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CH I : Résistance des sols au cisaillement

1 Introduction

En géotechnique, on s’intéresse d’avantage à la résistance au cisaillement, car dans la


majorité des situations, la rupture dans le sol est produite par l’application de contraintes de
cisaillement excessives.
Critère de rupture de Mohr-Coulomb
Mohr a émis l’hypothèse que la contrainte de cisaillement à la
rupture sur le plan de rupture est fonction unique de la
contrainte normale sur ce plan :

r
= f( r)

Indépendamment de Mohr, Coulomb a mis au point un appareil pour mesurer la résistance au


cisaillement des sols. Il a constaté que cette dernière est fonction de deux paramètres
dépendant où pas des contraintes : ce sont l’angle de frottement interne (comparable à la
résistance au glissement des solides) et la cohésion intrinsèque c, d’où l’équation de Coulomb
: = tg +c
Il faut noter que ni l’angle de frottement interne ni la cohésion intrinsèque C ne sont des
propriétés intrinsèques du matériau mais elles dépendent des conditions qui prévalent l’essai.
Le critère de Mohr-Coulomb représente le couplage des relations précédentes :
r = r tg +c
Expérimentalement, la relation entre les contraintes tangentielle et normale à la rupture peut
être représentée par une courbe non linéaire dite courbe intrinsèque. Cela signifie que la
dernière relation ( r = r tg + c) n’est qu’une linéarisation de cette courbe, et que cette
linéarisation n’est valable qu’à l’intérieur d’une certaine plage de contraintes. Le critère de
Mohr-Coulomb est très utile dans l’analyse de la stabilité des pentes et talus. Pour un sol
donné, l’identification de la courbe intrinsèque se fait par une série d’essais de cisaillement.
Pour chaque essai, on détermine le couple ( r, r ) à la rupture et on trace le cercle de Mohr
associé à cet état. L’ensemble des cercles de Mohr à la rupture permet de trace dans le plan
) une courbe enveloppe des contraintes de cisaillement à la rupture. Cette courbe dite
enveloppe de rupture de Mohr caractérise la relation f entre la contrainte normale et la

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contrainte de cisaillement toutes deux à la rupture

tr = f( r)

Courbe enveloppe

Pour l’un des cercles de Mohr à la rupture, le point de tangence entre le cercle et l’enveloppe
de rupture détermine l’inclinaison du plan de rupture dans l’élément considéré (hypothèse de
rupture de Mohr). On montrera que l’inclinaison du plan de rupture r
par rapport au plan sur

lequel s’applique la contrainte principale majeure est donnée par :

r
= /2 + /4

2 Essais de résistance des sols au cisaillement

2.1 Essai de cisaillement direct


C’est un essai économique, rapide et simple. L’échantillon est placé dans la boite à
cisaillement figure suivante :

Boite de Casagrande pour le cisaillement direct

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Cette boite est divisée en deux parties séparées par un plan horizontal. Une partie est fixe, et
l’autre mobile dans le plan horizontal. Une charge normale constante P est appliquée sur
l’échantillon. Au cours de l’essai, on mesure la force de cisaillement T de même que le
déplacement horizontal et vertical H.
Donc on peut alors calculer la contrainte normale n
= P/A et la contrainte de cisaillement =

T/A, A étant l’aire de l’échantillon. En traçant les courbes H( ), on remarque une


augmentation de la hauteur de l’échantillon indiquant que le sols se dilatent pendant leurs
déformations. Cet essai permet la détermination des caractéristiques de résistance des sols :
l’angle de frottement interne et la cohésion C. Au début de l’essai, lorsque la force normale
P est appliquée seule, le plan horizontal est un plan principal. Des qu’on applique la force
tangentielle T, ce plan cesse d’être principal. On dit qu’il y a rotation des plans principaux.
L’essai n’est indicatif que pour des conditions de drainage complet. D’autre part, le plan de
rupture prédéfini (horizontal) dans l’essai ne correspond pas toujours au plan de plus faible
résistance où à la direction critique sur le terrain.

2.2 Essai triaxial


Dans cet essai, l’éprouvette de sol est placée dans une cellule dite triaxiale. L’éprouvette
cylindrique d’un élancement /d au moins égal à 2, où désignant la hauteur et d le diamètre,
figure suivante.

Des plaques drainantes reliées à l’extérieur à des dispositifs permettant soit d’assurer le
drainage et de connaitre les variations de volume, soit de mesurer la pression interstitielle u
dans l’éprouvette sont placées à la base et au sommet de l’éprouvette de sol. Les contraintes
sont transmises à l’éprouvette de deux manières, d’une part une pression de confinement ( 3 =
r) existant dans la cellule triaxiale générée par un dispositif de mise en pression et d’autre
part, on applique un effort axial F qui crée un déviateur de contrainte axial ( 1 3) ; la
contrainte 1 est généralement mesurée par un capteur situé au sommet de l’éprouvette. De
plus, on mesure la variation de hauteur de l’éprouvette qui donne la déformation axiale

