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BULLETIN OFFICIEL
DE LA CONCURRENCE
N°14
Bulletin Officiel de la
Concurrence N°14
L
e contenu de ce numéro se caractérise par sa diversité et sa richesse en ce sens qu’y sont publiés
des avis émis par le Conseil de la concurrence sur des projets de décrets ayant un lien avec la
concurrence et ce conformément aux dispositions de l’article 36 de l’ordonnance 03-03 du 19
juillet 2003 modifiée et complétée relative à la concurrence, des décisions rendues par le Conseil
dans le cadre de ses missions juridictionnelles et des arrêts prononcés par la Cour Suprême et la Cour
d’Alger, consécutivement à des recours formulés contre des décisions du Conseil de la concurrence
en application l’article 19 de l’ordonnance 03-03 du 19 juillet 2003 suscitée.
A noter que les juridictions de cassation et d’appel précitées ont confirmé les décisions du Conseil
de la concurrence.
Le présent numéro du Bulletin Officiel de la concurrence (BOC) publie, par ailleurs, les actes de la
Journée d’étude organisée par le Conseil de la concurrence, le 19 décembre 2017, à l’hôtel Sofitel
- Alger sur le thème « Le rôle de la concurrence dans la protection du pouvoir d’achat et la
préservation et la création de l’emploi ».
De même qu’il a été jugé utile d’y insérer des contributions qui avaient été réalisées par des membres
du Conseil de la concurrence sur des sujets ayant un rapport avec le droit de la concurrence.
1- « Les défis auxquels sont confrontés les jeunes organisations chargées de la concurrence
dans la conception du contrôle des fusions » ;
Elaborées par Mr. Djilali SLIMANI, membre permanent du Conseil de la concurrence, ces deux
contributions avaient été présentées à l’occasion de la conférence Intergouvernementale des
Experts Internationaux de la politique et du droit de la concurrence qui s’est tenue sous l’égide de
la CNUCED, à Genève en juillet 2017 et du Forum Mondial de la concurrence qui a été organisé par
l’OCDE à Paris (France) en décembre 2017.
3- La troisième contribution est l'œuvre de Mr. Mohammed Tayeb MEDJAHED, membre permanent du
Conseil de la concurrence sur « L'apport de la loi sur la concurrence pour garantir la transparence
dans l’octroi des marchés publics ».
1 - Avis n° 02-2017 rendu par le Conseil de la concurrence sur le projet de décret exécutifs fixant
les marges plafonds de gros et de détail applicables au ciment portland composé conditionné ........... p 6
2 - Avis n° 03-2017 rendu par le Conseil de la concurrence sur le projet d’arrêté interministériel
portant approbation de cahier des charges fixant les conditions et les modalités d’accès par voie
d’enchères au contingent ou à ses tranches .............................................................................................................. p 7
III- Les actes de la Journée d’étude du 19 décembre 2017 à l’hôtel Sofitel - Alger .............. p 8 à 34
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N°14
Avis rendus par le Conseil
de la Concurrence en 2017
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Le Conseil de la concurrence : II/ En la forme :
- Suite à l’envoi du Ministère du commerce n° 289/SSM/ - Le contenu des articles 05, 10, 12 et 16 n’instaure pas
MC/2017 du 18/11/2017 relatif à la demande d’Avis du une charge à faire supporter par les soumissionnaires.
Conseil de la concurrence sur le projet de d’arrêté inter- Il s’agit plutôt d’une procédure administrative régle-
ministériel portant approbation de cahier des charges mentant le traitement des consultations. Il devrait, par
fixant les conditions et les modalités d’accès par voie conséquent, figuré dans le document y référant ;
d’enchères au contingent ou à ses tranches ; - L’intitulé du présent projet arrêté devrait mentionner
- Conformément aux dispositions de l’ordonnance n°03- qu’il régit exclusivement l’approbation des licences non
03 du 19 Juillet 2003, modifiée et complétée, relative à la automatiques ;
concurrence, notamment son article 36 ; - Ajouter la mention « Après Avis du Conseil de la concur-
- Après délibération du Collège du Conseil de la concur- rence » après les visas.
rence lors de sa séance du 27 novembre 2017 tenue en
III/ Au fond :
son siège sis au 44/42 Bd, Mohamed Belouizded - Alger.
- Le présent projet d’arrêté a omis de prévoir des cahiers
Le Conseil a donné l’avis ci-après :
des charges spécifiques selon les produits importés ;
I/ Observations préliminaires : - L’article 06 instaure un système d’accès aux importa-
tions à un nombre restreint de cinq (05) opérateurs au
ʔIl y a lieu de signaler que le Conseil de la concurrence maximum qui peut conduire à des situations d’oligo-
n’avait pas consulté sur le projet de loi de 2015 qui a poles, d’ententes illicites et à une concurrence déloyale
amendé la loi n° 03-04 du 19/07/2003 relative aux règles qui porterait atteinte aux droits des consommateurs ;
générales applicables aux opérations d’importation et - L’article 08 ne précise pas l’autorité qui désigne le pré-
d’exportation de marchandises en application de l’art. sident et les membres du bureau de réception des offres ;
36 de l’ordonnance n° 03-03 du 19/07/2003, modifiée et - Le registre côté et paraphé par le président n’a pas de
complétée, relative à la concurrence. valeur juridique. Le registre devrait être normalement
ʔLe projet de décret exécutif pris en 2015 en applica- côté et paraphé par le juge du tribunal territorialement
tion de la loi précitée a été soumis pour adoption au compétent ;
Gouvernement. - Pour les articles 13, 14, et 16 sur l’adjudication le projet
ʔA rappeler que l’article 36 de l’ordonnance n° 03-03 du d’arrêter n’a pas prévu l’autorité habilitée de désigner le
19/07/2003 précitée dispose que Art. 36 : « Le Conseil de président et les membres du bureau d’adjudication ;
la concurrence est consulté sur tout projet de texte légis- - Outre que les difficultés de mise en œuvre de ce sys-
latif et réglementaire ayant un lien avec la concurrence ou tème d’adjudication, il y a lieu de signaler que le mon-
introduisant des mesures ayant pour effet notamment : tant pris aux enchères pourrait se répercuter sur le prix
⇸ De soumettre l’exercice d’une profession ou d’une de vente qui sera supporté par le consommateur ;
activité, ou l’accès à un marché à des restrictions quan- - Pour ce projet d’arrêté n’a pas prévu de sanctions à l’en-
titatives ; contre de l’opérateur défaillant et les voies de recours ré-
⇸d'établir des droits exclusifs dans certaines zones ou glementaire.
activités ;
⇸d'instaurer des conditions particulières pour l'exercice En conclusion et compte tenu de ce qui précède,
d'activités de production, de distribution et de services ; le Conseil de la concurrence ne peut émettre un avis
⇸de fixer des pratiques uniformes en matière de condi- favorable à ce projet d’arrêté dans sa forme actuelle.
tions de vente ».
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N°14
Actes de la Journée d’étude
du 19 décembre 2017
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Mesdames et Messieurs,
Honorables invités,
Bienvenue !
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le développement économique et les monopoles naturels mais aussi des mo- ⇸La Normalisation et l’Harmonisation ;
consommateurs. nopoles de droit. On considérait que le ⇸La politique sectorielle de dévelop-
Parce que, cette situation est fortement monopole conduirait à l’optimum pour pement (principalement l’infrastruc-
attractive pour ceux qui sont intéressés la collectivité nationale et au bien-être ture) ;
par des démarches spéculatives, mais des citoyens grâce à la tarification au ⇸ Les types de dégroupage et de la
constitue en même temps un élément coût marginal, les économies d’échelle boucle locale.
de répulsion pour beaucoup d’indus- et les externalités positives induites par
triels aussi bien au moment de la phase le Monopole; (service public avec inter- Les conditions structurelles
d’investissement qu’au moment de l’ex- vention de l’Etat). pour une concurrence effective
ploitation. La période de transition né- et efficace
cessite une bonne gouvernance et doit Pourquoi faut-il les soumettre
être la plus courte possible. à la concurrence ? La première condition pour que puisse
Il est important, particulièrement jouer la concurrence est qu’il existe as-
Les facteurs sur lesquels a été choisie sez d’offreurs et de demandeurs ; cette
dans cette phase de transition (écono-
l’organisation en monopole ne sont affirmation doit être nuancée, des
mique, technique et réglementaire),
plus acceptables dans le cadre des courants d’économistes soutiennent
mais de manière générale, de distin-
évolutions technologiques. qu’une situation de concurrence n’est
guer entre Régulation et Concurrence
On peut citer : pas toujours et nécessairement liée à
et Politique de la Concurrence et Droit
ʔ Le retrait de l’Etat en tant que l’existence d’un grand nombre d’opé-
de la Concurrence.
garant de la fourniture d’un service rateurs sur un marché donné.
La singularité du marché des public. La notion de service public a Sur certains marchés, il est préférable
télécommunications évolué à la lumière des évolutions de d’avoir une structure oligopolistique
la conception de ce dernier dans une du marché, c’est le cas notamment
La concurrence dans les industries de économie mondialisée et concurren- pour les industries de réseaux. En effet,
Réseaux : l’héritage, la compétition et tielle et aussi par le retrait de l’Etat des certains marchés peuvent être concur-
l’innovation, quel équilibre ? activités économiques susceptibles rentiels même dans une structure oli-
Pourquoi les industries de réseaux sont d’être assurées par le secteur privé ou gopolistique; c’est la théorie des mar-
constituées en monopole ? (télécoms, au moins par le marché. chés « disputables » ou « Contestable
énergie, transport ferroviaire, …..): ʔ Les évolutions technologiques Markets » (Baumol, Panzar, et Willig).
ʔLes justifications économiques ; dans de nombreux secteurs ont rendu C’est une responsabilité de la puis-
ʔLes justifications techniques et tech- les justifications du monopole cadu- sance publique de favoriser ou non des
nologiques ; ques; ces évolutions ont impacté plus marchés de cette nature. C’est là que
Et Pourquoi faut-il les soumettre à la particulièrement les télécoms (des in- l’on distingue la politique de la concur-
concurrence et la compétition entre novations majeures dans la technolo- rence du droit de la concurrence.
opérateurs ? gie radio et les communications élec- Mais, l’action sur la structure de l’offre
ʔLe retrait de l’Etat ; troniques); les autres secteurs comme doit être bien étudiée pour ne pas pro-
ʔ L’évolution technologique et l’effi- l’énergie ou les transports ont aussi duire des effets pervers (surconsom-
cience de l’allocation des ressources par leurs modèles de transformation. mation de ressources rares, faible inno-
le marché Ainsi, une grande partie des infrastruc- vation, désinvestissements….).
Quelles sont les conditions structu- tures (réseaux) sera « « divisibles », et
relles d’une concurrence ? La régula- l’autre partie pourra être utilisée en Qu’est ce qui justifie une
tion Amont commun dans le cadre de la politique structure oligopolistique
ʔL’ouverture des réseaux aux tiers, de déréglementation (régulation) Des dans le secteur des Télécoms ?
ʔ Le partage des ressources rares et questions demeurent, cependant,
la surveillance par une autorité indé- posées et qui relèvent d’une mission ʔLes coûts d’entrée et de sortie sont
pendante ; (licence, autorisations, agré- particulière de l’Etat à travers la régle- souvent très élevés (investissements
ments…). mentation ; il s’agit de la mission de ré- en infrastructure et réseaux) ;
ʔLa régulation amont des marchés ; gulation. ʔL’innovation est le moteur du déve-
ʔ Le principe du droit d’accès des loppement dans ce secteur ;
Les justifications économiques tiers aux réseaux ; ʔC’est un marché d’offre ; il doit être
ʔLa régulation de l’utilisation des res- un marché d’offre grâce à l’innovation
Pendant longtemps, l’analyse écono- et à ce titre, une atomisation des opé-
sources rares ;
mique considérait, à juste titre, que l’or- rateurs sur le marché ne favorise pas
ʔLa co-localisation ;
ganisation en monopole de certaines l’investissement dans l’innovation
ʔL’interconnexion ;
activités économiques est plus effi- dans les nouveaux services et dans les
ʔLe service universel ;
ciente que la concurrence, il s’agit des nouvelles technologies.
Mais la justification de l’oligopole ne dans le réseau local. Ce marché s’est ʔAméliorer le taux de pénétration de
dispense pas la puissance publique de ouvert avec l’arrivée des techniques de l’internet sur l’ensemble du territoire,
suivre le développement du secteur boucle locale radio et le dégroupage en une durée raisonnable.
et l’investissement en R-D, la prise en de la boucle locale traditionnelle. En Algérie, l’opérateur historique Al-
charge du service universel L’enjeu est de passer d’un marché de gérie Télécom, continue de bénéficier
demande à un marché de l’offre. Au- de cette protection en exploitant seul
La fonction de régulation est jourd’hui, en Algérie, le marché de la la boucle locale. Un avant-projet de loi
essentielle dans les marchés voix est en train de devenir un marché amendant la loi sur les télécommuni-
des industries de réseaux d’offre, ce qui va entrainer la baisse cations et la poste de 2000 (loi 2000-
des tarifs. Les autres services, même 03, aout 2000), vient d’être adopté par
La fonction de régulation qui incombe faibles, sont encore sur un marché de le conseil des ministres (mars 2017)
à l’État, puissance publique, est orien- demande (internet sur Mobile), ce qui introduit le dégroupage de la boucle
tée sur trois missions principales : explique une tarification élevée. L’offre locale et ouvre ainsi l’infrastructure
ʔ L’organisation des différents mar- d’Internet ADSL sert de référence à la (boucle locale) à de nouveaux opéra-
chés ; tarification sur le marché. On verra, teurs d’internet (1).
ʔ La promotion et la surveillance de sous peu, grâce à la concurrence, les
la concurrence sur ces différents mar- prix internet mobile devenir moins La dynamique du marché des
chés ; chers que sur le fixe, si l’opérateur his- communications mobiles
ʔLa protection des consommateurs. torique ne réagit pas.
Mais régulation et concurrence ne sont En Algérie, le marché de la télépho-
Les réseaux alternatifs ou virtuels sont
pas synonymes; la première est un pré- nie mobile enregistre une croissance
aussi un concurrent sur qui il faut
alable à l’efficacité de la seconde dans stable depuis 10 ans avec 48 millions
compter dans l’avenir.
tous les marchés, mais plus particuliè- d’abonnés en 2016, soit un taux de
ʔLe projet de Loi fixant les règles gé-
rement dans les industries de réseaux. pénétration de 120%.Il est composé
nérales relatives à la poste et aux com-
de trois opérateurs qui fournissent des
Concurrence et développement munications électroniques, stipule
services GSM, 3G et plus récemment
dans son exposé de motifs, les nou-
des TIC en Algérie des services 4G (septembre 2016). Mo-
velles règles du jeu pour le développe-
bilis, filiale à 100% d’Algérie Télécom,
Le cadre institutionnel de la régulation ment du secteur comme suit :
a été la première à lancer des services
des différents marchés, en particu- ʔ« Dans le cadre du renforcement de
mobiles en 1991 et son réseau GSM en
lier son volet relatif à la concurrence, la concurrence et de l’enrichissement
1999. Le marché mobile a été ouvert à
est devenu un facteur de succès des de l’offre de services, notamment l’ac-
la concurrence en 2001 accordant en
autres politiques de réformes comme cès et les services à valeur ajoutée, des
cette même année une licence GSM
la privatisation, l’attractivité des IDE et dispositions nouvelles visant à insti-
à Djezzy et une autre à Ooredoo en
la compétitivité de l’économie natio- tuer le droit d’accès à la boucle locale
2003. La 3G, lancée en 2013, a connu
nale : donc, l’absence d’un cadre de ré- aux opérateurs ont été proposées.
une adoption très rapide avec près de
gulation efficace retarde les processus ʔAccélérer le processus d’assainisse-
20 % du parc total d’abonnés dès la
de transformations souhaitées. La poli- ment et de parachèvement du réseau
première année de lancement.
tique de la concurrence doit s’appuyer de distribution,
sur ce cadre institutionnel pour mettre ʔRentabiliser les investissements co- La dynamique du marché de
en œuvre des instruments et des le- lossaux de l’Etat en matière de moder- l’Internet
viers dans le cadre des politiques éco- nisation du réseau d’accès,
nomiques structurelles ou conjonctu- ʔPermettre l’émergence d’une réelle Internet forme l’innovation la plus im-
relles. activité économique en ligne en ame- portante de la fin du 20ème siècle avec
ʔ Durant cette période, l’absence nant les opérateurs à fournir des ser- aujourd’hui plus de 3milliard de per-
de concurrence est néfaste aussi bien vices à valeur ajoutée, dans un cadre sonnes connectées dans le monde
pour les opérateurs économiques que concurrentiel, et probablement des dizaines de mil-
pour le développement économique ʔ Améliorer la qualité des services liards d’objets et de robots qui dia-
et même le consommateur. offerts au public en brisant le mono- logueront entre eux demain.
L’accès direct au client a été longtemps pole de l’opérateur historique, tout en La dynamique d’Internet offres de
le monopole de l’opérateur historique. permettant à ce dernier d’optimiser la réelles opportunités de croissance. En
En dépit de l’ouverture globale à la bande passante, aujourd’hui très fai- Algérie, cette dynamique est récente
concurrence, il est resté protégé par la blement utilisée, et ne commence à être réelle que de-
barrière que constituent les investisse- puis peu car avant 2013, l’accès à In-
ments très importants nécessaires à la
(1) Projet de Loi fixant les règles générales relatives à la poste et aux communications électroniques.
mise en place d’infrastructures en câble (adopté par le conseil des ministres du 02 mars 2017 ; actuellement en débat à l’assemblée nationale).
ternet était fourni exclusivement par des Smartphones et l’attractivité des ʔpermettre l’émergence d’une réelle
l’opérateur Algérie Télécom via son ré- contenus. activité économique en ligne en ame-
seau fixe ADSL. Les opérateurs publics, particulière- nant les opérateurs à fournir des ser-
De ce fait, le taux de pénétration d’In- ment l’opérateur historique Algérie vices à valeur ajoutée, dans un cadre
ternet était très faible avec une mau- Télécom, ne profiteront pas de la forte concurrentiel,
vaise qualité de service due notamment croissance du secteur des TIC tant que ʔ améliorer la qualité des services
à la faible capacité de la bande passante la transformation stratégique et struc- offerts au public en brisant le mono-
internationale, au faible nombre de liai- turelle n’aura pas été menée complè- pole de l’opérateur historique, tout en
sons par câbles sous-marin ou terrestre tement. L’industrie de la voix, de l’ADSL permettant à ce dernier d’optimiser la
avec l’étranger, à la vétusté du réseau et de la location des infrastructures bande passante, aujourd’hui très fai-
local, au monopole exercé sur le réseau actives et passives s’inscrit dans une blement utilisée,
fixe, au manque de contenus, etc. logique de monopole et de son corol- ʔaméliorer le taux de pénétration de
Mais depuis 2013, une nouvelle ère laire la rente. Or, on le sait maintenant, l’internet sur l’ensemble du territoire,
s’est ouverte avec d’une part, des ef- en théorie comme en pratique, cette en une durée raisonnable.
forts considérables fournit par Algérie logique n’incite pas au développe- En outre, le projet de loi consacre le
Télécom pour l’augmentation de la ment ni à l’innovation. droit, pour un abonné, de conserver
bande passante qui est passé de 277 Le projet de Loi fixant les règles géné- son numéro de téléphone lorsqu’il
gbps en 2014 à 640 gbps en 2016, une rales relatives à la poste et aux commu- change d’opérateur.
mise en services de nouveaux équipe- nications électroniques, stipule dans Cette disposition est applicable à la
ments (MSAN) (2), le remplacement des son exposé de motifs, les nouvelles téléphonie mobile. La portabilité du
câbles en cuivre par de la fibre optique règles du jeu pour le développement numéro permet d'appuyer la concur-
(plus de 80.000 Km déployée sur le ter- du secteur comme suit : rence, et d’inciter les opérateurs à amé-
ritoire national) et l’utilisation de nou- « Dans le cadre du renforcement de la liorer l’éventail et la qualité de leurs
velles technologies (LTE ) (3). concurrence et de l’enrichissement de offres afin de fidéliser leurs abonnés. »
D’autre part, le lancement de la 3G l’offre de services, notamment l’accès Toutes ces évolutions technologiques,
en décembre 2013, puis la 4G en sep- et les services à valeur ajoutée, des dis- et leurs impacts sur l’émergence de
tembre 2016 a permis aux trois opéra- positions nouvelles visant à instituer nouveaux services de plus en plus
teurs mobiles présents sur le marché le droit d’accès à la boucle locale aux complexes et de plus en plus virtuels,
d’offrir des services Internet haut débit opérateurs ont été proposées. Ces dis- seront de nouvelles préoccupations
sur l’ensemble du territoire national positions visent notamment à : pour les autorités de régulation et de
(100% couvert par la 3G et 50% par la ʔaccélérer le processus d’assainisse- concurrence car elles exigent de nou-
4G). Le marché d’Internet compte éga- ment et de parachèvement du réseau velles compétences et de nouveaux
lement 27 fournisseurs d’accès Inter- de distribution, savoirs faire dans les domaines écono-
net qui ciblent davantage la catégorie ʔ rentabiliser les investissements miques et juridiques.
des clients professionnels. colossaux de
Ces évolutions se reflètent sur le l’Etat en ma- Abonnés Internet 2014 2015 2016
nombre total d’abonnés qui a aug- tière de mo- Nombre total d’abonnés 10.110.938 18.583.427 28.458.257
menté de plus de 50% en un an. Cet dernisation du Source : ARPT
engouement pour Internet est encou- réseau d’accès,
ragé, également, par la disponibilité Nombre d’abonnés au service Internet
(2) Multiservice Access Node : une nouvelle technologie de télécommunications qui rapproche (3) Long Term Evolution est la technologie par excellence des réseaux sans-fil
les équipements des clients autorisant des débits plus élevés et intégrant l'ADSL et et possède la capacité de permettre à un plus grand nombre d’utilisateurs
la voix ainsi que certains services comme la visiophonie, conférence à trois, etc... d’accéder au réseau sans-fil à grande vitesse sans compromettre la performance.
&RPPHQWODFRQFXUUHQFHSHXW
DLGHU¢FU«HUGXWUDYDLO
Maître Andrea Filippo Gagliardi
Master en droit de l’OMC, Université de Michigan, Diplôme
d’Hautes Etudes Européennes, Collège de Bruges, Expert
intégration économique P3A
&RQFXUUHQFHHWELHQ¬WUHVRFLDO
Maître Rafik RABIA
Avocat au Barreau de Tizi-Ouzou, et Enseignant-Chercheur
aux universités de Cergy Pontoise et Paris-Est Créteil (France)
Il faudrait, toutefois, aborder cet coûts de production et, par consé- de ses finalités. Son appréciation
objectif de bien-être social par son quent, le prix. doit se baser sur les restrictions
côté empirique, autrement dit, sur L’innovation peut entrainer la dis- qui empêchent et ralentissent les
la pratique du Conseil dans la pré- parition de certains métiers qui objectifs vers lesquels tendent les
servation de ce bien-être social. constituent, depuis longtemps, un règles de concurrence. Liberté d’en-
L’atteinte à la concurrence, qui est maillon principal dans la chaîne de treprendre, protection du concur-
la situation que le Conseil tend à production. C’est à partir de ce pos- rent, protection de la concurrence,
appréhender, doit être appréciée tulat que les observateurs portent l’amélioration de l’efficience écono-
en fonction de la finalité même de un regard sévère sur la concur- mique, toutes ont eu leur part de
la concurrence. Cet exercice, qui rence. Une lecture technique de défense par la doctrine.
parait simple de prime abord, se l’application des règles de concur- Pour les ordo-libéraux, par exemple,
retrouve plus complexe à mettre en rence démontre le grand apport de la concurrence ne doit, en aucun
œuvre (I). Plusieurs écoles se sont la concurrence dans la création et la cas, être déviée de son objectif pre-
confrontées pour faire primer leurs préservation de l’emploi (II). mier qui est la protection de la liber-
finalités respectives (2). té d’entreprendre face à l’excès de
I)- L’analyse téléologique de
Le consommateur et l’entreprise, pouvoir. En analysant de plus près
malgré l’absence d’objectif direct la concurrence les conséquences d’une restriction
les concernant, trouvent une place Quelle finalité pour la concurrence ? de la liberté d’entreprendre, l’in-
prépondérante dans l'échiquier Le consommateur est considéré térêt du consommateur resurgit,
concurrentiel. L’emploi, quant à lui, comme l’objet de convoitise des comme par magie, avec une place
reste le point de controverse de la opérateurs, celui qui doit être sé- de taille dans le trône des objectifs.
doctrine. La concurrence revêt, en- duit, manipulé, ensorcelé par des Ils estiment, par exemple, que cette
core aujourd'hui, de cette présomp- publicités, photos et musiques en- restriction de liberté peut avoir des
tion de destruction d’emploi. traînantes. En réalité, les grands conséquences significatives sur
penseurs des différentes écoles le consommateur en limitant son
Si nous vivons, aujourd'hui, dans choix ou en lui imposant des presta-
un monde dans lequel des voitures économiques ne lui laissent pas
une place prépondérante dans tions accessoires ou dépendantes (3).
obéissent à nos moindres désirs,
des ordinateurs se substituent à cette équation complexe. Leur but La concentration de marché peut,
plein de nos tâches et des télé- est l’atteinte d’une situation d’équi- par ailleurs, s’avérer aussi dange-
phones qui font office de couteau libre concurrentiel. Cependant, par reuse pour la concurrence que l’exis-
suisse, c’est bien grâce à la concur- l’application de toutes ces finalités tence même d’une position domi-
rence. Les opérateurs économiques économiques, le consommateur nante et des abus qui en découlent.
ont compris, depuis longtemps, que finit par resurgir comme la princi- Un marché concentré est celui dans
la concurrence par le seul prix n’est pale occupation des autorités de la lequel la production est concentrée
plus une solution pérenne pour une concurrence (B). autour d’un nombre limité de pro-
maximisation des richesses. Il fallait Cet objectif de bien-être du ducteurs. S’appuyant sur la théorie
se démarquer par autre chose que consommateur se retrouve et se structuraliste de l’école d'Harvard,
le prix. Elles ont, donc, entrepris une réalise à travers un mécanisme in- le droit de la concurrence doit avoir
démarche vers une innovation de direct qui favorise l’entreprise, un comme premier objectif la préser-
plus en plus rapide offrant un maxi- autre maillon du bien-être social, vation de la structure du marché.
mum de nouveaux produits. Des dans sa recherche d’une maximisa- Plus le marché est concentré plus
marchés se créent et disparaissent tion des richesses (A). le choix des consommateurs est
en fonction de l’obsolescence des restreint. Il faut comprendre alors
produits. A/ La protection indirecte de cette théorie comme un corolaire
Il arrive, parfois, que cette innova- l’entreprise de la liberté d’entreprendre dans la
tion ne touche pas directement le mesure où le but de son application
L’atteinte à la concurrence est une
produit mais plutôt le processus est de déconcentrer le marché par
notion qui doit s’analyser à partir
de fabrication. Cette efficience en- le démantèlement des barrières à
traine une baisse considérable des (3) Voir sur ce point D. GERBER, Law and Competition
l’entrée (4).
in Twentieth Century Europe : Protecting Prometheus,
Oxford, Charon don Press, 1998, p. 240.; W. MÖSCHEL,
(2) CD. J. GERBER, « Les doctrines européenne et améri-
« Competition policy from an Ordo point of view », in
caine du droit de la concurrence », in. La modernisation A. PEACOCK et H. WILLGERODT, German neo-libals and (4) I. LIANOS, La transformation du droit de la concur-
du droit de la concurrence, Dir. G. CANIVET, Paris. L. G. D. the social market Economy, MacMillan, London, 1989, p. rence par le recours à l’analyse économique, Athènes,
J 2006, p. 110 142 et s., p.146 2007, Bruylant, p. 305.
