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Episode 1 : Le premier voyage de Sinbad

Il y avait autrefois, dans la belle ville de Bagdad, un riche marchand. Quand il

mourut, son fils, qui s’appelait Sinbad, hérita d’une très grosse fortune. Pendant

quelques années, il mena la grande vie : il donnait des fêtes magnifiques, organisait

des banquets splendides, bref, il dépensait son argent sans compter.

Et un jour, il se rendit compte qu’il ne lui restait presque plus rien de ses immenses

richesses. Alors il se dit :

« Rien n’est pire que d’être pauvre quand on est

vieux. Pourtant, c’est ce qui me pend au nez si je

ne trouve pas un remède à ma situation. »

Il prit langue avec certains de ses amis qui

faisaient du commerce par mer puis ramassa ce

qui restait de ses biens, les vendit et, sur leur

conseil, s’en alla à Bassora, le port de Bagdad.

Là, il acheta tout ce qu’il put comme

marchandises, s’associa avec d’autres

marchands pour équiper un bateau et

s’embarqua.

Le bateau prit la route des Indes orientales. Un jour, cependant, le vent tomba d’un

coup. Le bateau se trouva immobilisé près d’une petite île basse au ras de l’eau. Le

capitaine fit plier les voiles et permit à ceux qui le voulaient de descendre à terre.

Sinbad fut de ceux qui débarquèrent. Mais, alors qu’ils étaient tranquillement assis

à se délasser des fatigues de la navigation, le sol se mit à trembler.


Episode 2 : Le premier voyage de Sinbad

En fait, ce qu’ils avaient pris pour une île n’était rien d’autre que le dos d’une baleine
géante. Les plus agiles sautèrent dans le canot, d’autres se jetèrent à l’eau pour
rejoindre le navire à la nage.

Sinbad, lui, était encore sur la baleine quand elle plongea sous l’eau. C’est à peine
s’il eut le temps de se cramponner à un morceau de bois pour éviter d’être noyé.
Pendant qu’il surnageait comme il le pouvait, le capitaine donna l’ordre de hisser
les voiles et de s’en aller. Sinbad
vit le bateau s’éloigner et, avec
lui, tout espoir de remonter à
bord.
Le reste de la journée et la nuit
suivante, il les passa dans l’eau, à
essayer de sauver sa vie. Le
lendemain matin, il croyait se
noyer d’un moment à l’autre quand une vague plus forte que les autres le jeta sur
une côte.

En se voyant sain et sauf, Sinbad se dit :

« Il ne me servirait à rien de rester ici. Voyons plutôt ce que je trouverai aux


alentours ! » Aussi, malgré sa fatigue, il se mit en chemin vers l’extérieur de l’ile.
Au bout d’un moment, il rencontra une jument d’une extrême beauté, attachée à un
piquet.
- Pst ! Pst !

Sinbad entendit une voix qui


l’appelait. Il tourna la tête d’un
côté, de l’autre, mais ne vit
personne. Et peu après, sans que
Sinbad comprenne d’où il était
sorti, un homme apparut.
Episode 3 : Le premier voyage de Sinbad
- Qui es-tu ? lui demanda ce dernier. Et que fais-tu ici ? D’habitude, il ne vient
jamais personne. En peu de mots, Sinbad raconta son aventure. Quand il eut fini
son récit, l’inconnu le mena dans la grotte où il se tenait caché avec d’autres
hommes. Sinbad demanda :
- Que faites-vous dans ce lieu si sauvage ?

- Nous sommes les palefreniers de Mihrage, le roi de cette île, lui répondit-on.
Chaque année, nous amenons ici les juments royales. Nous les attachons et nous
attendons que le cheval marin sorte de l’eau pour s’accoupler avec elles. Les
poulains qui naissent sont ensuite les plus beaux que l’on puisse imaginer. Quant à
toi, tu as eu de la chance. Si tu étais arrivé un jour plus tard, tu serais mort de faim
et de soif, car nous repartons demain.

Tandis qu’ils causaient ainsi, le cheval marin sortit de l’eau et s’accoupla avec la
jument que Sinbad avait vue, puis il replongea dans la mer.

Le lendemain, tout le monde retourna au palais. Le roi Mihrage accueillit


aimablement Sinbad, écouta le récit de son aventure et décida de lui donner tout
ce dont il aurait besoin.

La capitale de son royaume était proche de la mer et possédait un port où des


bateaux arrivaient de partout au monde. Sinbad y passait le plus clair de son temps
avec les marchands et les matelots, à écouter ce qu’ils racontaient sur les pays
qu’ils avaient visités.
Episode 4 : Le premier voyage de Sinbad
Un jour, alors que plusieurs mois avaient passé, un nouveau bateau entra au port.
Dès qu’il fut à l’ancre, on commença à transporter sa cargaison dans un dépôt.
Sinbad eut la surprise de voir son nom écrit sur les paquets qu’on déchargeait. Il y
regarda de plus près. Aucun doute n’était possible : c’était ceux qu’il avait fait
embarquer à Bassora.

Sinbad alla trouver le capitaine qu’il reconnut tout de suite.