Enfin, on peut imposer au sein de l’éprouvette une contrepression (CP) qui a pour but de
réaliser une bonne saturation de celle-ci. La mesure de 3, l’application éventuelle de CP, la
connaissance de ( 1- 3) et la mesure de la pression interstitielle u permettent de déterminer à
chaque instant l’état de contraintes totales et l’état de contraintes effectives existant dans
l’éprouvette.
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Le principe de l’essai consiste en général à appliquer tout d’abord un état de contrainte
isotrope avec ( 1 - 3 = r), pondéré éventuellement de la contrepression CP. A ce stade, deux
possibilités sont envisageables

Soit on permet le drainage de l’éprouvette et sa consolidation, ce qui entraîne une


modification dans l’état de l’éprouvette se traduisant par une variation de l’indice des
vides,
Soit on interdit ce drainage et on mesure la pression interstitielle se développant dans
l’éprouvette, dans ce cas, l’état de l’éprouvette ne se modifie pas si l’on suppose
qu’elle est initialement saturée.

Essai triaxial

Dans un second temps on va appliquer l’effort axial pour atteindre la rupture, les deux
possibilités de conditions de drainage existent toujours

Courbes d’un essai triaxial a) ( 1 3) = f( l) ; b) u = f( l) et c) la variation de volume v = f( l).

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On définit en fonction de ces courbes, l’état de contraintes à la rupture, ce qui donne un cercle
dans le plan de Mohr. La réalisation de plusieurs essais à r différents permet de tracer la
courbe enveloppe et de déterminer C et . On peut tracer ces courbes enveloppes soit en
Contraintes totales, soit en contraintes effectives.

Cercles de Mohr pour un essai triaxial

3 Influence des Conditions de consolidation et de drainage sur C et


La résistance au cisaillement d’un sol dépend de nombreux facteurs, tels que la nature et l’état
du sol, mais aussi l’intensité des efforts exercés et la manière dont ces efforts sont appliqués.
On distingue deux grands types de comportement du sol :
Comportement drainé ;
Comportement non drainé.
Selon l’état de consolidation et de drainage, deux comportements extrêmes de sol sont
envisagés, comportement à long terme et comportement à court terme, et on distingue trois
essais. le tableau suivant résume les états de consolidation, et de drainage.

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Cheminement des Conditions de Symbole de l’essai
contraintes drainage
Non consolidé Non drainé UU
Consolidé Non drainé CU
Consolidé Drainé CD

Essais triaxiaux

3.1 Essai de cisaillement consolidé drainé (CD)


L’essai consolidé drainé (CD) permet de déterminer les caractéristiques intrinsèques du
squelette solide ; il correspond au comportement du sol à long terme.
On commence par consolider l’échantillon de sol sous une contrainte isotrope 0; c’est-à-dire
qu’ayant appliqué cet état de contrainte, on le maintien, l’orifice de drainage ouvert, jusqu’à
ce que la pression interstitielle se soit annulée (u = 0).Puis laissant la contrainte normale
constante durant tout l’essai, on augmente très lentement la contrainte tangentielle 1.

La courbe intrinsèque obtenue (figure suivant) à partir des résultats de plusieurs essais est
toujours approximativement une droite dont les caractéristiques sont les suivantes,
: Appelé angle de frottement effectif est l’angle que fait la droite intrinsèque avec l’axe
des contraintes normales.
C : Appelée cohésion drainée, est la valeur de l’ordonnée à l’origine de la droite intrinsèque.

Essai de cisaillement consolidé drainé CD

L’équation de Mohr Coulomb devient :


= ’ tg ’ + C’

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3.2 Essai de cisaillement non consolidé non drainé (UU)
L’essai non consolidé non drainé (UU) correspond au comportement à court terme du sol en
place. L’échantillon de sol «intact», c’est-à-dire non remanié, est soumis à l’état de contrainte
isotrope 0, l’orifice de drainage est fermé. Puis, toujours avec les orifices de drainage fermés,
on augmente jusqu'à la rupture la contrainte tangentielle 1. Les différents cercles de Mohr à
la rupture, en contraintes totales, sont simplement translatés parallèlement à l’axe des
contraintes normales.
L’enveloppe de ces cercles est une droite parallèle à l’axe des contrainte dont l’ordonnée à
l’origine est appelée cohésion non drainée et notée CU, l’équation devient : =CU

Essai de cisaillement non consolidé non drainé UU

3.3 Essai de cisaillement consolidé non drainé (CU)


Chaque éprouvette de sol est consolidée avant l'expérience, sous la même contrainte normale
que celle qu'elle subira pendant l'essai. La contrainte de cisaillement est suffisamment
rapide pour que le drainage n'ait pas le temps de s'effectuer, donc pour que la pression
interstitielle u de l'eau ne puisse pas se dissiper en cours d'essai.
L’essai consolidé non drainé CU, a deux buts :
Déterminer la variation de la cohésion non drainée CU en fonction de la contrainte de pré
consolidation
Déterminer les caractéristiques de la résistance au cisaillement à long terme (C’ et ) en
mesurant la pression interstitielle au moment de la rupture.
Dans le premier cas, l’essai peut être réalisé à l’appareil triaxial ou à la boîte de cisaillement.
Dans le deuxième cas, l’essai est obligatoirement réalisé à l’appareil triaxial.
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1. Essai de cisaillement non consolidé non drainé UU

La contrainte de cisaillement à la rupture est donnée par l'équation :


+(

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