Cette théorie permet, d’une part, Il est vrai que les règles de concur- teur au rang de principe à valeur
d’assurer un choix et des substituts rence ne peuvent, en aucun, cas constitutionnelle au même titre
aux consommateurs en cas d’une avoir comme finalité la protection que la liberté d’entreprendre. Cela
augmentation de prix ou de baisse du concurrent. Il serait, toutefois, ne peut être contradictoire dans la
de volume de production et, d’autre erroné de réduire l’entreprise à une mesure où le deuxième est une ga-
part, d'empêcher les comporte- simple entité à surveiller. Les règles rantie de la protection du premier.
ments collusifs par une concerta- de concurrence tendent, en réalité, Par une liberté d’accès au marché
tion des opérateurs, favorisés par la à protéger l’entreprise et à pérenni- et l’encadrement des excès de pou-
structure concentrée du marché. ser son existence sur le marché. voir, le consommateur ne peut que
La théorie qui a vraiment bouleversé sortir vainqueur d’une bataille des «
la concurrence reste celle de l’école L’analyse de ces trois précédentes prétendants » dans leur course à la
de Chicago qui érige l'efficience théories semble exclure le bien-être séduction du client.
économique au rang des objectifs du consommateur des objectifs de Le consommateur est, en réalité, le
ultimes (5). L’efficience allocutive, la concurrence. Or, les praticiens du curseur qui permet de détecter des
connue sous le nom de l’efficience droit, et essentiellement du droit de problèmes plus graves. Si le prix est
Pareto fait référence à l’équilibre la concurrence, tentent de justifier élevé, la qualité est médiocre, en
dans lequel aucun individu ne voit toute atteinte à l’un des principes l’absence d’alternative au consom-
sa satisfaction diminuée. Tout chan- de ces théories par l’effet de leur mateur, c’est en raison de l’atteinte
gement qui mène à ce résultat est indice sur le consommateur. Il serait à l’un des trois objectifs à savoir,
souhaitable dès lors que la satisfac- bien légitime de considérer que la liberté d’entreprendre, concentra-
tion d’au moins une entreprise est protection du consommateur est tion du marché et efficience écono-
réalisée sans que celle d’autre en- une conséquence qui découle des mique.
treprise soit réduite. L’efficience al- causes produites par des défail- Les règles de concurrence s’op-
locutive est atteinte lorsque chaque lances sur d'autres finalités avouées. posent à toute concentration éco-
ressource est orientée, grâce au mé- B/ Bien-être du consommateur : nomique qui porte atteinte à la
canisme de prix, vers son usage le finalité « certaine » par ricochet structure du marché, ayant comme
plus valorisé. Toutefois, cette forme conséquence une restriction de
d'efficience au sens de Pareto n’est Dans l’analyse économique de la concurrence. Elles acceptent, en
pas applicable dans une réalité éco- concurrence, l’impact d’un compor- revanche, toute concentration qui
nomique. Une perte de chiffre d’af- tement sur le consommateur est apporte une innovation techno-
faires ou une croissance des parts la ligne conductrice à des dysfonc- logique, gains d’efficience qui se
de marché ne peut qu’augmenter tionnements plus graves. Toutes les répercutent, in fine, positivement
ou diminuer celle de l’autre. atteintes à ces théories se matéria- sur le prix et la qualité des produits.
lisent par un impact significatif sur Toute concentration qui réduit le
L’efficience productive, quant à elle, le consommateur. Pour la liberté choix du consommateur, ou risque
signifie que les ressources exis- économique, le but est de per- de lui causer une augmentation de
tantes sont utilisées le mieux pos- mettre à tout opérateur d’accéder prix ou une baisse de qualité revêt
sible pour satisfaire les nécessités à un marché. Cela est synonyme une présomption d’illégalité.
de l'efficience économique des in- d’une nouvelle pression concurren-
dividus. Autrement dit, l’existence tielle qui pousse les opérateurs à se Les opérations de concentration
d’efficience est synonyme d’ab- démarquer en proposant de meil- peuvent présenter un risque consi-
sence de gaspillage des ressources leurs produits à des meilleurs prix. dérable d’entrave, notamment par
permettant de produire à moindre Il en est de même pour l’objectif de la concentration du marché. Les
coût. Enfin, l’efficience dynamique, la structure du marché qui permet à entreprises peuvent procéder faci-
une forme d’efficience mise en un marché d’être moins concentré, lement à des pratiques concertées
avant par l’école autrichienne, par le démantèlement des barrières condamnant le consommateur à
consiste à produire des gains en in- à l’entrée, et éviter une augmenta- s’habituer à un prix assez élevé et un
novation, amélioration de produc- tion de prix suite à des pratiques service de moindre qualité par un
tion et l’apparition de nouveaux collusoires. cloisonnement du marché. Une en-
produits. treprise peut, également, augmen-
La nouvelle constitution algérienne ter le prix d’une manière unilatérale
a érigé la protection du consomma- en l’absence d’alternative dans le
(5) H. HOVENKAMP, Antitrust Policy After Chicago, 84
MICHIGAN L. REV. 213, 219 (1984).
cas d'une acquisition, par exemple, revêt pas d'une importance directe, réalité, difficilement applicable par
de son principal concurrent ou d'un l’emploi est, lui aussi, un objectif manque d’informations, ex ante, sur
franc-tireur. L’entreprise agit en de- certain par ricochet (A). les vraies capacités des entreprises.
hors de toute pression concurren- La concurrence revêt de cette pré- La deuxième est celle qui pratique
tielle en laissant le consommateur somption de destruction de l’em- des prix différents selon la quanti-
proie à son excès de pouvoir. Une ploi. Il faut, toutefois, être simples té achetée. Elle est mise en œuvre
autorité de la concurrence apprécie et modestes, vivre avec son temps à défaut d’une information exacte
donc le marché à partir de son im- et ne pas ramer à contre-courant. lui permettant de répartir les clients
pact sur le consommateur qui est, La concurrence est un vecteur d’in- selon leur capacité d’achat. Et enfin,
lui-même, le principal moteur de novation qui, elle, modifie la struc- la discrimination de troisième de-
l’économie, sans être une finalité du ture de l’emploi dans le monde mo- gré qui, en présence d’informations
contrôle. derne (B). suffisantes, répartit la clientèle en
fonction de leur capacité d’achat.
Le rôle du Conseil de la concur- A/ Concurrence et
Dans le but de permettre à toutes
rence n’est plus à démontrer. Le préservation de l’emploi
les entreprises, sur un niveau de
débat sur la place et le statut du processus de distribution, de partir
Quel intérêt pour l’emploi dans le
Conseil doit être dépassé pour lui sur des bases égales et pouvoir, par-
contrôle effectué par le Conseil ?
permettre d’accomplir sa mission. là, empêcher l’éviction d’un opé-
Dans l’objectif de la préservation
De deux choses l’une ; soit nous rateur, les règles de concurrence
d’un équilibre concurrentiel, les
optons pour une économie libé- interdisent toute pratique discrimi-
règles de concurrence tendent à
rale, auquel cas l’existence d’un natoire par le prix. Cette dernière
protéger indirectement le concur-
Conseil de la concurrence libre, peut mener à une baisse de pres-
rent. En protégeant la concurrence,
autonome, sans aucune subor- sion concurrentielle sur un marché
on protège le concurrent et, par
dination à un ministère, doté de de distribution suite à l’éviction
conséquent, l’emploi.
tous les pouvoirs (enquête, per- d’un concurrent, et par ricochet,
quisition, saisie…) est indispen- Par l’interdiction de certains com- une augmentation de prix.
sable pour assurer une cohésion portements, comme le refus de La discrimination par le produit,
économique et sociale, soit nous fourniture, les politiques d’éviction quant à elle, attaque directement
retournons à une économie diri- et la discrimination, les règles de la raison d’existence d’un opé-
gée, perspective non souhaitable concurrence assurent une pérenni- rateur. Sentant la dépendance
à bien des égards. Le Conseil de la té de l’entreprise sur un marché et économique d’une entreprise, la
concurrence n’est pas une faculté les emplois qui lui y sont attachés. firme dominante pourrait arrêter
mais une nécessité absolue et la La discrimination est considérée de fournir l’entreprise en question
révision de son statut doit être comme la principale cause de l’évic- qui, dans le meilleur des cas, perd
considérée comme une urgence tion des opérateurs du marché. une grande partie de son chiffre
nationale. d’affaires, ce qui bouleverse l’équi-
Les pratiques discriminatoires par
Les différentes règles de concur- le prix commencent du haut du libre avec ses concurrents, ou dans
rence tendent à préserver un bien- processus de distribution. Il s’agit le cas extrême, ce qui n’est pas rare
être du consommateur et assurer de l’usage que fait une entreprise en pratique, pousser l’entreprise
des conditions propices à la maxi- en position dominante en traitant purement et simplement à quitter
misation des richesses pour les deux clients, en pareilles situations, le marché et entraîne, par consé-
entreprises. Qu’en est-il de l’em- différemment. Le but de ces pra- quent, la disparition des emploi qui
ploi ? Quelle place dans l’équation tiques est de favoriser des clients lui sont attachés.
concurrentielle ? fidèles ou importants en leur pro- Les conditions de concurrence re-
posant des prix inférieurs ou des flètent la topographie de la santé
II) Emploi : finalité inavouée ? prestations avantageuses. L’analyse économique et sociale du pays.
L’analyse téléologique que nous économique distingue trois types L’Etat se désengage, certes, avec
avons effectuée nous démontre que de stratégies discriminatoires : l’adoption d’une économie libérale
les différentes théories ne tendent à La discrimination de premier degré de l'espace concurrentiel des entre-
préserver ni le concurrent, ni l’em- qui consiste à traiter deux clients prises, mais ne peut laisser le mar-
ploi. Force est de constater que, à différemment en fonction de leurs ché proie à l’égoïsme primaire des
l’image du consommateur qui ne caractéristiques et leurs prix de ré- humains.
serve. Cette discrimination est, en
Il ne peut, non plus, être soumis salarié productif et indispensable. Ces nouveaux secteurs numériques
aux règles de concurrence dans la L’efficience est le contraire du gas- ne sont pas sans failles. Pour la sé-
mesure où, par nature, il n'exerce pillage, et un employé productif ne curisation des sites, de la naviga-
pas une activité économique. Par peut être considéré comme tel. Il tion, des paiements et des infor-
les aides qu'il octroie à certaines s’agit d’un maillon du processus de mations personnelles, la nouvelle
entreprises, l'Etat peut, toutefois, production et de commercialisation structure de l’emploi impose la
influencer considérablement les qui cessera d’exercer ses fonctions. création d’un métier de sécurité in-
conditions de concurrence sur le ternet qui représente un élément
Ce n'est que pour le remplacer important du fonctionnement du
marché. Il n’existe, malheureuse-
par un outil technologique nou- marché. Pour prendre l’exemple de
ment, aucune disposition qui enca-
veau, qui lui permet de produire à ces plateformes internet, Facebook
dre ces aides d’Etat. L’article 43 de
moindre coût, avec moins de pé- a employé 17.000 personnes en
la constitution consacre le principe
nibilité au travail, que l'entreprise 2016, Google plus de 72.000 à plein
de l’égalité de traitement des en-
s'en sépare. Cette dernière phrase temps. Amazon, pour sa part, a em-
treprises. Rien ne peut justifier un
vous laisse dire à votre voisin " tu as ployé en 2014 plus de 160.000 sala-
traitement différent pour des entre-
vu, je t'avais dit que la concurrence riés avant de doubler leur nombre,
prises en pareille situation. Qu'elles
tue l'emploi ". C'est faux ! La concur- en 2016, pour atteindre 340.000.
soient publiques ou privées, natio-
rence est un vecteur d’innovation Ces interfaces font travailler égale-
nales ou étrangères, toutes les en-
et c’est cette dernière qui tue l’em- ment des centaines d’entreprises
treprises de droit algérien doivent
ploi. Il ne s’agit pas d’une dispari- qui emploient dans différents mar-
bénéficier du même traitement. Les
tion du travail mais d’une mutation chés connexes.
entreprises publiques bénéficient
de l’activité humaine vers moins
de subventions et/ou des exonéra-
de pénibilité. Beaucoup de métiers
tions fiscales, qui les placent dans
ont disparu à l’image du scribe, par
Pour conclure, il faut savoir que
une position favorable par des l’intelligence artificielle a remplacé beau-
l’invention de l’imprimerie, le dé- coup de nos métiers. La machine sait
coûts de productions moins impor-
veloppeur de photos sur pellicule très bien collecter des informations, les
tants que leurs concurrents directs.
ou l’allumeur de réverbères. Des enrichir et les utiliser au temps utile à
Ces aides peuvent constituer des bar- produits également ont disparu et une vitesse qui dépasse de loin celle de
rières à l’entrée ou pousser des entre- d’autres tendent à disparaitre. A l’humain. Les nouveaux marchés créent
prises à quitter le marché. L’Etat, qui court terme, le chauffeur de tout de nouveaux postes et métiers qui re-
est dans une dynamique de désen- véhicule, le comptable, les cais- quièrent de nouvelles compétences. Il
gagement en matière de subvention, sières et même le métier de votre est urgent que notre système scolaire
doit impérativement encadrer les serviteur vont disparaitre en lais- et universitaire adapte son mode de for-
aides aux entreprises, publiques ou sant place à une structure nouvelle. mation aux exigences de l’air de l’intel-
privées, de sorte qu’elles soient oc- ligence artificielle. La personne formée
troyées de manière discriminante et Il faut se baser sur la vision schum- pour mémoriser et utiliser ses connais-
petérienne de la concurrence sances par une application mécanique
non discriminatoire.
pour comprendre son étendue. La ne trouvera aucune place dans ce nou-
B/ L’innovation et l’emploi concurrence fait disparaitre des veau marché de travail.
emplois, non pour garder le poste La machine le fait mieux que l’homme,
Si nous regardons l’impact de la plus rapidement et avec une marge d’er-
vide, mais du fait de leur obsoles-
concurrence d’un regard profane, reur de 0%. Si nous continuons à créer
cence. Cette destruction est créa-
nous serons tous entrain de tirer des concurrents à la machine, en basant
trice d'autres emplois et d'autres notre système sur la mémoire, nous
à boulets rouges sur le processus.
secteurs. Il s’agit d’une équation n’aurons aucun poste à proposer à nos
Il est vrai que la recherche d’une
de destruction et de reconstruc- enfants.
efficience allocative, donc la dimi-
tion permanente de la structure du Faire concurrence à la machine est une
nution des coûts pour offrir le prix
marché de l’emploi. Par exemple, cause perdue. Il faut, par conséquent, ab-
le moins cher, peut être considérée
les métiers de vendeur, de distribu- solument former nos étudiants dans un
comme contradictoire avec l’ob-
teur de prospectus, de démarcheur domaine que la machine n’est pas prête
jectif de la préservation de l’em- à explorer. Il s’agit de l’esprit critique, ré-
à domicile ont muté pour devenir
ploi. C’est méconnaître le monde fléchir au-delà de la mémoire, au-delà
le métier du Web master. Il scrute
de l’entreprise que de penser les des acquis théoriques pour assurer l’in-
le comportement de tous les indivi-
opérateurs économiques en me- novation et leur réserver une place de
dus pour leur proposer des produits
sure de se passer du service d’un marque dans le monde de demain.
à consommer via des algorithmes.
/DFRQFXUUHQFHGHOൄ«FRQRPLHLQIRUPHOOH
GHVHPSORLVHQGDQJHU"
Mohamed Saïb Musette
Sociologue, Directeur de recherche,
Chef de division Développement humain
et économie sociale au CREAD
Résumé
Une révision du mode de régulation du marché du travail
est attendue selon le nouveau « code du travail » - en circu-
lation depuis quelques temps. Le débat reste ouvert quant
à la « l’illégalisation » du travail informel ou la « formalisation
» de l’économie informelle. L’emploi informel (non affilié à
la sécurité sociale) est estimé à 4,3 millions selon l’enquête
Emploi 2017 de l’ONS. Cette économie contribue autour
de 35% à la formation du PIB. Ces constats appellent à un
diagnostic profond avant toute prise de décision. Que sa-
vons-nous de cette économie ? Quelle approche adoptée
pour éviter les tensions sociales sur le marché du travail ? part, d’une clause du nouveau Code de Travail (version
Notre analyse est fondée sur une série de rapports, d’études 2014 - encore en débat ?) « illégalisant » le travail informel
et de thèses sur le marché du travail et sur l’informel en par- (1) : ce projet de texte parle de « travail illégal » dans sa
ticulier ainsi que l’exploitation des données statistiques et tryptique : social, économique et fiscal.
de textes réglementaires réalisées depuis les années 2000 D’autre part, l’économie informelle est régulièrement esti-
à ce jour. mée comme une des contraintes au développement par
Cette réflexion plaide pour une régulation graduelle du les chefs d’entreprises. C’est qui ressort aussi de l’enquête
fonctionnement du marché du travail. La segmentation ef- de la Banque mondiale « Doing Bussiness » (2017). Dans un
fectuée est une procédure technique opérationnelle, mais sondage mené au début de 2017 (BIT/CGEA), les chefs d’en-
c’est la reconstruction de l’ensemble du marché, avec ses treprise évoque « l’informel » comme étant l’un des obsta-
ramifications externes, qui peut donner son intelligence dy- cles majeurs au développement. L’économie informelle est
namique. Toute action «improvisée » ne peut conduire qu’à ainsi réputée pour engager une concurrence déloyale en
exacerber les tensions sociales qui fragiliseraient d’avan- rapport aux entreprises qui seraient conformes aux disposi-
tage les travailleurs et les employeurs et notre économie tions sociales, économiques et fiscales.
dans son ensemble. La vision proposée par le Code du travail et cette percep-
Introduction tion des chefs d’entreprise nous amènent à poser la ques-
tion suivante: la lutte contre de l’économie informelle ne
« L’économie informelle » est aujourd’hui une réalité mon- va-t-elle pas entrainer des pertes d’emplois et des tensions
diale, bien qu’elle soit difficilement mesurable. Cette ré- sociales sur le marché du travail ? Pour cerner les effets de
alité a été dévoilée par le BIT depuis les années 1970 et la lutte contre cette économie et les tensions inhérentes ou
depuis il n’existe plus une économie au monde qui ne dis- prévisibles, nous proposons une réflexion en trois temps. (i)
pose pas un segment de ses activités dans l’informalité. D’abord, il existe plusieurs études, rapports, réflexions en-
Notre questionnement provient de deux constats : D’une gagées sur la base des données globales ainsi que quelques
(1) Projet du Code du travail DZA situation irrégulière au regard de son entrée et de son séjour, (iv) le marchandage de
« Article 135 : Il est institué des mécanismes de contrôle et de l’organisation de la main d’œuvre ». Version 2014.
prévention et de lutte contre le travail illégal sous toutes ses formes, conformément Cette typologie ressemble à celle de la France de 2005 : L’expression “travail illé-
aux dispositions du présent chapitre. gal”, juridiquement consacrée par la loi n° 2005-882 du 2 août 2005, regroupe un
Article 136 : Le travail illégal est défini, au sens de la présente loi, comme l’ensemble ensemble de fraudes majeures à l’ordre public social et économique, précisément
des manœuvres frauduleuses visant à se soustraire ou tenter de se soustraire, en to- prévues et définies par le code du travail. Ces fraudes sont (i) le travail dissimulé (ii)
talité ou en partie, aux règles liées à l’exercice d’une activité économique prévues le marchandage, (iii) le prêt illicite de personnel, (iv) l’emploi d’un étranger dému-
par la législation et la réglementation en matière sociale, économique et fiscale. ni de titre de travail, (v) Le cumul irrégulier d’emplois, (vi) La fraude aux revenus de
Elles recouvrent notamment : (i) l’activité dissimulée, (ii) l'emploi salarié non dé- remplacement
claré,(iii) l'introduction, le séjour et l’emploi illicites de main-d’œuvre étrangère en (http://travail-emploi.gouv.fr/droit-du- travail/lutte-contre-le-travail-illegal/article/
qu-est-ce-que-le-travail-illegal.
exercices micro-économiques (Bellache, 2010). Cette littéra- Ces approches théoriques apportent, chacune à sa ma-
ture permet d’avoir une configuration de cette économie ; nière, des éléments devant permettre de comprendre les
(ii) puis la mesure reste approximative en Algérie. Quelques causes à l’origine de l’économie informelle et les éléments
données de l’ONS apportent un éclairage global ; et enfin qui contribuent à sa dynamique. Une tentative de synthèse
(iii) il existe plusieurs actions qui ont été engagées pour lut- a été élaborée, sur la base des avancées du progrès de la
ter contre les effets pervers de cette économie qui possède connaissance, pour cerner la complexité de l’économie in-
aussi une dimension transnationale. formel autour d’une approche de segmentation multiple
du marché du travail (Gagnon, 2008) et le fonctionnement
1. Que savons-nous sur l’économie informelle ? de chaque segment des activités économiques.
L’économie informelle est une réalité mondiale, non exclu- Figure N°1: Segmentation du marché du travail
sive aux pays en développement. Les tentatives de théorisa-
tion de l’économie informelle ont donné naissance à quatre
écoles de pensée (dualiste, structuraliste, légaliste et volon-
tariste. Chaque école a tenté de cerner la genèse de cette
économie ainsi que les causes de son évolution. Plusieurs
tentatives de mesure de cette économie sont proposées.
Les premières tentatives de circonscrire l’informel en Algé-
rie date des années 1990. Toutes les mesures sont déduites,
de manière indirecte, des enquêtes emploi de l’ONS. Il
n’existe pas d’enquête directe conduite sur cette économie
en Algérie.
Figure N°4 : Evolution des effectifs affiliés ou non) à la sécurité née accessible. Sur une population globale de 28 millions,
sociale de 2006 à 2017 Unité : milliers les actifs sont de l’ordre de 11,4m dont 1,2m de chômeurs.
Le secteur public compte 4m de travailleurs, dont la tota-
lité bénéficie d’une couverture sociale. Le secteur privé
compte 6m d’emplois, dont 3,7 millions (hors agriculture)
ne sont affilié à aucune assurance sociale.
En observant l’effectif réel, on constate qu’il y a une hausse Ce graphique est une illustration de la faiblesse du taux
globale de 2,3 millions entre 2017 et 2006, mais le volume activité en Algérie : le taux de non-participation est estimé
des non affiliés est resté plus ou moins constant avec plus à 59%. Le secteur public emploi 4 millions de salariés.
de 4 millions des emplois. Le taux de l’emploi informel Le privé emploi offre un peu plus de 6 millions emplois,
serait ainsi en baisse passant de 53% en 2006 à 40% en dont 3,5m affirment n’avoir aucune assurance sociale.
2017. Une deuxième lecture peut être faite en fonction du Le taux d’emploi informel dans le secteur privé est estimé
taux de croissance de cette économie qui serait fonction à 66,2% hors agriculture.
de celle de la population active, donc du croit démogra- Ce taux moyen peut être décliné selon le statut dans l’em-
phique. Les courbes du graphique N°4 montre qu’il existe ploi pour l’observer des différentes catégories : les aides
une certaine corrélation, mais à partir de 2015 on observe familiaux affirment n’avoir aucune couverture sociale, les
un décollement des cotisants en rapport avec la popula- salariés, surtout les non-permanents, ne sont pas toujours
tion active. En fait, l’action volontariste de l’Etat, notam- déclarés. Le taux des employeurs non affiliés à la CASNOS
ment de la CASNOS – a pu amener un volume important est assez faible mais un taux assez important est relevé
des employeurs à l’affiliation (5). pour les indépendants.
Cette estimation, aussi intéressante qu’elle soit, mérite en- Figure N°7 : Taux d’emploi informel selon le statut
core d’autres précisions sous l’hypothèse que l’informel ne
peut exister que dans le secteur privé.
l’informel (hors agriculture) en 2014. On constate aussi que 3.1. Effets des politiques actives sur l’emploi dans
le taux varie en fonction du niveau d’instruction : les diplô- l'informel
més de l’enseignement sont moins enclins à accepter un La performance obtenue par l’Algérie dans la baisse du
emploi informel. Ces constats nous semblent cependant taux de chômage durant les années 2000 n’est pas sans
insuffisants pour un diagnostic profond et pertinent pour rapports avec la dynamique de l’informel durant cette
toute prise de décisions. même période. Cette économie a ainsi permis la réduc-
tion des tensions sociales sur le marché du travail. Cet
Figure N°8 : Répartition des emplois informels selon le statut apport de l’informel est appréciable qu’on peut mesurer à
travers l’impact de la politique active du marché du travail
(dispositif ANGEM & ANSEJ, notamment).
Nous avons aussi pu procéder à une évaluation du dis-
positif microcrédit (CREAD/ANGEM, 2013). Ce dispositif a
donné des bons résultats quant à la réduction de la vul-
nérabilité des familles sans revenus ou aux revenus irré-
guliers. Ce dispositif contribue à la création des activités
Source : exploitation résultats détaillés Enquête Emploi ONS 2014
à domicile, notamment à travers les prêts pour achats
des matières premières. Les données attestent une forte
hausse de ce type de prêts.