De son côté, le capitaine ne le reconnut pas. Alors Sinbad
demanda :

- A qui appartiennent ces marchandises qu’on décharge ?


- J’avais à bord un marchand de Bagdad qui s’appelait
Sinbad. Un jour, il a débarqué sur ce que nous prenions
pour une île et qui n’était rien d’autre qu’une énorme
baleine endormie à la surface de l’eau. Elle s’est réveillée
brusquement et s’est enfoncée dans la mer. Le malheureux Sinbad et tous ceux qui
étaient encore dessus ce sont noyés. Ces marchandises étaient à lui. Je veux les
négocier pour rapporter l’argent de leur vente à sa famille.

- Capitaine ! Je suis ce Sinbad que tu crois mort et qui ne l’est pas. Ces paquets
sont à moi !

En l’entendant, le capitaine fit la grimace


avant de dire :
- Grand Dieu ! On ne peut se fier à
personne de nos jours ! Tu oses affirmer
que tu es Sinbad, alors que je l’ai vu se
noyer de mes propres yeux ! Quelle
audace ! Comment oses-tu ainsi mentir
pour t’approprier un bien qui ne
t’appartient pas ?
- Laisse-moi t’expliquer ce qu’il s’est
passé, répondit Sinbad.
Episode 5 : Le premier voyage de Sinbad
Il raconta comment il avait sauvé sa vie. Le capitaine n’était qu’à moitié
convaincu mais des gens de son navire arrivèrent. Eux reconnurent Sinbad.
- Ah ! l’ami, s’écrièrent-ils, quelle joie de te revoir vivant alors que nous te
pensions mort !
Finalement, le capitaine céda :
- Dieu soit loué ! s’écria-t-il. Tu as échappé à un grand danger !
Voilà ton bien, prends-le, il est à toi !

Sinbad commença par choisir ce qu’il avait de plus précieux pour offrir au roi
Mihrage. Celui-ci accepta ces cadeaux et, en retour, lui en fit de beaucoup
plus précieux. Après quoi, Sinbad se rembarqua sur le même bateau. Mais
avant de partir, il échangea ses marchandises contre d’autres que produisait
l’île.

Ce fut ainsi qu’il revint à Bassora avec du bois d’aloès et de santal en quantité,
du camphre, de la muscade, du clou de girofle, du poivre et du gingembre – le
tout d’une valeur de cent mille pièces d’or.

Quand il rentra à Bagdad, Sinbad était plus riche qu’avant. Il acheta une belle
maison avec des terres et des jardins et, bien décidé à oublier ses malheurs,
se remit à profiter tranquillement des plaisirs de la vie.
Episode 1 : Le deuxième voyage de Sinbad

Après son premier voyage, Sinbad s’était dit qu’il avait eu son compte d’émotions.
- Je resterai tranquillement chez moi jusqu’à mon dernier jour, répétait-il à qui
voulait l’entendre. Seulement, il ne lui fallut pas très longtemps avant de s’ennuyer.

Son envie de repartir sur la mer devint si forte qu’il n’y résista plus. Il acheta des
marchandises et, de nouveau, s’embarqua avec d’autres commerçants.

Ils allèrent d’abord de port en port, en faisant des affaires très avantageuses. Un
jour, cependant, Sinbad et quelques-uns de ses collègues débarquèrent sur une île
couverte d’arbres fruitiers de toutes sortes mais totalement déserte. Sinbad, qui
avait apporté des provisions, s’assit près d’un ruisseau et fit un bon repas. Puis,
sentant que le sommeil s’emparait de lui, il s’allongea dans l’herbe douce.

Quand il se réveilla, le bateau n’était plus là. Très inquiet, il alla d’un côté et de
l’autre, sans rencontrer personne. Accablé par le désespoir, il poussa des cris
épouvantables et se frappa la tête contre le sol en disant :

- Ah ! quelle folle envie m’a pris de faire un autre voyage !


Episode 2 : Le deuxième voyage de Sinbad
Mais comme se lamenter ne servait à rien, il monta en haut d’un grand arbre. Ce
qu’il découvrit ne le rassura pas. L’île était petite et, sur la mer, il n’y avait rien. En
revanche, du côté de la terre, il aperçut quelque chose de blanc, mais sans parvenir
à distinguer ce que c’était. Il décida d’aller voir.

Il constata qu’il s’agissait d’une boule blanche d’une hauteur et d’une grosseur
prodigieuses. Elle pouvait mesurer quinze pas de diamètre. Sa surface était polie
et douce. Sinbad en fit le tour, pour voir s’il n’y avait pas une ouverture. Il n’en
trouva pas.

Il voulut l’escalader mais sans succès : elle était trop lisse.


Tout à coup, il se mit à faire sombre, comme si le soleil était caché par un nuage
épais. Un oiseau d’une grandeur et d’une grosseur extraordinaire approchait en
volant. Sinbad sut aussitôt qu’il avait affaire à un roc car il avait entendu des marins
parler de cet oiseau monstrueux. Il comprit aussi que la grosse boule blanche
n’était rien d’autre qu’un œuf.

