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LA THEORIE DU CONSOMMATEUR PROF. I.

DEKHISSI

La théorie du consommateur

Introduction

Les premiers éléments de la théorie du consommateur apparaissent dans les


discussions sur les problèmes économiques et philosophiques liés à la valeur des
biens. Les classiques tels que Adam Smith (1776) faisaient une distinction entre la
valeur d'usage d'un bien (l'utilité dans son acception générale) et la valeur
d'échange, c'est à dire le pouvoir d'acheter d'autres biens1. De plus, pour les
économistes de l'école classique, la valeur d'un bien dépend du travail qu'il
incorpore. En simplifiant, une telle position revient à accorder l'exclusivité aux coûts
de production.
On retrouve la notion de l’utilité dans les écrits des philosophe hédonistes. Pour
Jeremy Bentham (1979), la valeur d’un bien était donnée par l’utilité. Cet auteur
proposait même de mesurer la quantité de plaisir (l’utilité) ou de peine (la désutilité)
afin de construire un système rationnel de lois civiles et pénales.

La théorie du consommateur vise à préciser la notion d'utilité2 et les conditions de


son optimisation pour aboutir aux fonctions de demande des biens dans leurs
marchés respectifs. Formellement, elle fait l’hypothèse que le consommateur agit
comme s’il se propose de de maximiser son utilité, sous la contrainte représentée
par son revenu disponible. Cette maximisation d’utilité qui découle d'un revenu
déterminé suppose que le consommateur doit être capable d'agir rationnellement.
Dès lors la théorie économique admet que les décisions des agents reposent sur
les axiomes suivants :

1
Ces 2 valeurs ne sont pas nécessairement identiques d’où le paradoxe du diamant et de l’eau.
Pour les classiques, le diamant n’avait pas de valeur d’usage (comme il ne satisfait aucun besoin
physiologique il n’est pas utile selon la conception morale de la valeur d’usage) mais sa valeur
d’échange était très élevée. L’eau, par contre, avait une forte valeur d’usage mais une valeur
d’échange nulle. Pour résoudre ce paradoxe, il fallait faire une distinction entre l’utilité totale et
l’utilité marginale car, comme nous le verrons plus loin, c’est cette dernière qui intervient dans la
valeur d’échange.

2
Le concept d’utilité utilisé par les économistes n’est pas le même que celui du langage courant.
Afin d’éliminer cette confusion, Vilfredo Pareto (1909) proposa le mot "ophélimité" pour désigner
l'utilité au sens économique. Un bien satisfaisant un besoin ou un désir quel qu'il soit est ophélime
pour l'individu même s'il n'est pas utile au sens moral ou physiologique. Pareto donne l’exemple
de l'école : apprendre à lire n'est pas " ophélime " pour un enfant mais c'est utile. Nous pouvons
donner à notre tour l'exemple de l'héroïne ou de la marihuana qui peuvent être des éléments de la
fonction d'utilité au même titre que le pain ou le lait : consommer de la drogue est ophélime au
sens de Pareto mais pas utile. Les économistes n'ont pas suivi Pareto sur ce point et on continue à
parler d'utilité en précisant le sens du mot.

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- Comparaison : face à deux combinaisons de biens x et y, l’agent est toujours


capable d’établir un classement indiquant l’ordre de ses préférences. Trois
cas sont envisageables :
1. x est préféré à y
2. y est préféré à x
3. x et y sont des combinaisons équivalentes : indifférence

- Antisymétrie : les choix du consommateur sont antisymétriques, lorsqu’il


préfère x à y, il est exclu qu’il préfère simultanément y à x.

- Transitivité : les choix du consommateur sont transitifs, c’est-à-dire que


lorsqu’il préfère x à y et y à z, il préfère nécessairement x à z.

Précisons que la théorie du consommateur ne prétend pas expliquer le


comportement de toute personne achetant un certain bien de consommation. Il ne
s’agit pas d’une théorie psychologique sommaire. On veut plutôt décrire le
comportement d’un consommateur moyen ou représentatif. En effet, on peut
facilement trouver des comportements individuels assez erratiques et impossibles
à expliquer. Toutefois, si l’on prend un groupe de consommateurs on devrait
pouvoir observer un comportement moyen conforme à la théorie du
consommateur.

1. La théorie de l’utilité cardinale

Les premiers auteurs de la théorie du consommateur pensaient que l'utilité pouvait


être mesurée. Pour eux, il suffisait de prendre une valeur initiale et une unité de
mesure et on pouvait calculer les autres valeurs. En prenant le même adjectif que
celui des nombres, on parle alors d'une fonction d'utilité cardinale. Cette théorie a
été développée, en premier, par Gossen (1854), puis Jevons (1871), Menger (1871)
et Walras (1874).