2.3. Les limites de la mesure actuelle de l’emploi Pour l’ANSEJ, si l’on estime que l’ensemble des micro-en-
Des segments « cachés » ne sont pas identifiables actuel- treprises (de moins de 5 salariés) ont été déclassées dans
lement par les indicateurs statistiques produits. Le travail le secteur informel, on peut ainsi affirmer que l’Etat a déjà
des enfants (moins de 15 ans) reste dans l’ombre, les tra- engagé le processus de transition de l’économie infor-
vailleurs domestiques ne sont pas connus. melle vers le secteur moderne. Ces créations nouvelles
Les emplois dans l’agriculture sont «exclus » dans la me- (micro-entreprises et micro-crédits) constituent ainsi un «
sure de l’informel car la collecte des statistiques dans ce réservoir potentiel » devant permettre le transvasement
secteur imposent des procédures d’investigation particu- des emplois de l’informel vers le formel, sans pour autant
lières qui ne sont pas régulières. Le dernier recensement désemplir totalement l’économie informelle.
de la population active dans l’agriculture remonte à 2001.
Une récente étude sur l’insertion des jeunes dans l’emploi 3.2. La contribution de l’informel à la contribution
agricole en milieu rural (FAO, 2017) apporte quelques élé- au PIB
ments d’appréciation de l’absence d’une politique active L’estimation de cette contribution continue à faire couler
en direction des jeunes ruraux. beaucoup d’encres. Il n’y pas consensus sur le montant
L’emploi féminin, d’une manière générale, reste mal cerné; réelle de cette économie à la formation du PIB. Les débats
ce qui fait que le taux d’activité féminine soit classé parmi sur la crise financière qui sévit en Algérie et les nouvelles
les plus faible du monde dans les statistiques mondiales (6). mesures ont fait ressurgir la question de l’argent de l’infor-
Ils sont nombreux aussi des « cols bleus » qui d’adonnent mel et de son volume dans les débats de politiques écono-
à des pratiques informelles (médecins, avocats, ensei- miques et financières.
gnants…). Ces activités multiples, estimées propres au La contribution de l’économie informelle repose sur les
secteur agricole, car saisonnières, sont devenues cou- règles de la comptabilité nationale. Un exercice de cette
rantes dans le monde urbain aussi. économie non-observée a été élaboré par l’ONS. Selon J.
Charmes (2014), des estimations antérieures évaluent à
3. Pour une transition graduelle de l’économie près de 30,4% la contribution du secteur informel au PIB
informelle vers le formel non agricole en Algérie en 2003 et à 27,1%, contre respec-
tivement 34,1% et 29,8%, pour la Tunisie (2004) et 16,9% et
Les récents rapports de l’OIT militent pour engager des 14,7% pour l’Egypte (2008) - Ces données sont distinctes de
actions devant faciliter la transition des emplois de l’éco- celles élaborées par Schneider qui donne une contribution
nomie informelle vers le secteur moderne. Il ne fait aucun moyenne de 35% sur la période de 2000 à 2006, ce qui in-
doute que l’Algérie mène une politique de la promotion clut toutes formes de « fraudes » (Bounoua, 2012). La valeur
de l’emploi et de lutte contre le chômage depuis des an- financière de cette économie est complexe. Néanmoins, le
nées. débat est ouvert (7).
Trois initiatives sont à observées (i) celle de la bancarisa-
(6) L’Algérie est classée 189e sur les taux de l’emploi de 192 pays en 2017. Site Web tion (ii) l’emprunt obligataire (iii) la finance islamique. Des
Banque mondiale :
https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/SL.TLF.CACT.FE.ZS mesures ont été engagées en vue de la bancarisation de la
- Accès le 15/12/2017. masse monétaire qui circule dans la sphère informelle.
(8) Journal officiel de la république algérienne (JORADP) N°20. Arrêté du 28 mars 2016
(7) Ici existe des données contradictoires, le Premier ministre a annoncé 37 mil-
fixant les conditions et modalités d'émission par le Trésor public d'un emprunt natio-
liards de dollars et l’ex ministre des Finances dans plusieurs déclarations publiques
nal pour la croissance économique, p. 30. Le projet souligne dans ses articles 2 et 3 :
entre 40/50 milliards de dollars. Selon Deborah Harold, enseignante américaine de
« Art. 2 : Les obligations matérialisant l'emprunt visé à l'article 1er ci-dessus, sont
sciences politiques à l’université de Philadelphie et spécialiste de l’Algérie, se basant
émises sous deux formes de maturité de 3 ans et 5 ans et en coupures de 50.000 DA
sur des données de la banque d’Algérie, l’économie informelle brasserait 40/50 % de
chacune. Elles sont émises en la forme nominative ou au porteur, au choix du sous-
la masse monétaire en circulation soit 62,5 milliards de dollars soit plus de quatre fois
cripteur.
le chiffre d’affaires de toutes les grandes entreprises du FCE réunies.
Art. 3 : Les obligations émises pour une durée de 3 ans portent un taux d'intérêt an-
Ces données sont corroborées par un document du Ministère du commerce algérien
nuel de 5,00%. Les obligations émises pour une durée de 5 ans portent un taux d'in-
de 2012 pour qui existeraient 12.000 sociétés écrans avec une transaction qui avoisi-
térêt annuel de 5,75%. Les intérêts produits par les obligations sont exonérés d'im-
nerait 51 milliards d’euros au cours soit 49 milliards de dollars au cours de 2016, dixit
pôts et payables chaque année à la date anniversaire de leur souscription. »
(Mebtoul, mars 2017).
/DFRQFXUUHQFHHWOൄHPSORL
Brahim Hattabi
Directeur Général cabinet de Consulting « Prospect Plus »
Pour rester sur le terrain sportif, on induisant un accroissement de la de la création de plus de 100.000 em-
peut assimiler cela à du dopage dont production, donc forcément celle de plois nouveaux en une dizaine d’an-
certains compétiteurs recourent, par- l’emploi. nées.
fois assistés par leur Etat. L’illustration de cette position est Le transport aérien en France a aussi
L’autre argument clé des défen- donnée par la libéralisation en 1986 du fait de sa libéralisation, induit des
deurs de la saine concurrence est du transport routier en France qui a baisses de tarifs créant plus de 70.000
que, lorsque cette dernière agit sur induit une baisse des tarifs moyens emplois nouveaux directs (transport
la baisse des prix, la demande des d’environ 10%, amenant une aug- aérien) et indirects dans la restaura-
consommateurs étant souvent élas- mentation de la demande et celle tion et l’hôtellerie sans compter les
tique, augmente en conséquence, l’offre de transport qui a été à l’origine autres services…
En conclusion de ce bref exposé, coule, peuvent à court terme être la cause Références
de maux sociaux et de souffrances notam- bibliographiques
il ressort que les effets de la saine concur-
ment pour les catégories les plus fragiles,
rence sur l’emploi ne peut être que béné- - Pierre CAHUC
surtout si l’état ne dispose pas du filet de
fique, bien que ses effets ne sont pas tou- - Francis KRAMARZ
protection adéquat en terme d’assurance - André ZYLBERBERG
jours immédiats et que les conséquences
chômage par exemple et l’aide à la réinser-
sociales induites par la disparition subite
tion.
d’entreprises et du chômage qui en dé-
/DFRQFXUUHQFHFRPPHᅧQDOLW«VRFLDOH
Maître Noureddine Bencheikh, Avocat agréé à la Cour Suprême
et Conseil d’avocats Associés
est une conquête et il ne s’établit que ou à venir, se distinguer de ses contem- fonction publique) et à protéger – pour
dans un rapport complexe avec la ré- porains et s’éloigner de la place où les ceux qui l’ont réussi- les conditions de
gulation et donc la naissance de l’Etat. contingences historiques, familiales contestation de la position acquise.
Il n’existe d’ailleurs pas de marché ni de prétendent vous avoir placé définitive- A la différence d’un processus concur-
concurrence, sans respect de la pro- ment. rentiel, ils reposent sur la préconcep-
priété, système de poids et de mesure, En quelque sorte, l’immigré, celui qui tion selon laquelle il serait possible
sans tribunaux, police, douaniers, pro- quitte son sol natal pour tenter sa d’évaluer à priori l’adéquation d’une
tection sociale, etc. chance, recherche la « concurrence ». personne à une fonction selon un
La possibilité d’une concurrence, dans Sans doute faut-il voir dans la circons- standard abstrait et de donner à cette
ses formes archaïques, apparait en ef- tance que les Etats-Unis soient une appréciation un caractère relativement
fet avec la reconnaissance du droit de terre d’immigration l’explication du permanent. Une fois passée l’étape du
la propriété et du principe de la res- culte qu’ils en sont arrivés à vouer à la concours, quel que soit le mérité effec-
ponsabilité individuelle. L’instauration compétition sous toutes ses formes. tif, l’échec ne se traduit jamais par la re-
de la concurrence dans son état le plus Tout mécanisme de promotion sociale prise du titre. Les « titres » délivrés par
élémentaire requiert, toujours, la pos- repose en réalité sur la possibilité d’une notre système de sélection des élites
sibilité d’un droit de propriété et d’un concurrence par les mérites. L’édu- reposent sur la promesse que ceux qui
droit de responsabilité. cation est une promesse fallacieuse en bénéficieront auront la garantie de
pour les classes populaires si la société n’être jamais pleinement « jugés sur
A- Concurrences et inégalités vers laquelle se dirigent ceux que l’on pièces ». La haute administration pu-
éduque n’admet pas une remise en blique ne licencie pas pour insuffisance
Et donc Parmi les autres présupposés
cause des positions mêmes antérieure professionnelle.
sur la notion de concurrence, le plus
acquises par les mérites de ceux qui Le processus concurrentiel celui du
tenace est celui qui lie étroitement
sont « parvenus » avant eux. Si tous les marché, représente un processus
concurrence et inégalités. La promo-
postes sont verrouillés, si le plus jeune, continu d’évaluation de la capacité de
tion de la concurrence conduirait à la
si l’immigrant n’a pas la possibilité la personne, non à satisfaire à un stan-
justification des inégalités et de leur
de tenter sa chance, de bousculer les dard abstrait mais à besoin concret. La
accroissement.
hiérarchies, lui donner une éducation sanction ex post de l’échec n’est pas
On ne peut pourtant sans inconsé-
revient nécessairement à le frustrer : il la stagnation dans l’échelle sociale
quence assimiler la promotion de la
n’aura pas la possibilité d’expérimenter –comme pour celui qui a passé un
concurrence libre et non faussée à la
ses capacités. C’est la raison pour la- concours- mais le retour parfois très
consécration des inégalités.
quelle la «concurrence par les mérites» brutal à l’état ab initio, celui d’avant le
Le principe de la concurrence libre et
devient un objectif à atteindre. succès, sans « effet de cliquet ».
non faussée est la traduction moderne
A propos de méritocratie Les concours « à l’algérienne » fonc-
du principe d’égalité des chances dans
tionnent comme des sortes de «
les sphères économiques et politiques. Méritocratie par un concours versus barrières d’octroi » à un emploi, qu’il
La liberté de la concurrence, promeut concurrence s’agisse de la fonction publique ou
la mobilité sociale – le droit d’entrée sur
On a cru pendant longtemps résoudre parapublique ou des grandes entre-
un marché, celui de changer d’emploi.
sa contradiction entre la vocation de prises. La compétition pour les postes
Ce qui est en jeu, dans l’idée de concur-
l’éducation et de la promotion sociale est organisée entre ceux qui ont réussi
rence par les mérites tient même à
et son refus apparent de la concurrence un concours à l’âge de 20 25 ans. L’évo-
la conception qu’on se fait du mérite
à travers la glorification du concours, lution est liée à l’ancienneté essentiel-
de sa nature, et de ses rétributions. Le
notamment ceux de la fonction pu- lement et la capacité d’attirer l’œil du
mérite au sein des espaces clôturés
blique. politique, grâce à des règles de coopta-
du monde ancien –le mérite des an-
En soi, la concurrence est cependant tion faisant heureusement la part à un
ciens- est affaire de conformité aux
bien différente des « concours ». Certes, certain mérite, mais qui est tout relatif
codes et de préservation des espaces
les concours mettent « en concurrence cependant. Tout est d’ailleurs fait pour
: c’est le mérite du descendant d’une
» les candidats. Leur objet cependant, que d’autres modes de recrutement
lignée auguste qui essaie de se hisser
est de répartir une « pénurie » de ne puissent ébranler ceux en place. Le
à la hauteur de ses ancêtres. Le mérite
postes de manière permanente, in- système exclut ainsi même l’arrivée
des modernes est, lui, le refus de l’as-
tangible, faiblement « contestable ». Ils de profils très brillants venant d’autres
signation d’une valeur à une position
visent ainsi à attribuer des « positions » horizons mais qui ont pu à 20 25 ans,
originelle. Dans ce contexte, être mé-
(le bénéfice d’un diplôme comme droit soit ne pas souhaiter s’engager dans un
ritant c’est non pas s’égaler aux grands
d’exercer), à dispenser des rentes de si- processus, soit tenter leur chance dans
anciens. Bien au contraire, c’est au sein
tuations (par exemple, l’entrée dans la une aventure entrepreneuriale.
d’une individualisation permanente
A l’inverse les « entrés » dans le sys- établi qu’elles reproduisent des canons l’apparence d’un ersatz de concur-
tème auront un droit assez complet, datés : travail individuel, mémorisation rence par les mérites.
d’aller et de revenir vers le « monde expression écrites sont les principales Cette vision-là est en réalité une fiction
sans concours », celui de l’entreprise, et qualités sollicitées. socialement mortifère pour ceux qui
de revenir à la fonction publique avec En effet, tout est donné à ces méritants sont à la périphérie des lieux de pouvoir
la certitude qu’au cas où leurs presta- à partir de cette ordalie fondatrice et de prospérité et ne peuvent espérer
tions ne seraient pas à la hauteur dans qu’est le concours. Les carrières sont bénéficier d’un milieu leur permettant
leur nouvel emploi, ils pourront revenir commencées, poursuivies et conclues de compenser leur handicap et donc
dans leurs corps d’origine. Les « parve- selon un rituel immuable. Paradoxale- d’entrer dans cette compétition.
nus dans le système » changent ainsi ment le mérite du jeune âge partage Dans cette vision de l’école républi-
de postes, entre cabinets ministériels, plusieurs traits avec celui de l’héritier. caine, le droit de tenter sa chance et
autorités de régulation, grandes entre- Les méritants de l’époque contempo- de contester les positions socialement
prises privées et publiques, la répétition raine sont différents. La compétition acquises les plus élevées n’est ainsi
de ces mouvements browniens créant n’est pas circonscrite à une époque de ouvert qu’entre 6 et 16 ans. Tous ceux
d’authentiques « externalités ». La mo- la vie mais à l’intégralité de l’existence. qui, soit en raison de leur milieu social,
bilité des acteurs dans ces cercles confi- Elle ne se déroule pas selon des lois soit parce qu’ils ont une évolution qui
nés confortent notamment leurs béné- préétablies mais dans des conditions ne leur permet pas de correspondre à
ficiaires dans leurs croyances, devenues perpétuellement changeantes. Si, dans l’idéal-type du bon élève, se voient as-
obsolètes, de la puissance de l’Etat, de le concours, toute la rivalité est réglée treints à rester là où la vie les a, entre 6
son rôle directeur et visionnaire comme ex ante, dans la concurrence réelle, et 16 ans, jetés. Par ailleurs, toux ceux
de la possibilité d’une régulation de toute la rivalité est réglée ex post afin que la fonction publique ou les grandes
l’économie par la grâce d’une rationali- de permettre une adaptation continue entreprises n’ont pas attirés lorsqu’ils
té déductive. Tout ce qui éloigne finale- aux besoins de la société. avaient entre 15 et 21 ans se voient
ment les élites algériennes de celles des De ce fait, le risque que les concours à également exclus de la possibilité de
autres pays industrialisés. l’algérienne aboutissent à la constitu- venir dans la fonction publique et de la
Le concours leur a ainsi délivré une tion d’une aristocratie ou d’un club leur faire bénéficier d’autres expériences. Il
sorte de titres de valeur mobilière qui est consubstantiel. Ils n’entretiennent ne faut peut-être pas chercher ailleurs
pourrait s’apparenter à une forme de ce fait, avec la concurrence qu’un les raisons de performances passa-
d’obligation d’Etat : faible rendement rapport lointain et, en réalité, antino- blement médiocres de nos élites que
en termes de rémunération monétaire, mique. dans leur manque d’hybridation avec
peu de risque de perte du capital (la Les règles du concours, le rituel de la d’autres élites, venues d’autres hori-
sécurité de l’emploi), grande mobilité préparation, la prédétermination des zons, d’autres systèmes de formation.
dans le silo de l’économie administrée. carrières, etc, tout vise à cantonner la Certes, on pourrait soutenir que l’école
Les administrations publiques algé- dimension concurrentielle de la forma- et la fonction publique, en favorisant
riennes n’ont pour autant pas le mo- tion des élites dans une simulation de les concours comme forme d’accès aux
nopole du « concours ». Mais dans le compétition factice parce que jouée en responsabilités, permettent une forme
monde privé, en revanche, la concur- une seule fois. Le jeu n’est guère relancé. de contestation des positions acquises
rence entre entreprises permet de cor- En conséquence, les élites s’éloignent et donc simule une forme de concur-
riger les effets des modes imparfaits de de la logique du mérite compétitif au rence. Bien au contraire, la généralisa-
sélection des élites. sens large et existentiel. tion des concours en matière de recru-
Dressons à cet égard les portraits pa- Il en résulte une « société de l’entre-soi », tement dans la fonction publique est
rallèles des deux types d’élites qui dé- c’est-à-dire une société d’où la concur- en réalité une forme de pensée pro-
rivent des deux conceptions du mérite rence est graduellement bannie par toconcurrentielle qui vise à étouffer la
: l’élite traditionnelle issue des concours la construction de barrières sociales, concurrence.
et l’élite contemporaine issue des pro- éducatives, politiques et de tribus soli- Le point commun à toutes ces idéolo-
cessus d’innovation permanente. difiées en barrières géographiques. gies méritocratiques est leur égal refus
D’un côté le lauréat d’un concours Certains travaux ont bien montré la dé- de l’autre mode de sélection, celle par
d’une grande école n’est évidemment générescence de la vision portée par le succès économique, par le marché,
pas dépourvu de mérite, c’est entendu. la sacralisation du concours. Si l’école, voire par la réussite financière, dans l’or-
Mais est-il rentré de plain-pied dans le toute école porte en elle-même les ganisation du processus de production.
mérite contemporain ? Sa capacité à se gênes de la reproduction sociale, re- Dans ces visions, seules les élites pré-
conformer à des codes maintenant sé- mettre la distribution des places exclu- qualifiées par la sélection républicaine
culaires assure son succès aux épreuves sivement à l’école conduit en réalité à ont un droit d’accéder non au marché
de concours dont il est aujourd’hui bien une nouvelle forme d’aristocratie sous des postes, des honneurs et des fonc-
tions mais à une série d’enclosures. maverick. En économie, la frontière se duits. Le principe de concurrence vise
L’école est ainsi avant tout la modalité dénomme « barrière à l’entrée » et nou- ainsi à les obliger à dissiper leur puis-
centrale d’organisation d’une forme de vel entrant est celui qui veut dépasser sance acquise selon deux formes non
cartel du pouvoir dont les membres se ces barrières. Elles peuvent avoir été exclusives l’une de l’autre : soit par le
sélectionnent et se reproduisent. L’élé- héritées à titre de privilèges, comme versement à leurs actionnaires de di-
ment central de ce processus de sélec- ceux dont ont bénéficié les entreprises videndes, ce qui permettra la réalloca-
tion est surtout qu’il doit être aussi abs- publiques, ou avoir été construites par tion de ces sommes dans l’économie
trait que possible et ne jamais prendre les mérites, via du talent, la supériorité de manière diffuse – en partie par la
en compte une expertise concrète et des produits ou des investissements fiscalité, en partie par l’investissement
mise en œuvre, d’où le rôle que jouent marketing. La culture du maverick la et la consommation, -soit aux consom-
aujourd’hui les mathématiques dans plus commune actuellement est bien mateurs via l’amélioration de leurs
tous les concours d’accès aux grandes sûr celle des start-up Internet. produits et services et la baisse des
écoles et, hier, une culture littéraire clas- A l’égard de ces contestataires éco- prix (cas des entreprises privées), ou
sique. Ni la compétence discursive d’un nomiques le principe de concurrence une meilleure efficacité de leur orga-
littéraire ni celle déductive d’un ma- non faussée ne se veut pas neutre : il nisation et du service d’intérêt général
theux n’emportent de rapport évident ne prétend pas qu’il faille nécessaire- dont elles ont la charge (cas des entre-
avec les qualités que l’on peut attendre ment rester au bord du fleuve pour prises publiques).
d’une élite, dans le monde moderne. voir le résultat de la bataille. Celle-ci Pas davantage, le nouvel entrant n’est
Celle-ci, on l’a dit, sera avant tout en peut conduire à l’élimination évidente pourtant protégé de la concurrence
situation de management, de prise de du plus jeune et du plus faible parce des « puissants » une fois que les avan-
décision et ces qualités peuvent ap- que le plus puissant se sera servi de ses tages dont ceux-ci jouissent sont can-
paraitre bien secondaires au milieu de moyens pour l’éliminer. Symétrique- tonnés aux utilisations visées ci-dessus.
toutes celles que vérifie un concours. ment, il ne préjuge pas nécessairement Le principe de la concurrence non faus-
Ainsi, il est plus que probable qu’aucun que toute accusation du plus puissant sée ne vise pas à promouvoir l’assista-
concours ne peut mesurer réellement par le plus récent pour expliquer son nat, la spoliation de ceux qui sont plus
l’aptitude à gérer des hommes, orga- échec est nécessairement fondée, mais puissants, plus riches mais de les placer
niser des processus de production. il accepte d’en examiner la possibilité. en situation de précarité, de remise
C’est d’ailleurs une vérité d’expérience Seul compte le mérite de chacun et en cause, les soumettant à la pression
que l’efficacité d’un management tient sa focalisation sur la satisfaction des permanente de tous les autres, de tous
moins bien aux aptitudes concep- besoins des consommateurs. Puisque ceux qui acceptent de se donner les
tuelles et spéculatives du leader qu’à le succès passé de quelques-uns ou moyens de satisfaire les besoins des
l’alliance de celles-ci avec des qualités les droits hérités des pouvoirs publics hommes.
d’adaptabilité, de courage, de lucidité peuvent constituer le véritable poison
qu’aucun exercice de sélection in vi- de la concurrence, son danger létal que CONCLUSION
tro ne pourra sans doute jamais per- l’asymétrie des positions entre ceux qui
La concurrence est à cet égard une
mettre d’identifier. Seule l’expérience sont d’un côté de la frontière et ceux
construction sociale authentique.
et la confrontation entre ce qui était qui sont de l’autre est de nature à per-
Cette caractéristique peut alors
attendu et ce qui a été effectivement mettre aux uns d’éliminer les autres, le
expliquer qu’une large partie des
délivré le peuvent. Seule la sélection in principe de concurrence par les mérites
vivo le permet à la condition qu’elle soit peut œuvrer à la mise en place de règles
principes spirituels, juridiques, po-
précaire et qu’elle ne constitue jamais dites « asymétriques », c’est-à-dire de litiques ou sociologiques que nous
une garantie. L’admettre remettrait en règles qui visent à neutraliser le pouvoir chérissons renvoient, convergent
cause la fonction même du concours. acquis par les « puissants », les entrés, finalement vers cette idée d’une
D’où le fait que la concurrence soit un les héritiers publics ou privés s’ils en- concurrence par les mérites comme
outil de luttes contre les inégalités des tendent l’utiliser pour bloquer la remise finalité sociale. Autrement dit, la
chances. en cause de leurs positions acquises. possibilité d’une situation dans la-
Ces « puissants », il ne s’agit pas de les quelle chacun aura finalement une
B/ La concurrence comme ou- exproprier mais de les conduire à di- chance, toujours renouvelée, de
til de lutte contre l’inégalité des riger les avantages qu’ils ont acquis trouver sa voie, par ses mérites, par
chances –lorsqu’ils les ont acquis par leurs mé- sa différence, le cas échéant, avec
La figure centrale de cette contesta- rites- soit vers la rémunération de ceux l’aide des autres, les institutions que
tion des frontières est ce que l’on dé- qui ont pris le risque avec eux de les nous mettons en place devant nous
nomme le « nouvel entrant », le rebelle, aider à devenir ce qu’ils sont devenus, y aider. Il existe un devoir collectif de
le franc-tireur ou, chez les américains le soit vers l’amélioration de leurs pro- permettre à chacun de se réaliser.
