d’orichalque ; tout le
reste, murs, colonnes et pavés, était
garni d’orichalque. » On voit que la
distinction est nette entre l’or,
l’argent et l’orichalque, et que ce
dernier occupe une place de choix
dans la hiérarchie des métaux.
Mais qu’est-il donc devenu ? Si l’on
avait mis la main sur des lingots
de ce métal inconnu et qui a, selon
toute apparence, disparu avec l’île dont
il était originaire, ce serait une trouvaille
mirifique et révolutionnaire. Mais tout ce
qui brille n’est pas orichalque…
On peut noter encore, concernant la
composition du métal, que la corrosion
N E X U S 97
12 mar s-avril 2015
Épave du navire près du port de Gela, en Sicile.
atmosphérique fait apparaître à la surface du laiton
une couche appelée « vert-de-gris », ce qui paraît
difficilement compatible avec son emploi pour les parois
d’un temple, a fortiori d’un temple de toute première
importance comme devait l’être celui de Poséidon en
Atlantide.
Anachronisme
Outre la nature du métal lui-même, la
possibilité qu’on ait trouvé de l’orichalque
se heurte à plusieurs points d’achoppement
relativement à la localisation et à la situation
chronologique de l’épave. Au vie siècle avant
notre ère, l’Atlantide avait sombré depuis
huit millénaires, de l’avis de la plupart
des atlantologues, selon Platon lui-
même ou encore d’après Edgar Cayce,
référence majeure pour ce qui touche
au continent disparu. On pourrait
envisager que le métal atlante ait
traversé les siècles, mais serait-il resté
à l’état brut de lingots ?
De plus, Platon parle de l’orichalque
comme d’un métal strictement
atlante et extrêmement ancien,
même à son époque. Les Grecs,
dit-il, n’en possédaient « plus
que le nom ». S’il en avait encore
existé en grandes quantités – et
de façon tout à fait officielle
si l’on suppose que le bateau
coulé à Gela ne faisait pas de la
contrebande –, l’auteur du Critias en
aurait parlé différemment, sans
aucun doute.
D’autres textes antiques
mentionnent l’orichalque,
mais toujours à propos de
personnages légendaires
Cette sculpture
précolombienne serait une
pièce rare en orichalque
(Smithsonian Museum).

(Hercule) ou de dieux (Aphrodite), et les auteurs
de l’Antiquité ne semblent pas savoir eux-mêmes
de quoi il s’agissait…
Par ailleurs, Platon, Cayce et la plupart des
atlantologues situent l’Atlantide dans l’actuel
océan Atlantique, et non pas en Méditerranée
comme le font seulement une poignée de
chercheurs.
Piste précolombienne
Certaines voix n’ont pas manqué de s’élever pour
contester l’assimilation du métal récemment
découvert au fabuleux métal atlante. Celle,
notamment, d’Enrico Mattievich, ancien professeur
de physique de l’université de Rio de Janeiro. Pour
Mattievich, qui a conduit de nombreuses études de
sciences physiques appliquées à la minéralogie, à la
paléontologie et à l’archéologie, l’orichalque n’était
pas un laiton, et il conviendrait plutôt, selon lui,
d’en chercher des vestiges dans certaines statues
précolombiennes composées de 9 % de cuivre, 76 %
d’or et de 15 % d’argent.
L’identification du métal sicilien avec le métal
atlante a été suggérée par Sebastiano Tusa,
de l’office maritime de Sicile, dont l’équipe
revendique cette découverte et qui déclarait à
Discovery News : « Rien de semblable n’a jamais été
Au secours, il revient ! Les effets délétères de cet édulcorant sont pourtant connus.
L
e marketing stratégique n’a pas de limites.
Le producteur d’aspartame Ajinomoto va
rebaptiser son édulcorant toxique, afin de lui
redonner un aspect sympathique et inoffensif.
L’aspartame se vendrait donc prochainement
sous le nom d’« AminoSweet » ou « NutraSweet »,
pour nous rappeler qu’il est fait à partir d’acides
aminés, les éléments constitutifs des protéines.