1.1. Première loi de Gossen : la loi de l'utilité marginale décroissante


Heinrich Gossen (1854) était psychologue. Sa première loi dit que la consommation
d'une unité supplémentaire d'un bien augmente l'utilité, mais d'une quantité
inférieure à l'accroissement qu'on avait eu avec l'unité précédente. En d’autres
termes, l'utilité marginale, c'est-à-dire l'utilité de la dernière unité, est décroissante.
Cette règle explique pourquoi un consommateur sera enclin à payer un prix
d'autant plus bas qu'il possède déjà abondamment le bien.

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Figure 1 : Utilité totale et utilité marginale

1.2. Deuxième loi de Gossen : la loi de l'égalisation des utilités marginales


La deuxième loi, beaucoup plus importante, dit qu'une personne maximise son
utilité lorsqu'elle distribue l'argent dont il dispose, pour l'achat des différents biens,
de manière à obtenir la même satisfaction avec la dernière unité de monnaie
dépensée pour chaque bien. Autrement dit, lorsque plusieurs biens sont offerts au
choix, le consommateur doit toujours chercher à accroître son bien-être par la
substitution d'un bien à un autre. Pour cette fin, il doit comparer l'utilité marginale
supplémentaire obtenue pour une unité de revenu à l'utilité marginale à laquelle il
renonce. Aussi longtemps que l'utilité additionnelle est supérieure à l'utilité
abandonnée, la réallocation de la consommation est avantageuse.

Exemple : supposons qu'un consommateur dispose d'un revenu de 110 Dirhams


pour acheter des biens x1 et x2 dont les prix sont respectivement de 20 et de 10
Dirhams. Supposons que les utilités marginales par unité monétaire (utilités
marginales totales divisées par le prix) s'établissent comme suit :

Quantité Utilités marginales des Utilités marginales par unité


consommée biens monétaire
Um x1 Um x2 x1 x2
1 800 800 40 80
2 700 700 35 70
3 600 500 30 50
4 540 400 27 40
5 400 300 20 30
6 200 150 10 15

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Le consommateur achète d'abord x2, car par Dirham il reçoit une utilité de 80, Alors
que le bien x1 ne lui procure que 40. Ce raisonnement reste valable pour les
deuxième, troisième, et quatrième unités de x2 qui renferme un volume de bien-
être supérieur ou au moins égale à la première unité de x1. En revanche à partir de
la quatrième unité de x2, le consommateur préfère la première unité de x1 (40
utilités par Dirham) à la cinquième unité de x2 (30 utilités par Dirham). La conclusion
est la même pour la deuxième unité de x1. Enfin, le solde qui lui reste sera dépensé
pour un troisième x1 et un cinquième x2 qui comportent chacun 30 utilités par
Dirham additionnel.

1.3. Critique de la théorie de l'utilité cardinale


Deux principales critiques peuvent être formulées à l’égard de la théorie cardinale :
- L'utilité n'est pas mesurable d'une manière absolue. Il est peu probable que
le consommateur sache chiffrer la satisfaction que lui procure un bien.
- L'utilité d'un bien n'est pas indépendante de celle des autres biens : un
consommateur appelé à évaluer l'utilité que représente le pain, ne répond
pas de la même manière selon qu'il dispose déjà de grandes quantités
d'autres aliments ou non.

2. La théorie de l'utilité ordinale

D'après l'analyse du comportement du consommateur, Vilfredo Pareto (1909) a


détecté une orientation plus réaliste : le consommateur doit être en mesure
d'établir un ordre de préférences entre diverses combinaisons de biens. De cette
manière on évite les deux principaux écueils de la théorie cardinale.

2.1. Les courbes d'indifférence à la consommation


Une courbe d'indifférence à la consommation est le lien de toutes les combinaisons
de deux biens3 qui procurent la même satisfaction. Tous les assortiments de x1 et
de x2 qui se trouvent sur la courbe d'indifférence ont la même utilité (voir figure 2
ci-dessous). Cette façon de représenter les préférences du consommateur met en
lumière les deux principes de la théorie ordinale :
- La présence de deux biens marque l'interdépendance de l'utilité des biens.
- Il suffit que le consommateur sache indiquer un ordre de préférence.

3
Les courbes d’indifférence peuvent être représentées en prenant un graphique à trois dimensions.
Toutefois, il est beaucoup plus commode de travailler avec deux dimensions et des courbes de
niveau. Il y a une raison, beaucoup plus importante : lorsqu’on connaît les courbes d’indifférence,
on peut déterminer les quantités choisies sans qu’il soit nécessaire de préciser l’expression de la
fonction d’utilité (ce qui est en conformité avec la loi de l’utilité ordinale).

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Exemple : un consommateur se trouve en face de biens substituables x1 et x2.


Admettons que sa situation initiale corresponde au panier A du tableau ci-dessous.

