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Dans le cadre des « Evénements »

de la Comédie de Genève / saison 10/11

Carla del Ponte : au nom de la Justice


Théâtre de la Comédie – Genève

le 4 avril 2011

Chère Madame,

Mesdames et Messieurs,

Chères et chers ami-e-s,

Signora del Ponte,


Cara Carla,

Je suis à la fois très heureuse et très honorée de pouvoir vous dire ce


soir, au nom des autorités, ces quelques mots de bienvenue à Genève.

Cette soirée organisée autour de votre nom est un hommage qui est
rendu à votre personnalité et à votre action, mais à travers vous
également, nous rendons hommage à la Justice, ou plutôt à la quête de
justice dont vous être le symbole en Suisse et dans le monde.

Procureure générale de la Confédération en 1985, vous avez été, pour


les femmes de ma génération, un modèle à la fois comme femme
professionnelle et comme femme engagée pour la vérité et la justice.

Seule la version prononcée fait foi 1


A titre personnel, et en ma qualité de femme suisse, je vous dois d’avoir
contribué à mon idée de ce que peut et doit être une femme d’action,
animée par des valeurs et fermement résolue à les mettre en œuvre
dans un travail astreignant et demandant au quotidien beaucoup de
courage.

Je suis certaine de ne pas être la seule de ma génération à avoir profité


de votre contribution à l’historie de notre pays, ou plus précisément, à
l’histoire des femmes dans notre pays. Je voulais vous dire simplement :
merci !

Procureure au Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie, puis


pour le Rwanda, c’est face au monde entier – et non plus seulement à
notre Suisse neutre et protégée des grands drames de ce monde - que
vous avez imposé votre stature de femme de loi et de justice, traquant
sans relâche les criminels de guerre, les auteurs présumés des plus
grands cimes contre les droits humains et contre l’humnanité.

Inspirés par votre posture et votre action, ce sont là des générations


d’étudiantes et d’étudiants – sur les cinq continents - qui se sont tournés
spontanément vers l’étude des droits humains, et plus précisément du
droit pénal international. Genève - grâce à l’engagement rapide de son
Université - est devenu l’un des meilleurs centres de formation dans le
domaine.

Mais davantage que cela encore, qu’honore-t-on, ici aujourd’hui en vous


honorant ?

Le petit texte de la Comédie de Genève qui appelle à participer à cette


« causerie » en votre compagnie le dit en quatre petits mots simples :
une femme libre, une femme de parole, une femme indépendante, un
femme intransigeante !

Vous avez toujours été : libre face aux pouvoirs des Etats ; de parole
face à la multitude sans visage des victimes et des témoins des
exactions commises par les tortionnaires et les planificateurs de crimes
collectifs ; indépendante face aux pressions que les bourreaux et leurs
complices font peser sur les gouvernants, les policiers, les juges, les
médias ; intransigeante face à la recherche de la vérité et aux petites
compromissions auxquelles d’autres ont été amenés à céder au prétexte
de la raison d’Etat.

La justice est universelle ou elle n’est pas !

Seule la version prononcée fait foi 2


Le monde westphalien des Etats souverains, dont les dirigeants
massacrent quand bon leur chante, touche peut-être à sa fin…
mais il n’a pas encore été dépassé - à ce jour - par une nouveau
système de sécurité collective fondé sur la Paix et la Justice
universelles.

Les Tribunaux pénaux internationaux – dans lesquels vous avez déployé


votre mission - appartiennent déjà au monde de demain ; les pierres
que vous avez posées pour la construction de cette histoire qui émerge
sous nos yeux ont une valeur inestimable !

Si aujourd’hui, Genève qui est très attachée à l’idée même de


gouvernance mondiale le reconnaît, nous savons aussi que nous
sommes au début d’un chemin long et difficile, mais que nous pouvons
d’ores et déjà marcher dans vos pas.

Je vous remercie.

Sandrine Salerno

Maire de Genève

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