Revue
de Presse
de la Journée
d’étude du
19 Décembre 2017
Hôtel
Sofitel
"Près de 70% des articles de l'ordon- du monopole et de la concurrence de croissance, de création d'emplois
nance 03-03 relative à la concurrence déloyale, la non-discrimination entre et de protection du pouvoir d'achat
doivent être amendés en vue de les les entreprises publiques et privées du citoyen en garantissant une stabi-
actualiser et de les adapter aux déve- et la protection du droit des consom- lité des prix, un approvisionnement
loppements de la conjoncture écono- mateurs. La loi en vigueur "contient suffisant et une qualité de produits et
mique nationale et internationale et beaucoup de vides juridiques et d'ar- de prestations", a-t-il souligné.
de les mettre en adéquation avec le ticles contradictoires, ce qui rend très Pour sa part, l'expert économique,
contenu de la nouvelle Constitution difficile son application sur le terrain", Mohamed Chrif Belmihoub, a estimé
consacrant les principes de la concur- a-t-il affirmé proposant, dans ce sens, que le climat économique en Algé-
rence loyale sur le marché", a précisé à "la réactualisation de certains articles, rie "n'est pas suffisamment compé-
l'APS M. Zitouni en marge d'une Jour- la révision d'autres et l'introduction titif", citant le système des licences
née d'études organisée par Conseil de nouveaux articles en vue de remé- d'importation qui, selon lui, "limite la
sur "Le rôle de la concurrence dans dier à ces failles". concurrence", en raison du monopole
la protection du pouvoir d'achat et la Concernant la Journée d'études, M. de l'importation par une short liste
préservation et la création de l'emploi". Zitouni a indiqué que le choix du d'opérateurs et la bureaucratie impo-
Le Conseil de la concurrence a infor- thème "a été imposé par le contexte sée pour l'obtention des licences.
mé, sur la base d'une étude réalisée économique actuel et la crise en- Pour lui, le système des appels
par des experts recommandant la gendrée par le recul des cours du d'offres était "meilleur et plus compé-
nécessité de revoir le texte législatif pétrole", ajoutant qu'il vise à faire titif". Intervenant sur la concurrence
en vigueur, les pouvoirs publics "des contribuer le Conseil dans le débat de l'économie parallèle, le directeur
difficultés rencontrées et des insuffi- sur "les mécanismes de sortir le plus de recherche au Centre de recherche
sances de cette loi", a-t-il ajouté. rapidement et le plus efficacement pour l’économie appliquée et le dé-
M. Zitouni a souligné également la possibles de la crise, tout en limitant veloppement (CREAD), Mohamed
nécessité de mettre en adéquation ce les effets néfastes". Saib Musette a estimé que l'écono-
texte avec le contenu de la nouvelle "Le respect rigoureux des règles de la mie parallèle est un phénomène
Constitution qui a consacré le prin- concurrence loyale constitue un ca- qui existe dans toutes les économies
cipe de la liberté d'investissement et talyser pour la relance de l'économie du monde, y compris les plus déve-
de commerce à travers l'interdiction nationale et l'entreprise en termes loppées, ajoutant qu'en dépit de ses
inconvénients au plan de l'évasion prendre toute action utile relevant de personnalités et experts ayant des
fiscale, elle reste créatrice d'emplois son domaine de compétence notam- compétences dans les domaines de
et contribue grandement au PIB des ment toute enquête, étude et exper- la concurrence, de la distribution, de
grands pays. tise. Il est consulté aussi sur tout pro- la consommation et de la propriété
Il a révélé que le CREAD se penche, jet de texte législatif ou réglementaire intellectuelle (06), des professionnels
depuis presque une année, sur l'éla- touchant à la concurrence. qualifiés dans les secteurs de la pro-
boration d'une étude sur l'économie En outre, le Conseil peut faire appel duction, de la distribution, de l'artisa-
parallèle en Algérie afin d'en définir le à tout expert ou entendre toute per- nat, des services et des professions
volume, la nature et les causes, ce qui sonne susceptible de l'informer. libérales (04) et deux (02) représen-
permettra, a-t-il dit, de mieux l'appré- Il peut également saisir les services tants des associations de protection
hender et proposer les mécanismes chargés des enquêtes économiques des consommateurs.
de sa maitrise. Les résultats de cette notamment ceux du ministère chargé Les pratiques et actions concertées,
étude seront publiés ultérieurement, du commerce pour solliciter la réali- les conventions et ententes express
a ajouté M. Musette. sation de toute enquête ou expertises ou tacites sont considérées des pra-
Pour rappel, le Conseil de la concur- portant sur des questions relatives tiques restrictives à la concurrence,
rence, fondé en 1995 et réactivé en aux affaires relevant de sa compé- notamment lorsqu'elles tendent à li-
2013 après 10 ans d'arrêt, est considé- tence. miter l'accès au marché ou l'exercice
ré comme une autorité administrative Lorsque les enquêtes effectuées de l'activité, à répartir les marchés
autonome qui agit au nom et pour le concernant les conditions d'applica- ou les sources d'approvisionnement,
compte de l’Etat pour faire respecter tion des textes législatifs et réglemen- à faire obstacles à la fixation des prix,
les règles de la concurrence. taires ayant un lien avec la concur- limiter ou contrôler la production et
Le Conseil exerce trois types de fonc- rence révèlent des restrictions à la à appliquer à l'égard des partenaires
tions à savoir, la mission du contrôle concurrence, le Conseil engage toute commerciaux des conditions iné-
des concentrations économiques, la action adéquate pour mettre fin à ces gales à des prestations équivalentes
mission consultative et la mission de restrictions. en leur infligeant de ce fait un désa-
sanction des pratiques restrictives à la Le Conseil de concurrence est com- vantage dans la concurrence.
concurrence. Le Conseil peut entre- posé de douze membres dont des
Le président du Conseil national de la concurrence (cnc), Amara Zitouni, a affirmé, hier, qu’en Algérie, il n’y a
pas de culture de la concurrence.
Intervenant lors de la journée d’étude la concurrence qui stipule que lors- commence d’abord par les pouvoirs
organisée par le CNC à l’hôtel Sofitel qu’un projet de loi ou de décret ins- publics et les décideurs. Mais ce tra-
sur le thème “Le rôle de la concur- taure des mesures restrictives sur le vail a besoin de temps et ne peut pas
rence dans la protection du pouvoir plan quantitatif, l’initiateur (minis- se suffire juste de textes de loi, a-t-il
d’achat et de la préservation et la tère) doit requérir l’avis du Conseil ajouté.
création de l’emploi”, Amara Zitouni de la concurrence, Amara Zitouni dé- À travers les déclarations de son pré-
estime qu’il y a un texte de loi, mais plore le fait que l’avis du CNC ne soit sident, l’on est tenté de croire que le
pas de culture de concurrence. Et pas sollicité. Conseil de la concurrence peine à
même sur le texte de loi, le président Depuis sa réactivation en 2013, le jouer son rôle. C’est, en tout cas, ce qui
du CNC ne semble pas très satisfait. Conseil s’est fixé comme objectif la est ressorti des débats lors de la jour-
En effet, selon lui, une grande par- sensibilisation sur les bienfaits de la née d’hier. Ainsi, l’avocat Rafik Rabia
tie des articles de cette loi doit être concurrence sur l’économie natio- pointe du doigt le vide juridique qui
revue pour y intégrer plus de cohé- nale, les entreprises, le citoyen et le prévaut. Selon lui, le Conseil dispose,
rence. consommateur. La sensibilisation certes, d’un texte, mais il n’y a pas
Abordant à titre d’exemple l’article sur les bienfaits de la concurrence d’interprétation, et c’est aux juges de
36 de l’ordonnance 03-03 relative à loyale, où tout le monde est gagnant, donner ces interprétations.
L’avocat a estimé que le Conseil est thème de la concurrence et du déve- les soi-disant entraves (gros investis-
le gage de la préservation du pou- loppement des TIC en Algérie. sement à l’entrée ou les évolutions
voir d’achat. Pour lui, la concurrence, Même s’il a estimé qu’il y a une technologiques) n’ont plus lieu d’être.
c’est un levier pour l’économie dans concurrence réelle sur le mobile avec À ce titre, il a souligné que sur la té-
le sens où c’est aussi un levier de l’in- une évolution du marché favorable à léphonie mobile, le consommateur a
novation. La concurrence par les prix la concurrence, il déplore la situation gagné, à dinar constant, 30%.
n’est pas durable. Il faut de l’innova- qui prévaut sur le fixe. Il citera l’incom- À travers l’organisation de cette jour-
tion, a-t-il plaidé. Tordant le cou à la préhensible retrait, ces derniers jours, née d’étude, le Conseil national de la
croyance qui dit que la concurrence de la loi sur les TIC au Parlement. concurrence ambitionne de mettre
tue l’emploi, l’avocat a indiqué que Selon lui, la disposition relative au dé- en exergue les avantages d’une
la concurrence tue parfois l’emploi, groupage de la boucle locale conte- concurrence loyale pour l’économie
mais l’absence de concurrence peut nue dans ce texte va libérer la concur- et d’instaurer cette culture dans le
également tuer l’emploi. rence. Et il craint qu’elle ne soit remise marché algérien. Mais le Conseil ar-
L’efficience est le contraire du gaspil- en cause. rivera-t-il à le faire ? Une chose est
lage. Pour sa part, le professeur Mo- Selon lui, depuis la loi 2000, le sec- sûre, c'est qu'il a encore du pain sur la
hamed Cherif Belmihoub a abordé le teur est ouvert à la concurrence et planche pour arriver à son but.
Conseil de la concurrence
Le Conseil de la concurrence a organisé, hier, une journée d’étude à Alger ayant pour thème « Le rôle de la
concurrence dans la protection du pouvoir d’achat, la préservation et la création d’emploi ».
A cette occasion, nombre d’experts la compétitivité des entreprises na- et même pour certains pays, il a pu y
et membres du Conseil ont présenté tionales à l’heure de la diversification avoir des cartels sur le pain », indique
différents aspects liés à l’impact de la économique. Amara Zitouni, expliquant, qu’en gé-
concurrence sur le contexte écono- Pour nombre d’experts et membres néral, il a pu y avoir des cas de suspi-
mique et social. du Conseil de la concurrence, « la cion ou de collusion pour fausser les
« C’est un sujet qui a fait l’objet de culture de la concurrence est absente prix, limiter les offres et même jouer
nombreuses recherches menées en Algérie », rappelant l’absence sur la qualité.
sous l’égide de la Cnuced, et nous pendant plusieurs années du Conseil A noter que le Conseil de la concur-
prenons en considération ces résul- de la concurrence de la scène natio- rence réalise actuellement une étude
tats en appliquant ceux qui sont en nale. « Sa relance en 2013 nous a in- sur le marché du médicament qui
accord avec le contexte national », cités à entreprendre des campagnes doit être livrée début 2018, « car c’est
explique Amara Zitouni, le président de sensibilisation sur les bienfaits de un secteur qui peut être exposé aux
du Conseil de la concurrence. Des la concurrence pour l’ensemble des spéculations », explique-t-on. Quant
études qui affirment, selon le même entreprises publiques ou privées », à la question de l’informel et la spé-
responsable, que le pays qui jouit indique Amara Zitouni. culation sur les prix qui en découle,
d’une concurrence efficace et qui Concernant les secteurs les plus ex- les intervenants ont indiqué qu’il
possède des institutions qui régulent posés à la concurrence déloyale et les s’agit-là d’une question délicate.
le marché préserve le pouvoir d’achat cartels, le président du Conseil de la
de ses citoyens, permet la création de concurrence cite plusieurs secteurs « Le danger pour l’Algérie, tout comme
richesse et la préservation d’emplois. qui ne sont pas spécifiques à l’Algérie pour le reste des pays arabes, où le
« Contrairement aux idées reçues, la mais communs à beaucoup de pays commerce informel est très déve-
concurrence n’est pas une menace dans le monde ». loppé, est que le contrôle strict des
pour les emplois, même si elle en « Je vous cite de manière non ex- acteurs qui travaillent dans la trans-
supprime, elle en crée ailleurs avec haustive quelques secteurs : les ma- parence peut à un moment favoriser
une meilleure plus-value pour l’éco- tériaux de construction, les produits l’informel, avancent-ils. « C’est donc
nomie nationale », affirme M. Zitou- pharmaceutiques, la téléphonie mo- une question délicate et à double
ni, rappelant la nécessité de booster bile, les fruits et légumes, les viandes tranchant ».
ΔγϓΎϧϣϟαϠΟϣϟϲγέΩϡϭϳϲϓ˯έΑΧ
Šǀŗ¦źƄƫ¦¨°ŶƤƫ¦ƾưŰţŠƸƿżƴƫ¦ŠƀƟŚƴưƫ¦
2017έΑϣγϳΩ19˯ΎΛϼΛϟ
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ΙΣΎΑϭϡΎΣϣΎϳΑέϕϳϓέΎϬρηϧϲϋΎϣΗΟϻ ϕϳγϧΗϟΔϳϋΎρϗρΑοΕΎϳϫ8ϊϣϥϭΎόΗϟΎΑ
ϰϠϋέρΧϟϭϱίϭϧϣϟΩΎλΗϗϻϲόϣΎΟ ΏϧΎΟ ϥϣ ϕϭγϟ Εέη΅ϣ ΔόΑΎΗϣ ϲϓ ŠǀƗ®°©ŚǀůLjƇžƬŬưƫ¦ŮƴƯ
ΕΎγϳϣ ΏϳΎλ ΩϣΣϣ ΎϫΎϘϟ ϝϐηϟ ΏλΎϧϣ ϝΎΣϟ ϭϫ Ύϣϛ ΔγϓΎϧϣϠϟ ϲΑΎΟϳ ΥΎϧϣ ϥϳϣΎΗ
ΩΎλΗϗϻϭ ΔϳέηΑϟ ΔϳϣϧΗϟ ϡγϗ αϳέ ΕΎϗϭέΣϣϟϭ ϩΎϳϣϟϭ ϑΗΎϬϟ ΕΎϋΎρϗ ϲϓ »¦źƏǃ¦ƪƧ¼ƺƤůŠƿŚưŰƫ
ΩΎλΗϗϻ ϲϓ ΙΣΑϟ ίϛέϣΑ ϲϋΎϣΗΟϻ ΔγϓΎϧϣϟϰϠϋΔΣϭΗϔϣϟ˯ΎΑέϬϛϟϭ
ΕϠλϭΗϭΩΎϳέϛΔϳϣϧΗϟϝΟϥϣϕΑρϣϟ ϑλΗϧϣ ϲϓ αϠΟϣϟ ϑηϛϳ ϥ ΏϘΗέϳϭ ΔϳέηϟΓέΩϘϟΔϳΎϣΣϲϓΔγϓΎϧϣϟέϭΩέΎΛ
ϝϳϐηΗϟϭϠΣϊϳοϭϣρϳηϧΗΑ˯ΎγϣϟΔγϠΟ ΔϠϳλΣ ϥϣοΗϳ έϳέϘΗ ϥϋ ΔϣΩΎϘϟ Δϧγϟ ΎϬΗϳϣϧΗϭ ϝϐηϟ ΏλΎϧϣ ϰϠϋ ΔυϓΎΣϣϟϭ
ρΑοϟϥϥϳΑΗϭΔϳϋΎϣΗΟΔϳΎϐϛΔγϓΎϧϣϟϭ Ωϛ ΙϳΣ ΔϳέΎΟϟ Δϧγϟ ϝϼΧ ϪΗΎρΎηϧ ϱΫϟ ϲγέΩϟ ϡϭϳϟ ϝϼΧ ΎοϳϔΗγϣ ΎηΎϘϧ
ΓέΩϘϟϲϣΣΗΔγϓΎϧϣϟϝόΟϟϱέϫϭΟέλϧϋ ϡϭϘΗ ΔλΗΧϣϟ αϠΟϣϟ ϟΎλϣ ϥ ϲϧϭΗϳί ˯έΑΧΔϛέΎηϣΑΔγϓΎϧϣϟαϠΟϣαϣϪϣυϧ
ΎϫέϣΩΗ ΔϬϳίϧϟ έϳϏ ΔγϓΎϧϣϟ ϥϭ Δϳέηϟ ϥΎϣϟέΑϟ ϰϟ· ϡΩϘϳ ϱΫϟ έϳέϘΗϟ ρΑοΑ ΏϧΎΟ ϰϟ· ΝέΎΧϟ ϥϣϭ ϥϳϳϠΣϣ ϥϳλΗΧϣϭ
ϡΎϛΣϲϓΝέΩϣϙϠϬΗγϣϟΔϳΎϣΣϥϭΔλΎΧ ϪΑηϭ ΔϳέΎηΗγϻ ϪϣΎϬϣ ϝϭΣ ΔϣϭϛΣϟϭ ΕΎγγ΅ϣϭ ϝϣόϟ ΏΎΑέ ΕΎϣυϧϣϭ ΕΎϳϫ
ΕϻϼΗΧϻΏϧϭΟέϬυϳϥϣϭϫϭέϭΗγΩϟ ϕϭγϠϟΔϳϠΑϘϟΔϘϓέϣϟϲϓϩΩϭϬΟϭΔϳΎοϘϟ ˯ΎϘϠϟΫϫϲϣέϳϭϙϠϬΗγϣϟΎΑϰϧόΗΕΎϳόϣΟϭ
ΎϓΩϫ ϪϠόΟ ϲϐΑϧϳ ϻ ΔϣΛ ϥϣϭ ϕϭγϟ ϲϓ ΔλϼΧ ϥϋ ΡΎλϓϹ ϡΩϋ ϲϧϭΗϳί ϝοϓϭ ϥϣ έργϣϟ ΞϣΎϧέΑϟ ϥϣο ΝέΩϧϳ ϱΫϟ
ωϭέηϣϟΏγϛϟϝΟϥϣϥϭϛΗϲΗϟΔγϓΎϧϣϠϟ ϝΟ ϥϳΣ ϰϟ· έϳέϘΗϟ ωϭέηϣ ϪϧϣοΗϳ Ύϣ ϲϔϧΎΟϲϓϪΑϳλϧΗΓΩΎϋ·ΫϧϣΔγϓΎϧϣϟαϠΟϣ
ΕΎϳϭΗγϣϟΔϓΎϛϰϠϋ ϰϟ· έϳηϳ Ϫϧ Ωϛ΅ϣ ϪϠΟ ϲϓ Ϫϧϋ ϑηϛϟ ϰϠϋϕϭγϟϲϓΔγϓΎϧϣϟέϭΩΔϳϗέΗϟ2013
ΎϧϬϣ ΕϬϧ Ωϗ ΔϳϭϘϟ ΔγϓΎϧϣϟ ΕϧΎϛ Ϋ·ϭ ϪλΎλΗΧ ϥϣο ϪγϠΟϣ ΎϬΟϟΎϋ ΕΎϔϠϣ ϲΗϟέΎΛϵϭΩϭϓέΎϬυ·ϰϟ·ΕΎϳϭΗγϣϟΔϓΎϛ
Ε΄ηϧϪϧΎϓΕΎϋΎρϗϲϓϝϣϋΏλΎϧϣΕϟίϭ ίϳίόΗϟ ΓΩϳϔϣ ΕέΎηΗγ ΎϬϧ΄ηΑ ϡΩϘϳϭ ΩΎλΗϗϼϟΔΑγϧϟΎΑΔϬϳίϧϟΔγϓΎϧϣϟϥϋΏΗέΗΗ
ωΎρϗϝΛϣΔηΎϧΕΎϋΎρϗϲϓΓέΛϛΑϭϯέΧ ΎϬΑ ϊϧΗϘϳ ΔϳΩΎλΗϗ ΔϓΎϘΛϛ ΎϬΗϳϣϧΗϭ ΔγϓΎϧϣϟ ϊϣ ˬΕϗϭϟ αϔϧ ϲϓ ϙϠϬΗγϣϟϭ Δγγ΅ϣϟϭ
ΎϣϣΔϠϫ΅ϣΔϣϟΎϋΩϳνέϔΗϲΗϟΔϳΗΎϣϭϠόϣϟ ϥϳϠϣΎόΗϣϟΔϓΎϛ ϭϣϧϟϰϠϋΔγϓΎϧϣϟέϳΛ΄ΗΔϳϟΎϛη·ϲϓΙΣΑϟ
ϙΣϣϟ ϰϠϋ ϲόϣΎΟϟ ΔλΎΧ ϥϳϭϛΗϟ ϊοϳ ϲϧϭϧΎϘϟίϛέϣϟΎΑΔϳΣΎΗΗϓϻϪΗϣϠϛϲϓέϛΫϭ ΓέΩϘϟϰϠϋΎϬγΎϛόϧϭϝϳϐηΗϟιέϓϕϠΧϭ
ΩέϭϣϟϥϭϣέΎϛΗΑϻΕΎϳϭΗγϣϥϣϊϓέϟϲϓ 43ΓΩΎϣϟϝϼΧϥϣΔγϓΎϧϣϟϪΑϰυΣΗϱΫϟ ϙϠϬΗγϣϠϟΔϳέηϟ
ϊγϭΗ ΔϬΟϭϣϟ Δϳϭίϟ έΟΣ ϭϫ ϱέηΑϟ ϲΗϟϭ2016ϲϓϝΩόϣϟϲϟΎΣϟέϭΗγΩϟϥϣ ϲϧϭΗϳίΓέΎϣϋΔγϓΎϧϣϟαϠΟϣαϳέοϭϭ
Ύϣϧ·ϭΎϬϧϣΩΣϠϟαϳϟΔΗϣΗϷϭΕΎϳΟϭϟϭϧϛΗϟ ϊϧϣ ϝΛϣ ΔγϓΎϧϣϟ ιΧΗ ΉΩΎΑϣ 5 αέϛΗ αϳϟ ϲγέΩϟ ϡϭϳϟ Ϋϫ ωϭοϭϣ ΩϳΩΣΗ ϥ
ϱΫϟΏϠρϟϭϣϧϟΎϘϓϭΎϬϳϭρΗϟϝϭϠΣϟΝΎΗϧϹ ϡΩϋϭ έΎϛΗΣϻ ϊϧϣϭ ΔϬϳίϧϟ έϳϏ ΔγϓΎϧϣϟ ϱΩΎλΗϗϻϊοϭϟΎΑΔϗϼϋϪϟΎϣϧ·ϭΎϳϟΎΟΗέ
ϱίϭϣϟ ΩΎλΗϗϻ ίέΑϭ ΔγϓΎϧϣϟ ϩίϔΣΗ ΔλΎΧϟϭ Δϳϣϭϣόϟ ΕΎγγ΅ϣϟ ϥϳΑ ίϳϳϣΗϟ έΎϳϬϧΔΟϳΗϧΔϳϟΎϣΕΎΑϭόλΑϡγΗϣϟϥϫέϟ
ϩέΑΗόϳϥϣϭϪϳϣΎϧΗϥϣέΫΣϣϥϳΑεΎϘϧϟϲϓ έϳΧϭϕϭγϟρΑοϭΔϟϭΩϟϡϋΩϝΎΟϣϲϓ ΔυϓΎΣϣϟϰϠϋιέΣϟϭΕΎϗϭέΣϣϟέΎόγ
ΔΣΎγϣϟ ϰϟ· ϪΑΫΟ Γέϭέοϭ ϪϧϣΩΑ ϻ έη έϣϷ ϥ έΑΗϋ Ϫϧ έϳϏ ϙϠϬΗγϣϟ ϕϭϘΣ ˬΔϳέηϟΓέΩϘϟΔϳΎϣΣϭϝϣόϟΏλΎϧϣϰϠϋ
Δϧϳϟϭ ΓίϔΣϣ Ε˯έΟ· ϝϼΧ ϥϣ Δϳϣγέϟ 2003/07/19 ϲϓ Υέ΅ϣϟ 03-03 ϙΎϧϫ ϥ Ώόηϟ˰ϟ ϳέλΗ ϲϓ έϳηϣ
ϥϣ ̃˰Α ΕΎγϳϣ ΏϳΎλ ΏγΣ έΩϘϳϭ ϰϐϟϱΫϟΔγϓΎϧϣϟΎΑιΎΧϟϡϣΗϣϟϭϝΩόϣϟ έϣϷˬϕϭγϟϭΔγϓΎϧϣϟϥϳΑΓέηΎΑϣΔϗϼϋ
ϲϟϭΣ ϡΩΧΗγϳ έίΟϟ ϲϓ ΩΎλΗϗϻ ϡΟΣ 1995/01/25ϲϓΥέ΅ϣϟ06/95έϣϷ ΔλλΧΗϣΔϳϟϭΩΕΎϣυϧϣ˯έΑΧϪϟϭΎϧΗϱΫϟ
ˬΕΎϋΎρϘϟ ϑϠΗΧϣ ϲϓ ιΧη ϥϳϳϼϣ 4 ΕϼϳΩόΗ ϝΎΧΩ· ΏϠρΗϳ ϑΩϬϟ αϔϧ ϪϳΩϟϭ ΔϳϣϧΗϟϭ ΓέΎΟΗϠϟ ΓΩΣΗϣϟ ϡϣϷ έϣΗ΅ϣ ϝΛϣ
ΎϫίΎΟϧ ϱέΟϳ ΔγέΩ ϙΎϧϫ ϥ ϰϟ· έϳηϣ ΔϘϠόΗϣϟΉΩΎΑϣϟΫϳϔϧΗϝΟϥϣϪϣΎϛΣϰϠϋ ρΎΑΗέ οϭ ϝϛηΑ ϥϳΑΗ ΙϳΣ Ωϳγϭϧϛ
ϩέϳΛ΄Η αΎϳϘϟ ϥΎγϣϠΗ ϯϭΗγϣ ϰϠϋ Δϧϳόϛ ϳΣλΗϭ έϭΗγΩϟ ϲϓ ΔϧϣοΗϣϟ ΔγϓΎϧϣϟΎΑ έϘϔϠϟ ϩέϭΩΑ ϯΩλΗϳ ϱΫϟ ϭϣϧϟΎΑ ΔγϓΎϧϣϟ
ϕϠόΗϳ Ύϣ ΔλΎΧϭ ϲϧρϭϟ ΩΎλΗϗϻ ϰϠϋ έϣϷϲϓΓΩΩΣϣϟιΎϘϧϟϭϝϼΗΧϻΏϧϭΟ ϝϼΧ ϥϣ ϲϣϟΎόϟ ϙϧΑϟ ˯έΑΧ Ϋϫ Ωϛϭ
ϕΎρϧϲϓϝΧΩΗϲΗϟΔρηϧϸϟΔϳΑϠγϟέΎΛϵΎΑ ϡΎϬϣ ϥ ϙϟΫ ˬϪϘϳΑρΗ ϥϣ Εϭϧγ ϊΑέ ΩόΑ ϥϭΎόΗϟΔϣυϧϣΙΎΣΑΞΎΗϧΎϬΗΩϳΕΎγέΩ
ίέΑΗϱΫϟΕϗϭϟϲϓϭΩϭΩΣϟϰϠϋΏϳέϬΗϟ ΔϳϋΎρϘϟ ΕΎϳϬϟϭ αϠΟϣϠϟ ΔϠϛϭϣϟ ρΑοϟ ΔϟϭΩ 35 ϡοΗ ϲΗϟ ϱΩΎλΗϗϻ ΔϳϣϧΗϟϭ
ΕΎόϣΟϣ ϲϓ ΞϣΩϧΗ ΕΎγγ΅ϣϟ ΕϼΗϛΗ Ϫϳϓ ϊΑΎρϟΕΫΔϳέίϭϟέϭΩϟνόΑΎϬΑϡϭϘΗ αϠΟϣϝϼΧϥϣέίΟϟΕϛέΎηϭΓέϭρΗϣ
ΎϬρΎηϧ ϥϣ ̃ ϥϣ έγϛ ϰϠϋ ϥϣϳϬΗ ΔγϓΎϧϣϟϪΟϭϳϱΫϟϱΩΣΗϟϭϫϭϱΩΎλΗϗϻ ΔΛϟΎΛϟΓέϣϠϟΔϳϭϧγϟΎϬΗΎϳΩΗϧϣϲϓΔγϓΎϧϣϟ
ϱ ϕϠΗϳ ϡϟ ΔγϓΎϧϣϟ αϠΟϣ ϥΎϓ ϕϭγϟ ϲϓ ΔϳΑΎΟϳϻΎϫέΎΛϕϘΣΗϭΎϫΎϧόϣΩϳόΗγΗϰΗΣ ϲγΗϛϳ ϱΫϟ ΔγϓΎϧϣϟ αϠΟϣ αϳέ ϰϔϧϭ
ΔϳϬϠϟ αϳϟ ϥ ΎϣϠϋ 2016 Ϋϧϣ ΕέΎρΧ· ϭ ϥΎϛ Δγγ΅ϣ ϙϠϬΗγϣϟϭ ΩΎλΗϗϻ ϰϠϋ ϕϭγϟϲϓΔγϓΎϧϣϟϥϭϛΗϥΎϳέΎηΗγΎόΑΎρ
ϝϭΣΕϻ΅ΎγΗέϳΛϳΎϣϲϧϭϧΎϘϟωΩέϠϟϝΎγϭ Ύϧρϭϣ ϲϓ ϲϫ Ύϣϧ·ϭ Ϫϟ ΔϠΗΎϗ ϭ ϝϳϐηΗϠϟ ΔΣΑΎϛ
έΛϛ ϥϭϛϳ Ωϗϭ ϪΑ ϡϭϘϳ ϱΫϟ ϝϣόϟ ϯϭΩΟ ΕϳϘϟϲΗϟΕέοΎΣϣϟϝϭΣεΎϘϧϟϝϭΎϧΗϭ έϳϓϭΗϟίϔΣϣΔϳϟϭΩϟΎϫέϳϳΎόϣϥϣοΔϘϳϘΣϟ
ΔϳϋΩέ ΕΎϳΣϼλ αϠΟϣϠϟ ϝϛϭΗ ϭϟ ΔϋΎΟϧ ϊϳοϭϣ ΔϳΎγϣϭ ΔϳΣΎΑλ ϥϳΗγϠΟ ϲϓ ϥϣΩϋϭϗϊοϭϰϟ·ΎϋΩϙϟΫϟϭϝϣϋιέϓ
Ϫϳϓ ϪΟΗΗ Εϗϭ ϲϓ ˬΔϳϓΎϔηϟ έϳϳΎόϣ ϥϣο ϝΎλΗϻϭ ϡϼϋϹ ΕΎϳϧϘΗ έϳϭρΗϭ ΔγϓΎϧϣϟ ϕϘΣΗϥΎϬϧΎηϥϣΔϳϣϭϣόϟΕΎρϠγϟΏϧΎΟ
ϲοΗϘΗ Δγέη ΔγϓΎϧϣ ΔϬΟϭϣ ϰϟ· ϕϭγϟ έϭΩ ΏϭϬϳϣϠΑ ϑϳέη ΩϣΣϣ ΎϬρηϧ ϥϳϠϣΎόΗϣϟϭ ΕΎγγ΅ϣϟ ϥϳΑ ιέϔϟ ΅ϓΎϛΗ
ϲϣΣΗΔϟΩΎόϣϟΎϘϓϭρΑοϟΔΟέΩϥϣϊϓέϟ έϳΑΧϠϟ ϝϳϐηΗϟ ιέϓ ϕϠΧ ϲϓ ΔγϓΎϧϣϟ ΔγϓΎϧϣϟ αϠΟϣ έϭΩ ίέΑϣ αϓΎϧΗϟ ΙόΑϟ
ϥϳϛϠϬΗγϣϭ ΕΎγγ΅ϣ ϑέρϷ ϝϛ ϕϭϘΣ ΝΎϣΩϧϻ ϲϓ ιλΧΗϣ ϱΩέΎϳϟΎϏΎϏ ΎϳέΩϧ ϩέΎΑΗϋΎΑΩϋϭϘϟϙϠΗϕϳΑρΗϰϠϋέϬγϟϲϓ
έΎϳόϣ ϰϠϋ ίϛΗέΗ Δϳϣϭϣϋ ΕΎρϠγϭ Δϛέηϟ ϕΎϔΗ ΞϣΎϧέΑ ϥϣο ϱΩΎλΗϗϻ ΎϣϛϕϭγϠϟαϳέϟρΑΎοϟϭϕϭγϟϲϛέΩ
ΔϣΎόϟΔΣϠλϣϟ ϩΎϓέϟϭ ΔγϓΎϧϣϟ ϲΑϭέϭϷ ΩΎΣΗϻ ϊϣ ΔγϓΎϧϣϟ αϠΟϣ ϰϟϭΗϳϭ Ύϛϳέϣ ϲϓ ϰϋΩϳ
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N°14
Contributions
/HVG«ᅧVDX[TXHOVVRQWFRQIURQW«VOHVMHXQHV
RUJDQLVPHVFKDUJ«VGHODFRQFXUUHQFHGDQV
ODFRQFHSWLRQGXFRQWU¶OHGHVIXVLRQV
Cette contribution a été validée par la CNUCED et publiée sur le site de cette organisation.