Panier Bien 1 Bien 2 Observation


x1 x2
A 15 10 Niveau de départ
B 17 9 Même satisfaction que A
C 20 10 Satisfaction supérieure à A
D 10 9 Satisfaction inférieure à A

Lorsque le consommateur manifeste une indifférence face à deux combinaisons


différentes du bien 1 et du biens 2 (points A et B) cela signifie que ces points se
trouvent sur la même courbe d'indifférence4. Le panier B procure au consommateur
la même satisfaction parce qu’il contient un peu plus d’unités du bien 1 et un peu
moins d’unités du bien 2.
Le point C offre une satisfaction supérieure à A, il se trouve sur une courbe
d'indifférence supérieure. En effet le panier C procure au consommateur une plus
grande utilité que le panier A car tous les deux contiennent la même quantité du
bien 2 mais le panier C contient plus d’unité du bien 1.
Le point D, au contraire, se situe sur une courbe inférieure. Ce panier offre une
satisfaction inférieure à celle du panier A parce qu’il contient à la fois moins d’unités
du bien 1 et du bien 2.

Figure 2 : Courbe d’indifférence

4
Par exemple si x1 représente la quantité de chocolat et x2 la quantité de glace, la courbe
d'indifférence représente les différentes combinaisons d'une coupe Danemark qui donnent la
même satisfaction au consommateur.

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Quatre règles sont à observer lors de la construction des courbes d'indifférence.


Elles traduisent les hypothèses concernant la rationalité des consommateurs.

1. Chaque point compris entre les deux axes peut être classé et se trouve sur
une courbe d'indifférence. Il existe donc une infinité de courbe
d'indifférence pour chaque consommateur avec des niveaux de bien-être
différents.

2. La pente des courbes d'indifférence à la consommation est négative. Cela


signifie qu'un agent et en mesure de maintenir un même niveau de bien-
être lorsqu'une diminution de la consommation d'un bien est compensée
par l'augmentation de l’autre5.

3. La pente (exprimée en valeur absolue) des courbes d'indifférence est


décroissante. Cette propriété imprime à la courbe d'indifférence une forme
convexe par rapport à l'origine des axes. Elle traduit la loi d'utilité marginale
décroissante.

La valeur absolue de la pente de la courbe d'indifférence est appelée le taux


marginal de substitution TMS. Il indique de combien doit augmenter la
quantité du bien A pour compenser la diminution de B tout en maintenant
le même niveau de satisfaction.

𝑑𝑖𝑚𝑖𝑛𝑢𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑑𝑒 𝑥/ −𝑑𝑥/ 𝑈𝑚𝑥2


𝑇𝑀𝑆 = = =
𝑎𝑢𝑔𝑚𝑒𝑛𝑡𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑑𝑒 𝑥2 𝑑𝑥2 𝑈𝑚𝑥/

(on se déplace du point A au point B6)

4. En raison de la transitivité des choix individuels les courbes d'indifférence à


la consommation n'ont pas de points d'intersection.

5
Si la pente de la courbe d'indifférence était positive, ceci signifie que malgré l'accroissement des
quantités des deux biens, le bien-être reste inchangé.

6
dU0 = Umx1dx1 + Umx2dx2. Par définition l'utilité ne varie pas le long d'une courbe d'indifférence.
On a alors dU0 = 0 ÞTMS = Umx1/Umx2.

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Figure 3 : Illustration du TMS

2.2. La contrainte budgétaire


Pour bien étudier les choix ou décisions du consommateur, il faut savoir ce qu’il
peut faire sur le marché avec le pouvoir d’achat que lui confère son revenu. Cela
revient à étudier la contrainte budgétaire qui restreint la liberté d’action du
consommateur.

Soit un individu qui est supposé acheter deux biens (le bien 1 et le bien 2) et dont
le revenu est R. Si les prix des biens 1 et 2 sont respectivement p1 et p2, la contrainte
budgétaire de cet individu se définit comme suit :
R = p1x1 + p2x2.

Pour représenter graphiquement la contrainte budgétaire, il faudra identifier


l’ordonnée à l’origine et l’abscisse à l’origine.
- L’ordonnée à l’origine x20 est obtenue en renvoyant dans R = p1x1 + p2x2 la
valeur x1 = 0. Celle-ci est égale au rapport du revenu sur le prix du bien 2,
soit m/p2 et s’interprète comme étant la quantité maximale du bien 2 que
l’individu peut acheter sur le marché compte tenu de son revenu.
- L’abscisse à l’origine x10 est obtenue en supposant que x2 = 0. Elle donne la
quantité maximale du bien 1 que l’individu peut acquérir sur le marché
compte tenu de son revenu, c’est-à-dire R/p1.
En reliant l’ordonnée à l’abscisse à l’origine par un segment de droite, on obtient
la contrainte budgétaire (qu’on appelle également droite de budget).
En résolvant la contrainte budgétaire par rapport à x2, on obtient l’équation de la
droite de budget :
x2 = (R/p2) – (p1/p2)x1.

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La pente de la droite du budget est négative parce que l’accroissement de la


quantité achetée de x1 (Dx1) doit se faire accompagné d’une baisse de x2 (Dx2) pour
que la dépense de l’individu soit maintenue constante. Tout en admettant que les
prix des biens sont constants, prenons la variation totale (ou la différentielle totale)
de R :
DR = p1Dx1 + p2Dx2 = 0 (ou dR = p1dx1 + p2dx2 = 0).

