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36 TED6313 Texte Analyse Besoin Form
36 TED6313 Texte Analyse Besoin Form
DESCRIPTION
L’analyse des besoins consiste à vérifier s’il y a un réel besoin de formation, à partir de
données valides colligées dans le milieu de formation visé et, si oui, à spécifier en quoi
consiste ce besoin. Kaufman (1972) définit un besoin comme le résultat de la mesure de
l’écart qui existe entre la situation désirée et la situation actuelle dans le milieu visé. On
peut traduire cette définition par l’équation suivante :
Situation désirée – Situation actuelle = Besoin de formation
On nomme cette activité « analyse des besoins », puisque lorsqu’il est établi qu’il y a un
besoin de formation; l’analyse plus spécifique de ce besoin se traduit généralement par
une série de besoins de formation à combler, lesquels seront traduits dans l’énoncé du
but de la formation. Le but de la formation spécifie les résultats qui sont attendus chez les
étudiants à la fin de la formation.
BUT
L’analyse des besoins cherche à colliger toutes les données nécessaires permettant de spé
cifier le but de la formation, de manière que ce but réponde aux besoins réels du milieu
visé. Le fait de conduire une analyse des besoins, puis d’utiliser les résultats de cette ana
lyse pour formuler le but de la formation dans un énoncé clair, permet d’orienter la suite du
travail de conception de manière que toutes les décisions convergent vers ce but. Comme
le notent Lebrun et Berthelot (1994. p. 11), « un but mal identifié, ou qui ne correspond pas
à ce que l’on désire voir acquérir par l’apprenant, amène souvent des difficultés de réali
sation impliquant soit une réévaluation du but, soit une nouvelle conception de certaines
étapes afin que la planification ne soit pas vouée à l’échec ».
Lorsque plusieurs personnes participent à la conception de la formation, l’identification
des besoins, puis du but de la formation, et ce en début de processus de design pédago
gique, permet également d’établir un consensus entre les différents intervenants.
PROCÉDURE
Selon les situations et les milieux, l’analyse des besoins peut varier en complexité. Nous
vous présentons ici une procédure générique d’analyse de besoins (à adapter selon
chaque situation) qui inclut cinq étapes : (1) Définition de la situation désirée, (2) Définition
de la situation actuelle, (3) Définition du besoin, (4) Formulation du but de la formation
et (5) Évaluation du but de la formation.
Dans certains cas, la situation désirée a déjà été définie au moment où le formateur-concep
teur entre en scène. C’est souvent le cas en milieu scolaire, où le formateur-concepteur
est généralement engagé pour développer un cours ou une partie d’un cours spécifique.
Ce cours s’inscrit lui-même dans un programme d’études, ayant des buts déjà déterminés
par les concepteurs des programmes d’études1. Et le programme d’études auquel se rat
tache le cours ou l’activité de formation s’inscrit lui-même dans un cadre de formation
plus général comportant des finalités éducatives2 spécifiées par les autorités au ministère
de l’Éducation. La définition de la situation désirée consistera donc, la plupart du temps,
à simplement identifier ces finalités éducatives, ainsi que les buts et (ou) les compétences
visées dans le programme d’études auquel se rattache l’activité de formation à concevoir.
1. Au Québec, la majorité des programmes d’études en éducation des adultes sont conçus par la Direction
générale de la formation des adultes au ministère de l’Éducation. Cependant, en vertu de l’article 463 de la Loi
sur l’instruction publique, les commissions scolaires qui le désirent peuvent offrir des cours élaborés par des
établissements scolaires de formation aux adultes (DGFA, 1997).
2. Les finalités de l’éducation reflètent les valeurs philosophiques, psychologiques, spirituelles et sociales pri-
vilégiées à l’échelle d’une société donnée. Elles ont une valeur légale. Les établissements scolaires doivent
obligatoirement s’y référer s’ils prennent l’initiative de développer des programmes d’études. Par exemple, au
Québec, l’article 1 du Régime pédagogique applicable aux services éducatifs pour les adultes en formation
générale (Gouvernement du Québec, 2005) précise les finalités suivantes :
- Permettre à la personne d’accroître son autonomie;
- Faciliter son insertion sociale et professionnelle;
- Favoriser son accès et son maintien sur le marché du travail;
- Lui permettre de contribuer au développement économique, social et culturel de son milieu;
- Lui permettre d’acquérir une formation sanctionnée par la ministre.
Les mêmes finalités gouvernent le Régime pédagogique applicable aux services éducatifs pour les adultes en
formation professionnelle (Gouvernement du Québec, 2005).
3. Cette finalité fait partie de la mission du Centre Saint-Pierre, un centre d’éducation populaire situé à Montréal
(www.centrestpierre.cam.org).