Rappelons que l’aspartame, qui a été approuvé comme
additif alimentaire, notamment dans les boissons
gazeuses en 1983, est composé de deux acides aminés,
dont l’acide-L-aspartique, classé « excitotoxine ». Les
excitotoxines du glutamate, comme de l’aspartame,
provoquent une excitation cérébrale pouvant
conduire à la nécrose de cellules du cerveau.
Troubles neurologiques
Beaucoup de livres et de publications ont déjà
largement démontré la dangerosité des « sucrettes »
et de leur composé dans de nombreux produits
industriels. Citons le Dr Russell L. Blaylock, professeur
de neurochirurgie à la Medical University of
Mississippi, qui a publié Excitotoxines : le goût qui tue
en se fondant sur 500 références scientifiques pour
montrer comment l’aspartame et le glutamate sont
à l’origine de troubles neurologiques chroniques
graves. Ou encore les études des professeurs Ralph
Walton et Woodrow Monte, deux experts de la
En bref
Les fragments (d’orichalque ?) trouvés dans l’épave.
trouvé. On connaissait l’orichalque d’après les textes
anciens et quelques objets ornementaux. » C’était
assurément un bon moyen pour faire parler de
sa découverte… La remontée de cette cargaison
inédite devrait fournir, dit-il, « de précieuses
informations sur l’économie de la Sicile ancienne2 ».
Hélas, il est fort peu probable qu’elle puisse nous
renseigner sur les mystères atlantes…
Marc D’Angelo
1.Toutes les citations de Platon proviennent du Critias, 114e et
115e, trad. Émile Chambry.
2. http://news.discovery.com/
Aspartame
Ni ami ni sweet
toxicité de l’aspartame depuis plus de vingt-cinq ans,
qui se sont concentrés dernièrement sur ses effets
consommé via les sodas, par exemple, pendant la
grossesse. Ils ont constaté notamment des naissances
prématurées. Selon le Dr Adrian Gross, qui l’a
déclaré au Congrès américain, l’aspartame peut
provoquer des tumeurs cérébrales. Mais la référence
sur le sujet est sans doute l’ouvrage du docteur
H.J. Roberts, sorti il y a dix ans déjà, qui dénonce
une situation sanitaire dramatique, dont on s’étonne
qu’elle ne soit pas encore un scandale médiatisé.
La FDA a ignoré les plaintes de maux de tête,
étourdissements, nausées, vomissements,
convulsions, troubles de la vision... Pire encore,
ses effets cancérigènes et toxicologiques sont
pourtant bien connus, puisque le Pentagone
a placé l’acide-L-aspartique sur une liste de
produits chimiques de guerre biologique !
Marielsa Salsilli
N E X U S 97
mar s-avril 2015 13
 En bref
Ils font trembler la banque
Un comité de citoyens canadiens poursuit en justice la Banque centrale du Canada.
U
ne victoire importante vient d’être remportée,
le 26 janvier dernier, devant la cour d’appel de
Toronto, par une organisation canadienne, le
Comer (Committee on Monetary and Economic
Reform, « Comité pour la réforme économique
et monétaire »), qui s’oppose à la Banque du Canada et
au gouvernement canadien. Ce procès fait suite à une
action en justice, entreprise en décembre 2011, visant à
renvoyer la Banque du Canada à sa vocation originelle en
préconisant notamment une révision du Bank of Canada
Act, par lequel a été créée, en 1934, la Banque du Canada.
Autrement dit, le Comer en appelle à une réforme
radicale de tout le système bancaire canadien1.
Un ténor du barreau
Le Comer, représenté par William Krehm (l’un de ses
cofondateurs), et Ann Emmet (membre du Comer et du
Canadian Unitarians for Social Justice), s’est attaché
les services de Rocco Galati, un avocat qui s’est taillé
une solide réputation en remportant nombre de procès
importants, et qui a surtout défié victorieusement le
Premier ministre conservateur, Stephen Harper, en
2013. En effet, contre toute attente, Galati a obtenu
l’annulation de la nomination, par Harper, d’un juge à la
Cour suprême, en prouvant qu’il ne remplissait pas les
conditions d’éligibilité.