Et, de fait, le roc se posa puis s’installa dessus, pour le couver.


Sinbad s’était collé contre la coquille de sorte qu’il se trouva tout près d’une des
pattes du roc. Elle était aussi grosse qu’un tronc de belle taille.

Sinbad se dit alors qu’il tenait sa chance de quitter cette île inhospitalière. Prenant
la toile de son turban, il s’attacha solidement à la patte et attendit patiemment que
l’oiseau géant reprenne son vol. Ce qu’il ne manqua pas de faire le lendemain matin,
dès que le jour parut.
Episode 3 : Le deuxième voyage de Sinbad
Le roc monta d’abord très haut, puis, au bout d’un moment, il plongea vers le sol
avec une vitesse vertigineuse et se posa. Sinbad ne perdit pas un instant pour
défaire le nœud qui le tenait attaché à la patte. Juste à temps : le roc prit dans son
bec un serpent d’une longueur prodigieuse et s’envola aussitôt.

Sinbad leva les yeux pour regarder autour de lui. Ce qu’il vit ne lui fit pas plaisir : il
se trouvait au fond d’une vallée très encaissée. Elle était entourée de tous les côtés
par de hautes montagnes dont les parois étaient tellement escarpées qu’il n’y avait
pas moyen d’en sortir.

Il ne tarda pas à constater aussi, pour sa grande surprise, que le sol était parsemé
de diamants, certains d’une grosseur peu commune, qui étincelaient au soleil. En
revanche, ce qu’il découvrit quand vint le soir lui causa beaucoup moins de plaisir.
Il y avait aussi dans la vallée, et en très grand nombre, des serpents si gros et si
longs que le plus petit aurait pu engloutir un éléphant. Ils se tenaient cachés tout
le jour dans leurs terriers,
et sortaient à la tombée
de la nuit.

Sinbad se précipita dans


une grotte dont il boucha
l’entrée avec une grosse
pierre. Il y passa la nuit
sans être attaqué mais
sans dormir, non plus, car
un vacarme continu de
sifflements terrifiants le
tint éveillé.
Episode 4 : Le deuxième voyage de Sinbad

Au matin, les serpents disparurent. Sinbad sortit de sa grotte en tremblant.


Longtemps, il marcha sur des diamants sans même les voir. A la fin, totalement
épuisé, il s’assit à l’ombre d’un rocher et s’endormit.

Il fut réveillé en sursaut par quelque chose


qui tomba près de lui avec un grand bruit :
c’était de gros morceaux de viande fraiche.

Sinbad comprit ce qu’il se passait car il se


souvint de ce qu’il avait entendu raconter
par des marins et des voyageurs :

« Il existe aux Indes une vallée qui regorge


de diamants magnifiques, mais dont les
pentes sont trop raides pour qu’on puisse
y descendre. Certains marchands ont
pourtant trouvé une façon étonnante pour
prendre ces pierres précieuses. Ils vont au
bord des précipices, à la période où les
aigles ont des petits, et lancent de gros
morceaux de viande au fond de la vallée. Les diamants sur lesquels ils tombent s’y
collent. Les aigles se jettent sur la viande et l’emportent jusqu’à leur nid pour en
nourrir les aiglons. Alors les marchands courent après les oiseaux et, à force de
cris, les font fuir. Il ne leur reste plus qu’à prendre les diamants. »

Sinbad avait fini par croire que cette vallée serait son tombeau. Ce qu’il voyait lui
fit imaginer un moyen de sauver sa vie…
Episode 5 : Le deuxième voyage de Sinbad

Il remplit d’abord sa sacoche avec les plus beaux diamants qu’il trouva. Il prit
ensuite le morceau de viande le plus long, l’attacha autour de lui avec son
turban et se coucha par terre.
Les aigles ne tardèrent pas à arriver. Dans ces contrées, ils sont
particulièrement énormes. Le plus gros prit dans ses serres la pièce de viande
à laquelle Sinbad s’était attaché, l’enleva dans les airs et la porta à son nid.
Les marchands s’étaient mis à crier ; l’aigle, effrayé, abandonna sa proie.

Un des marchands s’approcha de Sinbad.


Il fut d’abord bien surpris et effrayé. Puis,
il se fâcha :

- Pourquoi essaies-tu de voler mon bien ?


Les diamants que cet aigle a emportés
sont à moi !

- Mon ami, lui répondit Sinbad, écoute plutôt comment je suis arrivé ici.
Il raconta son aventure et acheva son récit par ses mots :

- Console-toi l’ami, j’ai des diamants pour tous les deux, plus que n’en ont tous
les autres ensemble. Sans compter qu’ils sont très beaux car je les ai choisis
avec soin.

Quand les marchands décidèrent de rentrer dans leur famille, Sinbad


embarqua avec eux. A chaque escale, il échangea des diamants contre des
marchandises précieuses.
A la fin, quand Sinbad revint à Bagdad, il était à la tête d’une fortune
colossale, et bien décidé à en profiter paisiblement aussi longtemps que Dieu
lui accorderait de vivre.

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