L’A NALYSE DES BESOINS DE FORMATION
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C’est en entreprise qu’une analyse des besoins est la plus souvent menée de manière
exhaustive, bien que la situation désirée puisse être énoncée de manière précise dans
la demande initiale de formation. Le formateur ou le concepteur pédagogique peut, en
effet, recevoir un mandat précis et l’activité de formation peut s’inscrire dans un cadre déjà
relativement déterminé. Le concepteur s’assurera alors de bien comprendre le cadre dans
lequel s’inscrit la demande de formation. Dans les grandes entreprises qui possèdent leur
propre service de formation, il est possible, par exemple, que des finalités et des buts de
formation soient énoncés dans divers documents (plan stratégique de formation, énoncé
de mission de l’entreprise, etc.). Le concepteur aura intérêt à les demander et à les con
sulter afin de bien circonscrire la situation désirée. Dans d’autres cas, la situation désirée
n’est pas clairement définie. Le concepteur pédagogique peut alors solliciter une entre
vue auprès des personnes compétentes dans l’organisme demandeur (responsable de la
formation, responsable de secteur, etc.) afin de les amener à spécifier les comportements
et (ou) compétences attendues chez la clientèle cible à la fin de la formation. La finalité
générale de formation d’une entreprise pourrait être, par exemple, « amener les employés
à fournir leur potentiel maximal de productivité », qui peut se traduire par une série de
buts tels que « amener les employés à réduire le nombre d’erreurs commises dans telle
ou telle activité », « les amener à offrir un meilleur service à la clientèle », « augmenter leur
vitesse de production », « les amener à assurer une meilleure gestion de personnel », etc.
L’un ou plusieurs de ces buts pourraient être ciblés pour la formation. Il s’agira ensuite de
les préciser davantage : Quels seraient, du point de vue des demandeurs de la formation,
les comportements attendus d’un employé qui fait preuve d’un bon service à la clientèle,
d’une vitesse satisfaisante de production, d’une bonne gestion de personnel, etc.?
En entreprise surtout, il est possible que l’écart entre la situation actuelle et la situation
désirée ne puisse être comblé uniquement par une formation. Un autre type d’intervention
peut être nécessaire : une réingénierie des processus, l’acquisition d’un nouveau sys
tème technologique, la mise en place d’incitatifs propres à augmenter la motivation des
employés, l’amélioration de l’ergonomie des postes de travail des employés, l’ajout de
personnel, le développement d’aides à la performance, la redéfinition de tâches, etc. Par
exemple, si l’on découvre au cours d’une analyse du besoin de formation que les per
sonnes affectées au service téléphonique à la clientèle sont récompensées en fonction du
nombre d’appels traités dans une journée, avec obligation d’atteindre un certain quota, on
peut faire l’hypothèse que ce système de récompense décourage les employés à offrir des
explications détaillées aux clients. Une formation ne changerait rien à la situation.
L’A NALYSE DES BESOINS DE FORMATION
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Le but d’une formation n’est pas nécessairement défini en termes opérationnels, comme
le sont les objectifs d’apprentissage plus spécifiques définis selon la méthode proposée
par Mager (1984)4. C’est le « verbe », dans l’énoncé du but, qui précise la nature de ce que
l’étudiant sera en mesure de faire à la fin de la formation. Il faut donc porter une attention
particulière au choix de ce ou ces verbes. Comme le soulignent Lebrun et Berthelot (1994),
le but de la formation devra être suffisamment général pour englober les comportements
sous-entendus qui seront formulés ultérieurement dans des objectifs formulés en termes
plus spécifiques. Mais le but ne doit pas, non plus, être formulé en termes trop géné
raux. Par exemple, « Amener les participants à devenir un bon citoyen » serait un but trop
général : l’atteinte de ce but peut prendre des années. Il s’agirait plutôt ici d’une finalité
éducative. Lebrun et Berthelot (1994) suggèrent de remplacer cet énoncé par « L’étudiant
sera capable de décrire dans ses propres mots les situations dans lesquelles, dans son
milieu formel ou informel, on démontre que l’on est un bon citoyen ».
L’une des erreurs les plus courantes dans la formulation du but (et des objectifs d’appren
tissage, d’ailleurs) est d’utiliser des verbes n’offrant qu’une idée vague des comportements
visés, tels les verbes « connaître » et « comprendre ». « Connaître la musique du 19e siècle »,
par exemple, ne nous permet pas de savoir ce que l’apprenant sera capable de faire à la fin
de la formation. Sera-t-il capable d’exécuter une pièce musicale du 19e siècle, de porter un
jugement critique sur la musique de ce siècle, de décrire les caractéristiques principales de
cette musique ou, encore, d’identifier les pièces musicales de ce siècle? De même, le but
« Connaître la procédure de création d’un tableau avec le logiciel Excel » ne nous dit pas si
l’apprenant sera capable, après la formation, de l’exécuter ou simplement de l’expliquer…
Enfin, l’énoncé « Comprendre les effets d’une alimentation saine sur la santé » pourrait être
clarifié de la manière suivante : « Décrire (ou expliquer) les différents effets d’une alimen
tation saine sur la santé ».
RÉFÉRENCES
Direction de la formation générale aux adultes (1996). Programme d’études de la micro-
informatique. Québec : Ministère de l’Éducation du Québec. http://www.meq.
gouv.qc.ca/dfga/disciplines/micro_informatique/pdf/programme/micro.pdf
[consulté le 19 octobre 2004].