Le Comer entend dénoncer les « méthodes comptables
frauduleuses du gouvernement dans l’établissement de son
L’avocat Rocco Galati.
Le Comer
L e Comer a été fondé en 1986, par des membres qui se disent
« concernés par les effets déstabilisateurs de l’économie
en vigueur et des politiques monétaires sur les citoyens du
Canada et d’autres pays », et qui plaident pour « des chan-
gements nécessaires dans la politique monétaire, et pour
une réforme économique » : « Nous soutenons qu’un modèle
économique juste et équitable est à notre portée, un modèle
dans lequel la politique monétaire peut être bénéfique pour
tous les Canadiens. »
N E X U S 97
14 mar s-avril 2015
Canada
budget2 ». Le gouvernement est, en effet, accusé de ne
pas calculer et de ne pas révéler les revenus véritables
du pays avant de distribuer les crédits d’impôt aux
sociétés et aux autres contribuables. Plus grave encore,
et plus important dans la mesure où cela ne concerne pas
seulement le Canada, il y a eu, depuis 1974, une dérive
graduelle mais certaine vers l’illégalité, par laquelle la
Banque du Canada s’est retrouvée aux mains de banques
étrangères et d’intérêts financiers contraires aux statuts
du Bank of Canada Act.
Une victoire majeure
L’affaire a, au moins virtuellement, des implications
générales et internationales puisque ces intérêts
financiers contraires à ceux des citoyens canadiens
sont, nommément au sein du procès même, ceux de la
Banque des règlements internationaux (surnommée la
« banque centrale des banques centrales »), du Conseil de
stabilité financière et du Fonds monétaire international.
Tous ces organismes sont accusés d’avoir pris le pas sur
les gouvernements et les décisions constitutionnelles,
au Canada comme ailleurs, et d’exercer leur contrôle
financier au détriment de l’intérêt des peuples.
Contrairement à ce qui a été annoncé sur plusieurs sites
internet, le procès n’a pas encore été remporté, mais
Galati et ses clients ont obtenu une victoire majeure.
Interrogé par Nexus, l’un des membres du Comer a
déclaré : « Nous n’avons pas gagné le procès, mais nous avons
gagné le droit d’aller à son étape suivante, la Cour suprême.
L’accès à la Cour fédérale ne nous a pas été barré, comme
l’espérait le gouvernement. »
Silence médiatique télécommandé
Bien que Galati soit un avocat renommé, dont les
affaires sont régulièrement suivies par la presse, ce
procès n’a fait l’objet d’aucune couverture de la part
des principaux médias canadiens et étrangers. Dans
une interview donnée le 26 janvier, à sa sortie de la
cour d’appel, Galati déclare que le gouvernement
canadien a donné aux médias des instructions pour
ne pas couvrir l’événement3. Il n’hésite pas à affirmer
que le gouvernement contrôle les médias « jusqu’à un
certain point », et que le Canada vit sous un régime de
dictature déguisé en démocratie. Sa courte interview
a eu, très rapidement, plusieurs milliers de vues (plus
de 20 000 en France, après une semaine), portant avec
elle, dans tous les pays, l’information relative à une
décision de justice qui peut faire date dans l’évolution
du système bancaire. Le procès intenté par Galati vise,
en effet, fondamentalement, à faire respecter les intérêts
légitimes et légaux des citoyens (et de l’État en tant que
représentant et protecteur de leurs intérêts), soumis à la
contrainte des grandes banques privées.
Marc D’Angelo
1. www.comer.org
2. www.globalresearch.ca
3. Update Comer vs BOC, publiée sur YouTube par Lawrence McCurry,
27 janvier 2015.

loi macron
menace sur le code de l’environnement
L’article 28 du projet de loi constitue un inquiétant recul démocratique.
M
algré l’opposition de parlementaires, de
citoyens et d’associations, la nouvelle
loi permettrait au gouvernement de
réformer par ordonnances, donc sans
passer par le parlement, le Code de
l’environnement.