La variation totale (ou la différentielle totale) est égale à zéro car le revenu est
constant. En arrangeant les éléments de cette dernière relation, on arrive à établir
que :
Dx2/Dx1 = –p1/p2 (ou dx2/dx1 = –p1/p2).

La pente est bel et bien négative et elle est égale au rapport des prix des biens 1
et 2. Ce rapport de prix qu’on appelle aussi prix relatif s’interprète comme le taux
de substitution du marché en ce qu’il renseigne sur le nombre d’unités de bien 2
qu’il faut sacrifier pour accroître la quantité du bien 1 tout en respectant le revenu
R. L’ensemble budgétaire d’un individu qui est appelé à acheter les biens x1 et x2
sur le marché respectivement aux prix p1 et p2 se présente de la manière ci-après :

Figure 4 : Contrainte budgétaire

Les paniers de biens A, D, F et H sont financièrement accessibles puisqu’ils


appartiennent à l’ensemble budgétaire EB alors que le panier B ne l’est pas. Les
paniers A, D et F donnent lieu à des dépenses inférieures au revenu R, le panier H
donne lieu à une dépense égale à R et le panier B entraîne une dépense supérieure
à R (il est d’ailleurs en-dehors de l’ensemble EB). Si le revenu de l’individu est égal
à 200 DH et que les biens 1 et 2 coûtent respectivement 10 DH et 5 DH, l’ordonnée
et l’abscisse à l’origine de sa droite de budget seront :

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x20 = R/p2 = 40 et x10 = R/p1 = 20.


La pente de sa droite de budget est égale –2 (le taux de substitution du marché


est égal à 2). Ainsi, pour disposer d’une unité en plus du bien 1, l’individu devra
sacrifier 2 unités du bien 2.

3. L'optimum du consommateur

L'objectif de chaque consommateur est la maximisation de son bien-être. Cet


objectif est soumis à la contrainte du revenu disponible qui indique toutes les
combinaisons de biens accessibles. Dès lors, le problème de l’optimum du
consommateur se définit comme suit :
Max U(x1, x2,..., xn)
tel que R ≥ p1x1 + p2x2 +...+ pnxn
avec x1, x2,..., xn ≥ 0.

Pour que ce problème ait une solution finie, il faudrait que la fonction d’utilité soit
continue dans son domaine de définition et que l’ensemble de consommation
(ensemble de faisabilité) soit fermé et borné (c’est-à-dire un ensemble convexe).
La résolution du problème économique d’un consommateur rationnel consiste à
trouver un compromis entre ce qu’il veut (l’utilité recherchée) et ce qu’il peut
(possibilités d’action déterminées par son revenu et les prix du marché). Pour
illustrer les différentes méthodes de résolution du problème d’optimisation, nous
allons considérer, dans les lignes qui suivent, que le consommateur se trouve en
présence de deux biens :
Max U(x1, x2)
tel que R ≥ p1x1 + p2x2
avec x1, x2 ≥ 0.

3.1. Résolution graphique


La résolution du problème du consommateur par la méthode graphique consiste à
égaliser la pente de sa contrainte budgétaire à celle de sa courbe d’indifférence.
Les pentes de la courbe d’indifférence et de la contrainte budgétaire sont
respectivement :
-dx2/dx1 = Umx1/ Umx2 et -dx2/dx1 = p1/p2.


En égalisant ces deux pentes, on obtient la condition d’équilibre du
consommateur, soit :
TMS = Umx1/ Umx2 = p1/p2.


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Traçons dans un même plan, la droite du budget du consommateur et un ensemble


de courbes d’indifférence7 pour déterminer le panier de biens qui lui permet de
réaliser son équilibre.

Figure 5 : Optimum du consommateur

La maximisation de l'utilité implique que le consommateur se place sur la courbe


d'indifférence la plus élevée possible. Etant donné que les paniers qui constituent
la courbe d’indifférence U2 tels que G et F sont au-dessus de sa contrainte
budgétaire, il ne pourra pas les acheter. Les paniers A et H sont financièrement
accessibles mais ils procurent une satisfaction inférieure à celle procurée par le
panier E qui est aussi un panier accessible. Le panier (x1* ; x2*) correspond à la
solution optimale du problème en ce qu’il est le seul panier de l’ensemble
budgétaire qui permet au consommateur de réaliser la plus grande satisfaction
possible, c’est-à-dire d’atteindre la courbe d’indifférence U1. Au point E, la pente
de la droite du budget est égale à la pente de la courbe d’indifférence.

3.2. Résolution algébrique


Le problème du consommateur peut être résolu selon une approche algébrique, à
l’aide de deux méthodes, à savoir la méthode de substitution et la méthode du
multiplicateur de Lagrange.

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On appelle carte d’indifférence, un ensemble de courbes d’indifférence.