Une synthèse de cette contribution a été présentée par le Président du Conseil de la concurrence, M. Amara Zitouni, lors la
16ème session du Groupe Intergouvernemental des Experts (GIE) de la CNUCED sur la politique et le droit de la concurrence,
les 5 et 07 juin 2017 à Genève (Suisse).
lors qu’une opération de montage ne article». Il reste à souligner que pour intro-
saurait être initiée sans l’obtention de L’article 17 de l’ordonnance 03-03 du duire une demande d’autorisation de
l’autorisation de la concentration. 19 juillet 2003 modifiée et complétée concentration, un décret exécutif réfé-
Un rejet éventuel par le Conseil de la relative à la concurrence sous entend rencé 05-219 du 22 juin 2005 est venu
concurrence est donc de nature à ré- par ailleurs que les concentrations ne en fixer les conditions et les modalités.
duire à néant toutes les procédures tombent pas toutes sous le coup de la Par ailleurs, deux articles de l’or-
de montage prévues par les articles loi relative à la libre concurrence; seules donnance 03-03 du 19 juillet 2003
du code de commerce sus visés. celles qui sont susceptibles d’entra- modifiée et complétée agissent en
Les commissaires aux comptes ( ain- ver le libre jeu de la concurrence sont «garde-fou» ou « épée de Damoclès »
si que les commissaires aux apports) concernées, à savoir celles qui « ren- à l’encontre d’éventuels « fraudeurs »
doivent à notre avis mettre en œuvre forcent notamment la position domi- en la matière. Il s’agit de :
leur « obligation d’alerte » à ce sujet nante » ou plus exactement « à chaque Ź l’article 61 qui sanctionne d’une
en évitant aux sociétés concernées fois que la concentration vise à réaliser amende pouvant aller jusqu’à 7% du
de se lancer dans le montage d’opé- un seuil de plus de 40% des ventes ou chiffre d’affaires hors taxes réalisé en
rations de fusions dont l’autorisation achats effectuées sur un marché » tel Algérie durant le dernier exercice clos,
n’est pas forcément garantie que le complète l’article 18. les entreprises ayant réalisé la concen-
sous forme de réponse favorable L’article 19 quant à lui soumet la déci- tration sans autorisation du Conseil
à la notification faite au Conseil de la sion d’autorisation ou de rejet d’une de la concurrence.
concurrence par ces mêmes sociétés. concentration par le Conseil de la Ź L’article 62 qui sanctionne d’une
concurrence à l’avis de deux ministres: amende pouvant aller jusqu’à 5% du
I.2. Les fusions selon l’ordon-
celui chargé du commerce et celui chiffre d’affaires hors taxes réalisé en
nance 03-03 du 19 juillet 2003
modifiée et complétée chargé du secteur concerné. Algérie durant le dernier exercice clos
Enfin toute décision de rejet peut faire les entreprises parties à la concentra-
Onze (11) articles sur les soixante-qua- l’objet d’un recours devant le Conseil tion qui n’auraient pas respecté les
torze (74) de l’ordonnance 03-03 du d’Etat. prescriptions ou engagements men-
19 juillet 2003 modifiée et complétée Le législateur Algérien a introduit, en tionnés à l’article 19.
sont réservés aux concentrations éco- outre, la notion d’intérêt général dans Ce bref aperçu sur le dispositif législa-
nomiques. le traitement des concentrations (ar- tif en matière de concentrations, nous
En son article 15 l’ordonnance sus vi- ticle 21) sans en définir cependant son amène à passer en revue les obstacles
sée définit la réalisation d’une concen- contenu lorsque cette notion est mise auxquels se trouve souvent confron-
tration par : en relation avec les concentrations éco- té le Conseil de la concurrence dans
Ź La fusion de deux ou plusieurs entre- nomiques. la mise en œuvre des dispositions de
prises antérieurement indépendantes ; L’intérêt général que seul le gouverne- l’ordonnance 03-03 du 19 juillet 2003
Ź Une ou plusieurs personnes phy- ment peut invoquer sur rapport des modifiée et complétée dans son volet
siques détenant déjà le contrôle d’une deux ministres cités plus haut, consiste « des concentrations économiques ».
entreprise au moins, ou bien, une à passer outre la décision de rejet du
ou plusieurs entreprises acquièrent Conseil de la concurrence en accordant
2. Les ambigüités de l’ordon-
nance 03-03 du 19 juillet 2003
directement ou indirectement, que une « autorisation d’office » et ce, à la en matière de contrôle des fu-
ce soit par prise de participations au demande des parties concernées. sions
capital ou achats d’éléments d’actifs, Enfin, l’article 21 bis autorise « les
contrat ou par tout autre moyen, le concentrations d’entreprises qui résultent Ź La première ambigüité rele-
contrôle de l’ensemble ou de parties de l’application d’un texte législatif ou ré- vée dans les dispositions portant «
d’une ou de plusieurs autres entre- glementaire ». concentrations économiques » de
prises. Aux termes de ce type de textes (lé- cette ordonnance sont inhérentes à
Cette définition est en fait reprise in- gislatif ou réglementaire), l’opération l’article 17 qui stipule que «les concen-
tégralement du Code de commerce de concentration peut obéir à d’autres trations qui sont de nature à porter at-
français qui conclut cette définition considérations que la libre concur- teinte à la concurrence en renforçant
en son article L 430-1 I par : rence. Certains paramètres peuvent en notamment la position dominante
«La création d’une entreprise com- effet l’emporter tels que le développe- d’une entreprise dans un marché,
mune accomplissant d’une manière ment de l’emploi, l’amélioration de la doivent être soumises par leurs auteurs
durable toutes les fonctions d’une en- compétitivité des entreprises et/ou la au Conseil de la concurrence qui prend
tité économique autonome constitue consolidation de la position concurren- une décision dans un délai de trois (03)
une concentration au sens du présent tielle des PME. mois ».
A la lecture de cet article on déduit Ź La seconde ambigüité concerne - Chiffre d'affaires total hors taxes ré-
que les parties auteurs de la concen- l’Article 18 qui dispose que : « les dis- alisé en Algérie par deux au moins des
tration peuvent considérer que la positions de l’article 17 ci-dessus s’ap- entreprises ou groupes de personnes
nouvelle structure créée ne porte pliquent à chaque fois que la concen- physiques ou morales concernés est su-
pas atteinte à la concurrence ou ne tration vise à réaliser un seuil de plus de périeur au montant fixé par voie régle-
renforce pas sa position dominante 40 % des ventes ou achats effectués sur mentaire ».
sur le marché et en conséquence un marché ». La fixation du niveau de chiffre d’af-
peuvent s’exonérer de l’obligation de En effet l’utilisation d’un indicateur faires requis (seuil de concentration)
soumettre le projet de concentration en pourcentage (%) pour la déter- peut être déterminée par un groupe
au Conseil de la concurrence en invo- mination des ventes ou achats ne de travail pluridisciplinaire rompu au
quant, si nécessaire, leur incapacité à permet pas de savoir si ces dernières droit de la concurrence et aux ana-
évaluer « le degré d’atteinte au droit de sont à évaluer en termes physiques lyses économiques.
la concurrence ». (volumes) ou en termes de valeurs Ź La troisième ambigüité que nous
Exprimée d’une autre manière, cette (dinars). pouvons avancer renvoie à l’obliga-
rédaction donne le pouvoir aux entre- Il est plus approprié de notre point de tion d’obtention des avis des deux
prises candidates à une concentration vue de substituer le critère de notifi- Ministères (commerce et celui chargé
d’estimer si l’opération projetée est « cation basé sur des parts de marché du secteur).
de nature à porter atteinte à la concur- par celui basé sur le chiffre d’affaires. La lenteur dans l’expression des deux
rence… ». L’expérience au niveau comparé a en avis respectifs peut impacter les dé-
De ce fait, les entreprises ne sont te- ce sens révélé que le premier critère lais requis par la loi qui fixe à trois (03)
nues de soumettre leurs opérations demeure incertain juridiquement et mois la prise de décision. Cette éven-
au contrôle du Conseil que si, de leur inefficace. tualité est d’autant plus réelle que le
propre chef, elles estiment que l’opé- En effet, la détermination des parts de délai d’émission des avis par les minis-
ration est de nature à porter atteinte à marché suppose préalablement de tères cités n’est pas tout aussi fixé.
la concurrence. définir les marchés pertinents concer- Force est de constater que l’ordon-
La conséquence est que le nombre in- nés par l’opération, ce qui constitue nance 95-06 du 25 janvier 1995 re-
signifiant d’affaires de concentration souvent une source de discorde entre lative à la concurrence abrogée par
notifiées au Conseil de la concurrence les entreprises et autorités de concur- l’ordonnance 03-03 du 19 juillet 2003
en quatre années d’exercice (soit une rence ; les premières ont tendance à relative à la concurrence laissait à la
seule) nous parait être en relation di- élargir cette définition pour diluer leur seule appréciation du Conseil de la
recte avec les dispositions de cet ar- part de marché et par conséquent ne concurrence la décision d’autoriser ou
ticle 17. pas être soumis au contrôle, et les de rejeter le projet de concentration à
En fait, il appartient au Conseil de secondes essayent autant que faire la seule réserve que cela soit effectué
la concurrence d’apprécier, notam- se peut de limiter le périmètre de ce par avis motivé.
ment sur le plan technique, les effets marché pour définir le pouvoir éco- Ź Enfin la quatrième ambigüité est
réels ou potentiels sur la concurrence nomique des entreprises en question. inhérente à la justification « à priori »
d’un projet de concentration et donc C’est la raison pour laquelle la plu- de la concentration établie sur la base
d’examiner toutes les initiatives prises part des autorités retient le critère de de l’amélioration de la compétitivité,
en ce sens par les entreprises. chiffre d’affaires qui permet la notifi- la contribution au développement
L'opération de concentration doit être cation automatique des opérations de l’emploi ou de la consolidation de
notifiée au Conseil de la concurrence qui dépassent le seuil de chiffre d’af- la position concurrentielle des PME,
avant sa réalisation. faires fixé. justification qui est à rechercher par le
La notification peut intervenir dès Dès lors, il est vraisemblablement pos- Conseil de la concurrence au niveau
lors que les parties concernées sont sible de modifier l’article 18 comme des textes législatifs ou réglemen-
en mesure de présenter un projet suit : « les dispositions de l’article 17 taires.
suffisamment abouti pour permettre ci-dessus s’appliquent à chaque fois que Cette possibilité ouvre la voie à une
l'instruction du dossier et notamment la concentration vise à réaliser un : permissivité difficilement contrôlable
lorsqu'elles ont conclu un accord de - Chiffre d'affaires total mondial hors sachant que toute concentration
principe, signé une lettre d'intention taxes de l'ensemble des entreprises ou pourrait trouver comme justification
ou dès l'annonce d'une offre pu- groupes de personnes physiques ou au moins un des trois critères sus cités.
blique d’achat ou de vente (en ce qui morales parties à la concentration est
concerne les entreprises cotées en supérieur au montant fixé par voie ré-
bourse). glementaire ;
3. L’importance des fusions en Selon les dernières statistiques du mi- missions des opérateurs qui doivent
Algérie /Problème de l’oppor- nistère de l’Industrie et des Mines, au être maîtres de leurs opérations écono-
tunité de ce type d’opérations 31 décembre 2016 le tissu industriel miques (choix d’investissements, pro-
Algérien est constitué à 97% de TPE positions tarifaires, dimensionnement
La principale remarque à faire est que (très petites entreprises) c'est-à-dire de réseau, rémunération salariale, choix
le législateur lgérien semble avoir été d’entreprises de 1 à 9 personnes réa- des fournisseurs et négociation) et des
en avance par rapport au contexte lisant un chiffre d’affaires inférieur à plans de financement (financement
économique passé et par rapport à 40 millions de dinars (critères fixés par bancaire, obligataire, appel à l’action-
celui qui prévaut à ce jour. En effet au- la loi 17-02 du 10/01/2017 portant loi nariat) afin d’améliorer l’efficacité éco-
tant le texte couvre largement et peut d’orientation sur le développement nomique et concurrentielle de leur so-
s’adapter à un état d’économie de de la PME). ciété mais aussi la responsabilisation
marché (et de liberté économique), La répartition par forme juridique des des managers ».
autant l’écart entre économie admi- personnes morales au nombre de 164 Ce même modèle prévoit un double-
nistrée et économie de marché n’est 332 (selon statistiques 2015 du CNRC) ment de la part de l’industrie manu-
pas encore comblé en dépit des ré- indique que plus de 85% sont des facturière, en termes de valeur ajou-
formes entreprises à partir des années SARL et EURL alors que seulement tée (de 5.3% en 2015 à 10 % du PIB
1990. 5,8% sont des Spa. à l’horizon 2030) ; comme il souligne
3.1. Le contexte des fusions en La prépondérance des entreprises de que « l’objectif pour l’industrie hors
Algérie petite taille (TPE) ainsi que celle de la hydrocarbures visera à atteindre 10%
forme juridique « Eurl » révèle la fai- dans la valeur ajoutée totale à l’horizon
Comme affirmé plus haut, même si blesse des regroupements (fusions, 2030. L’atteinte de cette cible nécessitera
les textes ont traité des concentra- acquisitions) qui ont pu se produire une croissance de la valeur ajoutée in-
tions dès les années 1990 (voir code durant ces dernières années. dustrielle à un taux soutenu ».
de commerce et ordonnance 95-06 L’Algérie est engagée depuis les an- De même qu’il est mis l’accent sur la
relative à la concurrence), il n’en de- nées 1990 dans un programme de nécessité « d’accélérer la mise à niveau
meure pas moins qu’il s’agit à ce jour libéralisation et d’ajustement structu- du cadre réglementaire et des dispositifs
d’un phénomène nouveau au point rel tendant à établir les mécanismes opérationnels régissant les opérations
de ne disposer à ce sujet d’aucune du marché, la liberté du commerce de fusions/acquisitions, d’introductions
statistique à même de rendre compte intérieur et extérieur, et depuis les en bourse, d’émissions d’obligations
de l’importance (certainement faible) années 2000 dans une démarche ten- "corporate", et de cessions d’actions ou
des concentrations en Algérie. dant à encourager l’initiative privée de parts sociales d’entreprises ».
Ce serait semble-t-il aussi souvent le et à activer la privatisation des entre- De manière générale la stratégie de
cas dans les pays en voie de dévelop- prises publiques. développement retenue dans le nou-
pement et notamment dans les pays Au regard de la physionomie du veau modèle de croissance écono-
du Maghreb. contexte entrepreneurial et de la mique s'appuie sur divers axes dont
L’explication réside dans l’absence taille moyenne des entreprises Algé- l’encouragement de l'investissement
d’un vrai dynamisme du marché riennes, les nouveaux impératifs de privé, notamment dans les secteurs à
caractérisé essentiellement par un restructuration et de modernisation forte valeur ajoutée.
actionnariat familial dans les entre- ainsi que l’adaptation aux lois du mar- Dans ce cadre, le droit de la concur-
prises et la quasi absence de marchés ché à l’effet de s’internationaliser et rence est appelé à jouer un rôle fon-
financiers (nombre insignifiant d’en- arriver à une taille critique pour faire damental d’arbitrage et de protection
treprises cotées en bourse à l’exemple face à la concurrence internationale du marché notamment en veillant à
de l’Algérie). s’avèrent être difficiles à relever sans garantir l’application par les opéra-
C’est ainsi que l’essentiel du dyna- passer par des solutions rapides et ef- teurs économiques des règles concur-
misme des grandes entreprises s’ef- ficaces d’augmentation des moyens rentielles.
fectue à travers des investissements (techniques, humains, etc.) et de ren- Il est à prévoir en outre, dans un tel
(souvent financés sur aides de l’Etat) forcement des capacités des entre- contexte de nouveau climat des af-
pour augmenter leur taille (croissance prises Algériennes . faires, un accroissement des regrou-
interne) plutôt que par des rachats En effet le nouveau modèle de crois- pements d’entreprises sous forme de
d’entreprises (fusions/absorptions/ac- sance économique arrêté par le Gou- concentrations économiques (fusions
quisitions) constitutifs de croissance vernement récemment vise, entre et acquisitions d’entreprises).
externe. autres mesures, à « refondre la gou-
vernance des secteurs en refondant les
3.2. Problématique de l’ana- 4. Les voies et moyens néces- Le conseil de la concurrence pourrait
lyse descriptive des fusions/ saires pour relever les défis alors être confronté à un fort degré de
acquisitions en Algérie dans le domaine du contrôle confidentialité qui entoure les opé-
des fusions rations de fusions-acquisitions et le
Nous émettons l’hypothèse que les
manque de transparence des entre-
premières opérations de fusions ont Le Conseil de la concurrence devrait
prises (certaines entreprises enfrei-
dû se produire dès les premières an- être une source importante de re-
gnant la loi et ne publiant pas leurs
nées des réformes (années 1990) et cueil de l’information statistique sur
actes de fusion).
particulièrement ou essentiellement les concentrations. Or force est de
Le recours au BOAL semble en consé-
dans le secteur public puisque celui-ci constater le nombre insignifiant de
quence être la voie la plus appropriée;
est passé par plusieurs restructura- notifications faites au Conseil de la
or le travail d’investigation risque
tions industrielles. Concurrence depuis son existence de
d’être fastidieux, en effet il s’agira
A notre connaissance, aucune de ces 1995 à ce jour.
de compulser deux bulletins par se-
restructurations qui ont consisté par- Nous avons tenté d’apporter les ex-
maine soit 104 bulletins par année.
fois en des regroupements d’entre- plications plus haut. Cependant et en
Sur un espace temporel de cinq (05)
prises n’ont été soumises ou notifiées parallèle au diagnostic fait, le Conseil
années soit 2013 à 2017 cela revien-
au Conseil de la concurrence tant du- de la concurrence a durant le premier
drait à compulser 520 bulletins tout
rant les années 1990 que récemment trimestre 2017 publié un communi-
en sachant exploiter les « dépôts
entre 2013 et 2017. qué sur la presse nationale rappelant
d’actes des sociétés ».
Cette situation qui nous parait allant à aux opérateurs économiques l’obli-
En effet, il s’agira de séparer les
l’encontre du droit des concentrations gation de notification des concen-
concentrations dont le seuil est in-
semble avoir été conforté (tout du trations qui tombent sous l’effet de
férieur à 40% de parts de marché de
moins entre 2003 et 2017) par les dis- l’article 18 de l’ordonnance 03-03 du
celles qui ont dépassé ce seuil. Ce que
positions de l’article 21 bis qui stipule 19 juillet 2003 modifiée et complé-
ni le BOAL ni même l’étude notariale
« sont autorisées, les concentrations tée ainsi que l’article 61 qui porte sur
ne sont pas capables de renseigner.
d’entreprises qui résultent de l’applica- l’amende à infliger lorsque l’opération
Quoiqu’il en soit ce serait à notre avis
tion d’un texte législatif ou réglemen- de concentration n’a pas fait l’objet
un passage obligé, à la seule condi-
taire ». de notification alors que le seuil de
tion qu’une structure organique soit
Il aura alors suffi d’une résolution du concentration a été franchi.
dédiée à cette mission et qui dévelop-
Conseil des participations de l’Etat Cela participe aussi de la mission
pera son expertise en la matière.
(Organe gouvernemental présidé par de notre institution d’insuffler une
Cette condition appelle l’intégration
le Premier Ministre) pour que la res- culture de la concurrence (inclusive
urgente d’un « service concentra-
tructuration en question prenne le des concentrations) à chaque fois que
tions » au sein de l’organigramme du
caractère d’un texte législatif ou régle- l’occasion se présente.
