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Folio 4
Ceux qui pourraient s'intéresser à la théologie nazaréenne pourraient être fort surpris d'en
découvrir les composants. Je vous adresse ce folio pour vous en décrire les différents
éléments, sans toutefois vous le présenter comme un dogme car le Saint Ordre est a-
dogmatique et n'oblige personne à adhérer à aucune croyance que ce soit, même si tout
peut faire penser qu'il est un ordre à forte connotation religieuse, ce n'est pas le cas.
Tout d'abord, le Dieu que les Chrétiens ont tendance à prier, n'existe pas dans la théologie
nazaréenne. Pour qu'il soit connu par les nazaréens, il faudrait qu'il soit intégré au sein
d'un polythéisme et qu'on lui attribue un reflet anthropomorphique.
Vous connaissez les prières du Père-Mère, du Notre Mère, inscrits dans le corpus de
l'Antique Religion. Ces prières sont dirigées vers Adonaï Tsébaoth et son épouse la Pistis
Sophia que les juifs et nous-même appelons souvent affectueusement la Shékinah. Nous
appelons également indifféremment ce couple en désignant la Déité par Osiris et la
Déesse par Isis, mais tout cela n'est que pure convention métaphorique car l'enveloppe
charnelle des Manous n'est qu'un repère qu'il convient parfaitement de dépasser. Ces
deux entités donc sont nos "correspondants directs". On pourrait dire qu'ils sont les
"Surintendants divins".
Ils ont créé le ciel et la terre mais le passé d'Adonaï Tsébaoth étant un tantinet chaotique
et sulfureux, nous dirons de lui qu'il apprit de ses erreurs à devenir un bon Père adoptif
pour nous. Comme nous faisons de même avec notre propre famille, jusque là, qui serait
capable de lui jeter la pierre ? A une exception près, nous ne disposons pas des mêmes
capacités de destructions !
Adonaï Tsébaoth a un frère (tout comme dans le mythe Osirien : Osiris a pour frère Seth).
Ce frère avec lequel il est souvent en conflit est à la fois la force violente à ménager, mais
aussi un défenseur face à une autre fratrie, supérieure celle-là : Celle du G. A., le Glorieux
Atoum (Seigneur Enki), et son jumeau Seigneur Enlil (selon la tradition babylonienne).
Revenons au G. A., si nous l'appelons le Grand Principe, c'est qu'il se détermine lui-même
comme tel lorsqu'il dit dans les commandements de l'Antique Religion : " Je Suis la Loi et
l'entière Loi de toutes les lois". Il précise également qu'il est la loi invisible. Ce qui tend à
supposer qu'effectivement il n'est pas un être identifiable à un physique
anthropomorphique, le nommer lui donne une consistance imaginable et conceptuelle,
mais cela s'arrête là. Nous sommes bien en face de principes et non de personnes.
Dans le précédent folio, nous avions effleuré du doigt les débuts de la description
succincte de la théologie, aujourd'hui, nous allons tâcher d'aller plus avant.
Le G. A., que nous servons, n'a donc rien d'humain. Il est principe, esprit, pensée créatrice
et surtout Amour profond et vrai.
La création de l'Homme est le fruit d'un ratage, produit par les tripatouillages génétiques
accomplis par le délire démoniaque d'Enlil et de ses copains les Archontes.
Si l'Homme fut créé par le sperme jailli de la masturbation d'Enlil, c'est le G. A. qui l'anima
et lui donna la vraie vie en lui communiquant une parcelle de sa divinité.
Ici, j'attire votre attention sur l'importance du sperme dans la théologie nazaréenne. Il est
considéré comme l'eau de la vie. Si Enlil a créé l'Homme grâce à une jouissance perverse
et malveillante, celle-ci inscrit ce dernier dans un cycle de violence et une frénésie
incontrôlable. Cette influence est incontournable mais elle est détournable !
C'est là qu'entre en jeu le rôle déterminant du G. A. qui par son souffle de vie va
s'adjoindre à la destinée de l'Homme : Il ne sera pas uniquement force brutale, il sera
esprit. Ainsi est posée la connaissance du Bien et du mal, non opposables l'un à l'autre,
mais homogénéisés en l'Homme.
Pour que l'Homme s'affranchisse de son destin influencé par Enlil, il doit élever l'usage de
sa propre semence à un niveau spirituel car ce n'est qu'à travers l'élévation de l'eau de la
vie ver les sphères du sacré (appelés Palais ou Hekhaloth) que l'Homme peut obtenir sa
réintégration.
La réponse semble évidente, Enlil précipita l'autonomie de l'Homme sur la terre car il ne
supportait pas de le voir posséder le souffle de vie.
Adonaï Tsébaoth a également un frère violent comme nous l'avons évoqué au début du
folio. Le seul passage de la Bible où est évoqué un dialogue entre Adonaï et son frère se
situe dans le livre de Job.
"Or, les fils de Dieu vinrent un jour se présenter devant l'Éternel, et Satan vint aussi au
milieu d'eux. L'Éternel dit à Satan : D'où viens-tu ? Et Satan répondit à l'Éternel : De
parcourir la terre et de m'y promener. L'Éternel dit à Satan : As-tu remarqué mon serviteur
Job ? Il n'y a personne comme lui sur la terre ; c'est un homme intègre et droit, craignant
Dieu, et se détournant du mal. Et Satan répondit à l'Éternel : Est-ce d'une manière
désintéressée que Job craint Dieu ? Ne l'as-tu pas protégé, lui, sa maison, et tout ce qui
est à lui ? Tu as béni l'oeuvre de ses mains, et ses troupeaux couvrent le pays. Mais
étends ta main, touche à tout ce qui lui appartient, et je suis sûr qu'il te maudit en face.