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Méthode de substitution
Cette méthode consiste à ramener un problème d’optimisation sous contrainte à
un problème d’optimisation libre en résolvant la contrainte par rapport à une des
variables et en renvoyant le résultat obtenu dans la fonction-objectif. En résolvant
la contrainte budgétaire par rapport à x2, on obtient :
x2 = (R – p1x1)/p2.


Si on remplace dans la fonction-objectif x2 par cette valeur, le problème devient :
Max U = f [x1, (R – p1x1)/p2].

Prenons la condition du premier ordre de la maximisation.


dU/dx1 = Umx1 + Umx2(dx2/dx1) = 0 ou Umx1 + Umx2(–p1/p2) = 0.


En aménageant les éléments de cette dernière relation, on obtient la condition
d’équilibre d’un consommateur, soit :
TMS = Umx1/Umx2 = p1/p2.

Méthode de Lagrange
La méthode de Lagrange consiste à transformer un problème d’optimisation sous
contrainte en un problème d’optimisation libre en se servant d’une fonction
auxiliaire appelée Lagrangien. Cette fonction associe la fonction-objectif et la
contrainte afin que, dans le processus d’optimisation, soit prise en considération la
sensibilité du comportement par rapport au desserrement de n’importe quel
élément de la contrainte. Le Lagrangien du problème de maximisation de l’utilité
du consommateur s’écrit de la sorte :
L = U(x1, x2) - l(p1x1 + p2x2 - R),


où l représente le multiplicateur de Lagrange. En différentiant le Lagrangien par
rapport aux xi, on obtient les conditions du premier ordre :

¶L/¶x1 = Umx1 - lp1 = 0 ® Umx1 = lp1.
¶L/¶x2 = Umx2 - lp2 = 0 ® Umx2 = lp2.

En divisant la première condition du premier ordre par la deuxième condition, ce
qui élimine le multiplicateur de Lagrange, on obtient :
Umx1/Umx2 = p1/p2.

La fraction de gauche représente le taux marginal de substitution entre les biens 1


et 2 et celle de droite le taux de substitution économique aussi appelé prix relatif
des biens. La maximisation implique l’égalité de ces deux taux. Il faut toutefois

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noter que ceci ne se vérifie que si les préférences sont convexes, c’est-à-dire si les
courbes d’indifférence qui rendent compte du comportement du consommateur
sont convexes par rapport à l’origine des axes.
Il est possible d’avoir des solutions frontières ou solutions au coin, c’est-à-dire des
solutions telles qu’à l’équilibre, la quantité demandée d’un bien est égale à zéro.
C’est le type de résultats que l’on obtient généralement lorsque les préférences du
consommateur sont concaves ou lorsque les biens qu’il demande sont parfaitement
substituables.

4. Fonction de demande et élasticité

La fonction de demande renseigne sur la relation entre la demande d’un bien et


les prix des biens et le revenu du consommateur. En règle générale, la demande
d’un bien diminue lorsque son prix augmente et vice-versa. Nous allons montrer à
présent d’où proviennent ces conclusions.

4.1. Variation de prix : équilibre du consommateur et demande


Lorsque le prix du bien 1 baisse alors que celui du bien 2 est maintenu inchangé et
que le revenu du consommateur demeure le même, on assiste à un pivotement
vers l’extérieur de la droite de budget. Ce déplacement suppose un élargissement
des possibilités d’action du consommateur (accroissement du pouvoir d’achat). Le
consommateur devrait à cet effet améliorer son niveau de vie en passant sur une
courbe d’indifférence supérieure (passage de U0 à U1 et passage de U1 à U2).
A partir de l’évolution des prix et des quantités consommées par l’individu, on
arrive à établir une relation de sens inverse entre la demande du bien 1 et son prix.

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Figure 6 : Variation de prix, équilibre du consommateur et demande

4.2. Variation du revenu : équilibre du consommateur et demande


Les effets d’un accroissement du revenu du consommateur sont l’élargissement de
son ensemble budgétaire (la droite de budget se déplace parallèlement vers
l’extérieur) et le déplacement de sa position d’équilibre (accroissement des
quantités consommées des deux biens). Le déplacement parallèle vers l’extérieur
de la droite de budget tient au fait que le revenu a augmenté et que les prix des
biens n’ont pas changé.
A l’aide de la figure 7 ci-dessous, on arrive à montrer qu’un accroissement du
revenu du consommateur entraîne un accroissement de la quantité demandée du
bien 1.

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Figure 7 : Variation du revenu, équilibre du consommateur et demande

4.3. Exceptions aux lois énoncées : bien Giffen et biens inférieurs

Biens Giffen
On règle générale, lorsque le prix d’un bien diminue, on s’attend à ce que sa
demande augmente. Il est pourtant possible d’observer un comportement opposé.
En effet, il est possible qu’après diminution du prix d’un bien que le consommateur
décide d’utiliser le surplus de pouvoir d’achat dans le financement de la
consommation d’un autre bien. Dans ces conditions, le bien dont le prix a diminué
est considéré comme un bien de Giffen8.

