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Dans ce verset, Allah console Ses serviteurs patients dans les épreuves en
annonçant qu'il est Lui-même le substitut et le remplaçant de ce qu'ils ont perdu et
qui agréait à leurs dispositions naturelles. Être patient consiste en effet à
contraindre l'âme à accepter ce qui lui répugne; et elle éprouve de l'aversion pour
tout ce qui n'est pas en accord avec sa prédisposition dans l'instant présent, même si
elle sait que cela sera un bien pour elle par la suite. La douleur psychique (nafsani)
et naturelle que les âmes ressentent lorsqu'elles sont ainsi contraintes ne peut être
repoussée que si un état spirituel puissant et dominateur s'empare d'elle et leur fait
oublier ce qui cause leurs souffrances et ce qui leur aurait donné du plaisir. C'est
parce que l'homme ne peut, de lui-même, échapper à cette douleur que les plus
grands saints ont pleuré, gémi, soupiré, demandé secours et prié que ces
souffrances leur soient épargnées. Il n'en va pas de même pour la souffrance
spirituelle (ruhani), que l'homme est capable de repousser. Aussi voit-on les saints
se réjouir intérieurement, heureux, satisfaits, sûrs que ce qu'Allah a choisi pour eux
est ce qu'il y a de meilleur, tranquilles devant la souffrance [spirituelle] qui les
atteint. Aucune chose n'est déplaisante et mauvaise par essence, mais seulement par
rapport aux "réceptacles" et aux prédispositions des corps physiques. Si l'on
considère à présent les êtres sous le rapport de leurs réalités métaphysiques (al-
haqa'iq al-ghaybiyya), tout ce qui leur advient leur convient. Plus encore: rien ne
leur advient qui ne soit exigé par leur nature essentielle.
Allah a donc annoncé à ceux qui supportent avec patience la perte de ce qui leur est
agréable - santé, richesse, grandeur, sécurité, possessions et enfants - que "Lui" [car
tel est le sens propre du pronom huwa rendu plus haut par "cela" conformément à la
manière dont ce verset est habituellement compris] est meilleur (khayr) pour eux
que ce qu'ils ont perdu: car ceux-là savent que "Lui" [qui est le Nom de l'Essence
suprême absolument inconditionnée] est leur Réalité inséparable et leur refuge
nécessaire, et que les choses agréables qu'ils ont perdues étaient de pures illusions
(umur wahmiyya khayaliya).
Celui qui a trouvé Allah n'a rien perdu; et celui qui a perdu Allah n'a rien trouvé.
C'est ce qu'on lit dans les oraisons de Ibn 'Ata Allah.