Étude d’impact, enquête publique, autorisations
uniques, certificats de projets, délais de recours…
autant de dispositions destinées à une gestion
responsable de l’environnement, qui pourraient
devenir caduques à très court terme. Le 6 février
dernier, en effet, l’Assemblée nationale a adopté
les articles du projet de loi Macron « pour la
croissance et l’activité » visant à réformer le droit de
l’environnement. L’environnement n’étant plus qu’un
sous-chapitre de l’économie, il faut le simplifier, afin
qu’il n’entrave pas cette dernière…
Légiférer par voie d’ordonnance
A donc été voté notamment l’article 28, qui donne
une large habilitation au gouvernement pour légiférer
par voie d’ordonnances, et donc modifier directement
le Code de l’environnement. Il ne resterait plus aux
assemblées qu’à voter des mesures à la rédaction
desquelles elles n’auraient pas participé.
Cet article de loi est très contestable, sur le fond
autant que sur la forme, puisqu’il entraînerait une
dégradation du processus démocratique et conduirait
à une moindre protection de l’environnement. En
effet, comme l’indique Me Arnaud Gossement, expert
et avocat en droit de l’environnement, consulté par
des parlementaires sur cet article 28 : « Les ordonnances,
bien que prévues par la Constitution, sont destinées à des
sujets très techniques, et ne devraient pas être utilisées pour
modifier des lois touchant à des sujets de société* ».
Multiples conséquences
Cette réforme aura de multiples conséquences,
préjudiciables du point de vue du droit, de l’éthique
et du bon sens. « Au-delà du contournement du
débat parlementaire, la réforme ne tient aucun compte
du caractère international et européen du droit de
l’environnement. Elle permettra de prendre des dispositions,
sans étude d’impact préalable, sans participation des
citoyens au débat. Enfin, elle aboutira à une complexité
accrue des textes », précise un représentant de la
Fondation Nicolas Hulot.
Plusieurs députés, de la majorité comme de
l’opposition, avaient pourtant déposé près de cent
amendements auprès de la commission chargée
d’examiner ce projet de loi. La plupart d’entre
eux demandaient la suppression de cet article 28,
indigne d’un fonctionnement démocratique,
ou d’en réduire la portée. La contre-attaque du
gouvernement a été subtile : un amendement qui
implique le Conseil national de la transition écologique
En bref
Emmanuel Macron
(CNTE) à la rédaction des modifications du Code
de l’environnement. En d’autres mots, donner une
caution démocratique à une procédure qui ne l’est pas.
Malheureusement, cette « garantie » a été de nature à
rassurer les députés qui ont voté l’article sans que le
fond du sujet soit remis en question.
Tour de passe-passe
Le dialogue environnemental n’a pas vocation à
compenser l’absence de débat parlementaire. Il n’est
proposé que pour mieux brouiller les cartes. Le recours
au CNTE revient à utiliser un outil de la démocratie
participative pour justifier un recul de la démocratie
représentative (le Parlement dessaisi par ordonnances).
Cet artifice ne peut que desservir la démocratie, au
profit du petit nombre, qui concentre peu à peu tous
les pouvoirs. La stratégie mise en place pour faire
passer à tout prix la loi est d’autant plus criante que le
CNTE n’a ni la structure, ni la légitimité, ni les moyens
pour remplir des missions législatives.
Le résultat, au-delà d’une prévisible complexification
des mesures réglementaires, sera sans aucun doute
des dérives environnementales, qui se feront
dans le cadre de tractations entre l’industrie et le
gouvernement. Malgré la levée de boucliers, tant
chez certains parlementaires que dans le milieu
associatif, les intérêts dominants ont la vie belle pour
l’heure, puisqu’à l’issue de la procédure parlementaire
accélérée, actuellement en cours, la loi Macron devrait
être votée en mars 2015.
Exit l’ancien code de l’environnement. Aucun doute
qu’il sera modifié, dès qu’il gênera les intérêts
économiques.
Marielsa Salsilli
*www.arnaudgossement.com/archive/2015/01/13/projet-de-loi-
macron-examen-en-commission-speciale-de-l-arti-5533207.html
N E X U S 97
mar s-avril 2015 15