8
Il semblerait que F. Giffen, un économiste anglais du 19ème siècle, ait observé pendant la famine
qui ravagea l'Irlande en 1845 à cause d'une maladie de la pomme de terre, une augmentation du
prix des pommes de terre suivi d'un accroissement de la quantité consommée de ce produit

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Figure 8 : Biens Giffen

Biens inférieurs
Considérons une personne qui consomme deux biens, à savoir la viande de bœuf
et le poisson chinchard. Si, à la suite d’un accroissement de son revenu, on assiste
à une diminution de la quantité consommée de chinchard et à l’accroissement de
la quantité de viande consommée, on conclue que le chinchard est un bien inférieur
et la viande de bœuf, un bien supérieur. Graphiquement, les choses se présentent
comme suit :

Figure 9 : Biens inférieurs

essentiel pour l'alimentation irlandaise. Aujourd'hui, on a de forts doutes sur l'existence de ce


phénomène, On considère que les biens Giffen sont une curiosité purement théorique.

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Cette situation montre que la relation de sens positif entre la quantité consommée
d’un bien et le revenu du consommateur n’est pas toujours vérifiée. Pour certains
biens, les accroissements du revenu du consommateur se traduisent par une baisse
des quantités consommées. On les qualifie ainsi de biens inférieurs par rapport aux
biens qui les remplacent dans le panier de consommation.

4.4. Fonction de demande et élasticité


La solution au problème de maximisation de l’utilité du consommateur donne lieu
à des fonctions de demande classique (dite aussi marshallienne9) dont les
arguments sont le revenu du consommateur et les prix des biens sur les marchés,
soit :
xi = xi (R, pi, ..., pn).

Si le bien est normal, tout accroissement du revenu devrait se traduire par une
hausse de la quantité consommée du bien et tout accroissement de son prix pi
devrait se traduire par une baisse de la quantité consommé. Tandis que les effets
des variations des autres prix sur la demande dépendent du type de relation qui
relie le bien i aux autres biens : relation de substituabilité ou relation de
complémentarité. S’il y a une relation de complémentarité, la demande diminuera
si le prix du bien j augmente et elle augmentera en cas de substituabilité.

Etant donné que l’on connaît les facteurs explicatifs de la demande, il y a lieu de
chercher à mesurer l’impact d’une variation d’un des déterminants de la demande
sur la quantité de bien demandée. On serait tenté de faire le rapport de la variation
de la quantité demandée sur la variation du facteur explicatif, la variation du prix
par exemple. Mais la chose devient compliquée en ce que les unités de mesure
des quantités et des prix ne sont pas concordantes. Pour contourner cette faiblesse,
les économistes se servent du coefficient d’élasticité qui n’est rien d’autre que le
rapport des variations relatives de la demande et du prix (ou du revenu).
Le coefficient d’élasticité mesure la sensibilité de la demande à la variation d’un de
ses arguments. Ainsi, l’élasticité-revenu mesure l’effet d’une variation de R sur xi,
l’élasticité-prix l’effet d’une variation de pi sur xi et l’élasticité croisée l’effet d’une
variation de pj sur xi.
Elasticité-revenu : exi, R= (dxi/xi) / (dR/R) = (dxi/dR) (R/xi)
Elasticité-prix : exi, pi= (dxi/xi) / (dpi/pi) = (dxi/dpi) (pi/xi)
Elasticité croisée : exi, pj= (dxi/xi) / ( dpj/pj)= (dxi/dpj) (pj/xi).

9
Cette fonction de demande est dite marshallienne car elle a été proposée par l’économiste anglais
Alfred Marshall.

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Si l’on est en présence de données discrètes, les trois coefficients d’élasticité


peuvent être formulés comme suit :
Elasticité-revenu : exi, R = (Dxi/ xi) / (DR/ R) = (Dxi/DR) (R/xi)
Elasticité-prix : exi, pi = (Dxi/xi) / ( Dpi/pi) = (Dxi/Dpi) (pi/xi)
Elasticité croisée : exi, pj = (Dxi/xi) / (Dpj/pj) = (Dxi/Dpj) (pj/xi).

5. Variation de prix : effet de substitution et effet revenu

La variation du prix d’un bien entraîne deux effets : (1) modification du taux
d’échange ou prix relatif des biens et (2) modification du pouvoir d’achat du
consommateur. Pour ce faire, il faut toujours décomposer la variation du prix en
deux effets. L’effet de la première modification est appelé effet de substitution et
celui de la deuxième est appelé effet de revenu.

- Effet de substitution : un changement de consommation dû à une


modification du taux d’échange entre deux biens. Le pouvoir d’achat
(Slutsky) ou l’utilité (Hicks) restant constant.

- Effet revenu : changement de consommation dû à l’impact de la variation


de prix sur le pouvoir d’achat.

Afin de mieux illustrer ces deux effets, considérons la figure 6 ci-dessous qui illustre
l’analyse de Hicks.