Conseil de la concurrence que le dé-
mentaire et que les chefs d’entreprises En l’absence de données sur les
cret exécutif portant sur son organisa-
publiques concernées par la fusion concentrations à recueillir auprès du
tion et fonctionnement n’a pas prévu.
s’estiment en droit de ne pas notifier Conseil de la concurrence, la seconde
Dans ce cadre, l’amendement pro-
leurs opérations de concentration. voie d’investigation ne peut être que
chain de l’ordonnance 03-03 du 19
Quant au secteur privé, nous avons les études notariales ou le BOAL (bul-
juillet 2003 modifiée et complétée
abordé plus haut son cantonnement letin des annonces légales) tel que le
devrait être suivi de ses textes d’appli-
essentiellement dans la TPE ou tout prévoit l’article 748 du Code de com-
cation. Le Conseil de la concurrence
au plus au niveau de la PME. merce.
devra saisir l’opportunité pour par-
A cela s’ajoute sa maîtrise insuffisante Le recours aux études notariales
faire son organisation en concevant
des méthodes modernes de mana- est une voie excessivement lourde
un organigramme en adéquation
gement et son recours au conseil et (nombre d’études) et incertaine du fait
aux missions qui lui sont dévolues par
à l’expertise externe très rare, faisant qu’elle présuppose une collaboration
l’Etat.
que sa connaissance des apports et totale et parfaite des notaires dont la
Cette structure « service concentra-
opportunités des fusions ne lui est loi n’impose pas la fourniture d’infor-
tions » dotée d’un observatoire spé-
pas encore accessible ; il en va ainsi mations au Conseil de la concurrence.
cifique aux concentrations aura entre
notamment de sa très faible attrac- Le principe de confidentialité pou-
autres missions importantes de :
tion d’investisseurs externes au noyau vant en outre être opposé par ces
Ź Recenser périodiquement les opé-
familial. études notariales.
rations de fusions ;
Ź Préciser la nature de ces opéra- Ź Une culture entrepreneuriale fa- s’affranchir de la rente pétrolière
tions: fusions absorptions ; acquisi- miliale tournée essentiellement vers s’est donné comme principe cardinal
tions, ou fusions par création de so- la croissance interne et ignorant les d’encourager l’entreprise privée en
ciétés nouvelles ; vertus de la croissance externe. stimulant l’investissement dans les
Ź La forme juridique des sociétés éli- Dans les deux cas, le Conseil de la secteurs à forte valeur ajoutée.
gibles à la fusion ; concurrence doit agir à deux niveaux : L’un des enjeux majeurs liés aux
Ź La nationalité des sociétés éli- Ź Au niveau des amendements à concentrations, réside dès lors dans
gibles à la fusion (exemple : fusion de apporter à l’ordonnance 03-03 du l’attrait de l’investissement direct
sociétés étrangères avec une ou plu- 19 juillet 2003 modifiée et complé- étranger.
sieurs sociétés Algériennes) ; tée relative à la concurrence dans sa En effet, depuis quelques années l’Al-
Ź La taille des sociétés fusionnées ; partie "Concentrations". Cette action gérie a mis en place un programme
Ź La dimension des entreprises ab- est déjà réalisée puisque des proposi- de facilitation de la création et de
sorbées et absorbantes (comparaison tions ont été faites à ce sujet et trans- l’établissement d’entreprises qui lui a
des apports des actifs nets des socié- mises sous forme d’avis aux pouvoirs récemment permis d’améliorer son
tés fusionnées) ; publics. classement dans le doing business
Ź Les secteurs d’activités concernés Ź Au niveau de la maitrise du mar- Les investissements étrangers
par les fusions et le taux de fréquence ché des concentrations pour lequel s’opèrent de différentes manières,
dans chaque secteur ; aucune statistique n’est disponible ni dont la conclusion de contrat avec des
Ź L’implantation géographique des étude n’a été engagée. Il s’agit de se entreprises nationales, la prise de par-
fusions (à l’effet de déterminer avec réapproprier ce domaine de compé- ticipation des grands groupes étran-
précision notamment les marchés tence qui semble échapper totale- gers dans des entreprises locales.
pertinents). ment au Conseil de la concurrence. Il n’est pas exclu de voir prochaine-
Sur un autre plan, une politique de ment le rachat pur et simple d’entre-
5. Les enjeux actuels en ma- concurrence explicite et écrite cou- prises en difficulté.
tière de concentrations plée à une politique industrielle tout Les opérations de concentration
A la cinquième année de fonctionne- aussi explicite et écrite intégrant le constituent ainsi un outil de création
ment du Conseil de la concurrence, volet « concentrations économiques» ou de renforcement de certaines en-
il est fondamental de s’interroger sur permettrait de trouver les équilibres treprises dans les pays en dévelop-
la quasi absence de notifications des entre la nécessaire protection des pe- pement dont doit tenir compte le
concentrations. tites et moyennes entreprises contre Conseil de la concurrence.
Deux facteurs semblent être à l’ori- les grosses entreprises prédatrices et Un autre enjeu non moins important
gine de cette défaillance : la nécessité de création et de pro- est la création de grandes entreprises
Ź Un article de l’ordonnance 03-03 motion d’entreprises fortes, pour- susceptibles de faire efficacement
du 19 juillet 2003 (article 17) qui laisse voyeuses d’emplois et de recettes concurrence aux entreprises étran-
une très grande marge de manœuvre fiscales (par effet de concentrations). gères grâce aux transferts de tech-
aux entreprises ; Le nouveau modèle de croissance nologie dont ces opérations peuvent
économique Algérien appelant à être porteuses.
la diversification de l’économie pour
3HUVSHFWLYHVMXGLFLDLUHVVXUOHGURLWGH
ODFRQFXUUHQFH&DVGHOൄ$OJ«ULH
Cette contribution a été validée par l’OCDE et publiée sur le site de cette organisation. Une synthèse de cette contribution
a été présentée par M. Slimani Djilali, Membre au Conseil de la concurrence lors de la II ème Session du Forum Mondial la
Concurrence organisée par l’OCDE, qui s’est tenue les 07 et 08 décembre 2017 à Paris (France).
économique national. L'État régule le les autorités de la concurrence an- 2.1.1. La notion de position domi-
marché. ciennes (exemple autorité française nante
La loi protège les droits des consom- de la concurrence). Bien que bien explicitée dans l’or-
mateurs. La loi interdit le monopole donnance n°03-03 du 19 juillet 2003
et la concurrence déloyale ». 2. La nécessaire levée des modifiée et complétée relative à la
Ainsi, l’analyse des amendements ap- ambiguïtés en matière concurrence, cette dernière ne com-
portés par l’article 43 laisse entrevoir législative (amendements de porte pas de critères d’évaluation de
une redéfinition du rôle économique la loi) l’existence d’une position dominante
de l’État. Celui-ci étant sensé à la lu- Certaines ambigüités de l’ordon- à l’exemple d’un seuil à fixer en terme
mière de ces nouvelles dispositions nance 03-03 du 19 juillet 2003 modi- de pourcentage de part de marché et
réguler le marché, veillé à faire res- fiée et complétée relative à la concur- ce, même si le Conseil de la concur-
pecter une saine concurrence entre rence ne facilitent ni l’office du juge ni rence reste le mieux placé pour l’éva-
les opérateurs économiques, et sur- celui du Conseil de la concurrence. luation des parts de marché d’une
tout encourager sans discrimination En effet et à la lumière de l’expérience part et la détermination ou limitation
les entreprises. Il s’agit en l’occurrence acquise au titre d’un premier mandat du marché pertinent d’autre part.
des missions traditionnellement dé- de quatre années rempli par le Conseil La recevabilité de la preuve par le
volues à l’État dans le cadre d’une de la concurrence (2013-2016), il est juge à ce niveau ne sera donc pas ab-
économie de marché. C’est autour de apparu la nécessité d’apporter des solue mais relative.
ce cadre juridique que vont se mani- amendements à l’ordonnance 03-03
fester les interactions entre le Conseil 2.1.2. La notion d’attestation néga-
du 19 juillet 2003 modifiée et com- tive
de la concurrence et la justice. Les plétée qui régit à ce jour le fonction-
rapports entre les deux institutions L’Article 8 de l’ordonnance 03-03 du
nement du Conseil de la concurrence. 19 juillet 2003 modifiée et complé-
peuvent s’avérer d’autant plus diffi- Ces propositions d’amendements qui
ciles que la faible expérience dans le tée relative à la concurrence dispose
ont été élaborées en collaboration que « le Conseil de la concurrence
traitement des affaires par les deux avec les experts en droit de la concur-
institutions ne permet pas de s’ap- peut constater, sur demande des en-
rence de la CNUCED sur la base d’un treprises intéressées, qu’il n’y a pas lieu
puyer sur une jurisprudence proli- audit législatif réalisé en 2014 à la
fique. pour lui, en fonction des éléments dont
demande du gouvernement algé- il a connaissance, d’intervenir à l’égard
En effet le gel des activités du Conseil rien et confirmées par un second dia-
de la concurrence entre 2003 à 2013 d’un accord, d’une action concertée,
gnostic dans le cadre du programme d’une convention ou d’une pratique tels
par suite d’absence de quorum (non CNUCED MENA en juin 2016, sont au
renouvellement des membres) a joué que définis aux articles 6 et 7 ci-dessus.
nombre de cinquante et une (51) sur Les modalités d’introduction de la de-
comme facteur négatif de distancia- un ensemble de soixante-quatorze
tion entre l’autorité judiciaire et le mande de bénéficier des dispositions
(74) articles soit près de 69% du texte de l’alinéa précédent sont déterminées
Conseil de la concurrence. de l’ordonnance sus visée.
Les perspectives judicaires sur le droit par décret » (Il s’agit du décret exécutif
Nous limiterons notre analyse à la No. 05-175 du 12 mai 2005 fixant les
de la concurrence en Algérie doivent sélection des articles comportant
être appréhendées à travers les volets modalités d’obtention de l’attestation
des insuffisances ou ambigüités sus- négative relative aux ententes et à la
ci-après : ceptibles de compliquer les relations
Ź Le vide juridique à combler en position dominante sur le marché).
avec l’instance judiciaire et notam- Selon le Conseil de la concurrence
matière législative (amendements à ment de faciliter le recours des parties
l’ordonnance 03-03 du 19 juillet 2003 autoriser un accord ou une position
à la dite instance contre les décisions dominante par anticipation est un
modifiée et complétée relative à la prises par le collège du Conseil de la
concurrence ; exercice complexe, car il s’agira d’an-
concurrence. ticiper les comportements futurs des
Ź La situation actuelle de la juris-
prudence en matière de droit de la 2.1. Sur le plan des aspects éco- parties à l’entente ou à la position
concurrence ; nomiques dominante, sans compter la difficulté
Ź La promotion des règles de la du suivi de cette opération après que
Convaincu que les décisions de jus- l’autorisation aurait été donnée.
concurrence par la coopération ac- tice prévalent sur les décisions admi-
tive entre les instances judicaires et le En outre le décret exécutif No. 05-175
nistratives rendues par le Conseil de du 12 mai 2005 fixant les modalités
Conseil de la concurrence ; la concurrence, ce dernier a recensé
Ź L’anticipation jurisprudentielle d’obtention de l’attestation négative
les dispositions qui ne facilitent pas relative aux ententes et à la position
par référence aux affaires traitées par au juge de trancher.
dominante sur le marché, en exigeant jet de la concentration) par le juge de suggère qu’au lieu de poursuivre les
en son annexe 2 aux entreprises inté- la Cour d’appel. auteurs des pratiques anticoncur-
ressées de fournir des estimations, Pour ces raisons, il est proposé par le rentielles en question (entente, sou-
chiffres et appréciations « de la façon Conseil de substituer le critère de no- missions concertées), le Conseil de
la plus proche de la réalité » accen- tification sur la base de parts de mar- la concurrence devrait imputer la
tue le risque d’interprétations diver- ché par celui du chiffre d’affaires. responsabilité de ces infractions aux
gentes selon que l’on se place du côté services contractants (les maîtres de
des entreprises concernées, ou du 2.1.4. La notion de « non contesta- l’ouvrage). Or le droit de la concur-
Conseil de la concurrence, ou in fine tion des griefs » rence se limite à poursuivre et le cas
de l’instance judiciaire. L’Article 60 de l’ordonnance sus visée échéant à sanctionner les soumis-
C’est à ce titre que le Conseil de la dispose que « le Conseil de la concur- sionnaires.
concurrence a préconisé l’abrogation rence peut décider de réduire le mon- Il revient au juge du tribunal adminis-
de cet article et ce, d’autant plus que tant de l’amende ou ne pas prononcer tratif de traiter des litiges opposant
l’attestation négative a été supprimé d’amende contre les entreprises qui, le maitre d’ouvrage aux soumission-
dans les pays d’Europe après avoir au cours de l’instruction reconnaissent naires en se fondant sur la réglemen-
démontré les limites de son utilité les infractions qui leur sont reprochées, tation des marchés publics.
pour être remplacée par un système collaborent à l’accélération de celle-ci,
d’exemptions. et s’engagent à ne plus commettre d’in- 2.2.2. La contradiction caractéri-
fractions liées à l’application des dispo- sant la notion de contrat d’exclusi-
2.1.3. Le seuil de concentration sitions de la présente ordonnance… ». vité
portant atteinte à la concurrence Le Conseil de la concurrence condi- L’article 10 prohibant l’exclusivité
L’article 18 de l’ordonnance sus vi- tionne cependant l’application de entre en contradiction avec l’article
sée comporte un seuil en termes de l’article 60 par des engagements 36 de la même ordonnance qui sti-
pourcentage « des ventes ou achats substantiels, crédibles et vérifiables pule que « Le conseil de la concurrence
effectués sur un marché. » Ce seuil sachant que le niveau de réduction est consulté sur tout projet de texte lé-
n’est pas clair et de toute manière très de l’amende ou son exonération dé- gislatif et réglementaire ayant un lien
complexe à déterminer. pend des dits engagements. avec la concurrence ou introduisant des
Lorsque la loi parle d'« un marché », mesures ayant pour effet notamment :
il s’agit certainement du « marché en 2.2. Sur le plan de la précision
• de soumettre l'exercice d'une profes-
cause » ou marché pertinent. Or dé-
juridique
sion ou d’une activité, ou l'accès à un
terminer le marché pertinent néces- En ne laissant pas de place à l’approxi- marché à des restrictions quantitatives ;
site une expertise avérée. mation et à l’ambigüité, la précision • d'établir des droits exclusifs dans cer-
En effet, la détermination des parts juridique aide les parties prenantes taines zones ou activités ;
de marché suppose préalablement du droit de la concurrence (instance • d'instaurer des conditions particulières
de définir les marchés pertinents judicaire, conseil de la concurrence, pour l'exercice d'activités de produc-
concernés par l’opération, ce qui les parties en litige et leurs défenses tion, de distribution et de services ;
constitue souvent une source de dis- respectives) à faciliter le dénouement • de fixer des pratiques uniformes en
corde entre les entreprises et autori- des affaires et à renforcer l’état de matière de conditions de vente ».
tés de concurrence ; les premières ont droit. Selon le conseil de la concurrence l’ar-
tendance à élargir cette définition ticle 10 devrait être abrogé eu égard
pour diluer leur part de marché et par 2.2.1. Les ententes (ou collusion) à la réalité des relations commerciales
conséquent ne pas être soumis au dans les marchés publics car il existe une foule de contrats
contrôle, et les secondes qui essayent L’Article 6 de l’ordonnance 03-03 du d’exclusivité pro- compétitifs qu’il ne
autant que faire se peut de limiter le 19 juillet 2003 modifiée et complé- faudrait pas interdire. .En fait ne de-
cercle de ce marché pour définir le tée relative à la concurrence stipule vraient être interdits que les contrats
pouvoir économique des entreprises : « Sont prohibées … les pratiques et d’exclusivité entrant dans le cadre
D’autre part l’article 18 ne précise pas actions concertées, conventions et d’un abus de position dominante.
s’il s’agit d’un seuil à évaluer en termes ententes expresses ou tacites et no-
de volumes ou en termes monétaires, tamment lorsqu’elles tendent à : » (…) 2.2.3. La notification des concen-
imprécision sur laquelle peuvent dernier alinéa: « Permettre l’octroi d’un trations
«jouer» les parties à la concentration marché public au profit des auteurs de L’Article 17 de l’ordonnance sus vi-
et rendre davantage problématique ces pratiques restrictives. ». sée laisse à penser que les parties à
le contrôle de la décision du Conseil Le conseil de la concurrence propose un projet de concentration sont en
de la concurrence (autorisation ou re- de supprimer ce dernier alinéa car il mesure de savoir si leur projet risque
d’enfreindre la loi et que par consé- être nommés intuitu personae et ce, sé ou qu’il n’y est aucune suite don-
quent, s’ils ne le pensent pas, ils ne en raison de leur expertise et de leur née à la transmission du dossier.
sont pas soumis à l’obligation de no- indépendance morale. Ils doivent agir Dans ce cas le conseil statue t- il sur
tifier. en toute objectivité et ne doivent par l’affaire ou classe définitivement le
Le texte que propose le Conseil de conséquent représenter ni défendre dossier ? Cet article ne le précise pas.
la concurrence clarifie la situation aucune partie (partis politiques ou C’est à ce titre que le conseil de la
en disposant que : « L’opération de monde des affaires. concurrence a proposé comme
concentration doit être notifiée au Le Conseil de la concurrence relève amendement la disposition suivante
Conseil de la concurrence avant sa aussi l’absence de magistrat dans la « A l’issue de ce délai qui est fixé et si au-
réalisation ». composante du collège (parmi les six cune suite n’est donnée par l’autorité de
Le texte proposé est plus conforme membres permanents). régulation concernée, le conseil de la
aux dispositions des autres législa- Le Conseil a proposé comme amen- concurrence statue sur le dossier sans
tions et devrait être approuvé sans dement d’y inclure des magistrats tenir compte de l’avis de l’autorité de
difficulté, d’autant plus que les mo- dès lors que le Conseil est soumis aux régulation ».
difications proposées à l’article 18 mêmes règles de procédure que les L’article 50 en son dernier alinéa sti-
amènent toute clarification néces- juridictions de premier degré. pule que « Les affaires relevant de sec-
saire quant au chiffre d’affaires des teurs d’activité placés sous le contrôle
entreprises concernées qui sert de 2.2.5. La dénonciation d’actes ou d’une autorité de régulation sont ins-
seuil pour les notifications. faits de qualification pénale truites en coordination avec les services
Par ailleurs l’article 21 bis qui dispose L’ordonnance n° 03-03 sus visée n’a de l’autorité concernée ».
«ne sont pas soumises au seuil de l’ar- pas prévu l’obligation pour le Conseil Cette disposition remet en cause l’ar-
ticle 18 toutes les concentrations pour de la concurrence d’informer les juri- ticle 39 d’une part et soulève la diffi-
lesquelles les candidats pourraient dictions compétentes sur les actes ou culté de traduire la coordination avec
justifier que l’opération renforcerait sa faits susceptibles de qualification pé- les services de l’autorité de régulation
position concurrentielle, qu’elle pré- nale qu’il découvre dans le cadre de en actes concrets devant rassurer l’of-
serve l’emploi ou améliore la position l’exercice de ses missions (telles que fice du juge.
des petites et moyennes entreprises entraves et destruction de preuves). C’est à ce titre que le Conseil propose
sur le marché … Toutefois ne peuvent Il est proposé en conséquence de l’abrogation de cet alinéa.
bénéficier de cette disposition que les prévoir un nouvel article en ce sens.
concentrations qui ont fait l’objet d’une 2.2.7. Les décisions notifiables par
2.2.6. La clarification de la relation huissier de justice
autorisation du Conseil… », est rendu avec les autorités de régulation
inapplicable par le dernier alinéa. L’Article 47 de l’ordonnance sus visée
sectorielle précise que: « Les décisions rendues
En effet ses dispositions dispensent Les articles 39 et 50 de l’ordonnance
les candidats de soumettre leur opé- par le conseil de la concurrence sont
03-03 sus visée comportent des am- notifiées pour exécution aux parties
ration au contrôle si les conditions bigüités ne facilitant ni l’office du
énumérées plus haut sont prouvées. concernées par huissier de justice».
Conseil de la concurrence ni celui du La notification des décisions du
Alors qu’en suivant le dernier alinéa, juge de la Cour d’appel.
elle ne sera légale que si elle fait Conseil de la concurrence par huis-
En effet, l’article 39 dispose que sier de justice n’est pas possible dans
l’objet d’une autorisation. Comment «Lorsque le conseil de la concurrence
obtenir une autorisation si l’article tous les cas et ce, dans la mesure où
est saisi d’une affaire ayant un rapport la compétence des huissiers en Algé-
lui-même dispense de soumettre la avec un secteur d’activité relevant du
concentration au contrôle du Conseil rie s’exerce sur le périmètre du tribu-
champ de compétence d’une autorité nal de son implantation alors que les
de la Concurrence ? de régulation, il transmet immédiate- affaires dont est saisi le conseil de la
2.2.4. La désignation des membres ment une copie du dossier à l’autorité concurrence peuvent couvrir tout le
non permanents du collège de régulation concernée pour formuler territoire national
L’article 24 de l’ordonnance sus visée son avis dans un délai n’.excédant pas Pour cette raison, il est proposé par
omet de prendre en charge le risque 30 jours ». le Conseil de modifier cet article afin
de conflit d’intérêt en ne précisant pas L’expérience vécue durant le premier que les décisions puissent être no-
que les quatre membres représentant mandat (2013-2016) a révélé une la- tifiées pour exécution aux parties
les entreprises et les deux membres cune au niveau de cet article. En ef- concernées par envoi recommandé
représentant les associations de pro- fet le délai de réponse de l’autorité avec accusé de réception.
tection des consommateurs doivent de régulation étant fixé à(30) trente
jours, il arrive que ce délai soit dépas-
2.2.8 La perquisition et la saisie dience se rapportant à l’affaire. pales décisions et avis du Conseil de
des documents par les rapporteurs Les observations écrites citées à l’alinéa la concurrence faisant jurisprudence,
L’Article 51 dispose que « Le rappor- 1 ci-dessus peuvent être consultées par de dresser un bilan des affaires trai-
teur peut, sans se voir opposer le secret les parties quinze (15) jours avant la tées par le Conseil au titre de son pre-
professionnel, consulter tout document date de l’audience. mier mandat (2013 à 2016).
nécessaire à l’instruction de l’affaire Le rapporteur fait valoir ses observa-
dont il a la charge. Il peut exiger la com- tions sur les éventuelles observations 3.2) Consolidation des statis-
munication en quelque main qu’ils se écrites citées à l’alinéa 1 ci-dessus ». tiques 2014-2015-2016
trouvent, et procéder à la saisie des do- Le Conseil de la concurrence constate Sur un plan global, les années 2014
cuments de toute nature, propres à fa- que la notification du rapport au mi- -2015-2016 ont enregistré le traite-
ciliter l’accomplissement de sa mission. nistre chargé du commerce et l’appel ment de trente-quatre (34) saisines
Les documents saisis sont joints au rap- à ses observations écrites peuvent se répartissant comme suit (sur la
port ou restitués à l’issue de l’enquête. remettre en cause le principe d’au- base des griefs invoqués par les par-
Le rapporteur peut recueillir tous les tonomie accordé au Conseil de la ties demanderesse) avec la remarque
renseignements nécessaires à son en- concurrence et ce, d’autant plus que que l’année 2013 a été une année de
quête auprès des entreprises ou auprès l’ordonnance a prévu la voie de re- mise en place des structures et d’or-
de toute autre personne. Il fixe les dé- cours des parties. ganisation des moyens humains et
lais dans lesquels les renseignements De même que le Conseil propose que matériels expliquant qu’aucune af-
doivent lui parvenir ». le dernier alinéa soit modifié comme faire n’ait été traitée par le Conseil de
La mise en œuvre des dispositions suit : la concurrence.
ci-dessus ne s’adapte pas à la réalité « le rapporteur fait valoir auprès du col- Ź Abus de position dominante :
du terrain, pour cela le Conseil pré- lège ses observations sur les éventuelles 10 saisines
conise la rédaction suivante : « Les observations écrites citées à l’alinéa 1 et Ź Pratique de prix abusivement bas :
rapporteurs du Conseil ne peuvent pro- ce, avant la séance de délibération de 04 saisines
céder aux perquisitions en tous lieux ce dernier ». Ź Pratiques commerciales déloyales
professionnels, et organismes, ainsi Tels sont les principaux articles por- (loi 04-02 de 2004) : 04 saisines
que la saisie de documents, que sur teurs d’ambigüités et qui peuvent Ź Ententes injustifiées : 03 saisines
autorisation délivrée par ordonnance être exploités à des fins de recours Ź Exploitation abusive de l’état de dé-
du tribunal territorialement compé- auprès de la Cour d’appel sans faci- pendance économique : 04 saisines
tent. Si l’enquête doit se faire dans les liter pour autant la mission du juge Ź Favoritisme dans les marchés
locaux qui se situent dans des endroits qui consiste, dans son acception clas- publics : 04 saisines
différents, relevant des tribunaux terri- sique, à « dire le droit et à trancher les Ź Demande de mesures provisoires :
torialement différents, dans ce cas une litiges » ; mission d’autant plus difficile 02 saisines
ordonnance unique délivrée par l’un que nous sommes dans le domaine Ź Demande d’attestation négative :
des présidents de tribunal compétent de l’économique et la preuve par pré- 01 saisine
est suffisante. somptions ou « faisceau de présomp- Ź Demande d’autorisation de
La perquisition et la saisie s’effectuent tions » est admise. concentration par notification :
sous l’autorité et le contrôle du juge qui 01 saisine
les a autorisées. Il désigne un ou plu-
3. La situation actuelle de la Ź Demande d’avis : 01 saisine
jurisprudence en matière de Toujours sur un plan global, ces
sieurs officiers de police judiciaire char- droit de la concurrence
gés d’assister à ces opérations et de le trente-quatre (34) affaires se sont sol-
tenir informé de leur déroulement, si la La jurisprudence en droit de la dées par :
nécessité de l’enquête l’exige». concurrence de la concurrence se dé- Ź19 rejets ;
compose généralement en : Ź07 irrecevabilités ;
2.2.9. La notification du rapport Ź Jurisprudence du Conseil de Ź02 décisions de report ;
aux parties la concurrence ; Ź02 refus de demande de mesures
L’Article 55 de ladite ordonnance sti- Ź Jurisprudence de la Cour d’appel ; provisoires ;
pule : « Le président du Conseil de la Ź Jurisprudence de la Cour Suprême; Ź01 amende ;
concurrence notifie le rapport aux par- Ź Jurisprudence du Conseil d’État. Ź01 absence de fondement
ties et au ministre chargé du commerce juridique ;
qui peuvent présenter des observations 3.1) Jurisprudence du Conseil Ź01 injonction suivie de lettre
écrites dans un délai de deux (2) mois. Il de la concurrence d’engagement ;
leur indique également la date de l’au- Il convient avant d’aborder les princi- Ź01 classement de l’affaire.
À travers ce bilan nous voulons mettre et diffusé son règlement intérieur sur ᅛ La prescription des faits ;
en exergue les points ci-après : le bulletin officiel de la concurrence ᅛ Le défaut d’intérêt ou de qualité
n°03 indiquant dans le détail en ces à agir.
