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DEKHISSI
La théorie du consommateur
Introduction
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Ces 2 valeurs ne sont pas nécessairement identiques d’où le paradoxe du diamant et de l’eau.
Pour les classiques, le diamant n’avait pas de valeur d’usage (comme il ne satisfait aucun besoin
physiologique il n’est pas utile selon la conception morale de la valeur d’usage) mais sa valeur
d’échange était très élevée. L’eau, par contre, avait une forte valeur d’usage mais une valeur
d’échange nulle. Pour résoudre ce paradoxe, il fallait faire une distinction entre l’utilité totale et
l’utilité marginale car, comme nous le verrons plus loin, c’est cette dernière qui intervient dans la
valeur d’échange.
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Le concept d’utilité utilisé par les économistes n’est pas le même que celui du langage courant.
Afin d’éliminer cette confusion, Vilfredo Pareto (1909) proposa le mot "ophélimité" pour désigner
l'utilité au sens économique. Un bien satisfaisant un besoin ou un désir quel qu'il soit est ophélime
pour l'individu même s'il n'est pas utile au sens moral ou physiologique. Pareto donne l’exemple
de l'école : apprendre à lire n'est pas " ophélime " pour un enfant mais c'est utile. Nous pouvons
donner à notre tour l'exemple de l'héroïne ou de la marihuana qui peuvent être des éléments de la
fonction d'utilité au même titre que le pain ou le lait : consommer de la drogue est ophélime au
sens de Pareto mais pas utile. Les économistes n'ont pas suivi Pareto sur ce point et on continue à
parler d'utilité en précisant le sens du mot.
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Le consommateur achète d'abord x2, car par Dirham il reçoit une utilité de 80, Alors
que le bien x1 ne lui procure que 40. Ce raisonnement reste valable pour les
deuxième, troisième, et quatrième unités de x2 qui renferme un volume de bien-
être supérieur ou au moins égale à la première unité de x1. En revanche à partir de
la quatrième unité de x2, le consommateur préfère la première unité de x1 (40
utilités par Dirham) à la cinquième unité de x2 (30 utilités par Dirham). La conclusion
est la même pour la deuxième unité de x1. Enfin, le solde qui lui reste sera dépensé
pour un troisième x1 et un cinquième x2 qui comportent chacun 30 utilités par
Dirham additionnel.
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Les courbes d’indifférence peuvent être représentées en prenant un graphique à trois dimensions.
Toutefois, il est beaucoup plus commode de travailler avec deux dimensions et des courbes de
niveau. Il y a une raison, beaucoup plus importante : lorsqu’on connaît les courbes d’indifférence,
on peut déterminer les quantités choisies sans qu’il soit nécessaire de préciser l’expression de la
fonction d’utilité (ce qui est en conformité avec la loi de l’utilité ordinale).
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Par exemple si x1 représente la quantité de chocolat et x2 la quantité de glace, la courbe
d'indifférence représente les différentes combinaisons d'une coupe Danemark qui donnent la
même satisfaction au consommateur.
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1. Chaque point compris entre les deux axes peut être classé et se trouve sur
une courbe d'indifférence. Il existe donc une infinité de courbe
d'indifférence pour chaque consommateur avec des niveaux de bien-être
différents.
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Si la pente de la courbe d'indifférence était positive, ceci signifie que malgré l'accroissement des
quantités des deux biens, le bien-être reste inchangé.
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dU0 = Umx1dx1 + Umx2dx2. Par définition l'utilité ne varie pas le long d'une courbe d'indifférence.
On a alors dU0 = 0 ÞTMS = Umx1/Umx2.
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Soit un individu qui est supposé acheter deux biens (le bien 1 et le bien 2) et dont
le revenu est R. Si les prix des biens 1 et 2 sont respectivement p1 et p2, la contrainte
budgétaire de cet individu se définit comme suit :
R = p1x1 + p2x2.
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La variation totale (ou la différentielle totale) est égale à zéro car le revenu est
constant. En arrangeant les éléments de cette dernière relation, on arrive à établir
que :
Dx2/Dx1 = –p1/p2 (ou dx2/dx1 = –p1/p2).