Figure 10 : Analyse de Hicks de l’effet de substitution et de l’effet revenu

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LA THEORIE DU CONSOMMATEUR PROF. I. DEKHISSI

L’effet de substitution correspond au passage du point E au point E’’ et l’effet


revenu correspond au passage de E’’ à E’. Du fait de la variation du prix de x1, le
taux de substitution du marché change. Ainsi, l’individu s’ajustera premièrement
de sorte à rester sur sa courbe d’indifférence initiale. Ensuite, il s’ajustera en
fonction de son pouvoir d’achat additionnel.

6. Quelques cas particuliers de préférences

6.1. Les substituts parfaits


Deux biens x1 et x2 sont qualifiés de parfaitement substituables si le consommateur
est disposé à les substituer à un taux constant. Admettons qu’un étudiant, pour
présenter son interrogation de microéconomie, a besoin d’un stylo, peu importe la
couleur de celui-ci. Puisqu’il n’aura pas à utiliser au même moment deux stylos, on
pourra lui donner un stylo de couleur bleue ou un stylo de couleur noire. Dans ces
conditions, le stylo de couleur noire est un substitut parfait du stylo de couleur
bleue et le taux d’échange est de un contre un.
Représentons par x1 le nombre de stylos de couleur bleue et par x2, le nombre de
stylos de couleur noire. Si la couleur n’importe pas, on peut considérer les paniers
suivants comme procurant au consommateur un même niveau de satisfaction ou
d’utilité.

Panier A B C D E F G H I
x1 4 3 5 6 2 7 1 0 8
x2 4 5 3 2 6 1 7 8 0
x1 + x2 8 8 8 8 8 8 8 8 8

La courbe d’indifférence représentant les préférences du consommateur dans ce


cas précis est une droite de pente -1. Cela, parce que les déplacements le long de
la courbe d’indifférence exigent des sacrifices ou pertes en x2 égales aux
accroissements de x1.

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LA THEORIE DU CONSOMMATEUR PROF. I. DEKHISSI

Figure 11 : Courbes d’indifférence de biens parfaitement substituables

Il se dégage du tableau et du graphique que pour l’individu, ce qui importe c’est


d’avoir au total 8 stylos. Le panier K qui contient moins de 8 stylos procure une
satisfaction inférieure aux paniers A, B, ..., I et le panier J qui contient plus de 8
stylos, procure une satisfaction plus grande que les paniers A, B, ..., I. Dans ces
conditions, on peut écrire la fonction d’utilité de l’individu de la sorte :
U(x1, x2) = x1 + x2.

A partir de ce cas particulier, on déduit que lorsque deux biens sont parfaitement
substituables, la courbe d’indifférence associée aux préférences du consommateur
est une droite. C’est la constance de la pente de la courbe qui constitue la
caractéristique principale des substituts parfaits.
Les utilités marginales des deux biens sont constantes : Umx1 = 1 et Umx2 = 1. Par
conséquent, le taux marginal de substitution est aussi constant : TMS = 1/1 = 1. La
position d’équilibre du consommateur ne sera pas déterminée par la condition de
tangence qu’on a mise en évidence plus haut. On va se servir à cet effet de
l’approche graphique.

Figure 12 : Optimum du consommateur (cas de biens parfaitement substituables)

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Les points D, E et F sont des points financièrement réalisables puisque appartenant


à l’ensemble budgétaire. Le consommateur réalise son équilibre au point E car, de
tous les points qui lui sont accessibles, c’est le point qui lui procure le plus de
satisfaction. On est donc en présence d’une solution frontière : x1* = R/p1 et x2 = 0.
Le consommateur n’achètera que le bien 1 parce qu’il coûte moins cher.

6.2. Les biens complémentaires


Deux biens x1 et x2 sont complémentaires dans un processus de consommation si
l’on ne peut pas consommer l’un sans l’autre et cela, dans des proportions fixes.
C’est le cas d’une personne qui consomme nécessairement une tasse de thé avec
deux morceaux de sucres ou une paire de chaussure avec une paire de chaussette.
Si on lui donne 2 tasses de thé, il faudra nécessairement lui adjoindre 4 morceaux
de sucre pour qu’il puisse assurer convenablement sa consommation. De même, il
faut accompagner 2 paires de chaussures de 2 paires de chaussettes pour qu’il
accroisse sa satisfaction.

Panier Tasses Morceaux Utilité Observation


de thé de sucre
x1 x2
A 1 2 Même niveau Le nombre de tasses correspond aux
morceaux de sucres
B 1 3 Même niveau Il y a un morceau de sucre en trop
C 1 4 Même niveau Il y a deux morceaux de sucre en trop
D 2 2 Même niveau Il y a une tasse de thé en trop
E 3 2 Même niveau Il y a deux tasses de thé en trop
F 2 4 Supérieure Le nombre de tasses correspond aux
morceaux de sucres

Il ressort de ce tableau que le niveau de satisfaction dépend de la correspondance


entre le nombre de tasses et de morceaux. Pour accroître le niveau de satisfaction,
il faut accroître simultanément et dans les mêmes proportions les quantités
consommées des deux biens (c’est le cas du panier F). Les paniers B, C, D et E
procurent à l’individu un même niveau de satisfaction que le panier A parce que
contenant un peu trop de sucre ou un peu trop de tasses de thé. Par un
raisonnement analogue, on peut identifier les paniers de biens qui procurent à
l’individu la même satisfaction que le panier F.