Ź En dépit de l’existence du Conseil articles 07, 08, 09, 10, et 11 un stan- Trois décisions ont en revanche fait
de la concurrence depuis 1995 puis dard de saisine permettant sa receva- l’objet d’appel auprès de la Cour d’ap-
son gel à partir de 2003 et sa réactiva- bilité par la Direction de la procédure. pel d’Alger.
tion le 15 janvier 2013, le nombre de En effet, si aucun texte ni principe ne Il s’agit des affaires suivantes :
saisines reste faible en comparaison fait obligation à la partie saisissante
aux attentes du Conseil de la concur- d’apporter la preuve des agissements Affaire n°48 /2013 du 10 mars 2013
rence mais surtout aux pratiques an- qu’elle dénonce, il lui appartient tou- Cette saisine a été introduite au-
ticoncurrentielles potentiellement tefois d’assortir ses déclarations d’in- près du Conseil de la concurrence
existantes et non dénoncées par défi- dices crédibles, permettant de présu- par la société« SARL SETPAP ALIF
cit de culture de la concurrence. mer l’existence de pratiques illicites. papiers», contre les sociétés «SARL
En effet, 34 affaires traitées en quatre Ź 62 % des saisines se répartissent RAYEN papier » et « SARL EAPI ».
ans de mandat fait ressortir une entre les abus de position dominante, Le grief invoqué dans cette affaire par
moyenne de près de 09 affaires par les ententes injustifiées, les prix abu- la partie saisissante « SARL SETPAP
an, soit une affaire tous les 35 jours). sivement bas et l’exploitation abusive ALIF Papiers » contre les sociétés sus
Ź Sur les trente-deux (34) affaires d’une situation de dépendance éco- visées consistait en la mise en œuvre
traitées, vingt-six (26) se sont soldées nomique (dont 30% pour l’abus de de pratiques restrictives de la concur-
par des rejets et irrecevabilités indi- position dominante). Cela confirme rence en relation avec l’article 14 de
quant que les parties saisissantes ont en fait la structure du marché Algé- l’ordonnance n° 03-03 du 19 Juillet
un grand besoin de se faire assister rien où les oligopoles sont omnipré- 2003 modifiée et complétée relative
par une expertise externe (de préfé- sents (même si l’échantillon d’analyse à la concurrence et notamment :l’en-
rence avocats) pour les assister dans le reste très en deçà de la réalité et ne tente illicite entre les deux sociétés
« montage » de l’opération de saisine. peut représenter les pratiques an- sus visées se matérialisant par la mise
En effet dans bien des cas, les parties ticoncurrentielles potentiellement en œuvre de prix abusivement bas
saisissantes font la confusion entre existantes et non dénoncées). dans le but d’exclure du marché la
les pratiques anticoncurrentielles ou Concernant la mission consultative Société « SARL SETPAP ALIF papier ».
restrictives de la concurrence régies six (06) avis ont été rendus par le Ce comportement étant réprimé par
par l’ordonnance 03-03 du 19 juillet Conseil de la Concurrence entre 2014 les articles 06 et 12 de l’ordonnance
2003 modifiée et complétée relative -2015-2016 dont quatre pour la seule n° 03-03 du 19 juillet 2003 modifiée et
à la concurrence et les pratiques com- année 2014. complétée relative à la concurrence.
merciales régies par la loi 04-02 du 23 Le collège, après avoir entendu le rap-
3.3) Jurisprudence de la Cour port du rapporteur chargé de l’ins-
juin 2004 fixant les règles applicables
d’appel et de la Cour suprême truction du dossier considéré ainsi
aux pratiques commerciales qui ne
sont pas du ressort du Conseil de la que les parties demanderesse et dé-
Sur le plan juridictionnel les re-
concurrence.. fenderesses, et après avoir pris acte
marques suivantes s’imposent :
des conclusions de l’enquête menée
Certains plaignants considèrent, à ᅛ La majorité des décisions prises par
tort, que le recours à un avocat, du en Mai 2013 par la Direction de Wi-
le collège du Conseil de la concur-
reste non exigé par les dispositions laya du Commerce de Annaba sur
rence (26 sur 35) soit près de 75% ont
de l’ordonnance 03-03 du 19 juillet cette affaire, a décidé du rejet de la
prononcé soit le rejet soit l’irrecevabi-
2003 modifiée et complétée relative saisine pour absence d’éléments suf-
lité sans pour autant que ces décisions
à la concurrence, est superflu alors fisamment probants devant appuyer
ne soient contestées et fassent l’objet
qu’un conseil juridique attitré reste les faits invoqués.
d’appel auprès de la Cour d’Alger.
le meilleur moyen de cibler les griefs En effet, la décision de rejet se fonde
En effet la décision de rejet s’est à
et de s’assurer de la conformité de la sur les arguments ci-après :
chaque fois fondée sur l’insuffisance
saisine aux procédures de travail du ŹLes prix pratiqués par les deux so-
d’éléments probants pour appuyer
Conseil de la concurrence. ciétés défenderesses étaient supé-
les faits de la partie requérante.
La rédaction même des saisines par rieurs aux prix de revient des produits
Alors que la décision d’irrecevabilité
leurs auteurs, présente en soi plu- commercialisés (cahiers et registres)
s’est à chaque fois fondée sur l’un des
sieurs lacunes bien que le Conseil de bien que laissant une faible marge
justificatifs ci-après :
bénéficiaire à ces dernières ;
la concurrence a par souci pédago- ᅛ Les faits ne relèvent pas de la
gique à destination des tiers, élaboré ŹLa baisse des prix était en corréla-
compétence du Conseil ;
tion directe avec la baisse du prix de
la matière première sur le marché in- ŹLa violation des clauses contrac- L’arrêt a rejeté le grief d’abus de posi-
ternational ; tuelles commerciales liant les deux tion dominante de la Société « GRIEF
ŹLe marché pertinent (celui des parties et inhérentes à la livraison en Spa » en raison de la détention d’une
cahiers scolaires) n’a connu aucune quantités des futs métalliques. part de marché estimée à 35% sans
perturbation ou déséquilibre depuis ŹLa violation de la clause contrac- que la partie demanderesse ne puisse
la mise en œuvre des nouveaux prix tuelle de délai de paiement se tra- démontrer la contraire.
dénoncés par la SARL SETPAP ALIF duisant par l’obligation de paiement L’arrêt a rejeté en outre le grief d’ex-
Papiers ». d’avances préalables à la livraison ploitation abusive de dépendance
Cette décision a fait l’objet d’un re- alors que le contrat prévoit le paie- économique allégué par « PETROSER
cours par la saisissante auprès de la ment après livraison du produit. Sarl » à l’encontre de « GRIEF Spa » en
Cour d’Alger ayant abouti à l’arrêt de Le collège ayant pris connaissance du raison de la réalisation d’achats du
la chambre commerciale n°03492/16 rapport final du 17 Décembre 2014 même produit (futs métalliques) au-
du 05/06/2016 confirmant la déci- établi par le rapporteur désigné pour près d’une société de Tunisie.
sion du Conseil de la concurrence l’instruction de ce dossier a conclu L’arrêt a pris enfin acte de l’exécution
n°27 /2015 du 04/11/2015. que le grief d’abus de position domi- du contrat commercial liant les deux
La Cour d’appel a rappelé qu’en ap- nante est sans fondement sachant parties au litige en sa clause portant
plication des règles inhérentes à la que les marchés pertinents sont dis- sur les quantités prévisionnelles à
preuve « la charge de la preuve in- tincts pour les deux sociétés (PETRO- fournir par « GRIEF Spa » à « PETRO-
combe au plaignant » et que dans ce SER et GRIEF). SER Sarl », lesquelles prévisions de
cadre, la plaignante n’a pu démontrer, De même que le grief d’abus de dé- livraison ont été largement réalisées
sur la base des pièces justificatives pendance économique n’a pas été par «GRIEF Spa».
présentées, la relation existante entre retenu eu égard aux possibilités
le préjudice financier dont elle se dit qu’avait PETROSER de s’approvision- Affaire 25 /2003 du 21 Avril 2003
victime et l’application de prix sup- ner auprès d’autres distributeurs ; opposant un distributeur d’eaux
posés abusivement appliqués par ses En outre, le collège a pris acte du re- minérales à la Société IFRI (produc-
deux concurrents. fus de PETROSER de recourir à un ar- teur d’eaux minérales)
La Cour d’appel a rejeté le grief de rangement à l’amiable alors que les Pour rappel il s’agit du grief d’abus de
pratique de prix abusivement bas se clauses contractuelles liant les deux position dominante matérialisé par la
fondant sur le rapport définitif du rap- parties prévoyaient cette voie de rè- pratique discriminatoire sur les prix et
porteur du Conseil de la concurrence glement du litige. le refus de vente sans motif légitime
qui démontre que les prix appliqués Enfin, le collège, constatant que les (article 07 de l’ordonnance 95-06 du
par les parties défenderesses étaient quantités de futs livrées par GRIEF à 25 janvier 1195), commis par la So-
supérieurs aux couts de revient bien PETROSER dépassent les quantités ciété IFRI à l’encontre du Distributeur
que dégageant une faible marge bé- programmées contractuellement et précité.
néficiaire. constatant qu’aucune perturbation Le collège, après débats, a décidé à la
La Cour a par ailleurs pris en consi- n’a été enregistrée sur le marché des majorité des membres d’infliger une
dération la preuve d’absence de futs métalliques, a décidé du rejet de amende à la Société IFRI correspon-
perturbation du marché des cahiers la saisine pour absence d’éléments dant au montant minimal prévu par
scolaires en dépit de la mise en appli- suffisamment probants devant ap- l’article 14 de l’ordonnance 95-06 du
cation des prix sus visés. puyer les faits invoqués. 25 janvier 1995.
Dans son arrêt du 01/06/2016, la Cour Cette amende a été fixée à partir du
Affaire N°50/2013 du 02 Avril 2013 d’appel d’Alger ayant délibérée sur le bilan fiscal de l’exercice 2003 de la
Cette saisine a été introduite le 02 recours introduit auprès d’elle par la Société IFRI et notamment le chiffre
avril 2013 auprès du Conseil de la Société « PETROSER Sarl » a confirmé d’affaires du dit exercice pour déter-
concurrence par la société par la so- la décision du Conseil de la concur- miner avec autant de précision que
ciété « PETROSER» contre «GRIEF-SPA- rence dans tous ses volets. possible, le montant de l’amende.
ALGERIE» à qui il était reproché les L’arrêt a précisé que le collège du Cette décision a fait l’objet de deux
griefs ci-après: Conseil de la concurrence est le seul recours successifs introduits par la
ŹL’abus de position dominante sur organe décisionnel qui délibère à la Société IFRI, l’un auprès de la Cour
le marché des futs métalliques né- majorité de ses membres, et qu’en d’Alger et l’autre auprès de la Cour
cessaires à l’enfutage des huiles lubri- conséquence les arguments présen- Suprême.
fiants. tés par « PETROSER Sarl » ne sont pas
fondés.
Arrêt de la Cour d’Alger De ces trois affaires il en ressort les quête, étude et expertise…. »
N°03384/15 du 28 /10/2015 conclusions suivantes : Ź Aucune jurisprudence des Cours
Cet arrêt a rejeté les arguments de la Ź Eu égard à la pratique récente du de justice n’a encore été établie à ce
Société « IFRI » en ses volets ci-après : droit de la concurrence tant par l’ins- jour en ce qui concerne les concen-
Ź Le quorum légal lors de la délibé- tance judiciaire que par le Conseil de trations et ce, en raison de la quasi
ration des membres du collège était la concurrence, la recevabilité des inexistence de notifications de fu-
conforme aux dispositions de l’or- preuves par ce dernier n’a pas été re- sions d’entreprises à l’autorité de la
donnance 03-03 du 19 juillet 2003 re- mise en cause par le juge qui a confir- concurrence.
lative à la concurrence en son article mé les trois décisions prises par le
28 qui permet au collège de délibérer Conseil de la concurrence. 4. Interactions entre la justice
au minimum en présence de six (06) Il convient de souligner toutefois et l’autorité de la concurrence
membres .En conséquence l’argu- que ce dernier (le juge) ne s’est pas
Nous rappelons qu’en terme de pra-
ment du quorum non respecté est trouvé devant des difficultés à tran-
tique du droit de la concurrence, le
rejeté. cher sur des questions économiques
Conseil de la concurrence est une au-
Ź Le délai de prescription a été res- complexes et qu’en conséquence il
torité jeune (réactivée en 2013 après
pecté du fait que le gel de l’activité du n’est pas besoin de s’interroger sur
le gel de ses activités entre 2003 et
Conseil de la concurrence entre 2003 le niveau de compétence du juge en
2012 pour absence de renouvelle-
et 2013 ne peut être imputé à la par- matière de droit de la concurrence ou
ment de mandats de ses membres) et
tie plaignante qui a répondu à toutes chercher si l’application effective du
de taille réduite (effectif de 27 agents
les procédures d’instruction en 2003 droit de la concurrence a été entravée
au 31-12-2016 voir rapport d’activité
et a de ce fait à chaque étape contri- dans les affaires sus visées.
annuel).
bué à interrompre la prescription. Ź Dans le contexte de pratique ré-
Ź Le même arrêt a reconnu les cente du droit de la concurrence 4.1. Les interactions avec la jus-
preuves (différentes factures) exhi- nous pouvons affirmer que le juge va tice sur le plan législatif
bées par la partie demanderesse en se référer beaucoup plus à des règles
4.1.1. Les interactions avec la jus-
ce que la « Société IFRI » a bel et bien empiriques plus faciles à appliquer
tice codifiées par l’ordonnance
pratiqué à son encontre une discrimi- qu’à des évaluations économiques
03-03 du 19 juillet 2003 modifiée
nation dans les prix exploitant abusi- détaillées, cependant le collège du
et complétée relative à la concur-
vement durant cette période sa posi- Conseil de la concurrence s’impose
rence
tion dominante. des règles relatives à la charge de la
Le législateur a codifié en treize
Ce même arrêt a rejeté la demande preuve et à la norme de la preuve en
(13) articles les interactions entre le
de dommages et intérêts présentée veillant à évaluer la pertinence des
Conseil de la concurrence et les ins-
par la demanderesse. analyses économiques fournies par
tances judiciaires dans l’ordonnance
ses services..
Arrêt de la Cour Suprême sus visée. Il s’agit notamment de :
Ź Il n’est pas exclu que dans le
N°1130389 du 16 /06/2016 Ź L’article 19 qui prévoit en ma-
court et moyen terme, en fonction
L’arrêt de la Cour suprême a accepté tière de concentration en son dernier
de l’évolution de la pratique et de la
le recours dans la forme et l’a reje- alinéa que « la décision de rejet de la
complexité des affaires soumises au
té dans le fond. Cet arrêt a confirmé concentration (par le Conseil de la
Conseil de la concurrence, ce dernier
que le quorum à partir de six (06) concurrence) peut faire l’objet d’un re-
ainsi que l’instance judiciaire et les
membres était conforme à l’article cours devant le Conseil d’État ».
parties au litige ne recourent à des
28 de l’ordonnance 03-03 du 19 juil- Il faut rappeler que l’ambigüité soule-
experts pour appuyer la recevabilité
let 2003 relative à la concurrence et vée au niveau de l’article 17 (voir pre-
des preuves, notamment celles à ca-
a donc rejeté l’argumentaire de dé- mière partie de cette contribution)
ractère économique.
fense de la « Société IFRI ». justifie à notre sens le nombre insi-
Concernant le Conseil de la concur-
Ce même arrêt a rejeté à son tour gnifiant de notifications de concen-
rence, le législateur a prévu dans l’ar-
le grief de la prescription pour les trations adressées au Conseil de la
ticle 37 de l’ordonnance 03-03 du 19
mêmes motifs que ceux opposés concurrence entre 2013 et 2017, fai-
juillet 2003 modifiée et complétée le
par la Cour d’Alger et reconnu que le sant qu’aucun recours n’a été enregis-
recours à l’expertise le cas échéant
Conseil de la concurrence a respecté tré au niveau du Conseil d’État.
en disposant que « Le conseil de la
les formalités et procédures relatives Ź L’article 38 qui dispose que « pour
concurrence peut entreprendre toutes
à la poursuite de l’instruction une fois le traitement des affaires liées aux pra-
actions utiles relevant de son domaine
réactivé en 2013. tiques restrictives, telles que définies par
de compétence notamment toute en-
la présente ordonnance, les juridictions
peuvent saisir le Conseil de la concur- provisoires visées à l’article 46 de la pré- les moments de la procédure en cours
rence pour avis. L’avis n’est donné sente ordonnance est introduit dans conformément aux dispositions du
qu’après une procédure contradictoire, un délai de vingt (20) jours. Le recours code de procédure civile ».
sauf si le Conseil a déjà examiné l’affaire auprès de la Cour d’Alger n’est pas sus- Ź L’article 69 qui dispose que « La
concernée. pensif des décisions du Conseil de la demande de sursis à exécution, prévue
Les juridictions communiquent au concurrence. Toutefois, le président de à l’alinéa 2 de l’article 63 ci-dessus, est
Conseil de la concurrence, sur sa de- la Cour d'Alger peut décider, dans un formulée conformément aux disposi-
mande, les procès-verbaux ou les rap- délai n’excédant pas quinze (15) jours, tions du code de procédure civile.
ports d’enquête ayant un lien avec des de surseoir à l'exécution des mesures La demande de sursis est introduite par
faits dont le Conseil est saisi ». prévues aux articles 45 et 46 ci-dessus le demandeur au recours principal ou
Ź L’article 47 : qui dispose que « :« prononcées par le Conseil de la concur- par le Ministre chargé du commerce.
Les décisions rendues par le Conseil rence, lorsque des circonstances ou des Elle n’est recevable qu’après formation
de la concurrence sont notifiées pour faits graves l'exigent ». du recours et doit être accompagnée
exécution aux parties concernées par Ź L’article 64 : qui dispose que « le de la décision du Conseil de la concur-
huissier de justice». recours auprès de la Cour d’Alger contre rence.
les difficultés d’application de cet ar- les décisions du Conseil de la concur- Le Président de la Cour d’Alger requiert
ticle ont été présentées en première rence est formulé, par les parties à l’ins- l’avis du Ministre chargé du commerce
partie de cette contribution. tance, conformément aux dispositions sur la demande de sursis à exécution,
ŹL’article 48 qui dispose que « toute du code de procédure civile ». lorsqu’il n’est pas partie à l’instance ».
personne physique ou morale qui s’es- Ź L’article 65 qui dispose que : « Dès ŹL’article 70 qui dispose que « Les
time lésée par une pratique restrictive le dépôt de la requête de recours, une arrêts de la Cour d’Alger, de la Cour su-
telle que prévue par la présente ordon- copie est transmise au président du prême et du Conseil d’État en matière
nance, peut saisir pour réparation la Conseil de la concurrence et au ministre de concurrence sont transmis au Mi-
juridiction compétente conformément chargé du commerce lorsque ce dernier nistre chargé du commerce et au Pré-
à la législation en vigueur ». n’est pas partie à l’instance. Le président sident du Conseil de la concurrence ».
Cet article renvoie à la possibilité du Conseil de la concurrence transmet Cette codification des relations est
d’obtention de dommages et inté- au président de la Cour d’Alger le dos- en l’état actuel du traitement des
rêts que seul l’instance judicaire peut sier de l’affaire, objet du recours, dans affaires inhérentes au droit de la
qualifier et évaluer. IL convient de les délais fixés par ce dernier ». concurrence, sous utilisée, tant par
souligner que la décision du Conseil Les trois affaires exposées en partie II l’instance judicaire dont la chambre
de la concurrence constitue une des de la présente contribution et ayant commerciale traite essentiellement
preuves à la disposition du requérant fait l’objet de recours auprès de la des affaires de pratiques commer-
pour faire valoir ses prétentions aux Cour d’Alger ont été menées à terme ciales (contrefaçon, dénigrement, dé-
dommages et intérêts auprès du juge sur la base des dispositions de cet ar- faut de facturation et diverses fraudes
de la Cour d’appel. ticle. commerciales) que par le Conseil
Ź L’article 49 qui dispose que « les Ź L’article 66 : qui dispose que «Le de la concurrence qui comme nous
décisions rendues par le Conseil de magistrat rapporteur transmet au l’avions souligné plus haut reçoit peu
la concurrence, la Cour d’Alger, et le Ministre chargé du commerce et au de saisines en raison d’une culture de
Conseil d’État en matière de concur- Président du Conseil de la concurrence la concurrence encore récente et en
rence sont publiées par le Conseil de la pour observations éventuelles copie de cours de développement à l’échelle
concurrence dans le bulletin officiel de toutes les pièces nouvelles échangées sociale.
la concurrence…». entre les parties à l’instance ».
Ź L’article 63 qui dispose que « Les Ź L’article 67 qui dispose que « Le 4.1.2. Rappel sur le système juri-
décisions du conseil de la concurrence Ministre chargé du commerce et le dique
concernant les pratiques restrictives de Président du Conseil de la concurrence Le système juridique algérien est for-
concurrence peuvent faire l’objet d’un peuvent présenter des observations tement inspiré du modèle français.
recours auprès de la Cour d’Alger, sta- écrites dans les délais fixés par le magis- L’Algérie s’est dotée de très nombreux
tuant en matière commerciale, par les trat rapporteur ». codes dans tous les domaines : civil,
parties concernées ou par le ministre Ź L’article 68 qui dispose que « les pénal, commercial, social, adminis-
chargé du commerce, dans un délai ne parties en cause devant le Conseil de tratif, procédure pénale, procédure
pouvant excéder un (1) mois à compter la concurrence et qui ne sont pas par- civile et administrative… Ces codes
de la date de réception de la décision. ties au recours, peuvent, se joindre à reprennent beaucoup de lois fran-
Le recours formulé contre les mesures l’instance ou être mises en cause à tous çaises, en raison d’un système et
d’une culture judiciaire communes, Ź des recours en annulation formés saire en matière économique. ou qu’il
à l’exception toutefois du Code de la contre les décisions réglementaires n’est pas familiarisé avec les notions
famille inspiré par des règles de droit ou individuelles émanant des auto- économiques qui sont au fondement
musulman. rités administratives centrales, des du droit de la concurrence.
institutions publiques nationales et Parmi les axes de travail de la poli-
Organisation judiciaire des organisations professionnelles tique gouvernementale dans le do-
Le système judiciaire algérien a deux nationales. maine de la justice (document de
ordres juridictionnels : judiciaire et Ź des recours en interprétation et septembre 2015) figure « l’adaptation
administratif, avec à leur sommet la des recours en appréciation de la lé- de l’arsenal législatif avec les transfor-
Cour Suprême et le Conseil d’État. galité des actes dont le contentieux mations économiques et les normes
Il existe également un tribunal des relève du Conseil d’État. et mécanismes internationaux, par
conflits et une Cour des comptes. Il connaît, en appel, des jugements le biais de La modification du Code
L’ordre judiciaire rendus en premier ressort par les ju- de commerce et du Code pénal pour
- Le tribunal est la juridiction de pre- ridictions administratives. améliorer le climat des investisse-
mière instance, divisée généralement ments et des affaires, par la révision
en quatre sections: civile, pénale, 4.1.3. La compétence économique des dispositions relatives aux entre-
prud’homale et commerciale. du juge prises ».
- Les pôles pénaux spécialisés Le nombre d’affaires traitées dans Dans ce même document est consa-
Ces pôles pénaux spécialisés ont été le cadre des recours par l’instance cré « la- Poursuite du renforcement
créés en 2004. Des règles déroga- judiciaire (03 affaires entre 2013 et des programmes de formation spé-
toires au droit commun ont été ins- 2016) ne permet pas de porter une cialisée des magistrats en exercice,
taurées au profit de ces juridictions). quelconque appréciation sur la com- dans des instituts spécialisés et des
- La Cour est une juridiction d’ap- pétence des juges en matière écono- universités, en Algérie et à l’étranger,
pel qui statue en forme collégiale. mique. dans divers domaines prioritaires,
Chaque cour est divisée en plusieurs Par ailleurs, le Conseil de la concur- tels que: le droit des affaires, le droit
chambres dont la chambre commer- rence n’a pas non plus eu durant cette pénal économique, le droit des nou-
ciale qui traite les appels contre les dé- même période à examiner et traiter velles technologies d’information et
cisions du Conseil de la concurrence. de questions économiques com- de communication, la cybercrimina-
- La Cour suprême algérienne, créée plexes dans les saisines qui lui ont été lité, la propriété intellectuelle. Il est à
en 1963, mais régie actuellement par adressées. noter que 868 magistrats ont bénéfi-
une loi de 1989, connaît des pourvois Il n’en demeure pas moins qu’au fur cié de ce type de formation, dont 200
en cassation formés contre les juge- et à mesure de l’ouverture du marché magistrats dans des universités étran-
ments rendus en dernier ressort par et de la démonopolisation progres- gères (France et Belgique) ».
les tribunaux et les cours. sive au niveau du secteur public, il
faut s’attendre à une confrontation 4.2. Les interactions avec la jus-
L’ordre administratif tice en dehors du traitement des
certaine avec des questions éco-
- Les tribunaux administratifs affaires
nomiques complexes, que celles-ci
constituent des juridictions de droit
portent sur les pratiques anticoncur- En dehors du traitement des affaires
commun en matière administrative.
rentielles ou sur les concentrations. qui met en interaction le Conseil de la
Leurs décisions sont susceptibles
Le Conseil de la concurrence a déve- concurrence avec le juge de la Cour
d’appel devant le Conseil d’État.
loppé (et continue à développer) une d’appel, le Conseil de la concurrence
- Le Conseil d’État (qui, en droit de
expertise en droit de la concurrence n’a pas manqué à chaque organisa-
la concurrence, connait des recours
par la force des prérogatives que tion de journées d’études (une par
en matière de concentrations d’en-
l’État lui a conféré en lui délégant son trimestre) d’inviter les magistrats de
treprises) a été institué en 1998. Il
pouvoir de régulation et par l’obliga- la Cour d’appel, de la Cour suprême
constitue l’organe régulateur de l’ac-
tion qui lui est faite de rendre compte et du Conseil d’État à assister aux in-
tivité des juridictions administratives.