L'Éternel dit à Satan : Voici, tout ce qui lui appartient, je te le livre ; seulement, ne porte
pas la main sur lui. Et Satan se retira de devant la face de l'Éternel". (Livre de Job chap. 1
de 6 à 12)
On peut ici voir la nonchalance du Père et de son frère, très éloignés de toute compassion
concernant le sort des humains. On les sent distancés de notre vie et sans remord. Ils
parient sur notre condition sans aucun scrupule.
Adonaï Tsébaoth incarne donc plus des principes que des vérités. Cette subtilité vous
permet de percevoir le caractère polymorphe de la Déité. Le Divin n'est pas aussi simple à
cerner que l'on pourrait le croire de prime abord. Les concepts se mêlent, se transforment,
comme autant d'exemples de l'insaisissable définition de Dieu.
Les cheveux ont une signification dans la théologie nazaréenne. On en retrouve des
traces dans la Bible à travers l'histoire du Nazir, le Consacré de Dieu : Samson.
Les cheveux sont considérés comme l'extension de notre conscience divine. Vous avez
déjà lu cette expression qui nous est propre : Etre saisi par les cheveux. Cela revient à
dire que l'on est en extase, suspendu au-dessus du sol, porté dans le sacré entre le zénith
et le Nadir.
Chaque cheveu contient une parcelle de conscience divine agissante. Chaque cheveu
nous maintient en lien constant avec le sacré. Dans l'esprit du nazaréen, chaque cheveu
est muni d'une petite main qui s'élève vers Dieu comme une offrande.
Il ne faut pas s'étonner de voir que le rasoir ne doit pas passer sur le Nazir ! Couper barbe
et cheveux revient selon cette logique à couper le lien de l'homme avec le Divin. Je ne
vous dis pas pour autant de le faire. Il est juste bon d'en connaître la signification.
A ce sujet, il ne faut jamais oublier que la connaissance-sagesse n'est jamais fixe. Elle
évolue constamment, initie en permanence et remet constamment celui qui la recherche
en questions.
Pour elle, il concevra l'inversion de l'arbre de vie dont la porte est la Sithra Ahara.
La Sithra Ahara est un "monde" séphirotique si proche du monde Assiah de l'arbre de vie
qu'il interagit et parfois l'envahit lorsque les hommes s'excitent au mal, à la violence et à
l'épanchement du sang.
L'engendrement des anges de lumière est à rapporter à nos rituels maçonniques lorsqu'il
est évoqué l'attribut du maçon géniteur de mondes, géniteur de lumière.
Nout et Geb sont à ajouter à notre panthéon pour leur rôle figuratif de représentation de la
voût étoilée, ventre enfantant les Initiés et mamelles les nourrissant du lait de la
connaissance pour le rôle de Nout; et Geb qui représente la Terre mais aussi le pavé
mosaïque du Temple.
Geb est séparé de son aimée, Nout. Il est souvent représenté en érection, empli de désir
pour sa compagne qu'il ne parvient pas à rejoindre par volonté du G. A.
De nouveau, nous trouvons cette préfiguration messianique dans la Sion d'Henoch qui
s'éleva et se maintint dans les cieux, entraînant dans la pureté les habitants de la ville, les
projetant de leur vivant dans le monde divin d'Atziluth.
Dernière pièce maîtresse de notre étude, la Déesse Maât est celle qui préside au
jugement de l'âme. Elle est l'alliée et la protectrice du Fils de la Lumière. Elle le préserve
de tout danger en se référant à ses mérites d'initié et non à ses actes d'homme.
La pureté est celle de la sagesse, elle est l'accomplissement de la connaissance. Est pur
celui qui vit en pleine lumière. Cette notion est à rapprocher de la mystique de la kabbalah
dont l'objectif de purification des sephiroth réside dans le retour vers la lumière. Or, ne
peuvent remonter que les sphères qui sont débarrassées de leurs klipot (écorces
enténébrées) qui barrent symboliquement le passage de la lumière. Purifier les sephiroth
revient à leur permettre de s'emplir de lumière et de faciliter leur remontée dans la lumière
primordiale.
Cette purification n'a donc aucun lien avec une notion de péché, pas plus originel
qu'individuel.
Le stade ultime de purification de l'être (la Sainteté) à travers la sephirah qui nous
détermine est donc de devenir une colonne directe, translucide, érigée verticalement,
capable de transmettre sans altération la Lumière Divine et de la projeter sur la Terre.
Autre élément très original : l'usage de la transe. Cette pratique, qu'on retrouve depuis
l'origine de l'humanité pour atteindre la divinité, se retrouve dans la prière profonde,
presque incantatoire de la descente de la Grande Mezla lors de la prière des Cohanim.
Il n'est pas rare en effet que lors de cet exercice le Cohen qui fait le geste de la
bénédiction et qui balance son buste d'avant en arrière, se retrouve plongé dans un état
vibratoire de transe. Alors, le mouvement, la gestuelle, la voix monocorde et la vibration
psychique tendue vers le sacré contribuent à lui faire ressentir avec intensité un
authentique orgasme sec à travers lequel il ressent la montée fulgurante de Kundalini et
son rayonnement coronal.
Le Cohen est certain alors, par ce "baiser" que sa prière est bien montée dans le sacré et
qu'elle a été entendue.
Ora et Labora.