La pente est bel et bien négative et elle est égale au rapport des prix des biens 1
et 2. Ce rapport de prix qu’on appelle aussi prix relatif s’interprète comme le taux
de substitution du marché en ce qu’il renseigne sur le nombre d’unités de bien 2
qu’il faut sacrifier pour accroître la quantité du bien 1 tout en respectant le revenu
R. L’ensemble budgétaire d’un individu qui est appelé à acheter les biens x1 et x2
sur le marché respectivement aux prix p1 et p2 se présente de la manière ci-après :
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3. L'optimum du consommateur
Pour que ce problème ait une solution finie, il faudrait que la fonction d’utilité soit
continue dans son domaine de définition et que l’ensemble de consommation
(ensemble de faisabilité) soit fermé et borné (c’est-à-dire un ensemble convexe).
La résolution du problème économique d’un consommateur rationnel consiste à
trouver un compromis entre ce qu’il veut (l’utilité recherchée) et ce qu’il peut
(possibilités d’action déterminées par son revenu et les prix du marché). Pour
illustrer les différentes méthodes de résolution du problème d’optimisation, nous
allons considérer, dans les lignes qui suivent, que le consommateur se trouve en
présence de deux biens :
Max U(x1, x2)
tel que R ≥ p1x1 + p2x2
avec x1, x2 ≥ 0.
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On appelle carte d’indifférence, un ensemble de courbes d’indifférence.
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Méthode de substitution
Cette méthode consiste à ramener un problème d’optimisation sous contrainte à
un problème d’optimisation libre en résolvant la contrainte par rapport à une des
variables et en renvoyant le résultat obtenu dans la fonction-objectif. En résolvant
la contrainte budgétaire par rapport à x2, on obtient :
x2 = (R – p1x1)/p2.
Si on remplace dans la fonction-objectif x2 par cette valeur, le problème devient :
Max U = f [x1, (R – p1x1)/p2].
Méthode de Lagrange
La méthode de Lagrange consiste à transformer un problème d’optimisation sous
contrainte en un problème d’optimisation libre en se servant d’une fonction
auxiliaire appelée Lagrangien. Cette fonction associe la fonction-objectif et la
contrainte afin que, dans le processus d’optimisation, soit prise en considération la
sensibilité du comportement par rapport au desserrement de n’importe quel
élément de la contrainte. Le Lagrangien du problème de maximisation de l’utilité
du consommateur s’écrit de la sorte :
L = U(x1, x2) - l(p1x1 + p2x2 - R),
où l représente le multiplicateur de Lagrange. En différentiant le Lagrangien par
rapport aux xi, on obtient les conditions du premier ordre :
¶L/¶x1 = Umx1 - lp1 = 0 ® Umx1 = lp1.
¶L/¶x2 = Umx2 - lp2 = 0 ® Umx2 = lp2.
En divisant la première condition du premier ordre par la deuxième condition, ce
qui élimine le multiplicateur de Lagrange, on obtient :
Umx1/Umx2 = p1/p2.
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noter que ceci ne se vérifie que si les préférences sont convexes, c’est-à-dire si les
courbes d’indifférence qui rendent compte du comportement du consommateur
sont convexes par rapport à l’origine des axes.
Il est possible d’avoir des solutions frontières ou solutions au coin, c’est-à-dire des
solutions telles qu’à l’équilibre, la quantité demandée d’un bien est égale à zéro.
C’est le type de résultats que l’on obtient généralement lorsque les préférences du
consommateur sont concaves ou lorsque les biens qu’il demande sont parfaitement
substituables.
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Biens Giffen
On règle générale, lorsque le prix d’un bien diminue, on s’attend à ce que sa
demande augmente. Il est pourtant possible d’observer un comportement opposé.
En effet, il est possible qu’après diminution du prix d’un bien que le consommateur
décide d’utiliser le surplus de pouvoir d’achat dans le financement de la
consommation d’un autre bien. Dans ces conditions, le bien dont le prix a diminué
est considéré comme un bien de Giffen8.