à ce même État. terventions d’éminents experts Algé-
Il exerce une fonction consultative et
L’instance judiciaire quant à elle, char- riens et étrangers.
donne son avis sur les projets de lois
gée de contrôler le fondement des Ces journées d’études ont porté no-
avant leur examen par le Conseil des
décisions du collège peut entraver tamment sur des thèmes intéressants
ministres.
l’application effective du droit de la les magistrats tels que :
En matière juridictionnelle, le Conseil
concurrence lorsque le juge ne dis- Ź l’abus de position dominante ;
d’État connaît en premier et dernier
pose pas de la compétence néces- Ź la collusion des soumissionnaires
ressort :
dans les marchés publics ; 5.1. Le champ de compétence Il est de jurisprudence constante
Ź les programmes de conformité du Conseil de la concurrence que l’effet interruptif des actes d’en-
aux règles de la concurrence ; quête vaut à l’égard de toutes les
Ź les propositions d’amendements à Si l’appréciation de la conformité du parties à la procédure, c’est ainsi
l’ordonnance 03-03 du 19 juillet 2003 comportement d’une entreprise aux qu’un acte tendant à la recherche, la
modifiée et complétée relative à la clauses d’un contrat ne relève pas de constatation ou la sanction de pra-
concurrence. la compétence du Conseil mais plutôt tiques anticoncurrentielles, même
du juge statuant en matière commer- s’il ne concerne que certaines des
4.3. Les tribunaux généralistes ciale il appartient au Conseil d’ap- entreprises incriminées ou une par-
ou tribunaux spécialisés dans précier si des stipulations ou clauses
les affaires de concurrence tie seulement des faits commis pen-
contractuelles et l’application qui en dant la période visée par la saisine,
Cette question a été tranchée dès est faite, ont pour objet ou peuvent interrompt la prescription à l’égard
l’année 2005 par le Ministère de la avoir pour effet d’empêcher, de res- de toutes les entreprises concernées
justice treindre ou de fausser le jeu de la libre et pour l’ensemble des faits dénoncés
L’option de l’Algérie est qu’au « lieu de concurrence sur un marché. dès lors que ceux- ci présentent entre
créer des juridictions spécialisées, nous Les décisions prises par des per- eux un lien de connexité.
mettrons en place des magistrats spé- sonnes publiques assurant la mission Par ailleurs, tous les actes adminis-
cialisés ». Cela passera par la création de service public et disposant pour tratifs des rapporteurs tendant à la
«des pôles spécialisés en matière ci- cela de prérogatives de puissance pu- recherche, la constatation ou à la
vile et en matière commerciale». blique, relèvent de la compétence de sanction des pratiques anticoncur-
À l’heure actuelle, la Cour d’appel la juridiction administrative pour en rentielles peuvent interrompre la
d’Alger statue en matière commer- apprécier la légalité et, le cas échéant, prescription.
ciale. Le tout est de disposer de ma- pour statuer sur la mise en jeu de la La jurisprudence peut aller plus loin
gistrats qui ont la compétence de responsabilité encourue par ces per- en en considérant comme interrup-
rendre un jugement équitable dans sonnes publiques. tifs de prescription des actes éma-
une affaire d’ordre économique, ce Si, en conséquence, la décision ou la nant d’autres autorités que le rappor-
qui requiert une formation spéciali- mesure contestée au regard du droit teur pour peu que ces autorités ont
sée de la concurrence met en œuvre des une relation légale avec l’affaire en
prérogatives de puissance publique instruction ont un effet interruptif de
5. Les Perspectives rattachée à une mission de service
jurisprudentielles en droit prescription.
public, la juridiction administrative « Ont en effet déjà été reconnus comme
de la concurrence est seule compétente pour en appré- interruptifs de prescription des actes,
Devant le faible corpus de juris- cier la légalité et, le cas échéant, pour quels qu’en soient les auteurs, qui
prudence en matière de droit de statuer sur la mise en jeu de la respon- n’étaient pas à proprement parler des
la concurrence en Algérie tel que sabilité encourue par les personnes actes d’instruction mais qui avaient un
nous l’avions exposé plus haut, le re- concernées. impact sur la conduite de la procédure
cours aux acquis de la jurisprudence Dans ce même cadre il est de juris- de sanction du Conseil ».
d’autres États dont les autorités de la prudence constante que l’apprécia-
concurrences sont anciennes et per- tion de la façon dont les personnes 5.2.1. Modes de preuves recevables
formantes nous parait être la meil- publiques organisent leurs appels « Hors le cas où la loi en dispose autre-
leure voie pour accélérer le dévelop- d’offres lors des marchés publics, ment, les infractions peuvent être éta-
pement du droit de la concurrence ne relève pas de la compétence du blies par tout mode de preuve et le juge
Algérien. Conseil de la concurrence. décide d’après son intime conviction. Le
Certains textes relatifs à ces acquis de juge ne peut fonder sa décision que sur
5.2. La prescription des preuves qui lui sont apportées au
jurisprudence nous paraissent aisé-
ment adaptables au contexte actuel L’article 44 dernier alinéa de l’ordon- cours des débats et contradictoirement
d’application du droit de la concur- nance 03-03 du 19 juillet 2003 modifiée discutées devant lui ». En application
rence sur le marché Algérien et par- et complétée relative à la concurrence de ce principe, la pratique décision-
ticulièrement aux entreprises tant ils stipule « Le Conseil de la concurrence nelle de l’autorité de la concurrence
relèvent du bon sens et de l’objecti- ne peut être saisi d'affaires remontant à en France n’interdit pas à un plai-
vité. Il s’agit notamment des cas sui- plus de trois (03) ans, s'il n'a été fait au- gnant de faire état d’éléments recueil-
vants : cun acte tendant à leur recherche, leur lis auprès d’une entreprise au moyen
constatation et leur sanction ». de procédés déloyaux, comme par
exemple, des éléments obtenus par se fonde sur des éléments soumis au avec lui un faisceau d’indices graves,
le biais d’une démarche présentée contradictoire. Le principe même de précis et concordants ».
faussement comme émanant d’un la séparation des fonctions d’instruc-
5.9. Imputabilité des pratiques
consommateur ou par le biais de l’en- tion et de décision fait obstacle à ce
lors de la restructuration des so-
registrement de conversations pro- que cette formation soit réduite à une ciétés
fessionnelles au cours d’une réunion. simple chambre d’enregistrement Lorsque la personne morale res-
En revanche, sous le contrôle de la des raisonnements du rapporteur. ponsable de l’exploitation de l’en-
cour d’appel, le Conseil veille stricte- treprise a juridiquement disparu, les
5.6. La durée de la procédure
ment à ce que, lors du déroulement pratiques doivent être imputées à la
La jurisprudence constante considère
des enquêtes ou de l’instruction, les personne morale à laquelle l’entre-
qu’en l’absence de démonstration
rapporteurs, n’utilisent des procédés prise a juridiquement été transmise,
établissant que la durée de l’instruc-
déloyaux. c’est-à-dire à la personne morale qui a
tion a irrémédiablement compromis
l’exercice des droits de la défense, la reçu les droits et obligations de la per-
5.3. Pratiques non visées dans sonne auteur des pratiques (exemple
la saisine procédure ne saurait être déclarée ir-
régulière du seul fait de sa durée société absorbante d’une société au-
La saisine in rem du Conseil de la
Le cas échéant la durée jugée exces- teur de pratiques anticoncurrentielles
concurrence vaut à l’égard de toutes
sive de la procédure peut être sanc- dans le cadre d’une fusion).
les entreprises mises en cause et l’au-
tionnée par la réparation du préjudice La personne morale dont les moyens
torise à examiner des pratiques non
mais en aucun cas annuler ou réfor- humains et matériels ont concou-
visées dans la saisine, dès lors qu’elles
mer la décision prise par le Conseil de ru à la mise en œuvre des pratiques
se rattachent aux faits dénoncés dans
la concurrence. encourt les sanctions tant qu’elle
celle-ci.
conserve la personnalité juridique,
Dans ce cadre, un arrêt de la cour 5.7. Le respect d’injonction même si ces moyens ont été cédés à
d’appel de Paris précise : « le Conseil, Les injonctions décidées par le une autre société. Quand l’entreprise,
qui est saisi in rem de l’ensemble des faits Conseil de la concurrence doivent auteur des pratiques, a disparu en
et des pratiques affectant le fonctionne- être formulées en termes clairs, pré- tant que personne juridique, la per-
ment d’un marché et n’est pas lié par les cis et exempts d’incertitude quant à sonne morale qui a acquis les moyens
demandes et qualifications de la partie leur exécution. Les injonctions sont matériels et humains ayant servi à la
saisissante, peut, sans avoir à se saisir par conséquent d’interprétation commission des faits doit répondre
d’office, retenir les pratiques révélées par stricte lorsqu’il s’agit de vérifier leur des pratiques reprochées.
les investigations auxquelles il a procédé respect par les auteurs des pratiques Il s’agit en conséquence d’imputer
à la suite de sa saisine qui, quoique non anticoncurrentielles. la responsabilité des pratiques anti-
visées expressément dans celle-ci, aient
5.8. Démonstration de l’entente concurrentielles à la personne morale
le même objet ou le même effet que
La participation, même passive, d’une absorbante qui assure la continuité
celles qui lui ont été dénoncées ».
entreprise à une réunion dont l’objet économique et fonctionnelle de la
5.4. Examen des procédures est anticoncurrentiel suffit à établir sa société qui a fait l’objet de l’absorp-
conservatoires participation à l’entente, sauf si cette tion.
Une demande de mesures conserva- entreprise démontre qu’elle n’a pas
toires ne peut être examinée que si la 5.10. Imputabilité entre société
souscrit aux pratiques anticoncurren- mère et filiale
saisine au fond est recevable et n’est tielles décidées lors de ladite réunion, il est de jurisprudence constante que
pas rejetée faute d’éléments suffi- en s’en distançant publiquement. les pratiques mises en œuvre par une
samment probants. La démonstration d’un échange société filiale lui sont imputables si
5.5. La notification des griefs volontaire d’informations dans ces celle-ci est en mesure de définir sa
Le grief est un ensemble de faits, circonstances de marché suffit pour propre stratégie commerciale, finan-
qualifiés juridiquement et imputés à qualifier la pratique d’entente. cière et technique, et de s’affranchir
une ou plusieurs entreprises. La no- « Si la constatation d’un parallélisme de du contrôle hiérarchique du siège de
tification de griefs n’a pas pour objet comportement ne suffit pas à elle seule la société dont elle dépend.
d’anticiper ou d’épuiser à l’avance le à démontrer l’existence d’une entente
anticoncurrentielle l’existence d’une en- 5.11. Les marchés pertinents
débat contradictoire ultérieur, ni de
tente peut être établie dès lors que des La délimitation du marché perti-
retirer au Conseil son pouvoir de mo-
éléments autres que la constatation nent est indispensable en droit de
tiver librement sa décision, dès lors
du seul parallélisme de comportement la concurrence, car elle permet d’ap-
qu’il s’en tient aux griefs notifiés et
s’ajoutent à celui-ci pour constituer précier, le pouvoir de marché d’une
entreprise et, les effets des pratiques interdit aux entreprises en cause de 5.16. Les abus de position domi-
mises en œuvre. présenter des offres en concurrence nante
Par ailleurs, la délimitation du mar- apparente, car la concurrence entre La jurisprudence, définit la position
ché pertinent permet de quantifier, ces offres est irrémédiablement faus- dominante comme étant la situa-
en partie, le dommage à l’économie sée par l’échange initial. tion dans laquelle une entreprise est
conduisant à l’évaluation des sanc- susceptible de s’abstraire des condi-
5.13. La démonstration de l’ac- tions du marché et d’agir à peu près
tions. La délimitation du marché per-
cord de volonté constitutif
tinent se fait en deux étapes : dans un d’une entente librement sans tenir compte du com-
premier temps, le Conseil identifie les La démonstration d’une entente portement et de la réaction de ses
biens et services qui s’échangent sur suppose d’abord la démonstration concurrents.
ce marché et dans un second temps, il d’un accord de volonté entre deux ou Une telle position peut résulter de
définit la zone géographique concer- plusieurs entreprises. En l’absence de différents facteurs caractérisant le
née. contrat à objet anticoncurrentiel dont marché lui- même ou l’entreprise,
Un écart de prix substantiel et du- la signature, par les entreprises en comme la détention, soit d’un mono-
rable entre différents produits peut cause, suffit à démonter leur accord, pole légal ou de fait sur une activité,
être un indice de non-substituabilité celui-ci peut résulter d’un ensemble soit de parts de marché substantielles
entre ces derniers et donc de non ap- de circonstances factuelles, comme, : une telle position peut aussi résulter
partenance au même marché. par exemple, l’application, par une de l’appartenance à un groupe de
Dans le cas de pratiques d’ententes entreprise, des termes d’une décision grande envergure, de la faiblesse des
relevées dans le cadre de réponses à prise par une autre. concurrents, de la détention d’une
des appels d’offres, chaque consulta- avance technologique ou d’un sa-
tion est considérée comme un mar- 5.14. Ententes et échanges d’in- voir-faire spécifique
ché en soi, la demande étant circons- formations ne portant pas sur La démarche pour constater un abus
crite dans chacun des cahiers des les prix de position dominante s’effectue en
charges. Les échanges d’informations entre trois étapes :
concurrents de nature à accroître Ź Il convient dans de délimiter le
5.12. Les groupements d’entre- la transparence du marché et à per- marché pertinent sur lequel l’entre-
prises en vue de répondre aux mettre la connaissance mutuelle prise ou le groupe d’entreprises en
appels d’offres des performances des concurrents, cause opère ;
La constitution par des entreprises même s’ils ne portent pas sur les Źdéterminer ensuite la position que
indépendantes et concurrentes, de prix, sont anticoncurrentiels ;(cela cette ou ces dernières occupe sur ce
groupements, en vue de répondre à s’applique notamment et essentielle- marché ;
un appel d’offres, n’est pas illicite en ment sur les marchés de nature oligo- Ź Et enfin, au cas où la position do-
soi. De tels groupements peuvent polistique) minante est caractérisée, d’examiner
avoir un effet pro concurrentiel s’ils
5.15. Les prix imposés ces pratiques en vue de déterminer
permettent à des entreprises, ain-
Concernant l’établissement de l’exis- si elles présentent un caractère abusif
si regroupées, de concourir, alors
tence d’une entente verticale visant et anticoncurrentiel.
qu’elles n’auraient pas été en état de
l’imposition d’un prix de revente, la Le Conseil ne peut examiner les pra-
le faire isolément, ou de concourir sur
jurisprudence impose de démontrer tiques prétendument abusives mises
la base d’une offre plus compétitive.
que ces prix ont été évoqués au cours en œuvre par une entreprise, dès lors
Ils peuvent, à l’inverse, avoir un effet
de négociations commerciales entre qu’il constate que celle-ci n’est pas en
anticoncurrentiel s’ils provoquent
le fournisseur et ses distributeurs, position dominante sur un marché.
une diminution artificielle du nombre
des entreprises candidates ou dissi- que les prix ainsi déterminés ont été 5.17. Les situations de mono-
mulent une entente de prix ou de ré- effectivement pratiqués par ces distri- pole de droit ou de fait
partition des marchés. buteurs - révélant l’existence d’un ac- La détention d’un monopole, de droit
Il appartient cependant aux maitres cord de volontés, donc d’une entente ou de fait, suffit pour établir la posi-
d’ouvrages de refuser l’offre d’un - et enfin, qu’un système de contrôle tion dominante de son titulaire. Il en
groupement en cas de soupçon que des prix a été mis en place par le four- est de même, lorsqu’une entreprise
son objet serait concurrentiel. nisseur, un tel système étant, en gé- est en situation de quasi-monopole.
L’échange d’informations réalisé néral, nécessaire au fonctionnement
entre des entreprises avant le dépôt durable d’une entente sur les prix.
des offres au motif d’un projet de
groupement, finalement abandonné,
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ϰ˰οϣΕϗϭϱϥϣέ˰Λ˰ϛˬΔΣΎΗϣ˰ϟ ϕΎΑγϲϓΩϬόΗϣϛΔϛέΎηϣ˰ϟρϭέη˰ΑϪ˰Ύϔϳ·ϲϫϭΓΩϭΩΣϣϭ
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ϕΣϠϣϟ ϲΗϟϭϝϭΩϟϥϣΩϳΩόϟϪϧϣΕλϠΧΗϱΫϟϲρέϗϭέϳΑϟϊΑΎρ˰ϟ
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ΔϳϟΎϣϟϭΔϳΩΎλΗϗϻΕΎϳϬϟϭΔϳϠΣϣϟΕΎϋΎϣΟϟŶ ΓΩϣ˰ϟΎϬ˰ϧϳϳΣΗΕέ˰ΗϓίϭΎΟΗΗΩϗˬϝΎΟϵϭΕϗϭϟΎΑΓΩΩΣϣ˰ϟ
ϙϠϬΗγϣϟΔϳΎϣΣΕΎϳόϣΟΫϛϭΔϳΑΎϘϧϟϭΔϳϧϬϣϟΕΎϳόϣΟϟϭΕΎγγ΅ϣϟŶ Ϋ·ˬΔϘϔλϟϡέΑ·ϭνϭέόϟϡϳΩϘΗϟηέΗϟϲΗέΗϓϥϳΑΓΩΩΣϣ˰ϟ
Ϫγϔϧ˯ΎϘϠΗϥϣΎϳΎοϘϟϲϓέυϧϳϥαϠΟϣϠϟϥϛϣϳϭŶ ΩΣϳϭϥ˰ϳϣΛϟΕϗϭϟϥϣΩϳίϣ˰ϟϙϠϬ˰ΗγϳϕΎϋϝ˰ϛηΗΎϣΎΑϟΎϏ
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έρΧϠϟέυϧΔϳϋΩϣϟΔϛέηϟϝΛϣϣΏγΣϙϟΫϭˬΎϬϳϠϋϰϋΩϣϟ
ΔϳϧΎΛϟΓΩΎ˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰ϣϟ
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ϥϣϝϛϰϟ·έέϘϟΫϫώϠΑϳ
Ϫ˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰ϳϠϋϭ
˭´ECFERAL“ϙϧΗϟϭΔϳγΎΣϧϟϲϧϭϷΔγγ΅ϣ
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˭´SNTA“ΕϳέΑϛϟϭώΑΗϠϟΔϳϧρϭϟΔϛέηϟ
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ΓέΎΟΗϟέϳίϭΩϳγϟ
ΔγϓΎϧϣϟΎΑϕϠόΗϣϟˬϡϣΗϣϟϭϝΩόϣϟ2003ΔϳϠϳϭΟ19ϲϓΥέ΅ϣϟ
ΔΛϟΎΛϟΓΩΎ˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰ϣϟ ˭έρΧϣϟϯΩϟΔΣϠλϣϟϭΔϔλϟέϓϭΗΫϛϭ
ϱΫϟέίΟϟ˯ΎοϗαϠΟϣϡΎϣϥόρϠϟϼΑΎϗέέϘϟΫϫϥϭϛϳ ΓέϘϓ44ΓΩΎϣϟϲϓΎϬϳϠϋιϭλϧϣϟϝΎΟϵϲϓέΎρΧϹωΩϳ·Ż
ϑέρϥϣϭΔϳϧόϣϟϑέρϷϝΑϗϥϣΔϳέΎΟΗϟΩϭϣϟϲϓϝλϔϳ ϝΩόϣϟ2003ΔϳϠϳϭΟ19ϲϓΥέ΅ϣϟ0303ϡϗέέϣϷϥϣ04
˯ΩΗΑΎϣϭϳϥϭέηϋίϭΎΟΗϳϻϝΟϲϓΓέΎΟΗϟΎΑϑϠϛϣϟέϳίϭϟ ΔγϓΎϧϣϟΎΑϕϠόΗϣϟˬϡϣΗϣϟϭ
ϪϣϼΗγΦϳέΎΗϥϣ Υέ΅ϣϟ0303έϣϷϲϓΎϬϳϠϋιϭλϧϣϟΕ˯έΟϹ˯ΎϔϳΗγŻ
ΔγϓΎϧϣϟΎΑϕϠόΗϣϟˬϡϣΗϣϟϭϝΩόϣϟˬ2003ΔϳϠϳϭΟ19ϲϓ
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ϪΎοϋϷϲϧϭϧΎϘϟ ϥϭϣοϣϟΙϳΣϥϣ
˭αϳέϟˬϲϧϭΗϳίΓέΎϣϋΩϳγϟ ΓΩΎϣϟϥϣοϝΧΩΗΔΗϗ΅ϣϟέϳΑΩΗϟΏϠρΔϧϣοΗϣϟΓέϛΫϣϟϥΎϣΑŻ
˭ϡΩϭοϋˬϲϟϼϳΟϲϧΎϣϳϠγΩϳγϟ ϲΗϟϭΔγϓΎϧϣϟΎΑϕϠόΗϣϟˬϡϣΗϣϟϭϝΩόϣϟ0303έϣϻϥϣˬ46
˭ϡΩϭοϋˬϡϳέϣεϳϣϋΓΩϳγϟ έϳίϭϟ ϥϣ ϭ ϲϋΩϣϟ ϥϣ ΏϠρΑ ˬΔγϓΎϧϣϟ αϠΟϣ ϥϛϣϳ Ϫϧ ϥϳΑΗ
˭ϡΩϭοϋˬΏϳρϟΩϣΣϣΩϫΎΟϣΩϳγϟ ΓΩϳϘϣϟΕΎγέΎϣϣϟϥϣΩΣϠϟΔΗϗ΅ϣέϳΑΩΗΫΎΧΗˬΓέΎΟΗϟΎΑϑϠϛϣϟ
˭ϡΩϭοϋˬέϳϧϣΩϣΣϣΏΎϫϭϟΩΑόϠΑΩϳγϟ ΕΎγγ΅ϣϟΓΩΎϔϟˬϪΣϼλ·ϥϛϣϣέϳϏϕΩΣϣέέοωϭϗϭϱΩΎϔΗϟ
˭ϡΩϭοϋˬϱΎΑϟΩΣϭϟΩΑϋΩϣΣϣΩϳγϟ έέοϹΩϧϋϭΕΎγέΎϣϣϟϩΫϫ˯έΟϥϣΎϬΣϟΎλϣΕέΛ΄ΗϲΗϟ
˭ϡΩϭοϋˬυϳϔΣϟΩΑϋΓέϭΩϧϗϭΑΩϳγϟ ΔϣΎόϟΔϳΩΎλΗϗϻΔΣϠλϣϟΎΑ
˭ϡΩϭοϋˬΩϳΟϣϟΩΑϋϲϧϭ˰ϧΩΩϳγϟ έΎρΧϹϥϋϭΔΗϗ΅ϣϟέϳΑΩΗϟΏϠρϥϋΕϟίΎϧΗΔϳϋΩϣϟϥΎϣΑŻ
αϳέϟ .2017ϝϳέϓ02ΦϳέΎΗΑˬ201703ϡϗέ
ˬ201703ϡϗέέΎρΧϺϟϕϓέϣϟΔΗϗ΅ϣϟέϳΑΩΗϟΏϠρΔγέΩΩόΑŻ
13ϡϭϳΔγϠΟϟΔγϓΎϧϣϟαϠΟϣϝΎϣϋϝϭΩΟϲϓΔϳοϘϟΝέΩ·ϡΗ
ϝϭΩΗϟϭϥϳϳϧόϣϟϥϳέέϘϣϠϟωΎϣΗγϻϝΟϥϣ2017ΔϳϠϳϭΟ
11 14Ʈƣ°-ŠƀƟŚƴưƬƫŠǀưſźƫ¦ŠƿźƄƴƫ¦
ΔϧγϝϼΧΔγϓΎϧϣϟαϠΟϣϥϋΓέΩΎλϟΕέέϘϟ
ΔϳϠϳϭΟ13ϲϓέΩΎλϟ/ϡϗέέέ˰˰ϗ
ΔΗϗ΅ϣϟέϳΑΩΗϟΏϠριΧϳΎϣϲϓ
Ωο³(&)(5$/´ϙϧΗϟϭΔϳγΎΣϧϟϲϧϭϷΔγγ΅ϣ
´617$´ΕϳέΑϛϟϭώΑΗϠϟΔϳϧρϭϟΔϛέηϟ
˭ΔϳοϘϟϲϓϱέΣΗϠϟϰϔρλϣΩϳέϭϛϭϥϳΩϣϭΑϱΩόγϥϳέέϘϣϟ Δγ˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰ϓΎ˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰ϧϣϟαϠ˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰˰Οϣϥ·
˭ϑϠϣϟΎΑΔϘϓέϣϟϕΎΛϭϟϰϠϋωϼρϻΩόΑ
12ΦϳέΎΗΑϝΟγϣϟ201703ϡϗέέΎρΧϹϰϠϋωϼρϻΩόΑ
ΔϳϠϳϭΟ13ϡϭϳΓΩϘόϧϣϟΔγϠΟϟϝϼΧϥϣέέϘϣϟϰϟ·ωΎϣΗγϻΩόΑ
ϲϧϭϷΔγγ΅ϣΔϣϫΎγϣϟΔϛέηϪΑΕϣΩϘΗϱΫϟϭ2017αέΎϣ
˭2017
ϕϳέρˬ14Ώ ΎϫέϘϣ ϥΎϛϟˬ ´ECFERAL³ ϙϧΗϟ ϭ ΔϳγΎΣϧϟ
13ΔγϠΟϝϼΧΔϳοϘϟϲϓΔγϓΎϧϣϟαϠΟϣ˯ΎοϋϝϭΩΗΩόΑ
ΎϬϠΛϣϣϕϳέρϥϋ˭έίΟϟˬεέΣϟΔϳϋΎϧλϟΔϘρϧϣϟˬ˯ΎόΑέϷ
2017ΔϳϠϳϭΟ
ΕϳέΑϛϟϭ ώΑΗϠϟ Δϳϧρϭϟ Δϛέηϟ Ωο ˬΩόγ ϥΑ ϥϳγΣ ΫΎΗγϻ
ΎϬϧΎϳΑΗϲΗϵΏΎΑγϷϭΕΎϧϳΎόϣϟϰϠϋαγ΅ϣϟέέϘϟέΩλ ˬΩΩίϭϠΑϥϳΩϟέϭϧϥϳγΣωέΎηˬ40˰ΑΎϫέϘϣϥΎϛϟˬ´SNTA“
Δγγ΅ϣˬΔϣϫΎγϣϟΔϛέηΕϋΩϭˬ2017αέΎϣ12ΦϳέΎΗΑŻ έίΟϟ
ΎϫέϘϣ ϥΎϛϟˬ ´ECFERAL³ ϙϧΗϟ ϭ ΔϳγΎΣϧϟ ϲϧϭϷ 13 ΦϳέΎΗΑ ϝΟγϣϟ ΔΗϗ΅ϣϟ έϳΑΩΗϟ ΏϠρ ϰϠϋ ωϼρϻ ΩόΑ
˭έίΟϟ ˬεέΣϟ ΔϳϋΎϧλϟ ΔϘρϧϣϟ ˬ˯ΎόΑέϷ ϕϳέρˬ14Ώ ϙϧΗϟϭϲϧϭϷΔγγ΅ϣϝΛϣϣϑέρϥϣωΩϭϣϟˬ2017αέΎϣ
αϠΟϣΑΕΎϔϠϣϟΔόΑΎΗϣϭΕ˯έΟϹΔϳέϳΩϣϯϭΗγϣϰϠϋϯϭϛη ˬϝέϳϔϛ
ΎϬϠΛϣϣϕϳέρϥϋϙϟΫϭ201703ϡϗέΕΣΗΕϠΟγΔγϓΎϧϣϟ ˬ201703ϡϗέέΎρΧϷϥϋϝίΎϧΗϟΓέϛΫϣϰϠϋωϼρϻΩόΑ
ΕϳέΑϛϟϭώΑΗϠϟΔϳϧρϭϟΔϛέηϟΩοˬΩόγϥΑϥϳγΣΫΎΗγϷϲϧϭϧΎϘϟ .2017ϝϳέϓ02ϲϓϝΟγϣϟ
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³ϕέϭϠϟϥΎϳέ´ϭ³ϑϟΏΗΎΗγ´ΩοΔγϓΎϧϣϟαϠΟϣ/ϡϗέΔϳοϘϟ4
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ιΔγϓΎϧϣϟαϠΟϣ
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