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Figure 13 : Courbes d’indifférence de biens complémentaires

Pour ce type de biens, la courbe d’indifférence prend la forme d’un « L » majuscule


et la fonction d’utilité s’écrit comme suit : U = min (ax1, bx2). Les coefficients a et b
renseignent sur la manière de combiner les deux biens et l’expression « min » laisse
entendre que c’est le bien qui est relativement rare (par rapport aux exigences du
consommateur) qui détermine le niveau de satisfaction.

Figure 14 : Optimum du consommateur (cas de biens complémentaires)

Les paniers de biens D et H sont financièrement accessibles tout comme le panier


E. Mais pour le consommateur, le meilleur des choix se trouve réalisé en E, car ce
panier procure une plus grande satisfaction. Le panier F qui équivaut au panier E
n’est pas financièrement réalisable parce que contenant trop d’unités du bien 1.

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6.3. Les biens neutres


Un bien est neutre aux yeux d’un consommateur si la quantité disponible de ce
bien n’influence aucunement son niveau de satisfaction. Admettons qu’à une
réception, le protocole présente à un diabétique, lors d’un premier service, un
panier de 19 bouteilles de boisson sucrée. Le diabétique ne consommera aucune
bouteille compte tenu de son état de santé. Si, lors d’un deuxième service, le
protocole lui présente un autre panier contenant cette fois, 30 bouteilles de
boisson sucrée, son niveau de satisfaction n’aura pas changé. Ainsi, la boisson
sucrée est un bien neutre à ses yeux. Sa situation ne pourra s’améliorer que si on
lui présente un panier contenant une boisson sans sucre. Plus important sera le
nombre de bouteilles de soda, plus élevée sera sa satisfaction.
Si l’on représente le nombre d’unité du bien neutre par x2 et le nombre de bien
désirable par x1, la courbe d’indifférence de l’individu sera une droite parallèle à
l’axe des ordonnées. La satisfaction n’augmentera que si l’on augmente la quantité
de x1.

Figure 15 : Courbes d’indifférence de biens neutres

Dans ce cas, le consommateur réalise son équilibre en consacrant tout son revenu
à l’acquisition du bien désirable (solution frontière). Ceci parce que le niveau de
satisfaction est déterminé par x1 et que celui-ci est maximisé au point x1* = R/p1.

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Figure 16 : Optimum du consommateur (cas de biens neutres)

6.4. Les biens indésirables


Un bien indésirable est un bien que le consommateur n’aime ou ne souhaiterait
pas consommer. Admettons que pour des raisons de santé, un parent soit obligé
de faire boire régulièrement à son enfant du jus de carotte alors que celui-ci ne
l’aime pas. Pour l’enfant, ce jus est un bien indésirable et il ferait tout ce qu’il peut
pour éviter de le consommer.
Conscient des goûts de son enfant, le parent peut, pour séduire son enfant, lui
proposer en accompagnement du chocolat (bien qu’il aime). On peut donc dire
que l’enfant sera prêt à prendre facilement un verre de jus si on lui donne par la
suite un morceau de chocolat. S’il faut lui donner deux verres de jus, comment
devrait-on ajuster la quantité de chocolat pour que sa satisfaction soit la même que
celle réalisée avec un verre de jus et un morceau de chocolat ? Il faudra simplement
lui donner un deuxième morceau de chocolat. Dans ces conditions, les courbes
d’indifférences du consommateur auront une pente positive.

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Figure 17 : Courbes d’indifférence de biens indésirables

La satisfaction de l’enfant s’accroîtrait si l’on maintient inchangé le nombre de


verres de jus et augmente le nombre de pots de chocolat, si l’on diminue le nombre
de verres de jus et maintient inchangé le nombre de pots de chocolat ou si l’on
diminue le nombre de verres de jus et augmente le nombre de pots de chocolat.

6.5. Les préférences concaves


Il existe de ces biens que l’individu ne peut pas consommer au même moment
compte tenu de leur nature ou de ses goûts. C’est le cas de la combinaison poisson
salé – gâteau aux fraises. Dans de telle situation, la courbe d’indifférence du
consommateur est concave par rapport à l’origine des axes.

Figure 18 : Courbes d’indifférence concaves

Le point E qui est un point de tangence entre une courbe d’indifférence et la droite

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de budget ne correspond pas à un choix optimal pour le consommateur car il est


possible pour lui d’acheter le panier F qui se situe sur une courbe d’indifférence
supérieure. L’équilibre qui est donc réalisé au point F est une solution au coin en
ce que x1* = R/p1 et x2* = 0.

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