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Il semblerait que F. Giffen, un économiste anglais du 19ème siècle, ait observé pendant la famine
qui ravagea l'Irlande en 1845 à cause d'une maladie de la pomme de terre, une augmentation du
prix des pommes de terre suivi d'un accroissement de la quantité consommée de ce produit
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Biens inférieurs
Considérons une personne qui consomme deux biens, à savoir la viande de bœuf
et le poisson chinchard. Si, à la suite d’un accroissement de son revenu, on assiste
à une diminution de la quantité consommée de chinchard et à l’accroissement de
la quantité de viande consommée, on conclue que le chinchard est un bien inférieur
et la viande de bœuf, un bien supérieur. Graphiquement, les choses se présentent
comme suit :
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Cette situation montre que la relation de sens positif entre la quantité consommée
d’un bien et le revenu du consommateur n’est pas toujours vérifiée. Pour certains
biens, les accroissements du revenu du consommateur se traduisent par une baisse
des quantités consommées. On les qualifie ainsi de biens inférieurs par rapport aux
biens qui les remplacent dans le panier de consommation.
Si le bien est normal, tout accroissement du revenu devrait se traduire par une
hausse de la quantité consommée du bien et tout accroissement de son prix pi
devrait se traduire par une baisse de la quantité consommé. Tandis que les effets
des variations des autres prix sur la demande dépendent du type de relation qui
relie le bien i aux autres biens : relation de substituabilité ou relation de
complémentarité. S’il y a une relation de complémentarité, la demande diminuera
si le prix du bien j augmente et elle augmentera en cas de substituabilité.
Etant donné que l’on connaît les facteurs explicatifs de la demande, il y a lieu de
chercher à mesurer l’impact d’une variation d’un des déterminants de la demande
sur la quantité de bien demandée. On serait tenté de faire le rapport de la variation
de la quantité demandée sur la variation du facteur explicatif, la variation du prix
par exemple. Mais la chose devient compliquée en ce que les unités de mesure
des quantités et des prix ne sont pas concordantes. Pour contourner cette faiblesse,
les économistes se servent du coefficient d’élasticité qui n’est rien d’autre que le
rapport des variations relatives de la demande et du prix (ou du revenu).
Le coefficient d’élasticité mesure la sensibilité de la demande à la variation d’un de
ses arguments. Ainsi, l’élasticité-revenu mesure l’effet d’une variation de R sur xi,
l’élasticité-prix l’effet d’une variation de pi sur xi et l’élasticité croisée l’effet d’une
variation de pj sur xi.
Elasticité-revenu : exi, R= (dxi/xi) / (dR/R) = (dxi/dR) (R/xi)
Elasticité-prix : exi, pi= (dxi/xi) / (dpi/pi) = (dxi/dpi) (pi/xi)
Elasticité croisée : exi, pj= (dxi/xi) / ( dpj/pj)= (dxi/dpj) (pj/xi).
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Cette fonction de demande est dite marshallienne car elle a été proposée par l’économiste anglais
Alfred Marshall.
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La variation du prix d’un bien entraîne deux effets : (1) modification du taux
d’échange ou prix relatif des biens et (2) modification du pouvoir d’achat du
consommateur. Pour ce faire, il faut toujours décomposer la variation du prix en
deux effets. L’effet de la première modification est appelé effet de substitution et
celui de la deuxième est appelé effet de revenu.
Afin de mieux illustrer ces deux effets, considérons la figure 6 ci-dessous qui illustre
l’analyse de Hicks.
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Panier A B C D E F G H I
x1 4 3 5 6 2 7 1 0 8
x2 4 5 3 2 6 1 7 8 0
x1 + x2 8 8 8 8 8 8 8 8 8
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A partir de ce cas particulier, on déduit que lorsque deux biens sont parfaitement
substituables, la courbe d’indifférence associée aux préférences du consommateur
est une droite. C’est la constance de la pente de la courbe qui constitue la
caractéristique principale des substituts parfaits.
Les utilités marginales des deux biens sont constantes : Umx1 = 1 et Umx2 = 1. Par
conséquent, le taux marginal de substitution est aussi constant : TMS = 1/1 = 1. La
position d’équilibre du consommateur ne sera pas déterminée par la condition de
tangence qu’on a mise en évidence plus haut. On va se servir à cet effet de
l’approche graphique.
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Dans ce cas, le consommateur réalise son équilibre en consacrant tout son revenu
à l’acquisition du bien désirable (solution frontière). Ceci parce que le niveau de
satisfaction est déterminé par x1 et que celui-ci est maximisé au point x1* = R/p1.
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Le point E qui est un point de tangence entre une courbe d’indifférence et la droite
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